Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010 |
CHAPITRE II :ELIGIBILITE AU TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGEDans ce chapitre, il sera question de présenter l'itinéraire thérapeutique que suit un individu avant et après le test, les conditions de mise sous TAR car, la découverte du statut sérologique d'un patient ne s'accompagne pas automatiquement des antirétroviraux. Dans ce chapitre également, nous parlerons des structures de prise en charge, de leurs différents rôles et des interactions qui existent entre elles ; puis l'impact de cette prise en charge sur les PVVIH. I. ROLES DES HOPITAUX ET DES ASSOCIATIONS DES PVVIH DANS LA PRISE EN CHARGEDans la prise en charge quotidienne des personnes séropositives, les taches sont partagées entre les personnels de santé et certaines PVVIH formées, qui apportent leur appui aux formations sanitaires dans le cadre du bénévolat. Cette initiative permet l'implication de ces personnes dans la lutte quotidienne de la maladie et fait d'elles des acteurs engagés car, un projet de développement ne peut être solide que si et seulement si les bénéficiaires sont impliqués. C'est pour cette raison que pour SCHRAMM W, il faut « assurer la participation intelligente de la population aux décisions concernant les transformations sociales constitue donc un moyen efficace de tenir compte des relations dans le cadre du groupe136(*)». Il convient donc pour la réussite d'un projet de développement, de placer la population bénéficiaire au centre de ce projet pour qu'elle ne soit pas spectatrice du développement. C'est dans ce souci que les PVVIH sont impliquées dans la prise en charge se présentent sous forme d'ONG. Cependant, dans cette tâche, malgré une division qui a été faite délimitant ainsi les actions des hôpitaux ou des structures sanitaires et les associations, les PVVIH de façon générale se plaignent des tares auxquels elles font face au quotidien dans leurs différentes structures de prise en charge. I.1.A l'hôpitalLes hôpitaux ou les centres de santé sont des formations sanitaires où commence la prise en charge. Mais avant d'y arriver ce sont ces structures qui sont chargées de faire des tests de dépistage aux personnes nécessiteuses. Cette prise en charge se subdivise en deux parties à savoir : la prise en charge psychosociale et la prise en charge thérapeutique. La première prise en charge se fait avant et après le test de dépistage. Cette tache incombe aux assistants sociaux, aux psychologues et aux conseillers psychosociaux qui sont des personnels des structures sanitaires ou des personnes séropositives associées à la prise en charge. Apres cette prise en charge psychosociale, d'autres activités s'en suivent à savoir :la prise en charge thérapeutique, mais avant de passer à cette activité, il y a une autre procédure à suivre à savoir, les examens et le bilan clinique I.1.1.Prise en charge psychosocialeElle commence à l'hôpital avant et après le test de dépistage du VIH/SIDA. Elle est faite par les assistants sociaux, les psychologues, qui sont des personnels d'appui aux formations sanitaires et les associations des PVVIH reconnues comme des ONG. Avant le test de dépistage, « il faut au préalable avoir le consentement de la personne à qui on veut faire le test137(*) » affirme Madame Christine TCHOKOUTE, assistante sociale en service à l'hôpital du jour de l'hôpital central de Yaoundé. Ce consentement s'obtient après une séance de conseil (counseling) pré-test au cours de laquelle l'AS présente les avantages du test au demandeur d'examen et lui parle des conduites à tenir si jamais, il se découvre infecté ou non infecté. Ainsi, pendant cette séance, il obtient toutes les informations relatives à la maladie, sur les causes, les manifestations, les conduites à tenir en cas de contagion pour celui qui se découvrira contaminé. C'est à l'issu de ce counseling pré test que le personnel de santé effectue le test au demandeur sur agrément de celui ci. Le test consiste à prélever un échantillon de sang sur l'individu, l'analyser pour voir si le sang de cet individu contient des anticorps138(*) de VIH/SIDA. Si ces anticorps sont présents cela veut dire que l'individu ayant subi le test est porteur de VIH/SIDA ou séropositif, mais s'ils sont absents cela suppose que la personne est séronégative. Etre séropositif veut dire qu'on a trouvé les anticorps du VIH dans le sang testé. Mais cela ne veut pas dire qu'il est déjà malade. Une personne peut en effet avoir le VIH et paraître en bonne santé pendant de nombreuses années. On dit alors que la personne est porteuse asymptomatique ou sans symptômes. C'est-à-dire que la personne a le VIH dans son sang mais n'a pas encore développé de signes de la maladie SIDA parce que son système immunitaire est encore capable de se défendre. Une personne porteuse du virus du VIH peut en effet paraître en bonne santé pendant de nombreuses années. Mais, même si elle ne présente pas encore de signes de la maladie, elle peut transmettre le VIH. Après le test, tous les individus ayant subi cet exercice bénéficient pour la deuxième fois d'un counseling post test. Cette fois ci, ceux qui sont dépistés séronégatifs bénéficient encore des conseils relatifs à la prévention, quant aux individus dépistés séropositifs, les personnels de santé leur demandent une autorisation d'ouverture d'un dossier de suivi. Ils bénéficient en outre, des conseils des assistants sociaux, des psychologues pour leur réconfort moral. Ils sont appuyés dans cette activité par un certain nombre d'association de PVVIH qui sont présentes dans les structures sanitaires sous forme d'ONG. Ces ONG, constituées de plusieurs associations des PVVIH (AFSU, CEAM, AFASO, SWAA, ...), déploient un certain nombre de leurs membres dans un cadre de bénévolat pour apporter leur soutien aux personnes infectées à travers des causeries éducatives, des témoignages à visage ouvert. Cette initiative d'implication des PVVIH dans la lutte contre le VIH/SIDA, s'inscrit dans le cadre de la durabilité du projet, car en les impliquant, elles deviennent actrices de la lutte et non des simples bénéficiaires du projet. C'est une initiative qui permet selon SCHRAMM W, de faire avec la population bénéficiaire et non de faire pour elle139(*). Faire pour elle, participe à la rendre spectatrice du projet et par conséquent, ne permet pas au projet d'avancer. Ce volet est partagé entre les formations sanitaires et les associations des PVVIH. Ce volet psychosocial continue avec les personnes dépistées positives au niveau des CTA, des UPEC et en association pour celles qui vont y adhérer. Après cette phase, qui est sans fin et sera de temps en temps reprise, car avec l'infection au VIH le malade bénéficie toujours d'un réconfort psychologique et social, il passe au test d'éligibilité. * 136 W. SCHRAMM, L'information et le développement national, UNESCO, 1964, p.102. * 137 Entretien, septembre2009. * 138 Lorsque le VIH entre dans l'organisme, les globules blancs réagissent en produisant des substances chimiques appelées anticorps. C'est la présence de ces substances qui montre que l'organisme est infecté au VIH/SIDA. * 139 W. SCHRAMM, op. cit. |
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