Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010 |
II.2.2. De l'état d'esprit du patient avant le test et du niveau de connaissance de celui ci sur la maladieAvant le dépistage, un bref aperçu accompagné des conseils est souvent fait aux personnes à dépister. Mais il se trouve que certains centres de santé ou certaines occasions de dépistage ne mettent pas à l'ordre du jour le counseling pré test. Ce qui fait que certaines personnes subissent le choc de l'annonce de leur séropositivité en pensant au pire. C'est le cas de Anne, présidente de l'association CEAM de la fondation Chantal BIYA de Yaoundé qui nous a affirmé qu'elle a découvert sa séropositivité lors d'une visite prénatale et au préalable n'avait pas subit un counseling pré test, ce qui fait qu'elle a été tellement affectée au point où elle voulait avorter parce que dit-elle : Dans ma tête c'était que je donnais la vie et la mort au même moment c'est-à-dire un enfant qui était appelé à mourir plus tard. Ce qui fait que j'ai passé toute une journée sans manger en réfléchissant120(*). De cette déclaration, il en ressort que le niveau de connaissance du patient sur la maladie influence sa réaction. En ce sens qu'en l'absence d'information ou de connaissance relative à la maladie, l'individu infecté ne pense qu'à la mort car, l'ancienne image qui avait été présentée de la pandémie reste toujours gravée dans les mémoires de la plupart des individus. C'est le cas de Solange ADA qui a pensé à la mort après l'établissement de sa sérologie car son enseignant de l'école primaire lui avait donné une image de la maladie à savoir la mort, image qui a changé avec le temps car le domaine du VIH/SIDA est très dynamique surtout en matière de connaissance. Par contre, certaines femmes qui ont eu à faire des tours entre la médecine moderne et les tradi praticiens sans succès accueillent avec passivité cette nouvelle ; étant donné qu'elles ont recouru à plusieurs soins sans solutions. Pour elles, avec au moins la nature de leur infection connue, cela apparait comme un « triste soulagement » comme expliquait madame Agnès en ces termes : Lorsqu'on m'a dit que j'étais séropositive, j'ai poussé « un ouf » de soulagement car, j'avais déjà marché dans plusieurs hôpitaux et chez plusieurs guérisseurs sans suite. J'étais contente parce que je connaissais au moins de quoi je souffrais mais triste parce que apprendre qu'on a le VIH n'est pas facile à digérer.121(*) Ainsi, la réception de l'annonce du statut de séropositivité n'est pas toujours aisée quelles que soient les circonstances environnementales ou sociales car, cette annonce suppose l'entrée dans une carrière thérapeutique122(*) ou est le signe d'un classement social. Les personnes qui se découvrent séropositives ont l'impression d'appartenir à une nouvelle catégorie de personnes à savoir « des personnes qui ne sont pas normales comme tout le reste123(*) » selon Rosita, secrétaire générale du CEAM. * 120 Entretien, janvier 2010 au siège du CEAM. * 121 Entretien, novembre 2009 au CTA de l' HMY. * 122 C. THIAUDIERE, op. cit. * 123 Entretien, février 2010. |
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