4.2. Dynamique de l'écosystème
chêne-liège en Kroumirie
Introduction
La dynamique de peuplements forestiers est liée
à l'état pédologique (structure, PH, humidité,
nature du sol, etc.), climatiques (température, pluviométrie),
orographiques (altitude, pente et exposition), anthropiques (Homme, animaux
domestiques et sauvages).
Selon Hasnaoui (2004), les facteurs de perturbations
entraînent des modifications profondes du micro - climat au niveau de la
trouée (rayonnement important, hygrométrie plus faible, etc.).
Cette nouvelle situation provoque l'installation d'une
nouvelle dynamique de végétation.
Le manque de données écologiques pour les
périodes 1995 et 2005, ainsi que la grande diversité entre les
données dendrométriques actuelles et celles existant dans les
deux inventaires, rendent l'établissement d'un modèle
d'évolution écologique de l'écosystème de
chêne-liège en Kroumirie (évolution de chaque classe de
diamètre en fonction des facteurs de perturbations et en fonction du
temps) difficile.
Le présent travail nous a permis de dresser
l'évolution de la subéraie en Kroumirie durant la période
1983 - 2008, en nous basant sur des données dendrométriques et
écologiques.
4.2.1. Dynamique de la subéraie de la Kroumirie en
fonction des facteurs du milieu
Dans cette partie, nous avons dressé l'évolution
de la densité et de la structure diamétrique de la
subéraie en fonction des facteurs du milieu, en utilisant les moyennes
de chaque classe de diamètre trouvées à partir des
données de Hasnaoui (1992) comme base de référence pour
l'état 1983 et de nos données (2008).
Les données des Inventaires ne sont pas prises en
considération à cause de l'absence de la classe D1
(régénération) et l'absence des données concernant
les facteurs du milieu.
Nous avons déterminé le degré
d'évolution (régression ou progression) et le rythme moyen
annuel de croissance de chaque classe de diamètres par la méthode
des inventaires périodiques.
4.2.1.1. Evolution de la densité et de la
structure diamétrique de la subéraie en fonction de l'altitude.
Les résultats des analyses de variance de l'effet de
l'altitude sur la densité et la structure diamétrique (1983) sont
consignés dans le tableau 24.
Tableau 24 : Résultats de l'analyse de la
variance des effets de l'altitude sur la densité et la structure
diamétrique (1983)
Classes de diamètre
|
Fobs
|
P>F
|
Sign
|
D1
|
5,79
|
0,001
|
***
|
D2
|
5,08
|
0,001
|
***
|
D3
|
2,75
|
0,05
|
*
|
D4
|
0,96
|
0,48
|
Ns
|
D5
|
0,71
|
0,54
|
Ns
|
Différence significative à :
* 0,5% ; *** 0,1%
D'après le tableau 24, il existe un effet très
hautement significatif (P<0,001) pour les classes de diamètres (D1 et
D2) et un autre significatif (P<0,05) pour les arbres de classes de
diamètres D3. Les résultats de variance sont significatifs pour
les autres classes D4 et D5.
Pour étudier l'évolution de la densité et
la structure diamétrique de la subéraie en fonction des classes
d'altitudes, nous avons effectués une étude comparative des
moyennes entre les différentes classes de diamètres durant la
période 1983 et 2008, les résultats de l'évolution sont
rapportés par le tableau 25 et la figure 22.
Tableau 25: Résultats de l'évolution
de la densité et de la structure diamétrique
du chêne-liège en fonction de
l'altitude durant la période (1983-2008)
|
Classe de diamètre
|
1983
|
2008
|
Différence
|
Rythme moy / an
|
N / ha
|
N / ha
|
N / ha
|
N / ha
|
Basse altitude
|
D1
|
453
|
75
|
- 378
|
- 15,75
|
D2
|
09
|
05
|
- 4
|
- 0,16
|
D3
|
07
|
03
|
-4
|
- 0,16
|
Moyenne altitude
|
D1
|
525
|
160
|
- 365
|
- 15,20
|
D2
|
15
|
13
|
- 2
|
- 0,08
|
D3
|
16
|
16
|
0
|
0
|
Haute altitude
|
D1
|
650
|
295
|
- 355
|
- 14,79
|
D2
|
27
|
17
|
- 10
|
- 0,41
|
D3
|
23
|
21
|
- 2
|
- 0,08
|
La lecture du tableau 25 montre que le stade semis (D1) a subi
une régression importante avec les différentes classes
d'altitudes, soit 378 individus/ha (basse altitude), 365 individus/ha (moyenne
altitude) et 355 individus/ha (haute altitude).
Leur rythme moyen annuel varie de 15,75 individus/ha/an (basse
altitude) à 15,20 individus/ha/an (moyenne altitude) et à 14,79
individus/ha/an (haute altitude).
La régression des classes D2 et D3 est très
faible par rapport à la classe précédente, leurs rythmes
moyens annuels de régressions varient avec les classes d'altitudes
(respectivement 0,16 individus/ha/an (D2 et D3) à une basse altitude,
0,08 et 0 individus/ha/an (D2 et D3) à une moyenne altitude et 0,41 et
0,08 individus/ha/an (D2 et D3) à haute altitude).
La figure 22, représentant l'évolution de la
densité de chêne-liège en fonction de l'altitude durant la
période 1983 à 2008 montre:
- que la classe D1, correspondant aux semis ou
régénération du chêne-liège est toujours
mieux représentée que les classes D2 et D3, et ce quelles que
soient la frange d'altitude et l'année d'observation.
- que l'effectif des semis rencontré en 1983 est, de
loin, supérieur à celui comptabilisé en 2008.
- que le passage de la classe D1 à la classe D2 de
diamètres est caractérisé par une chute brutale
d'effectifs qui s'approchent de zéro et ce quelles que soient la frange
d'altitude et l'année d'observation.
- que les effectifs des classes D2 et D3 sont très
rapprochés en 1983 et 2008 et à toutes altitudes.
Il ressort de ces constats que la germination et
l'installation des semis sont parfaitement possibles quoiqu'avec des effectifs
hétérogènes d'une période à une autre et
d'une frange d'altitude à une autre, avec un écart maximum entre
les semis des stations alticoles (C3) de 1983 et ceux des stations de basses
altitudes en 2008 (respectivement 650 individus/ha et 80 individus/ha).
Les classes D2 et D3 sont très peu
représentées dénotant de difficultés de croissance
rencontrés par les plantes et dont les causes sont multiples (Hasnaoui,
1992 et 1998).
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Figure 22: Evolution de la densité et de la
structure diamétrique de chêne-liège en fonction de
l'altitude (C1, et C3)
|