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Réflexion sur la caractérisation physico-chimique des effluents liquides rejetés dans la grande sebkha d'Oran

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par YAHIATENE Sofiane et TAHIRIM El Tiadj
Université d'Oran - Licence batiment 2010
  

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Chapitre 2

Les stations d'épuration et le traitement des eaux usées

1. Introduction :

Les eaux usées rassemblées par les égouts des agglomérations et déversées dans les milieux récepteurs naturels ont crées des désordres et altérations qui ont monopolisé l'attention des techniciens et des pouvoirs publics.

Le rejet dans le milieu récepteur d'un égout collectif est soumis à la règle de l'interdiction générale, c'est à dire qu'il doit être autorisé par les services compétents. L'autorisation étant assortie de règles techniques à observer qui sont adaptées aux caractéristiques de l'effluent, aux circonstances locales liées à la nature du milieu récepteur et à la protection qu'il nécessite en tenant compte de son aptitude à se régénérer naturellement sans destruction de son équilibre biologique. L'autorisation de rejet est ainsi souvent (mais pas dans tous les cas) assortie de l'obligation de la construction d'une station de traitement assurant un effluent traité d'un niveau de qualité adapté aux conditions imposées par les exigences du milieu récepteur

2. Assainissement des eaux usées domestiques :

La collecte des eaux usées a d'abord été historiquement initiée par le souci de les éloigner des lieux habités, à cause des nuisances qu'elles engendraient. Jusqu'à la généralisation des pratiques d'assainissement, l'homme a été soumis au fléau des maladies hydriques et des maladies parasitaires, en raison du niveau d'infestation du sol et des principales ressources en eau de consommation. Toutefois, le risque majeur était pour l'homme et moins pour la nature puisque celle-ci, sol et eaux, avait sa capacité d'autoépuration. « L'évacuation des eaux usées répond au souci de salubrité publique » (Patrick SAVARY, 2009).

Le volume journalier produit est sujet à variation, en fonction notamment des eaux dites parasites (fontaines, canaux, drainage). A titre indicatif, des moyennes connues sont mentionnées dans le tableau suivant :

Populations

Volume d'eau usée rejetée (L/ha/j)

< 5.000 ha

100

 

5.000-20.000 ha

150

 

> 20.000 ha

 

200

grandes agglomérations

250-300

 

Tableau 4 : Volumes des eaux usées rejetées (Sandrine Cabrit, 2008)

3.

Objectifs de l'assainissement : L'assainissement dans un milieu urbain doit répondre aux objectifs suivants :

> L'évacuation rapide sans stagnation et sans risques pour le personnel chargé de l'exploitation des ouvrages, loin des habitations, de tous les déchets d'origine humaine ou animal et susceptibles de donner naissance à des odeurs ou à des putréfactions nuisibles pour la santé des habitants.

> La protection du milieu naturel en évitant que les produits évacués puissent souiller ce milieu dans des conditions dangereuses ou simplement désagréables, non seulement pour les habitants de l'agglomération mais également pour les usagers de l'eau à l'aval des rejets.

> L'évacuation vers le milieu récepteur des eaux de ruissellement, avec un stockage provisoire pour éviter la submersion des voies publiques et des sous-sols des milieux bâtis, dans des limites compatibles avec l'intérêt économique que se fixe la collectivité1.

4. Systèmes d'assainissement : On peut distinguer :

~ l'assainissement autonome ou individuel ;

~ l'assainissement collectif.

4.1. L'assainissement individuel :

Le principe essentiel de l'assainissement autonome est de recourir systématiquement au sol comme dispositif de traitement et comme milieu d'évacuation. Traitement et dispersion ne sont pas susceptibles d'entrainer le colmatage du sol en raison d'une charge trop élevée en matières colmatantes et si le sol présente des caractéristiques (texture, structure, porosité, perméabilité, pente, situation des horizons imperméables et des zones de saturation...) qui garantissent une circulation régulière et une épuration intéressante (f.Valiron, 1989).

On constate ainsi que l'assainissement autonome des eaux usées domestiques ne peut constituer qu'une solution provisoire. Cette solution ne persistera que jusqu'à la mise en place d'un réseau public.

4.2. L'assainissement collectif

> Système séparatif : où les eaux usées pluviales sont évacuées par un réseau distinct de celui des eaux usées domestiques avec certains effluents industriels.

> Système unitaire : où les eaux usées domestiques, certaines eaux usées industrielles et les eaux pluviales sont évacués par un réseau unique.

Le choix entre collectif et individuel n'est laissé qu'à la seule collectivité qui pourra ou non réaliser un assainissement collectif.

5. Réhabilitation des réseaux d'assainissement

Les réseaux d'assainissement peuvent, au bout de quelques années, présenter des anomalies susceptibles de perturber le fonctionnement du système d'assainissement, de restreindre la pérennité des ouvrages ou de nuire à l'environnement ou lors d'incidents qui peuvent être observés dans le fonctionnement des stations d'épuration.

Une exploitation efficace du réseau suppose un travail d'entretien rigoureux et permanent et du personnel qualifié.

En ce qui concerne l'assainissement individuel, un projet de loi au niveau européen par l'intermédiaire des SPANC (Service public d'assainissement non collectif), impose l'exercice d'un contrôle de toutes les installations d'ici le 31 décembre 2012(Sandrine Cabrit, 2008).

6. Cadre législatif

C'est au croisement des législations de l'environnement, de l'urbanisme, de la construction et de la santé que sont déterminées les diverses obligations relatives à l'alimentation en eau potable et à l'élimination des eaux usées. La maitrise des eaux usées est au coeur de la lutte contre les pollutions, notamment diffusées.

6.1. La réglementation européenne

La réglementation européenne impose que les communes de plus de 2 000 Eh (équivalenthabitant) doivent réaliser des schémas d'assainissement afin de délimiter :

> les zones devant être reliées à des stations d'épuration ;

> les zones susceptibles de relever de l'assainissement non collectif appelé aussi assainissement autonome.

En ce qui concerne les collectivités de moins de 2 000 Eh, la réalisation d'un réseau d'assainissement collectif n'est pas imposée et reste à l'initiative de la collectivité. Les communes peuvent déclarer l'insalubrité d'un immeuble, groupe d'immeubles ou ilot et prescrire aux propriétaires les travaux à réaliser.

6.2. La réglementation algérienne

L'assainissement en Algérie est régi par la loi n°05-12 du 4 août 2005 relative à l'eau où ses articles annoncent que :

Art. 44. -- Les rejets d'effluents, les déversements ou les dépôts de matières de toute nature ne présentant pas de risques de toxicité ou de nuisance dans le domaine public hydraulique sont soumis à une autorisation dont les conditions et les modalités d'octroi sont fixées par voie réglementaire.

Art. 45. -- L'autorisation prévue à l'article 44 ci-dessus est refusée notamment lorsque les effluents ou matières sont de nature à nuire :

· à la capacité de régénération naturelle des eaux ;

· aux exigences de l'utilisation des eaux ;

· à la santé et la salubrité publiques ;

· à la protection des écosystèmes aquatiques ;

· à l'écoulement normal des eaux ;

· aux activités de loisirs nautiques.

Art. 118. -- En zone agglomérée est obligatoire le branchement au réseau public d'assainissement de toute habitation ou établissement.

Art. 121. -- Dans les zones à habitat dispersé ou dans les centres ne disposant pas d'un système d'assainissement collectif, l'évacuation des eaux usées doit se faire au moyen d'installations autonomes agréées et contrôlées par l'administration chargée des ressources en eau

Art. 122. -- Tout système autonome d'assainissement doit être mis hors d'état de servir dès la mise en place d'un réseau public d'assainissement.

7. Les stations d'épuration (STEP) :

Elles constituent une autre voie d'élimination des eaux usées dans la mesure où celles-ci y subissent toute une batterie de traitements avant leur déversement dans le milieu naturel. Une STEP, généralement placée à l'extrémité aval d'un réseau (Brière, 1994), est conçue pour épurer les eaux usées et limiter l'apport en excès de matière organique et dans certains cas, de substances minérales telles les nitrates et les phosphates dans les milieux récepteurs (Kosmala 1998). Sachant que certaines substances contenues dans un effluent, à partir d'une certaine concentration, peuvent constituer un danger pour la communauté aquatique (Agence de l'eau, 2002), l'épuration des eaux usées diminue l'impact sur les écosystèmes aquatiques (Amahmid et al. 2001 ; Lassabatère, 2002).

8. Les étapes et procédés de traitement des eaux usées

Il existe un grand nombre de procédés de traitement des eaux usées dont l'application dépend à la fois des caractéristiques des eaux à traiter et du degré d'épuration désiré.

8.1. Techniques d'épuration par lagunage :

Le procédé par lagunage est la méthode de traitement la plus connue lorsqu'on dispose de grandes surfaces de terrain et lorsqu'on ne désire pas assurer en permanence une haute qualité de traitement de l'effluent. Le lagunage est très utilisé dans les pays en voie de développement.

Une lagune aérée est un bassin relativement profond : 2,4 à 4,8 m, dans lequel l'oxygénation est réalisée par des aérateurs mécaniques ou à diffuseur et ou par aération naturelle.

Les lagunes sont classées en 2 types :

· lagune aérobie : dans laquelle l'oxygène et les M.E.S. sont uniformément répartis dans tout le bassin ;

· lagune anaérobie ou facultative : dans laquelle l'oxygène n'est présent que dans les couches supérieures et dans laquelle, seule, une partie des M.E.S. est maintenue en suspension.

Ces deux types de lagunage se distinguent principalement par la puissance à installer dans le bassin. Dans le 1er type et dans le cas des eaux usées urbaines, il est nécessaire de prévoir 5w/m3 ; par contre dans le 2e type, cette puissance est de l'ordre de 0,8 w/m3.

L'utilisation optimale de plusieurs bassins peut s'avérer plus efficace afin de :

· réduire les risques de prolifération des algues ;

· diminuer le temps de séjour ;

· réduire les risques d'odeurs dues à une activité microbienne anaérobie ;

· assurer une vaste perdition calorifique et par conséquent élimination à une vitesse élevée.

Étude de phénomène : On peut décrire la métabolisation de la matière organique dans un procédé biologique aérobie par les équations suivantes :

M.O. + (à) O2 + N+P k (a) micro organisme + CO2 + H2O + résidu soluble non

dégradable

Micro-organisme + O2 CO2 +H2O + N + P + résidu cellulaire non dégradable

Critères de réalisation : Le choix de l'emplacement nécessite un terrain plat et un sol imperméable pour éviter la contamination des nappes.

Le dimensionnement des bassins repose sur la connaissance de la stoechiométrie et de la cinétique de ces 2 réactions. Il s'agit en fait de déterminer les valeurs de coefficients a, à, b et k.

Domaine d'application : Pour les eaux résiduaires domestiques en milieu rural, car le système est moins exigeant en surface que le lagunage naturel tout en demeurant d'un volume très supérieur à celui des systèmes par boues activées.

Figure 3 : Schéma de principe d'une station d'épuration par lagunage naturel constituéde trois bassins

9. Les étapes et procédés de traitement physico-chimiques des eaux usées : La méconnaissance des effets néfastes provenant des différents déchets rejetés dans le milieu naturel peut conduire à la dégradation progressive de l'environnement, à cet effet un traitement préalable est obligatoire afin d'éviter toute nuisance L'élimination de la matière polluante a fait l'objet de nombreuses recherches et investigations pour améliorer la prouesse d'épuration. La croissance des villes, l'évolution de la population ont entraîné une forte demande en matière d'eau potable.

Par conséquent de gros volumes d'eaux résiduaires pourront engendrer d'énormes problèmes sur l'environnement si elles sont rejetées à l'air libre sans aucun traitement Les centres étudiés sont situés dans une zone à vocation industrielle en premier lieu et agricole en second Les rejets de l'ensemble des agglomérations étudiées sont anarchiques (présence de débordement, des marais, déviation de certains collecteurs d'eaux usées vers les collecteurs d'eaux pluviales...etc. ), ceci va causer la dégradation progressive de l'environnement , sachant que les eaux usées de ces localités débouchent directement vers la mer sans aucun traitement préalable.

La dépollution des eaux usées nécessite une succession d'étapes faisant appel à des traitements physiques, physico-chimiques et biologiques. En dehors des plus gros déchets présents dans les eaux usées, l'épuration doit permettre, au minimum, d'éliminer la majeure partie de la pollution carbonée.

Figure 4 : Chaîne de traitement des eaux usées à procédé physico-chimique

Selon le degré d'élimination de la pollution et les procédés mis en oeuvre, trois niveaux de traitements sont définis (voir annexe1):

· Les prétraitements consistent à débarrasser les eaux des polluants solides les plus grossiers (dégrillage, dégraissage). Ce sont des simples étapes de séparation physique.

· Les traitements primaires regroupent les procédés physiques ou physico-chimiques visant à éliminer par décantation une forte proportion de matières minérales ou organiques en suspension. A l'issue du traitement primaire, seules 50 à 60 % des matières en suspension sont éliminées. Ces traitements primaires ne permettent d'obtenir qu'une épuration partielle des eaux usées. Ils ont d'ailleurs tendance à disparaitre en tant que seul traitement, notamment lorsque l'élimination de la pollution azotée est requise. Pour répondre aux exigences réglementaires, une phase de traitement secondaire doit être conduite.

· Les traitements secondaires recouvrent les techniques d'élimination des matières polluantes solubles (carbone, azote, et phosphore). Ils constituent un premier niveau de traitement biologique. Pour satisfaire à la réglementation actuelle, les agglomérations de plus de 2 000 équivalents-habitants devront être raccordées à des stations d'épuration permettant un traitement secondaire des eaux usées d'ici fin 2005. Le traitement secondaire est donc désormais le niveau minimal de traitement qui doit être mis en oeuvre dans les usines de dépollution.


· Dans certains cas, des traitements tertiaires sont nécessaires, notamment lorsque l'eau épurée doit être rejetée en milieu particulièrement sensible. A titre d'illustration, les rejets dans les eaux de baignade, dans des lacs souffrant d'un phénomène d'eutrophisation ou dans des zones d'élevage de coquillages sont concernés par ce troisième niveau de traitement. Les traitements tertiaires peuvent également comprendre des traitements de désinfection. La réduction des odeurs peut encore être l'objet d'attentions particulières.

9.1. Le relevage

Le transport des eaux usées dans les collecteurs se fait généralement par gravité, sous l'effet de leur poids.

Une station de relèvement permet d'acheminer les eaux usées dans la station d'épuration lorsque ces dernières arrivent à un niveau plus bas que les installations de dépollution. Cette opération de relèvement des eaux s'effectue grâce à des pompes ou à des vis d'Archimède.

9.2. Les prétraitements

Les prétraitements ont pour objectif d'éliminer les éléments les plus grossiers, qui sont susceptibles de gêner les traitements ultérieurs et d'endommager les équipements. Il s'agit des déchets volumineux (dégrillage), des sables et graviers (dessablage) et des graisses (dégraissagedéshuilage).

Le dégrillage : Au cours du dégrillage, les eaux usées passent au travers d'une grille dont les barreaux, plus ou moins espacés, retiennent les matières

les plus volumineuses. Ces éléments sont ensuite éliminés avec les ordures ménagères. Le tamisage, qui utilise des grilles dont l'espacement est plus réduit, peut compléter cette phase de prétraitement. Cependant, il génère beaucoup plus de déchets. Le dessablage débarrasse les eaux usées des sables et des graviers par sédimentation. L'écoulement de l'eau à une vitesse réduite dans un bassin appelé "dessableur" entraîne leur dépôt au fond de l'ouvrage. Ces particules sont ensuite aspirées par une pompe. Les sables récupérés sont essorés, puis lavés avant d'être soit envoyés en décharge, soit réutilisés, selon la qualité du lavage.

Le dégraissage : Le dégraissage vise à éliminer la présence de graisses dans les eaux usées, graisses qui peuvent gêner l'efficacité des traitements biologiques qui interviennent ensuite. Le dégraissage s'effectue par flottation. L'injection d'air au fond de l'ouvrage permet la remontée en surface des corps gras. Les graisses sont raclées à la surface, puis stockées avant d'être éliminées (mise en décharge ou incinération). Elles peuvent aussi faire l'objet d'un traitement biologique spécifique au sein de la station

d'épuration, de nombreuses stations utilisent des dessaleurs- dégraisseurs combinés.

9.3. Le traitement primaire

Le traitement "primaire" fait appel à des procédés physiques, avec décantation plus ou moins aboutie, éventuellement assortie de procédés physico-chimiques, tels que la coagulation floculation.

Ces traitements éliminent 50 à 60 % des matières en suspension, mais ne suffisent généralement plus pour satisfaire les exigences épuratoires de la réglementation actuelle. Avec coagulation et floculation dans des décanteurs lamellaires, on peut éliminer jusqu'à 90 % des MES.

- La décantation primaire classique consiste en une séparation des éléments
liquides et des éléments solides sous l'effet de la pesanteur. Les matières

solides se déposent au fond d'un ouvrage appelé "décanteur" pour former les "boues primaires". Ces dernières sont récupérées au moyen d'un système de raclage. Ce traitement élimine 50 à 55 % des matières en suspension et réduit d'environ 30 % la DBO et la DCO.

- L'utilisation d'un décanteur lamellaire permet d'accroître le rendement de la décantation. Ce type d'ouvrage comporte des lamelles parallèles inclinées, ce qui multiplie la surface de décantation et accélère donc le processus de dépôt des particules. Une décantation lamellaire permet d'éliminer plus de 70 % des matières en suspension et diminue de plus de 40 % la DCO et la DBO.

- La décantation est encore plus performante lorsqu'elle s'accompagne d'une floculation préalable. La coagulation-floculation permet d'éliminer jusqu'à 90 % des matières en suspension et 75 % de la DBO. Cette technique comporte une première phase d'adjonction d'un réactif, qui provoque l'agglomération des particules en suspension, puis une accélération de leur chute au fond de l'ouvrage. Les amas de solides ainsi obtenus sont appelés "flocs".

9.4. Les traitements secondaires :

L'élimination biologique des matières polluantes. Dans la grande majorité des cas, l'élimination des pollutions carbonée et azotée s'appuie sur des procédés de nature biologique. Les procédés membranaires combinent quant à eux des

procédés biologiques et physiques.

Certaines installations de dépollution des eaux usées ont toutefois recours à des filières de traitements physico-chimiques, qui peuvent, dans différents cas (part importante d'effluents industriels dans les eaux collectées, conditions de température inadaptées aux traitements biologiques, niveaux de rejet moins exigeants...) s'avérer plus opportunes.

Après le traitement secondaire, la dépollution passe à l'étape de clarification et le rejet direct dans la nature.

9.4.1. Les traitements biologiques

Les traitements biologiques reproduisent, artificiellement ou non, les phénomènes d'autoépuration existant dans la nature. L'autoépuration regroupe l'ensemble des processus par lesquels un milieu aquatique parvient à retrouver sa qualité d'origine après une pollution.

Les techniques d'épuration biologique utilisent l'activité des bactéries présentes dans l'eau, qui dégradent les matières organiques. Ces techniques sont soit anaérobies, c'est-à-dire se déroulant en absence d'oxygène, soit aérobies, c'est-à-dire nécessitant un apport d'oxygène. En France, c'est aujourd'hui le procédé des "boues activées" qui est le plus répandu dans les stations d'épuration assurant un traitement secondaire.

Un bassin à boue activée est un réacteur biologique alimenté en continu dans lequel la biomasse est brassée et aérée en même temps que l'eau usée.

Figure 5 : fonctionnement d'une station d'épuration à boue activée

Les différentes phases de mécanisme épuratoire d'une boue activée sur une eau usée passe par :

1e phase : élimination des matières en suspension et colloïdales ;

2e phase : métabolisme des matières solubles organiques.

Ce procédé peut fournir un effluent dont la DBO5 soluble variera de 10 à 30 mg/l avec un rendement de 88 à 94 % sur la DBO5.

Parmi les traitements biologiques, on distingue les procédés biologiques extensifs et intensifs.

9.4.2 Les procédés biologiques extensifs :

Le lagunage utilise la capacité épuratrice de plans d'eau peu profonds. Concrètement, les eaux usées sont envoyées dans une série de bassins, au minimum trois. L'oxygène est apporté par les échanges avec l'atmosphère au niveau du plan d'eau et par l'activité de photosynthèse des micros algues de surface. La pollution organique se dégrade sous l'action des bactéries présentes dans le plan d'eau. Le rayonnement solaire détruit en outre certains germes (lagunage de finition, dans les derniers bassins). La durée de séjour des eaux usées dans les bassins peut atteindre 60 jours et les eaux à traiter doivent avoir subi une décantation préalable (lagunage primaire).

Ce mode d'épuration permet d'éliminer 80 % à 90 % de la DBO, 20 % à 30 % de l'azote et contribue à une réduction très importante des germes. Il a cependant l'inconvénient d'utiliser des surfaces importantes et de ne pas offrir des rendements constants durant l'année. Il est surtout bien adapté aux communes rurales.

9.4.3 Les procédés biologiques intensifs :

Ils regroupent toute une série de techniques ayant en commun le recours à des cultures bactériennes qui "consomment" les matières polluantes. Il existe deux grandes catégories de procédés biologiques artificiels :

-les installations à "cultures libres", dans lesquelles la culture bactérienne est maintenue en suspension dans le courant des eaux usées à traiter.

- les installations à "cultures fixées", où la culture bactérienne (appelée aussi "biofilm", "film biologique" ou "biomasse") repose sur un support (caillou, plastique, milieu granulaire fin).

9.5 Traitement tertiaire :

Le traitement tertiaire est rendu indispensable par les nouvelles exigences épuratoires vis-à-vis des éléments azote et phosphore.

Les eaux usées contiennent divers composés azotés provenant des déjections humaines, ainsi que du phosphore provenant pour l'essentiel des détergents utilisés pour les lessives. En effet, les phosphates sont employés pour annihiler l'action du calcaire en fixant des ions calcium permettant ainsi une meilleure performance du pouvoir nettoyant du détergent.

Si ces substances ne sont pas directement nocives, leur action sur le milieu aquatique est néfaste. Elles diffusent jusqu'à la surface éclairée où elles favorisent la prolifération excessive d'algues et autres plantes vertes qui à leur tour décomposent nitrates et phosphates dont l'oxygène passe dans l'atmosphère. Elles jouent un rôle prépondérant dans l'eutrophisation des eaux.

Dans la STEP, ce traitement se généralise de plus en plus en combinaison avec le traitement secondaire. Il s'agit d'un procédé biochimique dit de boues activées à alternance de phase.

9.5.1 Élimination de l'azote :

Dans la plupart des eaux usées, l'azote est sous forme organique ou ammoniacale (NH4 +)

Une correcte oxygénation dans le bassin d'aération permet aux bactéries de transformer l'azote organique en ammoniaque puis d'oxyder l'ammoniaque en nitrate (NO3 -). Cette oxydation est une nitrification.

Les nitrates sont alors transformés en azote gazeux en condition anoxie :

· absence d'oxygène dissout

· présence d'oxygène combiné aux nitrates

Il faut stopper l'aération pour réaliser cette étape appelée dénitrification.

Il est à noter que dans de nombreuses installations, cette phase n'est pas distincte du traitement secondaire puisque réalisée à faible charge dans le bassin à boues. Il suffit d'alterner les phases d'aération et d'anoxie.

9.5.2 Élimination du phosphore :

La technique la plus utilisée pour l'épuration du phosphore consiste en la précipitation chimique par adjonction de sels métalliques (fer ou aluminium), ou de chaux. Les phosphates précipitent sous forme de sels métalliques ou d'hydroxydes et sont séparés de la phase liquide par décantation.

Les principaux réactifs sont le sulfate d'alumine, d'aluminate de soude, le sulfate ferreux, le chrome ferrique, le chlorosulfate ferrique et la chaux. L'ajout du réactif peut-être effectué :

· après les prétraitements et avant le décanteur primaire ou le bassin d'aération, c'est la précipitation.

· à l'aval du clarificateur, sur l'effluent épuré : c'est la post-précipitation. Nécessité d'un décanteur supplémentaire.

· Directement sur le bassin d'aération : c'est la précipitation simultanée, qui est la plus utilisée. L'élimination peut également être partiellement faite par voies biologiques, l'installation doit alors être équipée d'un bassin ou d'une zone d'anoxie. L'alternance entre aérobiose et anoxie favorise un mécanisme de relarguage /sur accumulation de phosphore dans la biomasse épuratrice.

9.5.3 Élimination des micro-organismes :

Les eaux épurées contiennent plus d'un million de micro-organismes par litre dont certain sont néfastes pour l'homme. Lorsque l'eau épurée est rejetée en zone de captage pour l'alimentation en eau potable ou de baignade, la réduction des micro-organismes s'impose alors. Cette réduction s'effectue :

· sur filtre à sable qui retient les dernières particules, donc les micro-organismes qui y sont fixés.

· par désinfection chimique (chlore, ozone ...).

· par lagunage lorsque aucun problème d'encombrement ne se pose.

9.6 Les organismes vivants et leur rôle dans le traitement des eaux usées :

Ces multiples espèces peuvent varier en fonction des effluents traités, des conditions climatiques, de la charge organique, de la profondeur d'eau. Les principaux groupes sont les bactéries, les algues et le zooplancton.

9.6.1 Les bactéries

Ce sont des micro-organismes qui peuvent dégrader et assimiler une grande partie de la matière organique contenue dans les eaux usées. Ces bactéries rejettent dans le milieu des produits de dégradation qui sont les matières minérales solubles et les gaz dissous. En fonction de l'équilibre du milieu et en particulier des taux d'azote et de phosphore, les bactéries les mieux adaptées se développent rapidement et dominent les autres espèces.

On constate une régulation naturelle du taux bactérien en fonction de la matière organique présente dans le milieu et des autres conditions de développement (température, ensoleillement, pH, oxygène dissous...).

Quelque soit le processus biologique considéré, on trouve :

· Les bactéries aérobies qui transforment en présence d'oxygène dissous, la charge organique dissoute en matières minérales (nutriments) et gaz. Les bactéries du cycle de l'azote assurent la nitratation (formation de nitrites) et la nitratation (formation de nitrates).

· Les bactéries anaérobies qui sont essentiellement méthanogènes (formation de méthane) réalisent la transformation de la matière organique au niveau des sédiments.

9.6.2 Les algues :

Ce sont des plantes microscopiques planctoniques. Elles sont représentées dans les lagunes principalement par les espèces suivantes :

· algues bleues (cyanophycées) proches des bactéries.

· algues vertes (chlorophycées).

· algues brunes (chrysophycées).

· euglènes.

Dans le cas d'un bon fonctionnement, les bassins de lagunage (surtout ceux en fin de filière) ont une couleur verte plus ou moins prononcée. La chlorophylle contenue dans les micros algues leur permet d'utiliser la lumière du soleil comme source d'énergie : c'est la base du processus de la photosynthèse. Les algues se développent à la lumière en prélevant dans l'eau du gaz carbonique et des sels minéraux et en y rejetant de l'oxygène. Les algues sont ainsi les principaux producteurs d'oxygène des lagunes. Cette production s'effectue essentiellement dans la couche d'eau superficielle (jusqu'à 40-50 cm).

Dans les bassins du lagunage les micros algues se succèdent au cours du temps. Cela constitue une pollution apparemment négligeable car l'épaisseur des sédiments dans les derniers bassins de lagunage ne dépasse pas les 5 à 10 centimètres. L'effluent rejeté dans le milieu récepteur contient donc des micros algues en suspension représentant indirectement une pollution particulaire organique importante (leur teneur en matières en suspension pouvant atteindre 0.2 kg/m3).

Les bassins de lagunage sont classés parmi les procédés moyennement performants permettant un rejet de niveau d (120 mg/l de MES). Il n'existe pas de station de lagunage naturel qui possède une unité de récupération et de valorisation des micros algues rejetées.

9.6.3 Le zooplancton :

La faune a une importance essentielle dans le fonctionnement des lagunes et de nombreux organismes participent activement à l'épuration du milieu (prédation, filtration....) On trouve :

· Les protozoaires, qui sont des organismes unicellulaires prédateurs des bactéries. Ils constituent le seul zooplancton hivernal réellement abondant dans les derniers bassins de lagunage.

· Les rotifères, sont des vermidiens microscopiques, ils filtrent activement le phytoplancton et sont capable de s'accommoder à des taux d'oxygène dissous très faibles.

· Les copépodes, sont des crustacés de petites tailles qui nagent à la surface de l'eau et ont un développement limité dans l'espace et le temps. Leur spectre alimentaire est pourtant très étendu : micro algues, proies vivantes...

· Les cladocères, sont également de petits crustacés. Les daphnies sont les plus répandues et les plus caractéristiques. Leur rôle est intéressant car elles favorisent l'abattement du taux des matières en suspension. Elles permettent ainsi un éclaircissement du milieu et la pénétration de la lumière. Par contre elles provoquent une diminution du taux d'oxygène dissous à cause de leur respiration et de l'élimination des micros algues.

Conclusion :

L'eau est le véhicule de transport et de dissémination idéal de nombreux polluants. Les contraintes d'assainissement, de plus en plus strictes, exigent le traitement d'un nombre plus important de polluants (matières organiques, minérales, pathogènes et toxiques). Étant donnée la grande diversité de ces déchets, l'épuration d'un affluent résiduaire comporte plusieurs étapes, chacune spécifique aux caractéristiques particulières des éléments à traiter. D'un point de vue général, est sans vouloir être exhaustif, compte tenu de la diversité des procédés mis en oeuvre selon les cas, l'épuration de l'eau amène toujours avant leur rejet dans le milieu naturel à :

· séparer et éliminer les matières en suspension.

· éliminer la pollution organique, principalement par voie biologique, et, plus récemment les pollutions azotées et phosphorées

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