SECTION I : LES FACTEURS
SOCIO-POLITIQUES DE PROLIFERATION ET DE CIRCULATION DES ALPC EN AFRIQUE
CENTRARLE
Plusieurs facteurs favorisent la prolifération et la
circulation illicites des armes en Afrique Centrale. Les facteurs historiques
(I), les facteurs socio-politiques (II), les conflits armés comme
facteurs (III), le rôle des réfugiés (IV), les facteurs
liés à la commercialisation des ALPC (V) et les progrès
technologiques (VI) seront successivement examinés.
§1. Les facteurs
historiques
En Afrique centrale, plusieurs facteurs historiques favorisent
l'accumulation des armes, surtout au niveau des populations civiles. Il y a
lieu de relever ici la tradition guerrière qui caractérise
certains peuples, comme par exemple ceux du Cameroun Septentrional, du Tchad ou
du Nord de la RCA. Les guerres de conquête ont fortement marqué
ces peuples et ces zones durant le XVIIIe et le XIXe
siècles. Habitués à faire la guerre, ces peuples ont
appris à fabriquer les armes (arcs, flèches, couteaux, sabres,
etc.) et surtout à les garder ou les porter pour préserver leur
sécurité ou se défendre. Cet instinct guerrier n'a pas
disparu, et aujourd'hui ces peuples ont toujours tendance à
s'approvisionner en armes, soit en fabriquant les armes traditionnelles et
archaïques, soit en acquérant les armes modernes.
Il y a aussi la tradition de la chasse qui explique la
détention des armes par les populations civiles en Afrique Centrale.
C'est le cas de certains peuples bantou qui vivent dans la partie sud du
Cameroun, au Congo-Brazzaville, au Gabon, en RDC, etc. Ces peuples de la
forêt ont aussi appris à fabriquer les armes rudimentaires comme
l'arc, pour chasser le gibier, l'une de leurs principales nourritures. Cet
instinct de chasse existe encore chez les Bantous et la modernisation fait
qu'aujourd'hui l'arc disparaît progressivement pour laisser la place au
fusil à canon.
§2. Les facteurs
socio-politiques
Les mouvements nationalistes, à partir des
années 1950, ont profondément remis en cause la stabilité
des Etats encore très fragiles sur le plan des institutions, qui se
mettaient progressivement mais difficilement en place. Un peu partout sur le
continent éclatent des conflits d'ordre ethnique, politique et
même religieux. Animée par la passion de se hisser au sommet de
l'Etat ou de se faire représenter dans les différentes
institutions politiques, chaque ethnie n'hésite pas à utiliser
des moyens illégaux, à recourir à la force.
Cette façon illégale et antidémocratique
d'accéder au pouvoir, utilisée par certaines élites
politiques africaines, crée des frustrations et de profonds
mécontentements au sein des populations qui prennent les armes pour se
révolter contre le régime anti démocratique mis en place.
Les groupes de rébellion, avec le plus souvent l'aide des puissances
occidentales complices, ont ainsi acquis des centaines de milliers d'armes et
de munitions contre , parfois si non tout le temps, l'exploitation des
ressources naturelles (or, diamant, etc.). Ces tonnes d'armes et de munitions,
illégalement acquises à la faveur des guerres nationalistes,
continuent de circuler à travers le continent et en particulier dans la
sous-région d'Afrique Centrale.
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