De la problematique du controle et de la répression de la circulation illicite des armes légères et de petit calibre: impact sur la promotion de la sécurité collective en Afrique des grands lacs( Télécharger le fichier original )par John KAZEMBE Université de Goma - Licence 2008 |
§2. Les entraves à l'acheminement de l'aide humanitaireLes conflits armés, conséquence de l'abus d'armes, multiplient le nombre de personnes qui ont de plus en plus besoin de l'assistance et de l'aide humanitaires. Face aux souffrances des populations, la communauté internationale est toujours prête à se mobiliser pour secourir les nécessiteux. Malheureusement et très souvent, l'aide humanitaire ne parvient pas toujours à ces derniers à cause des groupes paramilitaires et autres milices armées qui empêchent la circulation des convois humanitaires ou détournent l'aide, dans le meilleur des cas. De tels actes inhumains et de tels agissements, contraires au Droit International Humanitaire, sont très fréquents en RDC. Caritas Congo, une association humanitaire basée dans ce pays en guerre, raconte ce qui suit : « Il a ainsi été difficile de distribuer normalement de l'aide humanitaire dans le district de l'Ituri, en province orientale : l'équipe a dû parfois distribuer cette aide "sous les crépitements des balles". Au Nord-Kivu, une autre équipe n'a pu organiser ni la foire aux semences d'août - septembre 2005, ni une distribution humanitaire à Luofu, à cause de la présence des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et des Interhamwe. Après les affrontements entre soldats loyalistes et militaires d'origine rwandophone, autour de la localité de Kanyabayounga (au Nord-Kivu), Caritas Butembo a accompagné une mission de l'office de coordination de l'aide humanitaire des Nations Unies (OCHA) à Miriki pour secourir les réfugiés : au retour, l'équipe est tombée sur des hommes armés qui ont ravi tous les biens personnels de l'équipe. De tels exemples sont nombreux46(*)». Le pire des cas se produit lorsque les milices se mettent à massacrer les équipes de secours. CEREBA47(*), une autre ONG basée en RDC, apporte le témoignage suivant : « Le travail de terrain est devenu très difficile, car les animateurs peuvent être attaqués à tout moment par les hommes en uniforme. Des précautions insuffisantes peuvent être lourdes de conséquences. Les animatrices qui s'occupent de l'identification et du soutien psychologique aux femmes victimes de violences sexuelles, se rendent de moins en moins dans les villages, craignant d'être violées par les hommes en armes : cela s'est produit à Nyamilima, Rutshuru, où une de nos animatrices a été violée en 2003. Les centres d'alphabétisation à Binza sont fermés depuis 2003, du fait de la présence d'hommes armés dans le secteur. On enregistre des attentats sporadiques qui provoquent la suspension des travaux dans les villages riverains du parc national des Virunga. Il y a cinq mois, un de nos animateurs de développement a été abattu par les hommes armés non identifiés. Les activités de terrain ont été réduites de plus de 60% dans les zones rurales48(*)». Ces tristes exemples de la RDC se produisent fréquemment ailleurs dans d'autres zones de conflits armés où circulent abondamment les armes légères. Au total, les ALPC qui affluent de façon incontrôlée dans les zones de conflits armés constituent un obstacle majeur pour l'acheminement des secours et de l'aide humanitaires. Il faut ajouter aussi que la circulation des ALPC a un impact négatif sur les activités économiques dans la sous-région : désinvestissements massifs, hésitation des hommes d'affaires à investir à cause de l'insécurité créée par les armes, surtout dans les zones d'hostilités. D'où l'accroissement de la pauvreté, autre insécurité majeure qui menace les populations. En définitive, les conséquences liées à la prolifération et à la circulation illicites des ALPC sont extrêmement dévastatrices au sein des populations civiles dans la sous-région. Dès lors, est ainsi vérifiée la cinquième hypothèse de recherche, à savoir : l'accumulation excessive et la circulation illicite des armes légères en Afrique Centrale entraînent de graves conséquences humanitaires, politiques et sur la population civile. D'où l'urgence de réduire considérablement le flux de ces armes et de trouver des solutions adéquates pour limiter les souffrances humaines. * 46 CEREBA : « L'impact sur le développement de la prolifération d'armes légères en République Démocratique du Congo », in Haut Conseil de la Coopération Internationale, Paris, janvier 2006, P.4. * 47 Centre d'Etudes et de Recherche en Education de Base pour le Développement Intégré. * 48 Caritas Congo : « L'impact sur le développement de la prolifération d'armes légères en République Démocratique du Congo », in Haut Conseil de la Coopération Internationale, Paris, janvier 2006, P.4. |
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