4.2.2.3. Système de production animale
L'élevage occupe la seconde place, après
l'agriculture, dans les activités économiques. De type
traditionnel et extensif, l'élevage concerne les bovins, les ovins, les
caprins, les équins, les porcins et la volaille. Djodjouwin (2001)
estime à 9855 le nombre de bovins sédentaires autour de la
forêt classée des Monts Kouffé. Il est à
préciser que les transhumants et les bouviers des troupeaux
sédentaires rentrent le moins possible en profondeur du massif forestier
des Monts Kouffé afin d'éviter les mouches tsé-tsé,
très abondantes dans la partie sud-est du massif.
4.2.2.4. Système d'exploitation des ressources
forestières
Le service forestier qui ne dispose pas pour le moment de
plans d'aménagement a très peu de moyens pour exécuter les
travaux préparatoires à toute exploitation forestière. Le
rôle de ce service se limite au contrôle à posteriori des
produits sortis de la forét et à l'encaissement des taxes qui
sont versées au trésor public. Sinsin (1996), rapporte que dans
tous les villages des Monts Kouffé, les femmes ont
développé des activités économiques relativement
importantes, basées essentiellement sur la mise en valeur des produits
de la forêt classée. Selon les potentialités qu'offre
l'écosystème et les affinités des femmes, les produits
exploités varient d'un village à un autre : de nombreux fruits
dont le karité, diverses espèces de légumes verts
auto-consommés et vendus, le piment, les champignons, des lianes
transformées en éponges, une graminée (Loudetia
sp) transformée en balais, feuilles d'arbres pour la teinture
artisanale ou pour l'emballage et le conditionnement de produits alimentaires,
des plantes médicinales, etc. Sans oublier la production du savon,
très prisé sur les marchés locaux, à base de soude
obtenue après incinération de bois de Anogeissus
leiocarpus. L'activité des hommes concerne surtout la coupe de
bois, la production de madriers et de charbon (essentiellement pratiquée
par l'ethnie Adja), la récolte de miel de brousse (par abattage et/ou
mise à feu de l'arbre), collecte de plantes médicinales et la
chasse. Les coupes sont pratiquées par des exploitants
agréés munis de permis de coupe, moyennant un paiement de taxes
et redevances. Celles-ci sont fixées à l'unité de volume
`'déclaré» par l'exploitant, selon les espèces et les
assortiments (bois d'oeuvre, bois de service, bois de feu, charbon, palmier
à huile). Manigri, Banon, Djagbalo, Okouta Ossé, Wannou,
Kprèkètè, Aoro sont les villages qui se sont
spécialisés dans la production de madriers et/ou en charbon de
bois. Les villages de chasseurs (généralement créés
par les chasseurs et où 60% des hommes pratiquent la chasse) sont pour
le massif des Monts Kouffé : Manigri, Wannou, Banon, Idadjo, Okouta
Ossé, Djagbalo, Igbèrè. Au niveau de la chasse on
distingue trois types : chasse à la battue (février-mars), chasse
aux bâtons (mars-avril) et la chasse au fusil (pratiquée à
tout moment). Dans ces villages de chasseurs, la principale source de
protéine reste la viande boucanée.
La chasse est un métier codifié dans la
tradition Nagot. Son apprentissage à l'époque où la faune
sauvage abondait est sujet à des lois qu'on ne peut en aucun cas
transgresser. Cet apprentissage se fait par des étapes bien
précises correspondant à un degré d'initiation et de
montée dans la hiérarchie de la confrérie des chasseurs.
Le Balodè où Maître-chasseur préside la
confrérie des chasseurs dans le village. Pour accéder à ce
titre il lui a fallu démontrer sa puissance mystique à travers la
neutralisation et l'abattage d'un certain nombre d'animaux
considérés par les communautés de
chasseurs comme offensifs ou rares. Aucun villageois ne peut
pénétrer la forét dans le but de chasser s'il n'a
reçu au préalable l'autorisation du chef chasseur de son ressort
territorial. Un éclaireur existe au niveau de la confrérie et
veille à dépister et organiser la poursuite de braconniers non
résidents qui envahissent leur territoire. Au-delà de la
confrérie existent dans la région des Monts Kouffé deux
types d'association qui regroupent les différentes Confréries
Villageoises de Chasseurs (CVC). La plus importante d'entre elles est
certainement la fédération des CVC `'Irèpo
Odè» créée officiellement en mars 1999 et
présidée par le chef chasseur du village de Koda (au nord-est de
la forêt classée des Monts Kouffé). Avec l'appui de l'ONG
ROSE-Echanges, Irèpo Odè tente d'obtenir l'enregistrement ou la
reconnaissance officielle de la fédération. La
fédération repose sur des statuts, un conseil des sages et des
responsables de zones puis organise annuellement une assemblée
générale de façon tournante dans un village membre. Lors
de ces assemblées sont abordées des questions qui traitent de
toutes les actions que la fédération entreprend concernant la
réglementation de la chasse, de la transhumance et la pêche.
La deuxième association de chasseurs,
opérationnelle depuis 1994, opère dans la commune de
Bantè. Structurée autour de comités villageois de
chasseurs dénommés Comités de Chasseurs pour la Protection
de la Nature (CCPN) autour et au sud du massif des Monts Kouffé, elle
est présidée par le chef chasseur d'Akpassi. Elle prend assise
sur le `'Pacte Ogou» et a été mise en place pour lutter
contre l'exploitation abusive des foréts de la région et
préserver ainsi la tradition de la chasse. Cette association, soutenue
par le roi de Bantè, a été initiée en 1992/1993 par
le propriétaire de la ferme de Tobé (PAMF, 2002).
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