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Effet de bordure des terroirs villageois sur les aires protégées suite a la dynamique de l'utilisation des terres : cas de la forêt classée des monts Kouffé au Bénin.:

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par Inoussa TOKO MOUHAMADOU
Université d'Abomey-Calavi - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2005
  

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4.2.2.3. Système de production animale

L'élevage occupe la seconde place, après l'agriculture, dans les activités économiques. De type traditionnel et extensif, l'élevage concerne les bovins, les ovins, les caprins, les équins, les porcins et la volaille. Djodjouwin (2001) estime à 9855 le nombre de bovins sédentaires autour de la forêt classée des Monts Kouffé. Il est à préciser que les transhumants et les bouviers des troupeaux sédentaires rentrent le moins possible en profondeur du massif forestier des Monts Kouffé afin d'éviter les mouches tsé-tsé, très abondantes dans la partie sud-est du massif.

4.2.2.4. Système d'exploitation des ressources forestières

Le service forestier qui ne dispose pas pour le moment de plans d'aménagement a très peu de moyens pour exécuter les travaux préparatoires à toute exploitation forestière. Le rôle de ce service se limite au contrôle à posteriori des produits sortis de la forét et à l'encaissement des taxes qui sont versées au trésor public. Sinsin (1996), rapporte que dans tous les villages des Monts Kouffé, les femmes ont développé des activités économiques relativement importantes, basées essentiellement sur la mise en valeur des produits de la forêt classée. Selon les potentialités qu'offre l'écosystème et les affinités des femmes, les produits exploités varient d'un village à un autre : de nombreux fruits dont le karité, diverses espèces de légumes verts auto-consommés et vendus, le piment, les champignons, des lianes transformées en éponges, une graminée (Loudetia sp) transformée en balais, feuilles d'arbres pour la teinture artisanale ou pour l'emballage et le conditionnement de produits alimentaires, des plantes médicinales, etc. Sans oublier la production du savon, très prisé sur les marchés locaux, à base de soude obtenue après incinération de bois de Anogeissus leiocarpus. L'activité des hommes concerne surtout la coupe de bois, la production de madriers et de charbon (essentiellement pratiquée par l'ethnie Adja), la récolte de miel de brousse (par abattage et/ou mise à feu de l'arbre), collecte de plantes médicinales et la chasse. Les coupes sont pratiquées par des exploitants agréés munis de permis de coupe, moyennant un paiement de taxes et redevances. Celles-ci sont fixées à l'unité de volume `'déclaré» par l'exploitant, selon les espèces et les assortiments (bois d'oeuvre, bois de service, bois de feu, charbon, palmier à huile). Manigri, Banon, Djagbalo, Okouta Ossé, Wannou, Kprèkètè, Aoro sont les villages qui se sont spécialisés dans la production de madriers et/ou en charbon de bois. Les villages de chasseurs (généralement créés par les chasseurs et où 60% des hommes pratiquent la chasse) sont pour le massif des Monts Kouffé : Manigri, Wannou, Banon, Idadjo, Okouta Ossé, Djagbalo, Igbèrè. Au niveau de la chasse on distingue trois types : chasse à la battue (février-mars), chasse aux bâtons (mars-avril) et la chasse au fusil (pratiquée à tout moment). Dans ces villages de chasseurs, la principale source de protéine reste la viande boucanée.

La chasse est un métier codifié dans la tradition Nagot. Son apprentissage à l'époque où la faune sauvage abondait est sujet à des lois qu'on ne peut en aucun cas transgresser. Cet apprentissage se fait par des étapes bien précises correspondant à un degré d'initiation et de montée dans la hiérarchie de la confrérie des chasseurs. Le Balodè où Maître-chasseur préside la confrérie des chasseurs dans le village. Pour accéder à ce titre il lui a fallu démontrer sa puissance mystique à travers la neutralisation et l'abattage d'un certain nombre d'animaux

considérés par les communautés de chasseurs comme offensifs ou rares. Aucun villageois ne peut pénétrer la forét dans le but de chasser s'il n'a reçu au préalable l'autorisation du chef chasseur de son ressort territorial. Un éclaireur existe au niveau de la confrérie et veille à dépister et organiser la poursuite de braconniers non résidents qui envahissent leur territoire. Au-delà de la confrérie existent dans la région des Monts Kouffé deux types d'association qui regroupent les différentes Confréries Villageoises de Chasseurs (CVC). La plus importante d'entre elles est certainement la fédération des CVC `'Irèpo Odè» créée officiellement en mars 1999 et présidée par le chef chasseur du village de Koda (au nord-est de la forêt classée des Monts Kouffé). Avec l'appui de l'ONG ROSE-Echanges, Irèpo Odè tente d'obtenir l'enregistrement ou la reconnaissance officielle de la fédération. La fédération repose sur des statuts, un conseil des sages et des responsables de zones puis organise annuellement une assemblée générale de façon tournante dans un village membre. Lors de ces assemblées sont abordées des questions qui traitent de toutes les actions que la fédération entreprend concernant la réglementation de la chasse, de la transhumance et la pêche.

La deuxième association de chasseurs, opérationnelle depuis 1994, opère dans la commune de Bantè. Structurée autour de comités villageois de chasseurs dénommés Comités de Chasseurs pour la Protection de la Nature (CCPN) autour et au sud du massif des Monts Kouffé, elle est présidée par le chef chasseur d'Akpassi. Elle prend assise sur le `'Pacte Ogou» et a été mise en place pour lutter contre l'exploitation abusive des foréts de la région et préserver ainsi la tradition de la chasse. Cette association, soutenue par le roi de Bantè, a été initiée en 1992/1993 par le propriétaire de la ferme de Tobé (PAMF, 2002).

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