4.2.2. Gestion de terroir 4.2.2.1. Tenure
foncière
Dans chaque village, il y a un chef traditionnel suprême
qui est le gardien spirituel de tout le territoire laissé par
l'ancêtre fondateur. Mais ce chef spirituel appelé
`'baalè» (Chef de terre) n'exerce pas un droit de
propriété directe sur toutes les terres de l'espace villageois.
En terme d'indivision, le village est un ensemble de terres de
collectivités familiales et chacune de ces terres est dirigée par
un `'baba-odoï» ou `'onilè» qui est l'autorité
exerçant un droit de propriété et de mise en valeur. La
terre est octroyée par les propriétaires terriens aux allochtones
qui peuvent l'utiliser soit pour la production agricole, soit pour des
plantations. En cas de départ de l'allochtone, la terre et ce qu'elle
renferme revient au propriétaire terrien. Les étrangers
s'adressent au baalè qui convoque une réunion des notables de
baba-odoï pour identifier lequel d'entre eux a des terres disponibles
à lui affecter. Au niveau du massif des Monts Kouffé seuls les
Holli ont un droit au privilège d'être autorisé à
s'installer et à cultiver dans la forêt. Les autres groupes
ethniques peuvent seulement obtenir une autorisation pour la savane.
Après identification d'un lopin de terre et en échange de
l'octroi du statut d'usufruitier, le demandeur Holli donnera au village par
l'intermédiaire du baalè 2 sacs de maïs de 50 kg durant 4
ans (temps après lequel la terre sera laissée en jachère).
Depuis 1993, les notables préfèrent recevoir de l'argent en
espèces. La somme demandée correspond environ à 10.000
FCFA/ha (1996) et est perçue par le maire (actuel chef
d'arrondissement). Pour le demandeur d'une autre ethnie, il fera un geste
symbolique qu'il renouvellera à la fin
de chaque année (généralement il est
constitué de 1 ou 2 litres d'alcool local `'sodabi» et 2.000FCFA).
Si les allochtones ont des relations avec un village autochtone, souvent des
droits coutumiers ou `'tradition inventée» limitent l'accès
à la terre cultivable, aux ressources naturelles (forêts,
bas-fonds) et les cultures de rente tels le coton et les plantations (PAMF,
2002). Pour cette raison, les immigrants (qui dans certains villages et surtout
hameaux représentent la majorité de la population) sont aussi
exclus de l'appui des structures d'intervention pour l'amélioration de
la gestion de ces ressources.
4.2.2.2. Système de production agricole
L'agriculture est l'une des principales activités
économiques menées dans le milieu. C'est une agriculture
itinérante sur brûlis qui est caractérisée par de
petites exploitations de 2 ha en moyenne, mais aussi par des exploitations de
plus de 15 ha. Les cultures pratiquées sont essentiellement le maïs
(Zea mays), le sorgho (Sorghum spp), l'igname (Dioscorea
alata), le manioc (Manihot esculenta), le niébé
(Vigna unguiculata), l'arachide (Arachis hypogea), le coton
(Gossypium hirsutum), le riz (Oryza sativa) et les cultures
maraîchères. Les opérations agricoles s'effectuent
essentiellement à la main avec un outillage rudimentaire (houe,
coupe-coupe, etc.). L'adoption de la culture attelée est importante dans
la zone du massif forestier des Monts Kouffé. L'utilisation de la fumure
et des produits phytosanitaires est, en dehors du coton, très faible sur
les autres cultures.
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