7.3. Impacts du braconnage
Le gibier représentait la principale nourriture pour
l'homme préhistorique. Depuis le développement agricole, il a
cessé d'être une source importante de viande. De nombreuses
espèces animales sont consommées en Afrique : tous les
ongulés sauvages, les primates, les damans, les rongeurs, les
félins, de nombreuses espèces d'oiseaux, de reptiles, de
batraciens, d'insectes, de mollusques. De nos jours, la viande de chasse
représente une source de profit indéniable pour les populations
rurales qui alimentent les marchés de viande des grandes villes. Les
prix varient selon l'espèce, la période de vente, le niveau de
vie. La vente de la viande de chasse fait vivre une multitude de personnes
(Chasseurs, guides, porteurs, artisans, commerçants, restaurateurs,...).
Alors qu'il y a une vingtaine d'années encore, les populations
africaines se ravitaillaient en viande de chasse sur toute l'étendue du
continent. Actuellement, les principales sources d'approvisionnement se
trouvent de plus en plus localisées aux zones
périphériques des parcs nationaux et des réserves
naturelles, principaux réservoirs d'espèces sauvages. La pression
est énorme sur ces aires protégées. Le villageois-chasseur
prélève essentiellement pour ses besoins personnels et ceux de sa
famille directe. Malheureusement, l'appât du gain et des
bénéfices rapide le pousse à pratiquer des actes
répréhensibles comme le braconnage. Les intermédiaires
entre le prélèvement et la vente de la viande de chasse sont
nombreux. En général, le chasseur travaille sur commande. Il
reçoit autant de cartouches de la
part d'un commanditaire, souvent une personne de rang social
élevé. Celle-ci vient périodiquement recueillir les fruits
de la chasse qui sont soit consommés directement, soit revendus à
d'autres personnes. La filière la plus longue est celle qui consiste
à vendre au bord de la route le surplus de chasse. Le gibier
exposé est acheté par des taxis-brousse de passage puis revendu
à des femmes commerçantes dans certains villages
spécialisés dans ce genre de transactions. Ces
intermédiaires organisent alors le transfert des produits vers les
grands centres urbains où ils sont revendus à d'autres acheteuses
au niveau des Marchés centraux. Il
existe en fait deux catégories de marchés de
viande de chasse : le marché public, officiel, oüla
vente se déroule en plein jour et le marché officieux,
clandestin, bien connu de tous les
citadins. Le gibier est vendu à l'état frais le
premier jour et boucané à partir du 2è et
3è jour. La commerçante s'efforce de vendre l'animal
entier. Si le gibier n'est pas vendu, elle le découpe alors en quartiers
uniformes puis en petits morceaux. Certaines commerçantes sont
également propriétaires de petits restaurants (maquis) qui leur
permettent d'écouler les invendus. Bien qu'il existe le plus souvent un
Code de la chasse qui détermine théoriquement les
modalités des prélèvements et de la vente du gibier, il
faut bien reconnaître que la filière viande de chasse respecte
très superficiellement les lois établies (Heymans, 1999).
De façon concrète toute la Commune de
Bantè se trouve dans le schéma du braconnage et ses circuits de
commercialisation des gibiers abattus. La commercialisation de ces viandes de
chasse boucanées est une activité menée par les femmes
d'Okouta-Ossé, Pira, Akpassi, Banon Djagbalo, Lougba et Alétan.
Les animaux dont la viande est la plus commercialisée concernent
l'aulacode, le phacochère, le coba, l'ourébi et le
céphalophe (Dagou et Odjoubèrè, 2004).
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