2- Les Firmes de Consulting Militaire : (DSL, MPRI, Silver
Shadow,Levdan, Vinnel,)
« Nous comptons plus de généraux par
mètre carré ici qu'au pentagone » Harry E. Soyster,
Général retraité et exécutif auprès de MPRI
(20).
Ces firmes et contrairement aux premières ne prennent
pas en charge les missions de combat et se maintiennent à une certaine
distance de la ligne de front. Comme leur nom l'indique, elles vendent
uniquement des conseils et autres services analogues. Sont de leur ressors, la
formation, l'entraînement, la restructuration et même
l'instauration d'Armées Nationales au sein d'Etats nouvellement
indépendants, (Cas de la Croatie et de la Bosnie Herzégovine.),
la remise à niveau d'unités de combat, recyclage des contingents,
réinsertion des anciens combattants dans le cadre des DDR
(Désarmement/Démobilisation/Réinsertion). Ces
sociétés accompagnent leur client à tous les nivaux, sauf
sur le théâtre des opérations. Elles le préparent,
guident ses pas, planifient ses actions, se chargent de tout, à
l'exception de la mise en application et l'exécution des
opérations, qui elles, sont laissées au client. C'est la
principale distinction entre les firmes de consulting et les firmes
prestataires. Néanmoins, cela ne serait être une raison pour dire
que leur rôle n'est pas moins déterminant que celui de leurs
homologues. En effet, l'entrainement, l'analyse militaire et la planification
sont d'égale importance dans une guerre, que l'exécution des
opérations.
Au niveau politique, ces firmes de consulting
représentent un outil extrêmement efficace de continuation de la
politique étrangère, notamment pour les Etats «
Démocratiques » qui ne sauraient envoyer leurs représentants
officiels pour des actions à la limite du politiquement correcte. En
travaillant sous la houlette de leur gouvernement, ces firmes se permettent de
soutenir l'insoutenable et de servir ses intérêts en menant des
actions politiquement lourdes de conséquences et susceptibles
d'être blâmables auprès du législatif et de l'opinion
publique. En Birmanie par exemple, des firmes françaises comme ABAC,
OGS et PHL Consulting ont toutes été
soupçonnées d'avoir prêté leurs services à
l'armée birmane dans le cadre de sa guerre anti-
insurrectionnelle(21).
(20) P.W.SINGER, op.cit, 119
(21) Ibid, p 13.
La fameuse opération « Jaque » : Perfide
opération de sauvetage ayant mené à la libération
d'Ingrid Betancourt a bel et bien été le fruit de l'intervention
de l'une d'entre elles : à savoir, la firme israélienne GST
Global, spécialisée dans le contre-espionnage, la
désinformation et l'infiltration (22).
Cependant, la plus notoire d'entre elles, demeure la
société américaine MPRI (Military Professional Ressources
Incorporated), filiale du groupe de défense et l'un des principaux
fournisseurs du Département de Défense « L 3-Communications
Holding Inc. », rendue célèbre par ses interventions lors
des guerres sécessionnistes d'exYougoslavie, où elle s'est
majestueusement illustrée. Pour un contrat avoisinant les 140 millions
de dollars, MPRI s'est chargée de la mise en place et la formation des
Armées Croate et Bosniaque, et d'un programme de transition
démocratique à la fin de la guerre.
Nous pourrions citer un autre exemple, celui de
l'ex-Zaïre, où, face à un Laurent Désiré
Kabila assisté par la Bechtel Company, Mobutu se vit dans
l'obligation de faire de même. Ayant sollicité l'intervention de
MPRI et d'Executive Outcomes, ces dernières n'étant pas
très convaincues de la crédibilité d'un régime
à l'agonie, et étant restées sceptiques par rapport aux
moyens dont il disposait pour remplir ses obligations contractuelles. Elles
désistent et cèdent leur place à la société
française Geolink qui se chargea du recrutement de mercenaires
pour le régime, avec les résultats que nous connaissons.
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