UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU BURKINA FASO
Unité de Formation et de Recherche en Sciences
Humaines
(UFR/SH)
Département de Géographie
Formation Doctorale
« Dynamique des Espaces et Sociétés
»
LE DEVELOPPEMENT LOCAL FACE A
LA POLITIQUE DE DECENTRALISATION
Option : Aménagement du territoire
Présenté par : ILBOUDO Yèlba
Patrice
Sous la codirection de :
Dr PALE O. K. Frédéric Pr. OUEDRAOGO
Dieudonné
Chargé de recherche Maître de recherche
Table des matières
Table des matières
|
II
|
DEDICACE
|
IV
|
Remerciements
|
V
|
Sigles et abréviations
|
VI
|
Résumé
|
VIII
|
Introduction
|
- 1 -
|
PREMIERE PARTIE: CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
|
.-4-
|
Chapitre I- la problématique et les
hypothèses de recherche
|
- 5 -
|
I.1- le contexte général
|
- 5 -
|
I.2- Du développement rural intégré au
développement local
|
- 7 -
|
I.2.1- L'émergence de la démarche gestion des
terroirs
|
- 7 -
|
I.2.2- Les résultats de la démarche gestion des
terroirs
|
- 9 -
|
I.2.3- Les limites de la démarche gestion des terroirs
|
- 9 -
|
I.2.4- Vers le développement local
|
- 10 -
|
I.3- L'historique de la décentralisation
|
- 12 -
|
I.3.1- Une décentralisation imposée par les
bailleurs de fonds
|
- 13 -
|
I.3.2- D'une planification centralisée à une
planification locale
|
- 14 -
|
I.3.3-Cadre politico-juridique de la décentralisation
au Burkina Faso
|
- 14 -
|
I.4- Quelques implications de la décentralisation sur les
actions de développement local - 17
- - - - - - - -
- -
-
|
|
I.5- Les objectifs et les hypothèses de recherche
|
- 23
|
Chapitre II : La méthodologie de la revue de
la littérature
|
- 25
|
II.1- Le cadre conceptuel
|
- 25
|
II.1.1- Le choix et la définition des concepts
|
- 25
|
II.1.1.1- La décentralisation
|
- 25
|
II.1.1.2-Le développement local
|
- 27
|
II.1.2- Les relations supposées entre les concepts
définis
|
- 28
|
II.2- La recherche documentaire
|
- 30
|
II.2.1- La collecte des données
|
- 31
|
II.2.2- Le traitement et l'analyse des données
|
- 32
|
perception de la population locale
|
- 35
|
III.1- Les stratégies de la décentralisation et du
développement local
|
- 35
|
III.1.1- Les stratégies de la décentralisation
|
- 35
|
III.1.1.1- L'appropriation sociale et politique de la
décentralisation
|
- 35
|
III.1.1.2- Le transfert des compétences et des
ressources
|
- 36
|
III.1.1.3- Le renforcement des capacités locales
|
- 36
|
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET DISCUSSION DES
RESULTATS DE LA REVUE DE LA LITTERATURE .- 34 - Chapitre III : Les
enjeux et les stratégies de la décentralisation et du
développement local et
-
-
-
-
-
-
III.1.1.4- L'appui à l'élaboration et à
la mise en oeuvre des plans de développement
- - - - - -
locaux
|
- 37
|
III.1.1.5- Le pilotage et la coordination
|
- 37
|
III.1.1.6- La participation locale
|
- 38
|
III.1.2- Les Stratégies du développement local
|
- 38
|
III.1.2.1- Le projet à entrer technique
|
- 39
|
III.1.2.2-L'approche par l'accompagnement institutionnel
|
- 40
|
III.3- Perceptions de la population des enjeux et des
stratégies de la décentralisation et du
développement local - 49 - CHAP IV : Les
compétences et les responsabiités des acteurs et l'Etat et la
participation de
III.1.2.3-L'approche par le soutien aux initiatives locales
|
- 40
|
III.2-Les enjeux de la décentralisation et du
développement local
|
- 41
|
III.2.1-Les enjeux de la décentralisation
|
- 41
|
III.2.1.1- Les enjeux politiques
|
- 42
|
III.2.1.2- Enjeux économiques
|
- 45
|
III.2.1.3- Enjeux socioculturels
|
- 47
|
III.2.2-Les enjeux du développement local
|
- 48
|
la population au développement local
|
- 53 -
|
IV.1- les compétences et les responsabilités des
acteurs locaux et L'Etat
|
- 53 -
|
IV.1.1- les compétences et les responsabilités des
acteurs locaux et L'Etat telles que généralement définies
|
- 53 -
|
IV.1.1.1- les compétences et les
responsabilités de l'Etat
|
- 53 -
|
IV.1.1.2- Les compétences et les
responsabilités du conseil régional
|
- 56 -
|
IV.1.1.3- Les compétences et les
responsabilités des conseils provinciaux
|
- 56 -
|
IV.1.1.4- les compétences et les
responsabilités des élus
|
- 56 -
|
IV.1.1.5- les compétences et les
responsabilités de la société civile
|
- 59 -
|
IV.1.1.6- Les attributs de la CVGT
|
- 60 -
|
IV.1.1.7- Les compétences et les
responsabilités de la population
|
- 60 -
|
IV.1.2- Appréciations des compétences et
responsabilités des acteurs locaux et de l'Etat - 61 -
IV.2- La participation des populations aux projets et programmes
de développement
|
- 63 -
|
IV.2.1-Le caractère dynamique de la participation
|
- 63 -
|
IV.2.2- Les modèles de participation
|
- 64 -
|
IV.2.3- « L'offre » de participation de
l'autorité locale
|
- 65 -
|
IV.2.3.1- L'ouverture institutionnelle
|
- 65 -
|
IV.2.3.2- Le désir de collaborer
|
- 66 -
|
IV.2.3.3- L'appui conseil à l'organisation des
communautés
|
- 67 -
|
IV.2.4- « La demande » de participation de la
population locale
|
- 67 -
|
IV.2.4.1- La prise de conscience
|
- 67 -
|
IV.2.4.2- Le degré d'organisation
|
- 68 -
|
IV.2.4.3- Le leadership communautaire
|
- 68 -
|
IV.2.4.4- Le désir de collaborer avec les
autorités locales
|
- 69 -
|
Conclusion générale
|
- 70 -
|
Références bibliographiques
|
IX
|
DEDICACE
A_ tous ceux que nous portons dans notre cceur,
particuCierement d notrepere et d notre mere
Nos hommages d toutes Ces coCCectivités CocaCes
qui
aujourd'hui n'ont pas encore trouvé Ce chemin
du déveCoppement ; qu'eCCes trouvent en ce document, Ca
force et Ce courage de persévérer dans Ca
quete du hien etre dans un contexte de décentraCisation
actueC
Remerciements
L'accomplissement d'une oeuvre humaine se présente dans
une certaine mesure comme étant le fruit de la contribution de plusieurs
acteurs. Nécessité impérieuse s'impose à nous de
remercier tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont
apporté leur pierre à la réalisation de cette
étude.
Nos remerciements vont à l'endroit du corps enseignant
du département de Géographie, notamment ceux de la formation
doctorale «dynamique des espaces et sociétés» pour
l'encadrement dont nous avons bénéficié durant notre
formation. Nous exprimons en particulier notre profonde gratitude aux Pr.
Dieudonné Ouédraogo et Palé k Fréderic
respectivement notre directeur de mémoire et notre co-directeur, qui
malgré leurs multiples charges, ont accepté de diriger ce
mémoire. Nous leur somme reconnaissant pour leurs conseils, la
bienveillance, la patience et la compréhension qu'ils nous ont
manifestés, et sans lesquels ce travail n'aurait aboutis.
Nous adressons nos remerciements au PNGT II phase 2 pour nous
avoir accueillis en la qualité de stagiaire dans le cadre de la
préparation du mémoire. Ces remerciements s'adressent au
personnel du SAT, et particulièrement à notre directeur de stage
M. Mouhamed Drabo, chef du SAT et à tout le personnel du projet pour
leur appui moral, matériel et scientifique.
Ces remerciements vont aussi à l'endroit de toute ma
famille et mes amis pour leur patience et leurs conseils qui m'ont donné
l'envie d'aller de l'avant.
Que le Tout Puissant leur rende au centuple !
Sigles et abréviations
AT : Aménagement du
territoire
BF : Burkina Faso
BUC : Bibliothèque
Universitaire Centrale CDR : Comité
de Défense de la Révolution CESMOD :
Cadre Stratégique de mise en OEuvre de la
Décentralisation
CGCT : Code Général des
Collectivités Territoriales
CIRD : Centre International de
Recherche pour le Développement
CND : Conseil National de la
Décentralisation
CSLP : Cadre Stratégique de
Lutte contre la Pauvreté CT :
Collectivités Territoriales
CVD : Conseil Villageois de
Développement
CVGT : Commissions Villageoises de
Gestion des Terroirs
DGAT/DLR : Direction
Générale de l'Aménagement du Territoire du
Développement Local et Régional
GRN: Gestion des Ressources
Naturelles
INED: Institut National d'Etude
Démographique
INSD: Institut National de Statistique
et de Démographie
IRAM : Institut de Recherches et
d'Applications des Méthodes de développement
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement ISSP : Institut Supérieur
des Sciences de la Population
JSTOR: Trusted archives for
scholarship
LPDRD : Lettre de Politique de
Développement Rural Décentralisé
MARA : Ministère de l'Agriculture et des
Ressources Animales
MATD: Ministère de
l'Administration Territoriale et de la Décentralisation
MED : Ministère de l'Economie et
du Développement
MEF : Ministère de
l'Economie et des Finances ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PAVD : Projet d'Appui des Volontaires
des Nations Unies à la Décentralisation
PDM : Partenariat pour le
Développement des Municipalités
PNGT : Programme National de Gestion
des Terroirs
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement RAF : Réorganisation
Agraire et Foncière
TOD : Textes d'Orientation de
la Décentralisation
Résumé
La décentralisation est à l'ordre du jour dans
les pays d'Afrique, des caraïbes et pacifique (ACP). Pour la plupart des
Etats et des agences de coopération, l'instauration d'un système
de représentation proche des populations est sensée favoriser
à la fois le développement local et la démocratisation.
L'expérience de développement local par la
décentralisation est complexe pour les élus locaux tout comme
pour la population locale ; dans le sens où il s'agit de
développer la commune en répondant aux énormes besoins
sociaux des citoyens dans une stratégie de concertation et de
dialogue.
La présente étude souhaite apporter une
contribution à la compréhension des concepts de
décentralisation et de développement local, basée sur une
méthode de recherche axée sur la revue de la littérature.
Elle a eu lieu dans les différentes bibliothèques de Ouagadougou
entre juin 2009 et septembre 2010. Elle s'est focalisée d'abord sur les
questions des rôles et des responsabilités des acteurs locaux et
de l'Etat dans le processus de décentralisation, ensuite sur les
connaissances des populations concernant les enjeux et les stratégies de
la décentralisation et du développement local et enfin sur la
participation de cette population aux différents programmes et projets
de développement local.
Dans un premier temps, l'étude montre que les pouvoirs
et les responsabilités dévolus aux autorités locales sur
le terrain s'avèrent faibles ce qui limite leur champ d'action.
Ensuite, l'étude fait ressortir que les
communautés locales méconnaissent les politiques de
décentralisation et de développement local ; car ignorant les
enjeux et les stratégies de celles-ci.
Enfin, cette étude tout en reconnaissant le
désir des populations locales à développer leur milieu,
montre par contre que celles-ci participent peu à l'élaboration
et à l'exécution des programmes et projets de
développement local ; car se méfiant de leurs dirigeants.
L'étude se conclut par une ouverture vers une
thèse prochaine qui pourrait s'intéresser à la
participation des acteurs locaux au développement local dans le contexte
actuel de la décentralisation.
Introduction
Partout dans le monde, des sociétés en crises !
Ici, on parle de dévaluation de monnaie, de programme d'ajustement
structurel, de croissance rapide et de surpopulation ; ailleurs de
chômage et d'exclusion. De chaque côté, les vieux
modèles de développement libéraux, dirigistes ou
d'assistance même s'ils gardent leurs défenseurs, ont
montré leurs limites et leurs conséquences
«funestes«.
Pourtant, depuis une dizaine d'années, de nouveaux
discours et de nouvelles pratiques sociales basés sur des
expériences concrètes de proximité commencent à
être entendus, encouragés et même prônés par
les organismes de décision nationaux ou internationaux :
aménagement du territoire, responsabilisation de la
société civile, décentralisation, lutte contre la
pauvreté et l'exclusion, citoyenneté, etc. (Lisch. B Patrick.
Neant P, 1995, p8).
Ces idées au coeur du débat actuel sur le
rôle de l'Etat sont fondées en Afrique sur des initiatives
multiples et diverses dont beaucoup s'intègrent dans l'expérience
du développement local.
Pamphile.S (2000), définit le
développement local comme étant « un processus consistant
à mobiliser les énergies de tous les acteurs locaux en vue de la
promotion économique, sociale et culturelle d'un territoire ».
Autrement dit, c'est un processus qui vise la participation des acteurs avec
pour finalité, l'amélioration des conditions de vie des habitants
d'une zone déterminée.
Cependant, il faut noter que le terme de développement
local est une notion quelque peu confuse. Même s'il est
considéré par bon nombre de scientifiques comme ayant une liaison
étroite avec la décentralisation, d'autres néanmoins le
dresse contre celle-ci.
Le terme décentralisation est souvent utilisé de
manière générique pour désigner une série de
processus qui, selon les lieux présentent des traits relativement
différents (déconcentration, territorialisation,
dévolution, communalisation, décentralisation, municipalisation,
etc.). Il est par ailleurs admis que « les processus de
décentralisation sont très différents d'un pays à
l'autre ; non seulement parce qu'ils s'inscrivent dans des histoires
différentes, mais également parce qu'ils édictent des
dispositions formelles variées ». Autrement dit, il n'existe pas de
modèle de décentralisation qui pourrait être
appliqué partout par simple
transposition. Les pays qui s'engagent dans la
décentralisation ont une histoire, une culture, des institutions et des
pratiques qui leur sont propres. Les réformes qu'ils conduisent ne
pourront être appliquées jusqu'au bout que si elles sont
susceptibles d'une appropriation par leur population ; c'est-à-dire si
elles s'intègrent harmonieusement par leurs modalités
concrètes dans le contexte politique et culturel, local et national.
Mais que veut dire décentralisation ?
Selon toujours Pamphile.S (2000), La
décentralisation est un mode d'organisation institutionnelle qui
consiste à faire gérer par des organes délibérants
élus les affaires propres d'une collectivité territoriale ou
locale par le principe de la personnalité morale ; c'est-à-dire
la reconnaissance d'une personnalité juridique propre et des pouvoirs de
décisions. Le processus de décentralisation concerne ainsi les
aspects administratifs, financiers et politiques.
Notre étude a l'avantage d'appréhender de
façon générale la décentralisation et le
développement local, d'identifier les rôles et les
responsabilités des différents acteurs locaux et de l'Etat dans
le processus de décentralisation, d'apprécier les connaissances
des populations sur les enjeux et les stratégies de la
décentralisation ainsi que leur participation dans les projets et
programmes de développement.
Le choix du thème se fonde à la fois sur
l'approche PNGT II phase 2 en tant qu'organisme d'appui au processus de
décentralisation et la contradiction que les gens font souvent entre
développement local et décentralisation. La réalisation de
ce travail de recherche se base sur notre volonté à analyser le
phénomène de la décentralisation et du
développement local à travers une revue de littérature
approfondie. Une telle volonté nous semble assez pertinente pour
apporter notre contribution à la réflexion sur la
problématique du développement local et le processus de
décentralisation en cours dans bon nombre de pays africains.
Le présent mémoire comporte deux parties ; chacune
constituée de deux chapitres.
Une première partie «cadre théorique et
méthodologique « comprend d'abord un premier chapitre qui donne la
problématique, les objectifs et les hypothèses de l'étude,
et ensuite un second chapitre qui présente la définition des
concepts ainsi que la démarche de recherche.
La deuxième partie concerne la présentation et
la discussion des résultats dont un troisième chapitre qui
présente les enjeux et les stratégies de la
décentralisation et du développement local ainsi
que les perceptions de la population vis à vis de ces stratégies
et enjeux, et enfin un quatrième chapitre consacré aux
compétences et responsabilités des acteurs locaux, et la
participation de la population locale dans les différents projets et
programmes de développement.
Chapitre I- la problématique et les
hypothèses de
recherche
Dans ce chapitre, il est question dans un premier temps de
faire ressortir le problème posé dans son contexte
général ; dans un second temps, de montrer comment les
différents Etats africains sont arrivés à passer d'une
approche de développement intégré à cette approche
de développement local. Dans un troisième et dernier temps, nous
allons faire un bref historique de la décentralisation et en passant
faire l'état des lieux de celle-ci au Burkina Faso (BF).
I.1- le contexte général
La question du développement humain est si
préoccupante aujourd'hui qu'elle mobilise les acteurs à tous les
niveaux : institutionnel, administratif, associatif, etc. Pendant plusieurs
décennies, les pays africains ont été soumis à un
système de gestion dirigiste n'ayant forcément pas pris en compte
les besoins essentiels des populations à la base. Mais malgré les
immenses richesses naturelles (60% du total de la planète) dont
disposent les pays en voie de développement, les peuples sont
d'éternelles victimes des maladies endémiques, de la
sécheresse, de l'analphabétisme, de la dégradation de
l'environnement et du cadre de vie, et d'une paupérisation de plus en
plus grandissante. (PNUD, 1996).
En effet, pendant les deux décennies qui ont suivi les
indépendances (période dite du « Tout Etat «), l'effort
de développement dans les pays du sahel par la mise en oeuvre de
certains programmes d'aménagement du territoire ne s'est pas
réduit à la seule intervention de la puissance publique ;
même si elle a été forte dans tous les secteurs de
l'économie. A ces programmes ont succédé des années
plus tard l'ère des projets qui s'est affirmée au cours des
années 70. Ces projets étaient d'inspiration technocratique et
faisaient peu de place à la participation des producteurs peu ou pas
associés à la définition des objectifs et des contenus du
projet. (Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales, 1992).
Pendant cette
ère des projets, deux stratégies valorisant le
niveau local ont commencé à s'affirmer : Il s'agit de l'action
des ONG et de la politique de décentralisation menée par
certains
pays africains. La période des années 85
à nos jours est dominée dans tous les pays du sahel par le
désengagement des Etats qui se traduit par un ensemble de mesures. Cette
période qui pourrait être analysée comme une ère de
responsabilisation des organisations populaires, est également
marquée par la dualité des stratégies insuffisamment
concertées entre l'Etat et les populations. (Idem).
Dans le contexte par exemple du Burkina, l'Etat a
défini des priorités de développement à travers le
cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP)
basées sur quatre points focaux que sont :
- le renforcement d'une croissance équitable ;
- la garantie de l'accès des plus pauvres aux services
sociaux de base ;
- la multiplication des opportunités d'emploi et de
production de revenu auprès des plus pauvres ;
- et la promotion de la bonne gouvernance. (MEDEV,
2004).
D'où sa lettre de politique de développement
rural décentralisé (LPDRD) qui s'appuie sur un certain
nombre de principes. A l'analyse, ces principes apparaissent aujourd'hui comme
un ensemble d'étapes vers un appui au développement local
susceptible d'apporter un éclairage nouveau sur une gestion
raisonnée et durable des ressources naturelles. (MEF, 2009).
Le concept de développement local paraît encore
insuffisamment maîtrisé et d'importants débats ont
été mené ou se mènent toujours. Sous cet angle, il
paraît nécessaire de cerner les origines de celui-ci ainsi que les
contenus que les autres lui donnent afin de mieux comprendre son
opportunité dans le contexte et les réalités de ces pays
à dominance rurale.
Ainsi, le développement local pourrait se
définir comme un processus dynamique dans lequel les acteurs
organisés et mobilisés initient et mettent en oeuvre des actions
sur un espace donné en vue de l'amélioration de leurs conditions
de vie. (Benoit Lisch, 1995). Il doit par ailleurs s'appuyer sur
certains éléments de base tels que : la gouvernance locale, une
vision commune du développement de la collectivité, une
réappropriation de l'espace collectif, une auto analyse des besoins,
la participation des populations, la prise en compte des
besoins individuels et collectifs et la mise en place d'une plateforme de
travail négociée entre partenaires (idem).
Mais comment en est-on arrivé à passer d'une
approche descendante à cette approche de développement local ?
I.2- Du développement rural intégré au
développement local
L'approche dite de « gestion des terroirs »,
apparait au Burkina Faso en 1984. Cependant, dès les années 60 et
dans la décennie 70, des initiatives similaires mais relativement
isolées avaient vu le jour ; notamment au Niger, au
Sénégal et au Mali avec la mise en place d'unités
expérimentales de gestion agro-sylvo-pastorales. Elle nait de la
convergence de plusieurs démarches (animation rurale, lutte contre la
désertification, recherche-développement, organisation des
filières de production et de commercialisation etc.) et tente de
répondre à des préoccupations que les projets
antérieurs n'avaient pas su ou pu absorber : la mise en valeur durable
du patrimoine naturel, la prise en main du développement par les
communautés locales, la promotion des entreprises de service
privés ou associatives (coopération française,
1994). Ici il est question de voir comment les différents
gouvernements africains sont passés d'une approche de GT à une
approche de développement local.
I.2.1- L'émergence de la démarche gestion des
terroirs
Dans le but de mieux appréhender le sujet, nous l'avons
scindé en deux périodes.
- De 1960 à 1980 : la voie «
productiviste«
Durant cette période, selon la coopération
française, les stratégies de développement mettent
l'accent sur l'introduction et la diffusion de « paquets technologiques
» devant permettre l'augmentation de la production agricole et la
croissance économique. Dans un contexte économique relativement
favorable et un environnement naturel considéré comme stable,
cette voie du développement « productiviste » permet certains
succès tel que l'extension des cultures réservées à
l'exportation : coton, arachides ... (coopération française,
1994).
Cependant, les limites du model apparaissent rapidement. Les
techniques et matériels introduits ne bénéficient pas
systématiquement aux productions vivrières qui restent largement
extensives. L'occupation des espaces agricoles utiles s'accélère
du fait de l'expansion démographique rapide et conduit localement
à une dégradation du potentiel naturel productif (idem).
A cette situation s'ajoutent la lourdeur et le dirigisme des
structures d'encadrement et de services créées par les Etats en
amont et en aval des producteurs. Dans le courant des années 1980, avec
l'apparition de projets dits de « développement rural
intégré », ces structures paraétatiques se voient de
plus confier l'amélioration des équipements collectifs, ce qui
alourdis encore leur fonctionnement et grève leur budget. Comme
corollaire, les services aux producteurs et la maintenance des
équipements se dégradent sans que les organisations paysannes,
les collectivités locales quand elles existent ou le secteur
privé soient en mesure d'assurer le relais (ministère de la
coopération Française, 1994).
- Le milieu des années 1980 :
L'émergence de l'approche GT
L'approche se base sur le concept de terroir. Celle-ci
désigne un espace géographique de taille variable, continu ou
discontinu qui réunit l'ensemble des terres contrôlées par
une communauté rurale : terres cultivées, jachères, zone
sylvo- pastorales, brousse. Le terroir constitue à la fois un
repère (pour justifier l'appropriation des ressources ou le refus de les
partager) et une garantie de cohérence (le terroir est un lieu
d'enracinement et d'évolution de la société
villageoise).
Dans cet espace délimité par le droit coutumier,
l'objectif est d'initier par des mesures d'incitations financières et
par la fourniture de conseils, un double processus :
- De restauration et de gestion durable des ressources
naturelles,
- D'intensification des productions végétales et
animales et de diversification
des services en amont et en aval de la production agricole.
(Ministère de la coopération française, 1994)
L'idée est aussi de susciter la création
d'organisations villageoises représentatives capables de mobiliser la
population autour de ces enjeux, de
négocier et de faire respecter une règlementation
de l'utilisation des ressources naturelles par les habitants du village comme
par leurs voisins.
Toutefois, la démarche gestion des terroirs a pour
objectif principal de créer les conditions nécessaires à
l'établissement de formes d'utilisation des terres qui soient à
la fois durables, sans préjudice majeur pour l'environnement,
socialement acceptables et économiquement rentables (Simbroek et al,
1994 cité par Serigne ; M. T et Bara.G, 2002).
I.2.2- Les résultats de la démarche gestion
des terroirs
L'adoption de cette approche par la plupart des projets de
gestion des ressources naturelles intervenant dans le Sahel, a contribué
à la réalisation d'un certain nombre d'acquis parmi lesquels
Serigne M.T et Bara. G citent :
> le déplacement de l'échelle de planification
et de mise en oeuvre des
programmes de développement du niveau central vers le
niveau local ;
> l'implication plus forte des populations locales dans les
actions de
développement ;
> le renforcement de la concertation interne entre les acteurs
;
> la prise en compte plus affirmée de la dimension
organisationnelle et
méthodologique à la place des «paquets
technologiques» ;
> le développement d'une vision globale du concept de
développement ;
~ l'éveil ou la résurgence de la conscience
écologique des populations locales,
etc.
I.2.3- Les limites de la démarche gestion des
terroirs
Toujours par rapport aux explications de la coopération
française, la démarche gestion des terroirs a connu trop de
limites; limites au nombre desquelles on peut citer :
- l'application de la démarche parfois trop
mécaniste : La volonté de structurer la démarche et de lui
donner une cohérence théorique a dans certains cas, nui au
réalisme de l'approche et au souci de responsabiliser les
populations.
- les difficultés à déboucher sur des
réalisations concrètes : En l'absence de procédures fixant
les marches à suivre pour l'instruction, le financement et
l'exécution des plans, certaines initiatives ont
été mal conçues ou mal réalisées ; d'autres
ont été abusivement subventionnées.
- les structures d'intervention mal adaptées : Les
structures d'intervention adaptées ne sont pas exemptes de reproches. La
gestion des personnels et des financements des projets, qui obéit en
fait au cadre administratif général, rend l'autonomie des projets
souvent fictive. Les équipes de terrain disposent rarement de la
souplesse d'intervention nécessaire.
- un contexte économique et institutionnel contraignant
: Diverses contraintes d'ordre économique et institutionnel ont
également pesé sur la mise en place des actions de gestion de
terroirs (Ministère de la coopération Française, 1994).
Par rapport à toutes ces limites, les différents
pays se voient donc obligés de progresser vers une approche de
développement local
I.2.4- Vers le développement local
Selon toujours cette coopération, la démarche
« gestion des terroirs » en posant en préalable à toute
intervention l'acquisition d'une connaissance approfondie du milieu, a permis
une meilleure identification avec les populations rurales des véritables
contraintes à une mise en valeur durable des espaces ruraux. Elle a fait
ressortir la prééminence des facteurs sociaux, législatifs
et économiques sur les seules contraintes techniques.
Elle a également montré qu'il s'agissait moins
de sensibiliser les populations que de leur donner les moyens de s'organiser,
de concevoir de nouvelles pratiques et d'en gérer elles-mêmes la
mise en oeuvre en tant que maîtres d'ouvrage.
Compte tenu de l'expérience acquise sur le terrain,
l'approche a progressivement évolué. Elle aboutit aujourd'hui
à ce que l'on appelle une « approche de développement local
» qui se différencie de l'approche gestion des terroirs sur les
points suivants :
Un diagnostic plus global : les projets ont aujourd'hui pour
premier souci de porter leur zone d'intervention un diagnostic global. L'Etat
veut ainsi se donner les
moyens de mieux soutenir les initiatives des populations et
d'identifier les axes d'intervention complémentaires qui
dépassent l'échelle des terroirs, mais conditionnent
néanmoins leur mise en valeur durable.
La GT n'est plus une fin en soi, mais la composante d'un
développement local durable.
Des communautés actrices et responsables : les projets
ne désignent plus eux- mêmes les communautés- cibles, mais
interviennent à la demande auprès des communautés qui,
après une campagne d'information, sollicitent leur appui en exprimant
des problèmes précis. Un contrat sommaire confirmant l'accord des
communautés sur les conditions d'intervention générales du
projet doit être établi.
Des procédures transparentes : un second souci est
d'instruire et de financer les initiatives des communautés d'une
façon qui garantisse au mieux leur caractère pertinent et
responsable (idem).
Aussi, des procédures claires et transparentes doivent
être conçues avec des représentants villageois, qui
définissent la marche à suivre pour l'instruction, le financement
et la mise en oeuvre des initiatives locales ; ainsi que les tâches de
chacun des partenaires et leurs relations de collaboration. L'implication
directe des villageois dans la formulation de ces règles et
mécanismes d'intervention est actuellement favorisée à
travers l'instauration de commissions paysannes. (Ministère de la
Coopération Française, 1994)
Les différentes voies explorées au cours de ces
vingt dernières années pour promouvoir une production agricole
soutenue dans les pays du sahel ont en partie déçu. La recherche
systématique d'un accroissement de la productivité à
travers l'introduction raisonnée de techniques d'intensification a
quelque peu occulté la prise en compte des autres contraintes du monde
rural. Dans un contexte de baisse des revenus agricoles, la conjugaison d'une
évolution climatique défavorable et d'une pression
démographique croissante a induit une dégradation
accélérée des ressources naturelles et du capital
productif.
Devant l'impuissance des projets sectoriels à juguler
ces problèmes selon cette coopération française, et tenant
compte des nouvelles politiques de
libéralisation de l'économie et de
décentralisation des pouvoirs de l'Etat, beaucoup de pays africains ont
tenté de promouvoir des modes d'intervention plus participatifs et plus
globaux, dits de « développement local », qui visent à
:
- Appuyer les initiatives de développement à la
base en renforçant la
responsabilisation des populations dans l'aménagement et
la gestion durable de l'espace et des ressources naturelles ;
- Favoriser la redéfinition des rôles de
l'administration ;
- Appuyer la structuration de la société civile et
l'émergence d'opérateurs locaux
de développement.
Le concept de développement local se
révèle de plus en plus donc comme une panacée pour de
nombreux projets intervenant en Afrique. Il s'inscrit dans le cadre d'une
recherche de développement le plus approprié dans un contexte de
décentralisation affichée comme option dans ces pays africains,
qui prend le relais des formules de développement participatif ou
d'autopromotion connues jusqu'ici à travers des projets localisés
et limités dans leurs actions. Nécessité donc s'impose
à nous de présenter les origines de ce processus de
décentralisation qui défraie la chronique dans nos
contrées africaines.
I.3- L'historique de la décentralisation
La constitution de 1991 du Burkina soulignait que la
décentralisation est un élément clef pour la promotion de
développement et de la démocratie et dans la lutte contre la
pauvreté. Elle vise également à donner aux initiatives
locales, un environnement institutionnel permettant de la valider et de
pérenniser ainsi la dynamique de développement « local«
qui donne aux acteurs leurs véritables places et responsabilités
dans la prise en charge de leur propre devenir. La décentralisation
apparaît a priori comme un instrument de facilitation et de consolidation
du développement de proximité en rupture avec les pratiques d'un
développement centralisé, initié et programmé sans
implication véritable des acteurs locaux que cette
décentralisation va désormais considérer comme
organisation de la société civile (Marc Totté et al,
2003).
En effet, le discours sur le développement a beaucoup
changé au cours des vingt dernières années
parallèlement à la remise en cause du rôle de l'Etat,
à la mise en oeuvre des politiques d'ajustement structurel et de la
décentralisation. On a beaucoup vanté l'émergence d'une
démocratie locale capable de contrebalancer les tendances
hégémoniques des Etats centralisateurs.
I.3.1- Une décentralisation imposée par les
bailleurs de fonds
Si les politiques de municipalisation et de communalisation
ont été mises en oeuvre bien avant la période des
ajustements structurels y compris pendant la période coloniale, elles
ont le plus souvent été conçues par l'Etat central pour
encadrer la société. La réforme des Etats pendant la
première phase de l'ajustement structurel a perpétué cette
logique : elle se limitait à une déconcentration, les pouvoirs
publics préservant la plupart de leurs prérogatives. Au cours de
la deuxième phase, les bailleurs de fonds ont tenté d'imposer des
politiques de décentralisation complète en faisant pression sur
les Etats ; tandis que ces derniers essayaient de maîtriser au mieux ces
processus grâce notamment au contrôle des moyens budgétaires
des organisations locales ou à la « caporalisation » des
associations (Marc Totté et al, 2003)
La décentralisation en Afrique de l'ouest ne prend donc
réellement son essor que dans les années 90 par une
accélération du mouvement de démantèlement des
Etats sous les pressions des bailleurs. La transformation des institutions
nationales revêt ainsi une importance considérable dans les
politiques prônées par les institutions de Bretton Woods ;
lesquelles voient dans la décentralisation et les organisations de base
un moyen de promouvoir le « capital social » en tant que
réseau d'acteurs non institutionnels. En outre, pour les pays
francophones, l'unicité des voies empruntées tient
également au fait que les textes juridiques sont pour une grande part
calqués sur les lois françaises de décentralisation ; bien
que leur degré d'application ait été assez variable
(idem).
Pourtant, il est possible de déceler des
originalités nationales dans l'application des réformes selon
Marc totté, Tarik Dahou et René Billaz (2003) ; l'histoire
des sociétés a imprimé sa marque aux évolutions
institutionnelles et politiques de chaque pays. En effet les réformes se
caractérisent par des rythmes
différents, résultats de forces contradictoires
: Au sein de cadres historiques variés, la trajectoire des Etats qui
tentent de reproduire leur hégémonie et les stratégies des
institutions internationales qui tiennent à faire appliquer leurs
recommandations. Il est par conséquent important de présenter
l'évolution de ces réformes. Le BF est le pays retenu pour faire
l'objet d'études de cas. Ce pays a en effet été choisi
pour illustrer comment se sont manifestées les
spécificités nationales dans la mise en oeuvre de la
décentralisation.
I.3.2- D'une planification centralisée à une
planification locale
Le Burkina Faso a hérité d'un système de
gestion centralisé tant au niveau administratif que financier. Au bout
de trente années après l'indépendance, le pays semblait
toujours avoir d'énormes progrès à faire non seulement
pour la modernisation de l'Etat mais aussi et surtout pour
l'amélioration du cadre et des conditions de vie de la grande
majorité des populations. Durant toute cette période, l'action
publique avait un double réflexe face à toute initiative visant
l'amélioration des conditions de vie au niveau local. D'abord,
l'administration du territoire semblait être à la recherche
permanente d'une pertinence territoriale. (Zongo. B, 2005). En
témoignent, les multiples découpages administratifs intervenus
depuis lors. Ensuite, l'omniprésence et l'interventionnisme de
l'Etat étaient de mise dans la gestion des affaires locales (idem).
L'émergence et l'implication d'un réseau d'acteurs dans la
gestion des affaires locales n'étaient pas à l'ordre du jour.
Cependant, le pays a connu une période d'exception entre 1983 et 1987
marquée par la révolution démocratique et populaire qui a
«bousculé les lignes« en matière de planification tant
au niveau national que local.
I.3.3-Cadre politico-juridique de la
décentralisation au Burkina Faso
La décentralisation commence au Burkina Faso en 1974
avec la création de 11 départements qui constitueront avec les
communes, des collectivités décentralisées.
En 1983, on assistera à la création des
provinces. Aussi, à cette époque, d'aucuns considéreront
l'existence des comités de défense de la révolution (CDR)
comme « un mouvement de décentralisation réel poussé
jusqu'à la gestion du pouvoir d'Etat.. » (CND, 1998).
A la faveur des années 90 marquées par
l'apparition des mesures d'ordre institutionnel dans le processus de
planification démocratique dans les pays en voie de développement
(François Charbonneau, Paul Lewis, Claude Manzagol, 2003), le
Burkina Faso connaît un renouveau du discours politique national promu
par l'adoption de la constitution le 2 juin 1991. C'est dans cette constitution
que la décentralisation au BF trouve son fondement juridique. Cette
dernière « affirme le principe de l'organisation administrative du
territoire en collectivités locales. Celles-ci s'administrent librement
par les conseils élus et dans les conditions fixées par la loi
» (PDM, 2000).
Un nouveau paysage institutionnel se dessinait et inaugurait
une nouvelle ère pour la planification tant à l'échelle
nationale que locale. Il s'agit de la décentralisation qui permettra par
la suite l'émergence et l'affirmation de nouveaux acteurs au niveau
national et local : les collectivités locales.
La décentralisation marque un changement fondamental
par la délégation de compétences aux nouvelles
entités administratives et territoriales. En effet, elle «
...consacre le droit des collectivités locales à s'administrer
librement et à gérer les affaires propres en vue de promouvoir le
développement à la base et à renforcer la gouvernance
locale ».1 La consécration de ce nouveau paysage
institutionnel s'est réalisée par l'adoption des textes
d'orientation de la décentralisation2. Promulgués en
1998, Ils précisent les lois d'orientation de la décentralisation
prises en 1993 dans le sillage de la constitution de la quatrième
république adoptée en 1991. Le processus de
décentralisation a été concrètement engagé
en février 1995 par l'instauration via des élections locales,
dans trente-trois communes urbaines dotées d'organes
1 Loi 040/98//AN du 3 août 1998 portant
orientation de la décentralisation au BF, modifiée par
l'Assemblée Nationale le 2 juillet 2001, articles 2 et 3. Citée
par Liliane Pierre avec la collaboration d'Emeline BAILLY et Sophie DUBOIS,
Dispositif de décentralisation : gouvernement des territoires,
stratégies municipales et marchandisation foncière (Burkina
Faso), Programme de recherche urbaine pour le développement,
GEMDEV-ISTED, 2004, 120p.
2 Loi 043/98/AN du 6 août 1998 portant
organisation fonctionnement des collectivités locales modifie par la loi
Num.013-2001 du 2 juillet 2001 portant modification des lois Num 040/98/AN du
03août 1998, Num. 043/98/AN du 6 août 1998 et son décret de
promulgation Num. 2001-385/PRES.
délibérants. À terme, le pays
étendra la communalisation à l'ensemble du territoire par la mise
en place progressive et négociée d'un maximum de cinq cents
communes urbaines et rurales, chacune ayant ses spécificités.
Grâce à cette disposition légale, non seulement des
collectivités locales ont vu le jour dans l'organisation du territoire
national, mais aussi et surtout l'exercice de la planification locale glissera
progressivement du niveau central vers l'échelon local. Dès lors,
le niveau local devient l'échelle stratégique pour l'observation
des relations entre l'autorité publique locale et la population.
D'ailleurs, cette nouvelle architecture institutionnelle a fait émerger
à l'échelle locale un certain nombre d'enjeux que Charles
M'Back (2003) identifie comme étant la quête pour un
développement local et une «démocratie locale«.
La décentralisation au Burkina Faso a tenu compte des
spécificités du pays. Les textes d'orientation de la
décentralisation (TOD) comprennent quatre lois dont celle
d'orientation de la décentralisation au Burkina Faso, celle
d'organisation de l'administration du territoire, la loi d'organisation et de
fonctionnement des collectivités locales, et enfin la loi de
programmation de la mise en oeuvre de la décentralisation.
La première précise les objectifs
assignés à cette dernière. Elle stipule que la
décentralisation consacre le droit des collectivités
territoriales ou collectivités locales à s'administrer librement
et à gérer des affaires propres en vue de promouvoir le
développement à la base et la gouvernance locale.
Sur le plan de l'organisation du territoire, le Burkina Faso
est organisé d'une part en collectivités locales (à savoir
la province et la commune) dotées de la personnalité morale et de
l'autonomie financière et d'autre part, en circonscriptions
administratives (la province, le département et le village) qui sont des
cadres de représentation de l'État et de coordination des
activités de ses services déconcentrés.
En 2004, l'Etat burkinabé a franchi un pas
déterminant pour la mise en oeuvre de ces textes grâce à
l'élaboration du code général des collectivités
territoriales (CGCT) qui détaille l'organisation
générale, la direction et les articulations du processus de
décentralisation, les compétences et ressources à
transférer et les
structures à créer pour en faire une
réalité. Ce code s'appuie également sur la riche
expérience du Burkina Faso en matière d'approche du
développement participatif au niveau local. Les élections des
conseils municipaux dans 302 communes nouvellement créées se sont
tenues en avril 2006. Les commissions villageoises de gestion des terroirs
(CVGT) qui ont participé à la gestion des terroirs, cèdent
la place désormais à des conseils villageois de
développement (CVD) formellement élus. Ce processus traduit une
certaine évolution de la démocratie. Il vise également
à donner aux initiatives locales, un environnement institutionnel
permettant de la valider et de pérenniser ainsi la dynamique de
développement « local« qui donne aux acteurs leur
véritables place et responsabilités dans la prise en charge de
leur propre devenir.
Les enjeux de la décentralisation sont donc
théoriquement explicites dans ce pays : il s'agit de transférer
le pouvoir et les compétences auparavant dévolus à l'Etat,
à des assemblées locales élues ayant un budget et un
exécutif propres et cela selon une loi votée. Cette politique
semble donc en principe, appropriée à l'implication des
collectivités locales dans le développement de leur
territoire.
Mais chaque pays interprète et opérationnalise
la décentralisation selon ses propres logiques, voire ses propres
contradictions. Parfois il ne s'agit que d'un prétexte pour engager une
« recomposition« politique qui impose par exemple à tout
candidat à un mandat local, l'appartenance à un parti. Certains
analystes dressent la décentralisation contre le développement
local reprochant entre autres à l'administration d'instrumentaliser la
décentralisation au seul bénéfice d'un pouvoir central
dont les « bonnes intentions« ne seraient que virtuelles (une
décentralisation « d'appareil « ).
I.4- Quelques implications de la
décentralisation sur les actions de développement
local
Du rapport de Ali Almouate Abdoul Nasser (2010), il
est ressorti que le dysfonctionnement dans la gestion compromet souvent les
efforts de développement local. Il provient
généralement des acteurs chargés de la gestion des
collectivités territoriales mais aussi du manque d'appui de l'Etat ; car
le transfert des compétences et des ressources prévues par la loi
pose problème à cause de leur faiblesse.
Il faut aussi selon lui, noter le déficit quantitatif
et qualitatif des acteurs de gouvernance. Les communes souffrent d'un manque
considérable de ressources humaines pour leur fonctionnement. Ce
déficit est manifeste tant du point de vue quantitatif que qualitatif.
Tout est dû à l'absence de textes cohérents pour
l'organisation des services locaux.
Les conseillers viennent d'horizons et de secteurs
d'activités divers ; ils méconnaissent leur mission sur le
terrain de la décentralisation et sur la gestion des pouvoirs. En effet,
certains n'ont même pas été à l'école ou ont
un niveau inférieur ne leur permettant pas une rapide assimilation ou
compréhension des textes (idem).
Enfin, Ali Almouate Abdoul Nasser (2010) trouve que
le manque de cohésion sociale observé au sein des populations
entre les villages entrave l'exécution des opérations de
développement de type collectif. Cette situation est
généralement passée sous silence par les acteurs alors
qu'elle doit être considérée comme une contrainte à
résoudre.
En effet, s'il est admis que développement local et
décentralisation peuvent s'enrichir mutuellement, il n'en demeure pas
moins vrai que ces deux processus peuvent être aussi antagonistes.
Moussa Ka (2009) pour sa part trouve par exemple que la
prolifération anarchique d'initiatives locales peut échapper au
contrôle des élus locaux, faisant ainsi planer le risque d'une
fragilisation de la décentralisation dans la mesure où les
populations peuvent ne plus rien attendre des élus. Pour l'instant, la
collectivité locale considérée comme acteur incontournable
pour la conduite d'actions de développement local n'a pas donné
les résultats escomptés selon lui. Le plus souvent les
élus mettent en avant leurs intérêts électoraux
plutôt que d'apporter de vraies solutions ou un soutien actif aux
initiatives locales naissantes. En outre, il existe très souvent des
conflits de compétences entre élus et autorités
déconcentrées de l'Etat qui se sentent dépouillées
de leurs prérogatives d'une part, et entre élus et populations
qui ne se retrouvent pas dans les initiatives portées par les
élus d'autre part (idem). Le clientélisme politique et la
corruption ne font qu'amplifier ces phénomènes. L'irruption de
considérations partisanes sur le champ du développement se
présente ainsi comme une donnée inéluctable de blocage
dès lors que les élus se présentent comme les seuls
initiateurs de stratégies de développement local.
Si la loi donne la possibilité aux citoyens de
participer à la gestion des affaires locales, selon Moussa Ka
(2009), ce pouvoir est peu exercé à cause de leur
faible niveau d'instruction, de l'analphabétisme et de la
difficulté d'accéder aux textes de lois et aux sources
d'information.
Des impacts de la décentralisation sur les actions de
développement local, le groupe d'action développement local
et décentralisation au Togo (1998), pour abonder dans le même
sens que Moussa ka, cite :
> le clientélisme politique, entraîné et
amplifié par la décentralisation ;
> « l'irruption de considérations partisanes ; car
de plus en plus d'élus initient
avec les autres acteurs locaux, des stratégies de
développement local ; > l'incohérence des découpages
territoriaux.
Fissou Kouma (2004), pour sa part trouve que le plus
souvent, les relations entre les Maires et le Préfet sont parfois
conflictuelles. En effet, l'étude technique des dossiers soumis
à l'appréciation des services du Préfet fait l'objet d'une
arnaque. Pour que le budget ou le compte administratif soit examiné,
les collaborateurs du Préfet chargés de l'étude du
dossier exigent que le Maire leur donne «quelque chose«. Celui qui
ne se soumet pas à cette exigence verra son dossier « bloqué
». En dehors des appuis légaux prévus pour le
Préfet, le Maire est tenu de faire face à certaines
dépenses du Préfet ; notamment les réceptions qu'il
organise. Les interventions des forces de maintien de l'ordre font la
plupart du temps l'objet de sollicitations du Maire ; même quand
celles-ci se font hors du territoire communal. C'est ainsi que le
Préfet envoie très souvent des messages aux maires de
son département pour leur annoncer la tournée du Commandant de
compagnie de gendarmerie. Ce n'est pas tout puisque le même message
instruit les maires de fournir à ce dernier du carburant (idem). Tout
se passe comme si les services déconcentrés de l'Etat
n'avaient pas de budget de fonctionnement. Selon lui, le
recouvrement de l'impôt libératoire sur le revenu agricole
au Benin, fait le plus souvent l'objet de conflits avec les Maires. Les
Sous-préfets lors de leurs descentes sur le terrain ponctionnent
entre 10 à 20% des recouvrements effectués pour leur carburant
et le repas frais des membres de la commission de recouvrement ; alors que
l'appui prévu au Sous-préfet dans le budget lui
est débloqué dès que le budget communal est
approuvé. De plus, le taux de recouvrement de l'impôt
libératoire sur le revenu agricole est très bas ; dans tous
les cas, si le Maire refuse la ponction de 20%, aucun recouvrement de
l'impôt libératoire ne sera fait ; puisque la commission de
recouvrement n'effectuera aucune descente
sur le terrain. Dans ces conditions, faut-il supprimer l'appui
légal au Sous-préfet prévu dans le budget de la Commune
?
Toujours de l'explication de Fissou Kouma (2004), la
commission des marchés public placée auprès de chaque
Préfet au Benin, est une manière légale d'escroquer les
communes quand on sait que le Maire en tant que maître d'ouvrage doit
débourser une importante somme pour les frais de la tenue de la dite
commission. Or, le Maire qui est un élu du peuple a envie de
réaliser les promesses faites lors de la campagne électorale pour
prétendre briguer un autre mandat. Il ne devrait pas être soumis
à ce genre de tracasseries nécessaires pour les gestionnaires des
crédits de l'Etat qui n'ont aucun compte à rendre aux
populations.
Au Benin, au niveau provincial, les budgets votés au
niveau des communes et visés par les Préfets doivent être
revêtus du visa du Contrôleur provincial des finances. A ce niveau,
selon ses dires, la commune concernée doit débourser de l`argent
pour accélérer le processus comme cela se passe habituellement
aux finances. Par ailleurs, au Benin pour que les différents dossiers
soient vérifiés au niveau du service provincial des communes
avant leur transmission au cabinet du Gouverneur pour visa, il faut
débloquer «quelque chose« pour les agents de ce service, faute
de quoi, les dossiers importants tels que les budgets risquent de traîner
paralysant ainsi le fonctionnement de la commune (kouma. F 2004).
Se référant à la loi, il est dit que :
« l'autorité de tutelle a pour mission de provoquer toutes
dispositions d'ordre administratif, économique et social propres
à assurer le développement harmonieux des communes ». Dans
la pratique, Fissou Kouma fait savoir que la tutelle ne remplit pas
correctement la mission qui lui est assignée. On peut dire que la
tutelle ruine les communes et incite les maires à détourner les
crédits au profit de celle-ci. Généralement, on a
l'impression que les Maires sont les seuls à gérer des
crédits dans la circonscription communale puisque tout repose sur la
mairie. Tous les services sollicitent le soutien de la mairie pour leur
fonctionnement, y compris ceux qui ne font rien pour aider le Maire dans
l'exercice de ses fonctions. Pour arriver à leur fin, leurs demandes
d'aide sont transmises au Maire via l'autorité de tutelle. Par ailleurs,
la tutelle au niveau central se prête également à ce jeu
d'arnaque des communes.
Les maires subissent selon lui, des pressions et des abus de
toutes sortes de telle manière que leurs budgets ne sont pas normalement
exécutés. En dehors de la tutelle conventionnelle du
Préfet, du Gouverneur et du Ministre de l'administration territoriale et
de la décentralisation, les interventions du contrôleur provincial
des finances dans les budgets communaux, du centre provincial de la
comptabilité matières, de l'agence de régulation des
marchés publics dans les affaires communales peuvent être
assimilées à une forme de tutelle. Ces différentes formes
de tutelle paralysent ou mieux nuisent au fonctionnement des communes au
Benin.
Marc Totte, Tarik Dahou et Rene Billaz (2003),
trouvent que l'application réelle des dispositifs de la
décentralisation telle que présentées à travers les
Textes d'orientation de la décentralisation (TOD) dans notre
pays, connaît des difficultés majeures parce que la commune est
« plus gérée politiquement du dehors que du dedans ».
La légitimation et la légalisation du pouvoir politique comme
acteur principal de l'orientation et de la conduite du processus ont conduit
à un repositionnement de l'ensemble des acteurs ; y compris le pouvoir
traditionnel qui a quitté sa zone de neutralité pour se «
mouiller » avec le politique.
Pour qu'un maire puisse rester à la tête de son
conseil et mieux gérer sa commune selon eux, il doit non seulement
chercher la « grâce » du pouvoir politique central, mais aussi
celle des pôles de pouvoir traditionnels.
En ce qui concerne le foncier, les trois chercheurs pensent
que toutes les lois votées sont généralement remises en
cause dans leur application. Les structures mises en place sont
contournées par les uns et les autres en fonction de leurs
intérêts personnels et/ou collectifs. Les alliances se nouent et
se dénouent au gré des opportunités.
De leur avis, trois leçons majeures sont à retenir
de cette expérience :
~ la décentralisation avec les enjeux multiples qu'elle
comporte peut contribuer à l'exacerbation de la division des
différents pôles de pouvoir traditionnel,
politicoéconomique et institutionnel). Le pouvoir traditionnel,
censé être l'élément de régulation de
certaines sociétés africaines, se politise de plus en plus et
perd sa crédibilité institutionnelle avec la partialité
liée à son appartenance politique ;
~ l'influence notoire des partis politiques dans le choix des
hommes et des femmes qui doivent décider au nom des populations et
dans la gestion quotidienne du processus de développement des communes
conduit très souvent à un
« nomadisme politique » des élus en fonction
des opportunités et des risques. Ce nomadisme constitue une
stratégie anti-aléatoire pour assurer un meilleur positionnement
dans l'arène politique. « Rien ne se fait sans la politique »
;
~ la gestion durable du foncier et le rejet de la
Réorganisation agraire et
foncière(RAF) constituent des défis majeurs d'une
recherche de cohérence dans le processus de décentralisation.
N'est-il pas contradictoire de donner des pouvoirs aux
collectivités décentralisées et d'ignorer les pratiques et
les politiques qu'elles définissent pour gérer leur patrimoine ?
Se demandent Marc Totté, et al (2003). Selon eux, cette
question mérite une analyse plus profonde mais le constat est là,
les règles actuelles de fonctionnement proposées par les acteurs
dominants sont battues en brèche par les acteurs locaux en fonction des
intérêts de leurs leaders et en fonction des positions de ceux-ci
dans les formations politiques.
D'autres auteurs trouvent que la décentralisation n'a pas
que des impacts négatifs sur le développement ; Il existe aussi
des effets positifs.
Moussa Ka(2009), après analyse trouve qu'avec
la décentralisation, le citoyen parce que davantage motivé
à agir sur les institutions de sa cité d'où se prennent
les mesures qui font gouverner sa vie, sera plus prompt à s'associer
à d'autres partageant les mêmes intérêts et points de
vue que lui afin d'accroître son pouvoir d'influence sur son
environnement institutionnel. Pour lui, le cadre associatif qui permet
l'intégration des intérêts individuels et leurs expressions
dans des formes collectives plus organisées, trouve dans la
décentralisation des conditions plus favorables à sa
manifestation. De ce point de vue, la société civile dont l'une
des composantes essentielles est constituée par le tissu associatif
devient, par l'entremise de la décentralisation, un atout pour la
population locale dans ses entreprises de négociation avec les
autorités locales pour la création d'un meilleur cadre de vie.
Avec la décentralisation, le citoyen prend, donc, vite conscience que le
cadre associatif peut, à terme, être un instrument du
développement. Pour rappel, l'un des objectifs de la
décentralisation est de renforcer les identités locales qui
susciteraient à leur tour des dynamiques d'actions collectives autour de
projets de développement à l'échelle des
collectivités locales. Toujours est-il que l'absence de coordination
entre les différents intervenants c'est-à-dire les divers
acteurs, rend illisible et inefficace les actions entreprises (idem).
Il ya également :
~ la planification globale des initiatives de
développement local dont les
collectivités sont désormais chargées. Cette
planification permet de transformer des initiatives locales de
développement en initiatives de développement local ;
~ l'avènement d'un cadre de concertation, dans le cadre
fédérateur de la collectivité locale ;
~ le financement du développement local ;
~ l'expérience des anciennes autorités locales
(anciens élus) pour contribuer au
processus de développement local (Moussa Ka,
2009).
A un tout autre niveau, les gouvernements sont de plus en plus
confrontés à la grande mécanique économique qui les
connecte chaque jour un peu plus aux réalités d'un monde en
mouvement et à des partenaires financiers qui imposent à la fois
rigueur et transparence dans la gestion de leurs « affaires «. Alors
face à un tel constat, un certain nombre de questions sont posées
:
Les populations locales sont-elles informées des enjeux
et des stratégies de la décentralisation et du
développement local ? Quels sont les responsabilités et les
pouvoirs dévolus à l'Etat aux acteurs locaux? Enfin, les
populations locales participent-elles à l'élaboration et à
l'exécution des différents projets et programmes de
développement ?
Autant d'interrogations qui posent toute la
problématique du développement local décentralisé
dans la plupart des Etats africains et particulièrement au Burkina Faso.
D'où le thème de cette étude : « LE
DEVELOPPEMENT LOCAL FACE A LA POLITIQUE DE
DECENTRALISATION«.
Afin d'apporter des éléments de réponses
à ces interrogations, nous nous sommes fixés quelques objectifs
et hypothèses.
I.5- Les objectifs et les hypothèses de
recherche
La présente recherche se veut une revue de
littérature sur le développement local et le processus de
décentralisation en cours dans la plupart des pays africains. Elle
voudrait à travers celle-ci, cerner la manière dont le
développement local se présente face à un tout autre type
d'organisation de la société qu'est la décentralisation ;
et ce, dans la perspective de mieux orienter un probable projet de
thèse. Elle s'inscrit en outre, dans une approche descriptive et
compréhensive du développement local et de la
décentralisation.
Ainsi l'hypothèse principale qui guide cette recherche est
que la
décentralisation attendu pour être un transfert
de décisions autonomes aux collectivités locales mais restant
toutefois sous le contrôle et la surveillance de l'Etat constitue un
obstacle majeur au développement local. De cette hypothèse
principale découlent les hypothèses spécifiques suivantes
:
> Les communautés rurales méconnaissent les
enjeux et les stratégies de la décentralisation et du
développement local ;
> La dévolution des responsabilités et des
pouvoirs de l'Etat central aux acteurs locaux reste faible ;
> Les populations rurales participent peu aux projets et
programmes de développement local.
Un certain nombre d'objectifs est visé pour la
vérification donc de ces hypothèses ; de ce fait l'objectif
principal qui soutient cette étude est d'appréhender à
travers la littérature l'impact de la décentralisation sur les
actions de développement local. De cet objectif principal,
découlent les objectifs spécifiques suivants :
> Apprécier les connaissances des populations sur les
enjeux et les stratégies de la décentralisation et du
développement local.
> Identifier et analyser les rôles et les
responsabilités des acteurs locaux et de l'Etat dans le processus de
décentralisation.
> Apprécier la participation des populations rurales
dans l'élaboration et l'exécution des programmes et projets de
développement local.
Chapitre II : La méthodologie de la revue de la
littérature
Le présent chapitre traite du cadre conceptuel, de la
démarche utilisée pour la collecte, l'exploitation des ouvrages
identifiés, le traitement et l'analyse des données.
II.1- Le cadre conceptuel
L'objectif de ce cadre conceptuel est de justifier le choix de
nos concepts clés et de les définir. Aussi, consistera-t-il
à mettre en évidence les relations supposées entre ces
concepts.
II.1.1- Le choix et la définition des concepts
« La conceptualisation ne retient pas tous les aspects de
la réalité concernée mais seulement ce qui exprime
l'essentiel du point de vue du chercheur » (Quivy. R et Luc Van. C,
1995). L'essentiel pour nous est de mettre en évidence les concepts
à même de permettre une meilleure compréhension de nos
hypothèses de recherche. Quelques concepts ont été ainsi
identifiés et définis sur la base de nos questions et
hypothèses de recherche.
II.1.1.1- La décentralisation
Plusieurs auteurs ont tenté de donner une
définition à la décentralisation. Ainsi de l'avis de
Sawadogo.R.A (2001), la décentralisation est la voie
indiquée sinon la voie obligée. Elle permet la réalisation
d'une synthèse sociale et offre un cadre approprié pour une bonne
gestion et un partage équilibré des pouvoirs et des ressources
économiques. Il définit ainsi la décentralisation comme un
processus qui consiste à transférer des fonctions, des pouvoirs
et des responsabilités de l'administration centrale à une
administration autonome et distincte. A priori la décentralisation est
un processus intéressant car, elle répond à plusieurs
motivations qui sont souvent portées par des acteurs différents :
les Etats eux-mêmes, les populations concernées et leurs
représentants, les ONG et les divers types de coopérations.
D'une manière générale, la
décentralisation consiste à reconnaître l'existence de
personnes morales autres que l'Etat, dotées d'organes propres et de
l'autonomie financière. C'est ce que Sawadogo R A et Pamphile S
(2004), cité par Doly C (2010), pensent d'ailleurs quand ils disent
que la décentralisation est un mode d'organisation institutionnelle qui
consiste à faire gérer par des organes délibérants
élus les propres affaires d'une collectivité territoriale ou
locale. Pour ces auteurs, par le principe de la personnalité morale,
c'est à dire la reconnaissance d'une personnalité juridique
propre, des pouvoirs de décision sont reconnus à des
entités administratives autres que l'Etat et non situées par
rapport à lui dans une relation hiérarchique. On ne peut donc
parler de décentralisation qu'au moment où les organes
chargés des affaires locales émanent de la collectivité et
non de l'Etat et possèdent à l'égard de celui-ci une
autonomie réelle.
Claude Ouattara, intervient également dans ce
sens car pour lui, Il s'agit en fait d'attribuer des compétences
autonomes à des structures dirigées par des organes élus
au suffrage universel par les administrés eux- mêmes et dont les
actes sont soumis à un simple contrôle de l'égalité
par la voie juridictionnelle.
Vu sous cet angle, la décentralisation repose selon lui
sur trois conditions essentielles :
> La reconnaissance de la personnalité morale à
des collectivités autre que
l'Etat central ; ce qui indique que ces collectivités
ont des intérêts particuliers dignes d'être
protégés. Ces intérêts particuliers sont
résumés dans la notion d'affaires locales.
> La reconnaissance à la collectivité du droit
de gérer elle-même ses affaires
par l'intermédiaire d'organes désignés
par elle. Ce critère de la gestion par les organes propres distincts des
agents de l'Etat et non soumis au devoir d'obéissance
hiérarchique, appelle dans un système démocratique,
l'élection de ces membres.
> Le contrôle de l'Etat central sur les organes et les
actes des collectivités
territoriales. Ce contrôle doit à la fois
respecter l'autonomie de la collectivité ; ce qui exclut l'exercice d'un
pouvoir hiérarchique, et l'empêche de déborder sa
sphère de compétence. Il peut être plus ou moins
étendu selon le degré d'autonomie des collectivités
décentralisées.
Ainsi, le concept de décentralisation est par essence
un moyen de donner plus d'autonomie aux populations soucieuses de leur avenir.
C'est une expression
donc de démocratie permettant à une population
locale par exemple d'impulser son propre développement ; en un mot,
« un développement par tous et pour tous«.
II.1.1.2-Le développement local
Concept qui a émergé ces dernières
années dans les pays du Sud notamment en Afrique de l'Ouest surtout avec
l'avènement de la décentralisation, le développement local
se veut une démarche d'impulsion de développement par le bas. Ce
qui suppose que les communautés locales (groupes et individus)
s'impliquent davantage au processus de développement de leur territoire
Neya Sihe (2008). C'« est un processus qui prend naissance
à travers les initiatives des habitants des terroirs organisés
pour opérer des choix responsables, pour créer une dynamique
d'amélioration des conditions locales de vie, et pour défendre
leurs intérêts face au pouvoir public » Mercoiret
(1994).
Pour Hassane (1999) cité par Marcel coffi ; H ;
Djihoun, (2007), le développement local est la conséquence
de l'effondrement des modèles de développement centralisé
et des opportunités qu'offrent les collectivités locales en
matière de développement participatif. Ce concept de
développement local a été aussi abordé par les
participants au colloque sur « Développement local et Gestion
des ressources naturelles» organisé à Douala au
Cameroun en 1998. Selon eux le développement local peut se
définir comme un processus qui vise à construire un
mieux-être des populations à l'intérieur d'un espace
donné, avec une approche où différents acteurs se
rencontrent, échangent et édifient ensemble un projet de
société. Cette expression « développement
local», utilisée depuis quelques décennies en France, est
selon Dabire & Logo (1996), d'un usage
récent en Afrique Noire, usage largement impulsé du nord. Le
couplage des deux thèmes « développement» et «
local» appelle l'articulation de deux caractéristiques essentielles
: la durée qui doit marquer toute démarche de
développement, et l'espace ; c`est à dire le territoire local
concerné par cette démarche (Mengin, 1989
cité par Fall, 2004, p.6). Il trouve en effet que c'est «
une intervention structurée, organisée, à visée
globale et continue dans un processus de changement des sociétés
locales en proie à des déstructurations et des
restructurations».
Le développement local est donc une démarche
globale de mise en mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en
valeur des ressources humaines et matérielles d'un territoire
donné en relation négociée avec les centres de
décision des ensembles économiques, sociaux et politiques dans
lesquels ils s'intègrent (P. Houée, 1992). Ce concept
renvoie ainsi de façon générale, à la participation
des différents acteurs à la libération des initiatives ;
en particulier celles locales et communautaires (S. Diallo,
2006 cité par Neya sihé, 2008, p19).
La plupart des chercheurs et développeurs admettent
qu'il ya une dynamique locale de développement quand sont satisfaits les
trois critères suivants :
- l'existence d'un projet d'avenir collectif ;
- l'existence d'une structure plus ou moins formalisée
exprimant qui porte le projet ;
- une volonté du groupe initiateur de créer une
articulation du processus local avec son environnement. (Mission de
décentralisation du Mali, 1997).
Le développement local a certes de multiples
définitions, mais force est de reconnaitre qu'il est avant tout une
dynamique économique et sociale voire culturelle plus ou moins
concertée, impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur
un territoire donné. Ce territoire (espace économique et social
construit) n'est pas isolé mais articulé à des espaces
plus vastes (D. Gentil et B. Husson, 1996, p5).
D'une façon générale donc, le concept de
développement local appelle un esprit de cohésion, de mise en
synergie des forces d'une population locale pour le développement de
leur territoire. Ainsi n'existe-t-il pas une relation entre ces deux concepts
que sont le développement local et la décentralisation ?
II.1.2- Les relations supposées entre les concepts
définis
Plusieurs auteurs ont établi une étroite
relation entre décentralisation et développement local. Ainsi,
Ilboudo. D, Sacko. A, Issaka et Arigonimin, (1995) estiment que les
ressources des collectivités locales ont sans doute une importance dans
la mise en oeuvre de la politique de décentralisation. Pour ces auteurs,
le développement des collectivités locales appelle d'importantes
ressources financières et des ressources humaines qualifiées. La
décentralisation pour être fonctionnelle,
exige qu'un certain nombre de conditions soient remplies.
C'est du moins ce que pense Doly Christian (2010). Selon lui, dans la
politique de décentralisation, on note l'existence d'autorités
locales élues, traduisant une participation politique des populations
à travers des élections. Mais pour sa mise oeuvre, le transfert
effectif des compétences aux collectivités locales et l'appui
technique et financier de la tutelle sont indispensables.
Aussi, la mobilisation des ressources locales pour permettre
aux collectivités d'assurer des services publics de qualité aux
populations est gage de réussite du processus de la
décentralisation.
Dabiré et Bicombe Logo (1996),
abondent dans le même sens. Ils pensent que la
décentralisation appelle une démocratie de proximité ;
c'est un moyen d'impulser le développement local qui est « une
interpellation ». Elle interpelle tous les acteurs de
développement, au moins pour deux raisons. D'une part, elle a pour
ambition de démystifier les approches classiques de
développement, de donner le pouvoir à la base, de promouvoir
l'autopromotion des populations, de libérer les énergies
populaires, de contribuer à l'enracinement de la démocratie et
à la satisfaction des populations locales ; d'autre part, elle vise une
transformation profonde des sociétés locales. C'est pour toutes
ces raisons que Coulmin (1984), de son côté affirme que
« Le développement local ne peut se concevoir qu'avec les
collectivités que la décentralisation a rendues majeures
».
En outre, pour la plupart de ces auteurs, le
développement local et la décentralisation ont comme socle la
participation. Cette dernière signifie responsabilité des
populations dans le processus de décisions locales. Il faut un minimum
d'une telle participation pour que l'aide par soi-même puisse faire
sentir ses effets et être durable.
Entre donc décentralisation et développement
local, il y va plus que d'un accommodement entre deux modes de gestion. L'un,
redistributif de compétences centrales vers les
périphéries de l'État, l'autre participatif à la
base des forces qui composent une communauté (Deberre, 2007,
cité par Doly christian, 2010, p.24). Si le développement
local est fondé sur la participation et le consensus, la
décentralisation en revanche contient l'expression d'un droit de
substitution légitime ; c'est la différence fondamentale entre la
décentralisation comme projet politique et le développement local
comme pratique sociale (idem, p.46).
Au final, pour certains de ces auteurs, la
décentralisation est un levier du développement local. Elle est
un cadre propice à la participation et à la planification. Pour
d'autres, elle induit la participation des différents acteurs ; ce qui
est un facteur de mobilisation de ressources. Le développement local est
lié à la décentralisation et à la
démocratisation, car il implique l'expression d'opinion et la prise de
décision par les communautés. Partant de ces constats, il est
établi une corrélation entre les concepts de
Décentralisation et de Développement local
représenté à travers le schéma ci-dessous.
Développement local
- Développement à la base
- Mobilisation des acteurs à la base
- Existence d'un projet collectif
- Mobilisation des ressources locales
- Fourniture des services sociaux de base - Responsabilisation de
la population
- Participation de la population
|
Décentralisation
- Transfert de compétences
- Autonomie dans la gestion des affaires locales
- Existence d'autorités locales élues
- Participation politiques et fonctionnement des organes
locaux - Partage équilibré des pouvoirs
et des ressources
- Démocratie locale
II.2- La recherche documentaire
« Tout travail de recherche s'inscrit dans un continium
et peut être situé dans ou par rapport à des courants de
pensées qui le précèdent et l'influencent. Il est
donc normal qu'un chercheur prenne connaissance des
travaux antérieurs qui portent sur des objets comparables et qu'il soit
explicite sur ce qui rapproche et sur ce qui distingue son travail de ces
courants de pensées » (Quivy R. et Van Campenhout L.,
1995).
La recherche documentaire a consisté à
l'identification des documents en liaison avec notre thème de recherche
et leur exploitation suivant une grille de lecture. Cette recherche
documentaire a été rendue possible grâce à :
· un stage de six mois au PNGT II, qui a facilité
notre accès à la documentation. Par ailleurs, les entretiens avec
des spécialistes travaillant sur les questions de
décentralisation et de développement local dans ce projet ont
mieux orienté nos lectures et la recherche documentaire;
· l'exploration des bases de données
bibliographiques des centres de documentation de la place: ISSP, CIRD,
Georges Méliès, DGAT/ DLR, BUC.
· la recherche documentaire sur Internet, notamment les
bases de données bibliographiques JSTOR, INED, PEERSE, CAIRN et les
moteurs de recherche tels que Google et Yahoo;
· la recherche documentaire par la bibliographie des
auteurs; elle a consisté en la consultation de la bibliographie des
auteurs cités. Ce qui nous a permis d'identifier les auteurs couramment
cités en rapport avec notre objet de recherche;
· des entretiens avec des personnes ressources,
notamment de l'ISSP, l'IRD et du PNGT II sur les questions de
décentralisation et de développement local. Ces entretiens ont
permis de nous orienter dans la revue de littérature permettant de
cerner la problématique.
L'identification des documents a été possible
grâce aux mots-clés suivants: décentralisation,
développement local, collectivité locale, déconcentration,
développement participatif.
II.2.1- La collecte des données
Il s'est agi dans cette étape de cerner un certain nombre
d'éléments permettant d'approcher notre objet de recherche. Ceci
nous a permis de faire
ressortir pour chaque document, les éléments
suivants : Le nom de ou des auteurs, le titre du document, le champ
scientifique (si cela existe), le contenu, les résultats et la
couverture géographique.
La synthèse de cette littérature montre que
l'accent est plus mis dans l'approche participative du développement
local et ce, à travers les écrits de sociologues, de
géographes et de démographes ; ainsi que les rôles que joue
la population locale dans la décentralisation.
II.2.2- Le traitement et l'analyse des données
Cette étape de notre recherche nous a permis de
classer manuellement les données collectées à partir d'une
grille de traitement et d'analyse. Cette grille a consisté à
classer les travaux par thèmes sur la base de notre question de
recherche et de nos hypothèses formulées au début de notre
étude. Chaque thème fait référence à un
certain nombre d'auteurs et c'est sur la base des résultats de ces
auteurs que nous discuterons dans la seconde partie du mémoire.
TABLEAU 1 : Grille de lecture
THEMES
|
AUTEURS
|
Les stratégies de la décentralisation et du
développement Local
|
CSMOD 2006-2015 (2007); Gaoussou
Ouedraogo (2003); Ministère de
de décentralisation et réformes institutionnelles
|
|
|
|
(1997); Patrick Freudiger, Jean-pierre Jacob et Jean-david
Naudet (1999); l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda
|
|
|
|
(2000); Mission de décentralisation et
des réformes institutionnelles du Mali (1997) ; D.
|
|
|
|
Gentil et B. Husson (1996)
|
les enjeux de la décentralisation
développement local
|
et
|
du
|
Bierschenk et de Sardan (1998); Coffi h.
Djihoun (2007); D. Gentil et B. Husson
|
|
|
|
(1996); Karim Dahou (2003); Pamphile
|
|
|
|
S(2000); PAVD/Mali (2004); Marc Totte, et al
|
|
|
|
(2003); Marcel Coffi.H (2007); Claude
|
|
|
|
Ouattara; Jacob.J-P (1998); Handicap
international (2007); Olivier de Sardan
|
|
Perceptions de la population des enjeux et des
stratégies de la décentralisation et développement
local
Les compétences et les responsabilités des acteurs
locaux et l'Etat
La participation des populations aux projets et programmes de
développement
Raogo Antoine Sawadogo (2003); M. Totte et al (2003);
Pamphile. S (2000); Christophe A (2006) ; D Gentil et B Husson (1996)
Meister (1971); Moussa Ka (2009); Bernard Zongo (2007); Ramos
exaltacion et Ma AA, Roman; Hardoy jorge E et satterwaite David
(1993)Satterwaite. David (2003); Campbell T (1987); PNUD (1994); Nawani (1984);
Moser (1989); Nach Mback Charles (2003); Jean Pierre Elong Mbassi (2001); Jean
François Tremblay (1994) ; Loquai C (ECDPM n°32).
D. Gentil et B. Husson (1996); TOD ( 2001); Laurent P.J
(1995); Fissou Kouma; Martin Finken; Mengue Nkili Pauline; Mission de
décentralisation et des réformes institutionnelles du Mali
(1997); Moussa Ka (2009); Sidwaya n°6648; Pamphile. S (2000);PAVD/Mali;
Sansan Lucien Kambire; Moussa Ka (2009); FED (1996); Loquai C (ECDPM n°32)
; Commission Européenne (1997).
(1995); Marc Totte (2003)
La principale méthode d'analyse de notre recherche a
constitué à l'examen du discours direct. Ceci a consisté
à faire ressortir les résultats obtenus afin de les analyser de
manière approfondie, et de mener des interprétations en vue de
faire des comparaisons avec d'autres auteurs sur la question.
Chapitre III : Les enjeux et les stratégies de
la
décentralisation et du développement
local et perception
de la population locale
Il s'agit ici de cerner les stratégies de mise en
oeuvre de la décentralisation et du développement local,
d'aborder leurs enjeux et de donner les différentes perceptions que les
populations locales ont de ces enjeux et de ces stratégies.
III.1- Les stratégies de la
décentralisation et du développement local
Toute politique de développement doit être
accompagnée de stratégies. C'est dans cette optique que nous
essayons de donner les différentes démarches de mise en oeuvre de
la décentralisation et du développement local.
III.1.1- Les stratégies de la
décentralisation
Les démarches de décentralisation sont diverses
et varient selon les grandes orientations définies par chaque pays pour
la mise en oeuvre de sa politique de décentralisation. Ainsi l'approche
stratégique globale de mise en oeuvre de la décentralisation est
bâtie sur plusieurs axes majeurs que nous avons identifiés
à travers notre revue de littérature.
III.1.1.1- L'appropriation sociale et politique de la
décentralisation
Elle vise le renforcement et l'adhésion de tous les
acteurs au processus dans des espaces homogènes et viables. C'est
pourquoi, il s'avère nécessaire d'élaborer et de mettre en
oeuvre un plan d'information et de communication sur la décentralisation
avec la participation des différents acteurs (CSMOD 2006-2015,
2007). Ainsi, pour la mise en place des communes rurales, une
stratégie de formation et d'information doit être conçue et
se traduire par :
· au niveau de l'information, une ouverture
démocratique à travers l'utilisation
des médias modernes afin de donner la plus large
audience possible à la philosophie et aux enjeux inhérents
à la communalisation rurale. Cette stratégie doit
se concrétiser par la traduction en langues nationales
des textes relatifs à l'extension de la décentralisation au monde
rural ;
· au niveau de la formation, elle pourrait être
assurée par une institution
décentralisée multi plénière
s'articulant sur un réseau de centres de formation régionaux, de
programmes d'alphabétisation, de contractualisation de
compétences locales. Les formations seront conçues dans une
perspective de long terme et dans l'optique d'un développement des
compétences et des capacités locales. (Ouedraogo G,
2003).
Par ailleurs, la mobilisation de tout le Gouvernement
s'avère nécessaire afin de créer un environnement
favorable devant permettre à la population de s'approprier le processus
de décentralisation ; car sans une appropriation et un leadership local
durable, la décentralisation sera mort née (Ministère
de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000,
p7).
III.1.1.2- Le transfert des compétences et des
ressources
L'organisation d'une décentralisation administrative
et l'adoption des textes législatifs y afférents ne suffisent pas
pour une décentralisation effective. Pour passer d'une
décentralisation formelle à une décentralisation
réelle, il faut encore conférer à la collectivité
locale des pouvoirs et des prérogatives concrètes dans les
matières qui concernent les affaires locales. La règlementation
de la décentralisation doit ainsi indiquer sans équivoque les
domaines de compétences qui engagent dorénavant la
responsabilité de l'Etat et ceux qui engagent la responsabilité
de la commune (mission de décentralisation et réformes
institutionnelles du Mali, 1997).
III.1.1.3- Le renforcement des capacités
locales
Cela nécessite la mise en place des premières
infrastructures de la décentralisation, la mise en oeuvre des plans
locaux de développement et des stratégies de mobilisation et
d'utilisation optimale des ressources des acteurs. Il nécessite
également un dispositif à même d'assurer la formation,
l'appui conseil et la promotion de la maîtrise d'ouvrage local.
(CSMOD 2006-2015, 2007).
Pour se faire, ceci doit aller de pair avec le renforcement
de la fonctionnalité des services déconcentrés de l'Etat.
Aussi, développer des capacités
de gestion managériale, administrative et technique au
niveau du gouvernement local pour permettre une fourniture de services sociaux
effectifs, efficients, responsables et équitables, un
développement pour tous est la pierre angulaire du succès de la
gouvernance locale ; car sans développement des capacités, la
décentralisation n'est pas durable (Ministère de
l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000).
III.1.1.4- L'appui à l'élaboration et
à la mise en oeuvre des plans de développement
locaux
Il vise à créer un environnement à
même de stimuler le développement économique en vue de
contribuer à l'édification des économies locales fortes
dans le cadre de la lutte contre la pauvreté (CSMOD 2006-2015,
2007).
En effet, les différents acteurs doivent pouvoir faire
preuve de manière persistante d'une effectivité et d'une
efficacité exemplaires ainsi que d'un esprit de responsabilité
dans la planification, l'exécution, le suivi et l'évaluation de
tous les programmes et projets relatifs à la décentralisation
dans le pays ; car, sans une efficacité et une responsabilité
exemplaires, les problèmes actuels de performance auxquels est
confronté le gouvernement central seront transférés aux
unités décentralisées. Il n'est donc pas nécessaire
de décentraliser l'inefficacité et le manque de
responsabilité (Ministère de l'administration locale et des
affaires sociales du Rwanda, 2000).
III.1.1.5- Le pilotage et la coordination
La mise en oeuvre de cet axe devra permettre de mieux
clarifier le rôle des structures de coordination et de concertation et
veiller à la tenue régulière de leurs différentes
sessions. A cet effet, les moyens nécessaires à leur
fonctionnement devront être déterminés de manière
adéquate et budgétaire (CSMOD 2006-2015, 2007).
Par ailleurs, la mise en place et le renforcement d'une
structure organisationnelle s'avère nécessaire pour assurer la
mobilisation et la coordination effective de toutes les parties prenantes au
niveau du leadership de l'Etat, du secteur privé, du leadership des
administrations locales, de la société civile, des donateurs,
de tous les partenaires au développement pour
s'approprier et appuyer le processus de décentralisation ainsi que la
bonne gouvernance en général. (Ministère de
l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000).
III.1.1.6- La participation locale
La participation est un maillon essentiel dans la mise en oeuvre
de toute politique de décentralisation qui se veut efficace et
durable.
Toutefois, les différents acteurs de la
décentralisation devraient pouvoir assurer la participation locale et
insuffler un esprit d'autosuffisance dans la population en mobilisant et en
utilisant effectivement les ressources locales, humaines, matérielles et
financières pour planifier, exécuter, contrôler et mettre
en place, de manière durable, une gouvernance locale devant permettre la
fourniture participative de services sociaux à tous les citoyens ; car,
si la population locale ne peut pas mobiliser ses propres énergies et
ressources pour son propre développement, si elle doit dépendre
éternellement de l'assistance extérieure, on ne pourrait parler
de gouvernance locale (Ministère de l'administration locale et des
affaires sociales du Rwanda, 2000). En outre, le renforcement de la
participation politique au niveau local par l'organisation d'élections
locales libres et justes à travers lesquelles les populations locales
vont élire leurs leaders qui seront responsables devant elles est d'une
importance non négligeable (idem).
En effet, le processus de décentralisation est un
processus dynamique à inscrire dans la durée, et sa mise en
oeuvre nécessite des adéquations que seule la vision prospective
permettra de repérer.
III.1.2- Les Stratégies du développement
local
Le concept de développement local recouvre une grande
diversité de démarches, de stratégies et de
méthodes. Au-delà des libellés et des affichages, on peut
néanmoins à travers notre revue de la littérature,
identifier quelques grands types de stratégies fondées sur des
options différentes. Nous retiendrons en effet les stratégies
proposées par Patrick Freudiger, Jean-pierre Jacob et
Jean-david Naudet (1999) ; car faisant le point de toutes les
méthodes de développement local vues à travers notre
lecture. Ainsi, on peut distinguer :
~ les interventions à entrer technique utilisant de
manière privilégiée l'instrument
projet ;
~ les interventions de type « programme »,
subdivisées en :
· des approches d'accompagnement institutionnel ;
· des approches d'appui aux initiatives.
III.1.2.1- Le projet à entrer technique
Il vise à délivrer et à diffuser un
message sur la nécessaire réhabilitation des conditions physiques
du milieu de type gestion et conservation des sols et des espaces. Pour
promouvoir son message, le projet utilise en priorité les services
déconcentrés des ministères (ministère de
l'agriculture notamment). Ces derniers ont pour rôle d'appuyer l'action
du projet. Leur implication permet d'espérer que les opérations
entreprises seront prolongées au-delà de la durée de
l'intervention. De ce fait, le renforcement institutionnel des services
déconcentrés apparaît comme un objectif secondaire
obligatoire. La durabilité de l'action s'appuie donc sur deux formes
d'appropriation : une appropriation des messages techniques par les populations
et une appropriation des objectifs par les services techniques.
Dans le cours de l'action, le projet peut également
s'appuyer sur des partenaires d'exécution hors administration (ONG par
exemple). Pour parer à certaines déficiences en matière de
gestion et de coordination des activités, le projet mettra en outre en
place un cadre de concertation réunissant les principales institutions
publiques et privées qui comptent localement.
L'approche des projets de type gestion de terroir n'est plus
comme par le passé, entièrement descendante. Les projets
proposent plutôt des regards croisés entre le diagnostic des
techniciens et la connaissance du milieu par les acteurs euxmêmes. La
première phase de planification des activités est
constituée à partir de ces regards croisés.
Afin de promouvoir la maîtrise des acteurs sur les enjeux
identifiés, les projets participent également à
l'organisation des communautés.
Le bien-fondé de ce type de projet repose d'abord sur la
pertinence de ses apports techniques dans la situation où il intervient
et dans l'impact que l'action de
ces techniques peut avoir sur la préservation des
ressources naturelles et à plus ou moins long terme, sur les conditions
de vie des populations.
III.1.2.2-L'approche par l'accompagnement
institutionnel
Elle part de l'idée que le goulot
d'étranglement essentiel du développement local est
l'organisation insuffisante des acteurs locaux, et de ce fait leur
incapacité à proposer des réponses collectives face aux
enjeux auxquels ils sont confrontés.
La démarche cherche d'abord à repérer les
« acteurs-clés », porteurs de visions endogènes et
structurantes. L'action d'accompagnement consiste à appuyer la
concrétisation de ces visions en aidant à la mise en oeuvre
d'opérations définies par les « porteurs de projets ».
Le renforcement des capacités des acteurs locaux apparaît dans
tous les cas comme un axe essentiel d'appui. Le partenariat entre le bailleur
et les individus et institutions locales est au coeur de l'approche.
Cette primauté donnée à l'accompagnement,
au partenariat et au développement institutionnel a conduit à
rompre avec l'instrument projet ou a cherché à mieux en
équilibrer le cycle : moindre importance accordée à la
phase de conception trop déterminante dans les projets classiques,
grande souplesse d'exécution ; y compris dans la programmation des
moyens afin de répondre aux incertitudes et aux opportunités,
effort de suivi important. L'accompagnement institutionnel s'opère
directement à l'aide de fonds souples gérés par le
représentant local donateur. Dans cette démarche, la
durabilité des acquis est assurée par la prise progressive
d'autonomie des institutions appuyées.
III.1.2.3-L'approche par le soutien aux initiatives
locales
Elle recouvre l'ensemble des options qui tendent à
dissoudre l'approche projet en proposant que les enjeux classiques de
l'intervention, en terme de pouvoir de décision et d'allocation des
ressources financières soient pris en charge en grande partie par les
bénéficiaires, aux travers d'instruments de type fonds
d'investissement. En tant que tel, l'approche peut donc intéresser des
acteurs privés ou des acteurs publics, de type collectivités
territoriales.
L'intervention se fixe pour principal objectif de permettre
la réalisation des projets définis et sélectionnés
par les acteurs eux-mêmes ; que ces projets émanent
de collectifs ou d'individus. Elle ne joue pas de rôle
direct dans l'orientation des investissements. Le soutien aux initiatives se
fixe également comme objectif essentiel de développer la
maîtrise d'ouvrage locale sur les actions entreprises. L'impact
recherché ne concerne pas les seuls gestionnaires des fonds, mais
également l'ensemble de l'environnement socio-économique par les
effets induits résultant de la mise en oeuvre des projets des
acteurs.
Afin d'établir cette relation de soutien aux porteurs
d'initiatives, l'intervention doit mener plusieurs actions structurantes. La
première est d'appuyer l'organisation des bénéficiaires de
façon à construire le dispositif d'expression et de
sélection des initiatives ; la seconde est de renforcer certaines
capacités des individus, des institutions et des entreprises permettant
le montage, l'évaluation et la réalisation des projets des
porteurs d'initiatives. L'approche de soutien aux initiatives repose donc sur
les présupposés suivants :
~ les acteurs locaux sont eux-mêmes porteurs des solutions
à leur propre
développement, mais ce sont les opportunités de
mise en place de ces solutions qui font défaut ;
~ les acteurs de l'économie locale doivent participer
étroitement à la dynamique
de concrétisation des initiatives.
C'est sur cette structuration progressive de l'environnement
socioéconomique que reposent les espoirs de durabilité de
l'action de l'intervention.
III.2-Les enjeux de la décentralisation et du
développement local
La décentralisation a certes une relation
étroite avec le développement local comme nous l'avons vu
précédemment, mais tous deux ont des enjeux comme toute politique
de développement. Ainsi, pour une bonne compréhension de ces
enjeux, nous allons d'abord présenter ceux de la décentralisation
et ensuite aborder ceux du développement local.
III.2.1-Les enjeux de la décentralisation
Les projets de décentralisation en Afrique reposent en
règle générale sur le présupposé explicite
que la trop grande centralisation des décisions politiques au sommet de
l'Etat étouffe les initiatives politiques et économiques locales.
Cette
situation amène à parler d' « Etat
commando. » (Bierschenk T et de Sardan JPO, 1998). La
décentralisation revêt selon ces auteurs un enjeu central et sa
portée ne peut s'évaluer qu'à l'échelle des
communes où la participation à la base est la clé de
voûte pour une réelle prise en compte des aspirations des
populations.
Ainsi toute politique de décentralisation vise des
objectifs précis dont l'importance et la pertinence sont fonction du
contexte sociopolitique et économique. Il reste cependant certain que
dans tous les cas de figure, les enjeux sont d'une importance capitale. Les
enjeux politiques, économiques et socioculturels sont ceux retenus dans
cette étude.
III.2.1.1- Les enjeux politiques
Avant la politique de décentralisation, le
développement était géré par le gouvernement
central qui décidait des besoins des populations ; tous les auteurs
reconnaissent cela. Ainsi selon Marcel Coffi h. Djihoun (2007), la
conséquence d'une telle gestion a été :
- une mauvaise planification des actions de développement
;
- la non-implication des populations dans la prise de
décisions et la gestion ;
- des investissements ne répondant pas aux besoins des
populations.
L'un des objectifs premiers de la décentralisation est
de favoriser la participation de toute la population locale. Elle offre ainsi
plus de responsabilité au citoyen d'influencer la vie collective ; par
exemple en votant les conseillers municipaux pour le représenter, en se
faisant élire et en militant dans un parti politique(Idem). La
conviction est de plus en plus partagée qu'il ne peut y avoir donc de
développement sans une adhésion des populations et sans une
référence à leurs assises culturelles. La participation
est reconnue comme indispensable pour engager et soutenir le processus de
développement. L'action au niveau du quartier, du village, du terroir
est plus prometteuse de résultats que la réalisation
d'infrastructures ou le soutien de sociétés régionales de
développement (D. Gentil et B. Husson, 1996, p2).
L'instauration d'un échelon local de représentation
constitue de ce point de vue une possibilité pour mieux prendre en
compte les aspirations des habitants. Mais pour Karim Dahou (2003), la
décentralisation ne saurait se réduire à un transfert de
prérogatives du pouvoir centrale aux autorités locales. Pour
qu'elle
atteigne son véritable objectif, qui est de tirer le
meilleur parti possible des ressources locales, il pense tout comme les autres
qu'elle doit encore permettre aux populations de participer pleinement à
la valorisation de leur environnement. Au-delà de sa dimension
institutionnelle, la décentralisation devrait ainsi viser les
sphères privées et s'appuyer sur tous les acteurs qui font preuve
d'un réel dynamisme.
La décentralisation politique de l'avis de
Pamphile S(2000), c'est la mise en place d'organes
délibérants au niveau communal. Les conseillers élus
constituent le conseil municipal qui dispose sous la direction d'un maire
élu par ses pairs, d'une autonomie politique et juridique dans la
gestion des affaires locales. Toutefois le haut-commissaire de la province
assure la tutelle de l'État sur le conseil communal. Ceci par
conséquent, apparait en Afrique comme une avancée significative ;
car elle est perçue comme un choix favorable au processus de
démocratisation et comme un encouragement aux dynamiques de
développement local. La réforme de décentralisation et
plus particulièrement la création des communes sur l'ensemble du
territoire, permet à la commune d'être le fruit d'une
démocratisation de l'administration qui confère à chaque
citoyen dans sa localité une part de responsabilité et de
liberté dans la gestion des affaires de sa localité
(PAVD/Mali, 2004). La création des communes renforce ainsi le
processus de démocratisation en créant les conditions et les
modalités d'une participation directe des citoyens au processus de prise
de décisions locales. Ils redeviennent les acteurs de leur destin et les
vrais partenaires d'un Etat qui ne peut plus exister en dehors d'eux. La
décentralisation entraîne ainsi un mouvement de renaissance des
hommes et des femmes là où ils vivent et la revalorisation de
leur savoir-faire et de leur culture. Elle permet également à la
commune d'être un espace de développement : Les citoyens de la
commune partagent dorénavant avec l'Etat des responsabilités du
développement de leur commune. Ils en deviennent le principal moteur en
participant au processus de prise de décision en matière de
programmation du développement, de gestion des ressources et de
l'environnement. Les politiques de développement ne partiront plus
exclusivement d'en haut pour redescendre vers le bas. Elles seront d'abord et
avant tout conçues à la base. C'est ainsi que les communes
bénéficieront d'un patrimoine et des ressources propres et seront
en charge de la gestion de ce patrimoine et de ces ressources aux fins de
générer un développement économique et social de la
collectivité (PAVD/Mali, 2004). La conduite du processus de
décentralisation demeure donc éminemment
politique car il s'agit de «partager le pouvoir«. Ce partage du
pouvoir de décision ne doit pas être perçu comme un danger
potentiel qui affaiblirait ou remettrait en cause le pouvoir d'Etat. Il y a
à ce niveau d'énormes progrès à faire,
nécessitant moins de suspicion et beaucoup d'information- formation.
(Marc Totte, et al, 2003).
La décentralisation est également un puissant
facteur d'intégration entre les multiples régions et ethnies. En
accordant aux futures collectivités une autonomie de gestion et en leur
transférant un certain nombre de compétences précises,
l'Etat reconnait l'égalité du droit pour chaque
collectivité au développement et le maintien des
originalités locales. (Idem).
En effet, un enjeu politique majeur de la
décentralisation est la restauration de la crédibilité de
l'Etat ; le rejet de l'institution étatique par le corps social est
largement imputable à l'incapacité de l'Etat à satisfaire
les besoins essentiels des citoyens au niveau local. Il s'agit donc de
concevoir un nouveau type d'Etat qui reconnaisse un rôle et une place aux
initiatives individuelles et de groupes à travers l'émergence
d'un système administratif et de représentation locale
transparent, consensuel mais autonome dans ses décisions, et sachant
négocier avec l'Etat d'une part, et les organisations communautaires
d'autre part (PAVD/Mali, 2004). Cette vision permet
de recentrer les interventions directes de l'Etat sur les missions de
souveraineté à l'issue d'un transfert équilibré de
compétences qui responsabilise les collectivités
territoriales.
Par ailleurs, la décentralisation est soutenue par
l'ensemble des acteurs de coopération. Les institutions multi ou
bilatérales lui portent une attention soutenue en terme de recomposition
des différents niveaux de pouvoir et de spécification de leur
compétences respectives ; les agences privées qui se sont
données pour mandat l'action au niveau local, l'appuient
également en ce qu'elle concoure à une meilleure prise en compte
des aspirations des populations. Deux raisons essentielles expliquent cet
intérêt : - Tout d'abord les résultats des politiques
menées par les Etats depuis trente ans sont globalement décevants
; elle a conduit à l'hypertrophie des secteurs contrôlés
par la puissance publique et non à une amélioration
généralisée des conditions de vie de la majorité de
la population. - Ensuite, Il ne s'agit plus d'organiser l'Etat pour qu'il
assure un rôle de pilote du développement mais rechercher des
voies qui permettent de libérer les forces initiatives que portent
toutes les sociétés qui se pensent dans
l'avenir (D. Gentil et B. Husson, 1996). La
décentralisation devient ainsi un thème majeur du discours sur le
développement par contrainte en raison de la défaillance des
Etats, mais aussi par nécessité parce qu'elle est un moyen de
l'expression des groupes de population et de pérennisation des actions
engagées.
Au final, trois grandes familles de motivation ont permis aux
Etats africains de mettre en oeuvre des politiques de décentralisation.
Il s'agit de :
- la décentralisation comme modalité pour
favoriser la mobilisation des
populations en vue d'un développement à la base
durable ;
- la décentralisation comme moyen d'approfondissement et
d'enracinement de
la démocratie au niveau local ;
- la décentralisation comme entreprise de restructuration
de l'Etat et de
légitimation des institutions.
III.2.1.2- Enjeux économiques
En effet, la décentralisation renforce l'engagement
des populations à réaliser leurs micro-projets en comptant sur
leurs propres initiatives. Aussi, le citoyen profite d'un développement
local accéléré avec la prise en compte de ses
préoccupations et bénéficie également de biens et
de services qui correspondent à ses besoins (Marcel Coffi.H,
2007).
Mais indépendamment des enjeux économiques
internationaux, il ressort de la littérature que sur le plan purement
interne la décentralisation présente un certain nombre
d'avantages économiques certains.
La décentralisation accompagne et facilite l'action de
ce que l'on appelle «la décentralisation non formelle« ;
c'est-à-dire l'action des associations non gouvernementales et autres
groupements coopératifs qui agissent au niveau local. La
décentralisation pourra accompagner ce mouvement plus ou moins
spontané d'activisme local. Au niveau provincial ou communal, des cadres
de concertation se créent pour discuter des problèmes de
développement économiques et sociaux souvent en marge d'une
légalité restés en retrait jusque là (Claude
Ouattara).
La décentralisation favorisera en outre la promotion
d'un développement économique durable grâce à la
libération des énergies locales et l'utilisation optimum
des ressources disponibles dans les localités.
Grâce à une identification plus certaine des véritables
besoins des populations et leur auto-responsabilisation progressive dans la
gestion des affaires locales, la vie économique à la base sera
plus animée et plus apte à surmonter les différents
écueils qui ont jusque là freiné la croissance
économique et la bonne gestion des ressources naturelles (idem).
En effet, les communautés locales sont les plus
à même de définir les mesures les mieux adaptées aux
diversités des situations particulières en présence. Elles
seront ensuite plus enclines à trouver les moyens nécessaires
à leur réalisation. Le monopole des décisions au niveau
central est aujourd'hui condamné à laisser la place à un
Etat mobilisateur et facilitateur d'initiatives locales de développement
par les communautés de base.
Les réformes économiques actuelles reposent sur
l'idée libérale qui est également à la base de la
décentralisation. Il s'agit dans un 1er cas de libérer
l'initiative privée d'une règlementation étouffante ou de
la compétition déloyale d'entreprises publiques
bénéficiaires de monopoles ou dévoreuses de subventions.
Dans un second cas, il s'agit de libérer les initiatives locales pour la
satisfaction des intérêts généraux (Claude
Ouattara). L'idée de base dans les deux cas semble être ici
la libération des initiatives. Moins qu'un
désintérêt donc, le désengagement de l'Etat, c'est
la reconnaissance par l'Etat que d'autres personnes sont mieux à
même de prendre en charge la satisfaction des besoins dans tels ou tels
secteurs de développement.
Toutefois, la décentralisation semble être
à même de favoriser une meilleure adéquation des programmes
de développement et des besoins locaux, et une mobilisation plus
spontanée des ressources. Cette dynamisation des économies
locales s'articule autour de :
- la conception d'une approche de développement
s'appuyant d'abord sur la
capacité de mobilisation des ressources locales ;
- la réintégration de la dimension spatiale dans
l'approche de résolution des
problèmes économiques et sociaux ;
- une nouvelle répartition des compétences
(pouvoirs de décision), des
ressources (humaines et financières) et du patrimoine
national entre l'Etat et les collectivités ;
- la mise en place de nouvelles méthodes et
règles de relation de partenariat
entre les acteurs appuyant le développement local
notamment la coopération décentralisée (PAVD/Mali,
2004).
Par ailleurs, Chaque collectivité territoriale
constituera un espace
d'initiatives ; un niveau de programmation, de
réalisation des actions de développement et d'organisation de la
gestion et de la fourniture des services publics essentiels qui fondent le
développement (idem).
Enfin, la décentralisation permet aux
collectivités locales de jouir d'une autonomie de gestion pour certaines
formes de fiscalité (vente de timbres communaux par exemple) et la
collecte des taxes communales (Pamphile. S, 2000).
III.2.1.3- Enjeux socioculturels
La décentralisation offre une possibilité de
valorisation et de promotion des valeurs culturelles. C'est-à-dire
qu'elle favorise la promotion des sites touristiques, des traditions, des
masques, des mets traditionnels etc. (Marcel Coffi H. Djihoun, 2007).
Ainsi donc, la décentralisation ambitionne de faire des communes
les points d'ancrage culturel du processus de démocratisation et de
libre administration : « l'érection en commune doit remplir avant
toute considération, le critère fondamental de
l'adéquation du cadre territorial et humain concerné, qui se
traduit par la réunion de certaines conditions dont la volonté de
vivre ensemble, l'existence de liens de solidarité et la
viabilité économique » (PAVD/Mali, 2004).
En outre, elle permet aux diverses initiatives locales de
s'exprimer en vue d'un développement local maîtrisé par les
populations elles-mêmes et crée un espace de diversité
culturelle (idem). En d'autres termes, la décentralisation permet un
cheminement vers un modèle de société où l'homme
pris dans son contexte de vie de tous les jours est rendu plus responsable et
plus impliqué dans l'initiation et la mise en oeuvre des
différentes actions devant transformer progressivement ses conditions de
vie (Claude Ouattara).
Par ailleurs, la décentralisation permet une autonomie
de gestion des affaires administratives au niveau de la commune. Celle-ci
dispose par exemple d'un service
de l'état civil et d'une comptabilité.
(Pamphile S, 2000). Sur ce point, un consensus existe pour
reconnaître la proximité de l'administration comme un des
avantages de la décentralisation. En effet, la création de la
commune selon Pamphile, facilite les démarches administratives
(obtention de la carte d'identité, acte de naissance, mariage civil...)
pour ses habitants qui ne doivent plus se rendre à la préfecture.
Ceci est d'autant plus important que les gens savent que plus leur
localité s'urbanise, plus il devient nécessaire d'être en
règle administrativement.
Toutefois, au-delà de ses nombreux enjeux
socioculturels, la décentralisation induit des changements importants
mais paradoxaux dans ses façons de concevoir le développement :
la référence à la collectivité locale devient
centrale, mais l'unanimité politique n'est plus une exigence, elle
devient même suspecte. L'apport principal de la décentralisation
serait bien de ce point de vue de prôner un pluralisme des opinions et
des visions. La décentralisation force également le débat
sur la chose publique (en particulier le rapport public/privé), car elle
permet une organisation au niveau local de la division du travail entre
représentants chargés des intérêts publics et
représentés censés assurer leurs objectifs de production
et le paiement de l'impôt (Jacob.J-P, 1998).
III.2.2-Les enjeux du développement local
La littérature sur les enjeux du développement
local n'est pas aussi fournie que celle de la décentralisation ;
néanmoins nous retenons quelques écrits d'auteurs. Le
développement local est avant tout un processus endogène
s'inscrivant dans un territoire vécu, conduisant à un projet
global de société en articulation avec l'extérieur
(Handicap international, 2007). Dans ce sens, Le développement
local doit également être pensé comme une «
arène politique » dans le sens où s'affrontent
différents pouvoirs et groupes stratégiques pour l'accès
aux ressources et au pouvoir de contrôle sur la distribution de
droits (Olivier de Sardan, 1995). Cela n'a rien d'une évidence
tant la tendance est forte de réduire le développement local
à la simple (mais nécessaire) réalisation massive
d'infrastructures socioéconomiques de base (pistes, écoles,
centres de santé, puits, forages, etc.).
Une autre caractéristique du développement local
est que, lorsque la dimension institutionnelle est présente, elle
s'inscrit dans un esprit de pluralisme des
formes d'institutions et des acteurs et prône
généralement l'unanimité politique, contrairement à
la décentralisation (Marc Totte, 2003).
Par ailleurs, il crée une dynamique interne au sein
des populations dans la prise en charge de leurs propres affaires à
travers la création d'une capacité de contrôle des
ressources et réalisations locales et de réaction face aux
éléments extérieurs. (PAVD/Mali, 2004). Ce
processus de mobilisation et de changement s'organisent sur des aires
géographiques de nature différentes. En outre, le
développement local n'est pas la défense d'un territoire contre
les autres territoires ; mais une démarche solidaire contre toute forme
de localisme en mettant toutefois en exergue les avantages comparatifs dans le
but d'une harmonisation et d'une complémentarité entre les zones
géographiques d'un même Etat. Il crée des institutions
spécifiques et pousse à la rétention locale des richesses
(idem).
Ainsi de tous ses enjeux, il ressort que le
développement local renforce l'identité et la cohésion
socioculturelle, crée des espaces de coopération, de dialogue, de
réflexion et de créativité, et constitue également
une alternative aux modèles classiques de développement.
III.3- Perceptions de la population des enjeux et
des stratégies de la décentralisation et du développement
local
Des textes actuellement en discussion dans plusieurs pays
africains, les premières réalisations et les réactions des
paysans montrent cependant que les modalités pratiques prévues
pour la décentralisation risquent fort d'aller à l'encontre des
objectifs prévus. Leurs inquiétudes portent sur les points
suivants :
La décentralisation est pour le moment
décidée au sommet et imposée aux populations. «
Définir une réforme du sommet quand on a comme objectif de
«mobiliser les populations«, c'est se moquer du monde ou avouer que
la mobilisation ou la participation des populations n'est qu'un
élément décoratif du discours. Quand on connaît par
ailleurs la méfiance des populations vis-à-vis de ce qui vient de
l'extérieur, et particulièrement de l'Etat, on ne peut que rester
sceptique sur les chances de réussite. Actuellement pour la
majorité des paysans interrogés, la décentralisation va
être une magouille entre les partis, un moyen de prélever
davantage d'argent sans qu'on voie les
réalisations. » (D. Gentil et B. Husson, 1996,
p3).
En effet, s'il est encore fréquent de rencontrer
généralement parmi les couches les plus
défavorisées de la population, des personnes qui n'ont jamais
entendu parler de la décentralisation ou qui n'en connaissent que le nom
un nombre non négligeable de personnes au Benin qui sont à
même de lui donner un contenu en ont une compréhension
erronée ou confuse (Christophe A, 2006). Le plus souvent, elles
assimilent à la décentralisation les autres aspects de la
réforme territoriale et est ainsi régulièrement confondue
avec le découpage territorial (idem).
En outre, l'arrivée de l'Etat au niveau local est
ressentie par les populations locales comme une nouvelle source de contraintes
et de dangers. Si aux yeux des populations, la décentralisation n'agit
pas positivement sur leur cadre de vie et de travail, sur leurs revenus, sur
leur éducation, sur leur santé, alors ils jugeront inutile la
construction politique de la décentralisation (Sawadogo. R. A,
2003 cité par M. Totte et al, 2003, p96).
La décentralisation étant toujours un
phénomène nouveau au Benin, de l'avis de Christophe André,
il est bien malaisé de savoir aujourd'hui ce qu'elle sera
concrètement et quelles en seront les conséquences pratiques pour
les populations. Selon lui, si l'on ajoute à cela la mauvaise
information ou l'absence d'information qui règne à son propos au
sein de la population, on comprend plus aisément pourquoi l'attitude des
uns et des autres vis-à-vis de la décentralisation, qu'elle soit
positive ou négative, reflète fondamentalement un positionnement
par rapport à l'État. L'État reste le
référent ultime, l'interlocuteur absolu de la population, comme
l'illustrent bien ces propos d'une jeune marchande appréhendée
par ce dernier :
"Tout ce que l'État décide est bon. Est ce que
nous pouvons quelque chose contre notre sort ? Le mieux pour nous maintenant
est de regarder faire".
Aussi, pour une certaine catégorie de
population, la décentralisation est perçue comme une
réforme de l'État parmi d'autres ; telles que la création
des départements et des provinces (Pamphile. S, 2000). Pour la
population, l'initiative
vient de l'État et c'est lui qui la met en oeuvre. Ainsi
elle ne conçoit pas la décentralisation comme un champ politique
à investir (idem).
Il est cependant un aspect de la décentralisation qui
inquiète fort une frange de la population au Benin pour qui ce processus
ne se résume pas à un mot ; c'est la question des moyens
financiers dont disposeront les communes décentralisées. En
effet, bien ou mal comprise, la décentralisation consiste
néanmoins pour les populations locales en un retrait de l'État
dont elles craignent qu'il se transforme en un abandon. Selon ce point de vue,
la décentralisation laisserait alors aux seules nouvelles communes la
responsabilité d'assurer le développement local. Or il s'agit
là d'une tâche qui nécessite des moyens financiers non
négligeables et à laquelle les populations accordent la plus
grande importance ; leurs attentes dans ce domaine portant prioritairement sur
un entretien de qualité et le développement de l'infrastructure
routière ainsi que l'adduction d'eau et l'électrification
(Christophe A, 2006). Dans leur esprit, le développement local
constitue déjà à l'heure actuelle la fonction principale
de l'administration locale (après celle de délivrer des documents
administratifs) et ils estiment à ce propos qu'elle l'assume mal ou
insuffisamment. Elles redoutent que la décentralisation ait pour effet
d'accentuer cette situation, l'État se désengageant davantage
tout en n'allouant pas plus de moyens financiers aux entités
décentralisées (idem).
Aussi de l'avis toujours de Christophe André
(2006), ne voyant pas de quelle façon les entités
décentralisées pourraient subvenir à leurs besoins accrus,
la population locale redoutent souvent d'être abandonnées par
l'État dont ils attendent toujours l'intervention et craignent que la
décentralisation ne les livre par conséquent à
eux-mêmes.
Toutefois, il existe une certaine tranche de la
société civile qui reconnait les effets positifs de
l'avènement de l'érection des mairies. Selon Pamphile
sebahara (2000), Pour cette dernière, il ya une facilité des
démarches administratives liée à la
proximité de la commune et à la
disponibilité de ses agents ainsi que des réalisations du conseil
municipal en matière de développement.
CHAP IV : Les compétences et les
responsabilités des
acteurs et l'Etat et la participation de la
population au
développement local
Ce dernier chapitre de notre étude se donne pour
objectifs d'identifier et d'analyser d'une part les compétences et les
différentes responsabilités qu'occupent les acteurs locaux et
l'Etat dans le processus de décentralisation et d'autre part
étudier la participation de la population locale aux projets et
programmes de développement.
IV.1- les compétences et les
responsabilités des acteurs locaux et L'Etat
Il est de plus en plus évident que le
développement d'un pays n'est pas l'affaire d'une minorité de
personnes mais de tous les membres de la communauté sans exception.
D'où la nécessité de définir les rôles et les
responsabilités de chaque tranche de la communauté pour un
développement des plus harmonieux.
Ainsi pour une meilleure compréhension de ces
rôles et responsabilités que jouent ces acteurs locaux et l'Etat,
nécessité s'impose à nous de les définir d'abord
sous un angle tel que proposé par les textes avant de donner les
différentes opinions des auteurs sur cette question.
IV.1.1- les compétences et les
responsabilités des acteurs locaux et L'Etat telles que
généralement définies
Dans la plupart des pays qui ont adopté la
réforme de décentralisation, il est définis des
rôles et des pouvoirs pour chacun des acteurs et ceux à travers
des textes bien structurés.
IV.1.1.1- les compétences et les
responsabilités de l'Etat
La fonction de l'Etat est et restera déterminante dans
deux domaines essentiels : en matière de relations extérieures
(contrôles des importations, valeur de la monnaie, politique d'ouverture
aux investissements étrangers) comme espace de débat pour fixer
les grandes orientations de la politique économique interne
(fiscalité,
soutien aux circuits de commercialisation des produits
agricoles, aménagement d'infrastructures...) (D. Gentil et B.
Husson, 1996, p5). Ainsi, Les services
déconcentrés de l'État concourent par leur appui à
la réalisation des projets de développement économique,
social et culturel des collectivités locales. Les affaires
financières sont gérées avec l'assistance des services
déconcentrés de l'État qui sont compétents en la
matière : le service de la perception qui s'occupe des taxes du secteur
informel d'une part, et la division fiscale de la province qui assure la
gestion technique du projet de lotissement et la vente de timbres fiscaux
d'autre part (TOD, 2001). Cet exemple illustre le rôle central
que jouent les services déconcentrés de l'État dans
l'appui aux nouvelles structures communales.
L'État, à travers le gouvernement et les
différents départements ministériels, joue un rôle
de premier plan dans la conception, l'élaboration et la mise en oeuvre
de la décentralisation à l'échelle nationale.
Le rôle de l'État ne se limite pas à
légiférer. Ainsi l'article 126 des TOD cité
par Laurent P.J (1995), stipule que « l'État
entretient avec les collectivités locales, dans le domaine de leurs
compétences, des relations contractuelles, d'assistance et de
contrôle ». Aussi, le devoir d'assistance de l'État
envers les collectivités locales s'exerce sous forme de subventions, de
dotations spéciales, de mise à la disposition de ressources
humaines ou matérielles, d'appui technique et financier
(idem).
Le préfet est l'autorité de tutelle la plus
proche des communes. Son rôle consiste à déceler les
erreurs sur les budgets et comptes administratifs et ou les
irrégularités par rapport aux textes réglementaires et
proposer des corrections au Maire (Fissou K, 2004).
En effet, plusieurs administrations exercent leur tutelle sur
les communes. C'est à ce titre que de nombreux actes de la commune,
aussi bien les délibérations du conseil municipal que les
arrêtés des magistrats municipaux subissent un contrôle
à priori ou à posteriori. Ainsi, Martin Finken (1996)
dans « Commune et gestion municipale au Cameroun »,
relève :
- les contrôles exercés par le Ministère
chargé des Finances et du Budget sur les finances communales ;
- les contrôles de l'Administration chargée des
forêts sur les initiatives des municipalités pour se doter d'un
patrimoine forestier ;
- les interventions du Ministère chargé de
l'Urbanisme et de l'Habitat en matière de confection et d'application
des plans d'urbanisme ;
- les autorisations préalables à obtenir de
l'Administration chargée des domaines avant toute aliénation du
domaine privé national et des contrôles exercés par cette
même administration sur l'utilisation du domaine public communale ;
- l'intervention du Ministère chargé de la
Justice au moment de la prestation de serment par les maires et quand il s'agit
de parapher et de coter les registres d'Etat civil ;
- la tutelle exercée par le Ministère de
l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, forme la plus
large et la plus connue.
La nouvelle répartition des responsabilités ne
remet aucunement en cause la sécurité ni l'existence d'un Etat
souverain (mission de décentralisation et des réformes
institutionnelles du Mali, 1997). Toutes les compétences qui
fondent l'existence de l'Etat sont exclues du champ des transferts de
compétences ; Ces compétences relèvent de la
souveraineté de l'Etat. Ce sont notamment :
- la mission de défense nationale ;
- la distribution de la justice (législation,
organisation des cours et tribunaux,
l'unicité de la jurisprudence) ;
- les relations internationales ;
- l'orientation du développement national (planification,
coordination, etc.)
(idem).
D'un côté, on demande à l'Etat de se
désengager au profit des collectivités locales, et de l'autre, on
lui demande beaucoup d'investissements au profit de ces collectivités
afin de leur assurer une base de départ en termes d'infrastructures
administratives et sociales et de personnel.
IV.1.1.2- Les compétences et les
responsabilités du conseil régional
Le conseil régional est constitué de
conseillers régionaux issus des conseils municipaux. Cette
assemblée se réunit pour examiner et adopter les activités
de développement de la région (TOD, 2001). A ce titre,
il doit :
- définir les orientations en matière de
développement de la région
conformément aux grandes orientations nationales ;
- élaborer et adopter le plan régional de
développement, contrôler son
exécution et en assurer l'évaluation
périodique ;
- mobiliser les ressources financières internes et
externes.
IV.1.1.3- Les compétences et les
responsabilités des conseils provinciaux
Selon les TOD (2001), les conseils provinciaux
délibèrent sur toutes les questions intéressant la vie des
provinces.
Il s'agit comme on le voit d'une vaste compétence de
principe.
Les affaires locales que les collectivités
décentralisées doivent gérer ont un contenu
indéterminé. A côté de cette compétence de
principe les conseils provinciaux délibèrent sur :
- les comptes administratifs et de gestion ;
- les taxes et redevances perçues directement au profit
de la province;
- les acquisitions, les aliénations ou les
échanges de biens mobiliers ou
immobiliers de la province;
- l'acceptation ou le refus de dons et legs d'organismes
étrangers (Moussa Ka,
2009).
IV.1.1.4- les compétences et les
responsabilités des élus
Pour les partenaires de l'association monde rural
(AMR), les rôles de l'élu sont entre autres un
décider, un mobiliser, un communiquer sur un pouvoir législatif
et de contrôle (Sidwaya n°6648 du 09/04/2010) .
En effet ; le maire est responsable sous le contrôle du
conseil municipal, de l'exercice des compétences attribuées
à la commune. Il est ordonnateur du budget communal, officier
d'état civil, représentant de la commune dans les conseils,
commissions et organismes dans lesquels cette
représentation est prévue par les lois et règlements
(TOD, art. 118 à 127). Il est aussi le représentant de
l'État dans la commune (idem, art. 122). Autrement dit, il est le chef
de l'administration communale (idem, art. 143). En d'autres termes, le
maire est l'organe exécutif de la commune et le conseil municipal en est
l'organe délibérant (TOD, art. 80).3
Toutefois, le conseil municipal est composé de l'ensemble des
conseillers. Il est présidé par le maire. Le bureau communal
comprend le maire, les deux adjoints au maire et les présidents des
commissions permanentes. Ces commissions sont dirigées par des
présidents qui rendent compte au maire. Le maire et ses adjoints ne
peuvent pas présider par ses commissions.
Le conseil municipal a la responsabilité de :
- définir des grandes voies en matière de
développement de la commune,
- élaborer et adopter le plan communal de
développement, contrôler son
exécution et en assurer l'évaluation
périodique,
- mobiliser les ressources financières internes et
externes,
- assurer l'exécution par priorité des
activités de développement.
Pour assurer cette responsabilité au niveau village,
le conseil municipal s'appui sur les CVD qui sont les structures
chargées de l'animation du développement sous son
contrôle.
Par ailleurs, il est consulté sur toutes les
décisions à prendre par d'autres organes et autorités sur
des questions intéressant la commune ou engageant sa
responsabilité. Il contrôle aussi l'action du maire. Le conseil
municipal se réunit en session ordinaire sur convocation du maire et ses
séances sont publiques. Il peut toutefois se réunir en session
extraordinaire ou siéger à huis clos sur tout ou une partie de
son ordre du jour. De cette description du cadre juridique régissant les
élus locaux, apparaît leur double mission : celle de
représenter la population qui les a élus et de gérer les
affaires communales d'une part, et celle de représenter l'État en
tant que garant de l'intérêt général ou public
d'autre part. Ainsi jouissent-ils des compétences essentielles pour
l'amélioration des conditions de vie des habitants de leur commune
(TOD, 2001).
3 Loi N°042/98/AN portant organisation et
fonctionnement des collectivités locales.
Eu égard à ce qui précède, les
élus communaux ont un double défi à relever. Ils doivent
d'une part, mettre en place des structures de base pour le fonctionnement de
leur commune, et d'autre part faire preuve d'efficacité afin de gagner
non seulement l'adhésion de la population mais aussi la
crédibilité et les compétences nécessaires pour
assumer leurs attributions. Les élus locaux, en particulier le maire,
doivent investir beaucoup de temps dans l'élaboration des projets de
demande de financement à soumettre aux agences d'aide ou à
participer aux réunions avec celles qui ont des projets sur le
territoire de sa commune (Pamphile. S, 1995).
Toutefois, la décentralisation ne doit pas être une
occasion de transfert de l'inefficacité du niveau central au niveau
local. Le rôle que peuvent efficacement jouer les municipalités en
matière économique est essentiellement d'ordre organisationnel ;
afin de mettre à la disposition des opérateurs locaux
un environnement favorable à leurs activités, les
municipalités ont pour charge :
- l'amélioration des infrastructures (voies de
circulation) et des équipements de soutien à la production
(gares routières, abattoirs, entrepôts frigorifiques, halles et
marché, zones d'activités artisanales, etc.).
- la sécurisation de l'environnement
général de la micro entreprise en matière
de règlementation des activités
économiques, de fiscalités et surtout d'occupation de l'espace
(sécurité alimentaire). (PAVD/Mali, 2004).
Au-delà de ces types d'intervention
génératrices de recettes pour les municipalités, celles-ci
peuvent jouer un rôle d'intermédiation et de structures d'appui
capable d'accompagner et de soutenir les initiatives locales de
développement : aides à la création d'entreprises,
formulation de projets, aide dans la recherche de financement, fournir une
formation et une éducation fonctionnelle centrée sur la
société et l'économie, ses rouages et son fonctionnement
etc.
En outre, les municipalités sont par les commandes
publiques qu'elles lancent, un agent de développement non
négligeable de l'économie locale. Elles peuvent également
offrir un cadre de négociation à tous les acteurs de la vie
économique locale (entreprises modernes, chambre de commerce et
d'industrie, chambre des métiers, etc.). La commune doit produire des
services publics qui s'inscrivent dans ses champs de compétences. Elle
peut le faire directement ou le confier à un opérateur sous sa
responsabilité (PAVD/Mali, 2004).
IV.1.1.5- les compétences et les
responsabilités de la société civile
La société civile est non seulement un lieu
où s'expriment des solidarités multiples mais aussi un espace
où peuvent survenir la concurrence et les conflits entre les acteurs.
Ainsi reconnaître et entretenir les potentialités des
organisations de la société civile tout en faisant preuve de
sélectivité parmi celles-ci, constitue un défi majeur
auquel sont confrontées les agences de coopération qui
interviennent dans le développement local (Pamphile. S,
1995).
Le rôle de la société civile consistera
toutefois, à contrôler l'action publique des élus, à
exercer une influence sur les actions des autorités locales, à
améliorer l'offre des services aux citoyens etc. Par ailleurs, les
collectivités villageoises prennent de plus en plus conscience de la
nécessité de s'impliquer dans le développement du pays
(Sansan Lucien Kambire, p14). Les nombreuses
associations pour la plupart «de développement« suscitent la
participation populaire aux activités de développement aux
côtés des collectivités locales. Les autorités
locales font de ces associations de développement donc des partenaires
privilégiés chaque fois qu'il s'agit de promouvoir les actions de
développement : créations d'écoles, de dispensaires,
construction de puits, de retenues d'eau ... (idem)
Toutefois, les organisations non gouvernementales eux aussi
ne sont pas en reste. Elles apportent une contribution appréciable au
développement socio- économique des collectivités locales.
Les autorités locales comptent de plus en plus avec elles. Les ONG
de leur côté acceptent de plus en plus être membre des
cadres de concertations, des partenaires de développement au niveau
provincial, départemental et villageois (Sansan Lucien Kambire,
p14).
Les organisations traditionnelles sont des organisations de
jeunes, de femmes ou d'anciens qui fonctionnent sur la base du consensus. Ces
organisations constituent ainsi un cadre de mobilisation des communautés
villageoises ; car, avec beaucoup de doigté, les autorités
locales peuvent les amener à jouer un rôle important dans la
sensibilisation pour des actions de développement (idem).
IV.1.1.6- Les attributs de la CVGT
Les attributs de la CVGT avaient été
à l'ordre du jour lors du séminaire de formation sur la
démarche et les méthodes du développement local,
organisé par le PNGT II. En effet la CVGT est l'organe
qui fait le lien entre le village et tous les intervenants extérieurs en
matière de gestion des terroirs et aménagement du territoire.
Elle participe à la définition du schéma directeur
d'aménagement du terroir villageois, contribue à la mise en
oeuvre du schéma d'aménagement (ou plan d'aménagement) et
exécute l'ensemble des contrats concourant à la
matérialisation du plan, attribue et retire les terres du village selon
les principes d'utilisation rationnelle des terres, règle les litiges
résultant de l'exploitation des terres du village, veille au respect des
principes directeurs de la gestion du terroir et enfin rend compte
régulièrement aux instances du village ou toute autre instance
supérieure de l'exécution des tâches confiées
à la commission et tout problème dépassant ses
compétences.
IV.1.1.7- Les compétences et les
responsabilités de la population
En effet, la démocratie étant « le
pouvoir pour le peuple et par le peuple » rend obligatoire la
participation et le contrôle permanent des actes des décideurs par
les citoyens. Il est important de souligner que le législateur a mis en
place des mécanismes de participation et d'information des populations.
Les textes prévoient effectivement, les possibilités de
participation et d'information des citoyens sur la conduite des affaires
locales. Ils peuvent :
- faire au Président du conseil régional, au
Maire ou au Président du conseil rural toutes propositions relatives
à l'impulsion du développement économique et social et
à l'amélioration du fonctionnement des institutions ;
- demander à ses frais, la communication des
procès-verbaux du conseil régional, du conseil municipal ou du
conseil rural ;
- assister aux réunions des conseils : les séances
sont en principe publiques ;
- demander au gouverneur, préfet ou sous-préfet
d'exercer son contrôle de légalité sur les actes des
autorités locales sans préjudice du recours direct dont ils
disposent. (Moussa K, 2009).
Si ces textes permettent la règlementation du processus
de décentralisation, il va sans dire qu'ils rencontrent des
difficultés dans leur application.
IV.1.2- Appréciations des compétences
et responsabilités des acteurs locaux et de l'Etat
En effet, l'État central réglemente l'action de
ses services déconcentrés ; mais en ce qui concerne les
réalisations concrètes en matière d'appui à la
décentralisation et au développement local, l'action de
l'État central apparaît limitée par deux principaux
handicaps. Primo, le problème des ressources humaines et
financières ; secundo, l'État doit gérer des demandes qui
semblent a priori contradictoires (Laurent P.J, 1995).
Dans le processus de décentralisation en Guinée
par exemple, le pouvoir central a attribué des pouvoirs de
délibération et d'exécution aux collectivités
rurales décentralisées ; toutefois, la portée et les
principes de cette délégation de compétences restent
définis et contrôlés par l'État central
(Christiane Loquai et al, document de réflexion ECPDM
n°32).
En outre, au regard des textes règlementaires, il
apparaît clairement que ces structures de l'Administration Territoriale
pèsent de tout leur poids dans le fonctionnement des communes parce que
bénéficiant d'un pouvoir de sanction et d'aliénation du
domaine privé national et des contrôles exercés par cette
même administration sur l'utilisation du domaine public communale
(Mengue Nkili Pauline, 2004). Le processus de décentralisation
ne doit donc pas être perçu comme un engagement
incontrôlé de l'Etat, mais bien d'une nouvelle répartition
des pouvoirs liés à des objectifs de démocratie et de
développement (mission de décentralisation et des
réformes institutionnelles du Mali, 1997).
En ce qui concerne les élus communaux, ceux-ci
rencontrent beaucoup de difficultés dans l'exercice de leurs missions ;
ce qui réduit leur champs de responsabilités (Pamphile. S,
2000). L'une des obstacles est par exemple l'insuffisance voire l'absence
de ressources financières et humaines (peu de
techniciens au service des élus, qualification
très faible de certains membres du conseil municipal etc.). Un autre
handicap dans l'exercice de leurs missions est lié au statut de
bénévolat de leurs fonctions. En d'autres termes, les élus
municipaux ne peuvent pas se consacrer à temps plein à leurs
mandats parce qu'ils poursuivent leurs activités professionnelles
d'avant les élections. Même si « les employeurs sont tenus au
vu de la convocation régulière, de libérer leurs
salariés membres du conseil municipal, le temps nécessaire pour
participer aux sessions du conseil ou aux réunions des commissions, cela
pose quelques difficultés ; car les communes ne disposent pas encore du
personnel qualifié » (idem). En principe, l'administration
municipale devrait jouer un rôle important pour aider le maire à
préparer et à mettre en oeuvre les décisions pertinentes
et les interventions concrètes du conseil. Toutefois, dans la pratique,
peu nombreuses sont les municipalités en Guinée qui disposent des
ressources financières suffisantes ou des compétences en termes
de lobbying pour pourvoir aux postes correspondants des divisions techniques et
socioculturelles. Elles doivent faire face à une situation paradoxale.
De nombreux postes techniques sont vacants ou occupés par des personnes
dépourvues des qualifications appropriées. Simultanément,
les municipalités doivent conserver un nombre disproportionné
d'effectifs sous-qualifiés provenant des anciens services des
sous-préfectures urbaines qui viennent maintenant gonfler les charges
salariales des municipalités (Commission européenne, 1997, p.
15).
En effet, le terme de « société civile
» est souvent utilisé de façon polysémique par les
acteurs de la coopération internationale. En effet, toutes les
composantes de la société civile ne jouent pas un rôle
d'acteurs du développement (au sens moderne du terme), ni ne
reflètent une vie associative véritable. Certaines d'entre elles
manquent en effet d'objectifs clairs. Elles sont généralement peu
structurées et reposent souvent sur des individualités fortes
(Pamphile. S, 2000).
La population locale a un pouvoir de contrôle sur les
actions des autorités locales ; c'est ce qui ressort des textes. Mais
dans la pratique, Il apparaît sur la base d'entretiens menées, que
l'inefficacité des mécanismes de sanction et notamment de recours
judiciaire constitue un facteur limitant strictement le contrôle des
populations locales et leur pouvoir de sanction à l'égard de
leurs représentants municipaux (Christiane Loquai et al, document de
réflexion ECDPM n°32) .
Même si les «acteurs
décentralisés« peuvent être limités dans
leurs capacités technique, professionnelle et organisationnelle, ils
peuvent aussi les développer et les renforcer par le biais des actions
qu'ils mettent en oeuvre (FED, 1996). A ce titre, la
responsabilité des acteurs locaux aux diverses étapes du
processus suppose qu'ils puissent y prendre part de manière active,
maîtriser la problématique de développement de leurs
localités et prendre des décisions en connaissance de cause. Il
est aujourd'hui communément admis que la participation des acteurs
à la base est une condition essentielle pour le développement
durable. Ces énergies et ces ressources humaines existent et ne
demandent qu'à participer au développement des communes
(idem).
Tout laisse à penser donc que l'Etat continue
d'exercer une large tutelle sur les communes ; ce qui va à l'encontre
des objectifs de la décentralisation qui se veut être un transfert
d'une grande partie de ses compétences aux collectivités
territoriales. Cela ne serait-elle pas l'une des causes de la
problématique de la participation de la population locale aux travaux de
construction de leur localité ?
IV.2- La participation des populations aux projets
et programmes de développement
Meister (1971) cité par Moussa Ka(2009),
définit la participation comme " une organisation volontaire de deux ou
plusieurs individus dans une activité commune dont ils n'entendent pas
uniquement tirer les bénéfices personnels et immédiats"
En effet, la mise en oeuvre d'une politique de
développement qui répond aux aspirations légitimes et
naturelles des millions d'hommes et de femmes en lutte perpétuelle pour
leur survie ne peut se faire que dans le contexte de décentralisation
qui constitue l'option privilégiée pour la promotion de
développement local. La viabilité des communes étant une
condition pour l'efficacité de cette décentralisation, la
participation de tous les acteurs devient donc une préoccupation majeure
et permanente pour les tenants de cette nouvelle approche de
développement local.
IV.2.1-Le caractère dynamique de la
participation
La participation ne se construit pas à travers un
état statique. Elle évolue en fonction de la configuration du
système d'acteurs en présence et aussi de la
redistribution des responsabilités assignées
à chacun des acteurs présents ( Zongo B, 2005). Tout se
passe donc en réalité comme s'il existait une négociation
permanente pour le partage des responsabilités entre les parties
prenantes.
L'usage du concept de la participation a connu une
réelle évolution depuis les années 1950. Cependant,
à travers la définition retenue, il apparaît que la
participation revêt un caractère dynamique dû au fait
qu'elle s'installe dans une situation donnée dans laquelle il est
possible d'identifier les acteurs en présence et leurs
caractéristiques intrinsèques.
IV.2.2- Les modèles de participation
Pour analyser le caractère dynamique de la
participation, nous nous interrogeons au préalable sur les
modèles de participation. A ce propos, Ramos et Roman
(Ramos exaltacion et Ma AA, Roman, pp 101-122), nous proposent un
modèle constitué de trois étapes : Les intrants, la phase
de conversation, et les extrants. Les intrants représentent tous les
éléments (ce sont les Connaissances théoriques et
pratiques, contribution physique et financière, main d'oeuvre, etc.) qui
sont apportés par les autorités locales et la population locale
en vue de la production d'un service. La phase de conversation
représente l'apprentissage du travail d'équipe (échange
des contributions respectives) entre les autorités locales et la
population locale. Les extrants concernent les résultats, le fruit de
l'association des éléments constituant les intrants.
Ainsi une collectivité locale est habituée
à une forme de réception passive des services pour sa population,
l'adoption d'une démarche de participation exigera une période
d'apprentissage, d'assimilation et d'adaptation. Au cours de cette phase, la
mise en place d'une structure de coordination s'avère nécessaire
pour la collecte des demandes populaires, l'analyse et le traitement de
l'information, et la combinaison des intrants pour solutionner les
problèmes posés. Le fonctionnement d'une telle instance devrait
en principe être assuré à la fois par quelques
représentants du côté des autorités locales et ceux
du côté de la population locales. Or, ce ne sont en
général que les représentants du côté des
autorités locales qui s'en occupent (idem). Dans un tel cas de
figure, on pourrait se demander jusqu'à quel point la population locale
est-elle disposée à faire de l'autorité un partenaire ?
Comment cette population pourrait-elle acquérir une
parcelle de pouvoir vis-à-vis de l'autorité public ? Seules les
revendications de la part des populations pourraient lui permettre d'être
élevé au rang de partenaire, donc d'acquérir un pouvoir de
négociation et d'action par rapport à l'autorité public
(Hardoy jorge E et satterwaite David, 1993, pp 111-159).
Au final, on peut retenir que la phase de conversation
constitue le point névralgique de l'interaction entre l'autorité
public et la communauté locale. Cette interaction se focalise souvent
autour des revendications et des pressions (les demandes) effectuées par
la population qui en définitive, influe sur l'attitude (l'offre) de
l'autorité publique.
IV.2.3- « L'offre » de participation de
l'autorité locale
De la littérature, il ressort que trois
éléments déterminants caractérisent l'offre de
participation de l'autorité locale. Ce sont :
- l'ouverture institutionnelle ;
- le désir de collaborer ;
- l'appui conseil à l'organisation des
communautés.
IV.2.3.1- L'ouverture institutionnelle
L'objectif majeur de cette ouverture est d'intégrer la
population particulièrement les plus pauvres, dans le processus de prise
de décision. « A democratic process in which people, particularly
the weak and the poor, are not passive receivers of a development project at
the end of a top-down approach, but are requested to identify their livelihood
with the help of the financial, technical, and human resources offered by the
development project, as well as their own» (Satterwaite. David, 2003,
pp 15-45).
Cette ouverture caractérise alors des modifications ou
des évolutions institutionnelles opérées par
l'autorité locale au fur et à mesure que se développe et
se renforce le partenariat avec les différentes communautés.
Autrement dit, c'est aller à la recherche d'un consensus dans le partage
du pouvoir (de décision) car, plus ces deux groupes d'acteurs
interagissent, plus le partage du pouvoir devient un enjeu.
IV.2.3.2- Le désir de collaborer
Les autorités publiques semblent avoir une vision
critique des attitudes de la population locale et aussi de leur cadre de vie.
Ainsi, ces lieux sont perçus comme « des nids de marginaux
incapables et sans volonté de payer pour les services et qui sont
à la fois victimes et responsables des piètres conditions dans
lesquelles ils vivent. » (Campbell T, 1987, 186-192).
Cette vision ironique de Campbell illustre bien la conception
négative et réductrice de la population locale parfois
développée par les autorités publiques. Toutefois, il peut
arriver que ces dernières écartent l'idée de toute
collaboration car pensant être les mieux placés pour trouver des
solutions aux problèmes de cette population. Dans une telle situation,
la participation est alors perçue comme un facteur de ralentissement et
d'alourdissement des mécanismes de prise de décision et de
l'efficacité des services publics.
Pourtant, le processus de la participation communautaire
commande une autre approche de la perception des problèmes du milieu
communautaire par l'autorité publique. Jean Pierre Elong Mbassi
(2001), en appelle alors à une nouvelle vision car, « Les
solutions les plus novatrices et les plus efficaces émergent en partant
de ce que veulent les gens eux-mêmes. »4
Effectivement, contrairement aux idées reçues, la population
locale dispose d'une très bonne connaissance physique et sociale de son
cadre de vie. Ce capital de savoir mieux exploité, peut être mis
au service des collectes de données, de la mobilisation des ressources
locales, etc. De plus, il est aujourd'hui admis que les populations locales ont
le droit de se prononcer sur toutes les questions d'aménagement qui
modifient l'environnement de leur cadre de vie. En leur reconnaissant ce droit
et en impliquant les membres des communautés dans le processus de
planification, l'autorité locale pourrait ainsi poser les jalons d'une
collaboration fructueuse pouvant conduire à de meilleurs
résultats dans le processus de la participation.
4 Jean-pierre Elong M'bassi, 2001, les défis
urbains et l'impact de la globalisation dans le contexte africain, PDM Cotonou,
18p.
IV.2.3.3- L'appui conseil à l'organisation des
communautés
Il a été établi
précédemment que pour rentrer dans une dynamique d'interaction
avec l'autorité publique, la population locale est mise en demeure de
s'organiser. Or le manque de ressources, de temps et surtout le manque de
formation sont autant d'obstacles qui entravent la capacité
d'organisation de cette population. Par la suite, l'autorité publique se
doit de lui apporter une assistance particulière pour une meilleure
interaction entre ces deux acteurs dans le processus de la participation.
IV.2.4- « La demande » de participation de la
population locale
Pour caractériser la demande de participation de la
population locale, Bernard zongo (2005) cite les points suivants qui
sont en général évoqués dans la littérature
spécifique au concept de la participation. Il s'agit :
- de la prise de conscience de la population ;
- du degré d'organisation de la population ;
- du leadership ;
- et enfin du désir de collaborer avec les
autorités locales. IV.2.4.1- La prise de
conscience
Elle renvoie à la perception que la population
pourrait avoir de son environnement. Ainsi, la perception des problèmes
par la population est fonction de son histoire, de ses conditions de vie
socio-économiques, etc. (Jean François Tremblay, 1994).
Il devient alors difficile d'apprécier le degré de prise de
conscience d'une population puisque d'une communauté à une autre,
la nature des besoins change.
Une communauté donnée pourrait donc avoir sa
propre logique de perception des problèmes différente de celle de
l'oeil extérieur. Toutefois, en raison de l'existence de besoins
universels au sein de toute communauté (PNUD, 1994), il est
fort possible d'aborder la prise de conscience au sein de la population.
Echanger avec les autorités locales nécessitera alors de la part
de la population une forte
capacité de perception de sa propre
réalité en vue de la transformer grâce au processus de
planification. Par la suite, elle peut être en mesure d'identifier ses
besoins (problèmes), leurs causes directes ou indirectes et les
conséquences si toutefois ces besoins ne sont pas satisfaits ou
résolus. La population peut en outre faire appel à sa conscience
pour apprécier et juger les solutions qui lui sont proposées par
les autorités publiques locales. Dès lors, la prise de conscience
devient un vecteur de mobilisation utilisé par les membres d'une
communauté pour prendre part au processus de participation.
IV.2.4.2- Le degré d'organisation
L'hétérogénéité de la
population, la pauvreté, les subordinations politiques, les
disparités de revenus, etc. compliquent souvent l'émergence de la
solidarité au sens large dans une communauté (Nawani, 1984
cité par Moser, 1989). Pourtant, pour rentrer en interaction avec
l'autorité publique, la population doit faire montre d'une certaine
forme de cohésion sociale. Par la suite, l'union et l'organisation leur
sont s'imposées comme une nécessité pour s'ériger
en partenaires et faire valoir leurs revendications au moment de l'action.
IV.2.4.3- Le leadership communautaire
Dans toute communauté, il existe des leaders qui sont
considérés comme des représentants de la communauté
par les acteurs extérieurs. Ces leaders peuvent émerger à
plusieurs sources de légitimité. En Afrique, « Aux
cotés des leaders de l'Etat moderne, d'autres acteurs émanent
d'autres sources de légitimité, émergent et obtiennent une
forte adhésion des populations locales. Il s'agit des détenteurs
de la légitimité coutumière (et religieuse) et ceux ayant
la légitimité d'action (les diverses organisations de la
société civile : association, ONG, etc.). » (Jean
pierre Elong Mbassi J P cite par Nach Mback. C, 2003).
Par ailleurs, la coexistence de ces divers leaders pose la
question de leur mode d'émergence. En effet, le processus
d'émergence des leaders n'est pas le même selon que l'on se
positionne du côté de l'autorité publique ou du
côté de la population. Les critères d'émergence
n'étant pas les mêmes.
Au demeurant, plus la communauté se reconnaîtra
dans ses leaders, plus elle sera disposée à prendre part à
la mobilisation populaire. En d'autre terme, l'existence d'un leadership actif,
dynamique et surtout reconnu au sein de la communauté détermine
l'engagement de cette dernière dans le processus de participation. Et
l'inverse aussi pourrait se justifier : la participation peut conduire à
l'émergence de nouveaux leaders plus représentatifs au sein de la
communauté.
IV.2.4.4- Le désir de collaborer avec les
autorités locales
Pour la population, s'associer avec les autorités
locales dans une démarche commune de production n'est pas toujours une
évidence (Zongo. B, 2005). Une certaine forme de
réticence existe au sein de la population. Le taux élevé
d'illettrisme, l'expérience historique malheureuse avec les pouvoirs
publics et les normes socioculturelles en Guinée par exemple,
constituent autant d'obstacles à la participation populaire
(Christiane Loquai et al, document de réflexion ECDPM n°32)
.
En général, les mauvaises expériences du
passé sont toujours évoquées pour justifier le déni
de confiance à l'endroit des autorités locales. Aussi,
l'insuffisance de communication entre ces dernières et la population, la
corruption et la pléiade de promesses électorales non tenues
contribuent à générer une méfiance croissante
à l'égard des autorités publiques. Gagner le défi
du processus de participation, nécessite peut être donc
l'établissement de nouveaux rapports de confiance, de nouvelles
règles de jeu faciles à comprendre et à respecter surtout
par la population.
Au final, grâce aux revues savantes consultées,
nous avons pu retenir les éléments d'analyse qui permettent de
mieux cerner les logiques propres à chaque acteur qui cherche à
avoir le contrôle sur les ressources et les institutions de
contrôle du processus de participation. Ainsi, pour l'autorité
publique, ces éléments d'analyse sont : l'ouverture
institutionnelle, le désir de collaborer, et l'appui conseil à
l'organisation. Du côté de la population locale, il s'agit de la
prise de conscience, du désir de collaborer, de la capacité
d'organisation, et enfin le leadership.
Conclusion générale
Notre travail de recherche s'appuyait sur trois objectifs
spécifiques découlant de l'objectif général qui est
d' « appréhender à travers la littérature l'impact de
la décentralisation sur les actions de développement local
», ce mémoire est une contribution à la réflexion sur
la problématique du développement local face à la
politique de décentralisation actuelle des différents pays
africains. Il est loin d'aborder tous les aspects du sujet ; mais il a le
mérite d'analyser à travers la littérature, les
rôles que jouent les différents acteurs dans la
décentralisation. Il met également en évidence, la
mécompréhension de la population sur la politique de
décentralisation et de développement local tout en analysant son
niveau de participation dans les divers projets et programmes de
développement.
En effet, les enjeux de la décentralisation et du
développement local sont diverses ; ainsi des enjeux politiques,
socioculturels en passant par ceux économiques, il en ressort de cette
littérature que ces deux phénomènes se rejoignent et
doivent aller de pair. Toutefois les stratégies diffèrent les
unes des autres.
Aussi, de la stratégie de décentraliser, il
ressort de notre analyse sur cette littérature que l'organisation d'une
décentralisation administrative et l'adoption des textes
législatifs y afférents ne suffisent pas pour une
décentralisation effective. Pour passer d'une décentralisation
formelle à une décentralisation réelle, il faut encore
conférer à la collectivité locale des pouvoirs et des
prérogatives concrètes dans les matières qui concernent
les affaires locales.
Le développement local est un processus
antérieur à la décentralisation, car les
communautés locales avaient des formes de gestion de leurs ressources,
des initiatives pour la valorisation de leurs potentialités. De plus,
avec les approches participatives, le développement local avait
créé cette conscience collective au sein des communautés
rurales.
Toutefois, il existe une certaine
mécompréhension et une ignorance de ces enjeux et
stratégies chez cette population, ce qui justifie sa méfiance
vis-à-vis de ses dirigeants. Ainsi donc la première
hypothèse de notre étude selon laquelle les communautés
rurales méconnaissent les enjeux et les stratégies de la
décentralisation et du développement local est
vérifiée.
Un passage en revue des compétences et des
responsabilités attribuées à chacun des acteurs de la
décentralisation témoigne de l'importance de la réforme
institutionnelle en cours et des défis qu'il faudra relever pour
traduire les principes réglementaires adoptés. Par ailleurs, la
revue de la littérature montre que les acteurs du développement
à l'échelle locale sont très
hétérogènes : le maire et les conseillers municipaux, les
services déconcentrés de l'Etat, le gouvernement central, les
composantes de la société civile (ONG locales, associations,
organisations religieuses, organisations paysannes, chefs coutumiers) et les
agences de coopération (agences bilatérales et
multilatérales, ONG internationales). La description des missions qu'ils
remplissent et les stratégies qu'ils mettent en oeuvre permet de rendre
compte des contraintes et des potentialités des uns et des autres. En
outre, les rôles qu'ils jouent n'exigent pas les mêmes
compétences. Ainsi ils bénéficient chacun d'une certaine
légitimité ; Toutes fois les principales décisions
concernant la politiques de développement de chaque commune viennent
d'en haut ; à savoir l'Etat central qui concentre presque la
totalité des compétences. Cette deuxième hypothèse
de notre étude selon laquelle la dévolution des
responsabilités et des pouvoirs de l'Etat central aux autorités
locales reste faible est également vérifiée.
Pour la plupart des auteurs, la participation peut être
considérée comme socle du développement local et de la
décentralisation. La participation signifie donc responsabilité
des populations dans le processus de décision locales. Il faut un
minimum d'une telle participation pour que l'aide par soi-même puisse
faire sentir ses effets et être durable. Dans la plupart des Etats
africains, les hommes montrent qu'ils doivent satisfaire leurs propres besoins
vitaux par leurs propres initiatives locales parce que l'Etat central
n'accomplit plus ses tâches intrinsèques dans un espace
décentralisé comme la commune, espace d'identification important
pour les hommes et berceau de la démocratie. A travers cette
littérature, il est évident que la population est consciente donc
de sa participation à son propre développement. Mais le fait que
les autorités locales ne jouent pas parfaitement leur rôle
à savoir celui d'impliquer la population dans les divers projets et
programmes fait que cette dernière ne se sent pas trop concerné
par ceux-ci. Enfin notre dernière hypothèse
Selon laquelle les populations locales participent peu aux
projets et programmes de développement est vérifiée.
La décentralisation peut, il est vrai favoriser le
clientélisme politique, générer des tensions entre
l'État au travers de ses services déconcentrés, les
élus locaux et leurs services. Cependant, les politiques de
décentralisation sont récentes, et les textes d'application
souvent incomplets. L'État n'y est pas toujours engagé. Les
collectivités territoriales conscientes de leurs capacités
embryonnaires, de la faiblesse de leurs ressources propres, ne sont pas
toujours actives et cette insuffisance « politique » est un obstacle
supplémentaire. Mais la décentralisation est un processus long,
complexe, qui a besoin d'un double engagement et sans réserve des
responsables politiques nationaux et locaux (Deberre, 2007, p.54).
Face donc à cette politique de décentralisation
en cours en Afrique subsaharienne, comment se fera la participation de cette
population locale méconnaissant les enjeux et les stratégies de
celle-ci aux divers projets et programmes de développement de leur
localité ? Ceci mérite d'être exploré comme
perspective en matière de recherche ; c'est pourquoi nous proposons de
mener la réflexion autour du thème suivant : « Le
développement local participatif dans le
contexte actuel de décentralisation au Burkina Faso
».
Références bibliographiques
Livres et ouvrages
· . Action collective :
Décentralisation au Burkina Faso acquis et perspectives (juin 1998)
· · Bierschenk T et de Sardan
J-P-O, 1998, Les pouvoirs au village, le Benin rural entre
démocratisation et décentralisation, Paris karthala, 296p.
· . Charbonneau F, Lewis P, Manzagol C,
2003, villes moyennes et mondialisation : Renouvellement de l'analyse et des
stratégies, Trames, université de Montréal, 334p.
· · De Sardan J-P-O, 1995,
Anthropologie et développement, Essai en socioanthropologie du
changement social, Paris Karthala, 221p.
· . Deberre J-C, 2007,
Décentralisation et développement local, Afrique contemporaine
2007/1, N° 221, pp. 45-54.
· . Elong Mbassi J-P cité par Nach Mback
C, 2003, Démocratisation et décentralisation :
Genèse et dynamique comparés des processus de
décentralisation en Afrique subsaharienne paris, Karthala ; Cotonou,
bénin : programme de développement municipal, 528p.
· . Gentil D et Husson B, 1996, La
décentralisation contre le développement local ? 16p.
· . Groupe thématique :
Aménagement du territoire, décentralisation et
développement local, Mai 2004, 59p.
· . Hardoy J-E et Satterhwaite D, 1993,
Housing policies : A Review of changing government attitude and responses to
city housing problems in the third world, in G Shabbir Cheema et Sandra E Ward,
Urban management policies and innovations in developing countries, Westport,
N.J., Praeger, pp 111-159.
· · Hassane, 1999 cité par
Djihoun M-K-H, 2007, Développement local participatif dans un
contexte de décentralisation : bilan de l'expérience
SNVBénin dans le cadre de l'appui au renforcement de capacité des
communes de
Cobly et de Boukoumbé dans l'Atacora-Ouest,
DESS/Développement et gestion de projet, Institut Universitaire du
Bénin, p19.
· · Houée P, 1992,
La décentralisation : territoires ruraux et développement,
édition syros, tome 12.
· · Jacob, J.-P. 1998, La
décentralisation comme distance: réflexions sur la mise en place
des collectivités territoriales en milieu rural ouest-africain,
Politique africaine, 71p.
· . Kambire S-L, L'état de
la décentralisation au Burkina Faso
· · Karim D, 2003, La bonne
gouvernance selon la banque mondiale : Au-delà de l'habillage juridique,
In Décentralisation en Afrique de l'ouest : Entre politique et
développement, M. Totté, T. Dahou et R. Billaz, 2003, pp66-67.
· · Liliane P, BAILLY E et DUBOIS
S, 2004, Dispositif de décentralisation : gouvernement des
territoires, stratégies municipales et marchandisation foncière
(Burkina Faso), Programme de recherche urbaine pour le développement,
GEMDEV-ISTED, 120p.
· . Lisch B avec la contribution de Neant
P, septembre 1995, Regards parallèles sur le
Développement Local, 70p.
· . MATD, 2006, Cadre stratégique
de mise en oeuvre de la décentralisation (C.S.M.O.D) 2006-2015, 53 P.
· . MED, 2004, Cadre
Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté (CSLP), 131p.
· · MEF, 2009, Lettre de Politique de
Développement Rural Décentralisé (LPDRD), 54P.
· . Mengin J, 1989 : Guide du
développement local, paris, harmattan, p39. · ·
Mercoiret M R, 1994, L'appui aux producteurs ruraux,
Ministère de la coopération, Paris, Karthala, 463p.
· . Ministère de la coopération
française, 1994, De la gestion de terroirs au
développement local : Les orientations de l'aide française,
Paris-Ministère de la coopération, service de l'information et de
la communication, 29p.
· . Ministère de
l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, Mai 2000,
stratégie de mise en oeuvre de la politique nationale de
décentralisation, 21p.
·. Nach Mback C, 2003,
Démocratisation et décentralisation : genèse et dynamiques
comparés des processus de décentralisation en Afrique
subsaharienne, Paris, Karthala ; Cotonou, Benin : Programme de
développement municipal (PDM), 528p.
· . Ouattara C, Les enjeux de la
décentralisation et les missions de la CND, 12p.
· . Ouedraogo G, 2003, La
problématique de la décentralisation en milieu rural au BF, In
Décentralisation en Afrique de l'ouest : Entre politique et
développement, pp 296-297.
· . Quivy R. et Van Campenhout L., 1995.
Manuel de recherche en sciences sociales, 2e Edition. Dunod, Paris,
287 p.
· · Ramos E et Ma AA, R,
Modèle de participation communautaire, dans TG et YM Yeung, Le
rôle de la participation communautaire dans la prestation des services
municipaux en Asie, Ottawa, CRDI pp. 101-122.
· . Satterwaite D, 2003, « facets of
participation », slum upgrading and participation lessons from Latin
America, the World Bank, pp 15-45.
· . Sawadogo R-A, 2001, L'Etat africain
face à la décentralisation, 278p.
· . Sawadogo R-A, 2003, Etat, pouvoir et
citoyenneté en Afrique, In Décentralisation en Afrique de
l'ouest : Entre politique et développement, p96.
+ Totté M, 2003, Comment tisser les
liens entre décentralisation et développement local ? Le point de
vue d'un géographe, In Décentralisation en Afrique de l'ouest :
Entre politique et développement, p385.
· · Totté M, Dahou T et
Billaz R, 2003, Décentralisation en Afrique de l'ouest : Entre
politique et développement, Paris Karthala, 403p.
Rapports/ Etudes
· · FED, 1996, cité
par Marcel Coffi H. Djihoun, 2007, Développement local participatif dans
un contexte de décentralisation : bilan de l'expérience
SNVBénin dans le cadre de l'appui au renforcement de capacité des
communes de Cobly et de Boukoumbé dans l'Atacora-Ouest,
DESS/Développement et gestion de projet, Institut Universitaire du
Bénin, p16.
·. Handicap International, 2007,
Rapport d'activité, 32p.
· . Mission de décentralisation et
réformes institutionnelles, Novembre 1997, La stratégie
des transferts de compétences.
· . PNUD, 1996, Rapport mondial sur le
développement humain, Paris, Economica, 239p.
Articles de journaux et
périodiques
· . Campbell T, 1987, « Applying
lessons from housing to Meeting the Challenge of water and sanitation for the
urban poor» in, Journal of the American Planning Association, Vol 53
N°2, pp 186-192.
· . Deberre J-C, 2007,
Décentralisation et développement local, Afrique contemporaine
2007/1, N° 221, pp. 45-54.
· · Laurent P J, 1995, Les
pouvoirs politiques locaux et la décentralisation au Burkina Faso,
Cahier du CIDEP, n°26, 175p.
· . Pamphile S, Novembre 2000, Acteurs
et enjeux de la décentralisation et du développement local :
Expérience d'une commune du Burkina Faso, Document de réflexion
ECDPM n°21, 45p.
· · PDM, Mai 2000, Etat de la
décentralisation au Burkina Faso, 9p.
· . Sidwaya n°6648 du 09/04/2010, Les
partenaires de l'Association Monde Rural (AMR).
· . Zongo. B, juillet 2005,
Aménagement du territoire au Burkina Faso : les voies du
développement sont-elles impénétrables ? Le pays (journal
quotidien au Burkina Faso) Num : 3423.
Communications, études et synthèses de
rencontres internationales
· · Elong. M'BASSI J-P, 2001,
les défis urbains et l'impact de la globalisation
dans le contexte africain, PDM, Cotonou, Lors du
séminaire sur la gestion
urbaine et municipale en Afrique Dakar, Sénégal,
du 15 au 26 octobre 2001,
18p.
+ Ministère de l'Agriculture et des Ressources
Animales du BF, 1992, projet de Développement Rural
Intégré de Houet, PDRI/HKM, Compte rendu du séminaire de
formation sur la démarche et les méthodes du développement
local, 15 au 25 septembre 1992, Bobo Dioulasso, 154p.
Thèses/ Mémoires
· . ALI ALMOUATE ABDOUL NASSER,
2010, la gouvernance locale dans la commune urbaine de Bouza au
Niger, Master rapport, option urbanisme
· . DIALLO S., 2006. Dynamiques
frontalières et développement local urbain dans le contexte de la
décentralisation : Le cas de la commune de Rosso Sénégal.
Mémoire de DEA, «Aménagement, Environnement et
Développement» Option: Espaces et sociétés urbaines,
Université Gaston Berger, UFR sciences et Lettre, Formation Doctorale de
Géographie. [En ligne sur
www. Memoireoneline.com].
· . Djihoun M-C-H, 2007,
Développement local participatif dans un contexte de
décentralisation : bilan de l'expérience SNV-Bénin dans le
cadre de l'appui au renforcement de capacité des communes de Cobly et de
Boukoumbé dans l'Atacora-Ouest, DESS/Développement et gestion de
projet, Institut Universitaire du Bénin, 113p.
· . Doly. C, 2010,
Décentralisation, aménagement du territoire et
développement local, Mémoire de Master de recherche en
aménagement du territoire, Université de Ouagadougou, 79p.
· . FALL K-A, 2004,
Décentralisation et développement local : optimiser la
participation des groupes sociaux dans la perspective de développement
communautaire, l'expérience du PNIR dans la communauté rurale de
Thilmakha, région de Thiès, Dakar, Mémoire, IFPDSR, 42
P.
+ Moussa. K, 2009, L'émergence de
nouveaux acteurs locaux dans le développement local : L'exemple du
Collectif des Groupements Associatifs de Pikini Ouest (COGAPO), Mémoire
de Master 2 en aménagement du territoire, décentralisation et
développement local, Université Cheick Anta Diop de Dakar,
52p.
·. Neya. S, 2008, Migration,
multi-résidence et développement local, Mémoire de Master
de recherche en aménagement du territoire, Université de
Ouagadougou, 62p.
· . Serigne ; M. T et Bara.G, 2002,
Institutionnalisation de la participation dans la gestion des terroirs au
Sénégal, 99p.
· . Simbroek et al, 1994 cité
par Serigne ; M. T et Bara.G, 2002 in Institutionnalisation de la participation
dans la gestion des terroirs au Sénégal, 99p.
+ Tremblay J-F, 1994, La participation
communautaire dans la prestation des services urbains : le cas de
l'approvisionnement eau dans la périphérie de Mexico,
Mémoire présenté à la faculté des
études supérieures en vue de l'obtention du grade de
Maîtrise en urbanisme (M.Urb.), 116p.
· . Zongo B, 2007, La participation
communautaire a Koudougou : Une analyse de l'interaction entre le secteur
public local et le secteur populaire, Institut d'Urbanisme de Paris, 59p et
annexes.
Textes et Lois
· . Assemblée Nationale,
2006, Code Général des
Collectivités Territoriales (CGCT), 211p.
· · Décret N°
2007-095/PRES/PM/MATD/MFB du 1er mars 2007, portant
adoption du cadre stratégique de mise en oeuvre de la
décentralisation 2006- 2015 (CESMOD 2006-2015)
· . Loi 040/98/AN du 3 août 1998,
portant orientation de la décentralisation au
BF, modifiée par l'Assemblée Nationale le 2
juillet 2001, articles 2 et 3.
· · Loi N°042/98/AN du 06
août 1998, portant organisation et fonctionnement des
collectivités locales au BF, art 80, art 118 à
127, art 143.
· . Présidence du Faso, 1998,
Textes d'orientation de la décentralisation (TOD) ,125p
· . Présidence du Faso, 2001,
Textes d'orientation de la décentralisation (TOD) ,125p.
Sites Internet
· . Campbell B, 2001, gouvernance,
réformes institutionnelles et redéfinition du rôle de
l'Etat : Quelques enjeux conceptuels et politiques soulevés par le
projet de gouvernance décentralisée de la Banque mondiale. Acte
de la journée d'études de l'équipe CEDIM/FCAR
Mondialisation, gouvernance et Etat de droit du 10 Mars 2000.
http://www.ieim.uqam.ca
· . Coulmin. P, 1984,
décentralisation: La dynamique du développement local;
clés pour la stratégie nouvelle de développement, paris
édition ouvrière,
UNESCO.
www.amazon.fr/Décentralisation...dynamique-développement
· . Commission européenne,
délégation en République de Guinée,
ministère de l'administration territoriale et de la
décentralisation, Formulation du programme pilote de promotion
des villes secondaires en Guinée. Rapport définitif, juillet
1997, cabinet Gressard, Montmorency,cité par Loquai c, Bah M L et Camara
A B, Décentralisation et réduction de la pauvreté,
perception des liens dans les politiques et les pratiques : Étude de cas
portant sur la République de Guinée, Document de réflexion
ECDPM n°32. http//
www.oecd.org/dataoecd/52/30/33741445.pdf.
· . Christophe A, 2006, pratiques et
perceptions d'un appareil étatique en voie de décentralisation :
le cas du Benin.
http://apad.revues.org
· . Dabire B et Bicombe Logo P. (1996),
Développement local et gestion des ressources naturelles en Afrique
Subsaharienne, Douala, IRD-AC.
http://www.openlibrary.org
· · Finken M, 1996,
Commune et gestion municipale au Cameroun, édition à compte d'
auteur.
www.memoireonline.com/20/07/336/m-enjeux.
· · Fissou K, La commune au
carrefour des tutelles : Jeux, enjeux et défis,
www.dschangshuss.net.
· · Freudiger, P, J-P. Jacob, et
J-D. Naudet, 2000. Stratégies et instruments du
développement à l'échelle locale : examen comparatif
à partir du cas Burkinabé (Transverses, 4). Paris: GRET.
http://www.gret.org/publications/zip/transverses4.zip
·. Décentralisation au Burkina Faso : acquis
et perspectives (juin 1998) dans Action collective, bulletin de liaison de la
CND.
http://portail.wi.wur.NL/files/docs/gouvernance/Sebahara.
· . Groupe d'action développement local
et décentralisation au Togo, 1998, Synthèse des
résultats et compte rendu de l'atelier international de restitution
(Dakar, Avril 1998).
http://www.sendeveloppementlocal.com/Etude
-
développement-local-et-décentralisation-Sénegal-Togo-Zimbabwe-a413.html.
· . Loquai. C, Bah. M.L, Camara .A. B,
2001, Décentralisation et réduction de la pauvreté,
perception des liens dans les politiques et les pratiques : Étude de cas
portant sur la République de Guinée, Document de réflexion
ECDPM n°32. http//
www.oecd.org/dataoecd/52/30/33741445.pdf.
· . Mengue Nkili P, 2004, La commune au
carrefour des tutelles : l'analyse critique de l'exercice de la tutelle,
www.deschngshuss.net.
· · Morel B, 2001, «
Rôle des entreprises multinationales dans la concurrence des territoires
», Rives méditerranéennes.
http://rives.revues.org/19
· . Observatoire français de la
coopération internationale (OPCF), 1996, « La
décentralisation contre le développement local ».
http://www.globnet.org
· . PAVD/Mali, 2004, Les enjeux de la
réforme de décentralisation.
http://www.pavd.org/décentralisation.htm
· .
http://www.ecdpm.org.
· . Participation et décentralisation
http://www.ciesin.org/decentralization/French/Issues/Particpation.html
· . PAVD, 2004, Lettre de la coordination
9- http://www.pavd.org/ lettre9.htm. · ·
http://www.memoireonline.com
+ Groupe développement local et
décentralisation, 1998, Etude développement local et
décentralisation, Sénégal, Togo-Zimbabwe, Inter
Réseaux développement local,. Synthèse des
résultats et compte rendu de l'atelier international de restitution
(Dakar, Avril 1998).
http://www.sendeveloppement.com.
|