3-2/traitement évacuateur
Les vomissements provoqués par le sirop
d'ipéca. Les vomissements provoqués sont licites dans
l'heure suivant une ingestion de produits à fort potentiel toxique . Le
sirop d'Ipéca est préconisé. Il doit être
administré par un médecin. Il ne doit pas être
intégré dans les pharmacies familiales mais dans la trousse du
médecin de famille, des SMUR et des Services d'Urgences
Hospitalières. La posologie du sirop d'Ipéca est : de 6 à
9 mois, 5 ml ; de 9 à 12 mois, 10 ml ; de 1 à 12 ans, 15 ml ; au
dessus de 12 ans, 30 ml. La dose doit être répétée
une fois si aucun vomissement n'est survenu 20 minutes après
l'ingestion. L'inconvénient de cette méthode est de retarder
l'administration du charbon activé. Dans la circonstance exceptionnelle
où un patient est examiné immédiatement après
l'ingestion d'une substance hautement toxique, l'injection d'apomorphine est
recommandée.
Contre-indications aux vomissements :
- troubles de la conscience
- ingestion de produit corrosif
- ingestion de produit convulsivant
- ingestion de produit très fluide (solvant, ..).
Lavage gastrique
Les avantages et les risques du lavage gastrique ont
été récemment réévalués de
manière critique. Son utilité en routine est mise en doute
.L'aspiration du contenu gastrique doit systématiquement
précéder L'administration de charbon activé si celui-ci
est instillé par une sonde. L'intérêt d'y associer un
lavage de plusieurs litres doit être évalué
individuellement. En règle générale, le lavage ne doit
être pratiqué que s'il a des chances de retirer des
quantités significatives d'un produit dangereux. Il faut évaluer
si le même effet ne peut pas être obtenu par l'administration de
charbon activé adsorbant seul. Il est difficile de définir une
règle générale quant au délai utile : certaines
drogues ont une absorption gastrique rapide (30 à 60 minutes pour la
nicotine ou la strychnine par exemple) ; d'autres, par un effet
intrinsèque (atropiniques, tricycliques, phénothiazines,
opiacés), retardent la vidange gastrique et le lavage peut garder une
certaine efficacité plus longtemps après l'ingestion. Pour
certaines substances, l'absorption est théoriquement rapide, mais peut
être limitée par la solubilité et la formation de
concrétions gastriques (salicylés, barbituriques,
méprobamate). Le lavage gastrique plus d'une heure après
l'ingestion est généralement peu utile. L'ingestion de caustiques
est une contre-indication formelle, tant à l'introduction d'une sonde
gastrique qu'au lavage. Les ingestions d'acides fluorhydrique ou oxalique
peuvent faire exception, en raison de leur toxicité systémique
sévère. L'ingestion simultanée d'objets blessants ou
l'existence d'une pathologie oesophagienne préalable sont d'autres
contre-indications, de même que les diathèses
hémorragiques.L'intubation endo-trachéale avec ballonnet
gonflé est un préalable indispensable à l'insertion d'une
sonde gastrique si la conscience est altérée et/ou si les
réflexes pharyngés sont absents. Il faut utiliser un tube
oro-gastrique large (32-40 F chez l'adulte, 16-26 F chez l'enfant) et multi
perforé. Le patient est placé en décubitus latéral
gauche, tête déclive, ce qui a l'avantage de collecter le contenu
gastrique dans le fundus, plutôt que de favoriser le passage au travers
du pylore. De surcroît, le risque d'inhalation est réduit, en cas
de vomissements. Le liquide de lavage doit être instillé en
quantité connue et limitée (250 à 300 ml chez l'adulte, 50
à 100 ml chez l'enfant) pour éviter de forcer le pylore. L'eau du
robinet convient parfaitement chez l'adulte ; elle doit être
tiédie en cas d'hypothermie. Chez l'enfant en bas âge, on
préférera une solution salée à 0,45 %. Il est
préférable de vidanger le liquide instillé par simple
gravité, plutôt que de le ré aspiré à la
seringue. Le lavage gastrique doit être poursuivi jusqu'à
limpidité. Avant d'entamer le lavage, il convient toujours de
préserver un échantillon de liquide gastrique pour analyse
Contre indications à l'épuration
digestive dans les intoxications aiguës :
* Intoxication par caustiques, hydrocarbures, produits
moussants.
* Altération de l'état de conscience
(présente ou susceptible de survenir à brève
échéance), sauf si le malade est intubé avec sonde
à ballonnet gonflé.
* Chez le malade non intubé, toute situation
comportant
- un risque d'inhalation :
- convulsions
- perte des réflexes de protection des voies
aériennes supérieures
- personnes âgées dépendantes
* Age inférieur à 6 mois.
* Condition hémodynamique précaire (sauf pour le
charbon activé).
* Iléus (sauf pour le lavage gastrique).
Adsorption, neutralisation ou dilution des toxiques in
situ
LE Charbon ne devrait plus être utile une fois le
toxique résorbé. Pourtant, Cette approche consiste à
adsorber le toxique sur une matrice dans le tube digestif, ce qui réduit
son absorption. La matrice la plus utilisée est le charbon
activé, produit de distillation de substances organiques diverses (pulpe
de bois, écorce de noix de coco, charbon, céréales...),
activé par des vapeurs d'acide fort à haute température.
L'administration de charbon est surtout indiquée en cas d'ingestion
endéans l'heure de quantités toxiques d'une substance
carboadsorbable. On utilise la forme pulvérisée, mise en
suspension dans l'eau, à raison de 50 à 100 g chez l'adulte (1
g/kg chez l'enfant), à délayer dans 4 volumes d'eau. Si un lavage
gastrique a été pratiqué, cette suspension est
instillée par la sonde gastrique. Bien que le charbon soit inodore et
insipide, l'administration orale est plus difficile en raison de son aspect
répugnant et du caractère granuleux de la suspension. Elle peut
être facilitée chez l'enfant par l'addition d'édulcorants,
tels le sirop de groseilles ou de chocolat (qui n'altère pas les
propriétés d'adsorption du charbon), ou l'usage d'un
récipient opaque et d'un gros chalumeau. Théoriquement, le
l'élimination de certains produits peut être accrue en cas de
cycle entérohépatique (digitaline par exemple) ou «
entéro dialyse » (barbituriques par exemple). L'administration de
charbon est inutile et même contre-indiquée dans les ingestions de
caustiques (acides minéraux et organiques forts, alcalis). Elle est peu
efficace pour les produits non hydrosolubles, les alcools, les sels (en
particulier de lithium) et le fer. Les complications sont rares. Le charbon ne
semble pas aggraver le pronostic des pneumopathies en cas d'inhalation. Dans
quelques cas, il existe des adsorbants ou des neutralisants plus
spécifiques que le charbon activé pour neutraliser ou s'opposer
à la résorption des toxiques
+++
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++
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+
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chloroquine
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antidépresseurs
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paracétamol
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barbituriques
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benzodiazépines
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colchicine
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théophylline
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digitaliques
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salicylés
|
carbamazépine
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bétabloquants
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AINS
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phénothiazines
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parquât
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méprobamates
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- Substances absorbées par le charbon
activé-
Administration répétée de charbon
activé(« entérodialyse »)
L'entérodialyse consiste à administrer un
adsorbant de manière répétée, par voie orale ou par
sonde gastrique. Le principe est d'épurer toutes les
sécrétions digestives des toxiques qu'elles contiennent avant
leur réabsorption. L'efficacité cinétique de ce
mécanisme est démontrée par la réduction de la
demi-vie de substances telles que l'amitriptyline ou le phénobarbital,
administrées par voie IV ou intra péritonéale. D'abord
conçue pour interrompre le cycle entéro-hépatique de
certaines drogues (la digitoxine par exemple), on s'est aperçu qu'elle
permettait aussi une « dialyse intestinale » de drogues
présentant certaines caractéristiques (favorables à un
cycle entéro-entérique) : volume de distribution limité
(Vd < 1 l/kg), élimination lente (demi-vie longue), bon transport
transmembranaire (pKa bas), faible liaison protéique. L'administration
répétée de charbon activé est recommandée
pour les salicylés, la dapsone, la quinine, le phénobarbital, la
théophylline, la carbamazépine, le méthotrexate, le
diazépam, et surtout la digitoxine. Les clairances obtenues par
l'entérodialyse sont au moins égales à celles produites
par des techniques d'épuration extracorporelle. L'effet est plus douteux
pour d'autres substances comme le méprobamate, la digoxine, la
phénylbutazone, la diphénylhantoïne, le valproate, la
cyclosporine. La réalisation de la technique est encore mal
codifiée. Pour une efficacité maximale, il faut donner le charbon
activé à un rythme qui permet d'en remplir l'intestin
grêle, puis qui évite la désorption du toxique fixé.
Après la dose initiale de 50 à 100 g de charbon activé
destinée à prévenir l'absorption du toxique, on recommande
50 g toutes les 4 heures (ou 12,5 g/h) par sonde gastrique. L'administration de
charbon doit être poursuivie jusqu'à un retour aux concentrations
thérapeutiques. L'intérêt d'une association
systématique du charbon activé à un laxatif comme le
sorbitol est contesté, mais des antiémétiques peuvent
être indiqués. Le principe de l'entérodialyse est
également appliqué dans l'intoxication au thallium par
administration répétée de bleu de Prusse ou dans
l'intoxication au potassium par administration répétée de
résine échangeuse (Kayexalate®).
Laxatifs
La seule indication des laxatifs actuellement reconnue est la
prévention de la constipation induite par les doses
répétées de charbon activé. On utilise
généralement les laxatifs osmotiques (sorbitol 70 %, lactulose),
qui produisent une diarrhée rapide, parfois violente et
accompagnée de crampes abdominales, mais n'ont pas de toxicité
systémique. Des cas de déshydratation et d'hypernatrémie
ont néanmoins été rapportés,
généralement après administration
répétée. On peut éventuellement pratiquer un lavage
intestinal complet par une
Technique analogue à celle pratiquée pour la
préparation des patients en vue d'examens coliques (coloscopie) par
administration de 0,5 (enfant) à 2 litres (adultes) par heure d'une
solution ionique associée à du polyéthylène-glycol
(solution PEG-ELS, exemple: Colopeg®).
Cette technique est particulièrement recommandée
pour l'intoxication massive aux sels de fer (non adsorbable par le charbon), ou
par des médicaments en enrobage à libération progressive
(slow release).
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