L'étude est faite en Afrique (Figure 3.c), au
Bénin (Figure 3.b), sur un territoire du Département des Collines
qui est à cheval sur les Communes de DASSA et de GLAZOUE mais qui ne les
couvre pas en totalité ni vers le nord, ni vers le sud (Figure 3.a). Ce
territoire que nous allons désigner dans la suite par secteur
d'étude est compris entre 2.1° et 7.4° Latitude Nord puis
entre 1.5° et 6.7° Longitude Est. Les Communes limitrophes sont
celles de SAVALOU à l'ouest et de SAVE à l'est. La description du
secteur d'étude passe par celle de la Commune de DASSA-ZOUME d'une part
et celle de la Commune de GLAZOUE d'autre part.
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FIGURE N°3 : PRESENTATION DU SECTEUR
D'ETUDE
3.1 Présentation de la Commune de DASSA-ZOUME
3.1.1 Milieu physique
La Commune de DASSA-ZOUME située au centre du BENIN
entre 7°29' et 7°56' latitude Nord puis entre 1°58' et
2°29' longitude Est. Elle est l'une des six Communes du Département
des Collines. Avec une superficie de 1711 km2, elle est
limitée au Nord par la Commune de GLAZOUE, au Sud par les Communes de
ZAGNANADO et de DJIDJA, à l'Est par les Communes de SAVE et de KETOU,
à l'Ouest par la Commune de SAVALOU. La ville de DASSA est le chef lieu
de la Commune. Cette ville est située à 203 Km de Cotonou,
capitale économique du BENIN, à 210 km de PARAKOU, la
métropole du Nord BENIN et à 250 Km environ au Sud-est de DJOUGOU
(PDC- DASSA, 2003)
3.1.2 Relief et différents types de
sols
Le relief de la Commune de DASSA est une
pénéplaine résultant de l'érosion du vieux socle de
roches du précambrien (gneiss et granite) qui alterne des sommets et des
dépressions plus ou moins fortes et allongées. Le point culminant
de la chaîne des collines de DASSA se situe à
ITAGUI (465 m d'altitude). La Commune présente une
géomorphologie particulière qui est liée à la
lithologie et l'historique géologique activement (Berding et Van Diepen,
1982, Houndagba, 1984 cités par Igué et Dagbérou, 2007).
Le paysage est caractérisé par des pénéplaines
surplombées par des inselbergs et des plateaux. Les collines
représentent les points les plus hauts du modelé avec une
altitude d'environ 390 m. Il a été recensé en 1989 plus de
44 collines, 16 rivières ruisseaux et plans d'eau qui irriguent le
secteur et au moins 20 bassins versants. Les pénéplaines
correspondent à une vieille surface avec une altitude moyenne d'environ
150 m. La pénéplaine elle-même est composée de deux
niveaux : une altitude moyenne (120-200 m) dans la partie Ouest et centrale et
une basse altitude (50-120 m).
Il existe plusieurs types de sols dans la Commune de DASSA.
Les sols ferrugineux tropicaux lessivés sur le socle cristallin couvrent
la majeure partie de la Commune. Par endroits et dans les zones de
dépression de la Commune, se trouvent les vertisols et les sols
hydromorphes. Les sols sont d'une fertilité moyenne. Ils
résultent de la désagrégation des granites, des
migmatites, des gneiss et des schistes. Ils sont généralement
fertiles et propices à l'agriculture. On dénombre dans la Commune
beaucoup de bas-fonds qui sont favorables à la riziculture et au
maraîchage (PDC DASSA, 2003).
3.1.3 Hydrographie
Le réseau hydrographique de la Commune de DASSA n'est
pas dense. En effet, cette Commune est drainée par : les cours d'eau
ci-après : OUEME et ZOU qui marquent la limite naturelle respectivement
à l'Est et au Sud de la Commune. On note également de nombreux
ruisseaux ou bras de cours d'eau à régime pluviométrique
saisonnier. Au nombre de ceux-ci on peut citer l' AGBADO sur la limite Ouest de
la Commune et le TEWI qui prend sa source depuis le centre de la Commune et la
traverse sur toute sa moitié Sud.
3.1.4 Climat
La Commune de DASSA se trouve dans une zone de transition.
Elle est située entre le climat subéquatorial et le climat
soudanien humide à saisons contrastées. Ce climat
rencontré est de type guinéen avec quatre (4) saisons : deux de
pluies d'inégales durées intercalées par deux
sèches. Ce régime pluviométrique caractérisé
par deux saisons des pluies distinctes semble progressivement
disparaître. La saison des pluies tend à devenir unique et est
marquée par des irrégularités dans le temps et dans
l'espace avec quelques fois des poches de sécheresse ou des excès
de pluies agissant sensiblement sur la production. Il pleut en moyenne chaque
année 1150 mm en 68 jours dans la Commune de DASSA. Les plus fortes
précipitations sont enregistrées entre juillet et septembre.
3.1.5 Végétation
La Commune de DASSA-ZOUME appartient à la zone
soudano-guinéenne. Elle recèle encore des formations
végétales naturelles intéressantes telles que des
formations végétales saxicoles qui continuent de subir tout en
résistant tant bien que mal aux assauts incessants des divers facteurs
de dégradation : l'extension des champs de cultures, les feux de
brousses, le paturage avec l'émondage des arbres pour le fourrage
aérien, l'exploitation du bois d'oeuvre, etc. La
végétation est une savane arborée arbustive très
dégradée. On y rencontre les formations végétales
suivantes :
· les forêts classées : la seule de la Commune
est la forêt classée de M'BETECOUCOU située aux confins de
la Commune.
· les savanes boisées ou arborées sur les
flancs et sommets des versants avec des espèces ligneuses comme,
Bytyrospermum parkii, Parkia biglobosa, Daniellia oliveri,
Combretum sp, Vitellaria paradoxa, Gardenia ternifolia,
Vitex domiana, Isoberlinia doka, Piliotigma thonningii ; Briadelia
ferruginea ;
· des strates herbacées comprenant Andropogon
gayanus, Panicum maximum, Schizachirium exile, Imperata cylindrica ;
· des reboisements individuels ou collectifs
constitués soit de Azadirachta indica (neem) ou de Tectona
grandis (teck) autour et dans la Commune, soit de Anacardium
occidental (Anacardier) dans les champs et les jachères.
Cette végétation fait l'objet d'une utilisation
extensive principalement par les agriculteurs migrants. On y rencontre aussi
quelques bribes de forêts sacrées.
3.1.6 Caractéristiques humaines et
socio-économiques
Le peuplement de la région actuelle de DASSA-ZOUME a
été fait lors de la troisième étape du peuplement
Yoruba qui correspond à la pénétration OYO, EGBA et AWORI.
Les EGBA ont occupé ADAACHA conquis sur l'ancien domaine du royaume de
IFITA qui a connu son déclin entre le XVII et XIX siècle (Boco,
1995).
Aujourd'hui, on remarque la présence des MAHIS
installés depuis le IX siècle dans certaines régions de
DASSA-ZOUME notamment dans les arrondissements de PAOUIGNAN, SOCLOGBO, GBAFFO
et KPINGNI. (Adam et Boco, 2004 ; cités par KOUAZOUNDE, 2006). Cela est
dü à la migration des fons d'Abomey vers l'Est (COVE, KETOU) et
vers le Nord (SAVALOU, OUESSE) pour donner les MAHIS.
De nos jours les fons migrent du plateau d'Abomey vers les
régions de DASSA à la recherche de terres cultivables. La Commune
de DASSA est composée majoritairement des ethnies IDAACHA et MAHI
auxquelles s'ajoutent les ADJA, les FON, les PEUHL, les YORUBA, les YOM-LOKPA
etc. (INSAE, 2002).
Au plan culturel, les religions pratiquées sont : le
christianisme (65,2% de la population), les religions traditionnelles (20,5%)
et l'islam (5,2%). Ces différents groupes religieux coexistent dans la
paix. Certains cultes traditionnels : le ZANGBETO (gardien de la nuit), le ORO
(qui lutte contre les sorciers et protège le village), et les
divinités telles que le HEBIOSSO (dieu du tonnerre), le SAKPATA (dieu de
la variole) etc., sont encore très présents dans les pratiques
adoratrices de la Commune, et leur fête annuelle toujours honorée
(INSAE, 2002).
La population de la Commune de DASSA est estimée en
1992 à 64.065 habitants et en 2002 à 93.967 habitants soit un
taux d'accroissement de 3,9% (RGPH/INSAE, 1992 et
2002). Elle représente 17,5% de la population totale
du Département des Collines. La population féminine est de 48.777
(51,91%) et la population masculine de 45.190 (48,09%).
La population de la Commune est largement rurale avec un taux de
75,45%. La densité est de 54,42 habitants/km2. Le taux annuel
de croissance de la population est de 3,40%. La population de la tranche d'age
de 0 à 14 ans représente 47,8% de la population et celle de la
tranche d'age de 15 à 59 ans, 45,4%. Les personnes du troisième
âge (plus de 59 ans) représentent 6,6%. Les personnes à
charge constituent donc 54,4% de la population. L'espérance de vie
à la naissance est de 55 ans.
La zone étudiée est subdivisée en dix (10)
arrondissements avec cinquante-trois (53) villages et quinze (15) quartiers de
villes.
La population rurale à plus de 75%, en grande
majorité compte 42.336 actifs agricoles. Les activités
économiques sont principalement l'agriculture, l'élevage, le
commerce, le transport et autres. La pêche et l'élevage se
révèlent être le groupe des activités secondaires et
l'élevage constitue la principale activité des peuhl. On note
principalement l'élevage des bovins.
L'agriculture est dominée par les cultures de mais, du
mil, du riz, de l'igname, du manioc, de la patate douce, de la tomate, du
gombo, du piment, de l'arachide, du niébé, du soja, du voandzou,
du coton et de la noix de cajou.
3.2 Présentation de la Commune de
GLAZOUE
3.2.1 Milieu physique
La Commune de GLAZOUE est un territoire à
caractère rural situé au coeur du Département des Collines
à 234 Km de Cotonou, la Capitale économique du BENIN. Elle est
comprise entre 7°45' et 8°30' Latitude Nord puis entre 2°05' et
2°25' Longitude Est. L'une des six Communes du Département des
Collines, d'une superficie de 1764 km2, elle est limitée au
Nord par les Commune de OUESSE et de BASSILA, au Sud par la Commune de
DASSA-ZOUME, à l'Est par les Communes de OUESSE et de SAVE et à
l'Ouest par les Communes de BANTE et de SAVALOU.
3.2.2 Relief et différents types de
sols
La Commune de GLAZOUE bénéficie d'un relief
marqué par une vaste pénéplaine qui se repose sur le vieux
socle granito-gnessique précambrien. Cette pénéplaine est
favorable à l'installation humaine. Elle est dominée par les
collines de SOKPONTA,
TANKOSSI, CAMATE, TCHAKALOKE, TCHATCHEGOU, MADEMBE, THIO,
OUEDEME, ASSANTE et AKLANKPA. La pénéplaine est inclinée
vers le Sud et se trouve à une altitude moyenne de 130 m. Cette
pénéplaine représente 80 % de la superficie communale, les
collines représentent 1 % de cette superficie alors que les bas-fonds
représentent les 14 % (Atlas Monographiques des Communes 2001).
Le sol permet le développement des activités
agricoles. Comme dans la Commune de DASSA-ZOUME, Les formations
pédologiques dominantes sont les sols ferrugineux tropicaux
nuancés quelque peu par des caractéristiques
particulières. Ces sols ont des aptitudes culturales reconnues, ce qui
explique l'afflux des populations des autres localités vers GLAZOUE.
En dehors des sols ferrugineux tropicaux, on y rencontre
aussi les sols hydromorphes des bas-fonds, de profondeurs très faibles
dans les localités de HAYA, KPAKPAZA, YAWA, AKLANKPA, ASSANTE, SOWE,
GOME, SOKPONTA, OUEDEME, YAGBO, MAGOUMI, HOUALA et OGRIN. Il y existe aussi des
sols peu évolués d'érosion qui sont sur les collines. De
façon générale les deux premiers présentent une
texture satisfaisante pour les cultures de saison sèche.
3.2.3 Hydrographie
Le climat détermine le régime hydrologique des
cours d'eau. Comme la Commune de DASSA-ZOUME, celle de GLAZOUE
bénéficie d'un réseau hydrographique qui n'est pas bien
fourni. Elle est arrosée dans sa partie nord-est et nord-ouest par de
petits cours d'eau saisonniers à l'exception du fleuve OUEME qui sert de
frontière naturelle entre GLAZOUE, OUESSE et SAVE. Parmi ces cours d'eau
saisonniers on a le RIFFO, l'un des affluents du fleuve OUEME, AGBANLIN-DJETTO,
TRANTRAN, KLAN, KOTOBO, AHOKAN, DONGA, AGBA-GBAVI, AJOLO et FERMAMANOU. Ils
favorisent le développement du maraîchage de contre-saison et les
activités de pêche artisanale.
De plus, on rencontre dans quelques villages de la Commune, un
certain nombre de bas-fonds érodés souvent fertiles et propices
à la culture du riz.
L'hydrographie favorise le développement et la
répartition de certaines espèces végétales sur les
différents types de sols.
3.2.4 Climat
La Commune de GLAZOUE est arrosée par un total
pluviométrique moyen voisin de 1060 mm par an (1978-2007). La
pluviométrie maximale a été enregistrée en 2003 et
elle
s'élève à 1497 mm tandis que la
pluviométrie minimale est de 640 mm et enregistrée en 1983
(Igué, SLISYS 2006). En ce qui concerne les températures, elles
varient faiblement au cours d'une journée et d'une année à
une autre. La température moyenne varie entre 24 et 29 °C. Les
températures minimales annuelles et températures maximales
tournent respectivement autour de 22 °C et 33 °C. A l'instar des
autres Communes du moyen Bénin, la Commune de GLAZOUE possède un
régime pluviométrique à quatre saisons : deux
sèches et deux pluvieuses, réparties dans le temps comme à
DASSA-ZOUME.
3.2.5 Végétation
La végétation de la Commune de GLAZOUE est de
type savane boisée. Elle est constituée des formations naturelles
(forêts riveraines, forêts galeries, forêts denses
sèches, forêts claires, des savanes boisées arborées
et arbustives, savanes saxicoles) et des plantations de Teck. Les forêts
riveraines et les galeries forestières le long des cours d'eau subissent
de fortes pressions ainsi que les forêts denses et sèches, les
forêts claires et les savanes pour des fins agricoles et d'exploitation
forestière. On y rencontre parmi les ligneux, les plus fréquents,
les espèces suivantes : Anogeissus leiocarpus, Parkia biglobosa,
Terminalia africana, Vitellaria paradoxa, et Vitex doniana sont
des espèces ligneuses qui intéressent surtout les exploitants
forestiers à cause de leur utilisation comme des bois d'oeuvre. Les
espèces comme Andropogon gayanus et Imperata
cylindrica sont des herbacées les plus répandues dans la
zone d'étude.
3.2.6 Caractéristiques humaines et
socio-économiques
Les caractéristiques humaines et
socio-économiques concernent l'historique du peuplement, l'effectif de
la population, sa répartition spatiale, sa structure puis les mouvements
de cette population et les activités menées par elle.
Les deux types de migrations ayant conduit au peuplement de
la Commune de GLAZOUE sont les suivantes: les migrations anciennes qui
désignent celles antérieures à l'ère coloniale.
Elles ont permis la mise en place des populations «présumées
autochtones» dont l'origine lointaine est difficile à
déterminer avec précision, en raison de l'inexistence de
documents écrits. Toutefois, l'analyse des coutumes permet de rapprocher
ces peuples à d'autres groupes socioculturels vivant sur le territoire
national ou au-delà des frontières nationales. Les migrations
anciennes concernent deux groupes socioculturels IDAATCHA constituant 59 % de
la population et les MAHI 40 %.
En ce qui concerne, le second groupe socioculturel, il
ressort que les MAHI, comme la plupart des peuples du bas BENIN, constituent un
sous-groupe de l'ethnie FON de source ADJA, originaire de TADO (Djigla, 1995).
Quant à la migration récente, elle se traduit par les migrations
en provenance de la partie nord et sud du pays. Venant de la partie nord, on
peut citer les BETAMMARIBE, les TEMBA (COTOCOLI) et les PEUHL que l'on
rencontre dans la Commune de GLAZOUE et surtout concentrés dans les
arrondissements de GLAZOUE, OUEDEME et MAGOUMI. Ces derniers auraient
quitté leur région au nord du Bénin surtout à cause
de leurs sols dégradés qui ne sont plus propices à
l'agriculture. Du Sud, viennent les FONS, de DJIDJA, de ABOMEY et de BOHICON
qui sont dispersés dans la Commune mais que l'on retrouve surtout dans
les arrondissements de ASSANTE et AKLANKPA. Les migrants Adja du Mono se
rencontrent à Thio, à GLAZOUE et le long du fleuve OUEME. Selon
Djigla (1995), ce mouvement est surtout dû au surpeuplement. Les
populations venues du Nord BENIN et du Sud BENIN (FON) arrivent pour
s'installer à leur propre compte et/ou pour le salariat agricole. Cette
immigration comble le déficit de la main d'oeuvre agricole dans la
Commune de GLAZOUE.
Au recensement de mars 1979, la population de la Commune de
GLAZOUE était de 37.860 habitants. En février 1992, au
deuxième Recensement Général de la population et de
l'Habitat (RGPH2) on dénombrait 59.405 âmes dont 28246 hommes pour
31.170 femmes. (INSAE, 1993). Ainsi, de 1979 à 1992, cette population a
connu un accroissement moyen de 1.657 habitants par an. Au dernier recensement
de février 2002, on enregistrait 90.475 habitants dont 43.558 hommes et
46.917 femmes dans les 48 villages de la Commune. Les femmes
représentent environ 52 % de la population de GLAZOUE. Ces femmes jouent
un rôle très prépondérant dans les foyers. La
population est en majorité jeune. Quant aux ménages, en
février 1992, on dénombrait 10.125 ménages dont 8348
ménages agricoles soit un pourcentage de 82,44 %. La taille des
ménages est en général de 5,9 enfants par ménages,
mais de 6,3 dans les ménages agricoles. En février 2002, ce
nombre est de 16.157 ménages dont 12.602 agricoles (INSAE, 2003).
S'agissant de l'ensemble des activités menées par
la population susceptibles de leur fournir un revenu, on peut citer
l'agriculture, l'élevage, la chasse et la pêche etc. L'agriculture
constitue la première forme d'utilisation des terres (Sokpon, 1995).
Elle est la principale source de revenu pour la majeure partie de la
population. Elle occupe plus de
50 % de la population (INSAE, 2005). En 1992, il a
été recensé 34.618 actifs agricoles dont 16.809 hommes et
17.809 femmes. L'agriculture est surtout pratiquée par les autochtones
et est qualifiée de subsistance puisque leur production est
essentiellement pour leur propre consommation. Les outils aratoires,
utilisés demeurent archaïques avec une limitation des
méthodes modernes (semences améliorées). Les principales
cultures produites sont le maïs, l'arachide, le manioc, l'igname, le soja,
le coton et les cultures maraîchères. Les techniques de production
pratiquées sont la culture sur brûlis, la rotation, l'assolement,
la culture attelée, la culture associée et la jachère.
On note aussi les produits de cueillette et de plantation. Du
point de vue occupation du sol, les cultures de coton, de maïs et d'igname
sont plus consommatrices d'espace. Notons qu'il existe deux saisons culturales
pour le maïs, l'arachide, l'igname et une seule pour le coton, le sorgho
et le voandzou.
L'élevage du gros bétail est l'activité
principale des Peuhls. Les différentes espèces
élevées sont les bovins, les ovins, les caprins et les porcins.
Le pâturage naturel est la principale source d'alimentation du
bétail. Il est abondant et très apprécié pendant la
saison pluvieuse et rare en saison sèche. La volaille et les autres
animaux gardés en enclos ou mis au piquet (cas des petits ruminants) se
nourrissent des épluchures de manioc ou d'igname, des
céréales, du son du maïs, ou de riz ou de la provende
achetée ou fabriquée localement.
Le commerce occupe aussi une place non moins importante (45
%) de la population de la Commune de GLAZOUE (INSAE, 2006). Les
commerçants vendent les produits agricoles dans neuf (9) marchés
pour la plupart après chaque saison culturale. Le gros commerce est
surtout pratiqué par les étrangers et quelques rares
autochtones.
Le marché de GLAZOUE communément appelé
« GBOMINA » est le troisième marché du BENIN
après celui de DANTOKPA et celui de MALANVILLE. Il s'anime une fois par
semaine (les mercredi). De part sa position géographique et son
caractère international, il est un important pôle de mobilisation
et de valorisation des produits agricoles (Kotchikpa, 2006). Il est
fréquenté par des commerçants venus de toutes les
régions du BENIN et même des pays de la sous région tels
que le TOGO, le NIGERIA, le NIGER etc. Les divers échanges de produits
agricoles qui s'y opèrent traduisent l'importance de l'agriculture dans
la vie des populations de cette Commune. L'accès à ce
marché constitue donc un atout pour la production agricole
La chasse concerne les petits animaux tels que les rats, les
aulacodes, les lapins et quelques autres gibiers (à poils, à
plumes, etc.) à cause d'une absence de forêt digne du nom. La
pratique utilisée est le feu de brousse et les petits pièges.
Quant à la pêche, bien qu'existent certaines
potentialités, la pêche n'est pas développée dans la
Commune. Elle se pratique surtout dans l'arrondissement de Thio
(Béthel), le long de la rive gauche du fleuve OUEME. A Béthel,
les pêcheurs venus des pays étrangers comme le Niger, avec des
engins plus performants, sont très actifs. La pêche connaît
des problèmes au nombre desquels on peut citer le manque de
matériels de travail et de crédits aux pêcheurs.
3.3 Raisons du choix de ce secteur
d'étude
Plusieurs raisons ont contribué au choix des Communes
de DASSA-ZOUME et de GLAZOUE pour identifier à l'aide de l'outil SIG,
les différentes zones et les systèmes de rizicultures qui leur
correspondent. Les principales sont les suivantes :
· Le Département des COLLINES dispose de
plusieurs bas-fonds. En effet, sur un total de 914 bas-fonds identifiés
dans tout le BENIN, Les Départements du ZOU et des COLLINES viennent en
tête et en comptent 247 (FAO ; 2005).
· Les études (Mama et al. en 1995) ont
montré que le riz, en exclusivité ou en association avec d'autres
cultures, est cultivé dans la majorité de ces bas-fonds.
· Ces deux Communes sont classées parmi celles
qui donnent les grandes productions du riz au Bénin et qui ont
été retenues pour la diffusion du NERICA (MAEP, 2005). Des
innovations paysannes ont été développées dans
cette même région pour la gestion intégrée des
adventices dans les rizicultures (Kouazoundé, 2006).
· Par ailleurs cette même région
possède une longue tradition dans l'étuvage du riz et constitue
aussi l'une des premières régions d'introduction du dispositif
amélioré d'étuvage à travers différentes
Organisations Non Gouvernementales (Kotchikpa, 2006).
Tous ces faits constituent déjà des atouts de
la région pour un développement de la filière riz.
L'identification des zones les plus aptes à cette culture serait un
autre atout pour la région.
TROISIEME PARTIE
4. Méthodologie
La démarche méthodologique utilisée dans
cette étude se résume en trois phases (Figure 4). Il s'agit
successivement de la recherche documentaire, de la collecte de données
et de leur exploitation. L'exploitation de ces données a
été faite à l'aide des matériels ci-dessous
cités.
4.1 Matériels utilisés
Dans cette étude, plusieurs logiciels sont
utilisés pour le traitement des données cartographiques, des
images satellitaires, des données numériques et pour l'analyse
SIG. Il s'agit essentiellement de :
· Le logiciel ERDAS IMAGINE 8.5 utilisé pour la
coupure des images satellite LANDSAT suivant les limites du secteur
d'étude.
· Le logiciel Excel pour la constitution des tables de
données à intégrer dans le SIG.
· Le logiciel ArcView GIS 3.3 pour l'élaboration
de la carte d'occupation du sol, pour l'extraction de la carte
pédologique, pour la génération des courbes de niveau et
du Modèle Numérique de Terrain, pour la conversion des
différentes coordonnées géographiques en fichier image et
pour l'exécution des différentes fonctions d'analyse spatiale.
· Les logiciels bureautiques Word 2003 et Open Office
respectivement pour la rédaction du mémoire et
l'établissement des diagrammes.
· L'appareil GPS portatif pour la collecte des
coordonnées géographiques des champs de NERICA.
Une description détaillée de l'utilisation de
chaque matériel est faite à la rubrique appropriée.
4.2 Démarche suivie
Après la recherche documentaire et la collecte des
données nécessaires à l'étude, les activités
menées se répartissent suivant les rubriques ci-après
(Figure 5) :
· Elaboration des différentes cartes
thématiques devant constituer les couches à superposer.
· Choix des critères de sélection
conformément aux exigences des systèmes de culture.
· Superposition des couches et exécution des
requetes pour l'extraction des zones possédant des
caractéristiques homogènes conformément aux exigences.
· Analyse, présentation des résultats et
discussion.
FIGURE N°4 : DIAGRAMME
METHODOLOGIQUE
PRODUCTION DU RIZ NERICA AU BENIN : IDENTIFICATION DES ZONES
PROPICES PAR ANALYSE GEOSPATIALE
q
sol
u
Requ
n
equê e es ap e
FIGURE N°5 : MODELE CARTOGRAPHIQUE DE LA
DEMARCHE SUIVIE RICA
4.2.1 Elaboration des cartes
Les variables considérées (utilisation du sol,
altitude, type de sol, précipitations, densité de population et
connaissance de la culture) sont tout d'abord cartographiées. Elles sont
ensuite combinées grâce aux fonctions de superposition et de
classement du logiciel ArcView GIS 3.3.
? Carte d'occupation du sol
Les données de base ayant servi à
l'élaboration de la carte d'occupation du sol sont les images
satellitaires LANDSAT fournies par le CENATEL, les coordonnées de points
particuliers collectées sur le terrain avec l'appareil GPS pour le
géoréférencement. Les deux images LANDSAT (2006 ;
Scènes 192-55 et 192-54) ont été utilisées et
coupées suivant les coordonnées :
Latitude Nord : 900 km
Latitude Sud : 850 km
Longitude Ouest : 393 km
Longitude Est : 443 km
La coupure d'image et le
géoréférencement ont été
réalisés avec le logiciel ERDAS IMAGINE 8.5. Le
logiciel ArcView 3.3 a été utilisé pour
l'interprétation, pour la digitalisation à l'écran et pour
l'édition de la carte d'occupation du sol (Figure 6).
? Carte des types de sol :
Grace à l'opération de coupure de la fonction
Géotraitement de ArcView 3.3, la carte des sols du
secteur d'étude (Figure 8) a été extraite à partir
de la carte pédologique de reconnaissance ORSTOM (Source, IMPETUS).
? Carte géomorphologique :
La carte topologique (Feuille de DASSA au 1/200000) de
l'Institut Géographique National (IGN) a été
utilisée dans le logiciel ArcView 3.3 pour la
numérisation des courbes de niveau. La carte des courbes de niveau a
été transformée en un Modèle Numérique de
Terrain (MNT) qui a servi à son tour à l'élaboration de la
carte géomorphologique. Pour ce faire, un profil topographique a
été généré pour présenter les
différents types de relief de la région. Par la suite, la
superposition du MNT avec le réseau hydrographique du secteur
d'étude a permis de repérer et de digitaliser les zones de basses
et celles de hautes
altitudes. Trois classes d'altitudes ont été
identifiées: une classe des fortes altitudes, une classe des altitudes
moyennes et une classe des faibles altitudes (Figure 10).
? Carte de répartition des hauteurs
pluviométriques :
Les données pluviométriques (Source, SLISYS
2006) des stations pluviométriques de DASSA et de GLAZOUE ont
été interpolées grace aux fonctions d'interpolation
basées les Polygones de Thiessen dans ArcView
GIS 3.3.
L'idée derrière cette méthode simple
d'interpolation est que la meilleure information concernant une
caractéristique d'un point peut être dérivée du
point de données le plus proche. Ainsi, les zones d'influence (polygone
de Thiessen) sont délimitées autour de chaque point
observé. Chaque point qui tombe dans la zone d'influence d'un point
connu prend la même valeur que ce dernier (Burrough, 1986).
Les polygones de Thiessen sont construits de façon que
les frontières des polygones soient équidistantes des points
voisins et de telle sorte que chaque emplacement dans un polygone soit plus
proche du point d'observation qu'il contient que tout autre point. Cette
méthode est très souvent utilisée dans l'analyse des
données climatiques, telles que les données
pluviométriques. Lorsqu'il n'y a pas des observations locales, les
données de la station pluviométrique la plus proche sont
utilisées. Pour faire ceci, les polygones de THIESSEN sont construits
autour de chaque station pluviométrique. La pluviométrie à
chaque emplacement du polygone qui entoure une certaine station
pluviométrique est considérée comme étant
égale à la pluviométrie mesurée au niveau de chaque
station. La pluviométrie à chaque polygone peut être
calculée comme étant la quantité de pluie
enregistrée à la station multipliée par la surface du
polygone (Aronoff, 1989).
Cette méthode présente un certain nombre
d'inconvénients. L'inconvénient principal est que les polygones
de Thiessen ne prennent pas en compte le fait que les points rapprochés
les uns des autres sont plus similaires que ceux qui sont
éloignés les uns des autres. Si l'ensemble des points
d'observation est dispersé et tous les points d'observation sont
éloignés les uns des autres, les polygones larges seront
construits. En réalité, il est très invraisemblable qu'un
emplacement rapproché de la frontière d'un polygone ait la
même valeur que le point d'observation lui-même (Aronoff, 1989).
Cette tâche a donné lieu à la carte de répartition
des stations pluviométriques installées sur le secteur
d'étude et de répartition des hauteurs de précipitation
(Figure 12).
· Carte de répartition des sites de
NERICA :
Les coordonnées des champs de NERICA relevées
par le Global Positioning System (GPS) ont été importées
dans ArcView GIS 3.3 et converties en fichier de forme pour donner la carte de
répartition des champs de NERICA. Un arrondissement dans lequel se
trouve au minimum un champ de NERICA est considéré comme
arrondissement ayant déjà l'expérience du NERICA (Figure
13).
· Carte de densité des populations
:
Les données démographiques (RGPH-3) de
l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) ont
servi à établir une carte pour indiquer les arrondissements
suivant leur densité de population.
Il est judicieux de tenir compte de la ressource humaine
disponible étant donné que le secteur d'étude est
situé dans une région rurale où la population agricole
représente 80% de la population totale (INSAE, 2005). Une forte
densité de population indique souvent une abondance de la main d'oeuvre
nécessaire pour l'agriculture. Trois classes de répartition ont
été retenues (Figure 14) : les zones de fortes densités
(187 à 263 hbts/km2) ; les zones de densités moyennes
(112 à 187 hbts/km2) et les zones de faibles densités
(36 à 112 hbts/km2).
4.2.2 Choix des critères de sélection des
sites de riziculture
Les critères suivants ont été pris en
compte pour la sélection des écosystèmes adaptés
aux systèmes de riziculture :
· Le critère environnemental qui tient compte des
deux variables : utilisation du sol et altitude. Il s'agit ici de tenir compte
de la situation des champs par rapport aux agglomérations, le relief, la
végétation, l'hydrographie, la voierie etc. L'on ne peut
installer un champ ni dans les agglomérations ni sur les montagnes ou
collines ni dans la forêt ou dans les cours d'eau et encore moins sur les
routes.
· Le critère pédoclimatique dont les
variables déterminantes sont : les données
météorologiques, le type et les caractéristiques
physico-chimiques des sols. Seuls le type de sol et la pluviométrie sont
pris en compte dans cette étude. A chaque système de culture
correspondent des types de sol bien précis et des hauteurs de pluies
appropriées.
· Le critère anthropique qui combine les
variables telles que la densité de population humaine, la connaissance
ou non de la culture et l'accessibilité aux structures agricoles et aux
marchés par les producteurs.
4.2.3 Exécution des requêtes suivant les
critères
Pour chaque critère identifié, des requêtes
liées aux conditions favorables ont été formulées
grâce aux fonctions analytiques de ArcView GIS 3.3.
4.2.3.1 Requêtes pour le système de culture
pluviale
· Critère environnemental
Les unités d'occupation de sol qui sont favorables
à la mise en valeur sont les cultures et jachères, les savanes
arborées et arbustives puis les forêts claires et savanes
boisées. Quant aux altitudes favorables, il s'agit des altitudes
moyennes. Les utilisations du sol favorables sont présentées
à la Figure 15.a et les terres d'altitudes favorables sont
présentées à la Figure 15.b.
L'intersection des deux cartes précédentes donne
les espaces aptes sur le plan environnemental (Figure 16).
· Critère pédoclimatique
Les types de sol en présence sont les sols ferrugineux
(tropicaux modaux et lessivés) et les sols ferralitiques (modaux,
faiblement désaturés et désaturés).
Seuls les espaces bénéficiant des hauteurs de
pluies entre 160 et 300 mm par mois pendant la phase végétative
(deux à trois mois) sont reconnus aptes. La période des semis
commence habituellement dans le mois de Juin. La période allant de Juin
à Septembre a été donc prise en compte pour couvrir la
période végétative. Les données exploitées
sont celles des huit années allant de 1997 à 2004 (SLISYS,
2006).
Ces différentes requêtes ont donné les
résultats représentés respectivement par la carte des sols
favorables (Figure 17.a) et celle des zones de précipitations favorables
(Figure 17.b).
La carte de la Figure 18 présente le résultat de
la combinaison des deux conditions favorables précédentes.
L'intersection de la carte environnementale et de la carte
pédoclimatique donne les zones propices au système (Figure 19).
Le critère anthropique servira à classer ces zones suivant les
niveaux de convenance : hautement, moyennement et faiblement convenable.
· Critère anthropique
Il est sans aucun doute que les ressources humaines
interviennent dans la production rizicole comme toute autre production. C'est
pour cette raison que, les arrondissements comme ceux de GLAZOUE et de DASSA
qui ont de fortes densités de population et dont les producteurs ont
déjà l'expérience du NERICA, sont considérés
comme ceux qui disposent des meilleurs atouts humains. Les arrondissements qui
disposent de fortes densités de population ou ceux dont les agriculteurs
ont déjà expérimenté la production du NERICA
viennent en deuxième position et les autres sont
considérés comme pauvres en atouts humains. On obtient la carte
d'influence humaine (Figure 20.b) qui permettra de classifier les zones
propices (Figure 20.a) selon qu'elles sont hautement, moyennement ou simplement
propices au système de riziculture.
4.2.3.2 Requêtes pour le système de culture
des bas-fonds
Par un procédé analogue au précédent
et avec les contraintes de sélection cidessous, on obtient les
différents résultats présentés par les cartes des
Figures 21 - 24.
v' Les sites doivent être dans les zones de faibles
altitudes
v' Les unités d'occupation du sol doivent être soit
les cultures et jachères soit les savanes arborées et arbustives
ou encore les formations marécageuses.
v' Les sols doivent être hydromorphes, alluviaux,
colluviaux ou vertiques.
v' Les contraintes anthropiques restent les mêmes que
dans le cas du système pluvial. Les Arrondissements ayant une forte
densité de producteurs qui ont déjà l'expérience du
NERICA sont hautement aptes. Par contre, ceux qui remplissent à peine
l'une de ces deux contraintes sont moyennement aptes. Sont faiblement aptes les
Arrondissements à faible densité de producteurs et qui n'ont pas
encore expérimenté la culture de NERICA.
v' Les données climatiques ne constituent pas des
contraintes ici.