1.1.2.
La coordination
La coordination exprime l'action de lier les mots ou groupes
de mots de même fonction syntaxique. Elle se manifeste par la
conjonction de coordination et l'adverbe conjonctif.
1.1.2.1. La conjonction de coordination
Les conjonctions de coordination, traditionnellement au nombre
de sept (mais, ou, et, donc, or, ni, car), assurent la coordination des
éléments de la phrase. Pour Bonnard (1992 :108), elles
permettent d'associer les idées sans instituer entre elles de
dépendance syntaxique. Dans l'expression de la conséquence,
le rapport de coordination joint deux propositions dont l'une énonce la
cause et l'autre l'effet. Les marqueurs de la coordination de
consécution sont donc et et. Ce rôle
apparaît dans les énoncés suivants :
2a. Tous connaissaient bien le père Quandieu, le
doyen des porions de Montsou, un vieux tout blanc de peau et de poils, qui
allait sur ces soixante dix ans, [...]. « Qu'est ce que vous venez
fiche par ici, tas de galvaudeux ? » cria-t-il. La bande
s'arrêta. Ce n'était plus un patron, c'était un
camarade ; et un respect les retenait devant
ce vieil ouvrier. (Ge, p. 315) ;
2b. Il régnait là une chaleur moite, la chaleur
enfermée de toute une nuit, alourdie par la bouche du calorifère,
restée ouverte ; et il (M. Hennebeau)
fut pris aux narines, [...] (Ge, p327) ;
2c. [...], on égorgeait sa fille, on rasait sa maison,
c'était donc vrai que ces mineurs pouvaient lui en
vouloir, parce qu'il vivait en brave homme de leur travail ? (Ge,
p348) ;
[2a] décrit la manifestation de la grève ;
dans leur rage à tout casser, les mineurs rencontrent un vieux mineur
qui inspire le respect, le père Quandieu, chargé de garder la
fosse d'une mine voisine à celle de Montsou. Et c'est justement parce
qu'il est respecté pour son âge et pour sa fidélité
qu'il est choisi pour assumer cette tâche. L'ordre qu'il donne
représente une force morale suffisante pour empêcher les jeunes
mineurs de poser leur acte de destruction. La conjonction et en gras
dans l'énoncé [2a] introduit la conséquence qui, dans ce
cas, ne vient pas d'un acte, mais d'un état de chose décrit dans
le premier énoncé. En [2b], Hennebeau est étourdi par
l'odeur que dégage le calorifère, conséquence de
l'excès de parfum dans l'air de la chambre qui a abrité une nuit
d'amour entre sa femme et son neveu.
En outre, Gaillard et Colignon (2005 : 237) soulignent
que la conjonction de coordination, par son sens, établit un lien
logique entre les deux éléments : et (addition), ou (choix),
car (explication)... Le principal lien logique que la grammaire
traditionnelle reconnaît à la conjonction de coordination
et étant celui d'addition, il y a lieu de se demander ce que ce
mot additionne dans les exemples ci-dessus. Ce qui amène à
réexaminer la relation de coordination notamment la place du coordonnant
et ses valeurs lorsqu'il est connecteur discursif ou argumentatif.
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