3.4.
Les adverbes d'intensité si, tellement, tant associés à
une
intonation exclamative
Associée à l'intensité, la description
de l'énoncé exclamative se décline
légèrement de celle associée au connecteur donc.
Nous n'en avons pas trouvé beaucoup d'occurrences dans notre corpus.
Nous l'étayons néanmoins par l'énoncé [18]
« Partons », dit Mme Hennebeau, en se
dirigeant vers sa voiture.
Jeanne et Lucie s'écrièrent. Comment,
si vite ! Et le dessin qui n'était pas fini !
(Ge, p466).
Il y a prédication d'une propriété sur
l'adverbe vite, le degré de l'intensité si est
le résultat comme le dit Hybertie (op cit :22) d'une
opération de parcours sur tous les degrés envisageables d'une
propriété sans qu'on puisse s'arrêter à un seul,
c'est cette incapacité de déterminer un degré, donc une
limite, qui fonde la valeur de l'exclamation.
Dans l'énoncé [18], la séquence
comment, si vite ! vient en réaction à
l'impératif partons. En effet, les Hennebeau sont allés
visiter la fosse qui s'est écroulée sous la force de
l'inondation ; leurs filles aiment dessiner, elles se sont mises à
faire un schéma des lieux, mais l'horreur qu'elles ont de la fosse en
décrépitude pousse leur mère à abréger leur
séjour, d'où l'énonciation de [18]. L'intensité
si qui précède l'adverbe de mouvement vite
traduit que sur l'échelle du degré, l'intensité a
atteint un niveau qui surprend le co-locuteur. En effet, la visite est courte
et ne permet pas au co-locuteur de réaliser entièrement son
programme. Pour cela, Hybertie (op cit. :120) signale que faute de
repère externe, toutes les valeurs sont envisageables, de même
d'ailleurs que toutes les conséquences sont également
envisageables. La séquence si vite ! apparaît, dans
cet énoncé, comme la conséquence qui est définie
parmi les conséquences envisagées.
Il ressort de cette étude des valeurs des
propriétés morphosyntaxiques de la conséquence que le
locuteur exploite l'implicite et les constructions détachées pour
exprimer la conséquence ambiguë, la pensée du locuteur est
donc opaque pour l'allocutaire et subtile pour l'énonciateur. La
modulation de l'énonciation par les signes modaux laisse
transparaître plusieurs nuances de la conséquence :
conséquence éventuelle, irréelle. Ces formes se
manifestent à travers l'aspect, l'hypothèse, la modalité.
Certaines constructions détachées et même l'interrogation
totale sont également rapprochées de l'implicite par leurs
valeurs argumentatives. Pour ce qui est du système corrélatif, il
ne permet pas de dégager clairement les motivations de son utilisation.
En somme, un constat se dégage :
l'expression de la conséquence touche divers niveaux : grammatical,
stylistique, linguistique et extralinguistique, et les outils morphologiques
qui l'introduisent sont également polyvalents, ce qui nous convie
à étudier l'analogie entre la conséquence et d'autres
relations de discours.
CHAPITRE
4
LA CONSÉQUENCE ET
LES AUTRES RÉLATIONS LOGIQUES
La conséquence, rappelons-le, exprime une relation
logique entre un fait et son résultat ou son effet. Pour Plantin
(1990 :40, 214), on parle de conséquence lorsque
l'évènement A est « cause » de
l'évènement effet, conséquence B ; A produit
B ; B se produit « à cause » de A. il
s'agit donc d'une relation de cohérence établie entre deux ou
plusieurs évènements. Au sujet de la cohérence, elle est
comprise comme une liaison logique, un rapport d'idées qui s'accordent
entre elles ; une absence de contradiction. Cependant, la
cohérence des textes est un phénomène bien plus complexe
que ne laisse entrevoir cette définition. Toujours parlant de la
cohérence, Reboul et Moeschler (1998 : 59) soulignent que
la cohérence est la propriété
définitoire du discours comme la grammaticalité est la
propriété définitoire de la phrase, [...] la
cohérence se définit par le respect de l'ensemble de
règles régissant l'organisation discursive des unités du
discours dans une langue donnée.
La relation de cohérence est diversement perçue
par les auteurs. Elle peut être établie implicitement, par
inférence, ou par le contexte. Mais elle peut aussi être
signalée explicitement par la présence d'un connecteur. Chaque
relation logique est marquée en outre par plusieurs types de marqueurs
qui sont d'usage plurifonctionnel. Dans l'étude de la
conséquence, nous nous sommes rendue compte qu'il existe des formes
linguistiques exprimant, en plus de la conséquence, la comparaison, le
but et même la concession. C'est pourquoi ce chapitre se propose de faire
une étude comparative entre la conséquence et ces autres
catégories de la causalité. Dans cette perspective, nous
envisageons de partir de l'étude du rapport entre la conséquence
et la finalité pour aboutir à celle de la conséquence et
la concession en passant par celle de la conséquence et de la
comparaison.
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