WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude de la conséquence en français contemporain: Le cas de trois oeuvres d'Emile Zola

( Télécharger le fichier original )
par Lysette Nanda
Université de Yaoundé I - DEA de langue française 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2.2. La modalité

Dans la communication, le locuteur peut s'adresser à quelqu'un de différentes manières, selon la façon dont il veut agir sur lui. Il s'agit de la relation de l'énonciateur à l'énoncé. Il y a donc dans l'énoncé deux éléments : ce qui est dit, le contenu propositionnel, et la modalité qui est la position du locuteur par rapport à ce contenu. En effet, la présence de l'émetteur dans son énoncé ne se voit pas qu'à travers l'utilisation des pronoms liés à cet émetteur (je, nous, mon, notre...). Il peut aussi exprimer sa subjectivité en indiquant, par des indices, ses sentiments ou son avis par rapport à ce qu'il dit. On appelle modalisation l'ensemble de ces indices qui peuvent être des verbes modaux, des adverbes, etc. Au sujet des modalités d'énoncé, Riegel et alii (1996 :579) déclarent qu'elles renvoient au sujet de l'énonciation en marquant son attitude vis-à-vis du contenu de l'énoncé. [...] Elles expriment la manière dont l'énonciateur apprécie le contenu de l'énoncé. Il peut donc s'agir du doute, de la certitude, du souhait. La modalisation s'apprécie mieux en contexte et cette notion englobe diverses perceptions que Meunier (1974 :8) cité par Vion (2007 :194), ressort ainsi :

le terme modalité est saturé d'interprétations qui ressortissent, explicitement ou non, selon les linguistiques qui l'utilisent, de la logique, de la sémantique, de la psychologie, de la syntaxe, de la pragmatique ou de la théorie de l'énonciation.

Le subjonctif fait partie des différents moyens d'expression de la modalité, et aussi de ce que la tradition grammaticale appelle mode. Elle en distingue quatre : l'indicatif, le conditionnel, l'impératif et le subjonctif. Ces différents modes traduisent, chacun à sa manière, des nuances de sens. Voilà pourquoi Grevisse et Gosse (1993 :565) reconnaissent qu'ils

expriment l'attitude prise par un sujet à l'égard de l'énoncé ; ce sont les diverses manières dont ce sujet conçoit et présente l'action, selon qu'elle fait l'objet d'un énoncé pur et simple ou quelle est accompagnée d'une interprétation.

Ainsi, la modalisation n'est pas un fait innocent. En contexte, la conséquence éventuelle se manifeste sous différentes formes : de sorte que + sans doute et pouvoir + verbe.

2.2.2.1. La conjonction De sorte que + sans doute

L'adverbe sans doute est composé de la préposition sans et du morphème doute, marque de l'incertitude. Avec l'adjonction de la préposition, l'adverbe marque traditionnellement l'absence de doute, c'est-à-dire la certitude. Cependant, dans certains emplois, on est en présence de l'éventualité comme il est question dans [10] :

10. [...], devant la crise les camarades étaient certainement montés, [...], jusque dans les tailles les plus hautes, de sorte qu'ils se trouvaient sans doute acculés au bout de quelque voie supérieure. (Ge, p458).

Dans cet énoncé, le mode du verbe conjugué est l'indicatif, mode du réel. Mais l'environnement contextuel comporte des indices qui empêchent l'état de chose décrit dans P1 : devant la crise les camarades étaient certainement montés, de rendre effective la conséquence dans P2 : ils se trouvaient sans doute acculés au bout de quelque voie supérieure. L'adverbe de modalité sans doute dans P2, reconstruit son repère à partir de certainement de P1. Sans doute renforce l'incertitude déjà manifestée par le locuteur par l'emploi de certainement. Garde Tamine (1998 : 71) parle des marqueurs de la modalité déontique, celle qui est relative à la valeur de vérité de la proposition. Vion (2007 :201) va plus loin pour reconnaître que l'effet du modalisateur certainement, en dépit de son sens littéral, va provoquer un brouillage sémantique conduisant l'énoncé à comporter, tout au plus, une modalité de forte probabilité. Malgré la présence d'un marqueur de consécution (de sorte que), les adverbes d'énonciation (certainement et sans doute) modalisent la conséquence et laissent transparaître l'hésitation, le doute qui animent le locuteur au moment de son énonciation. Dans ce sens Maingueneau (1996 : 45) souligne que le locuteur

situe son énoncé par rapport au vrai et au faux, au possible et à l'impossible, au nécessaire et au contingent, au permis et au défendu, il manifeste en termes de vouloir, de souhait... sa distance à l'égard de la réalisation du procès.

Ainsi le locuteur porte des jugements, des appréciations sur ce procès à l'aide de ces deux adverbes ; dans ce sens ils peuvent commuter avec les adverbes probablement, peut-être, etc. Ils supposent une rupture entre l'énoncé et la situation d'énonciation, c'est-à-dire que le locuteur prend un recul par rapport à ce qu'il énonce. Ce qui amène Vion (op cit. : 203) à dire au sujet du modalisateur sans doute, qu'il contribue à établir une distanciation vis-à-vis des énoncés. Cette distanciation est provoquée par le dédoublement énonciatif du locuteur et par le caractère réflexif du commentaire. Ainsi, mentionne l'auteur, l'image d'un sujet dédoublé qui prend de la distance par rapport à son dire provoque une opacité du sens de l'énoncé qui peut aller, dans le cas présent, jusqu'à une relative incertitude et à l'existence du doute. Cette affirmation conforte notre point de vue selon lequel en modulant son énonciation, le locuteur se met à l'abri de toute contradiction par l'interlocuteur, on peut penser qu'il agit ainsi par prudence puisque l'opacification peut lui conférer une certaine autoprotection ; surtout que ce qui est éventuel est hypothétique, douteux, incertain, aléatoire. La conséquence éventuelle est celle dont certaines conditions doivent être remplies pour qu'elle ait lieu. C'est donc en fonction du contexte et parfois de l'intonation que le co-énonciateur peut reconstruire un sens.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault