1.1.3.1.2. Finir par
Le lexème finir signifie achever,
parachever. Mais ce sens ne permet pas à finir
d'introduire une conclusion que s'il est corrélé à la
préposition par qui introduit la conclusion d'un fait ou d'un
évènement. Dans ces exemples :
12a. Elle (la Compagnie) fut si frappée, qu'une fois
encore elle sentit le besoin du silence. [...]. D'ailleurs, elle ne
soupçonna pas le vrai coupable, elle
finissait par croire
à une armée de complices, ne pouvant admettre q'une seul
homme eût trouvé l'audace et la force d'une telle besogne ;
[...]. (Ge, p456) ;
12b. Mais, quand les Grégoire furent descendus, avec les
paquets, ils frappèrent vainement, ils finirent
par taper à coups de poings dans la porte, sans
obtenir davantage de réponse [...]. (Ge, p466) ;
12c. Etienne racontait ses courses inutiles depuis une
semaine ; il fallait donc mourir de faim ? bientôt les routes
seraient pleines de mendiants. Oui, disait le vieillard, ça
finirait pas (sic) mal tourner, car il n'était pas Dieu
permis de jeter tant de chrétiens à la rue. (Ge, p10).
Nous n'avons pas trouvé des études sur la
locution verbale finir par. Cependant, l'environnement contextuel et
l'univers référentiel permettent qu'on puisse tirer de
l'étude de cette locution une conséquence. En s'appuyant sur
l'énoncé [12a], dans l'univers référentiel,
lorsqu'on ne parvient pas à trouver le coupable ou, si l'on a eu
à se faire beaucoup d'ennemis, alors en présence d'une
difficulté, comme c'est le cas dans cet exemple, il est difficile de
penser à un seul individu. C'est pourquoi la Compagnie n'arrive pas
à soupçonner le coupable, mais elle pense plutôt à
une armée de complices, c'est-à-dire à tous les mineurs
qui sont en grève, le raisonnement qu'a fait la compagnie l'a conduit
à tirer cette conclusion. Or, si la conclusion d'un fait est
perçue comme la décision finale, l'action de conclure
apparaît aussi comme une conséquence tirée d'un
raisonnement ; il n'y a donc pas de cloison étanche entre la
conclusion et la conséquence. C'est en effet parce que la compagnie n'a
pas pu trouver le coupable que, malgré elle, elle a conclu que les
saboteurs de la fosse devaient être une armée de complices.
En [12b], les Grégoire veulent absolument offrir, par compassion, des
cadeaux à la famille Maheud, ils frappent à la porte, mais
vainement, c'est la rage de ne pouvoir pas accomplir leur acte qui les
amène à taper à coups de poings dans la porte. En
revanche, l'énoncé [12c], n'accepte pas la même analyse. De
là on se demande si l'adverbe de négation pas, à
la place de la préposition par, n'est pas à l'origine de
cette inacceptation, et si cette impossibilité d'interpréter
l'énoncé n'est pas due à sa structure agrammaticale.
Par l'emploi de finir par, le locuteur amène
l'allocutaire à tirer la conclusion qui est prévisible.
Pour cela finir par est commutable par alors, pourvu que le
verbe (croire) se mette à un temps qui concorde avec le verbe de P1,
comme nous le voyons dans [12a'] :
Elle (la Compagnie) fut si frappée, qu'une fois encore
elle sentit le besoin du silence. [...]. D'ailleurs, elle ne soupçonna
pas le vrai coupable, alors elle crut à une armée de
complices, ne pouvant admettre q'une seul homme eût trouvé
l'audace et la force d'une telle besogne ; [...].
Par cette occurrence, on note qu'une étude de
l'expression de la conséquence impose certaines contraintes par exemple
celui du temps. Cette étude promet d'être très
intéressante. Notre approche ne nous donnant pas la latitude de nous y
attarder nous y reviendrons si l'opportunité nous est donnée dans
le cadre d'une autre étude. D'autres verbes entrent dans la construction
de la causalité. C'est le cas notamment du verbe
entraîner qui signifie mener à terme, provoquer,
déclencher, etc. dans l'échantillon [13] :
Tout se tenait, le fléau soufflait de loin, une chute en
entraînait une autre, les industries se culbutaient en
s'écrasant, [...]. (Ge, p361).
Le sémantisme de ce verbe est assez significatif pour
permettre qu'il puisse provoquer la conséquence réelle,
également introduite par le groupe prépositionnel
jusqu'à + GN.
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