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Etude de la conséquence en français contemporain: Le cas de trois oeuvres d'Emile Zola

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par Lysette Nanda
Université de Yaoundé I - DEA de langue française 2006
  

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3.2.4. L'argumentation

L'argumentation est l'action d'argumenter et argumenter, c'est vouloir convaincre, persuader, ou délibérer. Si argumenter consiste à soutenir ou à contester une opinion, cette tentative vise aussi dans le même temps à agir sur le destinataire en cherchant à le convaincre ou à le persuader. Cela permet d'affirmer que l'argumentation tire sa substance de la rhétorique de la Grèce antique. Pour ce faire Blanchet (1995 :9-10) constate qu'il existe le principe de réalité agissante au coeur de la pragmatique qui constitue un mode d'approche des phénomènes. Ce qui fait des premiers rhétoriciens des pragmaticiens. En effet, pour Blanchet, ils abordèrent depuis Platon et Aristote jusqu'à Sénèque, Cicéron et Quintilien un modèle classique fondé sur la connaissance des passions et des moeurs. Pour ces anciens, le discours ne s'adresse pas un être humain abstrait, amorphe, réduit à l'état de sujet partageant le code linguistique de son interlocuteur, mais à un homme réel capable de faculté de jugement. La rhétorique décrit et explique les modalités selon lesquelles un discours oral ou écrit tente d'agir sur le public. La rhétorique décrit et explique les modalités selon lesquelles un discours oral ou écrit tente d'agir sur le public. Pour Amossy (op. cit : 3), la rhétorique conçue par Aristote

apparaît comme une parole destinée à un auditoire qu'elle tente d'influencer en lui soumettant des positions susceptibles de lui paraître raisonnable. Elle s'exerce dans tous les domaines humains où il s'agit d'adopter une opinion, de prendre une décision, et non sur la base de quelque vérité absolue nécessairement hors de portée, mais se fondant sur ce qui est plausible.

En d'autres termes, toute étude sur l'argumentation s'interroge sur la nature des moyens que mobilise l'orateur pour persuader son auditeur. Mais avant toute chose il est utile de voir ce que pensent les théoriciens de l'argumentation.

Pour Grice (1979) l'argumentation est définie schématiquement. Elle est perçu par l'auteur comme un ensemble des stratégies discursives d'un orateur A qui s'adresse à un auditeur B en vue de modifier, dans un sens donné, le jugement de B dans une situation S. Perelman (1977 :23) pense que par l'argumentation le locuteur veut provoquer ou accroître l'adhésion des esprits aux thèses qu'il présente. Reprenant Saint Augustin (1887 :13), Perelman note que l'auditeur ne sera persuadé que

s'il est conduit par vos promesses et effrayé par vos menaces, s'il rejette ce que vous condamnez et embrasse ce que vous recommandez ; s'il se lamente devant ce que vous présentez comme lamentable, et se réjouisse de ce vous présentez comme réjouissant ; [...].

En conséquence, pour parvenir à ce résultat, il faut mettre en oeuvre un ensemble de procédés discursifs que nous nous proposons d'étudier. L'approche discursive est toutefois contestée par Anscombre et Ducrot (1988 :8) pour qui un locuteur fait une argumentation lorsqu'il présente un énoncé E1 [...] destiné à en faire admettre un autre E2. La structuration de l'énoncé (E1 vers E2) passe par plusieurs types de relations selon que le locuteur sollicite ou non l'emploi d'un connecteur. Dans le premier cas, l'analyse des différents procédés de marquage et d'articulation renvoie essentiellement à l'étude de l'emploi des connecteurs argumentatifs, qui représentent dans notre étude les formes morphologiques de la conséquence. Les auteurs pensent que l'argumentation n'est pas un ensemble de stratégies verbales visant à persuader ; elle consiste donc en une relation entre un ou des arguments et une conclusion. Ainsi perçue, le terme conclusion recouvre plusieurs valeurs : conséquence, résultat, résumé, finalité, etc. De toutes les façons, ces auteurs prennent l'argumentation pour un fait de langue et non un fait de discours ; cela peut se justifier par le fait qu'ils sont les partisans de la pragmatique sémantique.

L'argumentation est donc nécessaire, voire indispensable en pragmatique dans la mesure où elle n'utilise pas seulement des arguments logiques validés, mais aussi des procédés rhétoriques dans le but de persuader. En plus, si la pragmatique est la science qui étudie le langage en situation et en action, alors il devient évident qu'elle ne peut se passer de l'argumentation au cours de ses réflexions multiples sur les interactions conversationnelles dans leurs contextes. En effet, qu'il s'agisse d'un monologue, d'un dialogue, d'un trilogue ou d'un polylogue, la pragmatique analysera :

- le dispositif d'énonciation qui se préoccupe de savoir qui parle ; à qui et dans quelle situation de discours ;

- la dynamique interactionnelle qui étudie la logique et les stratégies de l'échange entre les partenaires ;

- les données institutionnelles, sociales, historiques car toute parole est située dans un espace social dont les règles varient selon les cultures et les époques.

Par ailleurs, une argumentation, pour être efficace, doit être organisée ; il ne suffit pas d'aligner les arguments les uns derrière les autres, et cela indéfiniment. Chaque discours a une ampleur déterminée, variable selon les circonstances. Les arguments sont présentés dans un ordre qui leur donne le plus d'efficacité, car, au fur et à mesure que le discours se déroule, l'auditoire se transforme sous son influence. En clair, dans ce fragment de discours de notre corpus,

16. Il (Jeanlin) tenait un bloc de houille entre ses cuisses, il le débarrassait, à coups de marteau, des fragments de schistes ; et une fine poudre le noyait d'un tel flot de suie, que jamais le jeune homme ne l'aurait reconnu, [..]. (Ge, p499).

La conséquence arrive dans un ordre effectivement chronologique. En fait, si Etienne ne voyait pas Jeanlin, c'est parce que ce dernier était noyé dans le flot de suie. L'inverse ici n'est pas possible. Argumenter ne revient donc pas à démontrer la vérité d'une assertion, ni à indiquer le caractère logiquement valide d'un raisonnement, mais il revient à donner des raisons pour telle ou telle conclusion. Ces raisons constituent autant d'arguments.

Moeschler et alii (1985 :18) propose d'analyser le rapport entre les faits argumentatifs et les faits conversationnels. Il déclare donc que :

Toute interaction verbale, dont le lieu de réalisation est la conversation, définit un cadre de coaction et d'argumentation. A savoir, un espace où certaines action étant engagées, ou certaines conclusions visées, les interlocuteurs sont obligés de débattre, perdre ou gagner la face, [...]. L'analyse du discours conversationnel aura donc pour objectif de mettre à jour les coactions et argumentations qui interviennent dans les interactions verbales.

Pour atteindre donc cet objectif, l'analyse du discours combine l'aspect syntaxique et sémantique auquel elle associe l'étude des valeurs en contexte des unités linguistiques comme l'adverbe, la conjonction etc. Dans ce sens Moeschler et Reboul (1992 :37) : déclarent que

Le traitement syntaxique précède le traitement sémantique, qui précède le traitement pragmatique. En d'autres termes la sortie de la syntaxe constitue l'entrée de la sémantique, et la sortie de la sémantique constitue l'entrée de la pragmatique. Quant à la sortie de la pragmatique, elle décrit la valeur de l'action.

Dans l'étude de la conséquence, il se révèle que tous les concepts sont opératoires, d'ailleurs, ils sont indissociables. L'approche des auteurs nous semble plus appropriée parce qu'une telle combinaison autorise beaucoup plus de flexibilité dans la description et permet l'intégration de dimensions (syntaxiques, sémantiques) souvent séparées dans les autres approches.

Sur le plan fonctionnel, la grammaire distingue deux principales formes d'expression de la conséquence : la conséquence simple et la conséquence subordonnée. Sur le plan notionnel au contraire, il existe plusieurs autres manières de l'exprimer. Et les connecteurs qui impliquent la conséquence n'introduisent pas toujours un CCC. Quelle soit classique ou structurale, la grammaire ne se préoccupe que de la phrase qui est le résultat de l'acte d'énonciation, sans remonter en amont de la production de l'énoncé. Elle n'exploite, en outre, que des phrases extraites des corpus éparpillés, ce qui ne peut favoriser une étude en contexte des énoncés choisis. Pour pallier ces insuffisances qu'accuse la grammaire, la pragmatique crée les conditions propices à l'étude de l'intension de l'auteur, de la visée du discours et de la cohérence du texte. Ces différentes approches de l'énoncé montrent que la parole ne s'analyse pas seulement en termes grammaticaux et logiques, mais qu'elle est aussi examinée en terme d'influence, de la manière d'agir sur l'autre. L'approche pragmatique envisage donc diverses manières pour traduire la conséquence, entre autres les moyens morphologiques dont l'étude constitue l'objet du prochain chapitre.

CHAPITRE 2

LES MARQUEURS MORPHOLOGIQUES

DE CONSEQUÉNCE ET LEUR PORTÉE ARGUMENTATIVE

Le premier chapitre a révélé que le français offre divers moyens d'expression du rapport logique de cause à conséquence. Il a aussi établi que la grammaire distingue deux principales manières pour exprimer la conséquence. Hybertie (1996 :2) met en lumière, selon les opérations de pensée relatives à l'établissement d'une relation consécutive, deux types de marqueurs couramment utilisés pour décrire ce lien logique. Il s'agit des marqueurs de consécution factuelle et de raisonnement. Ces deux types de connecteurs expriment la conséquence explicite ; l'une des deux importantes catégories de la conséquence. Quel que soit le cas, Reboul et Moeschler (1998 : 77) définissent un connecteur pragmatique comme

une marque linguistique, appartenant à des catégories grammaticales variées (conjonctions de coordination, conjonctions de subordination, adverbes, locutions adverbiales), qui : a) articule des unités linguistiques maximales ou des unités discursives quelconques ; b) donne des instructions sur la manière de relier ces unités ; c) impose de tirer de la connexion discursive des conclusions qui ne seraient pas tirées en son absence.

Pour appuyer les propos de ces auteurs, Nølke (2008 :1-2) affirme que les connecteurs pragmatiques précisent non seulement les relations discursives, mais aussi sont susceptibles d'introduire des structures souvent très complexes et, notamment, ils introduisent un jeu polyphonique assez subtil. Les formes d'expression introduisant la relation logique de cause à conséquence étant fort nombreux et leur utilisation délicate, ce chapitre se fixe pour objectif, d'abord, de les décrire, ensuite de dégager leurs valeurs en langue et les différents effets de sens en discours, enfin de mettre en évidence la visée discursive qui sous-tend chaque emploi. Pour y parvenir, nous irons de l'étude de la conséquence réelle à celle de la conséquence irréelle pour aboutir à l'examen de la conséquence manquée.

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