Introduction
Dans les pays développés, les cancers
colorectaux sont une cause de mortalité importante. Ils constituent 10 %
des décès par cancer, juste après les cancers du poumon et
de la prostate chez l'homme, du sein chez la femme. En France, 30 000 nouveaux
cas sont diagnostiqués chaque année. Leur pronostic est
généralement mauvais, du fait d'un diagnostic tardif et de
possibilités thérapeutiques, adjuvantes à la chirurgie,
restreintes. Le taux de survie après intervention chirurgicale ne
dépasse pas 50 % à 5 ans. Le risque de cancer colorectal
cumulé au cours de la vie est de 5 %. Il augmente avec l'âge et,
comme pour la plupart des cancers à développement tardif, il est
faible avant 50 ans. L'âge moyen au diagnostic est de 65 ans
(Bedenne et a!, 1992).
La prise en charge biologique des cancers du côlon a
fait l'objet de plusieurs textes de recommandations, recommandations de
l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), de l'Agence nationale
d'accréditation et évaluation en santé (ANAES),
Références médicales opposables (RMO), Standards, Options
et Recommandations (SOR), en dépit desquelles les pratiques restent
diverses. Le dosage de l'antigène carcino-embryonnaire (ACE) et, plus
récemment, celui du CA 19B9 sont intégrés à des
niveaux variables selon les équipes dans le bilan
préthérapeutique, l'évaluation de l'efficacité du
traitement et le suivi des patients (Kleist et a!,
1996).
Il semble utile de faire le point sur les connaissances
actuellement validées dans le domaine des marqueurs tumoraux
sériques des cancers du côlon, en limitant l'étude aux
adénocarcinomes.
L'analyse génomique, la biologie moléculaire et
la biologie cellulaire permettent de comprendre que les marqueurs tumoraux ne
sont pas seulement des témoins sériques de la présence du
cancer mais qu'ils jouent aussi un rôle actif dans le processus de
dissémination métastatique. Ces données ne peuvent, en
l'état actuel, être intégrées dans la pratique
clinique mais ouvrent de nouvelles perspectives pour l'utilisation des
marqueurs tumoraux (Eche et a! ,2001).
La voie de signalisation wnt, initialement impliquée
dans le développement embryonnaire, peut également contribuer
à la progression tumorale lorsqu'elle est Activée de façon
constitutive. La béta-caténine est une protéine qui joue
un rôle important dans cette voie de transduction. Dans les processus de
développement, les facteurs wnt induisent une accumulation de
béta-caténine en inhibant sa dégradation. La
béta-caténine s'associe aux facteurs de la famille Tcf/Lef et
permet la transcription de gènes cibles (Morin et a!,
1996). Dans les cellules normales et en l'absence de facteurs
wnt, la béta-caténine est constitutivement
dégradée. Cette dégradation est initiée par un
complexe multiprotéique incluant le produit du gène suppresseur
de tumeur APC, la kinase GSK3beta, les protéines de la famille
axine/conductine et la béta-caténine ( Munemitsu et
a!, 1996) . Dans la majorité des cancers colorectaux,
des altérations géniques d'APC, de béta-caténine ou
de l'axine/conductine conduisent à la production de protéines
tronquées qui rendent impossible la dégradation de
béta-caténine. Les complexes béta-caténine/Tcf-Lef
activent alors de façon constitutive la transcription de gènes
dont les produits contribuent à la progression tumorale. Certains de ces
gènes ont récemment été identifiés : c-myc,
un facteur de transcription oncogénique, la cycline D1, un
régulateur important du cycle cellulaire, la matrilysine, qui est
impliquée dans l'invasion et la formation de métastases ou encore
la gastrine qui stimule la prolifération des cellules tumorales
coliques (Rubinfield et a!, 1996).
1. Anatomie du colon
Le colon ou gros intestin est la partie de l'intestin qui
s'étend du caecum où se déverse l'intestin grêle et
le rectum. Il mesure environ 1,5 mètre avec un diamètre initial
de 8cm, diminuant progressivement pour atteindre 3 à 4cm à sa
partie terminale. Il forme un cadre entourant l'intestin grêle. Il se
compose d'un caecum, cul de sac logé dans la fosse iliaque droite et
où s'abouche le jéjuno iléon. Il est prolongé
à sa partie inférieure par un diverticule de la grosseur du petit
doigt c'est l'appendice. Il commence par la fosse iliaque droite,
remontant le long du flanc droit jusqu'au foie, puis se dirigeant
transversalement jusqu'à la rate en passant au dessous de l'estomac,
puis redescendant le long du flanc gauche jusqu'à la fosse iliaque de ce
coté, où il prend le nom de rectum, au niveau de l'articulation
sacro iliaque. Il fait deux changements de direction au niveau du foie et de la
rate en formant deux angles appelés respectivement angle droit et angle
gauche du colon. Il est divisé en trois parties qui sont le colon droit
ou ascendant, le colon transverse et le colon gauche ou descendant.
(fig1) (Guyton, 1989)
Figure 1: anatomie du colon (Guyton,
1989).
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