Ebanda tono (les peaux tachetées): utilisations et représentations de la faune sauvage (Gabon)( Télécharger le fichier original )par Florence Mazzocchetti Université de Lettres et sciences humaines, Orléans - Master2 2005 |
III Vie Sociale et Organisation FamilialeIII.1 La Parenté et le Mariage Chaque groupe Bakota15(*) de la région de l'Ivindo se divise en un grand nombre de clan Ikaka qui sont caractérisés par des interdits alimentaires commun à tous les membres et une rigoureuse exogamie. Au niveau du village, le clan se divise en groupes familiaux nommés diyo, qui correspondrait au lignage, qui est l'unité de base du village. Le chef de clan éboto est le plus âgé de tous les chefs de lignage et joue un rôle de conciliateur et de justice, mais le plus souvent il suit les avis d'un conseil des vieillards (qui peut comporter des femmes) et ne fait que prononcer un jugement collectif sous sa responsabilité personnelle. La descendance est patrilinéaire chez les Ikota et les Mahongwé ; et matrilinéaire chez les Samaye, où le neveu utérin (soit le fils de la soeur d'Ego) est très important. Pourtant, chez les premiers, le neveu a tous les droits sur l'héritage et il peut, s'il le souhaite, prendre la maison de l'oncle défunt et y chasser la veuve. Peut-être est-ce une réminiscence d'un ancien système matriarcal ? L'exogamie entre cousins croisés et parallèles est absolue tant que la parenté est connue et l'inceste est fortement prohibé avec comme limites les femmes du père d'Ego, ses soeurs, les soeurs du père et de la mère ainsi que leurs enfants et les épouses des frères. Si autrefois le mariage était avant tout une alliance entre deux clans bien plus que la réunion de deux individus, de nos jours le choix du conjoint est le plus souvent libre, avec toutefois, le respect de l'exogamie clanique. Il existe deux façons de se marier : le mariage civil ou le mariage traditionnel. Les divorces ou « ruptures d'union » sont extrêmement fréquents chez les Bakota. Il n'est pas rare de trouver des hommes et des femmes mariés trois, quatre, cinq fois dans leur vie. Aussi, la plupart des mariages sont traditionnels car ils évitent les tracasseries administratives mais pas celui du remboursement de la dot. La séparation est souvent la décision de la femme pour diverses raisons comme le cocufiage, l'alcoolisme ou la violence du mari, son impuissance ou bien tout simplement pour rejoindre son amant. Ce phénomène nous montre que la liberté sexuelle est largement admise chez les Bakota. Il n'y a pas de culte de la virginité comme dans les régions musulmanes, les fiancés ont des relations sexuelles bien avant le mariage. Les enfants né hors mariages sont très bien acceptés car ils prouvent la fécondité de la jeune fille ce qui lui donne encore plus de valeur. III.2 Les Confréries Initiatiques A côté de l'organisation en clans et lignages, la société Bakota, au niveau villageois, comprend des groupes à caractère initiatique qui se manifestent par des pratiques rituelles périodiques et des danses spécifiques. Les confréries Bakota sont essentiellement des associations de protection magique : tous les rites tendent, en dehors de l'initiation proprement dite, à une confession des fautes relevant du domaine de la sorcellerie et de la thérapeutique qui en découle. Elles se répartissent en sociétés masculines, féminines et mixtes. Seules les cérémonies secrètes qui se déroulent en forêt sont réservées aux initiés ; au village les danses sont publiques et ont un rôle de divertissement (Perrois, 1968). Danses des hommes : Emboli (K) : danse des jeunes hommes masqués pratiquée lors des circoncisions et aussi pour vénérer les Ancêtres. Bwété (K) : danse des hommes initiés qui est pratiquée pour soigner un malade. Pour cela, le/les danseurs mange le bois sacré Iboga pour être en contact avec les Ancêtres. Mungala (K) : danse pratiquée lors de la circoncision, de la naissance des jumeaux et les rituels de guérison. Les seules femmes a pourvoir y assister son les jumelles et les mères de jumeaux. Membiri (K) : danse spéciale pour un rituel de guérison pratiquée par les initiés. Mobeye (K) : danse lors de la circoncision Bazangoye (K) : danse lors de la circoncision ou lorsque une personne est malade Danses des femmes : Bwanga (K) : lors de la naissance des jumeaux Magnala (K) : danse festive sans grande importance que l'on danse avant le début de la cérémonie de circoncision. Méloka (K) : danse contre la sorcellerie Isembo (K) : danse secrète pratiquée lors de la cérémonie de circoncision.
Danses mixtes : Méwanwan (K) ; Mazembo (M): danse lors de la circoncision pour fatiguer le candidat Tchuku (K) : danse festive lors de la circoncision Ngwata (K): danse festive qui réunit tout le village pendant la cérémonie de circoncision. Beaucoup de ces danses ne sont plus pratiquées aujourd'hui ou, en tout cas, plus sous les mêmes formes qu'auparavant. Les plus pratiqués sont le Méwanwan, le Bwété, le Membiri, le Mungala16(*) et Isembo. * 15 Je ne parle ici que des groupes étudiés (Ikota ; Mahongwé et Samaye) et non des Shaké. * 16 Sous une forme moins violente qu'autrefois. |
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