A- LES ENTRAVES AU DEVELOPPEMENT DES PME AU CAMEROUN.
I- LES CAUSES INTERNES A L'ENTREPRISE.
Les causes internes à l'entreprise correspondent
principalement aux difficultés d'approvisionnement en matières
premières, aux techniques et technologies de production peu
appropriées, à l'insuffisance de respect des normes et standards
de qualité, l'insuffisance
40 David FONGANG, La PME africaine face à
la mondialisation, op cit p.100
41 Ibidem.
42 A. S. AHMED, La promotion des transferts de
technologie des PME vers les pays en développement : implications pour
les politiques des pouvoirs publics et instruments applicables,
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement,
CNUCED 1982, p.19
43 MINDIC, La PME camerounaise et son
environnement : problèmes et indications, rapport du programme
expérimental de la PME, MINDIC, PNUD, BIT, ONUDI, février 1992,
p.9
qualitative et quantitative des ressources humaines, aux
difficultés d'accès aux marchés extérieurs.
1- Difficultés d'approvisionnement en
matières premières.
En raison de leur faible capacité financière
due aux difficultés d'accès aux crédits et à une
faible capacité d'autofinancement, les PME éprouvent
d'énormes difficultés d'approvisionnement en matières
premières aussi bien sur le plan national qu'international.44
Sur le plan national, elles sont confrontées à
l'indisponibilité de la plupart des biens intermédiaires et
matières premières, principaux inputs de leur processus de
production. Au Cameroun, la plupart des PME notamment celles du secteur
agro-alimentaire comme TOBITOR, SIDEMI ou INTER AGRO45
spécialisées dans la transformation des céréales
dont les matières premières sont disponibles sur le marché
national, font face à l'insuffisance ou la mauvaise qualité des
infrastructures de transport, aux coûts de transaction
élevés, ce qui alourdit davantage les coûts de production
et affecte leur compétitivité.
Sur le plan international, la difficulté réside au
niveau des coûts élevés à l'importation des
matières premières et des produits intermédiaires.
2- Techniques et technologies de production peu
appropriées
Les PME utilisent encore des techniques de production peu
appropriées ou encore des technologies
dépassées.46 Au Cameroun, sur le plan technique, les
difficultés auxquelles sont confrontées les PME portent sur
l'absence de procédés efficaces de production, le mauvais
agencement des processus ou encore l'obsolescence des installations. Beaucoup
d'entreprises en dépit de l'amortissement des équipements de
production, continuent de les utiliser.
Sur le plan technologique, les PME font face à une
obsolescence des technologies de production utilisées, très
importantes dans les domaines d'activité de transformation, dû non
seulement à une absence de culture de recherche/développement qui
ne leur permet pas de développer des programmes de recherches ou
à défaut, de s'approprier les résultats des recherches
menées par les grandes entreprises.
Durant les dernières décennies, l'innovation
technologique et le transfert de technologies ont été
identifiés en tant que contribuant important au développement
44 Jean Pierre SALLENAVE, Les PME face aux
marchés étrangers, Les éditions d'organisation, Paris
1978, p.15
45 Confère en annexe la liste des PME
interrogées.
46 David FONGANG, op cit p.67
économique. Ils participent pour près de 60% dans
la croissance économique des entreprises et les facteurs traditionnels
contribuent à environ 40%.47
Le transfert de technologie est un processus à
étapes multiples qui exige l'implication de divers intervenants : les
universités pour la génération et le transfert de la
connaissance, et agissent en conséquence en tant que catalyseur pour la
création de la Petite Entreprise ; et les PME pour la
démonstration de l'application d'une technologie, et également en
tant qu'intermédiaire pour le transfert de technologie vers la
commercialisation à plus grande échelle.48
3- Insuffisance de respect des normes/standards de
qualité
L'une des entraves à la compétitivité des
PME camerounaises réside dans le non respect des normes et standards
internationaux de qualité. Or les normes et qualité sont gages de
succès et de compétitivité pour les Petites et Moyennes
Entreprises et Industries.49
Avec la mondialisation des échanges, l'entrée en
vigueur probable des Accords de partenariat Economique (APE)50 et
surtout une stratégie d'industrialisation tournée vers les
exportations, donc la conquête des marchés extérieurs,
l'adoption des démarches qualité et le respect des normes sont
très déterminantes pour la survie de nos PME. Cependant, les
concepts de norme et qualité sont encore très peu encrés
dans les entreprises camerounaises, en raison notamment de l'insuffisance de
l'information en matière de normes et de l'insuffisance d'une
démarche qualité.51 Par exemple le secteur
agroalimentaire reste très exposé à cette absence de
normes. En effet beaucoup de produits ne disposent pas encore de normes
malgré la coordination de l'activité de normalisation au plan
national.52 Les produits agroalimentaires dont la plupart sont
destinés à la consommation nécessitent davantage de
47 B. MURRAY, Guide pour l'industrialisation des
pays en développement, Les éditions d'organisation, Paris
1965, p.36
48 B. MURRAY, op cit, p. 43
49David FONGANG, Les PME dans l'industrialisation
de l'Afrique, réflexion sur un modèle d'intégration
économique, Juridis info, n°9 mars 1992, Yaoundé
p.31
50 Le Cameroun a signé le 17 décembre
2007 un accord d'étape vers un accord de partenariat économique
entre la communauté européenne et ses Etats membres d'une part,
et les Etats de l'Afrique Centrale d'autre part. L'accord final vise la fin des
préférences commerciales accordées au pays ACP par l'Union
Européenne, et l'institution de la réciprocité en accord
avec les règles de l'OMC.
51 Confère conclusions du forum sur
l'entreprenariat privé et les PME qui s'est tenu les 06 et 07
décembre 2007 au Palais de Congrès de Yaoundé.
52 L'activité de normalisation est
menée au plan national par le MINIMDT qui dispose en son sein d'une
Division de la Normalisation et de la Qualité, en coopération
avec plusieurs autre Ministères (Commerce, Santé, Agriculture,
etc.), qui ont mis en place vingt comités techniques couvrant toutes les
activités pouvant donner lieu à normalisation, regroupant
à la fois des représentants du secteur privé et de
l'administration publique. Ces comités techniques ont permis
d'élaborer et d'adopter 300 normes dont 30 normes à
caractère obligatoire pour des raisons de sécurité.
normalisation et de contrôle de qualité. Les PME
camerounaises de ce secteur souhaitant en outre se développer hors de
frontières nationales doivent prendre en compte la normalisation de
leurs produits sur le plan international, afin de stimuler leur
compétitivité. En effet le Cameroun est membre de l'Organisation
Internationale de Normalisation (ISO), et l'Organisation Régionale
Africaine de Normalisation (ORAN), dont les estampilles sont gage de
fiabilité pour le commerce international.
4- L'insuffisance qualitative et quantitative des
ressources humaines.
Parmi les obstacles majeurs qui limitent le
développement des PME, on relève d'une part, le manque de
formation parmi les dirigeants de PME, et d'autre part, une gestion de
l'entreprise très fortement marquée par la personnalité du
gérant qui en est généralement le
propriétaire.53
En effet, pour des raisons culturelles, les entrepreneurs sont
assez réticents à partager leur pouvoir et à
répartir les tâches entre divers centres de décisions. Il
en résulte que les dirigeants ont souvent une appréciation
erronée du risque à prendre, et que parfois l'extrême
prudence les amène à prendre des décisions
déraisonnables.54 De plus, faute de moyens financiers, les
gérants de PME ne s'entourent pas de cadres compétents pour
renforcer leur capacité de gestion ou compenser leurs lacunes techniques
en matière de marketing, comptabilité, finance,
approvisionnement, production ou gestion des stocks.
De même, les dirigeants de PME n'ont pas conscience que
les différents stades de vie de l'entreprise sont intimement liés
à leur capacité d'organisation, et que la croissance de
l'entreprise doit s'accompagner d'une bonne gestion des ressources humaines et
d'une meilleure répartition fonctionnelle des tâches. Ils ne
perçoivent pas encore les bénéfices de la
délégation d'une partie de leur pouvoir de décision aux
personnes compétentes et le fait qu'un investissement en formation du
personnel constitue un capital qui implique à terme des retombées
bénéfiques pour l'entreprise en termes de qualité et de
compétitivité.
5- Les difficultés d'accès aux
marchés extérieurs.
Les PME éprouvent des difficultés d'accès
aux marchés extérieurs en raison notamment d'une absence de
partenariat d'affaires, d'une insuffisance de politiques de marketing et de
publicité/communication. En conséquence, leur ouverture au
commerce international est davantage plus faible. Les exportations des PME de
2005 à 2007 sont en
53 David FONGANG, op cit, p.67
54 Idem
moyenne de 585 millions de FCFA alors que les importations sur la
même période sont évaluées en moyenne annuelle
à 250 milliards de FCFA.55
Les capacités et la compétitivité des PME
camerounaises doivent être renforcées pour une meilleure
conquête des marchés sous régionaux et régionaux,
à l'instar de la sous région CEMAC et la région Afrique
Centrale. La sous région CEMAC offre un débouché potentiel
d'environ 38 161 000 habitants et constitue une énorme
opportunité d'exportation pour les PME camerounaises. Si à cette
aire géographique on ajoute la population de l'Angola (11 millions) ; de
la République Démocratique du Congo (60 millions) et du Nigeria
(128,77 millions), le débouché potentiel en matière
d'exportation est porté à environ 238 207 980 de consommateurs
dans toute l'Afrique Centrale.56
Les difficultés principales pour atteindre ces
marchés étrangers résident dans le manque de vision
stratégique et d'intérêt à l'exportation,
favorisé par une insuffisance de formation et d'information des
dirigeants des PME sur les mécanismes du commerce international, et sur
le manque d'infrastructure qui sont des entraves externes à la
compétitivité des entreprises.
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