B- L'INDUSTRIALISATION DE L'ECONOMIE.
Les PME camerounaises jouent un rôle important dans le
lien entre le secteur primaire, le secteur secondaire et le secteur tertiaire
de l'économie, entre l'agriculture, l'industrie et les services. La
contribution des PME dans l'industrialisation favorise la stabilité de
l'économie, la participation au commerce extérieur, l'attrait des
investissements et le transfert des technologies.
1. L'industrialisation et l'équilibre de
l'économie.
Les PME camerounaises sont localisées sur l'ensemble de
l'étendue du territoire. Ainsi, contrairement aux grandes entreprises
qui sont principalement localisées dans les grandes villes, les PME
participent à un équilibrage des industries dans le pays. En
effet, un fort tissu des PME bien distribuées dans les régions
permet de maintenir les communautés en place et préserver
l'équilibre de culture, la stabilité en diffusant une certaine
diversité dans tous les milieux.33 De même, les PME
donnent une certaine stabilité à l'économie dans la mesure
où leur nombre augmente ou diminue plus facilement, de façon
à maintenir une certaine stabilité.34
L'industrialisation permet aux PME d'envisager une production de masse et de
qualité, favorisant des économies d'échelle. Elle entraine
également des approvisionnements supplémentaires en
matières premières.
L'industrialisation de toutes ces activités
présente un potentiel énorme de croissance économique et
de commercialisation de masse, ainsi qu'un effet d'entrainement et de
dynamisation des différents secteurs de l'économie. En effet, la
plupart des approvisionnements des industries agroalimentaires résultent
de la production agricole, ce qui peut restructurer le secteur primaire et
favoriser l'intégration des activités de l'agriculture et de
l'industrie en une chaine de production, car les PME stimulent l'épargne
individuelle, renforcent les liens entre l'agriculture et l'industrie,
améliorent les conditions de vie des populations rurales,35
dont la principale activité est l'agriculture. L'industrialisation des
PME permet ainsi d'envisager une production de masse favorisant leur
intégration au commerce extérieur du Cameroun dont leurs
exportations sont quasi nulles.
33 G. P. SWEENEY, Les nouveaux entrepreneurs :
petites entreprises innovatrices, Les Editions d'organisation, Paris 1982,
p.54
34 David FONGANG, op cit, p.11
35 Conseil Economique et Social, promotion et
financement des PME nationales, op cit p.27
2. La participation au commerce extérieur.
Le commerce extérieur regroupe l'ensemble des
opérations d'importation et d'exportation des biens et services. Les PME
participent également au commerce international dans le
développement de leurs activités comme le montre le tableau
ci-après.
Tableau 5 : Evolution des exportations et des
importations des PME (en millions de francs)
Secteur d'activité
|
2005
|
2006
|
2007
|
Exportation des PME
|
Importation PME
|
Exportation des PME
|
Importation PME
|
Exportation des PME
|
Importation PME
|
Agriculture, élevage et pêche
|
0
|
1 322
|
0
|
11 854
|
0
|
897
|
Industrie
|
41
|
245 595
|
0
|
183 398
|
0
|
259 964
|
Services
|
488
|
19 220
|
0
|
21 257
|
566
|
22 717
|
Total
|
529
|
266 137
|
0
|
216 509
|
566
|
283 578
|
Source : INS, les comptes nationaux du
Cameroun,2008.
Le tableau ci - dessus montre que les exportations des PME
camerounaises restent encore très faibles. Par ailleurs, le taux de
couverture des importations par les exportations par les PME est
également très faible, les PME importent plus qu'elles n'en
exportent. Les importations portent essentiellement sur les matières
premières et autres bien intermédiaires comme des conservateurs
chimiques ou des machines. Sachant que les importations totales étaient
de 1 356 767 millions et les exportations de 1 281 906 millions en 2005 ; les
importations de 1 252 866 millions et les exportations de 1 294 971 millions en
2006 ; les importations de 1 251 356 millions et les exportations de 1 301 893
millions en 2007. Ainsi, les PME représentent 19,6%, 17.3% et 22.6% des
importations de ces trois années, contre moins de 1% des exportations.
Néanmoins, les opportunités d'exportations existent aussi bien
dans la sous région CEMAC avec un marché potentiel de 38 millions
de consommateurs environ, que dans la région d'Afrique centrale
où ce marché est estimé à environ 238 millions
de consommateurs. Des investissements supplémentaires
issus de l'étranger peuvent alors dynamiser les activités des PME
et stimuler leur développement.
3. L'attrait des investissements.
Le problème de financement des PME est
d'actualité au Cameroun. Pour développer leurs activités,
les dirigeants des PME ont davantage besoin de partenaires financiers pour
faciliter l'acquisition des machines dont les coûts sont relativement
élevés. En effet, l'implantation d'une entreprise
nécessite des investissements importants qui peuvent venir de
l'étranger.36 L'ouverture actuelle des marchés et des
frontières facilite la circulation des capitaux entrainant des grands
investissements qui sont encouragés et encadrés par les
règles spécifiques de l'OMC, et des dispositions juridiques
particulières au Cameroun.37 En effet, dans sa volonté
de bâtir une économie compétitive et prospère par le
développement des investissements et de l'épargne, l'Etat
camerounais reconnaît le rôle clé de l'entrepreneur, de
l'investisseur et de l'entreprise privée comme facteurs cruciaux de la
création de richesses et d'emplois devant faire l'objet d'une attention
particulière de la part de l'appareil étatique et de toute la
société.38
Les PME camerounaises ont un fort potentiel dans l'attrait des
investissements, bien que la plupart des investissements en direction du
Cameroun sont le fait des grandes entreprises. En effet, les principaux besoins
en investissement au sein des PME résultent de la demande en
bâtiments et en machine pour la transformation des produits. Ces
investissements favorisent le transfert des technologies dans les entreprises
tendant à améliorer la qualité des produits, favorisant
leur compétitivité.
4. Le transfert des technologies au sein des
PME.
Aucun domaine ne semble échapper aujourd'hui au
phénomène de technologie, principalement dans la transformation
des produits. La technologie accroît les rendements, bouleverse les
moeurs, accélère la croissance et multiplie les richesses
à un rythme soutenu.39 Le transfert des technologies est
très important dans l'industrialisation des entreprises. Les PME
camerounaises, pour ne pas être à l'écart de
l'évolution technologique, doivent intégrer de nouvelles
technologies pour améliorer la qualité de la production.
36 Yves TROTIGNON, Les pays en
développement face au xxe siècle, Dunod, Paris
1987 p.147
37 Loi n° 2002/004 du 19 avril 2002 portant
Charte des investissements au Cameroun.
38 Article 2 de la loi n°2002/004 du 14 avril
2002 portant Charte des Investissements au Cameroun.
39 David FONGANG, Les PME dans l'industrialisation
de l'Afrique, op cit p.99
Ce transfert des technologies peut revêtir plusieurs
aspects, vertical ou horizontal, contractuel ou non. Verticalement, le
transfert peut se faire d'un centre de recherche à une PME. A ce stade,
il provient de la recherche scientifique ou de l'ingénierie ; et le
transfert horizontal est le fait d'une adaptation d'un domaine d'application
à un autre domaine.40 Le transfert des technologies
contractuel ou non de la connaissance ou du savoir se fait entre une personne
et une autre, une personne et une organisation, une entreprise et une
autre.41 Les PME sont en effet de vaste champs
d'expérimentation des diverses technologies. Malgré leur faible
taille et leurs ressources limitées, les PME ne s'écartent pas du
champ technologique dans lequel elles s'insèrent. Les PME sont capables
de maitriser certains créneaux sophistiqués, et surtout des
technologies relativement simples, peu automatisées convenant à
des productions d'échelle.42
SECTION II : LE DIAGNOSTIC DE L'ENVIRONNEMENT DES PME
AU CAMEROUN
Les performances des PME dépendent aussi bien des
facteurs internes qu'externes. Si les facteurs internes relèvent du
management interne de l'entreprise et de ses choix stratégiques, les
facteurs externes ou environnement des affaires interpellent principalement les
pouvoirs publics. En effet, l'environnement des affaires peut être
défini comme l'ensemble des facteurs exogènes à
l'entreprise comme les infrastructures de base, l'accès au financement,
l'efficacité des institutions, le système fiscal, les
comportements négatifs des agents publics qui ont une influence
indirecte sur les performances des entreprises.43
L'analyse de l'environnement dans lequel évoluent les
PME au Cameroun présente les difficultés auxquelles font face ce
type d'entreprise, difficultés qui peuvent être internes ou
externes aux entreprises.
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