CHAPITRE IV : L'INTERNATIONALISATION DES PME
CAMEROUNAISES.
La réflexion sur le développement international
des PME revêt un caractère de plus en plus crucial,
particulièrement en ce qui concerne les pays en développement. En
effet, la mondialisation et l'ouverture des frontières
économiques, corollaire aux accords de l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) et ceux du libre échange, particulièrement avec
l'entrée en vigueur des Accords de Partenariat Economiques (APE) entre
les pays ACP et l'Union Européenne. De même, l'avènement de
la nouvelle économie induite par la percée et l'impact des
technologies de l'information et de la communication sur les échanges
commerciaux, abaisse les frontières géographiques et intensifie
la concurrence internationale.182 Dans cet environnement en
perpétuel mutation, la survie des petites entreprises passe par leurs
efforts de compétitivité et la recherche de nouveaux
marchés hors des frontières nationales. Dans cette logique, les
PME camerounaises de tous les secteurs doivent rechercher de nouveaux
débouchés notamment dans la sous région Afrique Centrale.
Il s'agit d'une alternative de croissance pour les PME opérant dans les
secteurs d'activité très concurrentiel, et de nouvelles
opportunités de développement pour les PME camerounaises
exploitant un créneau ou une niche, ou opérant dans un domaine
où la concurrence est relativement limitée compte tenue de
l'économie de marché. Les raisons du développement
international des PME camerounaises sont alors nombreuses et les facteurs
d'internationalisation incitent à l'intégration de la quête
des marchés extérieurs dans les politiques stratégiques
des PME camerounaises.
SECTION I : L'ANALYSE DU DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL
DES
PME CAMEROUNAISES.
La concurrence s'est considérablement
intensifiée ces dernières années dans tous les
marchés du fait de la diminution des droits douane, du
développement des infrastructures et de la signature de plusieurs
accords commerciaux mondiaux ou régionaux.183 Le
marché camerounais n'échappe à cette mutation, et les
raisons du développement international des PME camerounaises se trouvent
dans les caractéristiques même de son marché, et des
opportunités offertes par la sous région Afrique Centrale.
182 Patrick JOFFRE, Comprendre la mondialisation de
l'entreprise, Economica, Paris 1994, p. 17
183 Michel BATTIAU, Le commerce international, op cit,
p.10
A- LES CARACTERISTIQUES DU MARCHE CAMEROUNAIS.
L'analyse d'un marché suppose la prise en compte des
éléments constituant l'environnement dans lequel opère une
entreprise. Il s'agit notamment du potentiel du marché en termes de
consommateurs et le pouvoir d'achat des clients. Les caractéristiques
observées dans les marchés camerounais amènent les PME
à rechercher des débouchés hors des frontières
nationales. En effet, la faiblesse du pouvoir d'achat des populations de
l'Afrique subsaharienne rend les marchés nationaux fragiles pour les
PME.184 Le marché camerounais n'échappe pas à
cette logique car la faiblesse du marché intérieur, la forte
concurrence, les opportunités environnementales et la recherche de
nouveaux débouchés doivent pousser les PME camerounaises à
l'internationalisation.
1- La faiblesse du marché
intérieur.
Le marché intérieur camerounais est
principalement marqué par un faible pouvoir d'achat de la population
dans les villes et dans les campagnes.185 En effet, malgré la
population qui caractérise le marché intérieur d'un pays,
un marché national est porteur lorsque le revenu par habitant permet de
soutenir la demande.186 Ainsi, de nombreuses PME qui interviennent
dans des marchés localement limité à une région
n'aperçoivent pas des réelles opportunités de
développement dans le marché national. Traditionnellement, les
PME doivent commencer par asseoir leur position sur le marché local,
avant d'envisager un développement international.187
Cependant, la faiblesse du marché intérieur camerounais peut
être considérée comme une source de motivation poussant les
PME dont le développement est figé, à rechercher de
nouveaux débouchés à l'étranger, et trouver ainsi
une alternative à la forte concurrence.
2- La forte concurrence.
L'ouverture actuelle des marchés ainsi que
l'entrée en vigueur prochaine des Accords de Partenariat Economique
entre les pays de l'Union Européenne et les pays ACP intensifiera
davantage la concurrence sur les marchés africains en
général, et camerounais en particulier. Dans cet environnement en
pleine mutation, les PME camerounaises doivent développer des
stratégies pour leur survie et pour rechercher de nouveaux
marchés. En effet, la concurrence
184 David FONGANG, op cit, p. 109
185 Comité de compétitivité/GTZ, Etude
diagnostique de la compétitivité de l'économie
camerounaise, op cit, p. 17
186 O. E. WILLIAMSON, Market and hierarchies : Analysis and
Antitrust implications, Free Press, London 1975, p. 23
187 Franck PATIN, L'internationalisation : un défi
pour les compétences de l'équipe dirigeante d'une PME, Revue
française de Gestion, Volume 31, numéro 1, Paris 2006, p. 34
actuelle sur les marchés camerounais provient de la
production des PME locales, des importateurs et surtout des firmes
multinationale. Cependant, de nombreuses PME ne perçoivent pas
l'influence de la concurrence dans leurs domaines d'activités.
L'exposition à la concurrence est ainsi différente selon les
secteurs d'activité dans lesquels opèrent les PME. Les PME
opérant dans les domaines de l'agroalimentaire, de la finance, de
l'industrie du textile, des NTIC, le tourisme et l'hôtellerie
perçoivent davantage la pression concurrentielle soit des très
grandes entreprises, soit des multinationales présentes sur les
marchés camerounais. Certaines PME opérant par contre dans la
sous-traitance aux grandes entreprises, dans l'agriculture ou dans
l'élevage perçoivent moins la forte concurrence dans leurs
marchés. Dans le contexte actuel de libéralisation des
marchés, aucune entreprise n'est épargnée de la
concurrence et tout monopole est relativement fragile.188 Il est
alors nécessaire pour les PME camerounaises de profiter des
opportunités environnementales pour entreprendre leur
développement dans la sous région.
3- Les opportunités environnementales.
Le développement du commerce international entre les
pays a favorisé la mise en oeuvre des zones de libre-échange et
des marchés communs en accord avec l'article 24 du GATT.189
Généralement, ces accords régionaux se font entre pays
voisin à l'exemple de la CEMAC qui théoriquement est un
marché commun. Dans ce sens, les opportunités de
développement international des PME camerounaises sont nombreuses dans
la zone CEMAC en particulier et dans la sous-région Afrique Centrale en
général.
Le développement des échanges commerciaux entre
pays voisins est accentué par l'existence des infrastructures de
transport à l'instar des autoroutes reliant les pays et des ports. Dans
la zone CEMAC, plusieurs pays sont reliés avec le Cameroun par des
routes à l'exemple du Tchad, du Gabon, de la Guinée Equatoriale,
de la République Centrafricaine ; de même, l'existence des ports
à Libreville et Bata peut faciliter l'approvisionnement des ces
marchés avec des délais relativement courts. En effet compte tenu
de leurs ressources, traditionnellement les PME qui se lancent dans
l'internationalisation commencent d'abord par
188 Patrick JOFFRE, Comprendre la mondialisation de
l'entreprise, op cit, p. 63
189 L'article 24 du GATT prévoit la conclusion
d'accords régionaux entre pays ou groupe de pays permettant d'abaisser
les barrières douanières et de développer les
échanges commerciaux. Ainsi, dans la zone de libre échange, des
pays décident de supprimer progressivement toutes les barrières
douanières qui existent entre eux mais chacun demeure libre de passer
des accords particuliers avec les Etats qui ne sont pas partie prenante
à cet accord ; et dans les marchés communs, les pays membres
suppriment les barrières douanières entre eux et adoptent une
politique douanière unique vis-à-vis des pays tiers et font en
sorte d'harmoniser leurs règlementations de façon que les
même normes et réglementations s'appliquent à l'ensemble
des produits circulant à l'intérieur de leurs territoire commun.(
Michel BATTIAU, Le commerce international, op cit, p. 13)
les marchés voisins et par l'exportation des leurs
produits.190 Les PME camerounaises doivent alors saisir les
opportunités de développement existant dans la sous-région
Afrique Centrale.
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