Analyse socio-économique de l'alphabetisme au Mali( Télécharger le fichier original )par Monde MAMBIMONGO WANGOU Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur Statisticien 2008 |
II-7. EXPLOITATION DES DONNÉES.La vérification est la première des 4 étapes de l'exploitation des données d'ELIM. En effet, elle a consisté en un contrôle de cohérence des données. La deuxième étape concerne la saisie et l'édition des données ; elle a été effective grâce à l'utilisation de la méthodologie TELEFORM, laquelle méthodologie, a été développée par des donateurs et institutions tels que la Banque Mondiale, le BIT, l'UNICEF et le PNUD. La saisie et l'édition proprement dites, ont été réalisées par des agents contractuels, sous l'encadrement de la DNSI, au moyen de dix micro-ordinateurs. Comme troisième étape de l'exploitation, l'apurement des données a été complété sur le logiciel SPSS. Et enfin, la tabulation que l'on peut définir comme le développement et l'exploitation des programmes destinés à fournir les tableaux de base nécessaires à la conduite des analyses, a été développée en partie sur le logiciel TELEFORM et le reste sur le logiciel SPSS. À titre d'information, la méthodologie TELEFORM utilise la lecture optique pour le traitement rapide des données et la publication des résultats.
CHAPITRE III : ALPHABÉTISME AU MALI III.1. INTRODUCTIONIl est question dans cette partie de l'étude de répondre aux interrogations posées à l'introduction générale. Dans un premier temps, nous ferons une revue de la littérature sur le concept de l'alphabétisme, après quoi, nous proposerons une analyse bivariée entre les capacités linguistiques des enquêtés et une série de cinq variables dont nous soupçonnons des dépendances avec l'alphabétisme. Un peu plus loin, nous essayerons de caractériser les populations maliennes de plus de 15 ans par rapport à l'alphabétisme, en réalisant une ACM entre quelques caractéristiques liées à l'occupation et une seconde ACM sur base des caractéristiques économiques (activité principale, mode de rémunération, catégorie socioprofessionnelle, etc.). Nous signalons qu'une personne a de bonnes capacités linguistiques s'il sait lire et écrire correctement et le contraire sinon, et que la base de données sur laquelle se repose l'étude est celle de l'ELIM II. III.2 DÉFINITIONS DE L'ALPHABÉTISMEL'alphabétisme10(*), souvent opposé à tort à l'illettrisme, admet plusieurs mesures qui varient selon la situation géographique, mais surtout selon l'aspiration des autorités et organismes opérant dans le domaine, ou suite à la disponibilité des moyens. Par ailleurs, la définition que donne l'UNESCO (organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture) sur l'alphabétisme n'est pas la même que celle qui est faite dans l'encyclopédie canadienne. Le tout se passe comme si le concept subissait des effets spatiotemporels. De plus, comparer les taux d'alphabétisation d'un pays à l'autre relève d'un véritable algorithme et peut selon toute vraisemblance s'entacher de beaucoup d'incohérences. En effet la probabilité qu'une personne considérée comme alphabète au Mali, ne le soit pas en Namibie est certainement très élevée, compte tenu des considérations qui sont attachées au concept, mais aussi des différences de structures des populations mises en jeu. Selon l'encyclopédie canadienne, l'alphabétisme se définit à la fois comme la capacité de lire et d'écrire son propre nom, et celle de lire et de comprendre des articles de journaux, de revues ou d'encyclopédies, dont le niveau de sophistication dépasse souvent le niveau moyen d'une dixième année scolaire. De nos jours, on peut facilement comprendre qu'être alphabète nécessite au moins d'atteindre le niveau secondaire (pour ceux qui ne sont pas passé par les centres d'alphabétisation). Par ailleurs les organismes comme l'UNESCO11(*) considèrent que, dans une société industrielle, est totalement analphabète une personne dont le niveau d'études est inférieur à une cinquième (5e) année de scolarité primaire. Ici également, le problème qui s'oppose, résulte de la différence fonctionnelle qui existe entre les différents systèmes éducatifs. Dès lors, il apparaît que la scolarité est un facteur inadéquat et indirect pour mesurer l'alphabétisme, car il n'est pas interdit qu'un élève de sixième (6e) année d'enseignement primaire présente des capacités linguistiques moindres que celles d'un élève de quatrième (4e) année. Cependant, il est évident que l'aptitude à la lecture et à l'écriture fait appel à l'implication de trois (03) facteurs importants qui sont la capacité à raisonner, la maîtrise de la langue et la connaissance du code alphabétique. En effet, le facteur comme la maîtrise de la langue s'impose car une grande partie du langage est composée de connaissances codées. Pour être précis, au fur et à mesure que le champ de connaissances s'élargit, le langage nécessaire pour le décrire devrait s'étendre également, ainsi les personnes peuvent devenir relativement analphabètes par ce qu'elles ne sont pas au courant de nouvelles connaissances. De plus, actuellement, on parle quelques fois d' «alphabétisme visuel » et « alphabétisme informatique » pour parler familièrement de l'aptitude à la manipulation et à la description des objets tels que les panonceaux pharmaceutiques, les panneaux de circulation routière et les ordinateurs. À coté de l'alphabétisme tout court, on définit l'alphabétisme fonctionnel. En effet, selon la littérature, tout le monde s'accorde à la définition selon laquelle : l'analphabétisme est l'incapacité complète à lire et à écrire, le plus souvent par manque d'apprentissage. Par contre est analphabète fonctionnel, celui qui a moins de quatre années d'étude et qui est capable seulement de comprendre un texte court d'une seule phrase. Ici le sens de l'expression « texte court » pourrait poser problème et ne doit nullement être traduit, comme en français, par une phrase simple. Un exemple imposant de l'évolution du concept est celui de la vision que l'UNESCO a eu de l'alphabétisme en moins d'un demi-siècle. En 1959, `UNESCO donnait la définition suivante de l'analphabétisme : « un analphabète est une personne ne sachant ni lire ni écrire, en le comprenant, un texte simple en rapport avec sa vie quotidienne quelque soit le parcours scolaire de la personne ». Aujourd'hui, la définition de l'UNESCO est plus complexe : elle veut que l'individu puisse participer à la société dans laquelle il vit et déchiffre son environnement. L'alphabétisme apparaît alors comme un droit en soi et le moyen d'exercer d'autres droits, d'acquérir des connaissances et compétences de base dont chacun a besoin dans un monde en rapide évolution. Si l'on conçoit l'alphabétisme comme l'ensemble de compétences nécessaires à la lecture et à l'écriture, la question de la langue d'apprentissage de la lecture et de l'écriture devient primordiale. * 10 Dans la francophonie en générale, l'alphabétisme se définit comme la capacité d'utiliser les imprimés et l'information écrite pour fonctionner dans la société, atteindre ses objectifs, parfaire ses connaissances et accroître son potentiel. * 11 In www.statcan.ca, J. Douglas WILLMS, 1997, Les capacités de lecture des jeunes canadiens. |
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