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Analyse de l'incidence du Seguro Popular et de son impact sur l'utilisation des services de santé au Mexique

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par Alioune Badara SANE
Université d'Auvergne Clermont Ferrand 1 - M2 Economie du développement  2009
  

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Chapitre I : ASSURANCE ET SANTE UNE REVUE DE LA LITTERATURE

Le recourt à l'assurance santé comme moyen pour pallier aux coûts catastrophiques de financement de la santé est l'une des questions au coeur des débats de l'économie de la santé. Ainsi, beaucoup d'auteurs ont essayé d'étudier l'impact de celle-ci dans la santé. Ce chapitre mettra en revue une partie des études qui ont été réalisées en essayant de revoir les différentes conclusions tirées par les auteurs sur la question.

I- Le rôle possible de l'assurance comme réducteur des inégalités sociales de

santé, approches théoriques

De nombreuses études ont mis en évidence un lien positif entre le niveau social, l'éducation, le revenu d'une part et la santé d'autre part. Regroupés sous le terme d'inégalités sociales de santé, ces éléments sont largement observés, en Grande-Bretagne (Black Report, 1988 ; Acheson, 1998) et aux Etats-Unis (Smith, 1999). En France, Mesrine (1999) montre que durant la période 1982-96, un ouvrier de 35 ans avait en moyenne 38 ans à vivre, contre 44,5 pour un cadre du même âge. Ces inégalités concernent en premier lieu les personnes exclues du marché du travail: le risque de mortalité des chômeurs, sur la période 1990-95 est près de trois fois plus élevé que celui des actifs occupés, celui des inactifs près de cinq fois plus élevé (Mesrine, 2000).

Parallèlement, on observe aussi des disparités selon le niveau de revenu au sein de la population insérée sur le marché du travail et on peut parler de continuum d'inégalités sociales devant la santé. Enfin, ces inégalités ne tendent pas à se réduire : la diminution des taux de mortalité observée sur la période 1987-1993 par rapport à la période 1979- 1985 a beaucoup moins touché les ouvriers et les employés que les cadres supérieurs et professions libérales (Jougla et al., 2000).

Par ailleurs, on observe que le degré de couverture du risque maladie augmente avec le revenu, même en France où il existe une couverture obligatoire. En effet, la Sécurité sociale ne couvre que 75 % des dépenses de santé, le solde pouvant être couvert par une assurance complémentaire. Or, le taux de souscription à une assurance complémentaire augmente avec le revenu. De plus, le niveau des garanties des contrats, notamment optique et dentaire, augmente lui aussi avec le revenu : parmi les ménages gagnant moins de 3 000 F par unité de

consommation15, 65 % des individus disposent d'une complémentaire faible ou nulle, contre 28 % dans les ménages dont les revenus dépassent 8 000 F par unité de consommation (Bocognano et al., 2000).

Ce document présente les conclusions issues de la littérature portant sur le lien entre ces deux séries de faits : en quoi une assurance maladie peut-elle contribuer à réduire les inégalités sociales de santé ?

On peut distinguer deux grands mécanismes par lesquels l'assurance peut jouer sur les inégalités de santé. Le premier met en jeu le système de soins : l'assurance, en réduisant le coût des soins, permet théoriquement aux pauvres comme aux riches d'accéder à des services médicaux bénéfiques pour leur santé. Dans ce modèle, pour que l'assurance ait un impact réel sur la santé, deux conditions doivent être réunies : d'une part, l'assurance doit augmenter effectivement la consommation de soins des plus pauvres ; d'autre part, cette augmentation des soins doit améliorer l'état de santé. On présentera les résultats des études reliant directement l'augmentation de l'assurance maladie publique à l'amélioration de la santé. Un second mécanisme suppose que l'assurance peut agir de manière indirecte sur les inégalités sociales de santé, non pas par le biais des consommations de soins mais pas le biais des autres consommations. Toute dégradation de l'état de santé entraîne des dépenses de soins supplémentaires et donc une diminution des consommations non médicales via la baisse du revenu disponible, diminution d'autant plus forte que le niveau d'assurance est faible. Cette diminution du revenu disponible peut entraîner une dégradation de l'état de santé sous l'hypothèse que certaines consommations non médicales sont favorables à la santé. Dans chacun de ces mécanismes, un financement équitable du système d'assurance santé demeure une condition nécessaire à la réduction des inégalités sociales de santé. Le paiement d'une prime d'assurance trop élevée mettrait en effet en péril le budget des plus pauvres. On tiendra dans la suite pour acquis le fait que le système de soins met en oeuvre une subvention des plus pauvres par les plus riches.

Ceci dit, il est évident que l'assurance maladie ne peut pas être le seul instrument de réduction des inégalités sociales de santé. Une littérature abondante éclaire d'autres déterminants de ces inégalités qui se situent hors du système de santé, comme les facteurs de risque et les inégalités de statut social16.Pourtant, nous avons choisi de nous limiter ici à l'effet de

15 Le revenu par unité de consommation est égal au revenu du ménage divisé par le nombre d'individus du ménage, chaque individu étant pondéré (1 pour le premier adulte, 0,5 pour le deuxième adulte éventuel, 0,3 pour chaque enfant).

16 Ils feront l'objet d'une seconde revue de littérature.

l'assurance sur les inégalités sociales de santé, ce pour deux raisons. En premier lieu, ce sujet a été peu étudié, d'une part parce qu'il a pu être souvent considéré comme allant de soi que l'assurance avait un effet bénéfique sur la santé, d'autre part parce que la validation de cette hypothèse nécessite des données longitudinales rarement disponibles. En second lieu, même si l'assurance n'est qu'un facteur de réduction des inégalités sociales de santé parmi d'autres, elle constitue un des principaux instruments des pouvoirs publics.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci