Intelligence économique et stratégie d'entreprise, état de la question et pratique en Algerie( Télécharger le fichier original )par Souhil FEKIR EHEC Alger - Magister 2009 |
§2. Les utilisations du système d'information :La conception du système d'information n'est pas une finalité en soi, avant et pendant cette opération on cherche à définir et à suivre ce que l'organisation attend de ce système. Ce sont généralement la prise de bonnes décisions et la décision stratégique en particulier, les applications fonctionnelles et la communication intra et inter-organisationnelle.
L'aide à la décision et l'élaboration de la stratégie, deux utilisations très importantes du système d'information vu leur caractère et impact général et intestinal sur toute l'organisation.
Nous n'allons pas détailler dans cet élément la stratégie d'entreprise, mais nous allons présenter une vision générale mettant en évidence le rôle du système d'information face à la concurrence et dans la détention d'un avantage concurrentiel. a- Structure de concurrence : En se limitant au micro-environnement, nous rappelons que les forces y exerçant sont : les concurrents du secteurs, les produits de substitutions, les nouveaux entrants, les fournisseurs, les clients et aussi l'Etat.
Les forces qui commandent la concurrence au sein d'un secteur Source : M. E. Porter, choix stratégique et concurrence, 1980, p4.
A ce niveau, le système d'information est en mesure de fournir aux dirigeants des données sur l'ensemble de ces acteurs. Il doit aussi communiquer des données transmises intentionnellement par l'organisation à son environnement externe notamment. b- avantage concurrentiel : La connaissance de l'environnement doit permettre la détention d'un avantage concurrentiel tout en optimisant la configuration produit/clients/technologies. Reposant sur la nouvelle technologie, il est susceptible d'influencer « ...la façon d'exploiter les liens entre activités, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise. La technologie modifie les conditions de coût, crée de nouvelles synergies, permet de mieux se coordonner avec les clients et les fournisseurs. » en résume R. Reix (2000). Il permet ainsi d'identifier les relations entre les données collectées (data mining) afin d'améliorer la performance concurrentielle. (cf. G. Johnson, stratégique, 2002). Corporate stratégie ou business stratégie, le système d'information est un outil fondamental.
Cette appellation est choisie par l'auteur (R. Reix) suivant le champs d'application défini soit structurellement (service, département,...), soit fonctionnellement (fonction marketing, ressources humaines,...). On en distingue quatre applications principales, la fonction commerciale et marketing, la fonction ressources humaines, la fonction finance et comptabilité et la fonction production. a- la fonction commerciale et marketing : définir le produit, le marché, ... Dans le niveau stratégique ; l'aide à la décision comme l'élaboration d'un plan marketing dans le niveau planification et étude marketing ; suivi budgétaire, analyse des ventes,... dans le niveau du contrôle, et la gestion des commandes, suivi de la clientèle,... dans le niveau de traitement et transactions. b- La fonction production : a pour objet la détermination des procédures de production, les quantités, le contrôle des pannes, le contrôle de la production, la définition du plans d'approvisionnement, de production, ... c- La fonction finance et comptabilité : assure le traitement des opérations comptables, la gestion financière (anticiper par exemple les mouvements de la trésorerie), le contrôle budgétaire. d- La fonction ressources humaines : permet de déterminer les besoins en compétences, les informations sur la compétences à l'intérieur et à l'extérieur, les moyens de détection, d'acquisition de développement et de maintient.... (pour plus de détail consulter mémoire de licence : F. Souhil et B.Nassim, le système d'information : un outil fondamental de gestion des compétences, 2004, INC).
Nous avons présenté dans la première partie le système de décision et l'impact de l'information sur lui. Dans ce paragraphe nous allons distinguer cette relation mais en introduisant la notion du système d'information et ses technologies. On distingue essentiellement trois (03) types de système d'aide à la décision, le système interactif d'aide à la décision, le système pour dirigeants, l'intelligence artificielle. a- le système interactif d'aide à la décision (SIAD) : Le SIAD ou DSS (Decision Support System) est une application du type homme-machine qui permet essentiellement de répondre à la question « que va-t-il se passer si.... » pour conduire à une solution satisfaisante. Il est composé de :
- créer une nouvelle base de données ; - assurer la mise à jour ; - interroger les bases de données par le langage d'interrogation (algorithme) ; - extraire des données d'autres systèmes (autre que le SIAD) et les mettre à la disposition d'une base spécifique au SIAD. (adapté de R. Reix, 2000).
- conserver les modèles de manière à les retrouver facilement et chaque modèle a un nom ; - retrouver l'ensemble des variables utilisées par chaque modèle et de lui communiquer les données correspondantes ; - communiquer les résultats obtenus par l'exécution d'un modèle.
- Type1 : « question réponse ». - Type2 : langage de commande à l'aide des mots clés (ex : « Dispaly »). - Type3 : Utilisations de masques, c'est une page d'écran représentant un questionnaire affiché. - Type4 : Utilisation de menus hiérarchisés, en tapant la première lettre du mot, ou en cliquant moyennant une souris, on obtiendra la réponse. - Type5 : Simulation d'environnement, elle consiste à représenter les objets manipulés sous forme d'icônes. Parmi les difficultés rencontrées avec le SIAD citons : la difficulté de réaliser un bon SIAD du premier coup, construire un SIAD pour chaque dirigeant (qui n'utilisent par forcément la même démarche de résolution des problèmes) ou le rendre adapté à chacun d'eux. b- Système d'information pour dirigeant : Il s'agit de « Executive Information Support » EIS ayant un caractère particulier en répondant aux besoins spécifiques des cadres, il a été développé après le SIAD connu par son caractère général, appelé aussi tableau de bord électronique. On parle aussi du système data warehouse.
Des systèmes plus développés ont été crées tout en essayant de reproduire le comportement humain. c- l'intelligence artificielle : Ce sont des logiciels développés pour assurer un fonctionnement normalement attribué à l'intelligence humaine, à savoir : - raisonner pour résoudre des problèmes, - comprendre et apprendre à partir de l'expérience, - reconnaître des « formes » dans des situations variées, - réagir avec succès devant des situations nouvelles [une caractéristique principale], - manipuler de l'information incomplète et ambiguë. (Reix). Nous allons présenter deux exemples de l'intelligence artificielle, le système expert et les réseaux neurones. Le système expert : utilisé lorsque la description de la procédure de résolution du problème ne peut être faite parfaitement, le cas d'un algorithme. Il simule le raisonnement d'un expert dans un domaine de connaissance spécifique. Il est considéré comme un système de décision, un système d'aide à la décision et un système d'aide à l'apprentissage (transmission des connaissances d'un expert à un non-expert). Les réseaux neurones : le SIAD ou le système expert exige un minimum de connaissances préalables à la résolution d'un problème ce qui n'est pas toujours le cas. Dans certaines situations, ces connaissances n'existent pas et on se trouve incapable de fournir des lois, modèles,...pour une utilisation logique des connaissances alors que l'être humain est souvent capable de trouver des solutions dans des cas pareils. Cela étant, des systèmes ont été développés permettant de fournir des solutions satisfaisantes où on dispose uniquement des connaissances « factuelles » c'est-à-dire données/résultats. Ce sont les réseaux neurones artificiels définis comme des « ....models de logiciels construits par imitation de l'activité élémentaire du cerveau humain, [qui] peuvent apporter une solution. » (R. Reix). Ce système est un système « éduqué », il est soumis à un certains nombres d'expériences où des décisions ont été prises par des personnes qualifiés. Le réseau est construit en définissant les entrées (des données) correspondant au phénomène et les sorties qui sont des réponses (ex : refus ou acceptation). Il sera par la suite soumis à un apprentissage en modifiant ses caractéristiques jusqu'à ce qu'il donne des résultats semblables à celles obtenues par les décideurs. On lui donne après des cas nouveaux pour traitement. E2 E1 S E3
Noyau cellulaire
E : entrée S : sortie
Source : simplifié de R. Reix Le neurone artificiel comporte trois entrées et une seule sortie. Le réseau de neurones est constitué d'un groupe de neurones, chacun deux est connecté à l'autre où l'entrée ne peut être connectée qu'a une seule sortie. Face à la complexité et l'évolution croissante des phénomènes et des situations à traiter, chaque système développé connaît des limites y compris l'intelligence artificielle qui démontre que la pensé humaine ne peut plus être remplacée car la constitution de l'être humain dépasse le cadre de la machine. Elle comporte aussi des éléments psychologiques, spirituels comme la sensation, les sentiments, etc. Pour ce faire, des recherches en cours de réalisation tentent de trouver une autre approche. Une décision prise, des données acquises, connaissances et tout type d'information pertinente doivent faire l'objet d'une communication, quoi qu'il en soi interne ou externe.
Le système communication est un cas particulier du système d'information, il assure la diffusion de l'information à l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise.
Avant de passer à la présentation de ce système, la notion de la « communication » doit être clarifiée. La communication peut être définie comme suit : «La communication du latin- communicare, mettre en commun, partager [du sens]- est le processus par lequel une information est transmise intentionnellement par un émetteur à un récepteur à l'aide d'un système de signe. » J. Marie Essono. (*) (*) J. M Essono, préci de linguistique générale, édition d'Haramattan, paris, 1998, à partir de la page 22. Deux catégories de signes peuvent être distinguées, les signes linguistiques (verbaux) et les signes Séméiologiques. Les signes séméiologiques, du latin SEMEON qui veut dire signe et LOGO signifiant science et étude, peuvent être gestuels, des singes indiciels étant des signes non intentionnels comme un fait ou un phénomène naturel qui donne un sens, ce qui n'est pas de sa fonction première (ex : nuage signifie une pluie probable), le signal qui a pour mission de véhiculer un message (1) comme les panneaux publicitaires. Lorsque la représentation iconique d'un objet n'est par permise, on utilise les symboles, un symbole est « ...quelque chose qui remplace, représente ou dénote quelque chose d'autre non par ressemblance, mais par suggestion ou quelques relations occidentales » selon J. M Essono, comme par exemple le symbole de joie. La communication devient plus efficace et plus rapide en utilisant les technologies qui sont composées de SIGNAUX (voir ci-dessus), MATERIELS (ordinateurs, bases de données,...) et RESEAUX. Le réseau qui relie les composantes est un élément capital dans les TIC, il est défini comme l'« ...ensemble d'éléments interconnectés : supports et équipements matériels reliant des terminaux et acheminent des signaux (voix, données, textes, images, etc.) vers leurs destinataires. » (2). Il existe des réseaux en mode simplex (un seul sens de transmission, soit diffusion soit collecte), réseaux en mode semi-duplex (alternativement dans les deux sens), réseau en mode duplex (dans les deux sens et simultanément). La vitesse de transmission de données est appelée débit, c'est « ...le nombre d'éléments d'information transmis par unité de temps, exprimé généralement en débit par seconde » (2). Le téléphone ordinaire par exemple permet de transmettre 2400 bits/seconde, les liaisons satellites -transmettant des images télévisées- doivent transmettre environ deux millions débit/seconde. Ces technologies assistent les travailleurs, les décideurs dans leur travail en tenant compte du temps et d'espace. Selon cette dimension, différents outils peuvent être utilisés ce que R. Reix regroupe dans le schéma suivant : (1) Idem, d'après Oxford university. (2) R. Reix, 2000. Source : R. Reix, 2000. Des salles de réunions sont constituées et organisées pour augmenter l'efficacité des réunions permettant une communication très riche. Ces salles permettent de résoudre un certain nombre de difficultés dont : - Explorer des solutions, collecter des idées ; - Présenter quelque chose (un produit, un procédé, etc.) ; - Négocier, confronter des points de vue ; - Motiver, remonter le moral, le degré d'adhésion. (*). Les salles de décisions collectives sont utilisées pour cette raison. On en distingue : les salles en « U » étant les plus fréquentes, circulaire, rectangulaire, amphithéâtre. Sa technologie rend aussi la communication interne plus efficace, et la communication externe aussi tout en considérant l'organisation comme un système ouvert.
(*) Idem Les technologies u utilisées ne sont pas différentes de celles exploitées pour des fins de communication internes (matériel, réseaux,....). Leur rôle est de lier les différentes organisations entre elles dont la relation la plus connue est client- fournisseurs. R. Reix (2000) les définit comme « ...un ensemble de matériels, logiciels, données et procédures supportant l'échange automatisé d'information entre des organisations. ». Suivant leur utilisation, ils peuvent être classés somme suit : · SII fondé sur des transactions : traitement des commandes, factures,... Dans ce cas, le coût du fonctionnement est partagé entre les participants. · SII fondé sur des requêtes : système documentaire automatisé avec consultation de base de données, il est géré dans la plupart des cas par un organisme indépendant. · SII support de taches : utilisé pour réaliser des travaux en coopération entre organisations tels que les projets communs. Parmi les formes les plus utilisées des SII, il existe l'échange de données informatisées dit EDI- (Electronic Data Interchange), et l'Internet. a- L'Echange de Données Informatisé (EDI) : La création de cet outil provient des limites des transactions traditionnelles (ex : voie postale) étant essentiellement la perte du temps, l'incertitude, le coût supplémentaire lié à la saisie. L'EDI est, selon l'auteur, « ...le transfert de données, structurées sur des bases de messages supplémentaires approuvés, entre systèmes automatisés par voie électronique. ». Ses utilités sont la fidélisation du client à cause du changement difficile du fournisseur, et, par voie de conséquence, l'accroissement des barrières à la sortie. Cependant, des difficultés caractérisent cette technologie ; la majorité des logiciels d'application n'ont pas été développés pour recevoir des communications du types EDI, risque de sécurité et perte de confidentialité chez les utilisateurs ; les documents électroniques, dans certaines législations, n'ont pas la même force probante attribuée aux documents papier, ce qui rend le conflit, entre les partenaires, délicat. Ce réseau, dont la constitution soumet à la volonté et à la capacité des partenaires est important, mais il peut être coûteux. Un outil généralisé, moins coûteux peut être utilisé pour ce faire et pour une communication efficace, avec les clients surtout, c'est l'Internet, le réseau des réseaux. b- L'Internet : réseau des réseaux Ce type de réseau n'est pas géré par une entité quelconque, « ...c'est un ensemble de réseaux qui se coordonnent sur la seule base d'un consensus technique : l'utilisation du même protocole de communication TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet Protocol) [utilisant] tous moyens de télécommunication (dont, en particulier, le réseau téléphonique mondial).». R. Reix (2000).
Il a pour origine le projet Arpanet de 1967 reliant les universités et les instituts de recherche travaillant pour le ministère de la défense des Etats-Unis. Il a été progressivement internationalisé et adapté jusqu'à l'apparition de la notion « Internet » en 1982. En 2003, le nombre mondial d'utilisateurs d'Internet fut de 676 millions, soit 11.8% de la population mondiale, 36% d'utilisateurs dans les pays en développement, (Chine, Inde, Corée, Brésil, Mexique : 61.52 %) ; le nombre de serveurs hôtes: 233 millions (croissance de 50%), sites web utilisant SSL : 300.000 (croissance de 56.7%) (1). Les principaux services offerts par l'Internet sont : · la messagerie électronique. · la télé connexion sur d'autres ordinateurs du réseau. · transfert des fichiers (ftp) volumineux. · les forums électroniques (des discussions). · la navigation guidée par menus. · le world wide web utilisant la technique « hypertexte » qui est le langage utilisé entre utilisateurs et serveurs (Hyper Text Transfert Protocol- http), et le langage Hyper Text Makeup Language (html) pour la création d'un document hyper- media. (cf. Reix).
Le langage peut être défini comme « ...un système de signes identifiés permettant une communication entre une ou plusieurs entités » (2). Ces entités peuvent être des hommes, des machines, un mélange (communication homme machine). Le langage informatique permet la communication homme- machine, c'est « tout langage formel utilisé à un titre quelconque dans la définition ou le fonctionnement d'un système information... [Les plus utilisés sont] Langage de programmation [...] Langage graphique [...] Langage de balisage pour la présentation ou la structuration de contenu, comme HTML... » (Le site).
Le langage HTML, langage hyper -texte ou langage avec liens, c'est « ...l'ensemble des instructions qu'un serveur adresse à votre logiciel de lecture du World Wide Web, dans le but d'afficher des pages [qui] peuvent contenir aussi bien du simple texte, que des liens vers d'autres pages, ou des images, des séquences animées ou encore des fichiers son. » (3).
Il existe aussi d'autres formes de communication ; l'Extranet désignant un réseau Intranet dont l'accès est autorisé à un publique restreint, le workflow (collectique) qui permet à un groupe de personnes de participer à la réalisation d'une tâche collective en intervenant à des étapes différentes. (1) Séminaire E-Marketing, Dr. A.BELKHIRI, INC, d'après UNCTAD E-commerce and Development Report 2004. (2) http://home.pi.be/~ping9985/html/thehtml1.htm (3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Langage.
Dans ce chapitre nous avons présenté des notions et des outils liés au fonctionnement du système d'information, la théorie générale des systèmes, l'information, les technologies de l'information et de communication, le système d'information, ses utilisations fonctionnelles et décisionnelles. Cependant, les utilisations sont évoluées et externalisées, surtout, afin de connaître l'environnement interne et externe, proche et loin, non pas périodiquement mais aussi continuellement, ce qui permet de constituer un avantage concurrentiel. Cette activité doit être accompagnée d'une sécurisation des données pour protéger son patrimoine informationnel et son avantage concurrentiel, c'est toute une activité d'intelligence économique.
(*) http://fr.wikipedia.org/wiki/Langage |
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