SECTION II: EFFETS INDIRECTS DU PROJET
La détermination des effets indirects du projet de
production de pâte d'arachide chocolatée peut se faire à
l'aide du Tableau d'Entrée et Sortie (TES) par une ventilation des
accroissements de la production locale engendrée soit directement, soit
indirectement par le projet.
Autrefois appelé Tableau d'Echange Interindustriel (TEI)
car ne comportant pas les services non marchands, ce tableau est basé
sur le modèle de Leontief et donne une grille d'analyse de
l'économie, de la richesse créée et consommée.
Il permet la comptabilisation la plus complète possible de
toutes les ressources et de tous les emplois des biens et services.
II.1. Présentation du Tableau Entrée-
Sortie(TES)
Dans l'hypothèse d'une économie à trois
branches, ce tableau21 de la Comptabilité Nationale se
présente comme suit:
Tableau n° 53: TES de
l'année 2003 (en milliards de FCFA)
Secteurs
|
Primaire
|
Secondaire
|
Tertiaire
|
Total
|
Cons. finale
|
FBCF
|
A stock
|
Export
|
Total emplois
|
Ménage
|
Adm
|
Primaire
|
368
|
48
|
178
|
594
|
549
|
368
|
208
|
11
|
733
|
2463
|
Second.
|
46
|
6
|
22
|
74
|
69
|
46
|
26
|
1
|
92
|
308
|
Tertiaire
|
180
|
20
|
86
|
286
|
264
|
177
|
100
|
5
|
353
|
1185
|
Total
|
594
|
74
|
286
|
954
|
882
|
591
|
334
|
17
|
1178
|
3956
|
Compte de production
|
Cons. Interm
|
594
|
74
|
286
|
954
|
PIB =2324
|
Valeur ajoutée
|
1446
|
181
|
697
|
2324
|
Production
|
2040
|
255
|
983
|
3278
|
Ressources en produits
|
|
|
|
983
|
3278
|
|
Importations
|
382
|
48
|
184
|
614
|
DD et taxes
|
41
|
5
|
18
|
64
|
Total ressources
|
2463
|
308
|
1185
|
3956
|
Source : MPED - INSEED
21 C'est un tableau produit par l'Institut National
des Statistiques, des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED).
II.2 Modification à apporter au TES
Le TES donne de façon cohérente les comptes de
production des différents agents économiques.
Tel qu'il se présente de façon classique, il ne
permet pas d'atteindre l'objectif recherché c'est-à-dire la
ventilation des accroissements de production locale engendrée
directement ou indirectement par le projet (ou la grappe de projets) entre un
accroissement des importations ou une diminution des exportations et un
accroissement de la valeur ajoutée.
Le TES classique ne distingue pas en effet les consommations
intermédiaires (CI) produites localement et les consommations
intermédiaires importées (CII).
C'est donc cette distinction qu'il faut faire apparaître.
Pour cela, nous nous intéresserons seulement à la partie du
tableau relative aux CI des trois (3) secteurs.
Les droits de douane sur les importations sont de l'ordre de
25%.
Dans le secteur primaire, les importations représentent
62% du total et la production locale représente 38%.
Au niveau secondaire, ces importations représentent 8%
contre 92% de production locale.
Dans le secteur tertiaire, les importations sont estimées
à 30% tandis que la production locale représente 70%.
Une analyse de la nature de ces consommations
intermédiaires pour chacun des postes du tableau précédent
donne le TES modifié suivant:
Tableau n° 54: TES modifié (en
milliards de FCFA)
Secteurs
|
Primaire
|
Secondaire
|
tertiaire
|
Production locale
|
Importations
|
DD
|
Prod. locale
|
Import
|
DD
|
Prod. locale
|
Import
|
DD
|
Primaire
|
140
|
171
|
57
|
44
|
3
|
1
|
125
|
40
|
13
|
Secondaire
|
18
|
21
|
7
|
5,5
|
0,4
|
0,1
|
15
|
5
|
2
|
Tertiaire
|
68
|
84
|
28
|
18
|
1,5
|
0,5
|
60
|
19,5
|
6,5
|
Source : analyse de l'étude
Une fois la ventilation des consommations intermédiaires
faite, on peut reconstituer le TES. Celui-ci reconstitué est le
suivant:
Tableau n° 55: Reconstitution du TES (en
milliards de FCFA)
Rubriques
|
Primaire
|
Secondaire
|
Tertiaire
|
Total CI
|
Primaire
|
140
|
44
|
125
|
309
|
Secondaire
|
18
|
5,5
|
15
|
38,5
|
Tertiaire
|
68
|
18
|
60
|
146
|
Total CI
|
226
|
67,5
|
200
|
493,5
|
Compte de production
|
Total CI
|
226
|
67,5
|
200
|
493,5
|
CII
|
276
|
4,9
|
64,5
|
345,4
|
VA
|
1579
|
187,6
|
736,5
|
2503,1
|
Production finale
|
2081
|
260
|
1001
|
3342
|
Compte de ressources
|
Production finale
|
2081
|
260
|
1001
|
3342
|
Importations
|
382
|
308
|
1185
|
3956
|
Ressources
|
2463
|
308
|
1185
|
3956
|
Source : analyse de l'étude du
projet.
Remarquons que : Production = VA + CI + CII ou encore production
= ressources- importations VA = production - CI (locales) -CII.
II.3 Détermination des effets indirects du
projet
Les consommations intermédiaires importées ne
donnent pas lieu à des effets indirects.
Elles ne comportent pas de la valeur ajoutée car elles
sont exonérées de droits d'entrée.
Il faut donc rechercher seulement les effets indirects des
consommations intermédiaires locales (c'est-à-dire de produits
locaux).
Ces consommations intermédiaires locales (notées
Cij) sont les suivantes:
140
|
44
|
125
|
18
|
5,5
|
15
|
68
|
18
|
60
|
Cij =
La matrice des coefficients techniques A s'obtient en divisant
chaque consommation intermédiaire locale du secteur par la production
correspondante.
0,07
|
0,17
|
0,13
|
0,01
|
0,02
|
0,02
|
0,03
|
0,07
|
0,06
|
A =
La matrice des coefficients techniques A est supposée
constante à court et moyen terme puisqu'à court et moyen terme,
le progrès technique ne varie pas.
L'équilibre emploi -ressource se traduit par le TES
modifié et peut être écrit sous la forme:
X = AX + Y.
X (premier membre: variable expliquée) = Production locale
totale.
Où : X (second membre: variable explicative)
=Consommations intermédiaires.
Y = Demandes finales sur la production locale.
I -A
Y
On tire de cette relation: X =
Le calcul du déterminant et du cofacteur de (I - A)
donne:
Det (I -A) = 0, 85.
0, 92 0, 01 0, 03
Cof (I - A) =
0,17 0,87 0,07
0, 13 0, 02 0, 91
1,08 0,2 0,15
-1
0,01 1,02 0,02
0,04 0,08 1,07
=
I - A
Quant à l'inverse de la matrice (I - A), elle est la
suivante:
Les éléments de la première colonne de cette
dernière matrice, relatifs au secteur secondaire, signifient que, pour
satisfaire une demande finale nouvelle de produits du secteur
secondaire de valeur ajoutée égale à 1, il faut
une production locale nouvelle:
- de produits du secteur primaire égale à: 0,2
- de produits du secteur secondaire égale à:
1,02
- de produits du secteur tertiaire égale à:
0,08.
0,2
En effet, pour Y =
-1
0
1
Y =
,
0
X =
I- A
1,02
0;08
La production moyenne du projet est de 10,638 milliards de FCFA.
Elle correspond à la demande finale.
En supposant que les coefficients techniques vont rester
constants durant les périodes à venir, on peut écrire la
relation matricielle suivante dite de formulation matricielle des
modèles de Leontief :
-1
Ay ; où : Ax = variation de la production finale.
Ay = variation de la demande finale
=
; Ax =
0
Ay =
106,38
0
1,08 0,2 0,15
0,01 1,02 0,02
0
10,638
2,128
10,851
0,04 0,08 1,07 0 0,851
2,13
Ax =
10,85
0,85
Ainsi donc, l'augmentation de la demande du secteur secondaire
de 10,638 milliards a provoqué une augmentation sur tout le reste de
l'économie en termes de variation de la production finale,
conformément aux liaisons traduites par la matrice A.
Cette augmentation est de l'ordre de :
· 2,13 milliards de FCFA dans le secteur primaire;
· 10,85 milliards de FCFA dans le secteur secondaire;
· 0,85 milliards de FCFA dans le secteur tertiaire.
Rappelons que les prévisions d'activités à
l'aide du TES sont faites avec l'hypothèse des coefficients techniques
constants et à prix constants.
En conséquence, elles ne permettent pas de prévoir
les répercussions des avancées technologiques qui seront mises en
oeuvre par tel ou tel secteur.
C'est là également l'une des faiblesses du
modèle de Leontief car il y a de forte chance que dans une perspective
dynamique, un secteur ou une branche ait pris en compte le changement
technologique en introduisant un nouveau matériel constitué
d'équipements. Ceci entraînera une augmentation de la
productivité et une diminution des charges.
Dans de telles conditions, le coefficient technique va changer :
l'hypothèse de constance du coefficient technique est à
rejeter.
Cependant, à court et moyen terme, le modèle de
Leontief a permis de prévoir la réponse d'une variation de la
production finale ( Ax ) suite à une variation de la
demande finale (Ay) et de calculer les répercussions de
la production moyenne du projet de production de pâte d'arachide
chocolatée sur les autres secteurs de l'économie.
Nous constatons, ce modèle aidant, que grâce
à ce projet, les autres branches de l'économie seront
stimulées du fait des effets d'entraînement qu'il exercera.
Conclusion du chapitre 2
L'analyse socio- économique sommaire a permis de constater
que le projet de mise en place d'une unité de production de pâte
d'arachide chocolatée aura des effets positifs tant directs qu'indirects
pour le pays, et partant la collectivité toute entière :
-Les effets directs liés à l'investissement et
à la production locale ;
-Les effets directs positifs en termes de création
d'emplois et de la valeur ajoutée, en termes d'amélioration des
finances publiques et du solde de la balance des paiements ; -Les effets
directs positifs sur l'aménagement du territoire ;
-Des effets positifs indirects seront aussi observés dans
les autres branches de l'économie nationale ainsi que d'autres effets
qualitatifs divers.
|