Chapitre préliminaire : Cadre
général de l'étude
Section I : Généralités sur le
TCHAD
Tout projet de développement est conçu pour
supprimer ou atténuer diverses contraintes physiques, institutionnelles,
financières, économiques etc. de façon à
réaliser une série hiérarchisée d'objectifs
mesurables comme l'augmentation de la production en vue de fournir un flux
continu d'avantages à des bénéficiaires clairement
identifiés tout au long d'une période de temps donnée.
Il importe donc, dans ce chapitre préliminaire, de savoir
les caractéristiques physiques, climatiques, démographiques,
administratives et économiques du Tchad.
I.1 GEOGRAPHIE
Le Tchad est un vaste pays, d'une superficie de 1.284.000
Km2 dont 560 km2 sont à vocation agricole. Il est
situé entre le 8e et le 14e parallèle de latitude Nord et entre
le 14e et le 24e parallèle de longitude Est. Le Tchad est limité
:
Au Nord par la Libye (1055 kilomètres) ;
Au Sud par la République Centrafricaine (1197
kilomètres) ;
A l'Est par le Soudan (1360 kilomètres) ;
Et à l'ouest par les Républiques du Niger (1175
Kilomètres) ; du Nigeria (87 Kilomètres) et du Cameroun (1094
Kilomètres).
Traversé par le 167e parallèle, trait d'union
entre le Maghreb et l'Afrique noire, carrefour des caravanes transsahariennes
et berceau des civilisations nomades, le Tchad est éloigné de 800
Kilomètres de l'équateur. Le pays est enclavé et sans
ouverture sur la mer : le port le plus proche est celui de Douala au Cameroun
à 1700 Kilomètres.
Vingtième pays au monde et cinquième pays
Africain par sa superficie, le Tchad fait partie de l'Afrique Centrale et de la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)
dont il partage le franc CFA.
Du Nord au sud, il s'étend sur 1700 Kilomètres et
de l'Est à l'Ouest, sur 1000 Kilomètres. Le relief est cependant
très accidenté au Nord avec les massifs montagneux de
l'EmiKoussi, du Tarso-Emissi et du Pic du Toussidé où les
altitudes atteignent les 3414 mètres. Le point le plus bas se situe
à une altitude de 160 m dans le Djourab où arrivent les eaux du
Lac Tchad à une altitude de 282 mètres.
Sur le plan climatique, on y distingue trois zones :
La zone Saharienne au Nord qui s'étend sur environ
780.000 Km2, c'est la zone désertique avec une faible
pluviométrie, moins de 100 mm par an ;
La zone Sahélienne, au centre et au sud qui couvre
environ 374 000 Km2 avec une pluviométrie avoisinant 700 mm
par an ;
La zone Soudanienne à l'extrême Sud avec une
superficie proche de 130.000 Km2 et une pluviométrie annuelle
se situant entre 700 et 1200 mm.
Le territoire compte 600 000 hectares de forêts
classées et 400 000 hectares de parcs nationaux.
Les deux parcs les plus importants offrant le plus de
variétés d'espèces sont le célèbre parc
national de Zakouma dans le Salamat et celui de Manda dans le
département de Sarh.
I.2 Situation administrative
L'organisation administrative du Tchad est fortement
marquée par la colonisation Française avec une forte
centralisation des services de l'Etat dans la Capitale : N'Djaména. La
quasi-totalité des services publics est concentrée dans la
capitale, notamment les organes de décision et les infrastructures
sociales et sanitaires. Néanmoins, le pays s'est engagé
récemment dans la déconcentration des services sociosanitaires et
économiques vers des grandes agglomérations telles que Moundou,
Sarh et Abéché. Le nouveau découpage administratif du 1er
septembre 1999 a organisé le territoire national en 28
départements. La capitale du pays, N'djaména, elle, est,
subdivisée en huit (8) arrondissements4.
Cependant dans la pratique, les anciennes divisions
administratives, constituées de 14 préfectures, restent encore la
base de la planification des activités de développement par le
gouvernement.
I.3 Situation politique :
Ancien territoire de l'Afrique Equatoriale Française
proclamé République le 28 Novembre 1958, le Tchad a
accédé à l'indépendance le 11 Août 1960.
4 Actuellement la capitale compte dix (10 )
arrondissements.
Très vite le pays a connu trois (3) décennies de
guerre civile et d'interventions militaires étrangères qui ont eu
des effets négatifs et retardé le développement de
l'économie. Néanmoins, depuis 1990, le pays jouit d'une relative
stabilité politique grâce à l'amorce d'une politique de
paix et de réconciliation nationale et d'un processus de transition
démocratique, dont les effets sur le développement
économique se manifestent par un lent redressement des indicateurs.
Cette évolution politique a aussi constitué le
point de départ du développement des mouvements associatifs et
des initiatives privées.
I.4. Cadre économique
L'économie du Tchad est pour le moment essentiellement
primaire, basé sur l'agriculture et l'élevage qui contribuent
à environ 40% du PIB en 19985. Ce secteur occupe encore 80% de la
population totale du pays. Le secteur tertiaire, bien que, en progression
sensible, n'a assuré que 47% du PIB en 1998.
La prédominance des secteurs primaire et tertiaire dans
l'économie tchadienne a pour conséquence la relative stagnation
du secteur secondaire autour de 14%.
La faiblesse de l'économie est fortement marquée
par les aléas climatiques qui déterminent le niveau de production
du secteur.
Le pays est considéré comme l'un des pays les plus
pauvres du monde avec, en 1999, un PIB par tête de 254 $US.
Seulement 1% de la population a accès à
l'électricité et 30% à l'eau potable.
Le Tchad est classé au 167ème rang sur
les 177 pays selon l'indice de développement humain en 2004. Eligible
à l'Initiative des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE), le
pays a élaboré une Stratégie Nationale de Réduction
de la Pauvreté (SNRP ) dont l'ambition, conformément aux
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD ), est de
réduire l'extrême pauvreté de moitié d'ici 2015.
La productivité de l'économie est faible notamment
dans le secteur primaire qui participe pour environ 40% dans la formation du
PIB où l'agriculture vient en tête avec 45% à 62% du
secteur primaire, ensuite l'élevage avec 30% à 35%, puis viennent
la sylviculture, la pêche et les mines à 7%.
5 Source: plan stratégique 2002- 2006.
ASTBEF.
Le coton occupe une place prépondérante dans
l'économie Tchadienne. Le secteur secondaire qui, avons-nous dit,
représente 14% du PIB, est dominé par quelques entreprises
agroalimentaires, notamment la Compagnie Sucrière du Tchad, les
brasseries du Logone, la Manufacture des Cigarettes du Tchad, la
Société Tchadienne d'Eau et d'Electricité, l'Huilerie -
Savonnerie. En dehors du coton qui est exporté, la faible
compétitivité des unités industrielles du pays,
l'essentiel des productions ne sont vendues que sur le marché
national.
L'artisanat qui a un poids de 45% à 47% du secteur
secondaire relève surtout du secteur informel. Le secteur des
bâtiments et des travaux publics est encore très faible.
D'une manière générale, l'économie
tchadienne est dominée par le secteur informel, qui en constitue enfin
de compte son poumon. Cette économie est aussi
caractérisée par une très faible productivité.
Mais avec la montée en puissance de la production
pétrolière (celle de Doba ), la structure de l'économie
devrait subir de profondes mutations. Les prévisions6 pour 2004 tablent
sur une croissance réelle de 56%, tirée notamment par le secteur
pétrolier (+50,2% de contributions), le commerce (+1,4%) et dans une
certaine mesure, le coton(+0,7%).
Selon les estimations de la BEAC, le secteur pétrolier
comptera pour 37% du PIB à partir de 2004, et supplantera de facto le
secteur primaire.
Par ailleurs, la mise en exploitation de la zone
pétrolière de Sédigui, pour une période de 13 ans,
permettra au Tchad de produire du pétrole raffiné et de disposer
d'importantes ressources énergétiques pour ses besoins
internes.
A l'évidence, la position du Tchad sera renforcée
au sein de la sous- région du fait du rôle qu'il sera
appelé à jouer dans le processus de l'intégration
économique.
I.4.1. Finances Publiques :
Les recettes budgétaires, estimées à 110
milliards de FCA en 2003, ont progressé de 11,8% par rapport à
2002 et gardent les mêmes proportions du PIB qu'en 2002 (9,1%). Avec la
comptabilisation des recettes pétrolières dans les finances
publiques, (5,5% des recettes totales), la structure des contributions aux
finances publiques ne subira de
6 Source: les économies de l'Afrique Centrale
2004.
modifications qu'à partir de 2004, avec l'augmentation de
la production pétrolière (+ 42,2%). Source: BEAC.
Les dépenses publiques (142,8 milliards en 2003 contre
142,2 milliards en 2002) représenteront 21,6% du PIB nominal en 2003
contre 24% en 2002. Cette baisse relative est notamment due à un recul
des dépenses liées à l'organisation des élections
(2,2% en 2003 contre 3,1% en 2002). Il en résulte une
légère amélioration du solde primaire en 2003 (- 2,5% du
PIB contre -3,6% en 2002).
I.4.2 Commerce extérieur
La structure des échanges du Tchad avec les pays tiers
sera également affectée par les activités du secteur
pétrolier, mais elle restera peu diversifiée. En 2002, les fibres
de coton et le bétail ont rapporté respectivement 28,13% et 44,1%
des recettes totales à l'exportation et ont généralement
contribué pour un minimum de 72% à l'entrée des ressources
par le biais du commerce international. Cette contribution est retombée
à 44,8% en 2003 du fait des exportations du pétrole (+38,6%) et
de l'érosion des cours du coton- fibre. Cette tendance devrait
s'accentuer en 2004, avec une contribution du pétrole aux recettes
d'exportations qui avoisineraient les 87,4%.
La part revenant aux autres produits serait encore plus faible
avec 3,9% pour le coton et 5,4% pour le bétail.
Tableau n°1 : Evolution du
PIB.
Année
|
PIB réel (en milliards de F CFA)
|
Taux de croissance du PIB (%)
|
PIB réel par
habitant (en milliers de F CFA)
|
Taux de croissance du PIB par habitant (%)
|
1995 (1)
|
722
|
1,5
|
109,4
|
- 1
|
1996 (1)
|
822
|
2,2
|
121,6
|
- 0,3
|
1997 (1)
|
902
|
5,6
|
130,1
|
3
|
1998 (1)
|
1029
|
6,9
|
144,8
|
4,3
|
2001 (*)
|
1244
|
10,4
|
162,1
|
7,6
|
2002 (2)
|
1398
|
9,3
|
177,5
|
6,5
|
2003 (2)
|
1506
|
9,5
|
186,3
|
6,7
|
2004 (3)
|
2349
|
35,9
|
283,2
|
32,4
|
2005 (3)
|
2844
|
14,3
|
334,0
|
11,3
|
2006 (3)
|
2825
|
5,4
|
323,1
|
2,6
|
2007 (3)
|
2864
|
3,4
|
319,1
|
0,7
|
|
Source: INSEED/comptes nationaux.
(1)= révisé (2)= estimé (3)=
prévisionnel (*) provisoire.
|