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Compatibilité du régionalisme et du multilatéralismeĀ : le cas de l'ALENA

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - Maà®trise Sciences économique Mention économie et Gestion des Entreprises 2001
  

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SECTION 3 Le régionalisme complémentaire au multilatéralisme : Thèse des biens publics internationaux

Il semble donc que les accords régionaux de libre-échange restent une étape vers le multilatéralisme. Alors quel est l'intérêt de cette « étape » qui n'atteint dans un premier temps qu'un optimum de second rang ?

Si l'on prend uniquement en compte les effets limités qu'attribue l'analyse économique à l'intégration régionale alors il ne semble même pas que cette dernière soit réellement une démarche pertinente de la part de la grande partie des gouvernements qui l'entreprennent. Il y a pourtant plusieurs types de raisons qui peuvent expliquer cette orientation politique.

Premièrement, les choix peuvent être orientés par des groupes de pression qui ont intérêt à la libéralisation de la région car à l'intérieur de celle-ci ils bénéficieront d'un marché plus vaste, plus homogène au niveau des normes.

Ensuite, l'accord d'intégration régionale peut être issu de la volonté de favoriser la stabilité économique et politique de la zone. Ce fût le cas pour l'Europe après guerre et cela semble être le cas pour l'ALENA avec le Mexique.

Nous ne traiterons pas de ces raisons dans cette partie même si elles expliquent une part certaine du phénomène. Nous tenterons plutôt de réhabiliter une analyse plus déductive que l'analyse économique « classique » évoquée précédemment et qui dans ces développements peut d'ailleurs englober certaines de ces explications d'économie politique.

Cette approche est exposée par Jean-Marc Siroën. Il estime que les accords d'intégration régionale fondent une organisation des relations économique qui s'intercale entre le niveau mondial et le niveau national. Ces différents échelons entrent donc en concurrence pour la fourniture des biens publics internationaux.

3.1 L'offre de biens publics internationaux.

Avant de commencer, il faut pour bien comprendre le phénomène, rappeler la définition économique courante d'un bien public : Un bien public est accessible à tous sans discrimination (propriété de non-exclusion), il est donc difficilement tarifable. Son utilisation peut être faite simultanément par plusieurs agents économiques, sans que ses caractéristiques en soient affectées, c'est à dire qu'il y a un principe de non-rivalité dans la consommation62(*). Le financement de ces biens publics se heurte par conséquent à la question du resquillage (free-riding), comportement rationnel d'acteurs qui bénéficie alors de ces biens sans participer à leur financement. On est alors souvent confronté à une sous production de ce type de biens.

· Spécificités de l'offre.

D'après leurs propriétés, ces biens ne sont pas adaptés à une production par des entreprises privées. Ils font donc l'objet d'une fourniture publique (État, région...) qui bénéficie, contrairement à une entreprise privée, d'un pouvoir de coercition qui permet de limiter le resquillage.

Kindleberger63(*) a étendu cette analyse aux biens publics internationaux qui sont définis comme l'ensemble des biens accessibles dans tous les États où les opérateurs-consommateurs-entreprises en tirent avantage mais qui n'ont pas d'intérêts individuels à les produire. On peut ranger dans cette catégorie des « biens » qui concernent directement notre exposé : un système commercial ouvert, un environnement international stable, un droit de propriété bien défini, des normes internationales....

L'analyse de Kindlebergen a pour cadre un environnement où il y a sous emploi et effets d'entraînement des exportations sur la conjoncture. Il se distingue donc clairement des analyses classiques qui postulent d'emblée un environnement en plein emploi et situent les gains de l'échange au niveau des importations.

A priori une offre mondiale de biens publics sera plus abondante qu'une offre régionale ou nationale car elle bénéficie d'un plus vaste marché et surtout d'économies d'échelle plus importantes. Pourtant nous allons montrer que la fourniture au niveau régional est plus efficace et judicieuse qu'au niveau mondial ou multilatéral. Les accords régionaux ont alors bien une raison d'être et de se multiplier qui sort du cadre économique pur.

* 62 GUERRIEN B. (1997) Dictionnnaire d'analyse économique, Dictionnaire repères, La Découverte, Paris.

* 63 KINDLEBERGER A. (1995) Free Trade Agreements versus Customs Unions, NBER Working Paper, #5084, Cambridge, Mass. In SIROEN J.-M (2000) Ibid.

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