Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à l'Union Européenne d'un point de vue turc( Télécharger le fichier original )par Benoit ILLINGER Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002 |
1.3 Le théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS)Nous allons maintenant exposer la théorie d'Heckscher-Ohlin qui s'imbrique avec le théorème Stolper-Samuelson. · Le modèle Heckscher-OhlinLa théorie d'Heckscher-Ohlin stipule que les avantages à l'échange reposent sur la différence dans les dotations relatives de facteurs de production possédés par chaque pays (et non plus sur des différentes technologies comme chez RICARDO - les pays ont ici accès aux mêmes techniques (fonctions) de production). Contrairement à certaines idées reçues, cette théorie ne contredit pas celle de RICARDO mais la complète en démontrant, dans un cas différent de celui étudié par le modèle de RICARDO, que le libre-échange est la politique optimale. Ainsi ce modèle montre qu'un pays : « (...) peut être tout à la fois ricardien dans ses échanges avec les pays en développement (parce que ce commerce est dominé par les différences dans les technologies de production employées) et Hecksher-ohlinien dans son commerce avec des pays industrialisés (parce que ce dernier est surtout composé de biens produits par des technologies de production communes). » (MESSERLIN P. A. [1998], p.89.)40(*) La démonstration initiale de ce théorème Heckscher-Ohlin (dit HO) reposait sur le cas de deux pays, deux produits et deux facteurs mais par la suite des études ont élargi et généralisé la proposition à plus de deux pays, plus de deux produits et plus de deux facteurs. Sous certaines hypothèses41(*) le modèle HO que nous n'approfondirons pas, montre que le passage de la protection à l'ouverture commerciale amène inéluctablement le pays à se spécialiser (totalement ou partiellement) dans sa production (exportatrice) des biens qui utilisent relativement le plus de facteur abondant et importe alors les biens intensifs en facteurs rares42(*). En effet comme le facteur relativement abondant à un prix relativement bas (sous l'hypothèse de concurrence), la production du bien utilisant le plus de ce facteur doit être relativement peu coûteuse et par conséquent, dans le cas du commerce international, le pays ayant cette configuration se place alors en exportateur. Le raisonnement est le même pour le pays étranger qui se place alors lui aussi en exportateur dans le domaine où il possède un avantage car intensif en facteur abondant dans le pays. Les échanges entre pays se feront donc sur la base de rareté relative des facteurs de production dans ces pays. Ces échanges sont une bonne chose car ils permettent de palier, en partie au moins, à ces raretés. De surcroît, dans la mesure où les prix sont eux-même des indicateurs de rareté, le libre-échange entre pays a pour conséquences que les prix relatifs tendent à s'égaliser d'un pays à l'autre. Certaines critiques remettent néanmoins le théorème en cause. On ne s'attardera ni sur la critique empirique du modèle HOS (paradoxe de LEONTIEF qui propose lui-même une explication pour ne pas « anéantir » le Théorème HO), ni sur la critique de l'égalisation du prix des facteurs qui ne semble pas fonctionner dans les faits (une fois de plus à cause des imperfections du marché). Le théorème HO n'est pas étudié plus en détail et nous accepterons globalement sa preuve de la supériorité du libre-échange43(*) par rapport à l'autarcie même s'il existe les critiques que nous avons soulevés. De surcroît c'est surtout pour l'enchaînement logique qu'il appelle, que nous allons maintenant aborder, que le théorème HO nous intéresse pour notre exposé. * 40 Bien que cette situation s'applique au cas d'un pays développé elle est également valable dans le cas d'un PED à la différence près qu'elle deviendrait alors : un pays en développement peut être tout à la fois ricardien dans ses échanges avec les pays plus développé (parce que ce commerce est dominé par les différences dans les technologies de production employées) et Hecksher-ohlinien dans son commerce avec des pays identique. * 41 Il existe un certain nombre d'hypothèses à admettre pour permettre d'aboutir aux conclusions du théorème HOS. Les principales hypothèses, qui ont néanmoins, pour certaines, été démontré « relaxable » depuis, sont : la concurrence parfaite sur les marchés des produits et des facteurs, la parfaite mobilité des facteurs de production ainsi que le plein emploi des facteurs à l'intérieur de chaque économie, plein emploi des facteurs et même conditions de production et de demande entre les économies. Nous mettrons ici en exergue que le modèle stipule la « FIXITE » des facteurs de productions entre pays. C'est cette « imperfection » qui est à l'origine du commerce internationale. Or lorsqu'un pays s'intègre régionalement et qu'il dépasse le stade de l'Union douanière (relativement à la typologie de BALASSA), les facteurs de production deviennent théoriquement mobile donc une hypothèse décisive du modèle disparaît. * 42 En 1933, OHLIN prenait l'exemple de l'Australie pour illustrer cette théorie. En effet ce pays vendait de la laine et du blé et achetait des produits manufacturés car il était bien pourvu en terres fertiles mais manquait relativement de main d'oeuvre. Pour notre part si on appliquait cette théorie à la Turquie contemporaine, par le biais d'une simplification réductrice, on observerait alors que le pays vend ses produits textiles et ses biens industriels à l'étranger ( en 1996, 80% des exportations sont constituées de produits manufacturés dont la moitié dans le secteur traditionnel du textile et de l'habillement) car il est bien pourvu dans le facteur travail (non qualifié). * 43 A l'instar de GUERRIEN B. [1997] qui écrit : « Comme il est difficile de ne pas avoir de théorie du tout - ou d'en proposer une autre, qui risque d'être tout autant infirmée par les faits -, la position communément admise est que les analyses ricardiennes et HOS ont leur part de vérité, mais qu'il faut les aménager, en modifiant certaines de leur hypothèses de base. » |
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