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Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à  l'Union Européenne d'un point de vue turc

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002
  

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Choix et Intérêt du sujet

Le sujet qui sera donc traité est la pertinence ou plutôt l'optimalité économique de la volonté de s'intégrer à l'Union européenne (en passant par la phase d'Union douanière)

Le travail s'intitule « Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à l'Union européenne d'un point de vue turc » car en effet nous ne nous intéressons qu'à la perspective turque. Nous faisons abstraction des intérêts et enjeux européens ainsi que de la cohérence globale de l'ensemble qui se forme. En quelque sorte nous ne nous posons que la question qui semble préalable à tous débats concernant cette adhésion : « la Turquie a-t-elle intérêt à s'intégrer à l'UE ? »

L'intérêt et le choix du sujet résident dans plusieurs points.

La première raison qui m'a poussée à me poser une telle problématique est plutôt personnelle. Dans mon proche entourage, il existait un intérêt particulier porté à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et notamment aux motivations des rejets de la candidature turque à l'UE aboutissant à un mécontentement et un énervement de cette relation ambiguë qui dure depuis près de 50 ans. Aussi pour moi, il semblait, préalablement à de tels développements, nécessaire de vérifier le fondement de cette volonté d'adhésion. Et en tant qu'économiste le fondement serait recherché d'un point de vue économique.

Ensuite, et ce point rejoint en quelque sorte le précédent, le cas de la Turquie vis-à-vis de l'Union européenne est intéressant dans le sens où la Turquie, pourtant « Etat fier » désirant s'affirmer politiquement, est prête à demander et redemander une place au sein de l'Union européenne. Elle est prête à accorder beaucoup des concessions exigées par ses partenaires potentiels pour atteindre son but. Aussi il semble intéressant en tant qu'économiste de tenter de recenser ces bénéfices économiques théoriques et les bénéfices escomptés de l'ouverture à l'Union européenne, de tenter de faire le bilan de l'intégration déjà réalisée et dresser les perspectives attendues d'une intégration plus avancée.

De plus, il y a une forte asymétrie entre la Turquie et l'UE, tant au niveau du poids économique que politique. Cette asymétrie se retrouve également dans l'implication dans le commerce mondial. En effet, il ne faut pas perdre de vue que pour la Turquie adhérer à l'Union européenne signifie entrer dans le mouvement d'intégration régionale27(*) avec des partenaires économiquement plus avancés à l'instar du Mexique qui s'ouvre préférentiellement aux Etats-Unis et au Canada par le biais de l'ALENA.

Or, en terme de stratégie commerciale, la Turquie craint d'être marginalisée face à ce phénomène de régionalisation qui marque l'évolution du commerce international.

On peut alors se demander s'il est viable pour l'économie turque, économie en développement, de former un marché intégré avec l'Europe. Cette question est d'autant plus pertinente au vu des expériences passées d'adhésion à l'Union européenne. En effet, le cas espagnol d'une part, qui depuis la sortie de la période franquiste, montre un exemple réussi d'insertion au sein de la démocratie européenne et des réseaux économiques internationaux et, d'autre part, l'exemple moins probant de la Grèce, on peut légitimement se demander si la Turquie réussira à développer son économie dans une nouvelle donne européenne. Va-t-elle réussir à préserver un tissu industriel déprotégé de la concurrence européenne ? Arrivera-t-elle à dynamiser de nouveaux créneaux exportateurs et à s'insérer dans une division européenne du travail profitable à tous les pays ? Arrivera-t-elle tout simplement à en retirer un gain ?

L'objectif initial de ce travail était assez précis. Il se fixait de montrer qu'un pays en développement en général, et la Turquie en particulier, n'avait pas toujours intérêt à adhérer à un groupement régional de libre-échange formé par des pays plus avancés sur le plan économique, surtout si les concessions qu'il devait fournir étaient exagérées par rapport aux concessions de l'autre partie. L'ouverture commerciale est-elle bénéfique pour des pays inégalement développés ?

Néanmoins, et comme il était prévisible intuitivement aux vues des théories du commerce international classiques et plus modernes, cet objectif s'est vite avéré illusoire. Aussi, la conclusion tirée du cas précis de la Turquie vis-à-vis de l'Union européenne est inverse à celle envisagée au départ.

Certes, un certain nombre de « mises en garde » et d'écueils à éviter sont mis en exergue, il n'en reste pas moins que, autant d'un point de vue théorique que d'un point de vue empirique pour la Turquie aux portes de l'UE, l'adhésion plus poussée que celle existante est recommandée à un pays pour stimuler son économie.

En effet, au fur et à mesure des recherches, la conclusion du travail a évolué :

- au départ avec l'étude des théories d'économie internationale sur le libre-échange, il semblait que l'ouverture allait améliorer la situation globale du pays mais que les gains seraient inégalement distribués donc pourraient dégrader la situation de certains ;

- ensuite, à la vue du bilan statique de l'Union douanière, il ne semblait pas pertinent pour la Turquie d'intégrer l'Union européenne car cela engendrait plus de détournements que de créations de commerce ;

- enfin, en étudiant la nouvelle économie internationale et les effets dynamiques liés à l'intégration qui se produisent, essentiellement en dépassant le stade de l'Union douanière, la conclusion a évolué vers le nécessaire prolongement de l'intégration (mais en soulignant que celui-ci doit nécessairement s'accompagner d'un afflux de capitaux)

En conclusion, la thèse que nous défendons est que la Turquie a intérêt à s'intégrer à l'Union européenne si elle arrive à dépasser le stade de l'Union douanière en attirant suffisamment de capitaux et si elle indemnise les groupes « perdants » à l'ouverture.

Par ailleurs, ce travail semblait difficile pour plusieurs raisons. Tout d'abord, au vu des auteurs principaux sur ce sujet, il semblait évident que les raisons d'ordre non-économique occupaient une place déterminante dans l'orientation régionaliste28(*). Aussi il serait difficile de dissocier « l'économique » du « non-économique ».

Ensuite, il semblait également difficile de faire abstraction de la réalité pour simplifier la question. C'est-à-dire de faire abstraction d'une part des comportements et des préférences de l'Union européenne du fait que nous nous placions d'une perspective turque et, d'autre part, faire abstraction de l'avancement de l'intégration déjà réalisée pour se demander si la Turquie avait intérêt à réaliser l'Union douanière.

Nous avons tenté de dépasser ces difficultés pour arriver à la construction suivante.

* 27 L'intégration régionale peut être définie comme un processus qui « lie des pays géographiquement proches entre lesquels les relation économiques tendent à s'affranchir des frontières politiques pour favoriser la formation de marchés intégrés. » SIROËN J.-M. [2000],p.3.

* 28 La grande majorité des ouvrages traitant de la Turquie vis-à-vis de l'Union européenne sont des ouvrages de politologues. Ils ne voient en général comme bénéfice turque à l'adhésion essentiellement qu'un gain de démocratie (voir notamment S.ELEKAD) et n'accordent qu'une part réduite aux gains économiques. On notera néanmoins que certains politologues reconnaissent que la volonté turque d'adhésion à l'Union européenne est d'ordre économique dans la mesure où le développement économique réalisé permettrait, en engendrant un développement des infrastructures, en provoquant l'effacement du secteur public, de moderniser le pays et donc toutes sortes de gains non exclusivement économiques (Hamit BOZARSLAN [2001])

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery