3. Les événements au
Tibet depuis le 10 Mars 2008.
3.1 Les circonstances du
soulèvement tibétain.
Comme je viens de le décrire dans les sections
précédentes la situation des droits humains au Tibet est
déplorable et la frustration des tibétains augmente
d'année en année. A cette situation s'ajoute
l'impossibilité de dialogue avec les autorités chinoises ce qui
n'a pu que conduire aux événements de 10 Mars, les Jeux
Olympiques ayant été perçus comme l'occasion qui aurait pu
amener des réels changements dans les relations
sino-tibétaines.
Mais le dialogue entre les deux camps ressemble plus à
une discussion entre un sourd et un muet qu'à un échange entre
deux parties responsables. Tandis que le Dalai Lama demande l'autonomie, le
gouvernement chinois ne cesse de répéter qu'il n'y aura pas de
dialogue tant que le Dalai Lama ne renonce pas à l'idée de
l'indépendance. Lors que le Dalai Lama demandait l'apaisement des
manifestants tibétains les autorités chinoises l'accusaient de
conspiration et d'activités séparatistes. Pendant que la Dalai
Lama faisait appel à "ses frères et soeurs chinois" ces
mêmes "frères et soeurs" le traitaient de "serpent
déguisé en moine".
Et ce jeu cruel de surd-muet dur depuis plus de 50 ans ne
laissant aucun choix aux tibétains quant aux moyens de mettre en oeuvre
leur droit à l'autodétermination reconnu à tous les
peuples dans les instruments de droit internationaux. Cette situation ne
pouvait qu'aboutir aux événements du 10 Mars, la torche olympique
offrant un éclairage inespéré.
3.2 L'ampleur du
soulèvement tibétain.
Personne n'a pu prévoir ce qui a suivi la
commémoration du cinquante-neuvième anniversaire du
soulèvement tibétain à Lhassa de 1959. Surement pas la le
Comité International Olympique lorsqu'il a décidé
d'honorer la Chine avec l'accueil des Jeux Olympiques. L'étonnement est
d'autant plus grand que les manifestations ont très vite
débordées la traditionnelle région de Lhassa prenant une
ampleur que n'ont jamais connue les protestations tibétaines.
Selon des sources au sein du Tibet, environ trois cents moines
du monastère de Drepung, situé à la
périphérie de la capitale, a tentés de lancer une
protestation pacifique le 10 mars vers Barkhor Street, Lhassa. Ils ont
été entravés de procéder à leur marche
pacifique par un grand nombre de policiers chinois armés avant
d'atteindre Lhassa. Le même jour, un groupe d'environ dix personnes, dont
deux moines et des laïcs, a commencé une autre marche pacifique
à partir de Tsuklakhang Temple en criant des slogans
d'indépendance, en distribuant des brochures et en haussant les drapeaux
tibétain interdits. Ils ont été immédiatement
arrêtés par les fonctionnaires du Bureau de la
Sécurité Publique (BSP).
Le même jour une protestation a également
été signalée dans la zone traditionnelle tibétaine
d'Amdo dans le comté de Mangra dans la province du Qinghai. Les 137
moines de Lhutsang monastère dans le comté de Mangra, et 215
laïcs de la région ont été empêchés par
la Police Armée du Peuple (PAP) quand ils sont arrivés devant la
salle de l'Assemblée du comté où un spectacle
parrainé par le gouvernement était en cours mais qui à
l'approche des tibétains a été forcé d'abandonner.
Plus tard, des moines et des laïcs ont commencé à crier des
slogans "Vive le Dalaï Lama" et "Le Dalaï Lama devrait revenir au
Tibet".
Le 10 mars est devenu le point de départ de ce qu'on
peut appeler un soulèvement général qui a touché
toutes les régions du Tibet historique (voir la Carte du Tibet
Historique en Annexes). Ce qu'on appelle le Tibet Historique est un territoire
d'une surface de 2 500 000 km carré et actuellement il
est divisé en trois régions : le Ü-Tsang (dont le territoire
revient aujourd'hui majoritairement à la province chinoise du Xizang, ou
Région Autonome du Tibet), l'Amdo (correspondant aujourd'hui globalement
aux provinces chinoises du Qinghai et du Gansu) et le Kham (dont le territoire
est partagé entre les provinces chinoises du Xizang, du Sichuan et du
Yunnan).
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