CONCLUSION GENERALE
Selon le rapport 2000 de la FICR68, au cours des
années 90 les catastrophes naturelles et technologiques ont
touché en moyenne quelques cent quatre vingt seize millions d'individus
par jour et plus de six cent milliards de dollars de pertes économiques.
Ce qui correspond approximativement à 19.6 millions de personnes
sinistrées l'an et près de quatre cent cinquante mille milliards
de francs de dégâts, soit le tiers des richesses
créées en 1998 par tous les pays à faible revenu du monde
hormis la Chine. C'est conscient de l'impact des catastrophes sur les hommes et
le développement que du premier sommet de la terre à Rio de
Janeiro en 1992 à la Conférence internationale sur la
prévention des catastrophes naturelles à Kobe au Japon en passant
par la troisième conférence de l'ONU sur le climat à Kyoto
en 1997 et le sommet mondial sur le développement durable à
Johannesburg en 2002, la prévention des catastrophes et la gestion de
leurs effets ont été au coeur des travaux de la communauté
internationale qui a organisé des conférences et conclu de
nombreux accords sur la problématique des catastrophes.
Comme nous avons pu l'observé, les Etats pour faire
face au coût humain et social des catastrophes n'ont pas
hésité à adopter des instruments internationaux consacrant
une solidarité internationale. Toutefois, entre le souci de
protéger efficacement les peuples contre les calamités et la
sauvegarde de la souveraineté, le « droit d'intervention
humanitaire » est loin d'être consacré et reste une question
politique internationale très controversée. En attendant de voir,
conformément au désir de Koffi Annan exprimé en
200069, que la communauté internationale s'entende sur les
modalités d'une intervention humanitaire, le moment auquel elle doit
avoir lieu et les instances à doter des pouvoirs nécessaires, la
solidarité internationale reste encore soumise aux volontés
étatiques.
Au demeurant, l'hypothèse de départ d'une
véritable communauté internationale basée sur un
élément subjectif que constitue la solidarité
internationale en dépit des barrières linguistiques, raciales ou
culturelles se trouve vérifié dans une large mesure. L'exemple
camerounais a permis de découvrir une communauté dans la
société internationale capable de se mobiliser au chevet de l'un
de ses membres affecté par un évènement dépassant
ses capacités de réactions. Deux remarques cependant : d'abord,
il existe un véritable risque
68 Cité dans La protection civile au
Cameroun Op. Cit. P33
69 Cité par Brice SOCCOL Op. Cit. P33.
d'instrumentalisation à d'autres fins de cette aide
d'où le refus de certains Etats de la recevoir ou encore le
schéma préférentiel d'une solidarité Nord-Sud.
Ensuite une aide dépend des capacités et des moyens de chaque
acteur. C'est pourquoi elle est principalement orientée du Nord vers le
Sud même si les pays en voie de développement en dépit des
difficultés conjoncturelles liées à leur économie
ou structurelles liées aux rapports sur la scène internationale
s'évertuent à apporter leur contribution à cette
solidarité internationale dont ils sont par ailleurs le terrain propice
d'expérimentation. La vérification du postulat de départ
s'explique sans nul doute par une mondialisation de la société
internationale entraînant une mondialisation de la catastrophe et de ses
conséquences.
Somme toute, les faits observés et les conclusions
obtenues à partir de l'exemple du Cameroun sont dans une grande
majorité généralisables à l'ensemble des pays en
voie de développement de l'Afrique subsaharienne où s'illustre le
plus cette solidarité internationale. On note toutefois l'absence d'une
véritable coopération dans le domaine de la gestion des
catastrophes entre les pays du Sud par la mise sur pied par exemple de
politiques et programmes communs de prévention et de gestion des
catastrophes. Tout comme il faut relever pour le regretter l'
<<indifférence>> apparente du Cameroun et des pays du Sud
pour les sinistres frappant les peuples loin de leurs frontières car
comme l'a affirmé François MITTERAND, << Parce qu'elle est
celle de chaque homme, la souffrance relève de l'universel
>>70.
70 Allocution lors du transfert des cendres de
René CASSIN au Panthéon le 05 Octobre 1987.
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