Paragraphe II- L'assistance du Cameroun aux
étrangers sinistrés.
Nous évoquerons sous ce titre les naufragés
étrangers (A) et les citoyens étrangers expulsés des pays
voisins et se retrouvant sur le territoire camerounais (B).
A- Le sauvetage et la prise en charge des naufragés
étrangers.
Le premier Juillet 2005, la contrée de Campo
située à soixante quinze kilomètres au sud de Kribi a
vécu une situation habituelle : des corps dénudés
déchiquetés et charriés par les courants marins
échouent sur la côte. Un canot géant d'origine
béninoise, le <<Cotonou », qui mettait le Cap sur Libreville,
la capitale du Gabon a été prise dans un tourbillon la veille 30
Juin 2005. Alertés par un pêcheur, le sous-préfet de Campo
et son état major procéderont à l'identification des
rescapés (06 Nigérians, 03 Burkinabés, 02 Togolais, 01
malien, 14 béninois) avant de les installer au camp des pêcheurs
à Campo Beach où ils recevront du matériel de toilette. Le
comité mixte départemental de crise en relation avec les
autorités diplomatiques et consulaires des pays des naufragés
organisera l'inhumation des corps sortis de l'océan et un office
religieux oecuménique. Une enquête est également ouverte
conformément au souhait des diplomates pour établir les
responsabilités dans le naufrage. Le Gouverneur de la province du Sud a
évoqué le projet de l'aménagement d'un monument à
la mémoire des disparus. Les rescapés ont été
transférés de Campo à Douala par un minibus
affrété pour la circonstance où ils ont été
rapatriés chez eux conformément aux résolutions issues des
concertations entre les autorités et les responsables diplomatiques du
Togo, du Niger, du Burkina Faso, du Mali, du Nigeria. Ce rapatriement a
été effectif le 15 Juillet 2005 grâce au gouvernement
béninois qui a affrété un avion spécial. Dans la
gestion de cette catastrophe, l'ambassadeur du Bénin au Cameroun a
apprécié la réaction et le soutien du Cameroun en parlant
de la << solidarité africaine » ainsi illustrée.
Cette promptitude du Cameroun à secourir des
naufragés a de nouveau été démontrée en Mars
2005 lors du naufrage d'une embarcation en provenance du port d'Oron au
Nigéria et se rendant à Port Gentil au Gabon avec un bilan
faisant état de plus de cent disparus et vingt trois survivants pour
l'essentiel de nationalités malienne, burkinabé, béninoise
et nigériane.
En volant au secours des naufragés, le Cameroun tout en
répondant à l'appel de la communauté internationale
à la solidarité dans la gestion des catastrophes montre son
attachement aux valeurs prônées par les instruments internationaux
de droits de l'homme et ce
même si les victimes sont en partie responsables de leur
situation comme c'est le cas des immigrés clandestins.
B- La réhabilitation et le rapatriement des
expulsés étrangers sur le territoire camerounais.
L'actualité récente a été
illustrée par les expulsions notamment en Europe des immigrés
clandestins vers leur pays d'origine. Ces charters d'expulsions massives ne
tiennent pas toujours compte des différentes nationalités des
clandestins et il arrive qu'un clandestin se retrouve dans un pays autre que le
sien, sans ressources. Pour faire face à ce type de catastrophe, le
Cameroun par une sorte de politique d'assimilation au national prend en charge
des étrangers expulsés vers son territoire au même titre et
dans les mêmes conditions que ses nationaux également
expulsés.
A titre d'exemple, par messages fax N° 166/MFX/L/CAJF et
239/MFX/G/SEC/39/SG du 11 Mars 2004, les gouverneurs des provinces du Sud et du
Sud-ouest rendaient compte au Ministre d'Etat, Minatd de ce que suite aux
incidents politiques survenus en Guinée Equatoriale, de nombreux
résidents étrangers ont été expulsés de ce
pays. Sur les neuf cent refoulés accueillis au Cameroun, on
dénombre des étrangers originaires d'autres pays du continent
entre autres Sénégal, Ghana, Congo. Selon les rapports de gestion
de la crise67, aucune distinction ni discrimination n'a
été effectuée dans le traitement de ces étrangers
pris en charge au même titre que les camerounais. Hébergement,
nutrition, biens vestimentaires, santé, hygiène et assainissement
seront fournis indifféremment à tous. Concrètement, un
appui financier de cinq mille francs a été remis à chacun
pour joindre sa famille et, ou s'acheter de petits objets de première
nécessité, la mise à leur disposition de couchettes
décentes avec l'appui du FICR, la fourniture de deux repas par jour par
individu, l'octroi de soins médicaux par des médecins et un
accompagnement psychologique.
Ainsi, en dépit de quelques difficultés
éprouvées en raison de nombreuses contraintes inhérentes
à sa situation économique, le Cameroun s'atèle à
apporter son soutien et son appui dans la gestion des crises et catastrophes
internationales. L'action du Cameroun, d'un champ d'application réduit,
semble se déployer suivant deux critères : la nature de la
catastrophe et son lieu de survenance. La solidarité du Cameroun
à l'échelle internationale semblant couvrir exclusivement les
catastrophes sociales qui touchent ou jouxtent son territoire.
67 Notamment le Rapport de mission de la mission
interministérielle à Limbé au sujet des camerounais
expulsés de Guinée Equatoriale, Mars 2004 (Inédit).
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