Paragraphe II- Les contraintes externes au
déploiement du Cameroun.
Le déploiement du Cameroun dans la gestion des
catastrophes internationales reste tributaire de son poids sur la scène
et les relations internationales (A) et de la marge que lui laissent les
conditionnalités des bailleurs de fonds internationaux (B).
A- Les rapports de puissance
Dans le contexte des relations internationales, la puissance
détermine la capacité d'un Etat à étendre son
action sur la scène internationale. Très souvent invoquée
par les commentateurs politiques, la notion est difficile à cerner de
manière précise. Capacité, influence, contrôle,
emprise, prestige, pouvoir, la puissance entretient des rapports étroits
avec ces notions qui lui sont associées ; à la fois une et
multiple, la puissance conditionne très souvent les rapports
interétatiques mais aussi la détermination et l'application du
droit international. M. Brice SOCCOL distingue entre les critères
traditionnels que sont la force militaire, la démographie, les
critères physiques du territoire, les critères nouveaux tels
le
contrôle des échanges des
télécommunications ou des transactions pour affirmer que toute
puissance est factuelle et est <<relative à la fois dans le temps
et dans l'espace. »55.
Dans ce contexte, l'aide internationale en cas de catastrophe
est parfois perçue comme un aveu de faiblesse, d'impuissance, une
négation de la puissance de l'Etat bénéficiaire. La
résistance de la Corée du nord à la communauté
internationale alors qu'elle faisait face à une grave famine ou la
réticence de l'Iran à demander l'aide internationale après
le tremblement de terre de 1990 ayant fait plus de cinquante mille (50 000)
morts sont forts illustratifs de cette logique. Un Etat en quête de
puissance ou à la puissance affirmée acceptera très
difficilement l'aide d'un << égal » et rejettera très
certainement le soutien d'un <<plus petit ». Le Cameroun, pays
africain pauvre et très endetté, voit ainsi se réduire le
champ où pourrait être accepté son aide. L'aide est donc
presque toujours une action dirigée depuis le nord vers les pays du sud.
Et comme le démontre l'Encyclopédie Wikipédia, il est peu
vraisemblable de voir des contingents rwandais en Irlande du nord ou des
Libanais intervenant au pays basque espagnol. Dans la même logique, un
déploiement humanitaire du Cameroun en France, au Japon ou aux
Etats-Unis semble fort peu probable. Improbabilité renforcée par
la chape des programmes d'ajustement structurels sur la liberté d'action
du Cameroun.
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