2.5.1 Changement au niveau des habitudes de
travail
Par rapport à la riziculture traditionnelle, des
modifications interviennent suite à
l'adoption du SRI. Certains producteurs demeurent
sceptiques et perçoivent les pratiques du SRI comme relativement
difficiles par rapport aux pratiques culturales classiques du riz.
La pratique du SRI demande la mise en oeuvre des
plusieurs pratiques spécifiques. La pépinière sèche
demande plus soins et de préparation par rapport à la
pépinière inondée. Le respect de l'âge des plants au
repiquage implique une préparation préalable de la
rizière. Les repiquages échelonnés nécessitent la
mise en place de plusieurs pépinières. L'itinéraire SRI
exige donc une gestion rigoureuse de temps de travail de paysan pour pouvoir
respecter à la fois l'itinéraire et faire face au surcroît
de travail.
2.5.2 Risques accompagnant l'adoption d'une innovation
culturale
Afin de mesurer l'ampleur du risque qui accompagne
l'adoption d'une innovation, le
producteur évalue le coût global d'une
innovation en termes d'investissement en intrants qu'en équipements. Le
paysan prend en considération cette notion de risque couru avant
d'entreprendre ou d'investir. L'adoption d'une innovation exige des
dépenses en intrants ou des consommations intermédiaires comme
les engrais. Psychologiquement avec la notion du risque couru, l'engrais
disparaît au cours d'une seule campagne seulement, tandis que
l'utilisation des équipements s'étale sur plusieurs exercices. En
général le producteur peut être attiré par une
proposition d'innovation qui présente de risque sensible et impliquant
des dépenses conséquentes en capital fixe qui s'étalent
sur plusieurs campagnes.
2.5.3 Résistance au changement
Les changements importants qui s'opèrent sur le
milieu rural ne motivent pas
facilement les paysans. Le processus de changement
suppose qu'ils voient clairement les opportunités et la
nécessité d'adopter une nouvelle technique.
Il est donc légitime que les paysans
résistent au changement face à de nouvelles
techniques. On
croit trouver des explications simples selon lesquelles, le paysan
reste
routinier, leur mentalité n'évolue qu'au rythme des
générations successives, malgré les
opportunités offertes par l'intensification
agricole, les producteurs sont rationnels dans leurs propres stratégies.
« Il faut au minimum 10 ans, au mieux 20 ans, pour qu'une
culture nouvelle, une variété nouvelle, une méthode
nouvelle de culture puissent être considérées comme ayant
fait leurs preuves » (Henri de LAULANIE 200311)
La riziculture traditionnelle semble relativement
moins complexe par rapport au SRI. La mise en oeuvre de la technique est
à la fois coûteuse par rapport à la riziculture
traditionnelle et accompagnée par des risques.
« L'environnement de la production
agricole à Madagascar est caractérisé par l'existence
d'une potentiel de risque élevé du notamment à la
fréquence des cyclones, des sécheresses, des inondations, et des
maladies phytosanitaires » (INSTAT 2003)12 qui
peuvent être de différents types (commercial, financier,
climatique..).
Face à ces contraintes les paysans optent pour
un arbitrage entre le gain des revenus monétaires dans l'immédiat
et les rendements futurs qui dépendent encore d'autres facteurs non
maîtrisables (aléas climatiques, commercialisation).
En effet, la pratique agricole extensive a
été réalisée par les paysans qui ne disposent pas
d'un capital technique suffisant pour atteindre le niveau de production
souhaité. C'est à travers l'accroissement de la superficie
cultivée que les producteurs tentent de compenser le rendement qu'ils ne
peuvent pas obtenir par le biais de l'intensification considérée
coûteuse en termes de capital et de main d'oeuvre.