RESUME
L'anacarde (Anacardium occidentale) représente
la deuxième culture d'exportation du Bénin après le coton.
Le pays occupe la 6ème place au plan mondial en terme de
volume de noix exportée et le 2ème rang des pays ouest
africains (après la Guinée Bissau) en terme de qualité de
la production. La demande des produits d'anacarde et plus
particulièrement des noix de cajou est en forte progression sur le
marché international. C'est donc une culture stratégique dont les
perspectives sont prometteuses pour le Bénin.
Dans l'optique de contribuer à l'amélioration de
l'écoulement des noix de cajou au Bénin, cette étude a
analysé le système de commercialisation des noix de cajou
produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga.
Un total de 160 producteurs et commerçants de noix de
cajou ont été interviewés dans les communes de
Kouandé et Djougou. Dans chaque commune, 40 producteurs et 40
commerçants, sélectionnés de manière
aléatoire, ont été enquêtés. L'analyse a
été basée sur le paradigme Structure-Conduite-Performance.
Le test de ÷2, le test de student,
ANOVA à un facteur et le test de Kendall ont été
utilisés pour tester les hypothèses de l'étude.
Des résultats obtenus, il se dégage que le
système de commercialisation des noix de cajou dans la zone
d'étude implique plusieurs types d'acteurs à savoir : les
producteurs, les collecteurs, les courtiers, les grossistes, les exportateurs
et les transformateurs (dont l'activité est très peu
développée).
Les résultats du test de
÷2 montrent que le type d'acteurs varie selon
l'âge (÷2 = 88,7747 ; p =
0,000), le sexe (÷2 = 46,948 ; p
= 0,000), le niveau d'instruction (÷2
= 55,197 ; p = 0,000) et l'origine des acteurs
(÷2 = 11,107 ; p = 0,011).
Toutefois, la nationalité n'est pas un facteur discriminant des
différents types d'acteurs rencontrés. La plupart des collecteurs
et courtiers dans le système sont de jeunes alors que les femmes sont
impliquées surtout dans la collecte et la transformation des noix.
L'analphabétisme caractérise les producteurs qui sont pour la
plupart des personnes âgées et la majorité des acteurs
rencontrés sur le terrain sont tous du milieu sauf que les grossistes ne
résident pas dans les zones de production.
Par ailleurs, cette étude retrace que la
commercialisation des noix de cajou suit des circuits
généralement non officiels et les fonctions de commercialisation
sont exécutées dans des conditions précaires.
L'analyse des coûts et marges de commercialisation a
révélé que ces coûts et marges varient entre les
différentes catégories d'acteurs tant au niveau communal que
départemental. Dans les deux départements, les grossistes
supportent les coûts les plus élevés avec une moyenne de
48.7F/kg par grossiste. Une comparaison des moyennes des coûts entre
les acteurs des deux communes révèle que les producteurs de
Djougou supportent des coûts plus bas avec une moyenne de 33.15 F/kg par
producteur alors que les collecteurs, courtiers et grossistes de cette commune
supportent des coûts plus élevés que ceux de la commune de
Kouandé. En outre, les producteurs et les grossistes de Kouandé
ont des marges plus élevées que les producteurs et les grossistes
de Djougou. 52,08% des bénéfices générés par
le système reviennent aux commerçants contre 47,92% pour les
producteurs.
L'analyse de l'efficacité du système au niveau
de chaque acteur montre que le commerce des noix de cajou est rentable pour
tous les acteurs mais son efficacité varie selon les acteurs. La
commercialisation est efficace au niveau des grossistes et ne l'est pas au
niveau des producteurs, des collecteurs et des courtiers.
Enfin, il ressort de cette étude que le manque de
moyens financiers, la difficulté de l'entretien, le
phénomène de vol des noix, le prix relativement bas payé
aux producteurs, l'existence d'un nombre élevé
d'intermédiaires et la fluctuation des prix constituent des menaces au
développement et à l'organisation de la filière.
Au vu de ces résultats, quelques suggestions ont
été formulées pour l'amélioration du système
de commercialisation des noix de cajou dans les départements de
l'Atacora et de la Donga en particulier, et au Bénin en
général.
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