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Analyse du système de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga

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par Mohamed SALIFOU ISSAKA
Université de Parakou - Diplôme d'Ingénieur Agronome 2008
  

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CERTIFICATION

Je certifie que ce travail a été entièrement conduit et réalisé par

SALIFOU ISSAKA Mohamed, étudiant à la Faculté d'Agronomie de

l'Université de Parakou, au Département d'Economie et de Sociologie

Rurales, sous ma supervision.

Le superviseur

Dr. Ir. Pamphile DEGLA

Professeur-Assistant, Enseignant

à la Faculté d'Agronomie de

l'Université de Parakou,

Département d'Economie

et Sociologie Rurales.

DEDICACE

Je te rends grâce ALLAH pour tes multiples bienfaits dans ma vie. Ce modeste travail, a été accompli par ton assistance perpétuelle. Que ta volonté soit toujours mienne.

Je dédie ce travail :

A mon père, SALIFOU Issaka, pour tous les efforts que vous n'avez cessé de déployer pour nous rendre heureux et faire de nous des individus sociables. Vous avez très tôt su que l'instruction et le travail bien fait sont la clé du succès dans la vie. Recevez ici la satisfaction d'une mission bien accomplie.

A ma mère, YAYA Mouhibath, pour vos sacrifices, votre endurance et votre bravoure.

Que vos efforts ne se révèlent vains et puisse Dieu, le très et le tout Miséricordieux vous garder longtemps pour que vous puissiez bénéficier de ses fruits.

A ma marâtre, ALASSANE Adjaratou, pour votre amour et le rôle de mère que vous ne cessez de jouer à mon égard. Puisse ALLAH vous garder.

Enfin à tous mes frères et soeurs pour les soutiens que vous m'accordez, la convivialité et l'entente qui a toujours règné entre nous.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail a été possible grâce à la contribution et aux efforts de plusieurs personnes et institutions. C'est ici l'occasion pour nous de leur témoigner notre profonde gratitude.

Nos remerciements s'adressent de façon particulière,

A notre superviseur le Dr. Ir. Pamphile DEGLA, qui a su guider nos premiers pas dans la recherche. Durant tout le temps passé ensemble, vous étiez toujours disponible à travailler avec nous malgré vos multiples occupations. Vous nous avez montré une rigueur scientifique et une clairvoyance dans vos idées, suggestions et conseils. Vous avez instauré entre vous et nous un excellent climat de travail.

Pour tous ces efforts et toute cette attention à notre égard, recevez ici le témoignage d'un étudiant à qui vous avez donné une vision claire du travail bien fait.

Au Programme de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles (ProCGRN) qui a bien voulu financer cette recherche. Que ce travail réponde à l'attente de ses responsables.

A tous les enseignants de la Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou, qui ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui ; en particulier Dr. Ir. Jacob A. YABI, pour ses conseils lors de la conception de ce travail et le fait de nous avoir mis en contact avec notre superviseur. Que ce travail soit pour nous, l'élément qui nous permette de suivre vos traces.

Aux autorités de la Faculté d'Agronomie qui n'ont ménagé aucun effort pour nous donner une formation de qualité. Que ce travail puisse vous permettre de dire : " Les efforts consentis en valaient bien la peine".

Aux cadres et responsables de la Recherche-Développement Atacora/Donga, du ProCGRN, des services agricoles (CeRPA), du PAMRAD, et de l'URPA, pour s'être entièrement mis à notre disposition en nous fournissant de précieuses informations et des conseils techniques pour la réussite du présent travail.

A tous mes amis et camarades de promotion pour leur sympathie et leur soutien.

Nos remerciements vont également à l'endroit des producteurs et des commerçants des noix de cajou, pour la disponibilité et la patience dont ils ont fait preuve lors de la collecte des données. Aussi, nous n'oublions pas ceux qui nous ont servi de guide en particulier Bana et Abramane.

Enfin, nous avons une pensée spéciale à tous ceux qui ont contribué de diverses manières à l'aboutissement de ce travail, qu'ils en soient remerciés.

RESUME

L'anacarde (Anacardium occidentale) représente la deuxième culture d'exportation du Bénin après le coton. Le pays occupe la 6ème place au plan mondial en terme de volume de noix exportée et le 2ème rang des pays ouest africains (après la Guinée Bissau) en terme de qualité de la production. La demande des produits d'anacarde et plus particulièrement des noix de cajou est en forte progression sur le marché international. C'est donc une culture stratégique dont les perspectives sont prometteuses pour le Bénin.

Dans l'optique de contribuer à l'amélioration de l'écoulement des noix de cajou au Bénin, cette étude a analysé le système de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga.

Un total de 160 producteurs et commerçants de noix de cajou ont été interviewés dans les communes de Kouandé et Djougou. Dans chaque commune, 40 producteurs et 40 commerçants, sélectionnés de manière aléatoire, ont été enquêtés. L'analyse a été basée sur le paradigme Structure-Conduite-Performance. Le test de ÷2, le test de student, ANOVA à un facteur et le test de Kendall ont été utilisés pour tester les hypothèses de l'étude.

Des résultats obtenus, il se dégage que le système de commercialisation des noix de cajou dans la zone d'étude implique plusieurs types d'acteurs à savoir : les producteurs, les collecteurs, les courtiers, les grossistes, les exportateurs et les transformateurs (dont l'activité est très peu développée).

Les résultats du test de ÷2 montrent que le type d'acteurs varie selon l'âge (÷2 = 88,7747 ; p = 0,000), le sexe (÷2 = 46,948 ; p = 0,000), le niveau d'instruction (÷2 = 55,197 ; p = 0,000) et l'origine des acteurs (÷2 = 11,107 ; p = 0,011). Toutefois, la nationalité n'est pas un facteur discriminant des différents types d'acteurs rencontrés. La plupart des collecteurs et courtiers dans le système sont de jeunes alors que les femmes sont impliquées surtout dans la collecte et la transformation des noix. L'analphabétisme caractérise les producteurs qui sont pour la plupart des personnes âgées et la majorité des acteurs rencontrés sur le terrain sont tous du milieu sauf que les grossistes ne résident pas dans les zones de production.

Par ailleurs, cette étude retrace que la commercialisation des noix de cajou suit des circuits généralement non officiels et les fonctions de commercialisation sont exécutées dans des conditions précaires.

L'analyse des coûts et marges de commercialisation a révélé que ces coûts et marges varient entre les différentes catégories d'acteurs tant au niveau communal que départemental. Dans les deux départements, les grossistes supportent les coûts les plus élevés avec une moyenne de 48.7F/kg par grossiste. Une comparaison des moyennes des coûts entre les acteurs des deux communes révèle que les producteurs de Djougou supportent des coûts plus bas avec une moyenne de 33.15 F/kg par producteur alors que les collecteurs, courtiers et grossistes de cette commune supportent des coûts plus élevés que ceux de la commune de Kouandé. En outre, les producteurs et les grossistes de Kouandé ont des marges plus élevées que les producteurs et les grossistes de Djougou. 52,08% des bénéfices générés par le système reviennent aux commerçants contre 47,92% pour les producteurs.

L'analyse de l'efficacité du système au niveau de chaque acteur montre que le commerce des noix de cajou est rentable pour tous les acteurs mais son efficacité varie selon les acteurs. La commercialisation est efficace au niveau des grossistes et ne l'est pas au niveau des producteurs, des collecteurs et des courtiers.

Enfin, il ressort de cette étude que le manque de moyens financiers, la difficulté de l'entretien, le phénomène de vol des noix, le prix relativement bas payé aux producteurs, l'existence d'un nombre élevé d'intermédiaires et la fluctuation des prix constituent des menaces au développement et à l'organisation de la filière.

Au vu de ces résultats, quelques suggestions ont été formulées pour l'amélioration du système de commercialisation des noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga en particulier, et au Bénin en général.

ABSTRACT

Cashew nuts(Anacardium occidentale) represent the second largest agricultural export in Benin (second only to cotton). The country is the 6th world best cashew nuts producer and the 2nd best of West Africa. There is recent and strong increase in the international demand of cashew products. Therefore cashew crops appear to be a strategic product which Benin is looking forward developing.

This study was carried out to provide baseline information to improve the commercialization of cashew nut in the Atacora and Donga provinces.

We surveyed a total of 160 cashew nut producers and traders in Kouandé and Djougou districts. In each town 40 producers and 40 traders, were randomly selected. We used Structure-Conduite-Proformance approach to analyse our data with support from ÷2 test, Kendall test, Student t test and one-way ANOVA.

The actors of cashew nut marketing system in the study region were: producers, collectors, middlemen, wholesalers, exporters and processors whose activity is still underdevelopped.

The ÷2 test indicated that the type of actor is depended of age, sex, level of education and ethnicity. However, the majority of actors are locals while the wholesalers are foreigners. Most of the collectors and middlemen are youngsters while women were specifically involved in the collection and processing of cashew nuts.

The trading system network of cashew nuts is still unofficial and commercialization is carried out in precarious conditions.

The costs and margins of cashew nuts trading vary a lot between actors both at town and province levels. In the two provinces, wholesalers support most of the higher costs with an average of 48.7F/kg per wholesaler. A comparison of averages between actors of two towns revealed that producers of Djougou support lower costs with an average of 33.15 F/kgs per producer whereas collectors, middlemen and wholesalers of this town supported the most elevated costs than those of Kouandé. Producers and wholesalers of Kouandé had higher margins than their counterparts of Djougou. 52,08% of the profits generated by the system come back to tradesmen against 47,92% for the producers.

The trading system of cashew nuts is profitable for all of the actors but the efficiency of the trade varied from one actor to another. Wholesalers, unlike the oher actors, had an efficient commercialization.

Overall, some factors negatively affects the developpement of the cashew nut trading system in the study areas, namely the weak finacing of the system, difficulty to maintain plantations, low and unstable price to producers, the high number of middlemen and fraud. This study suggested strategies to address these issues in the Atacora and Donga province and Benin.

TABLE DES MATIERES

CERTIFICATION i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

RESUME iv

ABSTRACT vi

TABLE DES MATIERES viii

LISTE DES TABLEAUX x

LISTE DES CARTES ET FIGURES xii

LISTE DES ABREVIATIONS xiii

1. INTRODUCTION GENERALE 1

1.1. Introduction 2

1.2. Articulation du document 3

1.3. Problématique et justification 5

1.4. Objectifs et hypothèses 7

1.4.1. Objectifs de recherche 7

1.4.2. Hypothèses de recherche 8

1.4.3. Résultats attendus 8

2. REVUE DE LITTERATURE 9

2.1. Cadre conceptuel de la recherche 10

2.1.1. La commercialisation et ses fonctions 10

2.1.2. Réseau commercial 11

2.1.3. Acteurs de commercialisation. 12

2.1.4. Analyse des marges commerciales 13

2.1.5. Importance de la commercialisation des produits agricoles 14

2.1.6. Les problèmes liés à la commercialisation 15

2.2. Les approches d'analyses en commercialisation 16

2.2.1. Approche filière 17

2.2.2. Approche circuit 17

2.2.3. Approche sous secteur 18

2.2.4. Le paradigme Structure - Conduite - Performance (S.C.P.) 18

2.3. Bilan des études sur les noix de cajou au Bénin 21

2.4. Présentation de l'anacardier 23

2.4.1. Systématique et caractères botaniques 23

2.4.2. Origine et distribution 23

2.4.3. Ennemis de culture 24

2.4.4. Description des noix de cajou 25

2.4.5. Importance et utilité de l'anacardier 26

3. METHODOLOGIE 28

3.1. Présentation de la zone d'étude 29

3.1.1. Localisation et richesses 29

3.1.2. Climat et sols 29

3.1.3. Végétation 30

3.1.4. Economie 30

3.2. Les phases de la recherche 32

3.2.1. Etude documentaire 32

3.2.2. Etude Exploratoire 32

3.2.3. Etude approfondie 32

3.2.4. Echantillonnage 33

3.2.5. Données collectées et Méthode de collecte 34

3.2.6. Outils et méthodes d'analyse 35

3.2.7. Limites des données collectées 38

4. STRUCTURE DES MARCHES DE NOIX DE CAJOU 39

4.1. Typologie des marchés 40

4.2. Acteurs de commercialisation 41

4.2.1. Les acteurs commerciaux principaux 41

4.2.2. Les acteurs secondaires 44

4.2.3. Les partenaires des acteurs principaux 44

4.3. Circuits de commercialisation des noix de cajou 46

4.4. Equipements et instruments de mesure 48

4.5. Normes de qualité 49

4.6. Dynamique d'Organisation des acteurs 50

5. CONDUITE DES ACTEURS DU MARCHE DES NOIX DE CAJOU 53

5.1. Caractéristiques générales des acteurs 54

5.1.1. Sexe des acteurs 54

5.1.2. Age des acteurs 55

5.1.3. Le niveau d'instruction 56

5.1.5. Nationalité des acteurs 58

5.2. Les stratégies d'achat et de vente 59

5.3. La formation des prix 61

5.4. Les facteurs de variation du prix 63

5.5. L'intervention de l'Etat et des ONG 64

5.6. Comportement des acteurs face aux fonctions de commercialisation 65

5.6.1. La Conservation et le stockage 65

5.6.2. Le transport 66

5.6.3. Le Financement 67

5.6.4. L'information 68

6. PERFORMANCE DES MARCHES DE NOIX DE CAJOU 69

6.1. Evaluation de l'efficacité du système de commercialisation des noix de cajou 70

6.1.1. Analyse des coûts de commercialisation 70

6.1.2. Analyse des marges commerciales 74

6.1.3. Efficacité de la commercialisation par acteur 78

6.2. Analyse des marges commerciales entre producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente individuelle 80

7. CONTRAINTES LIEES A LA COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU 82

7.1. Contraintes à la production des noix cajou 83

7.2. Contraintes relatives au stockage/conservation et à la commercialisation 83

7.3. Hiérarchisation des contraintes 84

7.4. Arbres à problèmes des principales contraintes 86

8. CONCLUSION ET SUGGESTIONS 94

8.1. Conclusion 95

8.2. Suggestions 96

Références bibliographiques 99

Annexes.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2.1. : Principaux éléments de la structure, conduite, performance

Tableau 2.2. : Composition des noix de cajou

Tableau 2.3. : Composition moyenne pour 100 grammes de pomme de cajou fraîche.

Tableau 3.1. : Effectif de l'échantillon par village et par catégorie d'acteurs.

Tableau 3.2. : Tableau de contingence entre différents types d'acteurs (A) et caractéristiques socio- démographiques (C)

Tableau 4.1. : Types d'acheteurs privés des noix de cajou enquêtés (en %)

Tableau 4.2. : Unités de mesures locales, équivalence en kg et prix moyen au producteur

Tableau 4.3.: Répartition des acteurs (en %) par appartenance d'association

Tableau 5.1. : Répartition des acteurs par sexe (en %)

Tableau 5.2. : Répartition des acteurs par âge (en années)

Tableau 5.3. : Répartition des acteurs (en %) par niveau d'instruction

Tableau 5.4. : Répartition des acteurs selon leur origine (en %)

Tableau 5.5. : Synthèse des résultats des tests de ÷2

Tableau 5.6. : Répartition des acteurs (en %) selon les lieux de stockage

Tableau 5.7. : Répartition des acteurs par mode de Transport (%)

Tableau 5.8. : Répartition des acteurs par source de financement (en %)

Tableau 6.1. : Comparaison de moyennes des coûts entre acteurs des deux départements

Tableau 6.2. : Analyse de la plus petite différence significative des coûts de commercialisation entre acteurs des deux départements

Tableau 6.3. : Comparaison des coûts de commercialisation des acteurs de Kouandé.

Tableau 6.4. : Analyse de la plus petite différence significative des coûts de commercialisation des acteurs de Kouandé.

Tableau 6.5. : Comparaison des coûts de commercialisation des acteurs de Djougou

Tableau 6.6. : Analyse de la plus petite différence significative des coûts de commercialisation des acteurs de Djougou

Tableau 6.7. : Comparaison de moyennes des marges entre acteurs des deux départements.

Tableau 6.8. : Analyse de la plus petite différence significative des marges des acteurs des deux départements

Tableau 6.9. : Comparaison des marges commerciales entre les acteurs de Kouandé.

Tableau 6.10. : Analyse de la plus petite différence significative des marges des acteurs de Kouandé.

Tableau 6.11. : Comparaison de moyennes des marges entre les acteurs de Djougou

Tableau 6.12. : Analyse de la plus petite différence significative des marges des acteurs de Djougou.

Tableau 6.13. : Comparaison des coûts et des marges brutes au niveau de tous les acteurs des deux départements.

Tableau 6.14. : Comparaison ratio marge net / coût des acteurs des deux départements

Tableau 6.15. : Comparaison de moyennes des marges entre producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente individuelle

Tableau 7.1. Résultats de la hiérarchisation des contraintes à la production/entretien de l'anacarde

Tableau 7.2. : Résultats de la hiérarchisation des contraintes au Stockage/conservation et Commercialisation selon les producteurs

Tableau 7.3. : Résultats de la hiérarchisation des contraintes au Stockage/conservation et Commercialisation selon les commerçants

LISTE DES CARTES ET FIGURES

Carte 1 : Carte de l'aire de production de l'anacardier avec les limites des zones les plus favorables.

Carte 3.1. : Carte des zones Agro-Ecologique du Bénin montrant les communes d'étude.

Figure 1.1: Articulation du document

Figure 2.1. : Relation entre production, transformation et commercialisation.

Figure 2.2. : Paradigme SCP sous un angle déterministe.

Figure 2.3. : Paradigme SCP envisagé sous un angle dynamique.

Figure 4.1. : Circuit de commercialisation des noix cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga

Figure 5.1. : Courbe de variation des prix des noix de cajou sur le marché international (en dollars)

Figure 5.2. : Courbes de variation des prix sur le marché local

Figure 7.1. Arbre à problèmes relatif à l'insuffisance de moyens financiers

Figure 7.2. Arbre à problèmes relatif à la pénibilité de l'entretien

Figure 7.3. Arbre à problèmes relatif au Vol des noix dans les plantations

Figure 7.4. Arbre à problèmes relatif aux Feux de brousse

Figure 7.5. Arbre à problèmes relatif au faible prix de vente

Figure 7.6. Arbre à problèmes relatif à la forte fluctuation des prix

Figure 7.7. Arbre à problèmes relatif au Manque d'entente entre producteurs

Figure 7.8. Arbre à problèmes relatif à l'innorganisation de la commercialisation

Figure 7.9. Arbre à problèmes relatif à la forte fluctuation des prix

Figure 7.10. Arbre à problèmes relatif à la pénibilité du transport

Figure 7.11. Arbre à problèmes relatif à la diminution du poids des noix par dessiccation

Figure 7.12. Arbre à problèmes relatif à la concurrence de prix d'achat entre commerçants

LISTE DES ABREVIATIONS

A /D : Atacora/Donga

BIDOC : Bibliothèque Centre de Documentation

CARDER : Centre d'Action Régionale pour le Développement Rural

CCI : Centre du Commerce International

CeCPA : Centre communal pour la Promotion Agricole

CeRPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole

CLCAM : Caisse Locale du Crédit Agricole Mutuel

CNSL : Cashew Nut Shell Liquid

CVPA: Comité Villageois des Producteurs d'Anacarde
FA : Faculté d'Agronomie

FAO: Food and Agriculture Organisation

FOB : Free On Board

FSA : Faculté des Sciences Agronomiques
GTZ : Coopération Technique Allemande

INRAB: Institut National des Recherches Agricoles du Bénin

INSAE : Institut National de la Statistique et d'Analyse Economique

KOR : Kannel Outturn Result
LARES : Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise Sociale

MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

MDR : Ministère du Développement Rural

PAMRAD : Programme d'Appui au Monde Rural dans les Départements de l'Atacora et de la Donga

PAPA : Programme d'Analyse de la Politique Agricole

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unis pour le Développement

PPAB : Projet de Professionnalisation de l'Agrculture au Bénin

ProCGRN : Programme de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles

SCP : Structure-Conduite-Performance

UAC : Université d'Abomey-Calavi
UDP : Union Départementale des Producteurs

UCPA : Union Communale des Producteurs d'Anacarde
UP : Université de Parakou
URF : Unité de Recherche Forestière

URPA : Union Régionale des Producteurs d'Anacarde

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE

1.1. Introduction 

Le secteur agricole béninois à l'instar de ceux de nombreux pays sous-développés occupe une place importante dans l'économie nationale aussi bien du point de vue de la population qui y est impliquée que par sa contribution au Produit Intérieur Brut (PIB). En 2002, la contribution de ce secteur au PIB a été de 36% (INSAE, 2003). Mais ce secteur agricole reste confronté à de nombreux problèmes tels que le développement des systèmes de cultures extensifs à caractère dégradant de l'environnement, la faible productivité des facteurs de production et le faible niveau de revenu des producteurs. Aussi, repose-t-il sur le coton qui constitue la seule véritable culture d'exportation (Yabi, 1998) rendant du coup l'économie béninoise unijambiste et vulnérable.

De plus, la dernière crise de la filière coton nettement perceptible au Bénin depuis la campagne 1999-2000 a de nouveau mis à nu la fragilité d'une économie fondée sur un seul produit d'exportation (PPAB, 2001). Dès lors, la diversification agricole est devenue une priorité nationale que s'approprie au jour le jour tous les acteurs du développement agricole. C'est ce qui justifie l'attention particulière qu'accorde depuis 2003, le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP) à huit filières considérées comme prioritaires. Au nombre de ces filières, se trouve l'anacarde.

L'anacardier est par excellence un arbre à buts multiples (Memento de l'Agronome, 2002). En effet, outre son intérêt en agroforesterie, le fruit (la noix de cajou) et le faux fruit (la pomme de cajou) de l'anacardier fournissent des produits spécifiques très côtés à l'exportation et sur le marché local (Aïna, 1996 ; Gagnon, 1998). Dans ces conditions, le développement de cette filière porteuse, suppose la mise en place d'un accompagnement technique des acteurs, notamment les producteurs à la base, à travers, d'une part, une mise à disposition des innovations techniques appropriées et un encadrement solide et continu pour une production compétitive et durable, et d'autre part, une meilleure organisation du système de commercialisation des noix de cajou, afin de procurer aux paysans des devises qui leur permettront de financer leurs activités agricoles et de subvenir à leurs différents besoins. C'est la raison pour laquelle cette étude, commanditée par le Programme de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles (ProCGRN), vise à analyser le système de commercialisation des noix d'anarcarde produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga. Elle s'inscrit dans le cadre des travaux de fin d'études pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome à la Faculté d'Agronomie de l'Unversité de Parakou et permettra au ProCGRN d'améliorer ses interventions dans le domaine de la commercialisation des noix cajou dont il promeut et appuie déjà la production.

1.2. Articulation du document

La présente étude qui vise à faire une analyse du système de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga, s'articule suivant le schéma ci-après (Figure n°1) :

- Le premier chapitre est un chapitre introductif qui présente la problématique et les questions de recherche, présente les objectifs et hypothèses de recherche et en déduit les résultats attendus.

- Le deuxième chapitre est celui de la revue de littérature où sont présentés successivement le cadre conceptuel de l'étude, le point des études faites sur les noix de cajou au Bénin et la présentation de l'anacardier.

- Le chapitre 3 est celui de la méthodologie adoptée pour l'exécution des différentes phases de cette recherche.

Les résultats de cette recherche couvrent quatre chapitres.

- Le chapitre 4 présente la structure des marchés de noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga.

- Le chapitre 5 quant à lui, présente la conduite des acteurs du marché des noix de cajou dans les deux départements.

- Le chapitre 6 apprécie la performance du marché des noix de cajou.

- Le chapitre 7 fait le point des contraintes identifiées.

- Le chapitre 8 résume les grandes conclusions tirées de cette étude ainsi que les suggestions qui en découlent.

Figure 1.1: Articulation du document

Introduction Générale

Chapitre 1 

Problématique, objectifs, hypothèses et résultats attendus

Démarche méthodologique

Chapitre 2

Revue de littérature

Chapitre 3

Méthodologie

Résultats

Chapitre 4

Structure des marchés de noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga

Chapitre 5

Conduites des acteurs du marché des noix de cajou dans les deux départements

Chapitre 6

Performance du marché des noix de cajou

1.2 Problématique et justification

Chapitre 7

Contraintes liées à la commercialisation des noix de cajou

Chapitre 8: Conclusions et suggestions

1.3. Problématique et justification

Au Bénin, les productions agricoles ont contribué en 2004 pour près de 35,9 % au PIB et représentaient 80% des exportations (Mathess et al., 2005 ; Gueye, 2005).

La noix d'anacarde est la deuxième culture d'exportation de notre pays après le coton (Gagnon, 1998). Le Bénin occupe la 6ème place au plan mondial en terme de volume de noix exporté et le 2ème rang des pays ouest africains (après la Guinée Bissau) en terme de qualité de la production (MAEP, 2003 et LARES, 2004). Le pays a connu au cours du quinquennat 1997-2001 un taux de croissance annuelle des exportations de noix de 33% en valeur et 40% en volume (Trade Map CCI Genève, 2002). En 2004, le volume exporté par le Bénin a atteint 48.255 tonnes pour une valeur monétaire F.O.B de plus de 40 millions d'EURO (LARES, 2004). Dans l'hypothèse optimiste de croissance continue au rythme du quinquennat 1997-2001, les exportations du Bénin pourraient atteindre les 105.000 tonnes en 2007 en tenant compte des flux entrant des pays voisins que sont le Nigéria, le Togo et le Burkina estimés aujourd'hui entre 25 et 30% des exportations béninoises (Charre et al., 2003). L'importance de l'anacarde n'est plus à démontrer vu sa valeur économique et les multiples fonctions qu'offrent ses produits. La demande de ses produits et plus particulièrement des noix de cajou est en forte progression sur le marché international. Les noix béninoises sont compétitives de par leur qualité.

L'anacarde (Anacardium occidentale) apparaît donc pour le Bénin comme une culture stratégique dont les perspectives sont prometteuses. En effet, cette spéculation couvre actuellement au moins six des douze nouveaux départements du pays à savoir : l'Atacora, la Donga, l'Alibori, le Borgou, les collines et le Zou. Mais l'efficacité de la production d'une culture de rente passe par l'écoulement des produits. La commercialisation se révèle donc comme une composante du système sans laquelle le développement économique est sans issue (Gounsé, 2004). Au Bénin, en dehors du coton dont le système de commercialisation est organisé avec un prix garanti, abstraction faite de la nécessité d'une dynamisation, celui des autres produits agricoles n'est pas structuré. Or d'après Soudé (2002), en dehors du marché de coton, d'autres filières parmi lesquelles l'anacarde, pourraient développer les exportations si elles étaient bien structurées.

De plus, il est désormais connu des opérateurs internationaux qu'après la Guinée Bissau et la Tanzanie, le Bénin produit les meilleures noix de cajou du monde, d'où une sur-cote sur les prix offerts aux producteurs (MPRE et MDR ,1995).

La filière anacarde constitue donc l'une des options de diversification qu'il faut promouvoir et en faire une préoccupation des institutions nationales de recherche agricole au Bénin. Car le marché des noix de cajou s'il est bien organisé, permettra de lutter contre la pauvreté et aussi d'améliorer la protection de l'écosystème dans un pays menacé par la déforestation (Aïna, 1996 ; Gagnon, 1998 ). Pour y parvenir, il faut mieux organiser cette filière et surtout le volet commercialisation. A ce propos, bon nombre d'études (cf point sur les études réalisées au Bénin dans la partie revue de littérature) ont été réalisées dans ce sens afin d'examiner le fonctionnement du système de commercialisation des noix de cajou et son impact sur la rentabilité de la production de cette spéculation. L'étude de Adégbola et Ofio (2005) sur la filière anacarde dans l'Atacora et la Donga, initiée par le ProCGRN, a aussi abordé cette question. Selon cette étude, la filière anacarde dans les deux départements est rentable sur le plan financier et social. De plus, elle est globalement compétitive dans les deux départements et donne un avantage comparatif par rapport à son importation.

Outre ces atouts dont dispose la filière anacarde dans les départements de l'Atacora et de la Donga, plusieurs problèmes tels que le manque d'organisation des acteurs, la mévente, la vente individuelle non rémunératrice, le bas prix de cession, etc. entravent sa commercialisation.

Pour juguler tant soit peu ces problèmes, l'UDP Atacora-Donga a expérimenté au cours de la campagne de commercialisation 2003/2004 une opération de vente groupée d'anacarde dans 4 villages de la commune de Kouandé (Niarosson, Kouandé-centre, Orou-kayo et Niarissèra). Cette opération qui a porté sur environ 48,5 tonnes de noix a permis d'acheter la noix à 240 Fcfa le kg au lieu de 180-200 Fcfa proposé par les intermédiaires (Adégbola et Ofio, op.cit).

Au regard de tout ce qui précède, la conduite d'une analyse du système de commercialisation des noix de cajou s'avère indispensable. C'est ce qui justifie le lancement de cette étude par le ProCGRN avec une référence particulière aux départements de l'Atacora et de la Donga.

Cette étude aiderait le ProCGRN à réduire les risques d'échec dans sa démarche intégrée de promotion des filières porteuses qu'il promeut dans la zone, dans le cadre de sa composante 5. L'étude se propose donc de trouver une approche de solution aux questions de recherches ci- après :

ü Quels sont les circuits de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga ?

ü Quels sont les différents acteurs qui interviennent dans le système de commercialisation des noix de cajou dans les deux départements? Comment ces acteurs opèrent-ils sur le terrain et comment sont-ils rémunérés ?

ü Quelles sont les marges commerciales liées aux différents types de ventes qu'on rencontre dans les deux départements?

ü Quels sont les contraintes liés au système de commercialisation des noix de cajou dans la zone ?

ü  quelles sont les améliorations possibles de ce système de commercialisation ?

1.4. Objectifs et hypothèses

1.4.1. Objectifs de recherche

L'objectif global de la présente étude est d'analyser le système de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga. De façon spécifique, il s'agira de :

01 - Identifier et décrire les acteurs et circuits de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga ;

02 - Décrire et analyser le comportement et les stratégies des acteurs vis-à-vis des fonctions de commercialisation.

03 - Faire une analyse comparative des coûts et marges bénéficiaires liés aux activités de commercialisation.

04 - Comparer, en fonction de types de vente (individuelle ou groupée), les marges de commercialisation réalisées par les producteurs.

05 - Identifier à chaque maillon de la chaîne de commercialisation les principales contraintes et proposer les solutions d'amélioration.

1.4.2. Hypothèses de recherche

H1 : Le type d'acteurs de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga varie selon l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, l'origine et la nationalité ;

H2 : Les fonctions de commercialisation sont assurées dans des conditions précaires ;

H3 : L'activité de commercialisation des noix de cajou rémunère les différents acteurs dans les mêmes  proportions quel que soit le type de vente.

H4 : La vente groupée des noix de cajou améliore les marges de commercialisation réalisées par les producteurs.

1.4.3. Résultats attendus

Aux terme de cette étude :

- Les acteurs et circuits de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga sont Identifiés et décrits ;

- Le comportement et les stratégies des acteurs vis-à-vis des fonctions de commercialisation sont décrits et analysés.

- Une analyse comparative des coûts et marges bénéficiaires liés aux activités de commercialisation est faite.

- Une analyse comparative, entre les marges de commercialisation réalisées par les producteurs faisant la vente groupée et celles réalisées par les producteurs qui font la vente individuelle, est faite.

 - Les principales contraintes à chaque maillon de la chaine de commercialisation sont identifiées et les solutions d'amélioration sont proposées.

CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE

2.1. Cadre conceptuel de la recherche

Dans cette partie, il sera passé en revue quelques concepts qui permettront une meilleure connaissance et une compréhension aisée du processus de commercialisation proprement dit.

2.1.1. La commercialisation et ses fonctions

Généralement en Afrique, la signification du terme commercialisation varie en fonction des différentes catégories sociales. Pour le fermier ce terme se rapporte à la vente de ses produits agricoles. Pour la ménagère c'est l'achat des vivres au marché (Biaou F., 1987).

Selon Barker (1981), on définit la commercialisation comme l'activité qui a lieu au marché, le terme global utilisé pour décrire les échanges entre acheteurs et vendeurs qui tentent de maximiser leur profit ou utilité subjective. Pour ne pas limiter la commercialisation au seul lieu d'échange, c'est-à-dire lieu de rencontre entre l'offre et la demande, Fanou (1996) définit la commercialisation comme étant toute activité économique associée aux flux des biens et des services, dès la production primaire jusqu'à la consommation finale. L'auteur ajoute qu'un produit agricole, pour devenir produit alimentaire doit subir quatre transformations principales : une transformation physique, une transformation de taille de lot, une transformation dans le temps et une transformation dans l'espace. Cette définition prouve d'une part que le producteur et le consommateur ne résident pas nécessairement au même endroit et d'autre part que le produit tel qu'il sort des champs n'est pas souvent désiré sous cette forme par le consommateur. Par ailleurs, le consommateur est intéressé par l'achat de ses besoins au plus bas prix possible alors que le producteur cherche des revenus maxima dans la vente de son produit.

La commercialisation des produits agricoles débute aux champs dès que le fermier a l'intention de vendre son produit. La commercialisation comprend aussi l'acquisition des intrants et équipements agricoles nécessaires à la conduite de l'exploitation agricole. Seule la commercialisation des outputs, particulièrement celle des noix de cajou, fera l'objet d'analyse au cours de la présente recherche.

Les fonctions commerciales sont les différentes opérations qui permettent de fournir en des lieux et en temps opportuns aux consommateurs, les produits dont ils ont besoin. Elles sont exécutées par les différents agents intermédiaires qui agissent individuellement ou collectivement et se spécialisent dans les divers services impliqués dans l'achat et la vente des produits dans leur transfert du producteur au consommateur final.

Pour Biaou F. (1987), ces différentes fonctions sont de trois natures à savoir :

- les fonctions d'échanges (collecte et distribution) ;

- les fonctions physiques (transformation, stockage et transport) et

- les services rendant possible l'accomplissement des deux premières catégories de fonctions (financement, prise de risque, emballage...).

Dans le cadre de cette étude, l'analyse de ces fonctions permettra de mieux comprendre le fonctionnement du système de commercialisation des noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga, et de ressortir les difficultés qui entravent l'organisation de la commercialisation.

2.1.2. Réseau commercial

Selon Weiligman (1999), le réseau peut se définir comme la structure des liens entre les acteurs d'un système. Ainsi, la notion de réseau social fait référence à des individus ayant entre eux des relations.

L'élément le plus important dans un réseau est moins les attributions de ses membres que les caractéristiques des liens qu'il y a entre les uns et les autres et qui déterminent les comportements des membres du réseau (Adanguidi, 2000). Le contenu des liens peut être l'assistance économique, l'obligation religieuse ou familiale ou simplement l'amitié.

La relation entre les individus peut être une relation réciproque. Elle peut être également une relation asymétrique et polarisée du genre employeur-employé ou patron-client.

Le réseau commercial ou réseau marchand est donc une forme de réseau social. Il met en relation des acteurs qui interviennent de près ou de loin dans des activités commerciales.

Selon Sindzingre (1998), les réseaux marchands sont associés à la notion d'économie d'échelle, c'est-à-dire à des rendements croissants, donc à la possibilité de pratiquer des prix inférieurs. En tant que tels, les réseaux marchands favorisent les positions de monopole ou d'oligopole.

Par ailleurs, selon Bio Goura (1995), la force des réseaux marchands qui animent les échanges régionaux et même locaux ne découle pas seulement des fondements sociologiques sur lesquels sont bâties leurs stratégies. Elle découle également des relations étroites que ces réseaux entretiennent avec les institutions officielles. L'ensemble de ces affinités assurent la minimisation des coûts de transaction et permettent de faire face aux incertitudes du marché qui est un paramètre essentiel de l'efficacité du système.

Deux remarques importantes émanent de ce concept :

ü la référentiation ethnique comme soubassement du réseau est encore plus délicate en Afrique subsaharienne où l'allochtonie est diluée par de fortes tendances assimilationnistes, et où les groupes sociaux présentent des organisations sociales aux références et aux capacités d'action collectives très variables, liées à des histoires différentes (Sindzingre, 1998) ;

ü la région d'appartenance peut également constituer de base de formation du réseau commercial même dans le cas où elle ne correspond pas à la même communauté linguistique ou religieuse (Adanguidi, 2000).

Dans le cadre du présent travail, le réseau sera considéré comme, tout groupe d'agents commerciaux dont les intérêts, bien qu'individuels, concourent à la réalisation d'un objectif unique. Il n'a forcément pas une connotation linguistique, religieuse ou amicale. Son fonctionnement repose sur la confiance ou les contrats et engendre des coûts. Dans le cas d'un réseau personnel, les coûts sont pris en charge par le patron du réseau.

2.1.3. Acteurs de commercialisation.

Les acteurs de la commercialisation constituent les éléments essentiels de la chaîne de commercialisation sans lesquels le produit ne peut pas transiter du producteur au consommateur. Oladapo (1993) cité par Houédjoklounon (2001), mentionne que, si pour les produits manufacturés, un grossiste et quelques détaillants suffissent; pour les produits agricoles il y a nécessité d'avoir une panoplie de ces catégories. Car le nombre de petits paysans ou gros producteurs est largement supérieur à celui des industries. Il soutient que le rôle de ces acteurs est nécessaire à chaque étape de la commercialisation, depuis l'acheminement des produits des zones de production jusqu'aux marchés de consommation.

Adégbidi (1996), constate un nombre d'intermédiaires faible entre la production et la consommation dans l'étude du marché du porc local au sud du Bénin. Néanmoins, la présence des commerçants courtiers perturbe le fonctionnement du système de commercialisation, puisqu'ils contrôlent la circulation de l'information avec pour implication l'encaissement d'une part importante du revenu.

Pédé (2001) a remarqué qu'il y a un accroissement numérique au niveau des commerçants après la libéralisation de la commercialisation des produits agricoles.

Cette étude s'intéressera à l'identification des différents acteurs intervenant sur le marché des noix de cajou ainsi que leurs rôles à chaque étape de la commercialisation.

2.1.4. Analyse des marges commerciales

La marge est l'instrument de mesure de la performance des activités des acteurs commerciaux qui permet de voir la répartition des bénéfices depuis le producteur jusqu'au détaillant.

Thiamyou (1985), sur les marchés de gari et de maïs du département de l'Ouémé, note une irrégularité de l'offre et une répartition géographique des marges faibles, en milieu rural et élevées en zone urbaine. Il montre également que la marge nette est beaucoup plus importante chez la détaillante que chez les collectrices et les grossistes. Alors qu'en 1988, Honagbodé dans l'étude du marché du maïs a eu à remarquer que, seuls les grossistes locaux réalisent les marges brutes les plus élevées. Il en est de même pour Houédjoklounon (2001), dans l'étude de la commercialisation des ignames et des cossettes qui a constaté une répartition judicieuse des marges commerciales dans le temps et suivant les postes de la filière le plus souvent à la faveur des grossistes qui assurent la plupart des fonctions.

Adékanyé (1988), cité par Houédjoklounon (2001), a montré que les types de fonctions nécessitées par un produit, déterminent pour une large part, les coûts commerciaux et donc la marge nette au niveau des acteurs. Ainsi, plus le nombre de fonctions est élevé, plus l'influence sur la marge sera importante.

Fanou (1994), dans le plateau Adja, constate que la comparaison de la marge brute au coût de commercialisation permet de constater l'efficacité du commerce du gari et du maïs. Lohulzen et Warner (1988), dans leur étude de commercialisation du maïs et du gari dans les marchés de Kétou et de Bohicon, constatent que les grossistes n'obtiennent pas toujours la marge désirée et leurs marges fluctuent beaucoup, et qu'à long terme, on peut obtenir un revenu raisonnable puisqu'en fin de compte très peu de grossistes abandonnent le commerce.

Pour Shepherd (1994), le prix payé par le consommateur représente donc le prix payé au producteur pour sa marchandise, auquel s'ajoutent tous les coûts de transfert de celle-ci jusqu'au consommateur.

L'analyse des marges commerciales permettra de voir la répartition des bénéfices depuis le producteur jusqu'à l'exportateur. Cette analyse permettra également de mesurer la performance du système de commercialisation et de comparer les marges de la vente groupée à celles de la vente individuelle.

2.1.5. Importance de la commercialisation des produits agricoles

La commercialisation est une activité dont l'importance a été reconnue par plusieurs auteurs. En général, à mesure qu'un pays se développe, le « secteur des services » de son économie s'étend par rapport au « secteur de la production primaire ». Les ressources totales consacrées à la commercialisation des produits agricoles tendent à augmenter plus rapidement que les ressources allouées à la production de ces produits. Cette tendance s'affirme quand un pays commence à passer de l'économie de subsistance à l'économie de marché ou économie monétaire (Abott, 1987).

Or, le développement agricole, comme celui de l'économie en général, doit être fondé sur une division du travail en fonctions spécialisées, et la croissance de l'économie reflète cette spécialisation. Cette spécialisation doit être progressivement associée à l'expansion du système de commercialisation et de son aptitude à transmettre les denrées d'une région et d'une collectivité à l'autre.

Le développement économique élève les revenus et permet donc de diversifier le régime alimentaire. Dans ce contexte, le système de commercialisation doit s'élargir de façon à fournir une plus grande variété d'aliments.

Un système efficace de commercialisation ne sert pas seulement de lien entre le producteur et le consommateur, il apporte aussi une contribution active et positive au développement. Les entreprises commerciales s'emploient à accroître leur chiffre d'affaires et leurs ventes, et les efforts qu'ils déploient en ce sens stimulent l'activité économique dans le secteur de la production comme dans celui des services. C'est ainsi qu'en épousant l'idée de Stiglitz (1989), Loy et Wichern (2000), affirment que la croissance économique des pays les moins avancés n'est pas principalement liée au manque du capital physique ou humain, mais plutôt à un manque d'efficacité du fonctionnement de leur marché.

Un bon réseau commercial stimule la consommation, contribue aussi à accroître la production en cherchant des disponibilités supplémentaires.

Si le système de prix fonctionne convenablement, il incite à satisfaire de plus en plus la demande (des consommateurs) en ce qui concerne le type, la qualité et le délai de livraison. Ainsi, la production s'adapte à la demande en réagissant « aux signaux de prix » émis par le système de commercialisation.

Akinwumi (1986), avance que la commercialisation des produits agricoles génère trois utilités principales :

ü l'utilité du lieu (Place utility) : Elle est créée lorsque les produits sont déplacés du lieu de production vers les lieux où ils sont recherchés. Elle inclut donc le transport et la distribution spatiale du produit ;

ü l'utilité du temps (Time utility) : Les produits sont stockés pendant une période et rendus disponibles pendant plusieurs semaines ou mois ;

ü l'utilité de la forme (Form utility) : Les produits sont traités ou transformés en de nouveaux produits pour tenir compte des goûts et des préférences des consommateurs.

Selon Singbo (2000), mis à part le fait que la commercialisation permet de stimuler la recherche sur les techniques de conservation et de préparation de divers types d'aliments pour satisfaire aux différents goûts des consommateurs, elle a un impact sur l'économie nationale : elle stimule le développement des industries agroalimentaires, crée de nouvelles opportunités génératrices de revenus.

Il paraît donc indispensable de multiplier les recherches sur le système de commercialisation des produits agricoles afin d'identifier les moyens et les éléments d'une politique agricole adéquate étant donné que les connaissances sur les logiques, les spécificités de chaque zone et les dynamiques actuelles de ce système demeurent encore très limitées (Adégbidi, 1996).

Cette étude s'inscrit dans cette optique et vise à proposer une approche organisationnelle susceptible de rendre plus profitable le commerce des noix de cajou aux différents acteurs des départements de l'Atacora et de la Donga.

2.1.6. Les problèmes liés à la commercialisation

Eicher et Baker (1994) cités par Fanou (1996), montrent que l'accroissement des frais commerciaux est dû :

ü aux acteurs qui profitent des variations saisonnières pour exploiter les consommateurs entraînant des interventions de l'Etat, le plus souvent inefficaces ;

ü au grand nombre d'intermédiaires entre la production et la consommation ;

ü à l'absence d'infrastructures adéquates et les barrières à l'entrée des marchés ;

ü à la manipulation des poids et des instruments de mesure ;

ü au manque d'informations engendrant des frais de transactions élevés ;

ü aux frais de manutention élevés en raison d'infrastructures déficientes ;

ü à la non homogénéité des produits et à l'instabilité de l'offre en raison des variations des conditions climatiques et phytosanitaires.

Mais Jones (1972) cité par Tossou (2005), avait déjà remis en cause ces constats le plus souvent issus de l'approche néoclassique en ces mots :

ü Une infrastructure physique insuffisante ne semble pas limiter la mise en marché ;

ü Il n'existe pas de preuve de l'exploitation des producteurs et des consommateurs par les acteurs commerciaux ;

ü Les circuits commerciaux ont tendance à être courts ;

ü Peu de signes démontre que les liens familiaux gênent le fonctionnement des marchés.

Cependant, il faut reconnaître l'existence de problèmes divers à cheval sur ces deux écoles. D'un autre côté, Abott (1987), constate que la plupart des gouvernements ne prêtent que peu d'attention aux problèmes pratiques des marchés ruraux et urbains et rares sont ceux qui ont des politiques bien arrêtées pour leur développement. Nyassogbo (1999), beaucoup plus précis, va dans le même sens que Abbott (Op.cit), pour montrer toute la performance des marchés ruraux tout en indexant les problèmes de communication liés d'une part à l'état des voies. En somme, ces problèmes peuvent être résumés comme suit :

ü Absence d'infrastructures adéquates suite à l'assistance faible de l'état ;

ü Pratiques diverses basées sur des liens sociaux ;

Quel lien ou quelle spécificité les marchés des noix de cajou présentent-ils en relation avec ses problèmes ? Ce travail s'attellera à leur découverte.

2.2. Les approches d'analyses en commercialisation

D'après Duteurtre (2000), les différentes échelles d'analyses en commercialisation sont les niveaux macroéconomique, mésoéconomique et microéconomique du marché.

Pour l'analyse macroéconomique, le fonctionnement est appréhendé d'emblée dans sa globalité. Quant à l'analyse mésoéconomique, elle appréhende les problèmes économiques au niveau des branches et secteurs d'activités, des régions, des filières, des systèmes de production (approche filière, approche sous-secteur). L'analyse microéconomique s'interesse au comportement individuel et roles des différents acteurs (approche circuit).

A travers cette section, nous présentons les différentes approches sues - mentionnées et qui sont couramment utilisées dans le cadre de l'étude du marché des produits agricoles. Nous spécifierons nos analyses sur celles qui s'accommodent à la présente étude.

2.2.1. Approche filière

Une filière agricole est une chaîne d'opérations concernant un produit, depuis la production jusqu'à la commercialisation, en passant par les différentes étapes de conditionnement et de transformation. La filière est un système d'agents qui concourent à produire, transformer, distribuer et consommer un produit ou un type de produits (Duteurtre, op.cit).

Pour Bourret Landier (op.cit), la filière fait parti de l'appareil de production, de distribution et de transformation qui comprend l'ensemble des entreprises agricoles, industrielles et commerciales auxiliaires et prestataires de services, traitant à titre principales ou secondaires. La filière est souvent composée de sous-filières de telles sorte que pour un même produit de base, on peut considérer de sous filières distinguées par différentes techniques de production/ transformation, des acteurs de tailles différentes, des zones géographiques et des marchés distincts.

L'analyse filière est une approche pluridisciplinaire d'analyse de la performance, des contraintes, des opportunités de développement de la filière dans son ensemble ou de certains des maillons ou activités. L'analyse filière permet de répérer des relations de linéarité, de complémentarité et de cheminement entre différents stades de transformation des systèmes.

L'approche filière est développée par Baris et Couty et repris par Ahohounkpanzon (1992) et Singbo (2000), et elle postule que cette approche est liée au système de production. Ainsi une analyse du fonctionnement du marché devrait intégrer les domaines de la production et de la commercialisation afin de mieux interprèter les résultats.

Compte tenu de l'étendue de son domaine de recherche, l'approche filière est une approche globale. Son analyse reste parfois difficile et ne permet pas de saisir le fonctionnement interne du système de commercialisation, d'où l'approche circuit préconisée pour mieux cerner les champs énoncés par nos objectifs.

2.2.2. Approche circuit

Selon Thyamiou (1985), le circuit commercial d'un produit donné est la succession des intermédiaires et marchés par lesquels passe ce produit du producteur au consommateur. D'après Baris et Couty (1981), le circuit est une succession d'intermédiaires et des lieux par lesquels transitent pendant une période définie, des flux : de produits (allant du producteur au consommateur), de monnaie (allant du consommateur au producteur), et d'informations. L'approche circuit permet entre autres, d'examiner le niveau de concurrence effective d'une part, et le rôle joué par les différents intermédiaires dans la formation des prix d'autre part. L'une des limites de cette approche est qu'elle ne prend pas en compte les effets rétroactifs de la commercialisation. Cette approche est intéressante pour notre étude en ce sens qu'elle nous permet d'identifier les différents circuits des noix de cajou et dans le même temps d'identifier les acteurs.

2.2.3. Approche sous secteur

L'approche sous-secteur examine les liens entre la production, la commercialisation et la transformation. Il s'agit de considérer le système de commercialisation comme un réseau ou un sous-secteur comme le montre la figure 2.1.

Figure 2.1. : Relation entre production, transformation et commercialisation.

Production

Transformation commercialisation

Source : Adégbidi, 1996

Cette approche utilisée par Adégbidi (1996), prend en compte tous les facteurs générateurs de revenus de l'unité de production qui peuvent affecter la quantité du produit commercialisé.

Cette approche peut être utilisée dans le cadre de la présente étude. Mais la limite de celle-ci dans le cadre de la commercialisation des produits agricoles est qu'elle est orientée vers la commercialisation du produit final.

2.2.4. Le paradigme Structure - Conduite - Performance (S.C.P.)

Le paradigme SCP postule qu'il existe une relation entre les trois niveaux ci-dessous cités. Houédjoklounon (2001), explique que dans sa conception originelle, la relation entre les trois niveaux était déterministe : la structure détermine la conduite et les deux déterminent la performance comme le montre la figure 2.2.

Figure 2. 2. : Paradigme SCP sous un angle déterministe.

Performance

Conduite

Structure

Source : Houédjoklounon, 2001

De ce fait, le paradigme SCP se prête bien à notre travail pour décrire le fonctionnement du marché des noix de cajou et comprendre l'efficacité qui en découle.

Mais les critiques dont a fait l'objet cette perception unidirectionnelle de la relation causale entre les trois niveaux d'analyse ont conduit à la mise au point d'un modèle beaucoup plus dynamique prenant en compte l'interrelation entre les différents niveaux (Andanguidi, 2000). De ce fait le paradigme SCP sera interprété comme un modèle dynamique et non déterministe comme le montre la figure 2.3.

Figure 2.3. : Paradigme SCP envisagé sous un angle dynamique.

Conduite

Structure

Performance

Source : Andanguidi, 2000

Ainsi les différents éléments s'influencent mutuellement ; ce qui entraîne des effets sur tout le système de commercialisation.

De plus, comme l'a remarqué Lutz (1994), dans un marché imparfait, les acteurs jouissent d'une certaine autonomie d'action qui influence non seulement la performance mais aussi la structure future du marché. Toutefois, ce modèle comme tous les autres, fait l'objet de certaines critiques. En effet, selon Sherman (1984) cité par Ahohounkpanzoun (2001), ce modèle serait beaucoup plus approprié à l'analyse de l'intégration horizontale dans le contexte des firmes constituant un seul marché, or le commerce des produits agricoles comprend plusieurs catégories de marchés lorsque la compétition est imparfaite.

Ces derniers auteurs ont suggéré que le modèle SCP soit complété par une analyse sous secteur (subsector analysis) qui prend en compte sa critique.

Lemeur (1994), par ses critiques sur ce paradigme, souligne que ce modèle devra également intégrer les relations sociales entre tous les intervenants dans la chaîne de commercialisation pour mieux refléter la réalité.

Malgré l'ensemble des diverses critiques faites sur ce modèle, nous estimons qu'il pourrait être un outil important pour notre étude. Il a été utilisé par plusieurs auteurs sur la commercialisation des produits agricoles au Bénin et ailleurs. D'après (Issaka et al., 2003), la définition de chaque composante de même que les éléments qu'elles comportent sont :

La structure : elle désigne l'ensemble des caractéristiques organisationnelles qui influent sur la concurrence et le processus de formation du prix. 

La conduite : elle évoque le comportement et les stratégies utilisées par les acteurs qui interviennent dans le marché.

La performance : La performance du marché intervient comme le moyen d'appréciation de l'efficacité économique de la structure et du comportement du marché. Elle exprime les résultats économiques liés au fonctionnement du marché. Le tableau 2.1. présente les différents éléments de chaque composante.

Tableau 2.1. : Principaux éléments de la structure, conduite, performance

Eléments de la structure des marchés

Eléments de conduite des marchés

Eléments de la performance des marchés

- Typologie des marchés

-Types d'acteurs

- Types d'intermédiaires et de circuits de commercialisation

-Unités de mesure et normes de qualité

-Infrastructures physiques du marché

-Organisations existantes sur le marché

-Etat des routes

-Caractéristiques générales des acteurs

-Stratégies d'achat et de vente

-Stockage

-Transport

-Information

-Financement

-Problèmes rencontrés

-Politique des prix

-Effectivité de la performance

-Efficacité de la performance

-Intégration

-Degré de stabilité

-Marge commerciale

Source : Issaka et al., 2003

Plusieures travaux sur la commercialisation ont utilisé ces différentes approches d'analyse et il importe de faire une brève présentation des études réalisées dans le domaine de l'anacarde au Bénin.

2.3. Bilan des études sur les noix de cajou au Bénin

Notre objectif à ce niveau est de faire un tour global des différentes études qui ont été faites dans le domaine de l'anacarde au Bénin et qui sont disponibles. Le domaine que nous essayons actuellement d'explorer n'est pas vierge, ni au niveau de la production, ni au niveau de la commercialisation. En effet, depuis toujours, le secteur de l'anacarde, bien qu'encore mal connu, a suscité l'intérêt de bon nombre de personnes et de structures.

En 1996, Aïna en étudiant la rentabilité de la production des noix de cajou au niveau paysan a reconnu les imperfections liées à la commercialisation et a préconisé, entre autres, la mise en place d'une politique adéquate de prix aux producteurs et l'identification du rôle de tous les intermédiaires de la filière.

En 1997, le Ministère du Développement Rural (MDR) dans une étude de faisabilité du programme d'appui à certaines filières parmi lesquelles l'anacarde a montré que la collecte des noix intéresse un nombre croissant d'intervenants depuis la suppression du monopole de la collecte par le CARDER.

Grimaud (1998), dans une étude d'identification des organisations professionnelles de la filière anacarde au Bénin a montré que très peu d'organisations professionnelles se consacrent uniquement à la collecte des produits, malgré le nombre relativement important d'organisations de producteurs.

Gagnon (1998), a étudié la filière anacarde au Bénin. Il a montré que le marché d'écoulement de la production nationale des noix de cajou est essentiellement orienté vers l'Inde qui importe des noix brutes d'Afrique à un prix inférieur au prix des noix récoltée s en Inde. Il a également montré qu'il n'existe pas d'informations précises sur les coûts des différentes opérations, ni en ce qui concerne l'installation et l'entretien d'une plantation, ni en ce qui concerne les frais de collecte et de commercialisation. Selon cet auteur, il y a une grande dispersion des données relatives aux différents intervenants de la filière et une absence de la circulation de l'information.

La mise sur pied d'une méthode d'aide à la décision (Arboricole) a été faite par Charre et Thomann (1999), au niveau des producteurs des noix de cajou du bas- Bénin (principalement). Cette méthode a été évaluée par Dossche (1999), au niveau de la population de Savè. Les trois auteurs n'ont pas abordé de façon approfondie le système de collecte des noix.

Le LARES a réalisé en 2002 une série de consultations au niveau du secteur anacarde au Bénin. Ces études sont toutes orientées vers des stratégies d'exportation des noix dans un contexte de demande internationale.

Les différentes études réalisées également par le PRF et le PADSE (2002), ont rapport à l'amélioration des variétés et des systèmes de production.

Dans tous les cas, ces études ou rapports techniques s'insèrent dans un contexte macroéconomique tout en minimisant la situation locale.

Singbo et al. (2004), ont essayé d'examiner le système de commercialisation des noix de cajou et son impact sur la rentabilité de cette spéculation dans le département des Collines. Des résultats obtenus, il se dégage que la commercialisation de l'anacarde au (centre du) Bénin se caractérise par une absence de coordination entre les activités des différents agents économiques intervenant dans la filière. Les agents de commercialisation des noix de cajou sont : les collecteurs, les courtiers, les collecteurs-courtiers, les grossistes du village, les grands grossistes et les exportateurs. Selon cette étude, la commercialisation des noix de cajou suit des circuits généralement non officiels et les facteurs menaçant la performance de la filière sont : le monopole des indo-pakistanais, l'existence d'un nombre élevé d'intermédiaires, le prix relativement bas payé aux producteurs et l'infiltration des noix de mauvaise qualité qui entame le label Bénin (mélange des noix béninoises avec celles du Nigeria ou du Togo).

Aussi, dans le souci de se doter des stratégies d'intervention pour la promotion des filières anacarde et riz dans les départements de l'Atacora et de la Donga, le ProCGRN a-t-il initié en 2005 une étude qui fut réalisée par Adégbola et Ofio. Après avoir étudié les atouts dont dispose la filière anacarde de l'Atacora / Donga, les auteurs de l'étude concluent que plusieurs contraintes entravent son développement économique. Il s'agit notamment du manque de coordination dans la commmercialisation et de la faible implication des producteurs dans les activités de commercalisation.

Malgré ces résultats, des interrogations restent encore sans réponse. En effet, avec l'introduction de la vente groupée dans l'Atacora / Donga, des actions collectives sont mises en oeuvre et différents niveaux de structuration des producteurs participent à la commercialisation. Il serait alors interessant de faire une analyse du système de commercialisation dans cette nouvelle donne.

Par ailleurs, toutes les études citées plus haut, montrent que la commercialisation des noix de cajou est confrontée à d'énormes problèmes tant organisationnels que financiers. Réaliser donc une analyse des options potentielles pour une levée des contraintes et une amélioration de l'écoulement, sera l'une des préoccupations de la présente études.

2.4. Présentation de l'anacardier

Dans cette rubrique, nous ferons une description sommaire de l'anacardier pour sa meilleure connaissance.

2.4.1. Systématique et caractères botaniques

L'anacardier (Anacardium Occidentale L.) est de la famille des Anacardiaceae au même titre que le manguier. C'est une angiosperme de la classe des dycotylédones et de l'ordre des sapindacées. Espèce diploïde de type 2n=24, l'anacardier 'est un arbre de taille moyenne, au feuillage persistant, atteignant selon les cultivars, 6 à 12 m de haut et 10 à 20 cm de diamètre.

Relativement court, le port est souvent celui d'un arbuste. Il est surmonté d'une couronne large, profonde et puissante. L'écorce, grise claire ou brune, est lisse dans le jeune âge et se fissure légèrement chez les sujets âgés.

Les feuilles alternes sont entières, épaisses, coriaces, non stipulées et de forme elliptique. Elles sont courtement pétiolées, de couleur verte ou bleu foncée. Elles mesurent entre 6 et 15 cm de long sur 2 à 7 cm de large.

Les fleurs sont petites, à 5 pétales d'un centimètre de diamètre, rosées, très odorantes et groupées en inflorescences paniculaires. On rencontre sur le même arbre des fleurs mâles et des fleurs hermaphrodites.

2.4.2. Origine et distribution

L'anacardier est originaire d'Amérique Latine et plus précisément du Brésil. Il est cultivé un peu partout dans le monde surtout pour ses noix. C'est une espèce qui se rencontre dans les régions marquées avec une pluviométrie comprise entre 500 et 4000 mm/an. Il est très sensible aux baisses de température. C'est un arbre qui pousse dans les régions tropicales et peut se contenter des sols superficiels tout en préférant les sablonneux aux sols argileux. Au Bénin, l'aire de production la plus favorable à l'anacardier se situe entre les parallèles passant par Abomey au Sud et celui joignant Natitingou à Gogounou au Nord (INRAB, 2005). La carte N°1 illustre l'aire de production avec les zones les plus favorables à l'anacardier au Bénin.

2.4.3. Ennemis de culture

Environ douze maladies sont recensées sur l'anacardier. Quatre d'entre elles sont responsables de dégâts les plus importants. Il s'agit de : l'Oïdium, l'Anthracnose, le Dieback et le Pestalotiose.

Carte 1 : Carte de l'aire de production de l'anacardier avec les limites des zones les plus favorables.

Source : Tandjiékpon et al., 2003

2.4.4. Description des noix de cajou

La noix de cajou est un fruit akène (Fruit sec indéhiscent mais qui se détache entièrement de la plante mère) qui atteint son plein développement en un mois environ. D'une dimension de trois à cinq centimètres et de couleur grise brunâtre, elle est constituée d'un péricarpe dont la partie intérieure est très dure et la partie extérieure spongieuse. Entre ces deux structures, se découvre une partie plus molle en nid d'abeilles. Elle contient un liquide visqueux brun foncé qui, du fait de sa toxicité et de sa causticité, rend difficile l'extraction de la noix : il s'agit du baume de cajou mieux connu sous le terme CNSL (Cashew Nut Shell Liquid). C'est une résine phénolique aux propriétés particulières qui contient 90% d'acide anacardique et 10% de cardol.

La noix est une graine oléagineuse qui renferme 47% d'une huile qui, après traitement, est assez proche de celle de l'amande douce, comme le montre le tableau 2.2. ci-dessous.

Tableau 2.2. : Composition des noix de cajou

Eléments (g)

Minéraux (mg)

Vitamines (mg)

Glucides = 20.5

Potassium = 668.000

Vitamine B1 (thyamine) = 0.430

Protides = 18.6

Phosphore = 466.000

Vitamine B2 (riboflavine) = 0.160

Lipides = 49.3

Calcium = 38.000

Vitamine B3 ou PP (nicotinamide) = 1.800

Eau = 4.0

Magnésium = 252.000

Vitamine B5 (acide pantothénique) = 1.600

Fibres

Alimentaires =3.5

Sodium = 14.000

 
 

Fer = 5.200

 
 

Cuivre = 3.700

 
 

Zinc = 2.100

 
 

Manganèse = 0.800

 
 

Nickel = 0.500

 
 

Molybdène = 0.010

 
 

Fluor = 0.140

 
 

Iode = 0.010

 

Source: aprifel.com in Info com (2006).

Ces valeurs sont à considérer comme des ordres de grandeur susceptibles de varier selon les variétés, la saison, le degré de maturité, les conditions de cultures, etc.

A l'intérieur de la noix se trouve le vrai fruit qui adhère fortement à la coque : il s'agit d'une amande réniforme dont la dimension varie entre deux et trois centimètres selon les catégories. Elle est blanchâtre et offre une saveur agréable. Par ailleurs, cette amande contient une matière grasse : Il s'agit de l'huile de cajou à partir de laquelle on peut préparer du beurre d'amande utilisé en alimentation et en pharmacie.

La pomme de cajou (qui est un faux fruit) représente environ 90% du poids du fruit entier et peut être consommée à l'état frais. Gorgée de substances nutritives comme l'indique le tableau 2.3, elle est juteuse, sucrée, légèrement parfumée et acide, très riche en vitamine C. Sa pulpe se prête à la fabrication du jus de fruit, de sirop, d'alcool et de confiture.

Tableau 2.3. : Composition moyenne pour 100 grammes de pomme de cajou fraîche.

Composants

Poids (g)

Composants

Poids (g)

Eau

84.4 - 88.7 g

Phosphore

6.1 - 2.1 mg

Protéines

0.101 - 0.162 g

Fer

0.19 - 0.71 mg

Matières

0.05 - 0.5 g

Carotène

0.03 - 0.742 mg

Hydrates de carbone

9.08 - 9.75 g

Thiamine

0.023 - 0.03 mg

Fibre

0.4 - 1 g

Riboflavine

0.13 - 0.4 mg

Cendre

0.19 - 0.34 g

Niacine

0.13 - 0.539 mg

Calcium

0.9 - 5.4 mg

Acide ascorbique

146.6 - 372 mg

Source: CASHEW, K. DAVIS 1999 (Info Com, 2006).

2.4.5. Importance et utilité de l'anacardier

De nos jours, l'importance et l'utilité de l'anacardier ainsi que de ses produits n'est plus à démontrer. Plusieurs usages sont faits de cet arbre et plusieurs produits sont issus des éléments du fruit, de la coque, de l'amande et de la pomme.

Généralement, le bois est utilisé comme combustible ou sert à la fabrication du bois d'oeuvre. Il est aussi utilisé en construction navale (FAO, 1982). L'écorce exsude une gomme ressemblant à la gomme arabique et on tire de la sève de l'arbre une encre indélébile.

Les fleurs du pommier cajou attirent les abeilles et sont mellifères.

La majeure partie de la consommation de la noix de cajou et de la pomme de cajou se fait à l'échelon national, local, voir au sein de la cellule familiale. Cette consommation, qualifiée d'autoconsommation, n'est pas prise en compte dans les statistiques officielles. En Afrique, l'amande de la noix de cajou est consommée comme friandise ou cuite dans les sauces. On en extrait de l'huile, parfois on en prépare une sorte de beurre. Dans les zones rurales la pomme cajou, juteuse, à la saveur acidulée, se mange fraîche ou séchée. Aussi les jeunes feuilles et pousses sont occasionnellement introduites dans les sauces comme condiments.

L'anacardier a également divers usages artisanaux ou industriels :

ü Des coques écrasées, on extrait un baume appelé baume-cajou

ü On prépare un insectifuge avec la gomme du tronc et un insecticide à partir des coques concassés.

ü Les écorces et les feuilles fournissent des colorants.

ü L'arbre fait également l'objet de diverses utilisations médicinales : traitement des verrues par la gomme, désinfection des plaies avec le baume, traitement des brûlures par les écorces et feuilles. En dehors de l'Afrique, en Europe par exemple, la consommation annuelle par l'industrie du chocolat fluctue autour de 95% (Info com, 2006).

D'après certaines sources de l'industrie, les quantités exportées vers l'Inde seraient principalement destinées à un usage cosmétique ou pharmacologique. Sur le plan environnemental, l'anacardier joue deux rôles principaux : une fonction antiérosive grâce à sa canopée, et la restauration de la fertilité du sol.

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE

3.1. Présentation de la zone d'étude

La zone d'étude est celle concernée par les interventions du ProCGRN dans le cadre de la promotion des filières riz et anacarde.Il s'agit des départements de l'Atacora et la Donga (nord-ouest de la République du Bénin). Deux communes de ces départements à savoir Kouandé et Djougou, ont fait l'objet de nos recherches.

3.1.1. Localisation et richesses

Les communes ayant fait l'objet de la présente étude sont abritées par les 3ème et 4ème zones agro- écologique sur les huit issues du zonage agro- écologique réalisé par le ministère du développement rural en 1998. La commune de Kouandé est abritée par la zone 3 et la commune de Djougou est située dans la zone 4. La carte 3.1. montre la localisation de ces deux communes.

· La commune de Kouandé

Les principales richesses du secteur primaire dans la commune de Kouandé sont : 114 Km de cours d'eau, 3 retenues d'eau et 900 ha de forêt classée. L'agriculture, la chasse et la pêche occupent 49,56% de la population active. Les principales cultures sont, le maïs, le coton, le manioc, l'igname, le sorgho, l'anacarde et l'arachide. Les superficies cultivées sont estimées à 291.539 ha soit 64,78% de la superficie de la commune. On y compte 51 Comités Villageois de Producteurs d'Anacarde (CVPA).

· La commune de Djougou

Dans cette commune, le secteur primaire bénéficie des richesses que sont : 21 Km de cours d'eau, 2 retenues d'eau et 37.182 ha de forêt classée. L'agriculture, la chasse et la pêche occupent 27,09% de la population active. Les principales cultures sont le sorgho, le maïs, le coton, l'arachide, le manioc, le niébé, l'igname et l'anacarde. Les superficies cultivées sont estimées à 108.625 ha soit 35,67% de la superficie communale. On y compte 55 Comités Villageois de Producteurs d'Anacarde (CVPA).

3.1.2. Climat et sols

Le climat de la zone est tropical de type soudanien. Il est caractérisé par une saison de pluie, allant de mi-avril à mi-octobre et une saison sèche allant de mi-octobre à mi-avril. Mais l'altitude modifie quelquefois les paramètres normaux du climat avec des moyennes annuelles de pluie variant entre 1000 et 1200 mm et présentant un pic en août. La température moyenne annuelle est de 27,5°C et l'humidité relative de 50% en moyenne par an. L'insolation est de l'ordre de 2.862 heures. Les sols sont ferrugineux tropicaux avec des caractéristiques agronomiques variables. A l'extrême nord où la pluviométrie baisse considérablement, on rencontre des sols peu évolués et des sols hydromorphes argileux à haute potentialité hydroagricoles.

3.1.3. Végétation

C'est le domaine de la savane soudanienne. Elle est divisée en deux parties. La première partie est comprise entre les lignes Parakou - Bétérou - Pénéssoulou et Kalalé - Djougou. La deuxième partie est comprise entre la ligne Kalalé - Djougou et le fleuve Niger. Les communes d'étude étant situées dans la seconde bande, il est important de présenter la végétation de cette bande. On y distingue :

ü Les forêts galeries ;

ü Les savanes boisées qui abritent beaucoup d'espèce de forêts claire ;

ü La savane arborée constituée des espèces telles que Anogeissus leiocarpus, Combreum micranthum, Guiera senegalensis et Boscia senegalensis ;

ü La savane arbustive dans l'extrême nord du Bénin, dans le bassin du Niger, constitué d'un tapis herbacé avec de nombreux arbustes et quelques arbres disséminés çà et là. Les espèces rencontrées sont Acacia ataxacantha, Acacia gourmaensis, Acacia hockii, Acacia siébériana. Des peuplements purs d'Acacia siébériana peuvent parfois être noté au bord des dépressions.

3.1.4. Economie

L'économie locale se repose sur le secteur informel. C'est le secteur de prédilection répondant le mieux aux aspirations d'une population majoritairement analphabète. Les activités qui animent ce secteur sont l'agriculture, l'élevage, le commerce, l'artisanat, le transport et accessoirement la chasse, la pêche et les activités de transformation. Le secteur formel se limite aux services commerciaux, aux services administratifs publics et sociaux qui sont en fait des services et structures décentralisées de l'Etat, avec une incidence financière non négligeable dans l'économie locale.

Les activités commerciales occupent une place importante dans l'économie de la zone d'étude. A Djougou, d'importants échanges commerciaux informels s'opèrent avec les localités voisines et concernent aussi bien les produits manufacturés que les produits agricoles. Cependant la majorité des commerçants ignorent leurs obligations professionnelles.

Carte 3.1. : Carte des zones Agro-Ecologique du Bénin montrant les communes d'étude.

Source : CeRPA ATACORA/ DONGA

3.2. Les phases de la recherche

La présente étude a été réalisée en trois phases complémentaires à savoir, une phase documentaire, une phase exploratoire et une phase d'étude approfondie.

3.2.1. Etude documentaire

Il a été procédé à une étude documentaire consacrée aux différentes recherches et thèses ayant abordé certains aspects de notre thème de recherche.

Les documents des centres de documentation de la Faculté d'Agronomie (FA) de l'Université de Parakou (UP), de la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC), de l'INRAB, etc. ont été consultés. Cette recherche documentaire, a permis de construire les grandes lignes de la problématique, de préciser les objectifs et hypothèses et de déterminer les méthodes de collecte et d'analyse des données. Elle s'est poursuivie jusqu'au dépôt du document à soutenir.

3.2.2. Etude Exploratoire

La phase exploratoire de cette étude, s'est déroulée du 05 au 22 Juin 2007 dans les Communes de Natitingou, Kouandé et Djougou. Au cours de cette phase, nous avons eu des entretiens avec les cadres et responsables des services agricoles (CeRPA), du ProCGRN, du PAMRAD, de l'URPA et de la Recherche-Développement Atacora/Donga. Les dits entretiens ont permis d'identifier les zones de production et des villages de transaction des noix de cajou d'une part et d'autre part de retenir deux communes pour la phase d'étude approfondie. Cette phase a permis non seulement, de visiter les communes retenues, mais aussi, de prendre contact avec quelques producteurs responsables des CVPA (Comité Villageois des Producteurs d'Anacarde) de même que quelques institutions de la zone.

Les résultats de l'étude documentaire, ajoutés à ceux de la phase exploratoire, ont été exploités pour élaborer des questionnaires qui ont été soumis aux producteurs et commerçants d'anacarde lors de l'étude approfondie. (Voir Guide d'entretien phase exploratoire en annexe 1).

3.2.3. Etude approfondie

Elle a commencé par une phase de collecte des données qui s'est déroulée du 18 Juillet au 05 Septembre 2007. Elle a porté sur des enquêtes structurées auprès de l'échantillon de producteurs et de commerçants d'anacarde des villages sélectionnés, grâce au concours des responsables de CVPA et du superviseur d'APIC-ONG (Structure prestataire de service du ProCGRN). Cette phase s'est poursuivie à Parakou par le dépouillement, le traitement et l'analyse des données.

3.2.4. Echantillonnage

L'échantillonnage a été raisonné et constitué essentiellement des producteurs et des commerçants d'anacarde des Communes retenues. Il s'agit de (02) communes que sont : Kouandé et Djougou. La Commune de Kouandé est choisie, car reconnue d'une part, comme celle qui abrite les grandes superficies d'anacarde de la zone, et d'autre part, l'expérience de vente groupée (un aspect abordé par cette étude) fut initiée dans cette commune. Quant à la commune de Djougou, outre le fait qu'elle est une commune d'intervention du ProCGRN (structure finançant cette étude), elle constitue la plaque tournante de la plupart des commerçants de noix de cajou dans les deux départements.

Lors des enquêtes, des questionnaires ont été adressés à deux catégories de producteurs : la catégorie de producteurs qui font la vente groupée et celle de producteurs qui font la vente individuelle. Ainsi, (40) producteurs de la commune tirés au hasard, ont été enquêtés dont (25) appartenant à la première catégorie (vente groupée) et (15) faisant la vente individuelle. A Djougou, ils sont (40) producteurs à être enquêtés dont (11) de la première catégorie et (29) de la seconde catégorie. Au total, (80) producteurs ont fait l'objet de l'enquête fine.

S'agissant des commerçants, leur indisponibilité sur les lieux d'étude a rendu difficile les enquêtes. Là aussi, un total de (80) commerçants, toutes catégories confondue, ont été questionnés. Le tableau 3.1. donne l'effectif de l'échantillon par village et par catégorie d'acteurs.

Tableau 3.1. : Effectif de l'échantillon par village et par catégorie d'acteurs.

Acteurs

Localités

producteurs

commerçants

total

Kouandé

Kouandé centre

8

10

18

Guilmaro

8

8

16

Birni

6

17

23

Becket

5

-

5

Fô-Tansé

5

-

5

Oroukayo

5

5

10

Boré

3

-

3

Djougou

Djougou-centre

-

12

12

Toko-Toko

12

12

24

Gosso

3

-

3

Dabogou

8

-

8

Bougou

12

6

18

Partago

5

10

15

total

80

80

160

Source : Enquête 2007

3.2.5. Données collectées et Méthode de collecte

· Méthode de collecte des données

Essentiellement, trois techniques d'entretiens ont été utilisées lors de l'exécution de cette recherche : les entretiens structurés, les entretiens semi structurés et les entretiens non structurés.

- Les entretiens semi et non structurés ont été réalisés lors de la phase exploratoire dans les communes. Nous rappelons que les différentes localités ont été sélectionnées après les discussions avec les cadres et responsables des services du ProCGRN et de la Recherche-Développement Atacora/Donga. Les entretiens semis et non structurés ont été également réalisés tout au long de la recherche sur le terrain. Ils ont permis de vérifier et de compléter certaines informations obtenues auprès des différents acteurs.

- Les entretiens structurés : ils ont été réalisés à l'aide d'un questionnaire adapté aux objectifs de la recherche. Voir questionnaire d'enquête en annexe 2.

· Données collectées

Il y a deux types de données qui ont été collectées : les données primaires et les données secondaires.

ü Les données primaires sont obtenues par enquête et concernent celles des trois dernières campagnes agricoles à savoir : 2006-2007, 2005-2006 et 2004-2005. Elles sont constituées d'une part de données qualitatives comme les différentes formes d'organisation des acteurs, leurs stratégies d'achat et de vente, les conditions dans lesquelles s'exercent les stratégies d'achat et de vente, la circulation de l'information, les caractéristiques socio-économiques, les conditions de stockage et de transport, les modes de financement, les instruments de mesure, les contraintes diverses puis les autres fonctions de commercialisation. D'autre part, les données quantitatives relatives aux coûts des opérations, aux prix, aux quantités vendues et achetées, ont été collectées pour le calcul des marges.

ü Les données secondaires sont des données relatives à la documentation. Elles ont été collectées dans les centres de documentation de la FSA / UAC (BIDOC- FSA), à la bibliothèque de l'UP, à l'INRAB, à la coordination du ProCGRN et au CeRPA Atacora/Donga. Cette documentation a été renforcée par des recherches sur l'Internet.

3.2.6. Outils et méthodes d'analyse

Dans le but d'atteindre les objectifs fixés pour la présente étude et de tester les hypothèses posées, plusieurs outils et méthodes d'analyse des données ont été utilisés. La statistique descriptive a été utilisée à travers les tableaux de fréquences destinés à caractériser les différents acteurs du système de commercialisation. Les hypothèses de l'étude ont été testées à l'aide du logiciel SPSS version 10.0. Les données ont été saisies dans le logiciel EXCEL 2003 et le traitement des textes est réalisé avec le logiciel Word 2003.

Les hypothèses ont été testées comme suit :

· Test de l'hypothèse 1

H1 : Le type d'acteurs de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga varie selon l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, l'origine et la nationalité.

Pour tester cette hypothèse, nous avons utilisé le test de KHI-2 pour mettre en évidence les relations entre les types d'acteurs et leurs caractéristiques socio-démographiques.

Le test de 2

C'est un test non paramétrique basé sur les différences entre effectifs observés O et effectifs théoriques T. Il permet de tester la dépendance entre deux caractères. Puisque dépendance signifie contingence, c'est à travers un tableau de contingence qu'on montre comment une caractéristique est statistiquement indépendante ou dépendante d'une autre.

La démarche consiste à poser l'hypothèse nulle (H0) d'indépendance statistique et à calculer les effectifs théoriques et les écarts (O-T) pour aboutir à l'expression :

Khi-deux d'indépendance, 2 = ÓÓ (O-T)2 / T

La double somme indique que l'opération est faite sur l'ensemble du tableau de contingence à n lignes et à p colonnes de telle sorte que le degré de liberté (d.d.l.) pour ce test est donné par la formule d.d.l.=(n-1)(p-1)

Enfin, la valeur de 2 calculée est comparée avec celle du tableau des valeurs critiques de 2 qui correspond au d.d.l. obtenu et au seuil de signification qui est généralement de 5%. Si la valeur calculée de 2 se situe au delà de celle lue dans le tableau, on rejette H0 au seuil de 5%. C'est-à-dire qu'à ce seuil, le 2 ne permet d'établir aucune dépendance entre les caractères.

Dans le cas de notre étude, le logiciel SPSS version 10.0 sera appliqué au tableau de contingence qui croise les différents types d'acteurs (lignes) avec les caractéristiques socio-démographiques (colonnes).

Tableau 3.2. : Tableau de contingence entre différents types d'acteurs (A) et caractéristiques socio-démographiques (C)

C

A

C1

...

Cj

Ck

 

A1

O11

...

O1j

O1k

N1.

.

.

.

 
 
 
 
 

Ai

Oi1

 

Oij

Oik

ni.

Am

Om1

 

Omj

Omk

nm.

 

n.1

 

n.j

n.k

N

· Test de l'hypothèse 2

H2 : Les fonctions de commercialisation sont assurées dans des conditions précaires.

Cette hypothèse a été testée à travers une Analyse descriptive des stratégies d'achat et de vente, de la conduite des transactions, la circulation de l'information, la formation des prix et facteurs de variation et des conditions de stockage, de transports et de financement.

· Test de l'hypothèse 3

H3 : L'activité de commercialisation des noix de cajou rémunère les différents acteurs dans les mêmes  proportions quel que soit le type de vente.

Pour tester cette hypothèse, nous avons utilisé le test de student et ANOVA à un facteur après le calcul des coûts et des marges de commercialisation.

Le test d'analyse de variance (ANOVA) à un facteur est utilisé pour vérifier s'il y a de différence significative entre les moyennes des coûts ou entre les moyennes des marges de différents acteurs et selon les Communes.

Le test de student (comparaison de moyennes pour échantillons appariés) est utilisé pour analyser la moyenne des coûts et celle des marges brutes par catégorie d'acteurs afin de déterminer le niveau d'efficacité de la commercialisation au niveau de chaque catégorie d'acteurs.

La moyenne du ratio marge/ coût a permis de déterminer le niveau de rentabilité afin de déduire à qui profite au mieux la commercialisation des noix.

Calcul des marges :

Le principe est de calculer les différentes marges des acteurs, de même que les charges des fonctions de commercialisation. On y distingue les marges brutes, les marges de commercialisation ou marges commerciales et les marges nettes.

Les marges brutes (MB) sont obtenues en déduisant du prix de vente (PV), le prix d'achat (PA) du produit. Soit : MB = PV - PA

Les marges commerciales (MC) sont obtenues en retranchant des marges brutes, les coûts variables des fonctions accomplies par les intermédiaires.

Soit : MC = MB - Coûts Variables totaux.

Les marges nettes (MN) sont obtenues en soustrayant des marges de commercialisation, les coûts fixes.

On a : MN = MC - Coûts fixes.

Dans ce calcul, les coûts fixes (coût des instruments de mesure, des bassines) ne sont pas pris en compte. Le calcul se limitera aux marges commerciales. Les valeurs des coûts fixes étant faibles, on peut assimiler la marge commerciale à la marge nette. Les coûts liés aux charges de commercialisation par unité de mesure sont calculés par le rapport des dépenses liées à chaque fonction ou service à la quantité du produit vendue ou couverte par la/le dit (e) fonction ou service.

· Test de l'hypothèse 4

H4 : La vente groupée des noix de cajou améliore les marges de commercialisation réalisées par les producteurs

Le test de student est utilisé pour tester cette hypothèse. Nous avons comparer les moyennes des marges des producteurs qui font la vente groupée à celles des producteurs qui ne font pas la vente groupée afin de déterminer si la vente groupée améliore les marges bénéficiaires des producteurs ou pas.

· Analyse des contraintes

Les contraintes au développement des activités de chaque catégorie d'acteurs ont été recensées et classées sur le terrain par les enquêtés. Nous avons distingué des contraintes liées à la production et les contraintes relatives au stockage/conservation et à la commercialisation. Des tests non paramétriques (notamment le test de Kendall) ont été utilisés pour hiérachiser ces contraintes. Les quatre premières contraintes de chaque catégorie ont été analysées par la construction d'arbres à problèmes. Cette construction est basée sur des modèles préalablement réalisés lors des enquêtes. Le tronc de l'arbre symbolise la contrainte, ces racines correspondent aux causes des contraintes alors que les branches représentent les effets. Les causes primaires et secondaires de même que les effets primaires et secondaires ont été identifiés.

3.2.7. Limites des données collectées

Les données primaires utilisées proviennent essentiellement des enquêtes effectuées sur le terrain. La durée des enquêtes, la période du déroulement des enquêtes, la petite taille de l'échantillon par rapport au nombre total des acteurs du système de commercialisation des noix de cajou dans les deux départements et le peu de données secondaires disponibles sur l'anacarde, sont les quelques insuffisances liées à ces données. Par ailleurs malgré toute la rigueur observée dans la collecte des données, elle comporte certainement des insuffisances. Au cours des entretiens, on notait des contradictions sur certaines données quantitatives telles que les dépenses diverses, les coûts des opérations culturales et les prix. Soulignons aussi que la présente étude aurait pu gagner plus en précision, si on avait pu assister à certaines opérations de commercialisation. Mais la période d'étude ne coïncidait pas avec celle de la campagne de commercialisation pour des raisons de calendrier académique. Toutefois, les données collectées reflètent la situation dans la zone d'étude.

CHAPITRE 4 : STRUCTURE DES MARCHES DE NOIX DE CAJOU

Ce chapitre vise la présentation des divers éléments de la structure des marchés des noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga. Pour ce faire il aborde d'abord une brève description des différents types de marchés avant de mettre un accent sur les types d'acteurs, les circuits de commercialisation, les instruments de mesure, les normes de qualité, et surtout les organisations existantes.

4.1. Typologie des marchés

Les marchés de noix de cajou rencontrés dans les communes d'étude sont en majorité de type informel. Ces marchés échappent à tout contrôle officiel. Ils n'ont pas de date précise d'animation et s'organisent spontanément au gré des acteurs.

Les taxes perçues sur ces marchés se limitent aux taxes communales et du conditionnement payées par les grossistes quand ils chargent des stocks à convoyer vers Cotonou. Ces marchés ne disposent pas d'infrastructures particulières. Ils s'animent en dehors des marchés formels mais parfois coïncident avec le jour du marché de la localité concernée. Ce sont des marchés qui jouent un grand rôle surtout dans l'approvisionnement des différents centres de collecte et de distribution des noix de cajou. Sur le terrain, seulement 13% des acteurs amènent leurs produits au marché plus ou moins formel1(*). Le reste choisit leur domicile, les abords des voies ou l'ombre des arbres comme lieux de vente. La vente à domicile est le mode dominant. L'intérêt de ce mode de vente est qu'il permet aux différents acteurs de limiter les coûts de transport liés à la mise sur le marché du produit. Dans ce cas, ils vendent leurs produits à condition que les prix leur conviennent. Pour 69% des acteurs enquêtés, c'est à domicile qu'ils arrivent à vendre une grande quantité de leurs produits.

La vente de petites quantités de noix de cajou se fait presque partout. Mais il est plus fréquent aux abords des voies et sous l'ombre des arbres. Ce mode de vente n'intervient que lorsque le paysan est dans des difficultés financières (achat de condiments, de pétrole, de boisson, etc....). La quantité vendue étant faible, le transport des noix jusqu'au lieu de vente se fait à pied, ou à bicyclette. Dans ces lieux, le prix de vente ne se discute presque pas, car il est unique et connu d'avance. Près de 15% des producteurs utilisent ce mode de vente. Ils affirment que leurs conditions de vie ne leur permettent pas de conserver le produit afin d'attendre un prix plus rémunérateur.

Les producteurs d'un même CVPA et ayant un magasin collectif de stockage, s'organisent pour chercher un acheteur unique à travers l'URPA. Pour ces producteurs la vente collective permet de vendre à un prix satisfaisant. Les opérations d'achat et de vente se font en face du magasin collectif de stockage de chaque localité. Les exportateurs sont généralement les clients de ces producteurs.

4.2. Acteurs de commercialisation

Plusieurs types d'acteurs animent le système de commercialisation des noix de cajou (Singbo et al., 2004). Dans les départements de l'Atacora et de la Donga les acteurs rencontrés peuvent être regroupés en trois grandes catégories, à savoir : les acteurs commerciaux principaux, les acteurs secondaires et les partenaires des acteurs commerciaux.

4.2.1. Les acteurs commerciaux principaux

Cette catégorie d'acteurs comprend deux groupes : les acheteurs privés et les groupements de producteurs.

4.2.1.1. Les acheteurs privés

Les acheteurs privés du système de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga utilisent un circuit comprenant plusieurs acteurs que sont : les collecteurs, les courtiers et les grossistes.

* Les collecteurs

Rencontrés principalement dans les zones de production, les collecteurs sont des acheteurs à la campagne qui entreprennent la tâche initiale d'assemblage des noix cajou. Ils vont de producteur en producteur afin de rassembler le maximum de noix. Les collecteurs sont en général des habitants des zones de production qui entretiennent avec les producteurs des relations privilégiées (parents, amis, etc.), permettant de fidéliser leurs approvisionnements.

Ils utilisent leur propre capital et équipements de commercialisation, mais la quantité de noix embrassée reste relativement faible. Ils commercialisent en moyenne 6 tonnes de noix par an. Ils achètent les noix surtout au cours des mois de janvier à mai et les revendent entre mars et juin. Les achats sont effectués aussi bien auprès des producteurs qu'auprès d'autres collecteurs. Ils vendent leurs collectes aux grossistes installés soit à Djougou, soit à Bassila ou à Savalou.

Les collecteurs rencontrés dans les zones de production sont âgés en moyenne de 37 ans et ont environ 7 ans d'expérience dans le commerce de noix de cajou. Ils ont le commerce de noix de cajou comme activité secondaire et sont instruits dans 62,5% des cas. Certains collecteurs disposent d'agents sur le terrain qui les aident soit à l'identification des producteurs soit dans un premier regroupement des noix des petits producteurs. En général, l'activité des collecteurs ne dépasse pas le cadre de leur arrondissement ou village.

* Les courtiers

Les courtiers sont des commissionnaires qui contrairement aux collecteurs, n'utilisent pas leur propre capital et équipements de commercialisation. Le fond nécessaire ainsi que les équipements leurs sont fournis par l'agent (collecteur, grossiste ou exportateur) avec qui ils sont en relation. Ils perçoivent une commission proportionnelle à la quantité de noix collectée. Ce sont eux qui connaissent les zones de forte production et maîtrisent les variations des prix à chaque étape de la campagne.

De plus, du fait de la demande pressante du marché international et en tenant compte de la saisonnalité de l'activité, les acheteurs agréés utilisent les services des courtiers pour avoir le maximum de tonnage à livrer aux exportateurs en un temps limité.

Les courtiers rencontrés dans les deux départements sont plus jeunes que les collecteurs avec un âge moyen de 32 ans. C'est ce qui justifie leur dynamisme sur le terrain. Ils ont pour tâche d'assembler les noix de cajou et sont munis d'une bascule et de quelques sacs de jute pour parcourir les villages à la recherche d'éventuels vendeurs. Instruits dans 76% des cas, les courtiers ont environ 5 ans d'expérience dans la commercialisation des noix cajou. Le commerce de noix cajou constitue l'activité principale de la plupart d'entre eux (78% des cas).

Notons enfin qu'il existe parmi les courtiers, ceux qui achètent les noix par leurs propres moyens ou à crédit en attendant de les revendre à un acheteur. Dans ce cas, on peut les assimiler à des collecteurs.

* Les grossistes

Ce sont en général des commerçants agréés qui constituent de gros stocks de noix de cajou par l'intermédiaire des collecteurs, ou qui disposent de courtiers. Ils représentent le troisième type d'acteurs le plus important des acheteurs privés après les collecteurs et les courtiers. Ils s'occupent du commerce en gros et centralisent des stocks qu'ils acheminent vers Cotonou par des camions. Ils possèdent un capital assez important et commercialisent de grandes quantités de noix. Ils sont souvent en relation directe avec les exportateurs ou les négociants indo-pakistanais. Les grossistes ont plus d'expérience dans la commercialisation de noix cajou que les autres agents interviewés ; ce qui leur permet d'agir sur le prix dans la zone de production. Ce sont des acteurs les plus âgés parmi les acheteurs (avec 45 ans comme âge moyen) et instruits dans 100% des cas. Ils ont en moyenne 12 ans d'expérience dans la commercialisation des noix de cajou et dans 85% des cas, le commerce de noix cajou constitue leur activité principale.

Il est à noter que la distinction ainsi faite entre ces différents types d'acheteurs n'est pas aussi claire en réalité. En effet, il est facile de retrouver des grossistes qui sont en même temps des collecteurs ou encore des collecteurs qui font aussi le courtage. Il existe aussi des producteurs qui jouent aussi le rôle de courtiers.

Tableau 4.1. : Types d'acheteurs privés des noix de cajou enquêtés (en %)

Intermédiaires

Fréquences

Pourcentages

Collecteurs

16

20,0

Courtiers

50

62,5

Grossistes

14

17,5

Total

80

100

Source : Enquête, 2007

4.2.1.2. Les groupements de producteurs

Les groupements de producteurs sont les nouveaux acteurs de la commercialisation des noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga. Ils opèrent à travers l'URPA qui est la structure faîtière au niveau des deux départements et qui gère l'opération de vente groupée.

Le processus comprend plusieurs étapes :

a. Prévision sur les quantités à commercialiser ;

b. Centralisation des informations au niveau de l'URPA ;

c. Négociation avec un ou plusieurs acheteurs ;

d. Entente sur un prix d'achat  et signature du protocole d'accord ;

e. Programmation des villages d'achat ;

f. Ordre de mobilisation des stocks ; et

g. Réalisation des opérations d'achat.

L'acheteur fournit le matériel d'achat et assure le convoyage de sa marchandise. Au jour convenu, il se rend dans les villages désignés et procède à la pesée, à l'achat et au payement.

Signalons que pour chaque kilogramme de noix vendue, les producteurs payent une somme de 10 F appelée contribution aux frais de gestion. (Voir un exemplaire de protocole d'accord passé entre l'URPA et la société NATURE en annexe 3).

4.2.2. Les acteurs secondaires

Les acteurs secondaires sont très indispensables pour les acteurs commerciaux principaux surtout les grossistes. Ils jouent pour ces derniers, des rôles très importants lors des opérations d'achat et de vente.

ü Les transporteurs 

Ils assurent la liaison entre l'aire de production et l'aire de regroupement. Les grossistes utilisent les services des transporteurs pour acheminer les noix vers les exportateurs au Port Autonome de Cotonou. Cependant, on constate sur le terrain que certains grossistes utilisent leurs propres moyens (titan, camion, bâchées) tant pour le regroupement des noix achetées que pour le convoyage des stocks vers Cotonou.

ü Les porteurs et les couseurs 

Ils assurent le chargement et le déchargement des sacs de noix de cajou contre une rémunération de 100F/sac de 100kg. Les couseurs aident les commerçants à remplir et à coudre les sacs contre une rémunération de 50F/sac. Il arrive parfois que la même personne joue les deux rôles.

ü Les gardiens des produits 

Après le regroupement des sacs de noix de cajou, ces derniers en assurent la sécurité contre une rémunération en fonction du bon vouloir du patron qui l'a engagé.

4.2.3. Les partenaires des acteurs principaux

Ces acteurs sont constitués de producteurs, d'exportateurs et de transformateurs. Ils se retrouvent en amont (producteurs) et en aval (exportateurs et transformateurs) de la chaîne de commercialisation.

ü Les producteurs

Les producteurs constituent les premiers acteurs du circuit de commercialisation. La commercialisation de leurs produits est le prolongement de leurs activités de production. Ce sont généralement des personnes âgées avec un âge moyen de 52 ans. L'agriculture constitue leur activité principale pour 95 % des cas. Pour la plupart des producteurs, les revenus d'anacarde constituent leur principale source de revenu après le coton. Généralement le ramassage des noix de cajou commence vers la fin du mois de Février mais la campagne est officiellement lancée le 15 Mars de chaque année. Entre ces deux dates, certains producteurs bradent leurs produits sans connaître le prix officiel afin de subvenir aux divers besoins de la famille. Parmi ces derniers, on retrouve les producteurs pré financés par les commerçants qui n'attendent même pas les prix officiels avant de tenir à leur engagement vis-à-vis de ces commerçants. D'autres se patientent et attendent la période des prix optimum avant de mettre leurs produits sur le marché.

Selon les producteurs, la culture de l'anacarde a commencé vers 1960 au Bénin avec l'avènement du feu président Hubert Coutoucou Maga. C'est donc une vieille culture dont la commercialisation était à l'étape primaire. Au départ l'anacardier était utile à cause de sa pomme destinée à la consommation. Mais avec l'exportation des noix de cajou, cette culture a pris un véritable essor.

ü Les exportateurs

Il s'agit surtout des sociétés ou des personnes physiques juridiquement reconnues comme des exportateurs. Ce sont les derniers destinataires des noix de cajou au Bénin. Ils sont en aval de la chaîne et se chargent de convoyer les produits à l'extérieur du pays. Le premier exportateur reconnu au Bénin est le groupe OLAM. C'est un groupe agro-industriel puissant qui commercialise vers l'Inde, l'essentiel des noix produits en Guinée-Bissau, en Côte-d'Ivoire, au Nigeria et au Bénin. Cette société a exporté près de 65% des productions des noix de cajou du Bénin au cours de la campagne 2005-2006. On retrouve également dans cette catégorie les sociétés comme SEPT (Société d'Exportation des Produits Tropicaux), Nomax, Sakson-Bénin, BPS-Bénin, etc., installées à Cotonou et disposant d'importantes capacités de stockage au port de Cotonou.

ü Les transformateurs

La transformation de la noix est moins développée dans les départements de l'Atacora et de la Donga et même dans le pays en général. D'après Tandjiékpon et Téblékou (2002), la part des produits d'anacarde commercialisés au Bénin représente environ 3% de la production nationale. Tout le reste de la production étant exportée vers les pays de l'Asie notamment l'Inde et l'Europe.

Mais de grands efforts sont entrain d'être réalisés notamment à travers une transformation artisanale qui prend de l'ampleur. Le ProCGRN soutien cet effort de développement de la transformation artisanale de l'anacarde à travers la formation et l'encadrement de 14 femmes des départements de l'Atacora et de la Donga. Ces femmes s'approvisionnent en noix auprès des producteurs et des collecteurs.

Les techniques de transformation utillisées sont artisanales et consistent en : tri manuel des mauvaises noix, séparation des grosses et des petites noix (calibrage), grillage, concassage, dépelliculage, friture à l'huile puis assaisonnement au beurre ou au sel, essuyage et enfin conditionnement.

Le matériel utilisé par ces femmes est rudimentaire : bassine trouée, pierres pour le concassage, petit couteau pour le dépelliculage, casserole ou poêle pour la friture, torchon pour l'essuyage, bouteilles et sachets pour le conditionnement.

Les amandes obtenues sont conditionnées dans des bouteilles et des sachets. La vente se fait au niveau local dans les maisons, sur les étalages ou dans les boutiques. Certaines transformatrices livrent les amandes en gros à des revendeurs.

4.3. Circuits de commercialisation des noix de cajou

Le circuit de commercialisation peut se définir comme une succession d'intermédiaires et des lieux par où transitent pendant une période définie des flux de produits, de monnaie et d'informations sur la demande et l'offre (Fanou 1996). Il désigne également l'ensemble comportant les flux des produits, la gamme des agents et les différentes opérations réalisées (Issaka et al. 2003).

En général, la commercialisation des noix de cajou suit au Bénin, des circuits non officiels (Singbo et al., 2004). La multiplicité des réseaux de commercialisation au fonctionnement indépendant, entraîne une forte concurrence sur le terrain ce qui, parfois favorise la hausse des prix au producteur.

Les différents circuits empruntés par les noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga paraissent relativement simple, mais font intervenir plusieurs acteurs. La représentation schématique de ces circuits est donnée par la figure 4.1.

Figure 4.1. : Circuit de commercialisation des noix cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga

CARDER/ONG/Projet

(Appui technique, approvisionnement en plants)

COLLECTEUR/GROSSISTE/EXPORTATEUR

(Préfinancement des activités de production)

PRODUCTEURS

(Production et vente des noix)

URPA A/D

(Mobilisation des stocks/Négociation et vente à un exportateur)

COLLECTEURS

(Collecte/stockage et vente aux courtiers/grossistes ou exportateurs)

EXPORTATEURS

(Exportation ou vente aux indo-pakistanais)

TRANSFORMATEURS

(Transformation des noix en amandes, vente locale des amandes)

GROSSISTES

(Collecte/stockage et vente aux exportateurs ou aux indo-pakistanais)

COURTIERS

(Collecte/stockage au profit des grossistes /exportateurs)

CONSOMMATEURS BENINOIS

(Consommation d'amande cajou)

IMPORTATEUR

(Noix du Togo)

Source : Enquête, 2007

L'analyse de cette figure révèle différents mouvements de noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga. Du point de vue  importance des intermédiaires, nous distinguons :

ü Un circuit de vente directe, reliant les producteurs aux exportateurs.

ü Un circuit de vente court où les noix passent des producteurs aux exportateurs par le biais des groupements de producteurs, représentés par l'URPA.

ü Trois circuits moyens où nous distinguons entre les producteurs et les exportateurs, soit les courtiers, soit les collecteurs ou soit les grossistes.

ü Un circuit long qui concerne tous les acteurs du système de commercialisation à savoir : les producteurs qui vendent les noix de cajou aux collecteurs, ces derniers revendent aux courtiers. Ensuite les courtiers font le point des achats aux grossistes. Enfin les grossistes revendent aux exportateurs qui se chargent de convoyer les produits à l'extérieur du pays.

Dans chaque cas, le comportement des acteurs économiques est basé sur la maximisation du profit et la minimisation des coûts. Le premier chaînon est emprunté par les producteurs en quête de liquidité. Ces producteurs jouissent d'une meilleure marge à cause de l'absence des intermédiaires par rapport aux autres producteurs. Mais ils sont peu nombreux à cause de leur non maîtrise du processus de commercialisation (méconnaissance de l'évolution des prix, des exigences des acheteurs et les normes de qualité). Le deuxième chaînon est celui des producteurs participant à la vente groupée initiée dans les deux départements. Les producteurs qui empruntent ce circuit visent la réduction de la chaîne de commercialisation et la vente des noix à un prix meilleur.

Les autres chaînons sont plus longs puisqu'il y a des intermédiaires qui y jouent un rôle important. Ceci diminue la marge des producteurs de ces chaînons.

4.4. Equipements et instruments de mesure

La principale unité de mesure utilisée dans la majorité des cas est le kilogramme. Les instruments de mesure sont constitués de pesons (de portée 20, 35, 50 ou 70 kg), de balances (de portée 100, 150 ou 200 kg), et de sacs. Les équipements utilisés dans l'achat des noix sont les aiguilles et les fils pour le conditionnement dans les sacs.

Si dans la plupart des cas les unités et instruments de mesure sont bien connus aussi bien des producteurs que des acheteurs, leur fidélité est souvent mise en doute par les producteurs. En effet, la plupart des producteurs interviewés pensent que les acheteurs truandent lors du pesage des noix. Le véritable goulot d'étranglement est que les instruments de mesure ne sont pas fidèles chez la plupart des acheteurs.

En absence de balance, d'autres instruments de mesure sont aussi utilisés sur le terrain dans les transactions de noix de cajou. Le tableau 4.2. présente les unités de mesure locales utilisées pour la vente des noix de cajou, leur équivalence en kilogramme et la moyenne des prix proposés aux producteurs en 2007, par unité de mesure dans les deux départements.

Enfin, notons que certains commerçants choisissent la période de janvier à février pour constituer les premiers stocks à des prix bas avec des instruments de mesure locaux qui facilitent la spoliation des producteurs.

Tableau 4.2. : Unités de mesures locales, équivalence en kg et prix moyen au producteur

Unité de mesure

Equivalence en kg

Prix au producteur

Nom local

Nom en français

Winninrè

Bassine

25

4000

Yorokou ou Tongolo

Bol

2,5

300

Saki

Sac1

80

13000

Saki

Sac2

100

15000

Source : Enquête, 2007

4.5. Normes de qualité

Selon Adégbola et Ofio (2005), les noix et amandes du Bénin sont réputées de bonne qualité et occupent la troisième place sur le plan mondial après celles de la Guinée-Bissau et de la Tanzanie. Elles bénéficient par conséquent d'une meilleure cotation par rapport aux prix offerts. Ainsi l'anacarde produit au Bénin ne connaît pas pour l'heure de difficultés pour son écoulement sur le marché international. Mais cette situation pourrait se dégrader si les acteurs n'adoptent pas une « démarche qualité » aux différentes étapes de la filière. En effet, sur le plan local, aucune norme de qualité n'est prise en compte. Les producteurs sont, dans la pratique, très peu sensibilisés à la qualité de leurs produits. Il n'y a pas à leur niveau de séparation physique des noix par qualité. Les collecteurs sont soucieux d'acheter les noix bien matures, bien pleines et présentant une bonne forme. Au-delà de ce souci, les noix ne sont pas fondamentalement différenciées par les collecteurs ni au niveau de la couleur, ni au niveau de la taille. Cette situation est due à l'absence de normes définissant les catégories des noix de cajou. Certains grossistes, dans l'incapacité de fournir le volume de noix promis, achètent des noix du pays voisin le Togo. Ces noix sont ensuite mélangées à celles achetées chez les producteurs béninois. Tous ces comportements ne sont pas de nature à assurer la traçabilité de la noix béninoise. Or l'on a tout à gagner en sauvegardant le label qualitatif qui sera déterminant en cas de saturation du marché.

Sur le plan international, on paie plus généralement une prime pour les noix de couleur claire qui sont préférées aux noix brunes. En outres, les prix les plus élevés sont accordés aux noix de grande taille. Le prix des noix diminue ensuite en fonction de la taille des morceaux, de leur coloration et de leurs teneur en eau.

Fondamentalement, la qualité de la noix béninoise s'apprécie par rapport au KOR (Kennel Outturn Result) qui détermine la valeur marchande de l'anacarde. Les méthodes de détermination effectuées par les exportateurs ne sont pas souvent harmonisées avec celle des opérateurs béninois. Le contrôle réalisé de façon pratique est celui effectué par les exportateurs au Port Autonome de Cotonou. Toute fois, les commerçants ont tendance, sur le terrain, à acheter les noix de grosses tailles que les noix de petites tailles.

4.6. Dynamique d'Organisation des acteurs

Au Bénin, il existe plusieurs organisations autour de la production et de la commercialisation de l'anacarde (Singbo et al., 2004). Il s'agit notamment de l'Association des Producteurs d'Anacarde du Bénin (APA-Bénin, créée en 1998), de l' Union Nationale des Producteurs d'Anacarde du Bénin (UNAPAB créée en décembre 1999) et du Groupement des Exploitants Agricoles (GEA-Bénin). Ces organisations interviennent à divers niveaux de la filière anacarde.

Conscients des difficultés qu'ils éprouvent pour faire écouler leurs produits à des prix rémunérateurs, et soucieux de défendre leurs droits, leurs intérêts et également pour faire la promotion de leurs intérêts socio-économiques et professionnels, les producteurs d'anacarde des départements de l'Atacora et de la Donga ont adhéré à l'idée de se réunir au sein d'une structure faîtière appelée Union Régionale des Producteurs d'Anacarde (URPA). L'objectif de cette Union était de sensibiliser tous les producteurs pour une vente collective à la même période. Pour les producteurs, les collecteurs profitent de leur inorganisation pour faire des achats en début de campagne pendant que les prix planchers sont méconnus. La vente groupée pourrait leur permettre de gagner plus. Dans la structuration, les producteurs se regroupent au niveau des arrondissements en Comités Villageois de Producteurs d'Anacarde (CVPA) qui, au niveau communal forment les Unions Communales de Producteurs d'Anacarde (UCPA), lesquelles UCPA constituent l'Union Régionale des producteurs d'Anacarde (URPA) au niveau départemental. Mais avant la création de l'URPA, les producteurs étaient organisés au sein de l'UDP. Pour mieux suivre la filière anacarde, L'UDP a créé en son sein un groupe de réflexion sur l'anacarde en 2001. Actuellement il existe un flou quant à la relation qui doit exister entre l'UDP et l'URPA. Mais d'après les autorités du CeRPA Atacora/Donga, l'UDP doit se muer en une organisation spécialisée pour le coton et l'URPA sera désormais la seule structure autorisée à parler de l'anacarde.

Pour soutenir les activités de l'URPA, PAMRAD a sollicité dans le cadre de la mise en oeuvre de ses actions, les services d'un prestataire en l'occurrence l'ONG DEDRAS. Cette dernière est appelée à appuyer l'URPA dans le sens d'une amélioration de la vente groupée, d'une meilleure disponibilité du matériel végétal et d'un meilleur respect des normes de qualité. PAMRAD compte octroyer des crédits annuels aux producteurs membres de l'URPA, pour le compte de la campagne prochaine. Ceci leur permettra d'entretenir leurs plantations. Pendant la campagne, PAMRAD appuie également l'URPA à trouver un acheteur unique avec un prix d'achat beaucoup plus meilleur. Ceci a baissé l'engouement des collecteurs locaux. Très tôt ces derniers sont lancés par le biais de leurs patrons à une concurrence déloyale en augmentant leurs prix pendant une courte période. Tout ceci dans l'intention de désolidariser les producteurs membres de l'URPA qui n'arrivaient plus à se patienter.

Le ProCGRN aussi intervient dans cette dynamique organisationnelle, en organisant au profit des producteurs des sessions de formation sur les techniques culturales de l'anacardier et en mettant à leur disposition des semences de bonne qualité. Il a suscité et obtenu la création et l'installation d'un certains nombre de CVPA rencontrés dans la Donga et entend intervenir dans l'organisation de la vente groupée en recherchant le marché et en négociant le prix pour les producteurs.

Soulignons que le ProCGRN et PAMRAD mènent des actions similaires et complémentaires sur le terrain et il faudra faire une répartition spatiale et temporelle des activités pour une meilleure coordination des efforts.

Il se dégage de tout ce qui précède, qu'il existe d'organisations de producteurs d'anacarde sur le terrain. Mais ces organisations manquent de dynamisme et de cohésion interne. Les CVPA identifiés sont peu fonctionnels et les producteurs ne sont plus motivés pour participer à la vente groupée. Les mobiles de cette absence de motivation trouvent leur fondement dans les insuffisances que comporte l'expérience de vente groupée (voir chapitre 8 pour les contraintes).

S'agissant des collecteurs et des courtiers, leurs organisations sont sporadiques. Pour eux, ce sont les producteurs qui les empêchent de se réunir et profitent de leurs mésententes. Puisque leurs mésententes les poussent à une concurrence horizontale où chacun vise à hausser le prix pour avoir le maximum de produit. Aujourd'hui les collecteurs et les courtiers se contentent d'opérer sans association.

Quant aux grossistes, ils appartiennent en général à l'Union Nationale des Acheteurs des Produits Tropicaux. Le tableau 4.3. indique l'appartenance ou non des acteurs rencontrés à une association.

Tableau 4.3.: Répartition des acteurs (en %) par appartenance d'association

Association

Acteurs

Oui

Non

Total

Producteurs

62.5

37.5

100

Collecteurs

17.1

82.9

100

Courtiers

20.5

79.5

 

Grossistes

41.7

58.3

100

Source: Enquête, 2007

CHAPITRE 5 : CONDUITE DES ACTEURS DU MARCHE DES NOIX DE CAJOU

La conduite du marché évoque le comportement et les stratégies utilisées par les acteurs qui interviennent sur le marché. Ces comportements et stratégies des acteurs dépendent en grande partie de leurs caractéristiques générales (Issaka et al., 2003). Les comportements et stratégies sont analysés face aux diverses fonctions de la commercialisation. Selon Lutz (1994), ces stratégies permettent de savoir, comment les acheteurs réagissent et s'adaptent par rapport aux opportunités offertes par le marché.

De manière générale dans l'étude du marché des produits agricoles, les principaux éléments de la conduite abordés sont les suivants :

ü Les caractéristiques générales des acteurs ;

ü Les stratégies d'achat et de vente ;

ü La formation des prix ;

ü Les facteurs de variation ;

ü L'intervention de l'Etat ;

ü Le comportement des acteurs face aux diverses fonctions de la commercialisation.

Dans la présente étude, la conduite du marché sera évaluée à travers la description et l'analyse de ces différents éléments.

5.1. Caractéristiques générales des acteurs

Au nombre des caractéristiques générales des acteurs, on peut citer la nationalité, le sexe, l'âge, l'ethnie, la religion, le niveau d'instruction, la situation matrimoniale, l'origine et l'expérience professionnelle des acteurs. Dans le cas de notre étude, les caractéristiques qui sont abordées sont: Le sexe, l'âge, l'ethnie, le niveau d'instruction, et la nationalité des acteurs.

5.1.1. Sexe des acteurs

Le sexe est très important dans l'analyse des activités de production ou de commercialisation. Les résultats du test de ÷2, significatifs au seuil de 1%, permettent de conclure que le sexe est un élément de différenciation des acteurs du système de commercialisation (÷2 = 46,948 ; ddl = 3 ; p = 0,000).

En effet, chez les producteurs, on note une prédominance du sexe masculin (93,7 % des cas). Ceci est dû au fait que les femmes n'ont pas accès à la terre ou que les activités de production demande plus d'énergie (force physique). Pour les femmes qui en possèdent, elles considèrent la culture d'anacarde très rentable mais n'aiment pas investir pour les cultures pérennes. Cette situation favorise les collecteurs qui aiment plus acheter les noix auprès des hommes. Car ces derniers n'influencent pas les techniques de mesure et ne discutent pas trop sur les prix comme le font les femmes. Sur le terrain, certains hommes confient leurs noix à leurs épouses afin de pouvoir les vendre à un prix plus rémunérateur.

Par contre chez les collecteurs, on note une prédominance du sexe féminin (56,3 % des cas). Les grossistes aiment négocier avec les femmes parce qu'elles arrivent à acheter moins chers dans les marchés locaux et les fermes. Ce sont elles qui arrivent également à collecter les plus grandes quantités. On observe aussi moins de pertes chez les femmes après les achats.

La quasi-totalité des courtiers sont du sexe masculin (98 % des cas). Cela s'explique par le fait que le courtage demande beaucoup de dynamisme et une très grande mobilité sur le terrain.

Les grossistes sont dans 100 % des cas des hommes et opèrent moins sur le terrain. Le tableau 5.1. montre la répartition des acteurs par sexe.

Tableau 5.1. : Répartition des acteurs par sexe (en %)

Acteurs

Masculin

Féminin

Total

Producteurs

93,7

6,3

100

Collecteurs

43,7

56,3

100

Courtiers

98,0

2,0

 

Grossistes

100

-

100

Source: Enquête, 2007

5.1.2. Age des acteurs

L'âge des acteurs est un critère qui peut influencer les différentes opérations d'achat ou de vente. Les résultats du test de ÷2, significatifs au seuil de 1%, permettent aussi de conclure que l'âge varie en fonction des acteurs (÷2 = 88,7747 ; ddl = 6 ; p = 0,000).

En effet, l'analyse du tableau 5.2. montre qu'en majorité les producteurs des noix de cajou ont en moyenne 52 ans. Ceci s'explique par l'âge des plantations rencontrées sur le terrain. A priori, ils sont les propriétaires des plantations d'anacardiers. C'est pourquoi les acheteurs aiment s'orienter vers ces personnes pour acheter les noix. Pour les collecteurs, les noix achetées auprès des personnes âgées sont plus crédibles. Car les plus jeunes volent les noix dans les plantations pour vendre. Donc, pour éviter ces problèmes, il faut tenir compte de l'âge avant de s'engager pour des achats. En majorité les collecteurs sont jeunes avec une moyenne d'âge de 37 ans. C'est dû au fait que les jeunes ont plus de facilité à passer de domicile en domicile pour acheter les noix pour le compte des grossistes qui sont généralement plus âgés que les collecteurs. Il en est de même pour les courtiers qui ont un âge moyen de 32 ans. Par contre l'âge moyen des grossistes est de 45 ans et ils préfèrent collaborer avec les personnes âgées. Pour les grossistes, confier les fonds pour les achats aux personnes âgées, rassure plus. De plus, les collecteurs ne disparaissent pas avec les fonds comme les courtiers. Le tableau 5.2. montre la répartition des acteurs par âge.

Tableau 5.2. : Répartition des acteurs par âge (en années)

Age

Minimum

Moyenne

Maximum

Ecart type

Producteurs

31

52

80

12, 8

Collecteurs

27

37

47

6,8

Courtiers

25

32

43

5,7

Grossistes

35

45

52

5,4

Source : Enquête, 2007

5.1.3. Le niveau d'instruction

Le niveau d'instruction est également une caractéristique qui influence les stratégies d'achat et de vente des différents acteurs du marché des noix de cajou. Les résultats du test de ÷2 , significatifs au seuil de 1%, montrent que le niveau d'instruction varie en fonction des acteurs (÷2 = 55,197 ; ddl = 9 ; p = 0,000).

Le tableau 5.3. montre la répartition des acteurs par niveau d'instruction pour le cas des noix de cajou.

Tableau 5.3. : Répartition des acteurs (en %) par niveau d'instruction

Acteurs

Aucun

Alphabétisé

Primaire

Secondaire

Supérieur

Total

Producteurs

61,3

6,7

25,5

7,5

-

100

Collecteurs

37,5

-

50,0

12,5

-

100

Courtiers

24,0

-

64,0

12,0

-

100

Grossistes

-

-

34,6

57,1

8,3

100

Source: Enquête, 2007

L`analyse de ce tableau montre que plus de 60 % des producteurs sont analphabètes. Cette situation engendre chez le producteurs une maîtrise imparfaite du marché, un déficit d`information et par conséquent leur dépendance à l'égard des acheteurs.

L'analphabétisme des producteurs explique aussi le fait qu'ils sont trompés par des fausses manipulations de bascule. On pourrait dire que les collecteurs et les courtiers instruits profitent du faible niveau d'instruction des producteurs pour augmenter leur marge bénéficiaire. L'instruction constitue donc un atout pour la bonne conduite des activités.

En aval de la chaîne, les collecteurs sont moins instruits que les courtiers et les grossistes, et sont également soumis aux grossistes. Chez les collecteurs 50,0 % ont le niveau du primaire et 12,5% ont fait le secondaire. Environ 37,5% des collecteurs ne sont pas instruits. Ils sont pour la plupart des villages de production et ces derniers préfèrent utiliser la bassine et le sac de jute pour les achats. Les collecteurs aiment acheter les noix auprès de producteurs âgés qui sont en majorité non instruits. Les courtiers sont à 76% instruits. Cette situation pourrait expliquer leur habileté sur le terrain. D'ailleurs, pour le grossiste, il faut savoir, lire et écrire avant de recevoir la commande afin de pouvoir manipuler la bascule lors des achats. Les grossistes confient la bascule et les fonds aux courtiers instruits pour limiter les pertes.

Dans le même temps les grossistes sont instruits à (100%) avec 34,6% des cas pour le primaire, 57,1% pour le secondaire et 8,3% pour le supérieur. Les grossistes ayant le niveau du secondaire et du supérieur ont souvent un chiffre d'affaire plus important. Ils sont contraints à tenir une bonne comptabilité car ils font des prêts dans les banques pour investir dans les activités commerciales. Il faut donc mener une activité rentable afin de pouvoir rembourser en fin de campagne.

5.1.4. Origine des Acteurs

L'origine des différents acteurs influence leur comportement sur le terrain. Les résultats du test de ÷2 révèlent que l'origine des acteurs est un facteur qui les discrimine au seuil de 5% (÷2 = 11,107 ; ddl = 3 ; p = 0,011).

En effet, les résultats des enquêtes font remarquer que la majorité des acteurs rencontrés sur le terrain sont du milieu. Chez les producteurs 81,7% sont locaux contre 87,5% et 100% pour les collecteurs et les courtiers respectivement.

La prédominance des autochtones chez les producteurs s'explique par le mode d'accès à la terre dans la zone d'étude. En effet, les étrangers ont accès à la terre par emprunt, à durée déterminée pour les cultures annuelles et non pour les cultures pérennes. Quand aux collecteurs et courtiers, ils sont majoritairement du milieu, parce que ces derniers développent des stratégies locales afin d'empêcher les acteurs étrangers à venir opérer sur leur territoire. Un collecteur étranger, n'arrive pas à acheter les noix sans passer par les locaux. Généralement il faut maîtriser la langue du milieu pour bien opérer. Les locaux affirment que les étrangers, provoquent la hausse des prix pour avoir les produits. Pour contourner cette concurrence, les collecteurs locaux fidélisent alors leurs relations avec les producteurs à travers les différents services. Pour ce faire, ceux-ci assistent leurs fournisseurs pendant les circonstances heureuses ou malheureuses (mariages, baptême décès et autres). Ceci leur permet de gagner leur confiance et d'avoir le maximum de produits pendant la campagne. Aussi en cas de problèmes financiers, les producteurs arrivent à solliciter un crédit auprès des collecteurs.

De même les grossistes sont en majorité locaux (92,9% des cas). Mais ils ne vivent pas dans les zones de production. Ils jouissent des services de collecteurs pour avoir leur marchandise. Ils collaborent avec leurs proches pour éviter la trahison et le détournement. Selon nos enquêtes, 65% des grossistes ont affirmé que les recouvrements de fonds et de produits sont difficiles voire impossible si les partenaires sont liés par des liens de parenté. Alors que les collecteurs locaux jouent sur ce lien de parenté pour avoir le maximum de produits. En jouant sur ces liens de parenté pour avoir le maximum de produits, on pourrait dire que le marché n'est plus basé sur la rationalité mais plutôt sur les réseaux sociaux. Ceci est l'apanage des courtiers et des collecteurs surtout.

Mais la particularité dans la commercialisation des noix de cajou est la coexistence de la rationalité et des liens de parenté dans le processus. En effet, les producteurs avouent qu'ils privilégient d'abord le plus offrant. Mais lorsque le prix est stable, ils ont tendance à considérer les liens de parenté. Le tableau 5.4. montre la répartition des acteurs selon leur origine.

Tableau 5.4. : Répartition des acteurs selon leur origine (en %)

Acteurs

Locaux

Etrangers

Total

Producteurs

81,7

18,3

100

Collecteurs

87,5

12,5

100

Courtiers

100

-

100

Grossistes

92,9

7,1

100

Source: Enquête, 2007

5.1.5. Nationalité des acteurs

La nationalité des acteurs un facteur constant pour lequel aucune statistique n'a été calculée. La nationalité ne discrimine donc pas les différents types d'acteurs rencontrés.

En définitive, les résultats des tests de ÷2 obtenus (voir tableau 5.5.) montrent qu'au niveau des départements de l'Atacora et de la Donga, il existe statistiquement une dépendance significative entre les différents types d'acteurs du système de commercialisation des noix de cajou par rapport au sexe, l'âge, le niveau d'instruction et l'origine des acteurs.
D'où l'hypothèse 1 selon laquelle : «Le type d'acteurs de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga varie selon l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, l'origine et la nationalité » est vérifiée pour les variables sexe, âge, niveau d'instruction et origine, et ne l'est pas pour la variable nationalité.

Tableau 5.5. : Synthèse des résultats des tests de ÷2

 

caractéristiques générales

Test du ÷2

Valeur du ÷2

ddl

probabilité

Type d'acteur

sexe des acteurs

46,948*** 

3

0,000

Age des acteurs

88,7747*** 

6

0,000

Niveau d'instruction

55,197*** 

9

0,000

Origine des acteurs

11,107** 

3

0,011

Nationalité des acteurs

Pas de statistique calculée

*** = Significatif à 1% ; **= Significatif à 5% ;

Source: Enquête 2007

5.2. Les stratégies d'achat et de vente

L'objectif des différents acteurs du marché des noix de cajou est la maximisation du profit. Les acteurs cherchent à minimiser les charges tout en maximisant leurs recettes. Pour atteindre cet objectif cinq stratégies sont mises en oeuvre sur le terrain. Ainsi on a le préfinancement des producteurs avant la campagne par les acheteurs, l'avance sur la commercialisation aux producteurs en période de campagne, l'avance de fonds aux collecteurs locaux par les grossistes, l'achat des noix par les collecteurs pendant la pré campagne en attendant une demande potentielle et l'achat des noix dans le pays voisin de l'Ouest.

Ø La première stratégie est celle du préfinancement des producteurs par les acheteurs. La campagne de commercialisation des noix de cajou est officiellement lancée en Mars de chaque année au Bénin. Mais bien avant l'ouverture de cette campagne, un grand nombre de producteurs ne disposant pas de ressources financières ont recours à des préfinancements sous forme de crédit auprès de certains acheteurs qui à leur tour obtiennent leur préfinancement de la part de certaines institutions financières.

Les résultats des enquêtes ont montré que 13,5% des producteurs bénéficient de ces crédits informels pour entretenir leurs plantations d'anacarde ou pour répondre à des besoins pressants de santé, de scolarisation, d'alimentations, de cérémonies etc. La plupart de ces crédits avec intérêt sont octroyés entre les mois d'Août et d'Octobre et varient entre 10.000 et 50.000 FCFA. Cet état de choses entraîne une grande variabilité des prix d'achat proposés aux producteurs en début de campagne.

Les grossistes locaux profitent de ces crédits informels pour acheter moins chers bien en dessous du prix plancher du Gouvernement. Ainsi les premières ventes, et par conséquent les remboursements en nature de crédit, se font sur la base de 10.000F à 15.000F le sac de 100 kg. Lorsque ces premiers prix ne conviennent pas aux producteurs, ils s'engagent à rembourser le crédit en espèces avant la fin du premier mois de la campagne avec un taux d'intérêt de 20%. Tout ceci oblige les paysans à brader leurs produits tandis que les acheteurs rentabilisent leur crédit.

Toutefois, certains producteurs ayant bénéficié de ce type de crédit ne respectent pas parfois leur engagement. Ceci est dû pour la plus part aux aléas climatiques, aux feux de brousse et à d'autres règlements d'urgence. Cette situation rend de nos jours les grossistes plus réticents à s'engager dans le système de crédit informel. C'est autant dire qu'ils sont sujets à de nombreux risques tout en cherchant à réaliser des bénéfices substantiels.

Ø Une deuxième stratégie est celle de l'avance sur la commercialisation. Cette stratégie est développée par les collecteurs qui préfinancent les producteurs afin de garantir le produit. Ainsi, les producteurs qui se trouvent dans un besoin pressant d'argent pour résoudre les besoins ponctuels (cérémonies, spectacles, alcool etc..) obtiennent un crédit avec intérêt de l'ordre de 2000F à 5000F pour un délai de trois jours au plus. Le remboursement se fait en tenant compte du prix en cours le jour de l'octroi du crédit. L'étude a révélé que 10,3% des producteurs ont recours à ce type de crédit. Cette stratégie semble à priori être meilleure à la première car elle réduit les risques. De ce fait, elle est plus favorable aux producteurs qui vendent alors à court terme leur produit mais suivant le prix du marché.

Ø Une troisième stratégie est celle qui concerne la relation entre les grossistes et les courtiers. En effet, les grossistes confient les fonds pour la collecte avec la première tranche de leur commission aux courtiers qui à leur tour passent de village en village pour chercher la marchandise avec des sacs et des bascules en main. Après l'achat, les courtiers donnent un délai (souvent deux semaines) afin que les grossistes viennent retirer la marchandise. Plus de 90 % des courtiers reçoivent les fonds de commandes des grossistes et signent plusieurs contrats à la fois.

Dans ce système d'arrangement d'achat /Vente qui fonctionne sous forme de commandes faites aux fournisseurs par les clients, on distingue les intermédiaires que l'on appelle en anglais "brokers". Ce sont des individus qui ne prennent pas le risque car ils utilisent l'argent des commandes d'autres personnes pour constituer leurs propres capitaux. Ceci est dû au fait que la plupart des individus sont en quête de sources alternatives de revenus ou de moyens d'existence durable, cette activité leur donne ainsi l'opportunité d'avoir un capital pour subsister.

Dans certains cas, aucun investissement n'est fait à l'avance. Les grossistes viennent directement dans les villages, s'annoncent et commencent par faire des achats.

Ø La quatrième stratégie de vente et d'achat consiste à investir une certaine somme pour l'achat du produit en comptant sur une demande potentielle ultérieure des grossistes. Ces catégories d'acteurs sont souvent désignés sous le terme de" marchands middle men" en anglais. Sur le terrain seulement 39,4 % des collecteurs ont recours aux crédits formels des structures financières locales et prennent le risque.

Ø la cinquième strategie est développée par certains grossistes et courtiers qui achètent des noix dans les pays frontaliers du Bénin, notamment le Togo. Ces noix qui sont de petite taille et très moins chères sont ensuite mélangées à celles achetées chez les producteurs béninois. Pour avoir le maximum de produits, chaque acteur accroît sa potentialité et son aptitude à répondre efficacement à la demande du patron pour lequel il travaille. De ce fait on assiste à une concurrence qui donne lieu à une variation graduelle du prix. Tout ceci incite les producteurs à vite livrer leurs produits.

De tout ce qui précède, les paysans, et même les collecteurs, ont des besoins élevés de capital pour résoudre ces problèmes. Ces besoins de capital et l'impossibilité pour eux de les obtenir de façon formelle et à des coûts réduits les poussent à s'engager dans des transactions qui loin de les relever ou de permettre l'évolution de leur activité, les rendent encore dépendants et donc les maintiennent dans le cercle de la pauvreté. Il serait donc souhaitable de mettre sur pied des structures d'appuis financiers aux producteurs afin de les rendre moins dépendant des acheteurs des noix de cajou.

5.3. La formation des prix

Le prix de vente des noix de cajou au niveau local dépend de la période. Mais également, il tient compte du prix plancher fixé par le gouvernement en début de campagne. Dans les conditions normales, aucune transaction ne devrait être acceptée en dessous de ce prix plancher. Mais la réalité est que peu d'acteurs respectent ce principe.

Toutefois, les variations des prix réels d'achat aux producteurs sont dues non seulement au rythme de demande des noix par les exportateurs, mais aux variations du marché mondial (Pompidou et Gockouski, 2004). La demande de ces derniers est elle-même déterminée par la demande des usines de transformation en Inde et au Pakistan (Singbo et al., 2004). Les variations des prix sur le marché international sont illustrées par la figure 5.1.

Le prix des noix de cajou dépend très largement de la taille, de la classe et de la composition des noix. Le standard international est la noix entière W 3202(*).

Figure 5.1. : Courbe de variation des prix des noix de cajou sur le marché international (en dollars)

Source : Secrétariat de la CNUCED

L'analyse de cette courbe montre une augmentation des prix des noix de cajou échangés sur le marché international, entre 1970 et 1981, de plus de 300% en l'espace d'une décennie. Entre 1981 et 2004, la moyenne des prix de ce produit a été de 2,49 dollars. En 1999, il atteint un plafond de 3,18 dollars avant de rechuter en 2001 à 1,45 dollars. Aujourd'hui, le prix est croissant avec 2,25 dollars sur le marché international. On pourrait donc dire que ce prix est encore intéressant et pourrait motiver les différents acteurs lorsqu'on le compare aux prix des autres produits comme le coton. Mais sur le terrain on note une variation des prix moyens au cours de la même campagne. Par exemple lorsqu'un exportateur se trouve dans le besoin de livrer des noix dans un délai très court, il augmente sensiblement le prix d'achat au producteur. Avant que d'autres exportateurs réagissent et ajustent leur prix par rapport aux prix en vigueur, l'exportateur en question aura déjà rassemblé la quasi-totalité de sa demande.

Sur le terrain les grossistes et courtiers mandataires de cet exportateur informent les producteurs que c'est le prix plafond de l'année et les incitent à vite livrer leurs produits afin d'éviter la mévente.

Au cours de l'étude les paysans ont affirmé que généralement le prix plafond est observé vers fin avril et début mai. Le producteur doit donc jouer sur son expérience pour vendre à bonne période. Certains producteurs conservent leurs noix et attendent la fin de la campagne pour les livrer à un prix rémunérateur. Ils revendent le produit un peu plus cher pour avoir une marge bénéficiaire plus grande. Certaines campagnes sont mauvaises et ils en sortent perdant car au lieu que le prix monte, au contraire il baisse considérablement. La figure 5.2. montre les variations des différents prix sur le marché local durant une période de sept ans.

Figure 5.2. : Courbes de variation des prix sur le marché local

0

100

200

300

400

500

600

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Années

Prix (en FCFA)

prix plancher

prix moyen

prix plafond

Source : CeRPA Atacora-Donga

Le prix plancher est le prix minimum au producteur (dans les conditions normales). L'évolution de ces courbes montre que le prix plancher est toujours en dessous du prix moyen et du prix plafond pratiqués sur le terrain. On pourrait dire que le prix plancher contribue à la formation du prix moyen observé sur le terrain. Il serait donc intéressant que le prix plancher soit connu très tôt par les producteurs afin qu'ils puissent estimer le prix moyen auquel ils pourraient livrer leurs produits aux acheteurs. Ceci contribuerait un temps soit peu à lever la désinformation dont ils sont victime. La baisse du prix des noix brutes sur le marché mondial ces dernières années a poussé le Viêt-Nam deuxième producteur a transformé 90% de sa production et exporté 10% vers l'extérieur la campagne 2005 (FAO, 2005).

L'unique alternative durable aujourd'hui pour les pays africains serait donc la transformation sur place des noix de cajou. Car le prix des amandes est trois fois meilleur à celui des noix de cajou sur le marché international (FAO, 2005).

5.4. Les facteurs de variation du prix

En général, les facteurs de variation du prix des produits agricoles sont la quantité, le lieu où se déroule l'opération commerciale, la période, le processus de concurrence des acheteurs, la qualité et les services physiques.

Les acheteurs préfèrent les noix de bonne qualité et rejettent les noix de mauvaise qualité pour ne pas se compromettre. Le contrôle de l'échantillon se fait à l'aide d'un ciseau et seuls les noix dont l'amande est pleine sont achetées aux meilleurs prix. S'agissant des services physiques, les producteurs ne transportent pas les produits sur de longues distances avant la vente, puisque la vente à domicile est le mode de vente dominant.

La quantité : La petite quantité et la grande quantité n'ont pas les même prix. Lorsque la quantité est grande les producteurs préfèrent se rapprocher des grossistes pour vendre plus cher. Car ces deniers utilisent la bascule et préfèrent avoir vite le maximum de marchandises contre un bonus sur le prix.

Le lieu de vente : La vente à domicile et celle des lieux publics n'ont pas souvent les mêmes prix. A domicile une discussion s'engage entre acheteurs et producteurs afin de convenir sur un prix qui arrange les deux parties. Les acheteurs profitent de la naïveté ou de la sous information des producteurs pour acheter la marchandise à un prix plus bas que celui du marché.

La période : Sur le terrain, les acteurs affirment que les noix de cajou sont sujet d'une variation graduelle des prix à court terme. Ainsi le prix en début de campagne est souvent plus bas que celui observé en pleine campagne. Les producteurs profitent de ce facteur pour conserver leur produit afin de mieux vendre plus tard.

Le processus de concurrence: La concurrence dans le marché des noix de cajou est le processus au cours duquel des acheteurs se rencontrent sur un marché et adoptent un comportement de rivalité pour acheter les produits (Agaï, 2004). Sur le terrain plusieurs acheteurs ont été dénombrés avec des stratégies différentes. Les grossistes profitent de leur pouvoir d'achat en haussant les prix pour avoir le maximum de produits. Les collecteurs et courtiers étant locaux, jouissent des réseaux de parenté pour avoir les produits .Tout ceci donne lieu à une concurrence entre acheteurs.

Pour les producteurs, les facteurs qui induisent la fluctuation des prix sont la variabilité de la production, la chute du cours du dollar (selon les renseignements des intermédiaires), l'inexistence d'autres marchés, la non implication à fond de l'Etat et le nombre élevé d'intermédiaires commerciaux.

5.5. L'intervention de l'Etat et des ONG

Jusqu'à une date récente l'intervention de l'Etat se limite à la fixation du prix plancher. L'Etat intervient peu dans la réglementation du marché des noix de cajou. Sur le terrain il n'existe aucune structure d'appui technique ou financière installée par l'Etat. Néanmoins, certaines ONG appuient les producteurs sur le terrain. C'est ainsi qu'en 2003, l'ONG- DEDRAS, par le biais de PAMRAD, a commencé par intervenir dans la commune de Kouandé. L'objectif de cette structure était d'amener les producteurs à s'organiser pour faire la vente collective et pouvoir jouir des prix satisfaisants.

Pour y parvenir, plusieurs actions ont été menées par cette structure, au nombre desquelles on peut citer :

ü La mise en place des organisations au sein des producteurs ;

ü La formation des acteurs sur les itinéraires techniques ;

ü La sensibilisation des producteurs sur les problèmes de la commercialisation ;

ü Le renforcement des capacités de gestion des producteurs ;

ü La recherche de marché et négociation de prix pour les producteurs.

5.6. Comportement des acteurs face aux fonctions de commercialisation

Les produits agricoles empruntent diverses étapes, souvent incontournables avant d'atteindre le consommateur. L'offre paysanne est séparée de la demande des consommateurs dans l'espace, le temps, la forme et la taille du produit (Issaka et al. 2003). Dans cette partie nous aborderons les fonctions physiques et les fonctions de facilitation qui permettent de fournir en des lieux et temps opportuns, aux différents acteurs, les produits dont ils ont besoin.

5.6.1. La Conservation et le stockage

La fructification des noix de cajou commence en février, période pendant laquelle le prix plancher de l'Etat n'est pas connue car ce prix est fixé le 15 mars de chaque année. Afin de vendre à bon prix leurs produits, les producteurs les conservent. Après la récolte, ils font un séchage des noix avant de les conserver dans des sacs de jutes. Le tableau 5.6. montre la répartition des acteurs selon les lieux de stockage.

Tableau 5.6. : Répartition des acteurs (en %) selon les lieux de stockage

Lieux

Acteurs

Domicile

Magasin

Total

Producteurs

86,2

13,8

100

Collecteurs

92,9

7,1

100

Courtiers

21,5

78,5

100

Grossistes

-

100

100

Source: Enquête, 2007

L'analyse de ce tableau montre que 86,2% des producteurs font leur stockage à domicile dans leur salon, tandis que 13,8% en font dans un magasin. Quant aux collecteurs et courtiers ils sont respectivement 92,9% et 21,5 à faire le stockage et la conservation à domicile alors que 7,1% et 78,5% respectivement en font dans un magasin.

Pour les uns, la conservation à domicile est due au manque de magasin privé car il faut être d'une organisation avant de conserver les noix au magasin communautaire. Par contre pour d'autres, c'est pour mesure de sécurité afin d'éviter les vols. Tous les grossistes possèdent de magasins privés. Au cours de la conservation, certains facteurs sont susceptibles d'affecter à long terme la qualité des noix conservées. Mais les producteurs affirment qu'ils peuvent conserver les noix pendant deux ans sans qu'elles ne se détériorent.

5. 6. 2. Le transport

Les producteurs transportent les noix de cajou des champs vers leur domicile à pieds et sur la tête, parfois à vélo ou à moto. Mais ils trouvent que le transport est pénible dans ces conditions. Des domiciles au lieu d'échange, les produits sont également transportés à pieds. Quant aux collecteurs et courtiers, ils transportent les noix des villages vers les villes soit à moto ou à l'aide des véhicules qu'ils louent. Les coûts de transport varient selon la distance parcourue et dépendent de l'état des voies.

Les grossistes passent chez les collecteurs et courtiers avec des camions ou bâchées pour ramasser leurs produits. Il s'agit souvent de leurs propres moyens de transport. Le tableau 5.7. montre la répartition des acteurs suivant le mode de transport.

Tableau 5.7. : Répartition des acteurs par mode de Transport (%)

Modes de

transport

Acteurs

Tête

Vélo

Moto

Camion

Total

Producteurs

50,9

36,2

12,9

-

100

Collecteurs

-

-

49,2

50,8

100

Courtiers

-

-

47,5

52,5

100

Grossistes

-

-

-

100

100

Source: Enquête, 2007

L'analyse de ce tableau montre que 50,9% des producteurs transportent leurs noix à la tête alors que le reste possède un moyen de transport. Les premiers reconnaissent la pénibilité du transport par la tête et les seconds dénoncent les coûts liés à l'utilisation des moyens de transport.

Quant aux commerçants, ils n'utilisent que les motos et les moyens de transport à quatre roues pour le rapprochement des noix achetés. Le mode de transport de chaque acteur s'explique par sa condition de vie.

5 .6.3. Le Financement

Les acteurs du système de commercialisation des noix de cajou ont trois sources de financement de leurs activités : le crédit formel et le crédit informel et l'autofinancement Le tableau 5.8. montre la répartition des acteurs par source de financement.

Tableau 5.8. : Répartition des acteurs par source de financement (en %)

Sources

Acteurs

Formel

Informel

Autofinancement

Total

Producteurs

6,5

23,8

69,7

100

Collecteurs

39,4

10,4

50,2

100

Courtiers

5,3

82,3

13,4

100

Grossistes

67,5

5,5

27,0

100

Source: Enquête, 2007

L'analyse de ce tableau montre que seulement 6,5 % des producteurs ont accès au crédit formels contre 39,4% pour les collecteurs alors que la majorité des grossistes rencontrés ont accès au crédit formel (auprès d'une banque, CLCAM et autres). Ceci pousse les producteurs à accéder au crédit informel auprès des collecteurs et courtiers qui reçoivent l'argent des commandes ou auprès des grossistes selon les cas. La majorité des producteurs s'autofinance (69,7% des cas) à travers surtout les revenus issus des autres activités de production. Et si les courtiers peuvent profiter de l'argent des commandes pour parfois subvenir à leur besoin alors les producteurs ne peuvent que brader leurs produits en se soumettant aux acheteurs.

5.6.4. L'information

Le bon fonctionnement d'un marché est lié entre autres aux sources d'informations, à la circulation de l'information et à la crédibilité que les différents acteurs leur accordent. L'information jouant un rôle capital dans les différents processus d'achat et de vente. Sa maîtrise s'avère bénéfique pour les acteurs. Mais, il apparaît clairement que les conditions d'une libre circulation de l'information ne sont pas toujours assurées. Les producteurs ne sont généralement pas informés sur les fluctuations du cours mondial et de l'évolution de la demande internationale afin de faire pression sur les acheteurs et leur imposer leur prix. Au contraire les acheteurs maîtrisent mieux le prix du marché international et en profitent pour faire des simulations. Ils évoquent parfois la saturation du marché international, et donc le risque de mévente encouru par les producteurs, s'ils ne liquidaient pas vite leurs produits. Ces simulations réussissent parfois lorsque le producteur a peur d'un avenir incertain. On assiste alors à une asymétrie d'information qui ne rend donc pas transparent le marché des noix de cajou dans les deux départements.

Dans un tel contexte de mal information ou de sous information, la mise sur pied d'autres structures ou organes d'information délivrerait les producteurs de leur dépendance vis à vis des acheteurs en ce qui concerne l'information. L'installation d'une radio rurale pourrait aider les producteurs à s'informer sur les périodes de vente et les prix pratiqués sur le marché.

De tout ce qui précède, on peut conclure que les fonctions de commercialisation des noix de cajou se déroulent dans des conditions précaires.

CHAPITRE 6 : PERFORMANCE DES MARCHES DE NOIX DE CAJOU

La performance du marché intervient comme le moyen d'appréciation de l'efficacité économique de la structure et du comportement du marché (Issaka et al., 2003). Elle exprime les résultats économiques liés au fonctionnement du marché. Diverses approches sont généralement utilisées pour analyser la performance d'un marché:

ü L'étude du degré de stabilité des marchés.

ü L'étude de l'intégration des marchés.

ü L'étude des marges commerciales des acteurs.

Les deux premières approches ne seront pas utilisées dans la présente étude pour plusieurs raisons.

Ø La durée très courte de l'étude n'a pas permis de collecter les prix quotidiens afin d'étudier la stabilité du marché des noix de cajou.

Ø De plus, une étude d'intégration des marchés par la méthode de corrélation (Lutz, 1994 ; sodjinou et al. 2003) ou par le modèle de l'indice de connexion dynamique de Timmer et de Ravallion (Ahohounkpanzon, 1992 ; Houédjoklounon, 2001 ; Issaka et al. 2003), aurait été possible si les marchés des noix de cajou, même informels, avaient été périodiques avec un marché central. Donc l'analyse de l'intégration des marchés n'est pas abordée dans la présente étude.

L'analyse de la performance du marché des noix de cajou est faite à travers l'étude des marges brutes et commerciales. Selon les économistes libéraux, un système de commercialisation est parfaitement performant lorsque les différences de prix dans l'espace et dans le temps sont égales aux coûts de transaction. Cela implique que la marge de commercialisation dans un système commercial efficace entre deux marchés M1 et M2, doit être égale aux frais de transaction (le transport, le stockage, la manutention etc....) auxquelles s'ajoute la rémunération de l'intermédiaire qui doit correspondre à un taux par rapport au prix d'achat. Mais il est difficile d'apprécier cette rémunération dans la mesure où il n'y a pas une norme fixée ou préétablie (Issaka et al. 2003).

6.1. Evaluation de l'efficacité du système de commercialisation des noix de cajou

Cette partie concerne l'analyse des coûts et des marges commerciales des différents acteurs impliqués dans la commercialisation des noix de cajou. L'objectif de cette analyse est d'apprécier d'une part les différents coûts et marges entre les acteurs tant au niveau départemental que communal, et de fournir d'autre part, une indication sur les niveaux de rentabilité de la commercialisation des noix de cajou à travers le ratio marge sur coût.

6.1.1 Analyse des coûts de commercialisation

On définit par coûts de commercialisation,  l'ensemble constitué par les coûts de préparation, les coûts de conditionnement, les coûts de manutention, les coûts de transport, les coûts d'investissements, les pertes, les commissions, les redevances, les paiements officieux, etc. (Agaï, 2004).

L'analyse des coûts liés à la commercialisation des noix de cajou a été faite entre les catégories d'acteurs de la même commune et entre acteurs des deux départements, grâce à ANOVA à un faceur. Cette analyse de variance est fondée sur deux grands principes (Astous, 2000) :

· Plus les différences entre les moyennes des groupes observés dans l'échantillon sont grandes, plus il y a de chances que la relation existe dans la population ;

· Plus la dispersion (la variance) dans les groupes est petite plus les différences entre les moyennes sont réelles dans la population.

Les tableaux 6.1. à 6.6. présentent les différents résultats.

Tableau 6.1. : Comparaison de moyennes des coûts entre acteurs des deux départements

Sources de variation

Somme des carrés

ddl

Moyenne des carrés

Valeur de F

Signification

Inter-groupes

4347.026

3

1449.009

3.173

0.026**

Intra-groupes

71249.73

156

456.729

Total

75596.75

159

 

** =significatif à 5%

Source: Enquête, 2007

L'analyse du tableau 6.1. montre qu'il y a une différence significative au seuil de 5% entre les coûts supportés par les différents acteurs des deux départements. L'analyse de la plus petite différence significative est résumée dans le tableau 6.2.

Tableau 6.2. : Analyse de la plus petite différence significative des coûts de commercialisation entre acteurs des deux départements

Catégorie1

Catégorie2

Différence de moyenne (1- 2)

Erreur standard

Signification

Producteur

Collecteur

11.62

5.85

0.194

Producteur

Courtiers

10.62

3.85

0.03**

Producteur

Grossiste

2.56

6.19

0.976

Courtiers

Collecteur

1

6.14

0.998

Grossiste

Collecteur

9.06

7.82

0.653

Grossiste

Courtiers

8.06

6.46

0.597

** =significatif à 5%

Source : Enquête, 2007

L'analyse du tableau 6.2. montre que la différence entre les coûts supportés par les producteurs et ceux supportés par les courtiers est significative au seuil de 5%. Par contre, lorsqu'on considère les coûts moyens supportés par les producteurs et ceux supportés par les collecteurs et grossistes respectivement, la différence n'est pas statistiquement significative même au seuil de 5%. De plus, la différence de moyenne entre producteurs et courtiers, d'une part, et entre producteurs et collecteurs d'autre part, est plus élevée que celle entre producteurs et grossistes. On pourrait donc dire que les producteurs et les grossistes supportent les coûts les plus élevés dans les deux départements.

Tableau 6.3. : Comparaison des coûts de commercialisation des acteurs de Kouandé.

Sources de variation

Somme des carrés

ddl

Moyenne des carrés

Valeur de F

Signification

Inter-groupes

7341.571

3

2447.19

4.48

0.006***

Intra-groupes

41510.32

76

546.188

Total

48851.89

79

 

***= significatif à 1%

Source : Enquête, 2006

L'analyse du tableau 6.3. montre qu'il existe une différence hautement significative au seuil de 1% entre les coûts supportés par les différents acteurs du marché des noix de cajou à Kouandé. On pourrait dire que les coûts engagés par les différents acteurs dans les activités de production ou de commercialisation varient d'une catégorie à l'autre. L'analyse de la plus petite différence significative est résumée dans le tableau 6.4.

Tableau 6.4. : Analyse de la plus petite différence significative des coûts de commercialisation des acteurs de Kouandé.

Catégorie1

Catégorie2

Différence de moyenne (1-2)

Erreur standard

Signification

Producteur

Collecteur

20.695

10.2316

0.189

Producteur

Courtiers

20.0207

5.821

0.005***

Producteur

Grossiste

9.7214

9.5751

0.741

Courtiers

Collecteur

0.6743

10.548

1

Grossiste

Collecteur

10.9736

13.0022

0.833

Grossiste

Courtiers

10.2993

9.9124

0.727

*** = significatif à 1%

Source: Enquête, 2007

L'analyse du tableau 6.4. montre que la différence entre les coûts supportés par les producteurs et ceux supportés par les courtiers est hautement significative au seuil de 1%. Par contre, lorsqu'on considère les coûts moyens supportés par les producteurs et ceux supportés par les collecteurs et grossistes respectivement, la différence n'est pas statistiquement significative même au seuil de 5%. De plus, la différence de moyenne entre producteurs et courtiers, d'une part, et entre producteurs et collecteurs d'autre part, est plus élevée que celle entre producteurs et grossistes. On pourrait aussi dire que les producteurs et les grossistes supportent les coûts les plus élevés dans la commune de Kouandé.

Tableau 6.5. : Comparaison des coûts de commercialisation des acteurs de Djougou

Sources de variation

Somme des carrés

ddl

Moyenne des carrés

Valeur de F

Signification

Inter-groupes

2115.45

3

705.15

4.13

0.009***

Intra-groupes

12974.96

76

170.723

Total

15090.41

79

 

*** =significatif à 1%

Source : Enquête, 2007

L'analyse du tableau 6.5. montre qu'il y a une différence hautement significative entre les coûts supportés par les différents acteurs de la commune de Djougou au seuil de 1%. L'analyse de la plus petite différence significative est résumée dans le tableau 6.6.

Tableau 6.6. : Analyse de la plus petite différence significative des coûts de commercialisation des acteurs de Djougou

Catégorie1

Catégorie2

Différence de moyenne (1-2)

Erreur standard

Signification

Producteur

Collecteur

2.927

4.6196

0.921

Producteur

Courtiers

0.9861

3.4192

0.992

Producteur

Grossiste

-17.1786

5.3532

0.01**

Courtiers

Collecteur

1.9409

4.9492

0.979

Grossiste

Collecteur

20.1056

6.439

0.013**

Grossiste

Courtiers

18.1647

5.6402

0.01***

** =significatif à 5%

Source: Enquête, 2007

L'analyse du tableau 6.6. montre que dans la commune de Djougou, la différence entre les coûts supportés par les grossistes et ceux supportés par les producteurs, collecteurs et courtiers respectivement, est significative au seuil de 5%. Par contre, lorsqu'on considère les coûts moyens supportés par les producteurs et ceux supportés par les collecteurs et courtiers, la différence n'est pas statistiquement significative au seuil de 5%. En outre, la différence de moyenne entre les grossistes et les autres acteurs, est plus élevée que toutes les autres différences de moyenne. On pourrait donc tirer la conclusion selon laquelle les grossistes de la commune de Djougou supportent les coûts les plus élevés.

Il ressort de ces différentes analyses que les coûts engagés par les différents acteurs dans les activités de production ou de commercialisation varient d'une catégorie à l'autre tant au niveau départemental que communal. Dans les deux départements, les grossistes supportent les coûts les plus élevés avec une moyenne de 48.7F/kg par grossiste alors que les collecteurs et les courtiers supportent les coûts les plus bas avec respectivement des moyennes de 29.64F/kg et 30.64F/kg. Ces coûts élevés des grossistes sont dus au fait que les grossistes assurent toutes les fonctions de la commercialisation (stockage, transport, rémunération des collecteurs, taxe, achats d'instruments de mesure, de sacs de jute etc...). Les coûts bas observés au niveau des collecteurs et les courtiers s'expliquent par le fait que les dépenses qu'ils engagent dans leurs activités sont essentiellement constituées des frais de transport. Or, les collecteurs sont en général des habitants des zones de production et leur activité ne dépasse pas le cadre de leur arrondissement ou village. Quant aux courtiers, ils rassemblent les noix au niveau des centres de concentration où passent les « patrons » avec les camions pour le ramassage. Tout ceci limite certains coûts liés au transport au niveau de ces deux catégories d'acteurs. S'agissant des producteurs, bien qu'ils bénéficient de la vente à domicile, les coûts qu'ils supportent sont relativement plus élevés que ceux supportés par les collecteurs et les courtiers. La moyenne est de 41.26F/kg par producteur. Cela est dû à la prise en compte des coûts de production dans les calculs effectués.

Une comparaison des moyennes des coûts entre les acteurs des deux communes révèle que les producteurs de Djougou supportent des coûts plus bas avec une moyenne de 33.15 F/kg par producteur alors que les collecteurs, courtiers et grossistes de cette commune supportent les coûts les plus élevés que ceux de la commune de Kouandé.

6.1.2. Analyse des marges commerciales

La marge commerciale est l'un des instruments de mesure de la performance des activités des acteurs commerciaux. Elle permet également de voir la répartition des bénéfices depuis le producteur jusqu'au consommateur.

La marge commerciale peut se définir comme la différence entre la marge brute et les coûts de commercialisation. La marge doit couvrir les frais qu'implique le transfert du produit d'un maillon de la chaîne au suivant et assurer un bénéfice raisonnable à celui qui effectue ce transfert (Agaï, 2004).

L'analyse des marges commerciales a été également faite entre les diverses catégories d'acteurs. Les tableaux 6.7. à 6.12.suivants présentent les différents résultats:

Tableau 6.7. : Comparaison de moyennes des marges entre acteurs des deux départements.

Source de variation

Somme des carrés

ddl

Moyenne des carrés

Valeur de F

Signification

Inter-groupes

80928.62

3

26976.21

10.846

0.000***

Intra-groupes

388012.5

156

2487.26

Total

468941.2

159

 

*** =significatif à 1%

Source: Enquête, 2007

L'analyse du tableau montre qu'il y a une différence significative au seuil de 1% entre les marges de commercialisation réalisées par les producteurs des deux départements. L'analyse de la plus petite différence significative est mentionnée dans le tableau 6.8.

Tableau 6.8. : Analyse de la plus petite différence significative des marges des acteurs des deux départements

Catégorie1

Catégorie2

Différence de moyenne (1-2)

Erreur standard

Signification

Producteur

Collecteur

44.38412

13.65813

0.006***

Producteur

Courtiers

43.21927

8.990881

0.000***

Producteur

Grossiste

50.91429

14.44826

0.002***

Courtiers

Collecteur

1.16485

14.32477

1.000

Grossiste

Collecteur

-6.53018

18.25144

0.984

Grossiste

Courtiers

-7.69503

15.08001

0.957

*** =significatif à 1%

Source : Enquête, 2007

Il ressort de l'analyse de ce tableau que la différence entre les marges réalisées par les producteurs et celles réalisées par les autres acteurs de commercialisation des noix de cajou est statistiquement significative au seuil de 1% dans les deux départements. Cependant la différence entre les marges réalisées par les commerçants n'est pas significative au seuil de 1% ni au seuil de 5%.

Tableau 6.9. : Comparaison des marges commerciales entre les acteurs de Kouandé.

Source de variation

Somme des carrés

ddl

Moyenne des carrés

Valeur de F

Signification

Inter-groupes

38733.15

3

12911.05

3.029

0.035**

Intra-groupes

323981.7

76

4262.917

Total

362714.8

79

 

** = significatif à 5%

Source: Enquête, 2007

L'analyse de ce tableau montre qu'il y a une grande différence significative entre les diverses catégories d'acteurs du système de commercialisation en ce qui concerne la réalisation des marges commerciales à Kouandé. L'analyse de la plus petite différence significative est mentionnée dans le tableau 6.10.

Tableau 6.10. : Analyse de la plus petite différence significative des marges des acteurs de Kouandé.

Catégorie1

Catégorie2

Différence de moyenne (1-2)

Erreur standard

Signification

Producteur

Collecteur

41.0638

28.5842

0.481

Producteur

Courtiers

47.0562

16.2622

0.025**

Producteur

Grossiste

28.1855

26.75

0.718

Courtiers

Collecteur

-5.9924

29.4682

0.997

Grossiste

Collecteur

12.8783

36.3246

0.985

Grossiste

Courtiers

18.8707

27.6925

0.904

** =significatif à 5%

Source : Enquête, 2007

De l'analyse de ce tableau, il ressort que la différence entre les marges réalisées par les producteurs et celles réalisées par les courtiers est statistiquement significative au seuil de 5%. Le même tableau révèle que les marges réalisées par les grossistes et les autres acteurs de commercialisation des noix de cajou de la même commune ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%.

Tableau 6.11. : Comparaison de moyennes des marges entre les acteurs de Djougou

Source de variation

Somme des carrés

ddl

Moyenne des carrés

Valeur de F

Signification

Inter-groupes

29333.78

3

9777.926

9.669

0.000***

Intra-groupes

76860

76

1011.316

Total

106193.8

79

 

*** =significatif à 1%

Source: Enquête, 2007

Il ressort de l'analyse de ce tableau qu'il y a une différence hautement significative au seuil de 1% entre les marges réalisées par les différents acteurs de la commune de Djougou. L'analyse de la plus petite différence significative est mentionnée dans le tableau 6.12.

Tableau 6.12. : Analyse de la plus petite différence significative des marges des acteurs de Djougou.

Catégorie1

Catégorie2

Différence de moyenne (1-2)

Erreur standard

Signification

Producteur

Collecteur

41.1773

11.2434

0.003***

Producteur

Courtiers

39.2363

8.3218

0.000***

Producteur

Grossiste

27.9288

13.0291

0.149

Courtiers

Collecteur

1.9409

12.0458

0.999

Grossiste

Collecteur

13.2484

15.6718

0.833

Grossiste

Courtiers

11.3075

13.7275

0.843

*** =significatif à 1%

Source : Enquête, 2007

L'analyse de ce tableau revèle que la différence entre les marges réalisées par les producteurs et celles réalisées par les collecteurs et les courtiers de la commune de Djougou est statistiquement significative au seuil de 1%. Au même moment, les marges réalisées par les grossistes et les autres acteurs de commercialisation des noix de cajou de la même commune ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%.

Il ressort de l'analyse de tous ces résultats, que les marges réalisées par les différents acteurs de la commercialisation des noix dans les deux départements, varient d'une catégorie à l'autre. Ceci nous amène à rejeter l'hypothèse 3 selon laquelle « l'activité de commercialisation de noix rémunère les différents acteurs dans les mêmes proportions » au seuil de 5%.

En effet, la comparaison entre les moyennes des marges des différents acteurs des deux communes révèle que les producteurs et les grossistes de Kouandé ont des marges plus élevées que les producteurs et les grossistes de Djougou. Ceci est dû à l'expérience des producteurs de Kouandé dans le domaine, d'une part, et d'autre part, aux coûts de commercialisation plus élevés que supportent les grossistes de Djougou par rapport à ceux de Kouandé. Par ailleurs, au niveau départemental, les marges réalisées par les grossistes sont inférieures à celles réalisées par les autres catégories d'acteurs avec une moyenne de 21.48 F/kg par grossiste. Cette situation peut s'expliquer par la concurrence élevée au niveau de ces grossistes et les coûts élevés supportés par ces derniers.

Quant aux collecteurs et courtiers, des deux départements, ils obtiennent des bénéfices substentiellement supérieurs à ceux des grossistes. En effet, leur habileté leur permet de prendre plusieurs commandes à la fois. Cela leur permet de jouir des commissions au niveau de plusieurs grossistes.

L'autre constat est que la moyenne des marges réalisée par les producteurs avec 72.40 F/kg par producteur, est supérieure à celle réalisée par les collecteurs, courtiers et grossistes dans les deux départements. A première vue on dira que les producteurs sont avantagés par rapport aux autres acteurs. Mais, la répartition des bénéfices générés par le système entre producteurs et commerçants, montre qu'environ 52,08% des bénéfices générés reviennent aux commerçants contre 47,92% pour le producteur. Mieux, en prenant en compte d'autres facteurs comme la durée du travail, les producteurs sont défavorisés. Car les commerçants travaillent seulement pendant la campagne qui ne dure que quatre à cinq mois ; tandis que les producteurs travaillent pendant toute l'année.

6.1.3. Efficacité de la commercialisation par acteur 

On dira d'un marché qu'il est efficace si les marges brutes, c'est à dire les différences des prix de vente et des prix d'achat, sont statistiquement égales aux différentes charges supportées par les divers acteurs du système de commercialisation. Au cas contraire le système est inefficace (Sodjinou, 2000). Dans le cas de la présente étude les marges brutes sont comparées aux coûts supportés par les différents acteurs dans les deux départements. Pour étudier l'efficacité du système au niveau de chaque acteur, le test de comparaison du coût et de la marge brute a été fait. Les différents résultats se présentent dans le tableau suivant :

Tableau 6.13. : Comparaison des coûts et des marges brutes au niveau de tous les acteurs des deux départements.

Catégorie

Moyenne

Ecart-type

Intervalle de confiance 95% de la différence

Valeur de T

ddl

Signifi-cation

Inférieur

Supérieur

Producteurs

72.3978

69.5337

56.92389

87.87184

9.313

79

0.000***

Collecteurs

9.3196

3.4961

7.4566

11.1825

10.663

15

0.000***

Courtiers

3.3447

2.6387

2.5948

4.0946

8.963

49

0.000***

Grossistes

-0.424

31.8089

-18.79

17.9419

-0.05

13

0.961

***= significatif à 1%

Source : Enquête, 2007

Il se dégage de la lecture de ce tableau qu'il y a une différence significative au seuil de 1% entre les coûts et les marges brutes au niveau des producteurs, les collecteurs et les courtiers des deux départements. Le système de commercialisation n'est donc pas efficace au niveau de ces trois catégories d'acteurs, car ils réalisent des marges nettement supérieures aux coûts engagés. Ceci est dû au fait que ces acteurs supportent les coûts les plus bas dans le processus de vente/achat des noix de cajou.

L'analyse du même tableau montre qu'il n'y a pas de différence significative entre les coûts et les marges, seulement au niveau des grossistes des deux départements. La commercialisation est donc efficace au niveau de cette catégorie d'acteurs au seuil de 5%. Dans ces conditions, il n'existe pas de possibilité de réaliser de grands profits par les grossistes malgré leur faible nombre. Ceci est dû au fait que les grossistes investissent de fortes sommes dans le transport, les commissions des collecteurs, les charges diverses, etc.

Pour mieux apprécier la rentabilité de l'activité de commercialisation des noix dans les deux départements, le ratio marge commerciale / coût par acteur a été calculé. Les résultats statistiques sont présentés dans le tableau 6.14. et donnent une idée sur le bénéfice réalisé par unité de coût investi.

Tableau 6.14. : Comparaison ratio marge net / coût des acteurs des deux départements

Acteurs

N

Ratio moyen

Ecart type

Erreur standard

Producteurs

72

1.7978

1.7222

0.203

Collecteurs

16

1.9406

0.0266

0.00666

Courtiers

50

1.9488

0.0238

0.00337

Grossistes

14

1.7633

0.3201

0.0855

Source: Enquête, 2007

L'analyse du tableau montre que la moyenne des ratios est supérieure à l'unité (1) pour chaque catégorie d'acteurs dans les deux départements. Ce qui permet de dire que les activités de production et de commercialisation des noix de cajou sont toutes deux rentables. En effet, une dépense de 1 F consentie par un producteur lui procure une marge nette de 1.7978 alors que la même dépense faite par un collecteur ou un courtier lui procure une marge commerciale de 1.94 F dans les deux départements. Ainsi par unité d'investissement, le collecteur ou le courtier tire un profit substentiellement plus grand que le bénéfice obtenu par le producteur. Cette marge de bénéfice est de 15 F pour 100 F investi.

Les grossistes obtiennent une marge commerciale de 1.7633 pour une dépense de 1 F. Ils réalisent presque le même bénéfice que le producteur par unité d'investissement. On remarque que les collecteurs et les courtiers sont plus avantagés que les grossistes des deux départements.

Tout ceci confirme que la commercialisation des noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga est rentable avec cependant des taux de rentabilité un peu plus élevés au niveau des collecteurs et des courtiers.

Il ressort de cette étude que le marché des noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga est globalement inefficace. On pourrait alors s'attendre à une entrée de nouveaux acteurs dans le système, car les marges obtenues sont plus ou moins intéressantes.

6.2. Analyse des marges commerciales entre producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente individuelle

Pour remédier au problème de mise en marché de leurs produits, les producteurs d'anacarde des départements de l'Atacora et de la Donga se sont regroupés au sein de URPA pour faire la vente groupée. Cette expérience qui a pris corps depuis 2004, dans les deux départements, a permis de suppléer un tant soit peu à la faiblesse de négociation des producteurs pris individuellement. Par cette vente groupée, bon nombre d'intermédiaires sont supprimés et cela devrait normalement améliorer sensiblement les prix aux producteurs. Dans le but de voir si la vente groupée améliore le revenu des producteurs par rapport à l'ancien système de commercialisation, nous avons procédé à une comparaison de moyennes des marges entre producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente individuelle. Les résultats de cette analyse sont consignés dans le tableau 6.15. suivant :

Tableau 6.15. : Comparaison de moyennes des marges entre producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente individuelle

Marges nettes

Valeur de t

ddl

Sig

Différence de moyenne

Différence écart-type

Intervalle de confiance 95% de la différence

Inférieure

Supérieure

1.502

61.732

0.138

22.56391

15.01971

-7.46266

52.59048

Source : Enquête, 2007

Il ressort de de la lecture de ce tableau qu'il n y a pas de différence significative au seuil de 5% entre les marges réalisées par les producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente individuelle. Les moyennes de marges sont d'ailleurs de 68.85 F/kg et 71.42 F/kg respectivement par producteur faisant la vente groupée et celui qui fait la vente individuelle. On pourrait même dire que la marge commerciale issue de la vente individuelle est plus élevée que celle issue de la vente groupée. Cette situation s'explique par un certain nombre de difficultés rencontrées par l'expérience de vente groupée et dont les principales sont :

Ø Tentative de destabilisation de l'initiative par des acheteurs et des intermédiaires privés ;

Ø Non maîtrise des charges au cours des différentes opérations de vente et augmentation artificielle des frais de gestion de l'opération ;

Ø Non maîtrise du système de détermination du KOR ;

Ø Non respect des engagements par l'acheteur.

L'hypothése selon laquelle la vente groupée des noix de cajou améliore la marge bénéficiaire des producteurs se trouve ainsi rejetée et nous concluons que la vente groupée dans sa forme actuelle n'améliore pas la marge bénéficiaire des producteurs.

CHAPITRE 7 : CONTRAINTES LIEES A LA PRODUCTION ET A LA COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU

La commercialisation des noix de cajou est une activité déjà bien développée dans l'Atacora/Donga et qui présente une certaine effervescence provoquée par une augmentation régulière de demande de noix à l'exportation. Cette activité constitue une opportunité particulièrement interessante en matière de diversification des sources de revenu des producteurs dans la mesure où, pour répondre à des besoins pressants de santé, de scolarisation, d'alimentation, de cérémonies, etc. les paysans font recours aux revenus issus de la vente des noix de cajou.

Toutefois, il faut noter que l'activité souffre de plusieurs problèmes qui menacent l'avenir de la filière et qui touchent à l'augmentation, voire au maintien, du niveau de production et à sa rentabilité future. Ainsi, plusieurs contraintes ont été évoquées par les différents acteurs du système de commercialisation. Ces contraintes sont regroupées en deux grandes catégories à savoir les contraintes liées à la production et les contraintes relatives au stockage/conservation et à la commercialisation.

7.1. Contraintes à la production des noix de cajou

Au niveau de la production, les plants sont souvent attaqués par des fourmis et des coléoptères. Les dégâts engendrés par les coléoptères portent sur la perforation des tiges d'anacarde, ce qui conduit souvent à la chute de l'arbre. Les fourmis, quant à elles, construisent des nids sur l'arbre (par enroulement des feuilles) et s'attaquent aux fleurs et fruits de l'anacardier. Les insectes provoquent la chute des fruits et des fleurs. Tout ceci conduit à la perte des noix et par ricochet la baisse de rendement. Il existerait aussi des vers qui s'attaquent aux feuilles et aux tiges de l'anacardier.

On note aussi un manque d'intrants spécifiques. Les producteurs utilisent parfois des insecticides coton pour lutter contre les insectes. Ils souhaitent dans l'avenir, avoir des produits chimiques spécifiques afin de lutter efficacement contre ces insectes et obtenir des produits sains commercialement concurrentiels.

En outre, les producteurs ont évoqué la pénibilité de l'entretin des plantations, l'insufisance de moyens financiers, le manque d'appui technique, l'inorganisation des producteurs, les feux de brousse, le mauvais rendement, le vol des noix dans les plantations et les aléas climatiques (pluviométrie) comme contraintes liées à la production des noix de cajou.

7.2. Contraintes relatives au stockage/conservation et à la commercialisation

En ce qui concerne le stockage/conservation et la commercialisation, les contraintes sont fonction de type d'acteur.

Pour les producteurs, les principales contraintes de cet ordre sont : les Incendies, le manque de magasins de stockage, le faible prix de vente, le manque de marché d'écoulement intéressant, la forte fluctuation des prix, le manque d'entente entre producteurs vis-à-vis des acheteurs, le non respect du prix plancher et l'inorganisation de la commercialisation.

Pour les commerçants enquêtés, les facteurs menaçant la performance de la filière sont : le monopole des indo-pakistanais, la pénibilité du transport, la fluctuation des prix (conséquence d'une fluctuation des cours du dollar américain), le manque de confiance aux courtiers, le mode de fixation du prix, la diminution du poids des noix par dessication, la concurrence de prix d'achat entre commerçants, les tracasseries routières, le non-respect des engagements par les courtiers, les tracasseries liées aux négociations avec les exportateurs au port, le retard dans le ramassage des produits, l'insuffisance de débouché, les taxes communales et celles du conditionnement.

7.3. Hiérarchisation des contraintes

Une hiérarchisation des contraintes à la filière de l'anacarde a été effectuée, suite aux classements faits par les acteurs selon l'acuité ou la sévérité des contraintes. Les résultats obtenus pour l'ensemble des enquêtés sont présentés aux tableaux 7.1, 7.2 et 7.3. respectivement pour la production, le stockage/conservation et commercialisation selon les producteurs et le stockage/conservation et commercialisation selon les commerçants.

Tableau 7.1. Résultats de la hiérarchisation des contraintes à la production/entretien de l'anacarde

Contraintes

Rang moyen

Ordre

Test de concordance de Kendall

Insuffisance de moyens financiers

2,68

1

N

80

Pénibilité de l'entretien des plantations

2,94

2

W de Kendall

0,467

Vol des noix dans les plantations

3,14

3

Khi-deux

354,32

Feux de brousse

4,20

4

ddl

9

Dégâts des insectes (fourmis, coléoptères)

4,79

5

Probabilité

0,000

Manque d'appui technique

5,47

6

 
 

Cherté/rareté de la main-d'oeuvre

5,58

7

 
 

Manque d'intrant spécifique

6,36

8

 
 

inorganisation des producteurs

6,78

9

 
 

Aléas climatiques (pluviométrie)

6,99

10

 
 

Source: Enquête, 2007

Tableau 7.2. : Résultats de la hiérarchisation des contraintes au Stockage/conservation et Commercialisation selon les producteurs

Contraintes

Rang moyen

Ordre

Test de concordance de Kendall

Faible prix de vente

2,54

1

N

80

Forte fluctuation des prix

2,78

2

W de Kendall

0,485

Manque d'entente entre producteurs vis à vis des acheteurs

3,59

3

Khi-deux

421,47

Inorganisation de la commercialisation

4,74

4

ddl

10

Manque de marché d'écoulement intéressant

4,82

5

Probabilité

0,000

Manque de magasin de stockage

5,69

6

 
 

Pénibilité du transport

5,94

7

 
 

Non respect du prix plancher

6,05

8

 
 

Pourriture due à la pluie

6,07

9

 
 

Mauvais rendement

6,52

10

 
 

Incendie

6,80

11

 
 

Source : Enquête, 2007

Tableau 7.3. : Résultats de la hiérarchisation des contraintes au Stockage/conservation et Commercialisation selon les commerçants

Contraintes

Rang moyen

Ordre

Test de concordance de Kendall

Fluctuation des prix

3,56

1

N

80

Pénibilité du transport

4,39

2

W de Kendall

0,328

Diminution du poids des noix par dessiccation

4,92

3

Khi-deux

126,58

Concurrence de prix d'achat entre commerçants

5,84

4

ddl

15

Mauvaise foi des autres courtiers qui truandent

6,25

5

Probabilité

0,000

Vol

7,16

6

 
 

Mode de fixation du prix

7,51

7

 
 

Entretien et sécurité du produit au magasin

7,73

8

 
 

Tracasserie routière

8,48

9

 
 

Non-respect des engagements par les collecteurs

8,73

10

 
 

Les tracasseries liées aux négociations avec les exportateurs au port

8,92

11

 
 

Commission des courtiers et leur mauvaise foi

9,18

12

 
 

Retard dans le ramassage des produits

9,32

13

 
 

Insuffisance de débouché

9,36

14

 
 

Taxe de mairie

9,54

15

 
 

Taxe conditionnement

9,57

16

 
 

Source : Enquête, 2007

L'analyse des résultats de ces tableaux montre que les quatre premières contraintes à la production d'anacarde sont : l'insuffisance de moyens financiers, la pénibilité de l'entretien des plantations, le vol des noix dans les plantations et les feux de brousse.

En ce qui concerne le stockage/conservation et la commercialisation, les quatre premières contraintes selon les producteurs sont : le Faible prix de vente, la forte fluctuation des prix, le manque d'entente entre producteurs vis-à-vis des acheteurs et l'inorganisation de la commercialisation.

Pour les commerçants, les quatre premières contraintes au stockage/conservation et à la commercialisation des noix cajou sont : la fluctuation des prix (conséquence d'une fluctuation des cours du dollar américain), la pénibilité du transport, la diminution du poids des noix par dessiccation et la concurrence de prix d'achat entre commerçants.

7.4. Arbres à problèmes des principales contraintes

Les quatre premières contraintes de chaque catégorie ont été retenues pour l'élaboration d'arbres à problèmes. La représentation schématique de ces arbres est donnée par les figures 7.1 à 7.12. Rapellons que le tronc de l'arbre symbolise la contrainte, ces racines correspondent aux causes des contraintes et les branches représentent les effets. A titre d'exemple, la figure 7.1 montre que le faible prix de vente les charges familiales des producteurs, le manque de crédits et le bradage de la récolte sont les principales causes de l'insuffisance de moyens financiers. Les conséquences de cette contrainte sont la faible superficie emblavée, le mauvais entretien des parcelles, les prêts auprès des commerçants et par ricochet la baisse du rendement et la pauvreté des producteurs.

Figure 7.1. Arbre à problèmes relatif à l'insuffisance de moyens financiers

Remboursement avec les noix cajou

Baisse du rendement

Pauvreté

Bradage de la récolte

Prêts auprès des commerçants

Mauvais entretien des plantations

Faibles superficie emblavée

Insuffisance de moyens financiers

Faible prix de vente

Manque de crédits

Bradage de la récolte

Trop de Charges familiales (scolarisation, soin sanitaires...)

Source : Enquête, 2007

Figure 7.2. Arbre à problèmes relatif à la pénibilité de l'entretien

Découragement

Baisse de revenu

Faible rendement

Feu de brousse

Pénibilité de l'entretien des plantations

Méconnaissance de techniques d'entretien et de production

Manque de main-d'oeuvre

Nécessité de main-d'oeuvre

Coïncidence avec l'entretien des autres champs

Insuffisance de moyens financiers

Grandes emblavures

Faible prix de vente

Source : Enquête, 2007

Figure 7. 3. Arbre à problèmes relatif au Vol des noix dans les plantations

Baisse du rendement

Noix de mauvaise qualité

Avortement des fleurs prvoqué par les voleurs qui sécouent les branchages

Récolte de noix immatures

Gardiennage

Vol des noix dans les plantations

Manque d'emploi

Recherche de gain facile

Délinquence des jeunes

Paresse des jeunes

Source : Enquête, 2003

Figure 7.4. Arbre à problèmes relatif aux Feux de brousse

Baisse de production

Destruction des plantations

Feux de brousse

Manque d'entretien

Feux incontrôlés

Pare-feux mal confectionné

Jalousie

Action des braconniers

Source : Enquête, 2007

Figure 7.5. Arbre à problèmes relatif au faible prix de vente

Découragement

Baisse de revenu

Faible prix de vente

Nombre élevé d'intermédiaire

Fixation du prix par l'acheteur

Fluctuation du dollar ($US)

Inorganisation des producteurs

Manque d'entente

Source : Enquête, 2007

Figure 7. 6. Arbre à problèmes relatif à la forte fluctuation des prix

Perte de poids

Stockage des noix pendant de longue durée

Baisse de revenu

Endettement

Forte fluctuation des prix

Mise en marché simultanée des noix

Fuite de responsabilité de l'Etat

Chute des cours du dollar

Inexistence d'autres marchés

Nombre élevé d'intermédiaires

Concentration de la récolte sur une courte période

Source : Enquête, 2007

Figure 7.7. Arbre à problèmes relatif au Manque d'entente entre producteurs

Baisse de revenu

Baisse de revenu

Simulations des commerçants

Faible prix de vente

Bradage des noix

Manque d'entente entre producteurs

Insuffisance des structures d'appui technique

Non intervention de l'Etat

OPs installées non fonctionnelles

Innorganisation des producteurs

Source : Enquête, 2007

Figure 7.8. Arbre à problèmes relatif à l'innorganisation de la commercialisation

Concurrence déloyale

Non respect du prix plancher

Fluctuation des prix

Faible prix de vente

Innorganisation de la commercialisation

Absence de règles d'accès au marché

Innorganisation des producteurs

Nombre élevé d'intermédiaires

Innorganisation de la filière

Non intervention de l'Etat

Source : Enquête, 2007

Figure 7. 9. Arbre à problèmes relatif à la forte fluctuation des prix

Endettement

Baisse de revenu

Vente en dessous du prix d'achat

Bradage

Baisse de revenu

Fluctuation des prix (commerçants)

Manque d'entente entre commerçants

Nombre élevé d'intermédiaires

Concurrence déloyale entre commerçants

Fluctuation du dollar

Fixation du prix par l'acheteur

Non intervention de l'Etat

Multiplicité de commerçants de noix

Innorganisation du marché

Source : Enquête, 2007

Figure 7. 10. Arbre à problèmes relatif à la pénibilité du transport

Baisse de profit

Découragement

Endettement

Pénibilité du transport

Tracasséries routières

Manque de moyens de transport

Voies d'accès impraticables

Coûts de transport élevés

Villages enclavés

Insuffisance du capital

Source : Enquête, 2007

Figure 7. 11. Arbre à problèmes relatif à la diminution du poids des noix par dessiccation

Vente en dessous du prix d'achat

Baisse de bénéfice

Dimunition du poids des noix

Nombre élevé d'intermédiaires

Taux d'humidité élevé dans les noix achetées

Stockage des noix pendant de longue durée

Noix pas bien mures à la récolte

Vol de noix dans les plantations

Villages enclavés

Source: Enquête, 2007

Figure 7. 12. Arbre à problèmes relatif à la concurrence de prix d'achat entre commerçants

Baisse de profit

Découragement

Endettement

Concurrence de prix d'achat entre commerçants

Rivalités entre commerçants

Recherche de quantités importantes de noix

Non respect du prix plancher

Rareté des noix

Mauvaise foi de certains commerçants

Insuffisance de la production locale

Source : Enquête, 2007

Indépendemment de ces différentes contraintes énumérées, la vente groupée qui fut introduite dans les deux départements en 2004, comporte aussi des insuffisances qui démotivent les producteurs à participer massivement à cette expérience bien qu'elle soit initiée dans le but d'améliorer leurs marges bénéficiaires. Ces insuffisances ont pour noms :

- Achat tardif et à compte goutte des noix ;

- Retard dans la fourniture des sacs vides aux Unions de producteurs d'où l'achat par ces derniers des sacs et les opérations fastidieuses de transvasement des noix qui s'en suivent ;

- Retard dans l'enlèvement des noix pesées et stockées par les unions de producteurs d'où une perte de poids et donc de valeur lorsque l'acheteur vient peser et ramasser ;

- Non payement des producteurs à bonne date ;

- Tentatives de payement des producteurs au prix des noix au moment du règlement plutôt qu'au moment de l'achat ;

- Attente vaine de certains producteurs pour participer à la vente groupée en raison des ressources financières limitées mobilisées par l'acheteur ;

- Non maîtrise des charges et frais de gestion des différentes opérations par les producteurs ;

- Participation des femmes collectrices de noix à la vente groupée ce qui limite la participation des producteurs à l'opération ;

- Tentative de destabilisation de l'initiative par les acheteurs privés ;

- La situation de pauvreté des producteurs.

Il serait donc interessant de trouver de nouvelles pistes d'actions dans le sens de l'amélioration de cette commercialisation collective car tous les producteurs reconnaissent le bien-fondé et les avantages de l'expérience.

CHAPITRE 8 : CONCLUSION ET SUGGESTIONS

8.1. Conclusion 

La présente étude dont l'objectif global est d'analyser le système de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga nous a permis

Ø d'identifier et de décrire les différents acteurs de commercialisation et l'ensemble des caractéristiques organisationnelles qui influent sur la concurrence et le processus de formation du prix. 

Ø de connaître les stratégies d'achat et de vente, de même que le comportement des acteurs face aux fonctions de commercialisation ;

Ø d'apprécier la performance économique du système de à travers une analyse de la répartition des coûts et bénéfices par acteur, le niveau d'efficacité et le niveau de rentabilité de l'activité de chaque acteur ;

Ø d'identifier les différentes contraintes à chaque maillon de la chaîne de commercialisation.

le système de commercialisation des noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga est animé par plusieurs types d'acteurs à savoir : les producteurs, les collecteurs, les courtiers, les grossistes, les exportateurs et les transformateurs dont l'activité est très peu dévéloppée.

Les résultats du test de ÷2 montrent que le type d'acteur varie selon l'âge, le sexe, le niveau d'insrtuction et l'origine des acteurs. Toutefois, la nationalité n'est pas un facteur discriminant des différents types d'acteurs rencontrés. On note une prédominance de jeunes au niveau des collecteurs et des courtiers alors que les activités de collecte et de la transformation constituent les maillons qui concentrent beaucoup plus les femmes. L'analphabétisme caractérise les producteurs qui sont pour la plupart de personnes âgées et la majorité des acteurs rencontrés sur le terrain sont tous du milieu sauf que les grossistes ne résident pas dans les zones de production. Tout ceci montre que toute action envisagée dans le système doit tenir compte de ces caractéristiques socio démographiques des acteurs.

Par ailleurs, la commercialisation des noix de cajou suit des circuits généralement non officiels et les fonctions de commercialisation sont exécutées dans des conditions précaires.

L'analyse des coûts et marges de commercialisation a revélé que ces coûts et marges varient entre les différentes catégories d'acteurs tant au niveau communal que départemental. Dans les deux départements, les grossistes supportent les coûts les plus élevés avec une moyenne de 48.7F/kg par grossiste. Une comparaison des moyennes entre les acteurs des deux communes révèle que les producteurs de Djougou supportent des coûts plus bas avec une moyenne de 33.15 F/kg par producteur alors que les collecteurs, courtiers et grossistes de cette commune supportent les coûts les plus élevés que ceux de la commune de Kouandé. En outre, les producteurs et les grossistes de Kouandé ont des marges plus élevées que les producteurs et les grossistes de Djougou. 52,08% des bénéfices générés par le système reviennent aux commerçants contre 47,92% pour le producteur.

L'étude de l'efficacité du système au niveau de chaque acteur montre que le commerce des noix de cajou est rentable pour tous les acteurs mais son efficacité varie selon les acteurs. Globalement on peut conclure que le système de commercialisation est inefficace.

Au niveau des contraintes, le manque de moyens financiers, la difficulté de l'entretien, le phénomène de vol des noix et la fluctuation des prix constituent des menaces au développement et à l'organisation de la filière.

8.2. Suggestions

Au terme de cette étude, il importe que quelques suggestions soient formulées pour l'amélioration du système de commercialisation des noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga en particulier et au Bénin en général. Ainsi, en se basant sur les contraintes précédemment  présentées, les suggestions et les actions suivantes sont formulées à l'endroit du ProCGRN et des décideurs politiques :

Suggestions

Actions à mener

Améliorer les opérations de pré-collecte des noix de cajou

Construire des magasins communautaires de stockage.

Appuyer les CVPA dans la lutte contre le vol des noix dans les plantations.

Désenclaver les villages de production par l'ouverture de piste de desserte rurale.

Promouvoir et soutenir la mise en place de micro-crédits pour les producteurs des noix de cajou

Réaliser une étude des besoins en financement des producteurs pour la mise en place et l'entretien des plantations.

Faire de l'intermédiation entre les structures financières et les producteurs organisés.

Démontrer aux structures financières la rentabilité de la production et de la commercialisation des noix de cajou.

Contribuer avec les structures intervenant dans le domaine à l'assainissement du système de commercialisation

Mettre en place un cadre de concertation et d'analyse entre les différents acteurs (Etat, producteurs, commerçants, exportateurs, transformateurs).

Faire au sein du cadre de concertation, l'état des lieux et arrêter les mesures requises pour le bon déroulement de la campagne de commercialisation.

Introduire de règles d'accès au marché pour mettre fin à l'intervention illégale et très peu organisée des inermédiaires non professionnels.

Renforcer les capacités organisationnelles des producteurs pour améliorer leur pouvoir de décision dans les divers processus de commercialisation

Redynamiser les organisations paysannes existentes et les rendre plus fonctionnelles.

Promouvoir des organisations de producteurs dans les villages où elles n'existent pas encore.

Mettre à la disposition des producteurs des structures d'appui techniques et de suivi des plantations d'anacarde.

Accompagner les producteurs à la maîtrise des techniques de production et à la mise en marché des produits de récolte.

Former les producteurs sur les techniques de marketing et commercialisation des produits agricoles.

Améliorer le niveau d'information des producteurs sur les prix et les exigences du marché des noix de cajou

Recruter un agent de renseignement chargé de collecter les informations sur la filière.

Organiser des séances d'infomation avant l'ouverture de la campagne de commercialisation

Faire diffuser des informations relatives aux niveaux des prix et les exigences du marché des noix de cajou sur les radios locales ou de proximité.

Contribuer à la traçabilité de la noix de cajou made in Atacora/Donga pour conserver le label des noix du Bénin

Former les producteurs à la gestion de la qualité des noix et poursuivre les actions relatives à la production du matériel végétal de qualité.

Désigner et Former des contrôleurs qualité dans les CVPA.

Mettre en place un système de suivi des conditions de récolte et stockage.

Introduire et promouvoir des techniques de Test de qualité des noix avant commercialisation.

Sensibiliser les acheteurs quant à la nécéssité d'assurer la traçabilité des noix de cajou exportée.

Promouvoir la transformation et la consommation sur place des noix de cajou

Recenser les expériences de transformation artisanale et semi-industrielle.

Réaliser des études de faisabilité technique et financière d'implatation des unités de transformation artisanale et semi-industrielle

Expérimenter des unités de transformation artisanale au niveau des groupements de producteurs d'anacarde.

Appuyer la commercialisation et le marketing des amandes produites.

Réaliser une étude de recherche de débouché Sud-Sud (dans l'espace UEMOA) pour exporter les amandes.

Réaliser une étude d'exportation directe des produits transformés vers l'Europe.

Améliorer le schéma actuel de la vente groupée

Mettre à disposition des CVPA des agents commerciaux

Sélectionner plusieurs acheteurs et négocier des contrats de commerce extérieur

Eviter de stocker longtemps

Encourager le respect des prix contractuels et le paiement au comptant

Réaliser des formations sur la qualité

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* 1 Les marchés formels sont des marchés soumis à un certain contrôle officiel et qui ont une date précise d'animation.

* 2 Les autres calibers de noix qu'on peut rencontrer sont : W 210 ; W 240 ; W280 ; W 400 ; W 450 et W 500.






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams