CERTIFICATION
Je certifie que ce travail a été
entièrement conduit et réalisé par
SALIFOU ISSAKA Mohamed, étudiant
à la Faculté d'Agronomie de
l'Université de Parakou, au Département
d'Economie et de Sociologie
Rurales, sous ma supervision.
Le superviseur
Dr. Ir. Pamphile
DEGLA
Professeur-Assistant, Enseignant
à la Faculté d'Agronomie de
l'Université de Parakou,
Département d'Economie
et Sociologie Rurales.
DEDICACE
Je te rends grâce ALLAH pour tes multiples bienfaits dans
ma vie. Ce modeste travail, a été accompli par ton assistance
perpétuelle. Que ta volonté soit toujours mienne.
Je dédie ce travail :
A mon père, SALIFOU Issaka, pour tous les efforts que
vous n'avez cessé de déployer pour nous rendre heureux et faire
de nous des individus sociables. Vous avez très tôt su que
l'instruction et le travail bien fait sont la clé du succès dans
la vie. Recevez ici la satisfaction d'une mission bien accomplie.
A ma mère, YAYA Mouhibath, pour vos sacrifices, votre
endurance et votre bravoure.
Que vos efforts ne se révèlent vains et puisse
Dieu, le très et le tout Miséricordieux vous garder longtemps
pour que vous puissiez bénéficier de ses fruits.
A ma marâtre, ALASSANE Adjaratou, pour votre amour et le
rôle de mère que vous ne cessez de jouer à mon
égard. Puisse ALLAH vous garder.
Enfin à tous mes frères et soeurs pour les
soutiens que vous m'accordez, la convivialité et l'entente qui a
toujours règné entre nous.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail a été
possible grâce à la contribution et aux efforts de plusieurs
personnes et institutions. C'est ici l'occasion pour nous de leur
témoigner notre profonde gratitude.
Nos remerciements s'adressent de façon
particulière,
A notre superviseur le Dr. Ir. Pamphile
DEGLA, qui a su guider nos premiers pas dans la recherche. Durant tout le temps
passé ensemble, vous étiez toujours disponible à
travailler avec nous malgré vos multiples occupations. Vous nous avez
montré une rigueur scientifique et une clairvoyance dans vos
idées, suggestions et conseils. Vous avez instauré entre vous et
nous un excellent climat de travail.
Pour tous ces efforts et toute cette attention à notre
égard, recevez ici le témoignage d'un étudiant à
qui vous avez donné une vision claire du travail bien fait.
Au Programme de Conservation et de Gestion des Ressources
Naturelles (ProCGRN) qui a bien voulu financer cette recherche. Que ce travail
réponde à l'attente de ses responsables.
A tous les enseignants de la Faculté d'Agronomie de
l'Université de Parakou, qui ont fait de nous ce que nous sommes
aujourd'hui ; en particulier Dr. Ir. Jacob A. YABI, pour ses conseils lors
de la conception de ce travail et le fait de nous avoir mis en contact avec
notre superviseur. Que ce travail soit pour nous, l'élément qui
nous permette de suivre vos traces.
Aux autorités de la Faculté d'Agronomie qui
n'ont ménagé aucun effort pour nous donner une formation de
qualité. Que ce travail puisse vous permettre de dire : " Les efforts
consentis en valaient bien la peine".
Aux cadres et responsables de la Recherche-Développement
Atacora/Donga, du ProCGRN, des services agricoles (CeRPA), du PAMRAD, et de
l'URPA, pour s'être entièrement mis à notre disposition en
nous fournissant de précieuses informations et des conseils techniques
pour la réussite du présent travail.
A tous mes amis et camarades de promotion pour leur sympathie et
leur soutien.
Nos remerciements vont également à l'endroit des
producteurs et des commerçants des noix de cajou, pour la
disponibilité et la patience dont ils ont fait preuve lors de la
collecte des données. Aussi, nous n'oublions pas ceux qui nous ont servi
de guide en particulier Bana et Abramane.
Enfin, nous avons une pensée spéciale à tous
ceux qui ont contribué de diverses manières à
l'aboutissement de ce travail, qu'ils en soient remerciés.
RESUME
L'anacarde (Anacardium occidentale) représente
la deuxième culture d'exportation du Bénin après le coton.
Le pays occupe la 6ème place au plan mondial en terme de
volume de noix exportée et le 2ème rang des pays ouest
africains (après la Guinée Bissau) en terme de qualité de
la production. La demande des produits d'anacarde et plus
particulièrement des noix de cajou est en forte progression sur le
marché international. C'est donc une culture stratégique dont les
perspectives sont prometteuses pour le Bénin.
Dans l'optique de contribuer à l'amélioration de
l'écoulement des noix de cajou au Bénin, cette étude a
analysé le système de commercialisation des noix de cajou
produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga.
Un total de 160 producteurs et commerçants de noix de
cajou ont été interviewés dans les communes de
Kouandé et Djougou. Dans chaque commune, 40 producteurs et 40
commerçants, sélectionnés de manière
aléatoire, ont été enquêtés. L'analyse a
été basée sur le paradigme Structure-Conduite-Performance.
Le test de ÷2, le test de student,
ANOVA à un facteur et le test de Kendall ont été
utilisés pour tester les hypothèses de l'étude.
Des résultats obtenus, il se dégage que le
système de commercialisation des noix de cajou dans la zone
d'étude implique plusieurs types d'acteurs à savoir : les
producteurs, les collecteurs, les courtiers, les grossistes, les exportateurs
et les transformateurs (dont l'activité est très peu
développée).
Les résultats du test de
÷2 montrent que le type d'acteurs varie selon
l'âge (÷2 = 88,7747 ; p =
0,000), le sexe (÷2 = 46,948 ; p
= 0,000), le niveau d'instruction (÷2
= 55,197 ; p = 0,000) et l'origine des acteurs
(÷2 = 11,107 ; p = 0,011).
Toutefois, la nationalité n'est pas un facteur discriminant des
différents types d'acteurs rencontrés. La plupart des collecteurs
et courtiers dans le système sont de jeunes alors que les femmes sont
impliquées surtout dans la collecte et la transformation des noix.
L'analphabétisme caractérise les producteurs qui sont pour la
plupart des personnes âgées et la majorité des acteurs
rencontrés sur le terrain sont tous du milieu sauf que les grossistes ne
résident pas dans les zones de production.
Par ailleurs, cette étude retrace que la
commercialisation des noix de cajou suit des circuits
généralement non officiels et les fonctions de commercialisation
sont exécutées dans des conditions précaires.
L'analyse des coûts et marges de commercialisation a
révélé que ces coûts et marges varient entre les
différentes catégories d'acteurs tant au niveau communal que
départemental. Dans les deux départements, les grossistes
supportent les coûts les plus élevés avec une moyenne de
48.7F/kg par grossiste. Une comparaison des moyennes des coûts entre
les acteurs des deux communes révèle que les producteurs de
Djougou supportent des coûts plus bas avec une moyenne de 33.15 F/kg par
producteur alors que les collecteurs, courtiers et grossistes de cette commune
supportent des coûts plus élevés que ceux de la commune de
Kouandé. En outre, les producteurs et les grossistes de Kouandé
ont des marges plus élevées que les producteurs et les grossistes
de Djougou. 52,08% des bénéfices générés par
le système reviennent aux commerçants contre 47,92% pour les
producteurs.
L'analyse de l'efficacité du système au niveau
de chaque acteur montre que le commerce des noix de cajou est rentable pour
tous les acteurs mais son efficacité varie selon les acteurs. La
commercialisation est efficace au niveau des grossistes et ne l'est pas au
niveau des producteurs, des collecteurs et des courtiers.
Enfin, il ressort de cette étude que le manque de
moyens financiers, la difficulté de l'entretien, le
phénomène de vol des noix, le prix relativement bas payé
aux producteurs, l'existence d'un nombre élevé
d'intermédiaires et la fluctuation des prix constituent des menaces au
développement et à l'organisation de la filière.
Au vu de ces résultats, quelques suggestions ont
été formulées pour l'amélioration du système
de commercialisation des noix de cajou dans les départements de
l'Atacora et de la Donga en particulier, et au Bénin en
général.
ABSTRACT
Cashew nuts(Anacardium occidentale) represent the
second largest agricultural export in Benin (second only to cotton). The
country is the 6th world best cashew nuts producer and the 2nd best of West
Africa. There is recent and strong increase in the international demand of
cashew products. Therefore cashew crops appear to be a strategic product which
Benin is looking forward developing.
This study was carried out to provide baseline information to
improve the commercialization of cashew nut in the Atacora and Donga provinces.
We surveyed a total of 160 cashew nut producers and traders in
Kouandé and Djougou districts. In each town 40 producers and 40 traders,
were randomly selected. We used Structure-Conduite-Proformance approach to
analyse our data with support from ÷2
test, Kendall test, Student t test and one-way ANOVA.
The actors of cashew nut marketing system in the study region
were: producers, collectors, middlemen, wholesalers, exporters and processors
whose activity is still underdevelopped.
The ÷2 test
indicated that the type of actor is depended of age, sex, level of education
and ethnicity. However, the majority of actors are locals while the wholesalers
are foreigners. Most of the collectors and middlemen are youngsters while women
were specifically involved in the collection and processing of cashew nuts.
The trading system network of cashew nuts is still unofficial
and commercialization is carried out in precarious conditions.
The costs and margins of cashew nuts trading vary a lot
between actors both at town and province levels. In the two provinces,
wholesalers support most of the higher costs with an average of 48.7F/kg per
wholesaler. A comparison of averages between actors of two towns revealed that
producers of Djougou support lower costs with an average of 33.15 F/kgs per
producer whereas collectors, middlemen and wholesalers of this town supported
the most elevated costs than those of Kouandé. Producers and wholesalers
of Kouandé had higher margins than their counterparts of Djougou. 52,08%
of the profits generated by the system come back to tradesmen against 47,92%
for the producers.
The trading system of cashew nuts is profitable for all of the
actors but the efficiency of the trade varied from one actor to another.
Wholesalers, unlike the oher actors, had an efficient commercialization.
Overall, some factors negatively affects the developpement of
the cashew nut trading system in the study areas, namely the weak finacing of
the system, difficulty to maintain plantations, low and unstable price to
producers, the high number of middlemen and fraud. This study suggested
strategies to address these issues in the Atacora and Donga province and Benin.
TABLE DES MATIERES
CERTIFICATION
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
RESUME
iv
ABSTRACT
vi
TABLE DES MATIERES
viii
LISTE DES TABLEAUX
x
LISTE DES CARTES ET FIGURES
xii
LISTE DES ABREVIATIONS
xiii
1. INTRODUCTION
GENERALE
1
1.1. Introduction
2
1.2. Articulation du document
3
1.3. Problématique et justification
5
1.4. Objectifs et hypothèses
7
1.4.1. Objectifs de recherche
7
1.4.2. Hypothèses de recherche
8
1.4.3. Résultats attendus
8
2. REVUE DE
LITTERATURE
9
2.1. Cadre conceptuel de la recherche
10
2.1.1. La commercialisation et ses fonctions
10
2.1.2. Réseau commercial
11
2.1.3. Acteurs de commercialisation.
12
2.1.4. Analyse des marges commerciales
13
2.1.5. Importance de la commercialisation des
produits agricoles
14
2.1.6. Les problèmes liés à
la commercialisation
15
2.2. Les approches d'analyses en
commercialisation
16
2.2.1. Approche filière
17
2.2.2. Approche circuit
17
2.2.3. Approche sous secteur
18
2.2.4. Le paradigme Structure - Conduite -
Performance (S.C.P.)
18
2.3. Bilan des études sur les noix de cajou
au Bénin
21
2.4. Présentation de l'anacardier
23
2.4.1. Systématique et caractères
botaniques
23
2.4.2. Origine et distribution
23
2.4.3. Ennemis de culture
24
2.4.4. Description des noix de cajou
25
2.4.5. Importance et utilité de
l'anacardier
26
3. METHODOLOGIE
28
3.1. Présentation de la zone
d'étude
29
3.1.1. Localisation et richesses
29
3.1.2. Climat et sols
29
3.1.3. Végétation
30
3.1.4. Economie
30
3.2. Les phases de la recherche
32
3.2.1. Etude documentaire
32
3.2.2. Etude Exploratoire
32
3.2.3. Etude approfondie
32
3.2.4. Echantillonnage
33
3.2.5. Données collectées et
Méthode de collecte
34
3.2.6. Outils et méthodes d'analyse
35
3.2.7. Limites des données
collectées
38
4. STRUCTURE
DES MARCHES DE NOIX DE CAJOU
39
4.1. Typologie des marchés
40
4.2. Acteurs de commercialisation
41
4.2.1. Les acteurs commerciaux principaux
41
4.2.2. Les acteurs secondaires
44
4.2.3. Les partenaires des acteurs principaux
44
4.3. Circuits de commercialisation des noix de
cajou
46
4.4. Equipements et instruments de mesure
48
4.5. Normes de qualité
49
4.6. Dynamique d'Organisation des acteurs
50
5. CONDUITE DES
ACTEURS DU MARCHE DES NOIX DE CAJOU
53
5.1. Caractéristiques
générales des acteurs
54
5.1.1. Sexe des acteurs
54
5.1.2. Age des acteurs
55
5.1.3. Le niveau d'instruction
56
5.1.5. Nationalité des acteurs
58
5.2. Les stratégies d'achat et de vente
59
5.3. La formation des prix
61
5.4. Les facteurs de variation du prix
63
5.5. L'intervention de l'Etat et des ONG
64
5.6. Comportement des acteurs face aux fonctions de
commercialisation
65
5.6.1. La Conservation et le stockage
65
5.6.2. Le transport
66
5.6.3. Le Financement
67
5.6.4. L'information
68
6. PERFORMANCE DES
MARCHES DE NOIX DE CAJOU
69
6.1. Evaluation de l'efficacité du
système de commercialisation des noix de cajou
70
6.1.1. Analyse des coûts de
commercialisation
70
6.1.2. Analyse des marges commerciales
74
6.1.3. Efficacité de la commercialisation
par acteur
78
6.2. Analyse des marges commerciales entre
producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente
individuelle
80
7. CONTRAINTES
LIEES A LA COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU
82
7.1. Contraintes à la production des noix
cajou
83
7.2. Contraintes relatives au stockage/conservation
et à la commercialisation
83
7.3. Hiérarchisation des contraintes
84
7.4. Arbres à problèmes des
principales contraintes
86
8. CONCLUSION ET
SUGGESTIONS
94
8.1. Conclusion
95
8.2. Suggestions
96
Références bibliographiques
99
Annexes.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1. : Principaux éléments de la
structure, conduite, performance
Tableau 2.2. : Composition des noix de cajou
Tableau 2.3. : Composition moyenne pour 100 grammes de
pomme de cajou fraîche.
Tableau 3.1. : Effectif de l'échantillon par
village et par catégorie d'acteurs.
Tableau 3.2. : Tableau de contingence entre
différents types d'acteurs (A) et caractéristiques socio-
démographiques (C)
Tableau 4.1. : Types d'acheteurs privés des noix de cajou
enquêtés (en %)
Tableau 4.2. : Unités de mesures locales,
équivalence en kg et prix moyen au producteur
Tableau 4.3.: Répartition des acteurs (en %) par
appartenance d'association
Tableau 5.1. : Répartition des acteurs par sexe (en %)
Tableau 5.2. : Répartition des acteurs par âge (en
années)
Tableau 5.3. : Répartition des acteurs (en %) par niveau
d'instruction
Tableau 5.4. : Répartition des acteurs selon leur origine
(en %)
Tableau 5.5. : Synthèse des résultats des tests de
÷2
Tableau 5.6. : Répartition des acteurs (en %) selon
les lieux de stockage
Tableau 5.7. : Répartition des acteurs par mode de
Transport (%)
Tableau 5.8. : Répartition des acteurs par source de
financement (en %)
Tableau 6.1. : Comparaison de moyennes des coûts entre
acteurs des deux départements
Tableau 6.2. : Analyse de la plus petite
différence significative des coûts de commercialisation entre
acteurs des deux départements
Tableau 6.3. : Comparaison des coûts de
commercialisation des acteurs de Kouandé.
Tableau 6.4. : Analyse de la plus petite
différence significative des coûts de commercialisation des
acteurs de Kouandé.
Tableau 6.5. : Comparaison des coûts de
commercialisation des acteurs de Djougou
Tableau 6.6. : Analyse de la plus petite différence
significative des coûts de commercialisation des acteurs de Djougou
Tableau 6.7. : Comparaison de moyennes des marges entre
acteurs des deux départements.
Tableau 6.8. : Analyse de la plus petite
différence significative des marges des acteurs des deux
départements
Tableau 6.9. : Comparaison des marges commerciales entre
les acteurs de Kouandé.
Tableau 6.10. : Analyse de la plus petite
différence significative des marges des acteurs de Kouandé.
Tableau 6.11. : Comparaison de moyennes des marges
entre les acteurs de Djougou
Tableau 6.12. : Analyse de la plus petite
différence significative des marges des acteurs de Djougou.
Tableau 6.13. : Comparaison des coûts et des marges
brutes au niveau de tous les acteurs des deux départements.
Tableau 6.14. : Comparaison ratio marge net / coût
des acteurs des deux départements
Tableau 6.15. : Comparaison de moyennes des marges
entre producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente
individuelle
Tableau 7.1. Résultats de la hiérarchisation des
contraintes à la production/entretien de l'anacarde
Tableau 7.2. : Résultats de la
hiérarchisation des contraintes au Stockage/conservation et
Commercialisation selon les producteurs
Tableau 7.3. : Résultats de la
hiérarchisation des contraintes au Stockage/conservation et
Commercialisation selon les commerçants
LISTE DES CARTES ET FIGURES
Carte 1 : Carte de l'aire de production de l'anacardier
avec les limites des zones les plus favorables.
Carte 3.1. : Carte des zones Agro-Ecologique du
Bénin montrant les communes d'étude.
Figure 1.1: Articulation du document
Figure 2.1. : Relation entre production, transformation
et commercialisation.
Figure 2.2. : Paradigme SCP sous un angle
déterministe.
Figure 2.3. : Paradigme SCP envisagé sous un angle
dynamique.
Figure 4.1. : Circuit de commercialisation des noix cajou
dans les départements de l'Atacora et de la Donga
Figure 5.1. : Courbe de variation des prix des noix de cajou
sur le marché international (en dollars)
Figure 5.2. : Courbes de variation des prix sur le
marché local
Figure 7.1. Arbre à problèmes relatif à
l'insuffisance de moyens financiers
Figure 7.2. Arbre à problèmes relatif à
la pénibilité de l'entretien
Figure 7.3. Arbre à problèmes relatif au Vol
des noix dans les plantations
Figure 7.4. Arbre à problèmes relatif aux Feux
de brousse
Figure 7.5. Arbre à problèmes relatif au faible
prix de vente
Figure 7.6. Arbre à problèmes relatif à
la forte fluctuation des prix
Figure 7.7. Arbre à problèmes relatif au Manque
d'entente entre producteurs
Figure 7.8. Arbre à problèmes relatif à
l'innorganisation de la commercialisation
Figure 7.9. Arbre à problèmes relatif à
la forte fluctuation des prix
Figure 7.10. Arbre à problèmes relatif à
la pénibilité du transport
Figure 7.11. Arbre à problèmes relatif à
la diminution du poids des noix par dessiccation
Figure 7.12. Arbre à problèmes relatif à
la concurrence de prix d'achat entre commerçants
LISTE DES ABREVIATIONS
A /D : Atacora/Donga
BIDOC : Bibliothèque Centre de Documentation
CARDER : Centre d'Action Régionale pour le
Développement Rural
CCI : Centre du Commerce International
CeCPA : Centre communal pour la Promotion Agricole
CeRPA : Centre Régional pour la Promotion
Agricole
CLCAM : Caisse Locale du Crédit Agricole Mutuel
CNSL : Cashew Nut Shell Liquid
CVPA: Comité Villageois des Producteurs
d'Anacarde FA : Faculté d'Agronomie
FAO: Food and Agriculture Organisation
FOB : Free On Board
FSA : Faculté des Sciences Agronomiques GTZ :
Coopération Technique Allemande
INRAB: Institut National des Recherches Agricoles du
Bénin
INSAE : Institut National de la Statistique et d'Analyse
Economique
KOR : Kannel Outturn Result LARES : Laboratoire
d'Analyse Régionale et d'Expertise Sociale
MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et
de la Pêche
MDR : Ministère du Développement Rural
PAMRAD : Programme d'Appui au Monde Rural dans les
Départements de l'Atacora et de la Donga
PAPA : Programme d'Analyse de la Politique Agricole
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unis pour le
Développement
PPAB : Projet de Professionnalisation de l'Agrculture au
Bénin
ProCGRN : Programme de Conservation et de Gestion des
Ressources Naturelles
SCP : Structure-Conduite-Performance
UAC : Université d'Abomey-Calavi UDP : Union
Départementale des Producteurs
UCPA : Union Communale des Producteurs
d'Anacarde UP : Université de Parakou URF : Unité
de Recherche Forestière
URPA : Union Régionale des Producteurs
d'Anacarde
CHAPITRE 1 :
INTRODUCTION GENERALE
1.1. Introduction
Le secteur agricole béninois à l'instar de ceux
de nombreux pays sous-développés occupe une place importante dans
l'économie nationale aussi bien du point de vue de la population qui y
est impliquée que par sa contribution au Produit Intérieur Brut
(PIB). En 2002, la contribution de ce secteur au PIB a été de 36%
(INSAE, 2003). Mais ce secteur agricole reste confronté à de
nombreux problèmes tels que le développement des systèmes
de cultures extensifs à caractère dégradant de
l'environnement, la faible productivité des facteurs de production et le
faible niveau de revenu des producteurs. Aussi, repose-t-il sur le coton qui
constitue la seule véritable culture d'exportation (Yabi, 1998) rendant
du coup l'économie béninoise unijambiste et vulnérable.
De plus, la dernière crise de la filière coton
nettement perceptible au Bénin depuis la campagne 1999-2000 a de nouveau
mis à nu la fragilité d'une économie fondée sur un
seul produit d'exportation (PPAB, 2001). Dès lors, la diversification
agricole est devenue une priorité nationale que s'approprie au jour le
jour tous les acteurs du développement agricole. C'est ce qui justifie
l'attention particulière qu'accorde depuis 2003, le Ministère de
l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP) à huit
filières considérées comme prioritaires. Au nombre de ces
filières, se trouve l'anacarde.
L'anacardier est par excellence un arbre à buts
multiples (Memento de l'Agronome, 2002). En effet, outre son
intérêt en agroforesterie, le fruit (la noix de cajou) et le faux
fruit (la pomme de cajou) de l'anacardier fournissent des produits
spécifiques très côtés à l'exportation et sur
le marché local (Aïna, 1996 ; Gagnon, 1998). Dans ces conditions,
le développement de cette filière porteuse, suppose la mise en
place d'un accompagnement technique des acteurs, notamment les producteurs
à la base, à travers, d'une part, une mise à disposition
des innovations techniques appropriées et un encadrement solide et
continu pour une production compétitive et durable, et d'autre part, une
meilleure organisation du système de commercialisation des noix de
cajou, afin de procurer aux paysans des devises qui leur permettront de
financer leurs activités agricoles et de subvenir à leurs
différents besoins. C'est la raison pour laquelle cette étude,
commanditée par le Programme de Conservation et de Gestion des
Ressources Naturelles (ProCGRN), vise à analyser le système de
commercialisation des noix d'anarcarde produites dans les départements
de l'Atacora et de la Donga. Elle s'inscrit dans le cadre des travaux de fin
d'études pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome
à la Faculté d'Agronomie de l'Unversité de Parakou et
permettra au ProCGRN d'améliorer ses interventions dans le domaine de la
commercialisation des noix cajou dont il promeut et appuie déjà
la production.
1.2. Articulation du
document
La présente étude qui vise à faire une
analyse du système de commercialisation des noix de cajou produites dans
les départements de l'Atacora et de la Donga, s'articule suivant le
schéma ci-après (Figure n°1) :
- Le premier chapitre est un chapitre introductif qui
présente la problématique et les questions de recherche,
présente les objectifs et hypothèses de recherche et en
déduit les résultats attendus.
- Le deuxième chapitre est celui de la revue de
littérature où sont présentés successivement le
cadre conceptuel de l'étude, le point des études faites sur les
noix de cajou au Bénin et la présentation de l'anacardier.
- Le chapitre 3 est celui de la méthodologie
adoptée pour l'exécution des différentes phases de cette
recherche.
Les résultats de cette recherche couvrent quatre
chapitres.
- Le chapitre 4 présente la structure des
marchés de noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de
la Donga.
- Le chapitre 5 quant à lui, présente la
conduite des acteurs du marché des noix de cajou dans les deux
départements.
- Le chapitre 6 apprécie la performance du
marché des noix de cajou.
- Le chapitre 7 fait le point des contraintes
identifiées.
- Le chapitre 8 résume les grandes conclusions
tirées de cette étude ainsi que les suggestions qui en
découlent.
Figure 1.1: Articulation du document
Introduction Générale
Chapitre 1
Problématique, objectifs, hypothèses et
résultats attendus
Démarche méthodologique
Chapitre 2
Revue de littérature
Chapitre 3
Méthodologie
Résultats
Chapitre 4
Structure des marchés de noix de cajou dans les
départements de l'Atacora et de la Donga
Chapitre 5
Conduites des acteurs du marché des noix de cajou
dans les deux départements
Chapitre 6
Performance du marché des noix de cajou
1.2 Problématique et
justification
Chapitre 7
Contraintes liées à la commercialisation des
noix de cajou
Chapitre 8: Conclusions et
suggestions
1.3.
Problématique et justification
Au Bénin, les productions agricoles ont
contribué en 2004 pour près de 35,9 % au PIB et
représentaient 80% des exportations (Mathess et al., 2005 ; Gueye,
2005).
La noix d'anacarde est la deuxième culture
d'exportation de notre pays après le coton (Gagnon, 1998). Le
Bénin occupe la 6ème place au plan mondial en terme de
volume de noix exporté et le 2ème rang des pays ouest
africains (après la Guinée Bissau) en terme de qualité de
la production (MAEP, 2003 et LARES, 2004). Le pays a connu au cours du
quinquennat 1997-2001 un taux de croissance annuelle des exportations de noix
de 33% en valeur et 40% en volume (Trade Map CCI Genève, 2002). En 2004,
le volume exporté par le Bénin a atteint 48.255 tonnes pour une
valeur monétaire F.O.B de plus de 40 millions d'EURO (LARES, 2004). Dans
l'hypothèse optimiste de croissance continue au rythme du quinquennat
1997-2001, les exportations du Bénin pourraient atteindre les 105.000
tonnes en 2007 en tenant compte des flux entrant des pays voisins que sont le
Nigéria, le Togo et le Burkina estimés aujourd'hui entre 25 et
30% des exportations béninoises (Charre et al., 2003). L'importance de
l'anacarde n'est plus à démontrer vu sa valeur économique
et les multiples fonctions qu'offrent ses produits. La demande de ses produits
et plus particulièrement des noix de cajou est en forte progression sur
le marché international. Les noix béninoises sont
compétitives de par leur qualité.
L'anacarde (Anacardium occidentale) apparaît
donc pour le Bénin comme une culture stratégique dont les
perspectives sont prometteuses. En effet, cette spéculation couvre
actuellement au moins six des douze nouveaux départements du pays
à savoir : l'Atacora, la Donga, l'Alibori, le Borgou, les collines
et le Zou. Mais l'efficacité de la production d'une culture de rente
passe par l'écoulement des produits. La commercialisation se
révèle donc comme une composante du système sans laquelle
le développement économique est sans issue (Gounsé, 2004).
Au Bénin, en dehors du coton dont le système de commercialisation
est organisé avec un prix garanti, abstraction faite de la
nécessité d'une dynamisation, celui des autres produits
agricoles n'est pas structuré. Or d'après Soudé (2002), en
dehors du marché de coton, d'autres filières parmi lesquelles
l'anacarde, pourraient développer les exportations si elles
étaient bien structurées.
De plus, il est désormais connu des opérateurs
internationaux qu'après la Guinée Bissau et la Tanzanie, le
Bénin produit les meilleures noix de cajou du monde, d'où une
sur-cote sur les prix offerts aux producteurs (MPRE et MDR ,1995).
La filière anacarde constitue donc l'une des options
de diversification qu'il faut promouvoir et en faire une préoccupation
des institutions nationales de recherche agricole au Bénin. Car le
marché des noix de cajou s'il est bien organisé, permettra de
lutter contre la pauvreté et aussi d'améliorer la protection de
l'écosystème dans un pays menacé par la
déforestation (Aïna, 1996 ; Gagnon, 1998 ). Pour y
parvenir, il faut mieux organiser cette filière et surtout le volet
commercialisation. A ce propos, bon nombre d'études (cf point sur les
études réalisées au Bénin dans la partie revue de
littérature) ont été réalisées dans ce sens
afin d'examiner le fonctionnement du système de commercialisation des
noix de cajou et son impact sur la rentabilité de la production de cette
spéculation. L'étude de Adégbola et Ofio (2005) sur la
filière anacarde dans l'Atacora et la Donga, initiée par le
ProCGRN, a aussi abordé cette question. Selon cette étude, la
filière anacarde dans les deux départements est rentable sur le
plan financier et social. De plus, elle est globalement compétitive dans
les deux départements et donne un avantage comparatif par rapport
à son importation.
Outre ces atouts dont dispose la filière anacarde dans
les départements de l'Atacora et de la Donga, plusieurs problèmes
tels que le manque d'organisation des acteurs, la mévente, la vente
individuelle non rémunératrice, le bas prix de cession, etc.
entravent sa commercialisation.
Pour juguler tant soit peu ces problèmes, l'UDP
Atacora-Donga a expérimenté au cours de la campagne de
commercialisation 2003/2004 une opération de vente groupée
d'anacarde dans 4 villages de la commune de Kouandé (Niarosson,
Kouandé-centre, Orou-kayo et Niarissèra). Cette opération
qui a porté sur environ 48,5 tonnes de noix a permis d'acheter la noix
à 240 Fcfa le kg au lieu de 180-200 Fcfa proposé par les
intermédiaires (Adégbola et Ofio, op.cit).
Au regard de tout ce qui précède, la conduite
d'une analyse du système de commercialisation des noix de cajou
s'avère indispensable. C'est ce qui justifie le lancement de cette
étude par le ProCGRN avec une référence
particulière aux départements de l'Atacora et de la Donga.
Cette étude aiderait le ProCGRN à réduire
les risques d'échec dans sa démarche intégrée de
promotion des filières porteuses qu'il promeut dans la zone, dans le
cadre de sa composante 5. L'étude se propose donc de trouver une
approche de solution aux questions de recherches ci- après :
ü Quels sont les circuits de commercialisation des noix
de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la
Donga ?
ü Quels sont les différents acteurs qui
interviennent dans le système de commercialisation des noix de cajou
dans les deux départements? Comment ces acteurs opèrent-ils sur
le terrain et comment sont-ils rémunérés ?
ü Quelles sont les marges commerciales liées aux
différents types de ventes qu'on rencontre dans les deux
départements?
ü Quels sont les contraintes liés au
système de commercialisation des noix de cajou dans la zone ?
ü quelles sont les améliorations possibles
de ce système de commercialisation ?
1.4.
Objectifs et hypothèses
1.4.1.
Objectifs de recherche
L'objectif global de la présente étude est
d'analyser le système de commercialisation des noix de cajou produites
dans les départements de l'Atacora et de la Donga. De façon
spécifique, il s'agira de :
01 - Identifier et décrire les acteurs et
circuits de commercialisation des noix de cajou produites dans les
départements de l'Atacora et de la Donga ;
02 - Décrire et analyser le comportement et les
stratégies des acteurs vis-à-vis des fonctions de
commercialisation.
03 - Faire une analyse comparative des coûts et
marges bénéficiaires liés aux activités de
commercialisation.
04 - Comparer, en fonction de types de vente
(individuelle ou groupée), les marges de commercialisation
réalisées par les producteurs.
05 - Identifier à chaque maillon de la
chaîne de commercialisation les principales contraintes et proposer les
solutions d'amélioration.
1.4.2.
Hypothèses de recherche
H1 : Le type d'acteurs de commercialisation des noix de
cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga varie
selon l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, l'origine et la
nationalité ;
H2 : Les fonctions de commercialisation sont
assurées dans des conditions précaires ;
H3 : L'activité de commercialisation des noix de
cajou rémunère les différents acteurs
dans les mêmes proportions quel que soit le type de
vente.
H4 : La vente groupée des noix de cajou
améliore les marges de commercialisation réalisées par les
producteurs.
1.4.3. Résultats attendus
Aux terme de cette étude :
- Les acteurs et circuits de commercialisation des noix de
cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga sont
Identifiés et décrits ;
- Le comportement et les stratégies des acteurs
vis-à-vis des fonctions de commercialisation sont décrits et
analysés.
- Une analyse comparative des coûts et marges
bénéficiaires liés aux activités de
commercialisation est faite.
- Une analyse comparative, entre les marges de
commercialisation réalisées par les producteurs faisant la vente
groupée et celles réalisées par les producteurs qui font
la vente individuelle, est faite.
- Les principales contraintes à chaque maillon
de la chaine de commercialisation sont identifiées et les solutions
d'amélioration sont proposées.
CHAPITRE 2 : REVUE DE
LITTERATURE
2.1. Cadre conceptuel de la recherche
Dans cette partie, il sera passé en revue quelques
concepts qui permettront une meilleure connaissance et une compréhension
aisée du processus de commercialisation proprement dit.
2.1.1. La commercialisation et ses fonctions
Généralement en Afrique, la signification du
terme commercialisation varie en fonction des différentes
catégories sociales. Pour le fermier ce terme se rapporte à la
vente de ses produits agricoles. Pour la ménagère c'est l'achat
des vivres au marché (Biaou F., 1987).
Selon Barker (1981), on définit la commercialisation
comme l'activité qui a lieu au marché, le terme global
utilisé pour décrire les échanges entre acheteurs et
vendeurs qui tentent de maximiser leur profit ou utilité subjective.
Pour ne pas limiter la commercialisation au seul lieu d'échange,
c'est-à-dire lieu de rencontre entre l'offre et la demande, Fanou (1996)
définit la commercialisation comme étant toute activité
économique associée aux flux des biens et des services,
dès la production primaire jusqu'à la consommation finale.
L'auteur ajoute qu'un produit agricole, pour devenir produit alimentaire doit
subir quatre transformations principales : une transformation physique,
une transformation de taille de lot, une transformation dans le temps et une
transformation dans l'espace. Cette définition prouve d'une part que le
producteur et le consommateur ne résident pas nécessairement au
même endroit et d'autre part que le produit tel qu'il sort des champs
n'est pas souvent désiré sous cette forme par le consommateur.
Par ailleurs, le consommateur est intéressé par l'achat de ses
besoins au plus bas prix possible alors que le producteur cherche des revenus
maxima dans la vente de son produit.
La commercialisation des produits agricoles débute aux
champs dès que le fermier a l'intention de vendre son produit. La
commercialisation comprend aussi l'acquisition des intrants et
équipements agricoles nécessaires à la conduite de
l'exploitation agricole. Seule la commercialisation des outputs,
particulièrement celle des noix de cajou, fera l'objet d'analyse au
cours de la présente recherche.
Les fonctions commerciales sont les différentes
opérations qui permettent de fournir en des lieux et en temps opportuns
aux consommateurs, les produits dont ils ont besoin. Elles sont
exécutées par les différents agents intermédiaires
qui agissent individuellement ou collectivement et se spécialisent dans
les divers services impliqués dans l'achat et la vente des produits dans
leur transfert du producteur au consommateur final.
Pour Biaou F. (1987), ces différentes fonctions sont de
trois natures à savoir :
- les fonctions d'échanges (collecte et
distribution) ;
- les fonctions physiques (transformation, stockage et
transport) et
- les services rendant possible l'accomplissement des deux
premières catégories de fonctions (financement, prise de risque,
emballage...).
Dans le cadre de cette étude, l'analyse de ces
fonctions permettra de mieux comprendre le fonctionnement du système de
commercialisation des noix de cajou dans les départements de l'Atacora
et de la Donga, et de ressortir les difficultés qui entravent
l'organisation de la commercialisation.
2.1.2.
Réseau commercial
Selon Weiligman (1999), le réseau peut se
définir comme la structure des liens entre les acteurs d'un
système. Ainsi, la notion de réseau social fait
référence à des individus ayant entre eux des relations.
L'élément le plus important dans un
réseau est moins les attributions de ses membres que les
caractéristiques des liens qu'il y a entre les uns et les autres et qui
déterminent les comportements des membres du réseau (Adanguidi,
2000). Le contenu des liens peut être l'assistance économique,
l'obligation religieuse ou familiale ou simplement l'amitié.
La relation entre les individus peut être une relation
réciproque. Elle peut être également une relation
asymétrique et polarisée du genre employeur-employé ou
patron-client.
Le réseau commercial ou réseau marchand est donc
une forme de réseau social. Il met en relation des acteurs qui
interviennent de près ou de loin dans des activités
commerciales.
Selon Sindzingre (1998), les réseaux marchands sont
associés à la notion d'économie d'échelle,
c'est-à-dire à des rendements croissants, donc à la
possibilité de pratiquer des prix inférieurs. En tant que tels,
les réseaux marchands favorisent les positions de monopole ou
d'oligopole.
Par ailleurs, selon Bio Goura (1995), la force des
réseaux marchands qui animent les échanges régionaux et
même locaux ne découle pas seulement des fondements sociologiques
sur lesquels sont bâties leurs stratégies. Elle découle
également des relations étroites que ces réseaux
entretiennent avec les institutions officielles. L'ensemble de ces
affinités assurent la minimisation des coûts de transaction et
permettent de faire face aux incertitudes du marché qui est un
paramètre essentiel de l'efficacité du système.
Deux remarques importantes émanent de ce
concept :
ü la référentiation ethnique comme
soubassement du réseau est encore plus délicate en Afrique
subsaharienne où l'allochtonie est diluée par de fortes tendances
assimilationnistes, et où les groupes sociaux présentent des
organisations sociales aux références et aux capacités
d'action collectives très variables, liées à des histoires
différentes (Sindzingre, 1998) ;
ü la région d'appartenance peut également
constituer de base de formation du réseau commercial même dans le
cas où elle ne correspond pas à la même communauté
linguistique ou religieuse (Adanguidi, 2000).
Dans le cadre du présent travail, le réseau sera
considéré comme, tout groupe d'agents commerciaux dont les
intérêts, bien qu'individuels, concourent à la
réalisation d'un objectif unique. Il n'a forcément pas une
connotation linguistique, religieuse ou amicale. Son fonctionnement repose sur
la confiance ou les contrats et engendre des coûts. Dans le cas d'un
réseau personnel, les coûts sont pris en charge par le patron du
réseau.
2.1.3.
Acteurs de commercialisation.
Les acteurs de la commercialisation constituent les
éléments essentiels de la chaîne de commercialisation sans
lesquels le produit ne peut pas transiter du producteur au consommateur.
Oladapo (1993) cité par Houédjoklounon (2001), mentionne que, si
pour les produits manufacturés, un grossiste et quelques
détaillants suffissent; pour les produits agricoles il y a
nécessité d'avoir une panoplie de ces catégories. Car le
nombre de petits paysans ou gros producteurs est largement supérieur
à celui des industries. Il soutient que le rôle de ces acteurs est
nécessaire à chaque étape de la commercialisation, depuis
l'acheminement des produits des zones de production jusqu'aux marchés de
consommation.
Adégbidi (1996), constate un nombre
d'intermédiaires faible entre la production et la consommation dans
l'étude du marché du porc local au sud du Bénin.
Néanmoins, la présence des commerçants courtiers perturbe
le fonctionnement du système de commercialisation, puisqu'ils
contrôlent la circulation de l'information avec pour implication
l'encaissement d'une part importante du revenu.
Pédé (2001) a remarqué qu'il y a un
accroissement numérique au niveau des commerçants après la
libéralisation de la commercialisation des produits agricoles.
Cette étude s'intéressera à
l'identification des différents acteurs intervenant sur le marché
des noix de cajou ainsi que leurs rôles à chaque étape de
la commercialisation.
2.1.4. Analyse des marges
commerciales
La marge est l'instrument de mesure de la performance des
activités des acteurs commerciaux qui permet de voir la
répartition des bénéfices depuis le producteur jusqu'au
détaillant.
Thiamyou (1985), sur les marchés de gari et de
maïs du département de l'Ouémé, note une
irrégularité de l'offre et une répartition
géographique des marges faibles, en milieu rural et
élevées en zone urbaine. Il montre également que la marge
nette est beaucoup plus importante chez la détaillante que chez les
collectrices et les grossistes. Alors qu'en 1988, Honagbodé dans
l'étude du marché du maïs a eu à remarquer que,
seuls les grossistes locaux réalisent les marges brutes les plus
élevées. Il en est de même pour Houédjoklounon
(2001), dans l'étude de la commercialisation des ignames et des
cossettes qui a constaté une répartition judicieuse des marges
commerciales dans le temps et suivant les postes de la filière le plus
souvent à la faveur des grossistes qui assurent la plupart des
fonctions.
Adékanyé (1988), cité par
Houédjoklounon (2001), a montré que les types de fonctions
nécessitées par un produit, déterminent pour une large
part, les coûts commerciaux et donc la marge nette au niveau des acteurs.
Ainsi, plus le nombre de fonctions est élevé, plus l'influence
sur la marge sera importante.
Fanou (1994), dans le plateau Adja, constate que la
comparaison de la marge brute au coût de commercialisation permet de
constater l'efficacité du commerce du gari et du maïs. Lohulzen et
Warner (1988), dans leur étude de commercialisation du maïs et du
gari dans les marchés de Kétou et de Bohicon, constatent que les
grossistes n'obtiennent pas toujours la marge désirée et leurs
marges fluctuent beaucoup, et qu'à long terme, on peut obtenir un revenu
raisonnable puisqu'en fin de compte très peu de grossistes abandonnent
le commerce.
Pour Shepherd (1994), le prix payé par le consommateur
représente donc le prix payé au producteur pour sa marchandise,
auquel s'ajoutent tous les coûts de transfert de celle-ci jusqu'au
consommateur.
L'analyse des marges commerciales permettra de voir la
répartition des bénéfices depuis le producteur
jusqu'à l'exportateur. Cette analyse permettra également de
mesurer la performance du système de commercialisation et de comparer
les marges de la vente groupée à celles de la vente
individuelle.
2.1.5.
Importance de la commercialisation des produits agricoles
La commercialisation est une activité dont l'importance
a été reconnue par plusieurs auteurs. En général,
à mesure qu'un pays se développe, le « secteur des
services » de son économie s'étend par rapport au
« secteur de la production primaire ». Les ressources
totales consacrées à la commercialisation des produits agricoles
tendent à augmenter plus rapidement que les ressources allouées
à la production de ces produits. Cette tendance s'affirme quand un pays
commence à passer de l'économie de subsistance à
l'économie de marché ou économie monétaire (Abott,
1987).
Or, le développement agricole, comme celui de
l'économie en général, doit être fondé sur
une division du travail en fonctions spécialisées, et la
croissance de l'économie reflète cette spécialisation.
Cette spécialisation doit être progressivement associée
à l'expansion du système de commercialisation et de son aptitude
à transmettre les denrées d'une région et d'une
collectivité à l'autre.
Le développement économique élève
les revenus et permet donc de diversifier le régime alimentaire. Dans ce
contexte, le système de commercialisation doit s'élargir de
façon à fournir une plus grande variété
d'aliments.
Un système efficace de commercialisation ne sert pas
seulement de lien entre le producteur et le consommateur, il apporte aussi une
contribution active et positive au développement. Les entreprises
commerciales s'emploient à accroître leur chiffre d'affaires et
leurs ventes, et les efforts qu'ils déploient en ce sens stimulent
l'activité économique dans le secteur de la production comme dans
celui des services. C'est ainsi qu'en épousant l'idée de Stiglitz
(1989), Loy et Wichern (2000), affirment que la croissance économique
des pays les moins avancés n'est pas principalement liée au
manque du capital physique ou humain, mais plutôt à un manque
d'efficacité du fonctionnement de leur marché.
Un bon réseau commercial stimule la consommation,
contribue aussi à accroître la production en cherchant des
disponibilités supplémentaires.
Si le système de prix fonctionne convenablement, il
incite à satisfaire de plus en plus la demande (des consommateurs) en ce
qui concerne le type, la qualité et le délai de livraison. Ainsi,
la production s'adapte à la demande en réagissant
« aux signaux de prix » émis par le système
de commercialisation.
Akinwumi (1986), avance que la commercialisation des produits
agricoles génère trois utilités principales :
ü l'utilité du lieu (Place utility) : Elle
est créée lorsque les produits sont déplacés du
lieu de production vers les lieux où ils sont recherchés. Elle
inclut donc le transport et la distribution spatiale du produit ;
ü l'utilité du temps (Time utility) : Les
produits sont stockés pendant une période et rendus disponibles
pendant plusieurs semaines ou mois ;
ü l'utilité de la forme (Form utility) : Les
produits sont traités ou transformés en de nouveaux produits pour
tenir compte des goûts et des préférences des
consommateurs.
Selon Singbo (2000), mis à part le fait que la
commercialisation permet de stimuler la recherche sur les techniques de
conservation et de préparation de divers types d'aliments pour
satisfaire aux différents goûts des consommateurs, elle a un
impact sur l'économie nationale : elle stimule le
développement des industries agroalimentaires, crée de nouvelles
opportunités génératrices de revenus.
Il paraît donc indispensable de multiplier les
recherches sur le système de commercialisation des produits agricoles
afin d'identifier les moyens et les éléments d'une politique
agricole adéquate étant donné que les connaissances sur
les logiques, les spécificités de chaque zone et les dynamiques
actuelles de ce système demeurent encore très limitées
(Adégbidi, 1996).
Cette étude s'inscrit dans cette optique et vise
à proposer une approche organisationnelle susceptible de rendre plus
profitable le commerce des noix de cajou aux différents acteurs des
départements de l'Atacora et de la Donga.
2.1.6. Les problèmes liés à la
commercialisation
Eicher et Baker (1994) cités par Fanou (1996), montrent
que l'accroissement des frais commerciaux est dû :
ü aux acteurs qui profitent des variations
saisonnières pour exploiter les consommateurs entraînant des
interventions de l'Etat, le plus souvent inefficaces ;
ü au grand nombre d'intermédiaires entre la
production et la consommation ;
ü à l'absence d'infrastructures adéquates
et les barrières à l'entrée des marchés ;
ü à la manipulation des poids et des instruments
de mesure ;
ü au manque d'informations engendrant des frais de
transactions élevés ;
ü aux frais de manutention élevés en raison
d'infrastructures déficientes ;
ü à la non homogénéité des
produits et à l'instabilité de l'offre en raison des variations
des conditions climatiques et phytosanitaires.
Mais Jones (1972) cité par Tossou (2005), avait
déjà remis en cause ces constats le plus souvent issus de
l'approche néoclassique en ces mots :
ü Une infrastructure physique insuffisante ne semble pas
limiter la mise en marché ;
ü Il n'existe pas de preuve de l'exploitation des
producteurs et des consommateurs par les acteurs commerciaux ;
ü Les circuits commerciaux ont tendance à
être courts ;
ü Peu de signes démontre que les liens familiaux
gênent le fonctionnement des marchés.
Cependant, il faut reconnaître l'existence de
problèmes divers à cheval sur ces deux écoles. D'un autre
côté, Abott (1987), constate que la plupart des gouvernements ne
prêtent que peu d'attention aux problèmes pratiques des
marchés ruraux et urbains et rares sont ceux qui ont des politiques bien
arrêtées pour leur développement. Nyassogbo (1999),
beaucoup plus précis, va dans le même sens que Abbott (Op.cit),
pour montrer toute la performance des marchés ruraux tout en indexant
les problèmes de communication liés d'une part à
l'état des voies. En somme, ces problèmes peuvent être
résumés comme suit :
ü Absence d'infrastructures adéquates suite
à l'assistance faible de l'état ;
ü Pratiques diverses basées sur des liens
sociaux ;
Quel lien ou quelle spécificité les
marchés des noix de cajou présentent-ils en relation avec ses
problèmes ? Ce travail s'attellera à leur
découverte.
2.2. Les approches
d'analyses en commercialisation
D'après Duteurtre (2000), les différentes
échelles d'analyses en commercialisation sont les niveaux
macroéconomique, mésoéconomique et microéconomique
du marché.
Pour l'analyse macroéconomique, le fonctionnement est
appréhendé d'emblée dans sa globalité. Quant
à l'analyse mésoéconomique, elle appréhende les
problèmes économiques au niveau des branches et secteurs
d'activités, des régions, des filières, des
systèmes de production (approche filière, approche sous-secteur).
L'analyse microéconomique s'interesse au comportement individuel et
roles des différents acteurs (approche circuit).
A travers cette section, nous présentons les
différentes approches sues - mentionnées et qui sont couramment
utilisées dans le cadre de l'étude du marché des produits
agricoles. Nous spécifierons nos analyses sur celles qui s'accommodent
à la présente étude.
2.2.1. Approche
filière
Une filière agricole est une chaîne
d'opérations concernant un produit, depuis la production jusqu'à
la commercialisation, en passant par les différentes étapes de
conditionnement et de transformation. La filière est un système
d'agents qui concourent à produire, transformer, distribuer et
consommer un produit ou un type de produits (Duteurtre, op.cit).
Pour Bourret Landier (op.cit), la filière fait parti de
l'appareil de production, de distribution et de transformation qui comprend
l'ensemble des entreprises agricoles, industrielles et commerciales auxiliaires
et prestataires de services, traitant à titre principales ou
secondaires. La filière est souvent composée de
sous-filières de telles sorte que pour un même produit de base, on
peut considérer de sous filières distinguées par
différentes techniques de production/ transformation, des acteurs de
tailles différentes, des zones géographiques et des
marchés distincts.
L'analyse filière est une approche pluridisciplinaire
d'analyse de la performance, des contraintes, des opportunités de
développement de la filière dans son ensemble ou de certains des
maillons ou activités. L'analyse filière permet de
répérer des relations de linéarité, de
complémentarité et de cheminement entre différents stades
de transformation des systèmes.
L'approche filière est développée par
Baris et Couty et repris par Ahohounkpanzon (1992) et Singbo (2000), et
elle postule que cette approche est liée au système de
production. Ainsi une analyse du fonctionnement du marché devrait
intégrer les domaines de la production et de la commercialisation afin
de mieux interprèter les résultats.
Compte tenu de l'étendue de son domaine de recherche,
l'approche filière est une approche globale. Son analyse reste parfois
difficile et ne permet pas de saisir le fonctionnement interne du
système de commercialisation, d'où l'approche circuit
préconisée pour mieux cerner les champs énoncés par
nos objectifs.
2.2.2. Approche circuit
Selon Thyamiou (1985), le circuit commercial d'un produit
donné est la succession des intermédiaires et marchés par
lesquels passe ce produit du producteur au consommateur. D'après Baris
et Couty (1981), le circuit est une succession d'intermédiaires et des
lieux par lesquels transitent pendant une période définie, des
flux : de produits (allant du producteur au consommateur), de monnaie
(allant du consommateur au producteur), et d'informations. L'approche circuit
permet entre autres, d'examiner le niveau de concurrence effective d'une part,
et le rôle joué par les différents intermédiaires
dans la formation des prix d'autre part. L'une des limites de cette approche
est qu'elle ne prend pas en compte les effets rétroactifs de la
commercialisation. Cette approche est intéressante pour notre
étude en ce sens qu'elle nous permet d'identifier les différents
circuits des noix de cajou et dans le même temps d'identifier les
acteurs.
2.2.3. Approche sous
secteur
L'approche sous-secteur examine les liens entre la production,
la commercialisation et la transformation. Il s'agit de considérer le
système de commercialisation comme un réseau ou un sous-secteur
comme le montre la figure 2.1.
Figure 2.1. : Relation entre production,
transformation et commercialisation.
Production
Transformation commercialisation
Source : Adégbidi, 1996
Cette approche utilisée par Adégbidi (1996),
prend en compte tous les facteurs générateurs de revenus de
l'unité de production qui peuvent affecter la quantité du produit
commercialisé.
Cette approche peut être utilisée dans le cadre
de la présente étude. Mais la limite de celle-ci dans le cadre de
la commercialisation des produits agricoles est qu'elle est orientée
vers la commercialisation du produit final.
2.2.4. Le paradigme
Structure - Conduite - Performance (S.C.P.)
Le paradigme SCP postule qu'il existe une relation entre les
trois niveaux ci-dessous cités. Houédjoklounon (2001), explique
que dans sa conception originelle, la relation entre les trois niveaux
était déterministe : la structure détermine la
conduite et les deux déterminent la performance comme le montre la
figure 2.2.
Figure 2. 2. : Paradigme SCP sous un angle
déterministe.
Performance
Conduite
Structure
Source : Houédjoklounon, 2001
De ce fait, le paradigme SCP se prête bien à
notre travail pour décrire le fonctionnement du marché des noix
de cajou et comprendre l'efficacité qui en découle.
Mais les critiques dont a fait l'objet cette perception
unidirectionnelle de la relation causale entre les trois niveaux d'analyse ont
conduit à la mise au point d'un modèle beaucoup plus dynamique
prenant en compte l'interrelation entre les différents niveaux
(Andanguidi, 2000). De ce fait le paradigme SCP sera interprété
comme un modèle dynamique et non déterministe comme le montre la
figure 2.3.
Figure 2.3. : Paradigme SCP envisagé sous un
angle dynamique.
Conduite
Structure
Performance
Source : Andanguidi, 2000
Ainsi les différents éléments
s'influencent mutuellement ; ce qui entraîne des effets sur tout le
système de commercialisation.
De plus, comme l'a remarqué Lutz (1994), dans un
marché imparfait, les acteurs jouissent d'une certaine autonomie
d'action qui influence non seulement la performance mais aussi la structure
future du marché. Toutefois, ce modèle comme tous les autres,
fait l'objet de certaines critiques. En effet, selon Sherman (1984) cité
par Ahohounkpanzoun (2001), ce modèle serait beaucoup plus
approprié à l'analyse de l'intégration horizontale dans le
contexte des firmes constituant un seul marché, or le commerce des
produits agricoles comprend plusieurs catégories de marchés
lorsque la compétition est imparfaite.
Ces derniers auteurs ont suggéré que le
modèle SCP soit complété par une analyse sous secteur
(subsector analysis) qui prend en compte sa critique.
Lemeur (1994), par ses critiques sur ce paradigme, souligne
que ce modèle devra également intégrer les relations
sociales entre tous les intervenants dans la chaîne de commercialisation
pour mieux refléter la réalité.
Malgré l'ensemble des diverses critiques faites sur ce
modèle, nous estimons qu'il pourrait être un outil important pour
notre étude. Il a été utilisé par plusieurs
auteurs sur la commercialisation des produits agricoles au Bénin et
ailleurs. D'après (Issaka et al., 2003), la définition de chaque
composante de même que les éléments qu'elles comportent
sont :
La structure : elle désigne l'ensemble
des caractéristiques organisationnelles qui influent sur la concurrence
et le processus de formation du prix.
La conduite : elle évoque le comportement
et les stratégies utilisées par les acteurs qui interviennent
dans le marché.
La performance : La performance du marché
intervient comme le moyen d'appréciation de l'efficacité
économique de la structure et du comportement du marché. Elle
exprime les résultats économiques liés au fonctionnement
du marché. Le tableau 2.1. présente les différents
éléments de chaque composante.
Tableau 2.1. : Principaux éléments de
la structure, conduite, performance
Eléments de la
structure des marchés
|
Eléments de conduite
des marchés
|
Eléments de la
performance des marchés
|
- Typologie des marchés
-Types d'acteurs
- Types d'intermédiaires et de circuits de
commercialisation
-Unités de mesure et normes de qualité
-Infrastructures physiques du marché
-Organisations existantes sur le marché
-Etat des routes
|
-Caractéristiques générales des
acteurs
-Stratégies d'achat et de vente
-Stockage
-Transport
-Information
-Financement
-Problèmes rencontrés
-Politique des prix
|
-Effectivité de la performance
-Efficacité de la performance
-Intégration
-Degré de stabilité
-Marge commerciale
|
Source : Issaka et al., 2003
Plusieures travaux sur la commercialisation ont utilisé
ces différentes approches d'analyse et il importe de faire une
brève présentation des études réalisées dans
le domaine de l'anacarde au Bénin.
2.3.
Bilan des études sur les noix de cajou au Bénin
Notre objectif à ce niveau est de faire un tour global
des différentes études qui ont été faites dans le
domaine de l'anacarde au Bénin et qui sont disponibles. Le domaine que
nous essayons actuellement d'explorer n'est pas vierge, ni au niveau de la
production, ni au niveau de la commercialisation. En effet, depuis toujours, le
secteur de l'anacarde, bien qu'encore mal connu, a suscité
l'intérêt de bon nombre de personnes et de structures.
En 1996, Aïna en étudiant la rentabilité de
la production des noix de cajou au niveau paysan a reconnu les imperfections
liées à la commercialisation et a préconisé, entre
autres, la mise en place d'une politique adéquate de prix aux
producteurs et l'identification du rôle de tous les intermédiaires
de la filière.
En 1997, le Ministère du Développement Rural
(MDR) dans une étude de faisabilité du programme d'appui à
certaines filières parmi lesquelles l'anacarde a montré que la
collecte des noix intéresse un nombre croissant d'intervenants depuis la
suppression du monopole de la collecte par le CARDER.
Grimaud (1998), dans une étude d'identification des
organisations professionnelles de la filière anacarde au Bénin a
montré que très peu d'organisations professionnelles se
consacrent uniquement à la collecte des produits, malgré le
nombre relativement important d'organisations de producteurs.
Gagnon (1998), a étudié la filière
anacarde au Bénin. Il a montré que le marché
d'écoulement de la production nationale des noix de cajou est
essentiellement orienté vers l'Inde qui importe des noix brutes
d'Afrique à un prix inférieur au prix des noix
récoltée s en Inde.
Il a également montré qu'il n'existe pas d'informations
précises sur les coûts des différentes opérations,
ni en ce qui concerne l'installation et l'entretien d'une plantation, ni en ce
qui concerne les frais de collecte et de commercialisation. Selon cet auteur,
il y a une grande dispersion des données relatives aux différents
intervenants de la filière et une absence de la circulation de
l'information.
La mise sur pied d'une méthode d'aide à la
décision (Arboricole) a été faite par Charre et Thomann
(1999), au niveau des producteurs des noix de cajou du bas- Bénin
(principalement). Cette méthode a été
évaluée par Dossche (1999), au niveau de la population de
Savè. Les trois auteurs n'ont pas abordé de façon
approfondie le système de collecte des noix.
Le LARES a réalisé en 2002 une série de
consultations au niveau du secteur anacarde au Bénin. Ces études
sont toutes orientées vers des stratégies d'exportation des noix
dans un contexte de demande internationale.
Les différentes études réalisées
également par le PRF et le PADSE (2002), ont rapport à
l'amélioration des variétés et des systèmes de
production.
Dans tous les cas, ces études ou rapports techniques
s'insèrent dans un contexte macroéconomique tout en minimisant la
situation locale.
Singbo et al. (2004), ont essayé d'examiner le
système de commercialisation des noix de cajou et son impact sur la
rentabilité de cette spéculation dans le département des
Collines. Des résultats obtenus, il se dégage que la
commercialisation de l'anacarde au (centre du) Bénin se
caractérise par une absence de coordination entre les activités
des différents agents économiques intervenant dans la
filière. Les agents de commercialisation des noix de cajou sont :
les collecteurs, les courtiers, les collecteurs-courtiers, les grossistes du
village, les grands grossistes et les exportateurs. Selon cette étude,
la commercialisation des noix de cajou suit des circuits
généralement non officiels et les facteurs menaçant la
performance de la filière sont : le monopole des indo-pakistanais,
l'existence d'un nombre élevé d'intermédiaires, le prix
relativement bas payé aux producteurs et l'infiltration des noix de
mauvaise qualité qui entame le label Bénin (mélange des
noix béninoises avec celles du Nigeria ou du Togo).
Aussi, dans le souci de se doter des stratégies
d'intervention pour la promotion des filières anacarde et riz dans les
départements de l'Atacora et de la Donga, le ProCGRN a-t-il
initié en 2005 une étude qui fut réalisée par
Adégbola et Ofio. Après avoir étudié les atouts
dont dispose la filière anacarde de l'Atacora / Donga, les auteurs
de l'étude concluent que plusieurs contraintes entravent son
développement économique. Il s'agit notamment du manque de
coordination dans la commmercialisation et de la faible implication des
producteurs dans les activités de commercalisation.
Malgré ces résultats, des interrogations restent
encore sans réponse. En effet, avec l'introduction de la vente
groupée dans l'Atacora / Donga, des actions collectives sont mises
en oeuvre et différents niveaux de structuration des producteurs
participent à la commercialisation. Il serait alors interessant de faire
une analyse du système de commercialisation dans cette nouvelle donne.
Par ailleurs, toutes les études citées plus
haut, montrent que la commercialisation des noix de cajou est confrontée
à d'énormes problèmes tant organisationnels que
financiers. Réaliser donc une analyse des options potentielles pour une
levée des contraintes et une amélioration de l'écoulement,
sera l'une des préoccupations de la présente études.
2.4. Présentation de
l'anacardier
Dans cette rubrique, nous ferons une description
sommaire de l'anacardier pour sa meilleure connaissance.
2.4.1. Systématique
et caractères botaniques
L'anacardier (Anacardium Occidentale L.) est de la
famille des Anacardiaceae au même titre que le manguier. C'est une
angiosperme de la classe des dycotylédones et de l'ordre des
sapindacées. Espèce diploïde de type 2n=24, l'anacardier
'est un arbre de taille moyenne, au feuillage persistant, atteignant selon les
cultivars, 6 à 12 m de haut et 10 à 20 cm de diamètre.
Relativement court, le port est souvent celui d'un arbuste. Il
est surmonté d'une couronne large, profonde et puissante.
L'écorce, grise claire ou brune, est lisse dans le jeune âge et se
fissure légèrement chez les sujets âgés.
Les feuilles alternes sont entières, épaisses,
coriaces, non stipulées et de forme elliptique. Elles sont courtement
pétiolées, de couleur verte ou bleu foncée. Elles mesurent
entre 6 et 15 cm de long sur 2 à 7 cm de large.
Les fleurs sont petites, à 5 pétales d'un
centimètre de diamètre, rosées, très odorantes et
groupées en inflorescences paniculaires. On rencontre sur le même
arbre des fleurs mâles et des fleurs hermaphrodites.
2.4.2. Origine et
distribution
L'anacardier est originaire d'Amérique Latine et plus
précisément du Brésil. Il est cultivé un peu
partout dans le monde surtout pour ses noix. C'est une espèce qui se
rencontre dans les régions marquées avec une pluviométrie
comprise entre 500 et 4000 mm/an. Il est très sensible aux baisses de
température. C'est un arbre qui pousse dans les régions
tropicales et peut se contenter des sols superficiels tout en
préférant les sablonneux aux sols argileux. Au Bénin,
l'aire de production la plus favorable à l'anacardier se situe entre les
parallèles passant par Abomey au Sud et celui joignant Natitingou
à Gogounou au Nord (INRAB, 2005). La carte N°1 illustre l'aire de
production avec les zones les plus favorables à l'anacardier au
Bénin.
2.4.3. Ennemis de
culture
Environ douze maladies sont recensées sur l'anacardier.
Quatre d'entre elles sont responsables de dégâts les plus
importants. Il s'agit de : l'Oïdium, l'Anthracnose, le Dieback et le
Pestalotiose.
Carte 1 : Carte de l'aire de production de
l'anacardier avec les limites des zones les plus favorables.
Source : Tandjiékpon et al.,
2003
2.4.4.
Description des noix de cajou
La noix de cajou est un fruit akène (Fruit sec
indéhiscent mais qui se détache entièrement de la plante
mère) qui atteint son plein développement en un mois environ.
D'une dimension de trois à cinq centimètres et de couleur grise
brunâtre, elle est constituée d'un péricarpe dont la partie
intérieure est très dure et la partie extérieure
spongieuse. Entre ces deux structures, se découvre une partie plus molle
en nid d'abeilles. Elle contient un liquide visqueux brun foncé qui, du
fait de sa toxicité et de sa causticité, rend difficile
l'extraction de la noix : il s'agit du baume de cajou mieux connu sous le
terme CNSL (Cashew Nut Shell Liquid). C'est une résine phénolique
aux propriétés particulières qui contient 90% d'acide
anacardique et 10% de cardol.
La noix est une graine oléagineuse qui renferme 47%
d'une huile qui, après traitement, est assez proche de celle de l'amande
douce, comme le montre le tableau 2.2. ci-dessous.
Tableau 2.2. : Composition des noix de
cajou
Eléments (g)
|
Minéraux (mg)
|
Vitamines (mg)
|
Glucides = 20.5
|
Potassium = 668.000
|
Vitamine B1 (thyamine) = 0.430
|
Protides = 18.6
|
Phosphore = 466.000
|
Vitamine B2 (riboflavine) = 0.160
|
Lipides = 49.3
|
Calcium = 38.000
|
Vitamine B3 ou PP (nicotinamide) = 1.800
|
Eau = 4.0
|
Magnésium = 252.000
|
Vitamine B5 (acide pantothénique) = 1.600
|
Fibres
Alimentaires =3.5
|
Sodium = 14.000
|
|
|
Fer = 5.200
|
|
|
Cuivre = 3.700
|
|
|
Zinc = 2.100
|
|
|
Manganèse = 0.800
|
|
|
Nickel = 0.500
|
|
|
Molybdène = 0.010
|
|
|
Fluor = 0.140
|
|
|
Iode = 0.010
|
|
Source: aprifel.com in Info com (2006).
Ces valeurs sont à considérer comme des ordres
de grandeur susceptibles de varier selon les variétés, la saison,
le degré de maturité, les conditions de cultures, etc.
A l'intérieur de la noix se trouve le vrai fruit qui
adhère fortement à la coque : il s'agit d'une amande
réniforme dont la dimension varie entre deux et trois centimètres
selon les catégories. Elle est blanchâtre et offre une saveur
agréable. Par ailleurs, cette amande contient une matière
grasse : Il s'agit de l'huile de cajou à partir de laquelle on peut
préparer du beurre d'amande utilisé en alimentation et en
pharmacie.
La pomme de cajou (qui est un faux fruit) représente
environ 90% du poids du fruit entier et peut être consommée
à l'état frais. Gorgée de substances nutritives comme
l'indique le tableau 2.3, elle est juteuse, sucrée,
légèrement parfumée et acide, très riche en
vitamine C. Sa pulpe se prête à la fabrication du jus de fruit, de
sirop, d'alcool et de confiture.
Tableau 2.3. : Composition moyenne pour 100
grammes de pomme de cajou fraîche.
Composants
|
Poids (g)
|
Composants
|
Poids (g)
|
Eau
|
84.4 - 88.7 g
|
Phosphore
|
6.1 - 2.1 mg
|
Protéines
|
0.101 - 0.162 g
|
Fer
|
0.19 - 0.71 mg
|
Matières
|
0.05 - 0.5 g
|
Carotène
|
0.03 - 0.742 mg
|
Hydrates de carbone
|
9.08 - 9.75 g
|
Thiamine
|
0.023 - 0.03 mg
|
Fibre
|
0.4 - 1 g
|
Riboflavine
|
0.13 - 0.4 mg
|
Cendre
|
0.19 - 0.34 g
|
Niacine
|
0.13 - 0.539 mg
|
Calcium
|
0.9 - 5.4 mg
|
Acide ascorbique
|
146.6 - 372 mg
|
Source: CASHEW, K. DAVIS 1999 (Info Com,
2006).
2.4.5. Importance et
utilité de l'anacardier
De nos jours, l'importance et l'utilité de l'anacardier
ainsi que de ses produits n'est plus à démontrer. Plusieurs
usages sont faits de cet arbre et plusieurs produits sont issus des
éléments du fruit, de la coque, de l'amande et de la pomme.
Généralement, le bois est utilisé comme
combustible ou sert à la fabrication du bois d'oeuvre. Il est aussi
utilisé en construction navale (FAO, 1982). L'écorce exsude une
gomme ressemblant à la gomme arabique et on tire de la sève de
l'arbre une encre indélébile.
Les fleurs du pommier cajou attirent les abeilles et sont
mellifères.
La majeure partie de la consommation de la noix de cajou et de
la pomme de cajou se fait à l'échelon national, local, voir au
sein de la cellule familiale. Cette consommation, qualifiée
d'autoconsommation, n'est pas prise en compte dans les statistiques
officielles. En Afrique, l'amande de la noix de cajou est consommée
comme friandise ou cuite dans les sauces. On en extrait de l'huile, parfois on
en prépare une sorte de beurre. Dans les zones rurales la pomme cajou,
juteuse, à la saveur acidulée, se mange fraîche ou
séchée. Aussi les jeunes feuilles et pousses sont
occasionnellement introduites dans les sauces comme condiments.
L'anacardier a également divers usages artisanaux ou
industriels :
ü Des coques écrasées, on extrait un baume
appelé baume-cajou
ü On prépare un insectifuge avec la gomme du tronc
et un insecticide à partir des coques concassés.
ü Les écorces et les feuilles fournissent des
colorants.
ü L'arbre fait également l'objet de diverses
utilisations médicinales : traitement des verrues par la gomme,
désinfection des plaies avec le baume, traitement des brûlures par
les écorces et feuilles. En dehors de l'Afrique, en Europe par exemple,
la consommation annuelle par l'industrie du chocolat fluctue autour de 95%
(Info com, 2006).
D'après certaines sources de l'industrie, les
quantités exportées vers l'Inde seraient principalement
destinées à un usage cosmétique ou pharmacologique. Sur
le plan environnemental, l'anacardier joue deux rôles principaux :
une fonction antiérosive grâce à sa canopée, et la
restauration de la fertilité du sol.
CHAPITRE 3 :
METHODOLOGIE
3.1. Présentation de
la zone d'étude
La zone d'étude est celle concernée par les
interventions du ProCGRN dans le cadre de la promotion des filières riz
et anacarde.Il s'agit des départements de l'Atacora et la Donga
(nord-ouest de la République du Bénin). Deux communes de ces
départements à savoir Kouandé et Djougou, ont fait l'objet
de nos recherches.
3.1.1. Localisation et
richesses
Les communes ayant fait l'objet de la présente
étude sont abritées par les 3ème et 4ème zones
agro- écologique sur les huit issues du zonage agro- écologique
réalisé par le ministère du développement rural en
1998. La commune de Kouandé est abritée par la zone 3 et la
commune de Djougou est située dans la zone 4. La carte 3.1. montre la
localisation de ces deux communes.
· La commune de Kouandé
Les principales richesses du secteur primaire dans la commune
de Kouandé sont : 114 Km de cours d'eau, 3 retenues d'eau et 900 ha
de forêt classée. L'agriculture, la chasse et la pêche
occupent 49,56% de la population active. Les principales cultures sont, le
maïs, le coton, le manioc, l'igname, le sorgho, l'anacarde et l'arachide.
Les superficies cultivées sont estimées à 291.539 ha soit
64,78% de la superficie de la commune. On y compte 51 Comités Villageois
de Producteurs d'Anacarde (CVPA).
· La commune de
Djougou
Dans cette commune, le secteur primaire
bénéficie des richesses que sont : 21 Km de cours d'eau, 2
retenues d'eau et 37.182 ha de forêt classée. L'agriculture, la
chasse et la pêche occupent 27,09% de la population active. Les
principales cultures sont le sorgho, le maïs, le coton, l'arachide, le
manioc, le niébé, l'igname et l'anacarde. Les superficies
cultivées sont estimées à 108.625 ha soit 35,67% de la
superficie communale. On y compte 55 Comités Villageois de Producteurs
d'Anacarde (CVPA).
3.1.2. Climat et sols
Le climat de la zone est tropical de type soudanien. Il est
caractérisé par une saison de pluie, allant de mi-avril à
mi-octobre et une saison sèche allant de mi-octobre à mi-avril.
Mais l'altitude modifie quelquefois les paramètres normaux du climat
avec des moyennes annuelles de pluie variant entre 1000 et 1200 mm et
présentant un pic en août. La température moyenne annuelle
est de 27,5°C et l'humidité relative de 50% en moyenne par an.
L'insolation est de l'ordre de 2.862 heures. Les sols sont ferrugineux
tropicaux avec des caractéristiques agronomiques variables. A
l'extrême nord où la pluviométrie baisse
considérablement, on rencontre des sols peu évolués et des
sols hydromorphes argileux à haute potentialité
hydroagricoles.
3.1.3. Végétation
C'est le domaine de la savane soudanienne. Elle est
divisée en deux parties. La première partie est comprise entre
les lignes Parakou - Bétérou - Pénéssoulou et
Kalalé - Djougou. La deuxième partie est comprise entre la ligne
Kalalé - Djougou et le fleuve Niger. Les communes d'étude
étant situées dans la seconde bande, il est important de
présenter la végétation de cette bande. On y
distingue :
ü Les forêts galeries ;
ü Les savanes boisées qui abritent beaucoup
d'espèce de forêts claire ;
ü La savane arborée constituée des
espèces telles que Anogeissus leiocarpus, Combreum micranthum,
Guiera senegalensis et Boscia senegalensis ;
ü La savane arbustive dans l'extrême nord du
Bénin, dans le bassin du Niger, constitué d'un tapis
herbacé avec de nombreux arbustes et quelques arbres
disséminés çà et là. Les espèces
rencontrées sont Acacia ataxacantha, Acacia gourmaensis, Acacia
hockii, Acacia siébériana. Des peuplements purs d'Acacia
siébériana peuvent parfois être noté au bord
des dépressions.
3.1.4. Economie
L'économie locale se repose sur le secteur informel.
C'est le secteur de prédilection répondant le mieux aux
aspirations d'une population majoritairement analphabète. Les
activités qui animent ce secteur sont l'agriculture, l'élevage,
le commerce, l'artisanat, le transport et accessoirement la chasse, la
pêche et les activités de transformation. Le secteur formel se
limite aux services commerciaux, aux services administratifs publics et sociaux
qui sont en fait des services et structures décentralisées de
l'Etat, avec une incidence financière non négligeable dans
l'économie locale.
Les activités commerciales occupent une place
importante dans l'économie de la zone d'étude. A Djougou,
d'importants échanges commerciaux informels s'opèrent avec les
localités voisines et concernent aussi bien les produits
manufacturés que les produits agricoles. Cependant la majorité
des commerçants ignorent leurs obligations professionnelles.
Carte 3.1. : Carte des zones Agro-Ecologique du
Bénin montrant les communes d'étude.
Source : CeRPA ATACORA/ DONGA
3.2. Les phases de la recherche
La présente étude a été
réalisée en trois phases complémentaires à savoir,
une phase documentaire, une phase exploratoire et une phase d'étude
approfondie.
3.2.1. Etude documentaire
Il a été procédé à une
étude documentaire consacrée aux différentes recherches et
thèses ayant abordé certains aspects de notre thème de
recherche.
Les documents des centres de documentation de la
Faculté d'Agronomie (FA) de l'Université de Parakou (UP), de la
Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l'Université
d'Abomey-Calavi (UAC), de l'INRAB, etc. ont été consultés.
Cette recherche documentaire, a permis de construire les grandes lignes de la
problématique, de préciser les objectifs et hypothèses et
de déterminer les méthodes de collecte et d'analyse des
données. Elle s'est poursuivie jusqu'au dépôt du document
à soutenir.
3.2.2. Etude Exploratoire
La phase exploratoire de cette étude, s'est
déroulée du 05 au 22 Juin 2007 dans les Communes de Natitingou,
Kouandé et Djougou. Au cours de cette phase, nous avons eu des
entretiens avec les cadres et responsables des services agricoles (CeRPA), du
ProCGRN, du PAMRAD, de l'URPA et de la Recherche-Développement
Atacora/Donga. Les dits entretiens ont permis d'identifier les zones de
production et des villages de transaction des noix de cajou d'une part et
d'autre part de retenir deux communes pour la phase d'étude approfondie.
Cette phase a permis non seulement, de visiter les communes retenues, mais
aussi, de prendre contact avec quelques producteurs responsables des CVPA
(Comité Villageois des Producteurs d'Anacarde) de même que
quelques institutions de la zone.
Les résultats de l'étude documentaire,
ajoutés à ceux de la phase exploratoire, ont été
exploités pour élaborer des questionnaires qui ont
été soumis aux producteurs et commerçants d'anacarde lors
de l'étude approfondie. (Voir Guide d'entretien phase exploratoire en
annexe 1).
3.2.3. Etude approfondie
Elle a commencé par une phase de collecte des
données qui s'est déroulée du 18 Juillet au 05 Septembre
2007. Elle a porté sur des enquêtes structurées
auprès de l'échantillon de producteurs et de commerçants
d'anacarde des villages sélectionnés, grâce au concours des
responsables de CVPA et du superviseur d'APIC-ONG (Structure prestataire de
service du ProCGRN). Cette phase s'est poursuivie à Parakou par le
dépouillement, le traitement et l'analyse des données.
3.2.4. Echantillonnage
L'échantillonnage a été raisonné
et constitué essentiellement des producteurs et des commerçants
d'anacarde des Communes retenues. Il s'agit de (02) communes que sont :
Kouandé et Djougou. La Commune de Kouandé est choisie, car
reconnue d'une part, comme celle qui abrite les grandes superficies d'anacarde
de la zone, et d'autre part, l'expérience de vente groupée (un
aspect abordé par cette étude) fut initiée dans cette
commune. Quant à la commune de Djougou, outre le fait qu'elle est une
commune d'intervention du ProCGRN (structure finançant cette
étude), elle constitue la plaque tournante de la plupart des
commerçants de noix de cajou dans les deux départements.
Lors des enquêtes, des questionnaires ont
été adressés à deux catégories de
producteurs : la catégorie de producteurs qui font la vente
groupée et celle de producteurs qui font la vente individuelle. Ainsi,
(40) producteurs de la commune tirés au hasard, ont été
enquêtés dont (25) appartenant à la première
catégorie (vente groupée) et (15) faisant la vente individuelle.
A Djougou, ils sont (40) producteurs à être enquêtés
dont (11) de la première catégorie et (29) de la seconde
catégorie. Au total, (80) producteurs ont fait l'objet de
l'enquête fine.
S'agissant des commerçants, leur indisponibilité
sur les lieux d'étude a rendu difficile les enquêtes. Là
aussi, un total de (80) commerçants, toutes catégories confondue,
ont été questionnés. Le tableau 3.1. donne l'effectif de
l'échantillon par village et par catégorie d'acteurs.
Tableau 3.1. : Effectif de l'échantillon
par village et par catégorie d'acteurs.
Acteurs
Localités
|
producteurs
|
commerçants
|
total
|
Kouandé
|
Kouandé centre
|
8
|
10
|
18
|
Guilmaro
|
8
|
8
|
16
|
Birni
|
6
|
17
|
23
|
Becket
|
5
|
-
|
5
|
Fô-Tansé
|
5
|
-
|
5
|
Oroukayo
|
5
|
5
|
10
|
Boré
|
3
|
-
|
3
|
Djougou
|
Djougou-centre
|
-
|
12
|
12
|
Toko-Toko
|
12
|
12
|
24
|
Gosso
|
3
|
-
|
3
|
Dabogou
|
8
|
-
|
8
|
Bougou
|
12
|
6
|
18
|
Partago
|
5
|
10
|
15
|
total
|
80
|
80
|
160
|
Source : Enquête 2007
3.2.5. Données collectées et Méthode
de collecte
· Méthode de
collecte des données
Essentiellement, trois techniques d'entretiens ont
été utilisées lors de l'exécution de cette
recherche : les entretiens structurés, les entretiens semi
structurés et les entretiens non structurés.
- Les entretiens semi et non structurés ont
été réalisés lors de la phase exploratoire dans les
communes. Nous rappelons que les différentes localités ont
été sélectionnées après les discussions avec
les cadres et responsables des services du ProCGRN et de la
Recherche-Développement Atacora/Donga. Les entretiens semis et non
structurés ont été également réalisés
tout au long de la recherche sur le terrain. Ils ont permis de vérifier
et de compléter certaines informations obtenues auprès des
différents acteurs.
- Les entretiens structurés : ils ont
été réalisés à l'aide d'un questionnaire
adapté aux objectifs de la recherche. Voir questionnaire d'enquête
en annexe 2.
· Données collectées
Il y a deux types de données qui ont été
collectées : les données primaires et les données
secondaires.
ü Les données primaires sont obtenues par
enquête et concernent celles des trois dernières campagnes
agricoles à savoir : 2006-2007, 2005-2006 et 2004-2005. Elles sont
constituées d'une part de données qualitatives comme les
différentes formes d'organisation des acteurs, leurs stratégies
d'achat et de vente, les conditions dans lesquelles s'exercent les
stratégies d'achat et de vente, la circulation de l'information, les
caractéristiques socio-économiques, les conditions de stockage et
de transport, les modes de financement, les instruments de mesure, les
contraintes diverses puis les autres fonctions de commercialisation. D'autre
part, les données quantitatives relatives aux coûts des
opérations, aux prix, aux quantités vendues et achetées,
ont été collectées pour le calcul des marges.
ü Les données secondaires sont des données
relatives à la documentation. Elles ont été
collectées dans les centres de documentation de la FSA / UAC (BIDOC-
FSA), à la bibliothèque de l'UP, à l'INRAB, à la
coordination du ProCGRN et au CeRPA Atacora/Donga. Cette documentation a
été renforcée par des recherches sur l'Internet.
3.2.6.
Outils et méthodes d'analyse
Dans le but d'atteindre les objectifs fixés pour la
présente étude et de tester les hypothèses posées,
plusieurs outils et méthodes d'analyse des données ont
été utilisés. La statistique descriptive a
été utilisée à travers les tableaux de
fréquences destinés à caractériser les
différents acteurs du système de commercialisation. Les
hypothèses de l'étude ont été testées
à l'aide du logiciel SPSS version 10.0. Les données ont
été saisies dans le logiciel EXCEL 2003 et le traitement des
textes est réalisé avec le logiciel Word 2003.
Les hypothèses ont été testées
comme suit :
· Test de l'hypothèse
1
H1 : Le type d'acteurs de commercialisation des noix
de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga
varie selon l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, l'origine et la
nationalité.
Pour tester cette hypothèse, nous avons utilisé
le test de KHI-2 pour mettre en évidence les relations entre les types
d'acteurs et leurs caractéristiques socio-démographiques.
Le test de 2
C'est un test non paramétrique basé sur les
différences entre effectifs observés O et
effectifs théoriques T. Il permet de tester la
dépendance entre deux caractères. Puisque dépendance
signifie contingence, c'est à travers un tableau de contingence qu'on
montre comment une caractéristique est statistiquement
indépendante ou dépendante d'une autre.
La démarche consiste à poser l'hypothèse
nulle (H0) d'indépendance statistique et à calculer les effectifs
théoriques et les écarts (O-T) pour aboutir
à l'expression :
Khi-deux d'indépendance, 2 =
ÓÓ (O-T)2 / T
La double somme indique que l'opération est faite sur
l'ensemble du tableau de contingence à n lignes et à
p colonnes de telle sorte que le degré de liberté
(d.d.l.) pour ce test est donné par la formule
d.d.l.=(n-1)(p-1)
Enfin, la valeur de 2 calculée est
comparée avec celle du tableau des valeurs critiques de 2 qui
correspond au d.d.l. obtenu et au seuil de signification qui est
généralement de 5%. Si la valeur calculée de 2
se situe au delà de celle lue dans le tableau, on rejette H0 au
seuil de 5%. C'est-à-dire qu'à ce seuil, le 2 ne
permet d'établir aucune dépendance entre les
caractères.
Dans le cas de notre étude, le logiciel SPSS version
10.0 sera appliqué au tableau de contingence qui croise les
différents types d'acteurs (lignes) avec les caractéristiques
socio-démographiques (colonnes).
Tableau 3.2. : Tableau de contingence entre
différents types d'acteurs (A) et caractéristiques
socio-démographiques (C)
C
A
|
C1
|
...
|
Cj
|
Ck
|
|
A1
|
O11
|
...
|
O1j
|
O1k
|
N1.
|
.
.
.
|
|
|
|
|
|
Ai
|
Oi1
|
|
Oij
|
Oik
|
ni.
|
Am
|
Om1
|
|
Omj
|
Omk
|
nm.
|
|
n.1
|
|
n.j
|
n.k
|
N
|
· Test de l'hypothèse 2
H2 : Les fonctions de commercialisation sont
assurées dans des conditions précaires.
Cette hypothèse a été testée
à travers une Analyse descriptive des stratégies d'achat et de
vente, de la conduite des transactions, la circulation de l'information, la
formation des prix et facteurs de variation et des conditions de stockage, de
transports et de financement.
· Test de l'hypothèse
3
H3 : L'activité de commercialisation des noix
de cajou rémunère les différents acteurs
dans les mêmes proportions quel que soit le type
de vente.
Pour tester cette hypothèse, nous avons utilisé
le test de student et ANOVA à un facteur après le calcul des
coûts et des marges de commercialisation.
Le test d'analyse de variance (ANOVA) à un facteur est
utilisé pour vérifier s'il y a de différence
significative entre les moyennes des coûts ou entre les moyennes des
marges de différents acteurs et selon les Communes.
Le test de student (comparaison de moyennes pour
échantillons appariés) est utilisé pour analyser la
moyenne des coûts et celle des marges brutes par catégorie
d'acteurs afin de déterminer le niveau d'efficacité de la
commercialisation au niveau de chaque catégorie d'acteurs.
La moyenne du ratio marge/ coût a permis de
déterminer le niveau de rentabilité afin de déduire
à qui profite au mieux la commercialisation des noix.
Calcul des marges :
Le principe est de calculer les différentes marges des
acteurs, de même que les charges des fonctions de commercialisation. On y
distingue les marges brutes, les marges de commercialisation ou marges
commerciales et les marges nettes.
Les marges brutes (MB) sont obtenues en déduisant du
prix de vente (PV), le prix d'achat (PA) du produit. Soit : MB = PV -
PA
Les marges commerciales (MC) sont obtenues en retranchant des
marges brutes, les coûts variables des fonctions accomplies par les
intermédiaires.
Soit : MC = MB - Coûts Variables
totaux.
Les marges nettes (MN) sont obtenues en soustrayant des
marges de commercialisation, les coûts fixes.
On a : MN = MC - Coûts fixes.
Dans ce calcul, les coûts fixes (coût des
instruments de mesure, des bassines) ne sont pas pris en compte. Le calcul se
limitera aux marges commerciales. Les valeurs des coûts fixes
étant faibles, on peut assimiler la marge commerciale à la marge
nette. Les coûts liés aux charges de commercialisation par
unité de mesure sont calculés par le rapport des dépenses
liées à chaque fonction ou service à la quantité du
produit vendue ou couverte par la/le dit (e) fonction ou service.
· Test de l'hypothèse
4
H4 : La vente groupée des noix de cajou
améliore les marges de commercialisation réalisées par les
producteurs
Le test de student est utilisé pour tester cette
hypothèse. Nous avons comparer les moyennes des marges des producteurs
qui font la vente groupée à celles des producteurs qui ne font
pas la vente groupée afin de déterminer si la vente
groupée améliore les marges bénéficiaires des
producteurs ou pas.
· Analyse des contraintes
Les contraintes au développement des activités
de chaque catégorie d'acteurs ont été recensées et
classées sur le terrain par les enquêtés. Nous avons
distingué des contraintes liées à la production et les
contraintes relatives au stockage/conservation et à la
commercialisation. Des tests non paramétriques (notamment le test de
Kendall) ont été utilisés pour hiérachiser ces
contraintes. Les quatre premières contraintes de chaque catégorie
ont été analysées par la construction d'arbres à
problèmes. Cette construction est basée sur des modèles
préalablement réalisés lors des enquêtes. Le tronc
de l'arbre symbolise la contrainte, ces racines correspondent aux causes des
contraintes alors que les branches représentent les effets. Les causes
primaires et secondaires de même que les effets primaires et secondaires
ont été identifiés.
3.2.7. Limites des données collectées
Les données primaires utilisées proviennent
essentiellement des enquêtes effectuées sur le terrain. La
durée des enquêtes, la période du déroulement des
enquêtes, la petite taille de l'échantillon par rapport au nombre
total des acteurs du système de commercialisation des noix de cajou dans
les deux départements et le peu de données secondaires
disponibles sur l'anacarde, sont les quelques insuffisances liées
à ces données. Par ailleurs malgré toute la rigueur
observée dans la collecte des données, elle comporte certainement
des insuffisances. Au cours des entretiens, on notait des contradictions sur
certaines données quantitatives telles que les dépenses diverses,
les coûts des opérations culturales et les prix. Soulignons aussi
que la présente étude aurait pu gagner plus en précision,
si on avait pu assister à certaines opérations de
commercialisation. Mais la période d'étude ne coïncidait pas
avec celle de la campagne de commercialisation pour des raisons de calendrier
académique. Toutefois, les données collectées
reflètent la situation dans la zone d'étude.
CHAPITRE 4 : STRUCTURE DES MARCHES DE NOIX DE CAJOU
Ce chapitre vise la présentation des divers
éléments de la structure des marchés des noix de cajou
dans les départements de l'Atacora et de la Donga. Pour ce faire il
aborde d'abord une brève description des différents types de
marchés avant de mettre un accent sur les types d'acteurs, les circuits
de commercialisation, les instruments de mesure, les normes de qualité,
et surtout les organisations existantes.
4.1. Typologie des
marchés
Les marchés de noix de cajou rencontrés
dans les communes d'étude sont en majorité de type informel.
Ces marchés échappent à tout contrôle officiel.
Ils n'ont pas de date précise d'animation et s'organisent
spontanément au gré des acteurs.
Les taxes perçues sur ces marchés se limitent
aux taxes communales et du conditionnement payées par les grossistes
quand ils chargent des stocks à convoyer vers Cotonou. Ces
marchés ne disposent pas d'infrastructures particulières. Ils
s'animent en dehors des marchés formels mais parfois
coïncident avec le jour du marché de la localité
concernée. Ce sont des marchés qui jouent un grand
rôle surtout dans l'approvisionnement des différents centres de
collecte et de distribution des noix de cajou. Sur le terrain, seulement 13%
des acteurs amènent leurs produits au marché plus ou moins
formel1(*). Le reste choisit
leur domicile, les abords des voies ou l'ombre des arbres comme lieux de vente.
La vente à domicile est le mode dominant. L'intérêt de ce
mode de vente est qu'il permet aux différents acteurs de limiter les
coûts de transport liés à la mise sur le marché du
produit. Dans ce cas, ils vendent leurs produits à condition que les
prix leur conviennent. Pour 69% des acteurs enquêtés, c'est
à domicile qu'ils arrivent à vendre une grande quantité de
leurs produits.
La vente de petites quantités de noix de cajou se fait
presque partout. Mais il est plus fréquent aux abords des voies et sous
l'ombre des arbres. Ce mode de vente n'intervient que lorsque le paysan est
dans des difficultés financières (achat de condiments, de
pétrole, de boisson, etc....). La quantité vendue étant
faible, le transport des noix jusqu'au lieu de vente se fait à pied, ou
à bicyclette. Dans ces lieux, le prix de vente ne se discute presque
pas, car il est unique et connu d'avance. Près de 15% des producteurs
utilisent ce mode de vente. Ils affirment que leurs conditions de vie ne leur
permettent pas de conserver le produit afin d'attendre un prix plus
rémunérateur.
Les producteurs d'un même CVPA et ayant un magasin
collectif de stockage, s'organisent pour chercher un acheteur unique à
travers l'URPA. Pour ces producteurs la vente collective permet de vendre
à un prix satisfaisant. Les opérations d'achat et de vente se
font en face du magasin collectif de stockage de chaque localité. Les
exportateurs sont généralement les clients de ces producteurs.
4.2. Acteurs de
commercialisation
Plusieurs types d'acteurs animent le système de
commercialisation des noix de cajou (Singbo et al., 2004). Dans les
départements de l'Atacora et de la Donga les acteurs rencontrés
peuvent être regroupés en trois grandes catégories,
à savoir : les acteurs commerciaux principaux, les acteurs
secondaires et les partenaires des acteurs commerciaux.
4.2.1. Les acteurs commerciaux principaux
Cette catégorie d'acteurs comprend deux groupes :
les acheteurs privés et les groupements de producteurs.
4.2.1.1. Les acheteurs privés
Les acheteurs privés du système de
commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de
l'Atacora et de la Donga utilisent un circuit comprenant plusieurs
acteurs que sont : les collecteurs, les courtiers et les grossistes.
* Les collecteurs
Rencontrés principalement dans les zones de production,
les collecteurs sont des acheteurs à la campagne qui entreprennent la
tâche initiale d'assemblage des noix cajou. Ils vont de producteur en
producteur afin de rassembler le maximum de noix. Les collecteurs sont en
général des habitants des zones de production qui entretiennent
avec les producteurs des relations privilégiées (parents, amis,
etc.), permettant de fidéliser leurs approvisionnements.
Ils utilisent leur propre capital et équipements de
commercialisation, mais la quantité de noix embrassée reste
relativement faible. Ils commercialisent en moyenne 6 tonnes de noix par an.
Ils achètent les noix surtout au cours des mois de janvier à mai
et les revendent entre mars et juin. Les achats sont effectués aussi
bien auprès des producteurs qu'auprès d'autres collecteurs. Ils
vendent leurs collectes aux grossistes installés soit à Djougou,
soit à Bassila ou à Savalou.
Les collecteurs rencontrés dans les zones de production
sont âgés en moyenne de 37 ans et ont environ 7 ans
d'expérience dans le commerce de noix de cajou. Ils ont le commerce de
noix de cajou comme activité secondaire et sont instruits dans 62,5% des
cas. Certains collecteurs disposent d'agents sur le terrain qui les aident soit
à l'identification des producteurs soit dans un premier regroupement des
noix des petits producteurs. En général, l'activité des
collecteurs ne dépasse pas le cadre de leur arrondissement ou
village.
* Les courtiers
Les courtiers sont des commissionnaires qui contrairement aux
collecteurs, n'utilisent pas leur propre capital et équipements de
commercialisation. Le fond nécessaire ainsi que les équipements
leurs sont fournis par l'agent (collecteur, grossiste ou exportateur) avec qui
ils sont en relation. Ils perçoivent une commission proportionnelle
à la quantité de noix collectée. Ce sont eux qui
connaissent les zones de forte production et maîtrisent les variations
des prix à chaque étape de la campagne.
De plus, du fait de la demande pressante du marché
international et en tenant compte de la saisonnalité de
l'activité, les acheteurs agréés utilisent les services
des courtiers pour avoir le maximum de tonnage à livrer aux
exportateurs en un temps limité.
Les courtiers rencontrés dans les deux
départements sont plus jeunes que les collecteurs avec un âge
moyen de 32 ans. C'est ce qui justifie leur dynamisme sur le terrain. Ils ont
pour tâche d'assembler les noix de cajou et sont munis d'une bascule et
de quelques sacs de jute pour parcourir les villages à la recherche
d'éventuels vendeurs. Instruits dans 76% des cas, les courtiers ont
environ 5 ans d'expérience dans la commercialisation des noix cajou. Le
commerce de noix cajou constitue l'activité principale de la plupart
d'entre eux (78% des cas).
Notons enfin qu'il existe parmi les courtiers, ceux qui
achètent les noix par leurs propres moyens ou à crédit en
attendant de les revendre à un acheteur. Dans ce cas, on peut les
assimiler à des collecteurs.
* Les grossistes
Ce sont en général des commerçants
agréés qui constituent de gros stocks de noix de cajou par
l'intermédiaire des collecteurs, ou qui disposent de courtiers. Ils
représentent le troisième type d'acteurs le plus important des
acheteurs privés après les collecteurs et les courtiers. Ils
s'occupent du commerce en gros et centralisent des stocks qu'ils acheminent
vers Cotonou par des camions. Ils possèdent un capital assez important
et commercialisent de grandes quantités de noix. Ils sont souvent en
relation directe avec les exportateurs ou les négociants
indo-pakistanais. Les grossistes ont plus d'expérience dans la
commercialisation de noix cajou que les autres agents interviewés ;
ce qui leur permet d'agir sur le prix dans la zone de production. Ce sont des
acteurs les plus âgés parmi les acheteurs (avec 45 ans comme
âge moyen) et instruits dans 100% des cas. Ils ont en moyenne 12 ans
d'expérience dans la commercialisation des noix de cajou et dans 85% des
cas, le commerce de noix cajou constitue leur activité principale.
Il est à noter que la distinction ainsi faite entre ces
différents types d'acheteurs n'est pas aussi claire en
réalité. En effet, il est facile de retrouver des grossistes qui
sont en même temps des collecteurs ou encore des collecteurs qui font
aussi le courtage. Il existe aussi des producteurs qui jouent aussi le
rôle de courtiers.
Tableau 4.1. : Types d'acheteurs privés des noix
de cajou enquêtés (en %)
Intermédiaires
|
Fréquences
|
Pourcentages
|
Collecteurs
|
16
|
20,0
|
Courtiers
|
50
|
62,5
|
Grossistes
|
14
|
17,5
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Enquête, 2007
4.2.1.2. Les groupements de producteurs
Les groupements de producteurs sont les nouveaux acteurs de la
commercialisation des noix de cajou dans les départements de l'Atacora
et de la Donga. Ils opèrent à travers l'URPA qui est la structure
faîtière au niveau des deux départements et qui gère
l'opération de vente groupée.
Le processus comprend plusieurs étapes :
a. Prévision sur les quantités à
commercialiser ;
b. Centralisation des informations au niveau de l'URPA ;
c. Négociation avec un ou plusieurs acheteurs ;
d. Entente sur un prix d'achat et signature du protocole
d'accord ;
e. Programmation des villages d'achat ;
f. Ordre de mobilisation des stocks ; et
g. Réalisation des opérations d'achat.
L'acheteur fournit le matériel d'achat et assure le
convoyage de sa marchandise. Au jour convenu, il se rend dans les villages
désignés et procède à la pesée, à
l'achat et au payement.
Signalons que pour chaque kilogramme de noix vendue, les
producteurs payent une somme de 10 F appelée contribution aux frais de
gestion. (Voir un exemplaire de protocole d'accord passé entre l'URPA et
la société NATURE en annexe 3).
4.2.2. Les acteurs
secondaires
Les acteurs secondaires sont très indispensables pour
les acteurs commerciaux principaux surtout les grossistes. Ils jouent pour ces
derniers, des rôles très importants lors des opérations
d'achat et de vente.
ü Les transporteurs
Ils assurent la liaison entre l'aire de production et l'aire
de regroupement. Les grossistes utilisent les services des transporteurs pour
acheminer les noix vers les exportateurs au Port Autonome de Cotonou.
Cependant, on constate sur le terrain que certains grossistes utilisent leurs
propres moyens (titan, camion, bâchées) tant pour le
regroupement des noix achetées que pour le convoyage des stocks vers
Cotonou.
ü Les porteurs et les couseurs
Ils assurent le chargement et le déchargement des sacs
de noix de cajou contre une rémunération de 100F/sac de 100kg.
Les couseurs aident les commerçants à remplir et à coudre
les sacs contre une rémunération de 50F/sac. Il arrive parfois
que la même personne joue les deux rôles.
ü Les gardiens des produits
Après le regroupement des sacs de noix de cajou, ces
derniers en assurent la sécurité contre une
rémunération en fonction du bon vouloir du patron qui l'a
engagé.
4.2.3. Les partenaires des
acteurs principaux
Ces acteurs sont constitués de producteurs,
d'exportateurs et de transformateurs. Ils se retrouvent en amont (producteurs)
et en aval (exportateurs et transformateurs) de la chaîne de
commercialisation.
ü Les producteurs
Les producteurs constituent les premiers acteurs du circuit de
commercialisation. La commercialisation de leurs produits est le prolongement
de leurs activités de production. Ce sont généralement des
personnes âgées avec un âge moyen de 52 ans. L'agriculture
constitue leur activité principale pour 95 % des cas. Pour la plupart
des producteurs, les revenus d'anacarde constituent leur principale source de
revenu après le coton. Généralement le ramassage des noix
de cajou commence vers la fin du mois de Février mais la campagne
est officiellement lancée le 15 Mars de chaque année. Entre ces
deux dates, certains producteurs bradent leurs produits sans connaître le
prix officiel afin de subvenir aux divers besoins de la famille. Parmi ces
derniers, on retrouve les producteurs pré financés par les
commerçants qui n'attendent même pas les prix officiels avant de
tenir à leur engagement vis-à-vis de ces commerçants.
D'autres se patientent et attendent la période des prix optimum avant de
mettre leurs produits sur le marché.
Selon les producteurs, la culture de l'anacarde a
commencé vers 1960 au Bénin avec l'avènement du feu
président Hubert Coutoucou Maga. C'est donc une vieille culture
dont la commercialisation était à l'étape primaire. Au
départ l'anacardier était utile à cause de sa pomme
destinée à la consommation. Mais avec l'exportation des noix de
cajou, cette culture a pris un véritable essor.
ü Les exportateurs
Il s'agit surtout des sociétés ou des personnes
physiques juridiquement reconnues comme des exportateurs. Ce sont les derniers
destinataires des noix de cajou au Bénin. Ils sont en aval de la
chaîne et se chargent de convoyer les produits à
l'extérieur du pays. Le premier exportateur reconnu au Bénin est
le groupe OLAM. C'est un groupe agro-industriel puissant qui commercialise vers
l'Inde, l'essentiel des noix produits en Guinée-Bissau, en
Côte-d'Ivoire, au Nigeria et au Bénin. Cette société
a exporté près de 65% des productions des noix de cajou du
Bénin au cours de la campagne 2005-2006. On retrouve également
dans cette catégorie les sociétés comme SEPT
(Société d'Exportation des Produits Tropicaux), Nomax,
Sakson-Bénin, BPS-Bénin, etc., installées à Cotonou
et disposant d'importantes capacités de stockage au port de Cotonou.
ü Les transformateurs
La transformation de la noix est moins
développée dans les départements de l'Atacora et de la
Donga et même dans le pays en général. D'après
Tandjiékpon et Téblékou (2002), la part des produits
d'anacarde commercialisés au Bénin représente environ 3%
de la production nationale. Tout le reste de la production étant
exportée vers les pays de l'Asie notamment l'Inde et l'Europe.
Mais de grands efforts sont entrain d'être
réalisés notamment à travers une transformation artisanale
qui prend de l'ampleur. Le ProCGRN soutien cet effort de développement
de la transformation artisanale de l'anacarde à travers la formation et
l'encadrement de 14 femmes des départements de l'Atacora et de la Donga.
Ces femmes s'approvisionnent en noix auprès des producteurs et des
collecteurs.
Les techniques de transformation utillisées sont
artisanales et consistent en : tri manuel des mauvaises noix,
séparation des grosses et des petites noix (calibrage), grillage,
concassage, dépelliculage, friture à l'huile puis assaisonnement
au beurre ou au sel, essuyage et enfin conditionnement.
Le matériel utilisé par ces femmes est
rudimentaire : bassine trouée, pierres pour le concassage, petit
couteau pour le dépelliculage, casserole ou poêle pour la friture,
torchon pour l'essuyage, bouteilles et sachets pour le conditionnement.
Les amandes obtenues sont conditionnées dans des
bouteilles et des sachets. La vente se fait au niveau local dans les maisons,
sur les étalages ou dans les boutiques. Certaines transformatrices
livrent les amandes en gros à des revendeurs.
4.3.
Circuits de commercialisation des noix de cajou
Le circuit de commercialisation peut se définir comme
une succession d'intermédiaires et des lieux par où transitent
pendant une période définie des flux de produits, de monnaie et
d'informations sur la demande et l'offre (Fanou 1996). Il désigne
également l'ensemble comportant les flux des produits, la gamme des
agents et les différentes opérations réalisées
(Issaka et al. 2003).
En général, la commercialisation des noix de
cajou suit au Bénin, des circuits non officiels (Singbo et al., 2004).
La multiplicité des réseaux de commercialisation au
fonctionnement indépendant, entraîne une forte concurrence sur le
terrain ce qui, parfois favorise la hausse des prix au producteur.
Les différents circuits empruntés par les noix
de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga paraissent
relativement simple, mais font intervenir plusieurs acteurs. La
représentation schématique de ces circuits est donnée par
la figure 4.1.
Figure 4.1. : Circuit de
commercialisation des noix cajou dans les départements de l'Atacora et
de la Donga
CARDER/ONG/Projet
(Appui technique, approvisionnement en plants)
COLLECTEUR/GROSSISTE/EXPORTATEUR
(Préfinancement des activités de production)
PRODUCTEURS
(Production et vente des noix)
URPA A/D
(Mobilisation des stocks/Négociation et vente à
un exportateur)
COLLECTEURS
(Collecte/stockage et vente aux courtiers/grossistes ou
exportateurs)
EXPORTATEURS
(Exportation ou vente aux indo-pakistanais)
TRANSFORMATEURS
(Transformation des noix en amandes, vente locale des
amandes)
GROSSISTES
(Collecte/stockage et vente aux exportateurs ou aux
indo-pakistanais)
COURTIERS
(Collecte/stockage au profit des grossistes /exportateurs)
CONSOMMATEURS BENINOIS
(Consommation d'amande cajou)
IMPORTATEUR
(Noix du Togo)
Source : Enquête, 2007
L'analyse de cette figure révèle
différents mouvements de noix de cajou dans les départements de
l'Atacora et de la Donga. Du point de vue importance des
intermédiaires, nous distinguons :
ü Un circuit de vente directe, reliant les producteurs
aux exportateurs.
ü Un circuit de vente court où les noix passent
des producteurs aux exportateurs par le biais des groupements de producteurs,
représentés par l'URPA.
ü Trois circuits moyens où nous distinguons
entre les producteurs et les exportateurs, soit les courtiers, soit les
collecteurs ou soit les grossistes.
ü Un circuit long qui concerne tous les acteurs du
système de commercialisation à savoir : les producteurs qui
vendent les noix de cajou aux collecteurs, ces derniers revendent aux
courtiers. Ensuite les courtiers font le point des achats aux grossistes. Enfin
les grossistes revendent aux exportateurs qui se chargent de convoyer les
produits à l'extérieur du pays.
Dans chaque cas, le comportement des acteurs
économiques est basé sur la maximisation du profit et la
minimisation des coûts. Le premier chaînon est emprunté par
les producteurs en quête de liquidité. Ces producteurs jouissent
d'une meilleure marge à cause de l'absence des intermédiaires par
rapport aux autres producteurs. Mais ils sont peu nombreux à cause de
leur non maîtrise du processus de commercialisation
(méconnaissance de l'évolution des prix, des exigences des
acheteurs et les normes de qualité). Le deuxième chaînon
est celui des producteurs participant à la vente groupée
initiée dans les deux départements. Les producteurs qui
empruntent ce circuit visent la réduction de la chaîne de
commercialisation et la vente des noix à un prix meilleur.
Les autres chaînons sont plus longs puisqu'il y a des
intermédiaires qui y jouent un rôle important. Ceci diminue la
marge des producteurs de ces chaînons.
4.4. Equipements et instruments de mesure
La principale unité de mesure utilisée dans la
majorité des cas est le kilogramme. Les instruments de mesure sont
constitués de pesons (de portée 20, 35, 50 ou 70 kg), de balances
(de portée 100, 150 ou 200 kg), et de sacs. Les équipements
utilisés dans l'achat des noix sont les aiguilles et les fils pour le
conditionnement dans les sacs.
Si dans la plupart des cas les unités et instruments de
mesure sont bien connus aussi bien des producteurs que des acheteurs, leur
fidélité est souvent mise en doute par les producteurs. En effet,
la plupart des producteurs interviewés pensent que les acheteurs
truandent lors du pesage des noix. Le véritable goulot
d'étranglement est que les instruments de mesure ne sont pas
fidèles chez la plupart des acheteurs.
En absence de balance, d'autres instruments de mesure sont
aussi utilisés sur le terrain dans les transactions de noix de cajou. Le
tableau 4.2. présente les unités de mesure locales
utilisées pour la vente des noix de cajou, leur équivalence en
kilogramme et la moyenne des prix proposés aux producteurs en 2007, par
unité de mesure dans les deux départements.
Enfin, notons que certains commerçants choisissent la
période de janvier à février pour constituer les premiers
stocks à des prix bas avec des instruments de mesure locaux qui
facilitent la spoliation des producteurs.
Tableau 4.2. :
Unités de mesures locales, équivalence en kg et prix moyen au
producteur
Unité de mesure
|
Equivalence en kg
|
Prix au producteur
|
Nom local
|
Nom en français
|
Winninrè
|
Bassine
|
25
|
4000
|
Yorokou ou Tongolo
|
Bol
|
2,5
|
300
|
Saki
|
Sac1
|
80
|
13000
|
Saki
|
Sac2
|
100
|
15000
|
Source : Enquête, 2007
4.5. Normes de
qualité
Selon Adégbola et Ofio (2005), les noix et amandes du
Bénin sont réputées de bonne qualité et occupent la
troisième place sur le plan mondial après celles de la
Guinée-Bissau et de la Tanzanie. Elles bénéficient par
conséquent d'une meilleure cotation par rapport aux prix offerts. Ainsi
l'anacarde produit au Bénin ne connaît pas pour l'heure de
difficultés pour son écoulement sur le marché
international. Mais cette situation pourrait se dégrader si les acteurs
n'adoptent pas une « démarche qualité » aux
différentes étapes de la filière. En effet, sur le plan
local, aucune norme de qualité n'est prise en compte. Les producteurs
sont, dans la pratique, très peu sensibilisés à la
qualité de leurs produits. Il n'y a pas à leur niveau de
séparation physique des noix par qualité. Les collecteurs sont
soucieux d'acheter les noix bien matures, bien pleines et présentant une
bonne forme. Au-delà de ce souci, les noix ne sont pas fondamentalement
différenciées par les collecteurs ni au niveau de la couleur, ni
au niveau de la taille. Cette situation est due à l'absence de normes
définissant les catégories des noix de cajou. Certains
grossistes, dans l'incapacité de fournir le volume de noix promis,
achètent des noix du pays voisin le Togo. Ces noix sont ensuite
mélangées à celles achetées chez les producteurs
béninois. Tous ces comportements ne sont pas de nature à assurer
la traçabilité de la noix béninoise. Or l'on a tout
à gagner en sauvegardant le label qualitatif qui sera déterminant
en cas de saturation du marché.
Sur le plan international, on paie plus
généralement une prime pour les noix de couleur claire qui sont
préférées aux noix brunes. En outres, les prix les plus
élevés sont accordés aux noix de grande taille. Le prix
des noix diminue ensuite en fonction de la taille des morceaux, de leur
coloration et de leurs teneur en eau.
Fondamentalement, la qualité de la noix
béninoise s'apprécie par rapport au KOR (Kennel Outturn Result)
qui détermine la valeur marchande de l'anacarde. Les méthodes de
détermination effectuées par les exportateurs ne sont pas souvent
harmonisées avec celle des opérateurs béninois. Le
contrôle réalisé de façon pratique est celui
effectué par les exportateurs au Port Autonome de Cotonou. Toute fois,
les commerçants ont tendance, sur le terrain, à acheter les noix
de grosses tailles que les noix de petites tailles.
4.6. Dynamique
d'Organisation des acteurs
Au Bénin, il existe plusieurs organisations autour de
la production et de la commercialisation de l'anacarde (Singbo et al., 2004).
Il s'agit notamment de l'Association des Producteurs d'Anacarde du Bénin
(APA-Bénin, créée en 1998), de l' Union Nationale des
Producteurs d'Anacarde du Bénin (UNAPAB créée en
décembre 1999) et du Groupement des Exploitants Agricoles
(GEA-Bénin). Ces organisations interviennent à divers niveaux de
la filière anacarde.
Conscients des difficultés qu'ils éprouvent pour
faire écouler leurs produits à des prix
rémunérateurs, et soucieux de défendre leurs droits,
leurs intérêts et également pour faire la promotion de
leurs intérêts socio-économiques et professionnels, les
producteurs d'anacarde des départements de l'Atacora et de la Donga ont
adhéré à l'idée de se réunir au sein d'une
structure faîtière appelée Union Régionale des
Producteurs d'Anacarde (URPA). L'objectif de cette
Union était de sensibiliser tous les producteurs pour une vente
collective à la même période. Pour les producteurs, les
collecteurs profitent de leur inorganisation pour faire des achats en
début de campagne pendant que les prix planchers sont méconnus.
La vente groupée pourrait leur permettre de gagner plus. Dans la
structuration, les producteurs se regroupent au niveau des arrondissements en
Comités Villageois de Producteurs d'Anacarde (CVPA) qui, au niveau
communal forment les Unions Communales de Producteurs d'Anacarde (UCPA),
lesquelles UCPA constituent l'Union Régionale des producteurs d'Anacarde
(URPA) au niveau départemental. Mais avant la création de l'URPA,
les producteurs étaient organisés au sein de l'UDP. Pour mieux
suivre la filière anacarde, L'UDP a créé en son sein un
groupe de réflexion sur l'anacarde en 2001. Actuellement il existe un
flou quant à la relation qui doit exister entre l'UDP et l'URPA. Mais
d'après les autorités du CeRPA Atacora/Donga, l'UDP doit se muer
en une organisation spécialisée pour le coton et l'URPA sera
désormais la seule structure autorisée à parler de
l'anacarde.
Pour soutenir les activités de l'URPA, PAMRAD a
sollicité dans le cadre de la mise en oeuvre de ses actions, les
services d'un prestataire en l'occurrence l'ONG DEDRAS. Cette dernière
est appelée à appuyer l'URPA dans le sens d'une
amélioration de la vente groupée, d'une meilleure
disponibilité du matériel végétal et d'un meilleur
respect des normes de qualité. PAMRAD compte octroyer des crédits
annuels aux producteurs membres de l'URPA, pour le compte de la campagne
prochaine. Ceci leur permettra d'entretenir leurs plantations. Pendant la
campagne, PAMRAD appuie également l'URPA à trouver un acheteur
unique avec un prix d'achat beaucoup plus meilleur. Ceci a baissé
l'engouement des collecteurs locaux. Très tôt ces derniers sont
lancés par le biais de leurs patrons à une concurrence
déloyale en augmentant leurs prix pendant une courte période.
Tout ceci dans l'intention de désolidariser les producteurs membres de
l'URPA qui n'arrivaient plus à se patienter.
Le ProCGRN aussi intervient dans cette dynamique
organisationnelle, en organisant au profit des producteurs des sessions de
formation sur les techniques culturales de l'anacardier et en mettant à
leur disposition des semences de bonne qualité. Il a suscité et
obtenu la création et l'installation d'un certains nombre de CVPA
rencontrés dans la Donga et entend intervenir dans l'organisation de la
vente groupée en recherchant le marché et en négociant le
prix pour les producteurs.
Soulignons que le ProCGRN et PAMRAD mènent des actions
similaires et complémentaires sur le terrain et il faudra faire une
répartition spatiale et temporelle des activités pour une
meilleure coordination des efforts.
Il se dégage de tout ce qui précède,
qu'il existe d'organisations de producteurs d'anacarde sur le terrain. Mais ces
organisations manquent de dynamisme et de cohésion interne. Les CVPA
identifiés sont peu fonctionnels et les producteurs ne sont plus
motivés pour participer à la vente groupée. Les mobiles de
cette absence de motivation trouvent leur fondement dans les insuffisances que
comporte l'expérience de vente groupée (voir chapitre 8 pour les
contraintes).
S'agissant des collecteurs et des courtiers, leurs
organisations sont sporadiques. Pour eux, ce sont les producteurs qui les
empêchent de se réunir et profitent de leurs mésententes.
Puisque leurs mésententes les poussent à une concurrence
horizontale où chacun vise à hausser le prix pour avoir le
maximum de produit. Aujourd'hui les collecteurs et les courtiers se contentent
d'opérer sans association.
Quant aux grossistes, ils appartiennent en
général à l'Union Nationale des Acheteurs des Produits
Tropicaux. Le tableau 4.3. indique l'appartenance ou non des acteurs
rencontrés à une association.
Tableau 4.3.: Répartition des acteurs (en %)
par appartenance d'association
Association
Acteurs
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Producteurs
|
62.5
|
37.5
|
100
|
Collecteurs
|
17.1
|
82.9
|
100
|
Courtiers
|
20.5
|
79.5
|
|
Grossistes
|
41.7
|
58.3
|
100
|
Source:
Enquête, 2007
CHAPITRE 5 : CONDUITE DES ACTEURS DU MARCHE DES NOIX DE
CAJOU
La conduite du marché évoque le comportement et
les stratégies utilisées par les acteurs qui interviennent sur le
marché. Ces comportements et stratégies des acteurs
dépendent en grande partie de leurs caractéristiques
générales (Issaka et al., 2003). Les comportements et
stratégies sont analysés face aux diverses fonctions de la
commercialisation. Selon Lutz (1994), ces stratégies permettent de
savoir, comment les acheteurs réagissent et s'adaptent par rapport aux
opportunités offertes par le marché.
De manière générale dans l'étude
du marché des produits agricoles, les principaux éléments
de la conduite abordés sont les suivants :
ü Les caractéristiques générales des
acteurs ;
ü Les stratégies d'achat et de vente ;
ü La formation des prix ;
ü Les facteurs de variation ;
ü L'intervention de l'Etat ;
ü Le comportement des acteurs face aux diverses fonctions
de la commercialisation.
Dans la présente étude, la conduite du
marché sera évaluée à travers la description et
l'analyse de ces différents éléments.
5.1.
Caractéristiques générales des acteurs
Au nombre des caractéristiques générales
des acteurs, on peut citer la nationalité, le sexe, l'âge,
l'ethnie, la religion, le niveau d'instruction, la situation matrimoniale,
l'origine et l'expérience professionnelle des acteurs. Dans le cas de
notre étude, les caractéristiques qui sont abordées sont:
Le sexe, l'âge, l'ethnie, le niveau d'instruction, et la
nationalité des acteurs.
5.1.1. Sexe des
acteurs
Le sexe est très important dans l'analyse des
activités de production ou de commercialisation. Les résultats du
test de ÷2, significatifs au seuil de 1%, permettent de
conclure que le sexe est un élément de différenciation des
acteurs du système de commercialisation (÷2
= 46,948 ; ddl = 3 ; p = 0,000).
En effet, chez les producteurs, on note une
prédominance du sexe masculin (93,7 % des cas). Ceci est dû au
fait que les femmes n'ont pas accès à la terre ou que les
activités de production demande plus d'énergie (force physique).
Pour les femmes qui en possèdent, elles considèrent la culture
d'anacarde très rentable mais n'aiment pas investir pour les cultures
pérennes. Cette situation favorise les collecteurs qui aiment plus
acheter les noix auprès des hommes. Car ces derniers n'influencent pas
les techniques de mesure et ne discutent pas trop sur les prix comme le font
les femmes. Sur le terrain, certains hommes confient leurs noix à leurs
épouses afin de pouvoir les vendre à un prix plus
rémunérateur.
Par contre chez les collecteurs, on note une
prédominance du sexe féminin (56,3 % des cas). Les grossistes
aiment négocier avec les femmes parce qu'elles arrivent à acheter
moins chers dans les marchés locaux et les fermes. Ce sont elles qui
arrivent également à collecter les plus grandes quantités.
On observe aussi moins de pertes chez les femmes après les achats.
La quasi-totalité des courtiers sont du sexe masculin
(98 % des cas). Cela s'explique par le fait que le courtage demande beaucoup de
dynamisme et une très grande mobilité sur le terrain.
Les grossistes sont dans 100 % des cas des hommes et
opèrent moins sur le terrain. Le tableau 5.1. montre la
répartition des acteurs par sexe.
Tableau 5.1. : Répartition des acteurs par sexe
(en %)
Acteurs
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Producteurs
|
93,7
|
6,3
|
100
|
Collecteurs
|
43,7
|
56,3
|
100
|
Courtiers
|
98,0
|
2,0
|
|
Grossistes
|
100
|
-
|
100
|
Source: Enquête, 2007
5.1.2. Age des acteurs
L'âge des acteurs est un critère qui peut
influencer les différentes opérations d'achat ou de vente. Les
résultats du test de ÷2, significatifs au seuil de 1%,
permettent aussi de conclure que l'âge varie en fonction des acteurs
(÷2 = 88,7747 ; ddl = 6 ; p =
0,000).
En effet, l'analyse du tableau 5.2. montre qu'en
majorité les producteurs des noix de cajou ont en moyenne 52 ans. Ceci
s'explique par l'âge des plantations rencontrées sur le terrain. A
priori, ils sont les propriétaires des plantations d'anacardiers. C'est
pourquoi les acheteurs aiment s'orienter vers ces personnes pour acheter les
noix. Pour les collecteurs, les noix achetées auprès des
personnes âgées sont plus crédibles. Car les plus jeunes
volent les noix dans les plantations pour vendre. Donc, pour éviter ces
problèmes, il faut tenir compte de l'âge avant de s'engager pour
des achats. En majorité les collecteurs sont jeunes avec une moyenne
d'âge de 37 ans. C'est dû au fait que les jeunes ont plus de
facilité à passer de domicile en domicile pour acheter les noix
pour le compte des grossistes qui sont généralement plus
âgés que les collecteurs. Il en est de même pour les
courtiers qui ont un âge moyen de 32 ans. Par contre l'âge moyen
des grossistes est de 45 ans et ils préfèrent collaborer avec les
personnes âgées. Pour les grossistes, confier les fonds pour les
achats aux personnes âgées, rassure plus. De plus, les collecteurs
ne disparaissent pas avec les fonds comme les courtiers. Le tableau 5.2.
montre la répartition des acteurs par âge.
Tableau 5.2. : Répartition des acteurs par
âge (en années)
Age
|
Minimum
|
Moyenne
|
Maximum
|
Ecart type
|
Producteurs
|
31
|
52
|
80
|
12, 8
|
Collecteurs
|
27
|
37
|
47
|
6,8
|
Courtiers
|
25
|
32
|
43
|
5,7
|
Grossistes
|
35
|
45
|
52
|
5,4
|
Source : Enquête, 2007
5.1.3. Le niveau
d'instruction
Le niveau d'instruction est également une
caractéristique qui influence les stratégies d'achat et de vente
des différents acteurs du marché des noix de cajou. Les
résultats du test de ÷2 , significatifs au seuil de 1%,
montrent que le niveau d'instruction varie en fonction des acteurs
(÷2 = 55,197 ; ddl = 9 ; p =
0,000).
Le tableau 5.3. montre la répartition des acteurs par
niveau d'instruction pour le cas des noix de cajou.
Tableau 5.3. : Répartition des acteurs (en %)
par niveau d'instruction
Acteurs
|
Aucun
|
Alphabétisé
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Total
|
Producteurs
|
61,3
|
6,7
|
25,5
|
7,5
|
-
|
100
|
Collecteurs
|
37,5
|
-
|
50,0
|
12,5
|
-
|
100
|
Courtiers
|
24,0
|
-
|
64,0
|
12,0
|
-
|
100
|
Grossistes
|
-
|
-
|
34,6
|
57,1
|
8,3
|
100
|
Source: Enquête, 2007
L`analyse de ce tableau montre que plus de 60 % des
producteurs sont analphabètes. Cette situation engendre chez le
producteurs une maîtrise imparfaite du marché, un déficit
d`information et par conséquent leur dépendance à
l'égard des acheteurs.
L'analphabétisme des producteurs explique aussi le fait
qu'ils sont trompés par des fausses manipulations de bascule. On
pourrait dire que les collecteurs et les courtiers instruits profitent du
faible niveau d'instruction des producteurs pour augmenter leur marge
bénéficiaire. L'instruction constitue donc un atout pour la bonne
conduite des activités.
En aval de la chaîne, les collecteurs sont moins
instruits que les courtiers et les grossistes, et sont également soumis
aux grossistes. Chez les collecteurs 50,0 % ont le niveau du primaire et 12,5%
ont fait le secondaire. Environ 37,5% des collecteurs ne sont pas instruits.
Ils sont pour la plupart des villages de production et ces derniers
préfèrent utiliser la bassine et le sac de jute pour les achats.
Les collecteurs aiment acheter les noix auprès de producteurs
âgés qui sont en majorité non instruits. Les courtiers sont
à 76% instruits. Cette situation pourrait expliquer leur habileté
sur le terrain. D'ailleurs, pour le grossiste, il faut savoir, lire et
écrire avant de recevoir la commande afin de pouvoir manipuler la
bascule lors des achats. Les grossistes confient la bascule et les fonds aux
courtiers instruits pour limiter les pertes.
Dans le même temps les grossistes sont instruits
à (100%) avec 34,6% des cas pour le primaire, 57,1% pour le secondaire
et 8,3% pour le supérieur. Les grossistes ayant le niveau du secondaire
et du supérieur ont souvent un chiffre d'affaire plus important. Ils
sont contraints à tenir une bonne comptabilité car ils font des
prêts dans les banques pour investir dans les activités
commerciales. Il faut donc mener une activité rentable afin de pouvoir
rembourser en fin de campagne.
5.1.4. Origine des Acteurs
L'origine des différents acteurs influence leur
comportement sur le terrain. Les résultats du test de ÷2
révèlent que l'origine des acteurs est un facteur qui les
discrimine au seuil de 5% (÷2 =
11,107 ; ddl = 3 ; p = 0,011).
En effet, les résultats des enquêtes font
remarquer que la majorité des acteurs rencontrés sur le terrain
sont du milieu. Chez les producteurs 81,7% sont locaux contre 87,5% et 100%
pour les collecteurs et les courtiers respectivement.
La prédominance des autochtones chez les producteurs
s'explique par le mode d'accès à la terre dans la zone
d'étude. En effet, les étrangers ont accès à la
terre par emprunt, à durée déterminée pour les
cultures annuelles et non pour les cultures pérennes. Quand aux
collecteurs et courtiers, ils sont majoritairement du milieu, parce que ces
derniers développent des stratégies locales afin d'empêcher
les acteurs étrangers à venir opérer sur leur territoire.
Un collecteur étranger, n'arrive pas à acheter les noix sans
passer par les locaux. Généralement il faut maîtriser la
langue du milieu pour bien opérer. Les locaux affirment que les
étrangers, provoquent la hausse des prix pour avoir les produits. Pour
contourner cette concurrence, les collecteurs locaux fidélisent alors
leurs relations avec les producteurs à travers les différents
services. Pour ce faire, ceux-ci assistent leurs fournisseurs pendant les
circonstances heureuses ou malheureuses (mariages, baptême
décès et autres). Ceci leur permet de gagner leur confiance et
d'avoir le maximum de produits pendant la campagne. Aussi en cas de
problèmes financiers, les producteurs arrivent à solliciter un
crédit auprès des collecteurs.
De même les grossistes sont en majorité locaux
(92,9% des cas). Mais ils ne vivent pas dans les zones de production. Ils
jouissent des services de collecteurs pour avoir leur marchandise. Ils
collaborent avec leurs proches pour éviter la trahison et le
détournement. Selon nos enquêtes, 65% des grossistes ont
affirmé que les recouvrements de fonds et de produits sont difficiles
voire impossible si les partenaires sont liés par des liens de
parenté. Alors que les collecteurs locaux jouent sur ce lien de
parenté pour avoir le maximum de produits. En jouant sur ces liens de
parenté pour avoir le maximum de produits, on pourrait dire que le
marché n'est plus basé sur la rationalité mais
plutôt sur les réseaux sociaux. Ceci est l'apanage des courtiers
et des collecteurs surtout.
Mais la particularité dans la commercialisation des
noix de cajou est la coexistence de la rationalité et des liens de
parenté dans le processus. En effet, les producteurs avouent qu'ils
privilégient d'abord le plus offrant. Mais lorsque le prix est stable,
ils ont tendance à considérer les liens de parenté. Le
tableau 5.4. montre la répartition des acteurs selon leur origine.
Tableau 5.4. : Répartition des acteurs selon
leur origine (en %)
Acteurs
|
Locaux
|
Etrangers
|
Total
|
Producteurs
|
81,7
|
18,3
|
100
|
Collecteurs
|
87,5
|
12,5
|
100
|
Courtiers
|
100
|
-
|
100
|
Grossistes
|
92,9
|
7,1
|
100
|
Source: Enquête, 2007
5.1.5. Nationalité
des acteurs
La nationalité des acteurs un facteur constant pour
lequel aucune statistique n'a été calculée. La
nationalité ne discrimine donc pas les différents types
d'acteurs rencontrés.
En définitive, les résultats des tests de
÷2 obtenus (voir tableau 5.5.) montrent qu'au niveau des
départements de l'Atacora et de la Donga, il existe statistiquement une
dépendance significative entre les différents types d'acteurs du
système de commercialisation des noix de cajou par rapport au sexe,
l'âge, le niveau d'instruction et l'origine des acteurs.
D'où l'hypothèse 1 selon laquelle :
«Le type d'acteurs de commercialisation des noix de cajou produites dans
les départements de l'Atacora et de la Donga varie selon l'âge, le
sexe, le niveau d'instruction, l'origine et la nationalité »
est vérifiée pour les variables sexe, âge, niveau
d'instruction et origine, et ne l'est pas pour la variable nationalité.
Tableau 5.5. : Synthèse des résultats des
tests de ÷2
|
caractéristiques
générales
|
Test du ÷2
|
Valeur du ÷2
|
ddl
|
probabilité
|
Type d'acteur
|
sexe des acteurs
|
46,948***
|
3
|
0,000
|
Age des acteurs
|
88,7747***
|
6
|
0,000
|
Niveau d'instruction
|
55,197***
|
9
|
0,000
|
Origine des acteurs
|
11,107**
|
3
|
0,011
|
Nationalité des acteurs
|
Pas de statistique calculée
|
*** = Significatif à 1% ; **= Significatif
à 5% ;
Source: Enquête 2007
5.2. Les
stratégies d'achat et de vente
L'objectif des différents acteurs du marché des
noix de cajou est la maximisation du profit. Les acteurs cherchent à
minimiser les charges tout en maximisant leurs recettes. Pour atteindre cet
objectif cinq stratégies sont mises en oeuvre sur le terrain. Ainsi on
a le préfinancement des producteurs avant la campagne par les acheteurs,
l'avance sur la commercialisation aux producteurs en période de
campagne, l'avance de fonds aux collecteurs locaux par les grossistes, l'achat
des noix par les collecteurs pendant la pré campagne en attendant une
demande potentielle et l'achat des noix dans le pays voisin de l'Ouest.
Ø La première stratégie est celle du
préfinancement des producteurs par les acheteurs. La campagne de
commercialisation des noix de cajou est officiellement lancée
en Mars de chaque année au Bénin. Mais bien avant
l'ouverture de cette campagne, un grand nombre de producteurs ne disposant pas
de ressources financières ont recours à des
préfinancements sous forme de crédit auprès de certains
acheteurs qui à leur tour obtiennent leur préfinancement de la
part de certaines institutions financières.
Les résultats des enquêtes ont montré que
13,5% des producteurs bénéficient de ces crédits informels
pour entretenir leurs plantations d'anacarde ou pour répondre à
des besoins pressants de santé, de scolarisation, d'alimentations, de
cérémonies etc. La plupart de ces crédits avec
intérêt sont octroyés entre les mois d'Août et
d'Octobre et varient entre 10.000 et 50.000 FCFA. Cet état de choses
entraîne une grande variabilité des prix d'achat proposés
aux producteurs en début de campagne.
Les grossistes locaux profitent de ces crédits
informels pour acheter moins chers bien en dessous du prix plancher du
Gouvernement. Ainsi les premières ventes, et par conséquent les
remboursements en nature de crédit, se font sur la base de 10.000F
à 15.000F le sac de 100 kg. Lorsque ces premiers prix ne conviennent pas
aux producteurs, ils s'engagent à rembourser le crédit en
espèces avant la fin du premier mois de la campagne avec un taux
d'intérêt de 20%. Tout ceci oblige les paysans à brader
leurs produits tandis que les acheteurs rentabilisent leur crédit.
Toutefois, certains producteurs ayant
bénéficié de ce type de crédit ne respectent pas
parfois leur engagement. Ceci est dû pour la plus part aux aléas
climatiques, aux feux de brousse et à d'autres règlements
d'urgence. Cette situation rend de nos jours les grossistes plus
réticents à s'engager dans le système de crédit
informel. C'est autant dire qu'ils sont sujets à de nombreux risques
tout en cherchant à réaliser des bénéfices
substantiels.
Ø Une deuxième stratégie est celle de
l'avance sur la commercialisation. Cette stratégie est
développée par les collecteurs qui préfinancent les
producteurs afin de garantir le produit. Ainsi, les producteurs qui se trouvent
dans un besoin pressant d'argent pour résoudre les besoins ponctuels
(cérémonies, spectacles, alcool etc..) obtiennent un
crédit avec intérêt de l'ordre de 2000F à 5000F
pour un délai de trois jours au plus. Le remboursement se fait en tenant
compte du prix en cours le jour de l'octroi du crédit. L'étude a
révélé que 10,3% des producteurs ont recours à ce
type de crédit. Cette stratégie semble à priori être
meilleure à la première car elle réduit les risques. De ce
fait, elle est plus favorable aux producteurs qui vendent alors à court
terme leur produit mais suivant le prix du marché.
Ø Une troisième stratégie est celle qui
concerne la relation entre les grossistes et les courtiers. En effet, les
grossistes confient les fonds pour la collecte avec la première tranche
de leur commission aux courtiers qui à leur tour passent de village en
village pour chercher la marchandise avec des sacs et des bascules en main.
Après l'achat, les courtiers donnent un délai (souvent deux
semaines) afin que les grossistes viennent retirer la marchandise. Plus de 90 %
des courtiers reçoivent les fonds de commandes des grossistes et signent
plusieurs contrats à la fois.
Dans ce système d'arrangement d'achat /Vente qui
fonctionne sous forme de commandes faites aux fournisseurs par les clients, on
distingue les intermédiaires que l'on appelle en anglais
"brokers". Ce sont des individus qui ne prennent pas le risque
car ils utilisent l'argent des commandes d'autres personnes pour constituer
leurs propres capitaux. Ceci est dû au fait que la plupart des individus
sont en quête de sources alternatives de revenus ou de moyens d'existence
durable, cette activité leur donne ainsi l'opportunité d'avoir un
capital pour subsister.
Dans certains cas, aucun investissement n'est fait à
l'avance. Les grossistes viennent directement dans les villages, s'annoncent et
commencent par faire des achats.
Ø La quatrième stratégie de vente et
d'achat consiste à investir une certaine somme pour l'achat du produit
en comptant sur une demande potentielle ultérieure des grossistes. Ces
catégories d'acteurs sont souvent désignés sous le terme
de" marchands middle men" en anglais. Sur le terrain seulement
39,4 % des collecteurs ont recours aux crédits formels des structures
financières locales et prennent le risque.
Ø la cinquième strategie est
développée par certains grossistes et courtiers qui
achètent des noix dans les pays frontaliers du Bénin, notamment
le Togo. Ces noix qui sont de petite taille et très moins chères
sont ensuite mélangées à celles achetées chez les
producteurs béninois. Pour avoir le maximum de produits, chaque acteur
accroît sa potentialité et son aptitude à répondre
efficacement à la demande du patron pour lequel il travaille. De ce fait
on assiste à une concurrence qui donne lieu à une variation
graduelle du prix. Tout ceci incite les producteurs à vite livrer leurs
produits.
De tout ce qui précède, les paysans, et
même les collecteurs, ont des besoins élevés de capital
pour résoudre ces problèmes. Ces besoins de capital et
l'impossibilité pour eux de les obtenir de façon formelle et
à des coûts réduits les poussent à s'engager dans
des transactions qui loin de les relever ou de permettre l'évolution de
leur activité, les rendent encore dépendants et donc les
maintiennent dans le cercle de la pauvreté. Il serait donc souhaitable
de mettre sur pied des structures d'appuis financiers aux producteurs afin de
les rendre moins dépendant des acheteurs des noix de cajou.
5.3. La formation des
prix
Le prix de vente des noix de cajou au niveau local
dépend de la période. Mais également, il tient compte du
prix plancher fixé par le gouvernement en début de campagne. Dans
les conditions normales, aucune transaction ne devrait être
acceptée en dessous de ce prix plancher. Mais la réalité
est que peu d'acteurs respectent ce principe.
Toutefois, les variations des prix réels d'achat aux
producteurs sont dues non seulement au rythme de demande des noix par les
exportateurs, mais aux variations du marché mondial (Pompidou et
Gockouski, 2004). La demande de ces derniers est elle-même
déterminée par la demande des usines de transformation en Inde et
au Pakistan (Singbo et al., 2004). Les variations des prix sur le marché
international sont illustrées par la figure 5.1.
Le prix des noix de cajou dépend très largement
de la taille, de la classe et de la composition des noix. Le standard
international est la noix entière W 3202(*).
Figure 5.1. : Courbe de
variation des prix des noix de cajou sur le marché international (en
dollars)
Source : Secrétariat de la CNUCED
L'analyse de cette courbe montre une augmentation des prix des
noix de cajou échangés sur le marché international, entre
1970 et 1981, de plus de 300% en l'espace d'une décennie. Entre 1981 et
2004, la moyenne des prix de ce produit a été de 2,49 dollars. En
1999, il atteint un plafond de 3,18 dollars avant de rechuter en 2001 à
1,45 dollars. Aujourd'hui, le prix est croissant avec 2,25 dollars sur le
marché international. On pourrait donc dire que ce prix est encore
intéressant et pourrait motiver les différents acteurs lorsqu'on
le compare aux prix des autres produits comme le coton. Mais sur le terrain on
note une variation des prix moyens au cours de la même campagne. Par
exemple lorsqu'un exportateur se trouve dans le besoin de livrer des noix dans
un délai très court, il augmente sensiblement le prix d'achat au
producteur. Avant que d'autres exportateurs réagissent et ajustent leur
prix par rapport aux prix en vigueur, l'exportateur en question aura
déjà rassemblé la quasi-totalité de sa demande.
Sur le terrain les grossistes et courtiers mandataires de cet
exportateur informent les producteurs que c'est le prix plafond de
l'année et les incitent à vite livrer leurs produits afin
d'éviter la mévente.
Au cours de l'étude les paysans ont affirmé que
généralement le prix plafond est observé vers fin avril et
début mai. Le producteur doit donc jouer sur son expérience pour
vendre à bonne période. Certains producteurs conservent leurs
noix et attendent la fin de la campagne pour les livrer à un prix
rémunérateur. Ils revendent le produit un peu plus cher pour
avoir une marge bénéficiaire plus grande. Certaines campagnes
sont mauvaises et ils en sortent perdant car au lieu que le prix monte, au
contraire il baisse considérablement. La figure 5.2. montre les
variations des différents prix sur le marché local durant une
période de sept ans.
Figure 5.2. : Courbes de variation des prix sur le
marché local
0
100
200
300
400
500
600
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Années
Prix (en FCFA)
prix plancher
prix moyen
prix plafond
Source : CeRPA Atacora-Donga
Le prix plancher est le prix minimum au producteur (dans les
conditions normales). L'évolution de ces courbes montre que le prix
plancher est toujours en dessous du prix moyen et du prix plafond
pratiqués sur le terrain. On pourrait dire que le prix plancher
contribue à la formation du prix moyen observé sur le terrain. Il
serait donc intéressant que le prix plancher soit connu très
tôt par les producteurs afin qu'ils puissent estimer le prix moyen auquel
ils pourraient livrer leurs produits aux acheteurs. Ceci contribuerait un temps
soit peu à lever la désinformation dont ils sont victime. La
baisse du prix des noix brutes sur le marché mondial ces
dernières années a poussé le Viêt-Nam
deuxième producteur a transformé 90% de sa production et
exporté 10% vers l'extérieur la campagne 2005 (FAO, 2005).
L'unique alternative durable aujourd'hui pour les pays
africains serait donc la transformation sur place des noix de cajou. Car le
prix des amandes est trois fois meilleur à celui des noix de cajou sur
le marché international (FAO, 2005).
5.4. Les facteurs de
variation du prix
En général, les facteurs de variation du prix
des produits agricoles sont la quantité, le lieu où se
déroule l'opération commerciale, la période, le processus
de concurrence des acheteurs, la qualité et les services physiques.
Les acheteurs préfèrent les noix de bonne
qualité et rejettent les noix de mauvaise qualité pour ne pas se
compromettre. Le contrôle de l'échantillon se fait à l'aide
d'un ciseau et seuls les noix dont l'amande est pleine sont achetées aux
meilleurs prix. S'agissant des services physiques, les producteurs ne
transportent pas les produits sur de longues distances avant la vente, puisque
la vente à domicile est le mode de vente dominant.
La quantité : La petite
quantité et la grande quantité n'ont pas les même prix.
Lorsque la quantité est grande les producteurs préfèrent
se rapprocher des grossistes pour vendre plus cher. Car ces deniers utilisent
la bascule et préfèrent avoir vite le maximum de marchandises
contre un bonus sur le prix.
Le lieu de vente : La
vente à domicile et celle des lieux publics n'ont pas souvent les
mêmes prix. A domicile une discussion s'engage entre acheteurs et
producteurs afin de convenir sur un prix qui arrange les deux parties. Les
acheteurs profitent de la naïveté ou de la sous information des
producteurs pour acheter la marchandise à un prix plus bas que celui du
marché.
La période : Sur le terrain, les
acteurs affirment que les noix de cajou sont sujet d'une variation graduelle
des prix à court terme. Ainsi le prix en début de campagne est
souvent plus bas que celui observé en pleine campagne. Les producteurs
profitent de ce facteur pour conserver leur produit afin de mieux vendre plus
tard.
Le processus de concurrence: La concurrence
dans le marché des noix de cajou est le processus au cours duquel des
acheteurs se rencontrent sur un marché et adoptent un comportement de
rivalité pour acheter les produits (Agaï, 2004). Sur le terrain
plusieurs acheteurs ont été dénombrés avec des
stratégies différentes. Les grossistes profitent de leur pouvoir
d'achat en haussant les prix pour avoir le maximum de produits. Les collecteurs
et courtiers étant locaux, jouissent des réseaux de
parenté pour avoir les produits .Tout ceci donne lieu à une
concurrence entre acheteurs.
Pour les producteurs, les facteurs qui induisent la
fluctuation des prix sont la variabilité de la production, la chute du
cours du dollar (selon les renseignements des intermédiaires),
l'inexistence d'autres marchés, la non implication à fond de
l'Etat et le nombre élevé d'intermédiaires commerciaux.
5.5. L'intervention de
l'Etat et des ONG
Jusqu'à une date récente l'intervention de
l'Etat se limite à la fixation du prix plancher. L'Etat intervient peu
dans la réglementation du marché des noix de cajou. Sur le
terrain il n'existe aucune structure d'appui technique ou financière
installée par l'Etat. Néanmoins, certaines ONG appuient les
producteurs sur le terrain. C'est ainsi qu'en 2003, l'ONG- DEDRAS, par le
biais de PAMRAD, a commencé par intervenir dans la commune de
Kouandé. L'objectif de cette structure était d'amener les
producteurs à s'organiser pour faire la vente collective et pouvoir
jouir des prix satisfaisants.
Pour y parvenir, plusieurs actions ont été
menées par cette structure, au nombre desquelles on peut
citer :
ü La mise en place des organisations au sein des
producteurs ;
ü La formation des acteurs sur les itinéraires
techniques ;
ü La sensibilisation des producteurs sur les
problèmes de la commercialisation ;
ü Le renforcement des capacités de gestion des
producteurs ;
ü La recherche de marché et négociation de
prix pour les producteurs.
5.6. Comportement des
acteurs face aux fonctions de
commercialisation
Les produits agricoles empruntent diverses étapes,
souvent incontournables avant d'atteindre le consommateur. L'offre paysanne est
séparée de la demande des consommateurs dans l'espace, le temps,
la forme et la taille du produit (Issaka et al. 2003). Dans cette partie nous
aborderons les fonctions physiques et les fonctions de facilitation qui
permettent de fournir en des lieux et temps opportuns, aux différents
acteurs, les produits dont ils ont besoin.
5.6.1. La Conservation et
le stockage
La fructification des noix de cajou commence en
février, période pendant laquelle le prix plancher de l'Etat
n'est pas connue car ce prix est fixé le 15 mars de chaque année.
Afin de vendre à bon prix leurs produits, les producteurs les
conservent. Après la récolte, ils font un séchage des
noix avant de les conserver dans des sacs de jutes. Le tableau 5.6. montre la
répartition des acteurs selon les lieux de stockage.
Tableau 5.6. : Répartition des acteurs (en %)
selon les lieux de stockage
Lieux
Acteurs
|
Domicile
|
Magasin
|
Total
|
Producteurs
|
86,2
|
13,8
|
100
|
Collecteurs
|
92,9
|
7,1
|
100
|
Courtiers
|
21,5
|
78,5
|
100
|
Grossistes
|
-
|
100
|
100
|
Source: Enquête, 2007
L'analyse de ce tableau montre que 86,2% des producteurs font
leur stockage à domicile dans leur salon, tandis que 13,8% en font dans
un magasin. Quant aux collecteurs et courtiers ils sont respectivement 92,9% et
21,5 à faire le stockage et la conservation à domicile alors que
7,1% et 78,5% respectivement en font dans un magasin.
Pour les uns, la conservation à domicile est due au
manque de magasin privé car il faut être d'une organisation avant
de conserver les noix au magasin communautaire. Par contre pour d'autres, c'est
pour mesure de sécurité afin d'éviter les vols. Tous les
grossistes possèdent de magasins privés. Au cours de la
conservation, certains facteurs sont susceptibles d'affecter à long
terme la qualité des noix conservées. Mais les producteurs
affirment qu'ils peuvent conserver les noix pendant deux ans sans qu'elles ne
se détériorent.
5. 6. 2. Le transport
Les producteurs transportent les noix de cajou des champs vers
leur domicile à pieds et sur la tête, parfois à vélo
ou à moto. Mais ils trouvent que le transport est pénible dans
ces conditions. Des domiciles au lieu d'échange, les produits sont
également transportés à pieds. Quant aux collecteurs et
courtiers, ils transportent les noix des villages vers les villes soit à
moto ou à l'aide des véhicules qu'ils louent. Les coûts de
transport varient selon la distance parcourue et dépendent de
l'état des voies.
Les grossistes passent chez les collecteurs et courtiers avec
des camions ou bâchées pour ramasser leurs produits. Il s'agit
souvent de leurs propres moyens de transport. Le tableau 5.7. montre la
répartition des acteurs suivant le mode de transport.
Tableau 5.7. : Répartition des acteurs par mode
de Transport (%)
Modes de
transport
Acteurs
|
Tête
|
Vélo
|
Moto
|
Camion
|
Total
|
Producteurs
|
50,9
|
36,2
|
12,9
|
-
|
100
|
Collecteurs
|
-
|
-
|
49,2
|
50,8
|
100
|
Courtiers
|
-
|
-
|
47,5
|
52,5
|
100
|
Grossistes
|
-
|
-
|
-
|
100
|
100
|
Source: Enquête, 2007
L'analyse de ce tableau montre que 50,9% des producteurs
transportent leurs noix à la tête alors que le reste
possède un moyen de transport. Les premiers reconnaissent la
pénibilité du transport par la tête et les seconds
dénoncent les coûts liés à l'utilisation des moyens
de transport.
Quant aux commerçants, ils n'utilisent que les motos et
les moyens de transport à quatre roues pour le rapprochement des noix
achetés. Le mode de transport de chaque acteur s'explique par sa
condition de vie.
5 .6.3. Le Financement
Les acteurs du système de commercialisation des noix de
cajou ont trois sources de financement de leurs activités : le
crédit formel et le crédit informel et l'autofinancement Le
tableau 5.8. montre la répartition des acteurs par source de
financement.
Tableau 5.8. : Répartition des acteurs par
source de financement (en %)
Sources
Acteurs
|
Formel
|
Informel
|
Autofinancement
|
Total
|
Producteurs
|
6,5
|
23,8
|
69,7
|
100
|
Collecteurs
|
39,4
|
10,4
|
50,2
|
100
|
Courtiers
|
5,3
|
82,3
|
13,4
|
100
|
Grossistes
|
67,5
|
5,5
|
27,0
|
100
|
Source: Enquête, 2007
L'analyse de ce tableau montre que seulement 6,5 % des
producteurs ont accès au crédit formels contre 39,4% pour les
collecteurs alors que la majorité des grossistes rencontrés ont
accès au crédit formel (auprès d'une banque, CLCAM et
autres). Ceci pousse les producteurs à accéder au crédit
informel auprès des collecteurs et courtiers qui reçoivent
l'argent des commandes ou auprès des grossistes selon les cas. La
majorité des producteurs s'autofinance (69,7% des cas) à travers
surtout les revenus issus des autres activités de production. Et si les
courtiers peuvent profiter de l'argent des commandes pour parfois subvenir
à leur besoin alors les producteurs ne peuvent que brader leurs produits
en se soumettant aux acheteurs.
5.6.4. L'information
Le bon fonctionnement d'un marché est lié entre
autres aux sources d'informations, à la circulation de l'information et
à la crédibilité que les différents acteurs leur
accordent. L'information jouant un rôle capital dans les
différents processus d'achat et de vente. Sa maîtrise
s'avère bénéfique pour les acteurs. Mais, il
apparaît clairement que les conditions d'une libre circulation de
l'information ne sont pas toujours assurées. Les producteurs ne sont
généralement pas informés sur les fluctuations du cours
mondial et de l'évolution de la demande internationale afin de faire
pression sur les acheteurs et leur imposer leur prix. Au contraire les
acheteurs maîtrisent mieux le prix du marché international et en
profitent pour faire des simulations. Ils évoquent parfois la saturation
du marché international, et donc le risque de mévente encouru par
les producteurs, s'ils ne liquidaient pas vite leurs produits. Ces simulations
réussissent parfois lorsque le producteur a peur d'un avenir incertain.
On assiste alors à une asymétrie d'information qui ne rend donc
pas transparent le marché des noix de cajou dans les deux
départements.
Dans un tel contexte de mal information ou de sous
information, la mise sur pied d'autres structures ou organes d'information
délivrerait les producteurs de leur dépendance vis à vis
des acheteurs en ce qui concerne l'information. L'installation d'une radio
rurale pourrait aider les producteurs à s'informer sur les
périodes de vente et les prix pratiqués sur le marché.
De tout ce qui précède, on peut conclure que les
fonctions de commercialisation des noix de cajou se déroulent dans des
conditions précaires.
CHAPITRE 6 :
PERFORMANCE DES MARCHES DE NOIX DE CAJOU
La performance du marché intervient comme le moyen
d'appréciation de l'efficacité économique de la structure
et du comportement du marché (Issaka et al., 2003). Elle exprime les
résultats économiques liés au fonctionnement du
marché. Diverses approches sont généralement
utilisées pour analyser la performance d'un marché:
ü L'étude du degré de stabilité des
marchés.
ü L'étude de l'intégration
des marchés.
ü L'étude des marges commerciales des
acteurs.
Les deux premières approches ne seront pas
utilisées dans la présente étude pour plusieurs raisons.
Ø La durée très courte de l'étude
n'a pas permis de collecter les prix quotidiens afin d'étudier la
stabilité du marché des noix de cajou.
Ø De plus, une étude d'intégration des
marchés par la méthode de corrélation (Lutz, 1994 ;
sodjinou et al. 2003) ou par le modèle de l'indice de connexion
dynamique de Timmer et de Ravallion (Ahohounkpanzon, 1992 ;
Houédjoklounon, 2001 ; Issaka et al. 2003), aurait
été possible si les marchés des noix de cajou, même
informels, avaient été périodiques avec un marché
central. Donc l'analyse de l'intégration des marchés n'est pas
abordée dans la présente étude.
L'analyse de la performance du marché des noix de cajou
est faite à travers l'étude des marges brutes et commerciales.
Selon les économistes libéraux, un système de
commercialisation est parfaitement performant lorsque les différences de
prix dans l'espace et dans le temps sont égales aux coûts de
transaction. Cela implique que la marge de commercialisation dans un
système commercial efficace entre deux marchés M1 et M2, doit
être égale aux frais de transaction (le transport, le stockage, la
manutention etc....) auxquelles s'ajoute la rémunération de
l'intermédiaire qui doit correspondre à un taux par rapport au
prix d'achat. Mais il est difficile d'apprécier cette
rémunération dans la mesure où il n'y a pas une norme
fixée ou préétablie (Issaka et al. 2003).
6.1. Evaluation de
l'efficacité du système de commercialisation des noix de
cajou
Cette partie concerne l'analyse des coûts et des marges
commerciales des différents acteurs impliqués dans la
commercialisation des noix de cajou. L'objectif de cette analyse est
d'apprécier d'une part les différents coûts et marges entre
les acteurs tant au niveau départemental que communal, et de fournir
d'autre part, une indication sur les niveaux de rentabilité de la
commercialisation des noix de cajou à travers le ratio marge sur
coût.
6.1.1 Analyse des
coûts de commercialisation
On définit par coûts de commercialisation,
l'ensemble constitué par les coûts de préparation, les
coûts de conditionnement, les coûts de manutention, les
coûts de transport, les coûts d'investissements, les pertes, les
commissions, les redevances, les paiements officieux, etc. (Agaï,
2004).
L'analyse des coûts liés à la
commercialisation des noix de cajou a été faite entre les
catégories d'acteurs de la même commune et entre acteurs des deux
départements, grâce à ANOVA à un faceur. Cette
analyse de variance est fondée sur deux grands principes (Astous, 2000)
:
· Plus les différences entre les moyennes des
groupes observés dans l'échantillon sont grandes, plus il y a de
chances que la relation existe dans la population ;
· Plus la dispersion (la variance) dans les groupes est
petite plus les différences entre les moyennes sont réelles dans
la population.
Les tableaux 6.1. à 6.6. présentent les
différents résultats.
Tableau 6.1. : Comparaison de moyennes des coûts
entre acteurs des deux départements
Sources de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Moyenne des carrés
|
Valeur de F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
4347.026
|
3
|
1449.009
|
3.173
|
0.026**
|
Intra-groupes
|
71249.73
|
156
|
456.729
|
Total
|
75596.75
|
159
|
|
** =significatif à 5%
Source: Enquête, 2007
L'analyse du tableau 6.1. montre qu'il y a une
différence significative au seuil de 5% entre les coûts
supportés par les différents acteurs des deux
départements. L'analyse de la plus petite différence
significative est résumée dans le tableau 6.2.
Tableau 6.2. : Analyse de la plus petite
différence significative des coûts de commercialisation entre
acteurs des deux départements
Catégorie1
|
Catégorie2
|
Différence de moyenne (1- 2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Producteur
|
Collecteur
|
11.62
|
5.85
|
0.194
|
Producteur
|
Courtiers
|
10.62
|
3.85
|
0.03**
|
Producteur
|
Grossiste
|
2.56
|
6.19
|
0.976
|
Courtiers
|
Collecteur
|
1
|
6.14
|
0.998
|
Grossiste
|
Collecteur
|
9.06
|
7.82
|
0.653
|
Grossiste
|
Courtiers
|
8.06
|
6.46
|
0.597
|
** =significatif à 5%
Source : Enquête, 2007
L'analyse du tableau 6.2. montre que la différence
entre les coûts supportés par les producteurs et ceux
supportés par les courtiers est significative au seuil de 5%. Par
contre, lorsqu'on considère les coûts moyens supportés par
les producteurs et ceux supportés par les collecteurs et grossistes
respectivement, la différence n'est pas statistiquement significative
même au seuil de 5%. De plus, la différence de moyenne entre
producteurs et courtiers, d'une part, et entre producteurs et collecteurs
d'autre part, est plus élevée que celle entre producteurs et
grossistes. On pourrait donc dire que les producteurs et les grossistes
supportent les coûts les plus élevés dans les deux
départements.
Tableau 6.3. : Comparaison des coûts de
commercialisation des acteurs de Kouandé.
Sources de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Moyenne des carrés
|
Valeur de F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
7341.571
|
3
|
2447.19
|
4.48
|
0.006***
|
Intra-groupes
|
41510.32
|
76
|
546.188
|
Total
|
48851.89
|
79
|
|
***= significatif à 1%
Source : Enquête, 2006
L'analyse du tableau 6.3. montre qu'il existe une
différence hautement significative au seuil de 1% entre les coûts
supportés par les différents acteurs du marché des noix
de cajou à Kouandé. On pourrait dire que les coûts
engagés par les différents acteurs dans les activités de
production ou de commercialisation varient d'une catégorie à
l'autre. L'analyse de la plus petite différence significative est
résumée dans le tableau 6.4.
Tableau 6.4. : Analyse de la plus petite
différence significative des coûts de commercialisation des
acteurs de Kouandé.
Catégorie1
|
Catégorie2
|
Différence de moyenne (1-2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Producteur
|
Collecteur
|
20.695
|
10.2316
|
0.189
|
Producteur
|
Courtiers
|
20.0207
|
5.821
|
0.005***
|
Producteur
|
Grossiste
|
9.7214
|
9.5751
|
0.741
|
Courtiers
|
Collecteur
|
0.6743
|
10.548
|
1
|
Grossiste
|
Collecteur
|
10.9736
|
13.0022
|
0.833
|
Grossiste
|
Courtiers
|
10.2993
|
9.9124
|
0.727
|
*** = significatif à 1%
Source: Enquête, 2007
L'analyse du tableau 6.4. montre que la différence
entre les coûts supportés par les producteurs et ceux
supportés par les courtiers est hautement significative au seuil de 1%.
Par contre, lorsqu'on considère les coûts moyens supportés
par les producteurs et ceux supportés par les collecteurs et grossistes
respectivement, la différence n'est pas statistiquement significative
même au seuil de 5%. De plus, la différence de moyenne entre
producteurs et courtiers, d'une part, et entre producteurs et collecteurs
d'autre part, est plus élevée que celle entre producteurs et
grossistes. On pourrait aussi dire que les producteurs et les grossistes
supportent les coûts les plus élevés dans la commune de
Kouandé.
Tableau 6.5. : Comparaison des coûts de
commercialisation des acteurs de Djougou
Sources de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Moyenne des carrés
|
Valeur de F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
2115.45
|
3
|
705.15
|
4.13
|
0.009***
|
Intra-groupes
|
12974.96
|
76
|
170.723
|
Total
|
15090.41
|
79
|
|
*** =significatif à 1%
Source : Enquête, 2007
L'analyse du tableau 6.5. montre qu'il y a une
différence hautement significative entre les coûts
supportés par les différents acteurs de la commune de Djougou au
seuil de 1%. L'analyse de la plus petite différence significative est
résumée dans le tableau 6.6.
Tableau 6.6. : Analyse de la plus petite
différence significative des coûts de commercialisation des
acteurs de Djougou
Catégorie1
|
Catégorie2
|
Différence de moyenne (1-2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Producteur
|
Collecteur
|
2.927
|
4.6196
|
0.921
|
Producteur
|
Courtiers
|
0.9861
|
3.4192
|
0.992
|
Producteur
|
Grossiste
|
-17.1786
|
5.3532
|
0.01**
|
Courtiers
|
Collecteur
|
1.9409
|
4.9492
|
0.979
|
Grossiste
|
Collecteur
|
20.1056
|
6.439
|
0.013**
|
Grossiste
|
Courtiers
|
18.1647
|
5.6402
|
0.01***
|
** =significatif à 5%
Source: Enquête, 2007
L'analyse du tableau 6.6. montre que dans la commune de
Djougou, la différence entre les coûts supportés par les
grossistes et ceux supportés par les producteurs, collecteurs et
courtiers respectivement, est significative au seuil de 5%. Par contre,
lorsqu'on considère les coûts moyens supportés par les
producteurs et ceux supportés par les collecteurs et courtiers, la
différence n'est pas statistiquement significative au seuil de 5%. En
outre, la différence de moyenne entre les grossistes et les autres
acteurs, est plus élevée que toutes les autres différences
de moyenne. On pourrait donc tirer la conclusion selon laquelle les grossistes
de la commune de Djougou supportent les coûts les plus
élevés.
Il ressort de ces différentes analyses que les
coûts engagés par les différents acteurs dans les
activités de production ou de commercialisation varient d'une
catégorie à l'autre tant au niveau départemental que
communal. Dans les deux départements, les grossistes supportent les
coûts les plus élevés avec une moyenne de
48.7F/kg par grossiste alors que les collecteurs et les courtiers
supportent les coûts les plus bas avec respectivement des moyennes de
29.64F/kg et 30.64F/kg. Ces coûts élevés des grossistes
sont dus au fait que les grossistes assurent toutes les fonctions de la
commercialisation (stockage, transport, rémunération des
collecteurs, taxe, achats d'instruments de mesure, de sacs de jute etc...). Les
coûts bas observés au niveau des collecteurs et les courtiers
s'expliquent par le fait que les dépenses qu'ils engagent dans leurs
activités sont essentiellement constituées des frais de
transport. Or, les collecteurs sont en général des habitants des
zones de production et leur activité ne dépasse pas le cadre de
leur arrondissement ou village. Quant aux courtiers, ils rassemblent les noix
au niveau des centres de concentration où passent les
« patrons » avec les camions pour le ramassage. Tout ceci
limite certains coûts liés au transport au niveau de ces deux
catégories d'acteurs. S'agissant des producteurs, bien qu'ils
bénéficient de la vente à domicile, les coûts qu'ils
supportent sont relativement plus élevés que ceux
supportés par les collecteurs et les courtiers. La moyenne est de
41.26F/kg par producteur. Cela est dû à la prise en compte des
coûts de production dans les calculs effectués.
Une comparaison des moyennes des coûts entre les acteurs
des deux communes révèle que les producteurs de Djougou
supportent des coûts plus bas avec une moyenne de 33.15 F/kg par
producteur alors que les collecteurs, courtiers et grossistes de cette commune
supportent les coûts les plus élevés que ceux de la commune
de Kouandé.
6.1.2. Analyse des marges
commerciales
La marge commerciale est l'un des instruments de mesure de la
performance des activités des acteurs commerciaux. Elle permet
également de voir la répartition des bénéfices
depuis le producteur jusqu'au consommateur.
La marge commerciale peut se définir comme la
différence entre la marge brute et les coûts de commercialisation.
La marge doit couvrir les frais qu'implique le transfert du produit d'un
maillon de la chaîne au suivant et assurer un bénéfice
raisonnable à celui qui effectue ce transfert (Agaï, 2004).
L'analyse des marges commerciales a été
également faite entre les diverses catégories d'acteurs. Les
tableaux 6.7. à 6.12.suivants présentent les différents
résultats:
Tableau 6.7. : Comparaison de moyennes des marges
entre acteurs des deux départements.
Source de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Moyenne des carrés
|
Valeur de F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
80928.62
|
3
|
26976.21
|
10.846
|
0.000***
|
Intra-groupes
|
388012.5
|
156
|
2487.26
|
Total
|
468941.2
|
159
|
|
*** =significatif à 1%
Source: Enquête, 2007
L'analyse du tableau montre qu'il y a une différence
significative au seuil de 1% entre les marges de commercialisation
réalisées par les producteurs des deux départements.
L'analyse de la plus petite différence significative est
mentionnée dans le tableau 6.8.
Tableau 6.8. : Analyse de la plus petite
différence significative des marges des acteurs des deux
départements
Catégorie1
|
Catégorie2
|
Différence de moyenne (1-2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Producteur
|
Collecteur
|
44.38412
|
13.65813
|
0.006***
|
Producteur
|
Courtiers
|
43.21927
|
8.990881
|
0.000***
|
Producteur
|
Grossiste
|
50.91429
|
14.44826
|
0.002***
|
Courtiers
|
Collecteur
|
1.16485
|
14.32477
|
1.000
|
Grossiste
|
Collecteur
|
-6.53018
|
18.25144
|
0.984
|
Grossiste
|
Courtiers
|
-7.69503
|
15.08001
|
0.957
|
*** =significatif à 1%
Source : Enquête, 2007
Il ressort de l'analyse de ce tableau que la différence
entre les marges réalisées par les producteurs et celles
réalisées par les autres acteurs de commercialisation des noix de
cajou est statistiquement significative au seuil de 1% dans les deux
départements. Cependant la différence entre les marges
réalisées par les commerçants n'est pas significative au
seuil de 1% ni au seuil de 5%.
Tableau 6.9. : Comparaison des marges
commerciales entre les acteurs de Kouandé.
Source de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Moyenne des carrés
|
Valeur de F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
38733.15
|
3
|
12911.05
|
3.029
|
0.035**
|
Intra-groupes
|
323981.7
|
76
|
4262.917
|
Total
|
362714.8
|
79
|
|
** = significatif à 5%
Source: Enquête, 2007
L'analyse de ce tableau montre qu'il y a une grande
différence significative entre les diverses catégories d'acteurs
du système de commercialisation en ce qui concerne la réalisation
des marges commerciales à Kouandé. L'analyse de la plus petite
différence significative est mentionnée dans le tableau 6.10.
Tableau 6.10. : Analyse de la plus
petite différence significative des marges des acteurs de
Kouandé.
Catégorie1
|
Catégorie2
|
Différence de moyenne (1-2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Producteur
|
Collecteur
|
41.0638
|
28.5842
|
0.481
|
Producteur
|
Courtiers
|
47.0562
|
16.2622
|
0.025**
|
Producteur
|
Grossiste
|
28.1855
|
26.75
|
0.718
|
Courtiers
|
Collecteur
|
-5.9924
|
29.4682
|
0.997
|
Grossiste
|
Collecteur
|
12.8783
|
36.3246
|
0.985
|
Grossiste
|
Courtiers
|
18.8707
|
27.6925
|
0.904
|
** =significatif à 5%
Source : Enquête, 2007
De l'analyse de ce tableau, il ressort que la
différence entre les marges réalisées par les producteurs
et celles réalisées par les courtiers est statistiquement
significative au seuil de 5%. Le même tableau révèle que
les marges réalisées par les grossistes et les autres acteurs de
commercialisation des noix de cajou de la même commune ne sont pas
significativement différentes au seuil de 5%.
Tableau 6.11. : Comparaison de moyennes des
marges entre les acteurs de Djougou
Source de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Moyenne des carrés
|
Valeur de F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
29333.78
|
3
|
9777.926
|
9.669
|
0.000***
|
Intra-groupes
|
76860
|
76
|
1011.316
|
Total
|
106193.8
|
79
|
|
*** =significatif à 1%
Source: Enquête, 2007
Il ressort de l'analyse de ce tableau qu'il y a une
différence hautement significative au seuil de 1% entre les marges
réalisées par les différents acteurs de la commune de
Djougou. L'analyse de la plus petite différence significative est
mentionnée dans le tableau 6.12.
Tableau 6.12. : Analyse de la plus petite
différence significative des marges des acteurs de Djougou.
Catégorie1
|
Catégorie2
|
Différence de moyenne (1-2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Producteur
|
Collecteur
|
41.1773
|
11.2434
|
0.003***
|
Producteur
|
Courtiers
|
39.2363
|
8.3218
|
0.000***
|
Producteur
|
Grossiste
|
27.9288
|
13.0291
|
0.149
|
Courtiers
|
Collecteur
|
1.9409
|
12.0458
|
0.999
|
Grossiste
|
Collecteur
|
13.2484
|
15.6718
|
0.833
|
Grossiste
|
Courtiers
|
11.3075
|
13.7275
|
0.843
|
*** =significatif à 1%
Source : Enquête, 2007
L'analyse de ce tableau revèle que la différence
entre les marges réalisées par les producteurs et celles
réalisées par les collecteurs et les courtiers de la commune de
Djougou est statistiquement significative au seuil de 1%. Au même moment,
les marges réalisées par les grossistes et les autres acteurs de
commercialisation des noix de cajou de la même commune ne sont pas
significativement différentes au seuil de 5%.
Il ressort de l'analyse de tous ces résultats,
que les marges réalisées par les différents acteurs
de la commercialisation des noix dans les deux départements, varient
d'une catégorie à l'autre. Ceci nous amène à
rejeter l'hypothèse 3 selon laquelle « l'activité de
commercialisation de noix rémunère les différents acteurs
dans les mêmes proportions » au seuil de 5%.
En effet, la comparaison entre les moyennes des marges des
différents acteurs des deux communes révèle que les
producteurs et les grossistes de Kouandé ont des marges plus
élevées que les producteurs et les grossistes de Djougou. Ceci
est dû à l'expérience des producteurs de Kouandé
dans le domaine, d'une part, et d'autre part, aux coûts de
commercialisation plus élevés que supportent les grossistes de
Djougou par rapport à ceux de Kouandé. Par ailleurs, au niveau
départemental, les marges réalisées par les grossistes
sont inférieures à celles réalisées par les autres
catégories d'acteurs avec une moyenne de 21.48 F/kg par grossiste. Cette
situation peut s'expliquer par la concurrence élevée au niveau de
ces grossistes et les coûts élevés supportés par ces
derniers.
Quant aux collecteurs et courtiers, des deux
départements, ils obtiennent des bénéfices
substentiellement supérieurs à ceux des grossistes. En effet,
leur habileté leur permet de prendre plusieurs commandes à la
fois. Cela leur permet de jouir des commissions au niveau de plusieurs
grossistes.
L'autre constat est que la moyenne des marges
réalisée par les producteurs avec 72.40 F/kg par producteur, est
supérieure à celle réalisée par les collecteurs,
courtiers et grossistes dans les deux départements. A première
vue on dira que les producteurs sont avantagés par rapport aux autres
acteurs. Mais, la répartition des bénéfices
générés par le système entre producteurs et
commerçants, montre qu'environ 52,08% des bénéfices
générés reviennent aux commerçants contre 47,92%
pour le producteur. Mieux, en prenant en compte d'autres facteurs comme la
durée du travail, les producteurs sont défavorisés. Car
les commerçants travaillent seulement pendant la campagne qui ne dure
que quatre à cinq mois ; tandis que les producteurs travaillent
pendant toute l'année.
6.1.3. Efficacité de
la commercialisation par acteur
On dira d'un marché qu'il est efficace si les marges
brutes, c'est à dire les différences des prix de vente et des
prix d'achat, sont statistiquement égales aux différentes charges
supportées par les divers acteurs du système de
commercialisation. Au cas contraire le système est inefficace (Sodjinou,
2000). Dans le cas de la présente étude les marges brutes sont
comparées aux coûts supportés par les différents
acteurs dans les deux départements. Pour étudier
l'efficacité du système au niveau de chaque acteur, le test de
comparaison du coût et de la marge brute a été fait. Les
différents résultats se présentent dans le tableau
suivant :
Tableau 6.13. : Comparaison des coûts et
des marges brutes au niveau de tous les acteurs des deux
départements.
Catégorie
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Intervalle de confiance 95% de la
différence
|
Valeur de T
|
ddl
|
Signifi-cation
|
Inférieur
|
Supérieur
|
Producteurs
|
72.3978
|
69.5337
|
56.92389
|
87.87184
|
9.313
|
79
|
0.000***
|
Collecteurs
|
9.3196
|
3.4961
|
7.4566
|
11.1825
|
10.663
|
15
|
0.000***
|
Courtiers
|
3.3447
|
2.6387
|
2.5948
|
4.0946
|
8.963
|
49
|
0.000***
|
Grossistes
|
-0.424
|
31.8089
|
-18.79
|
17.9419
|
-0.05
|
13
|
0.961
|
***= significatif à 1%
Source : Enquête, 2007
Il se dégage de la lecture de ce tableau qu'il y a une
différence significative au seuil de 1% entre les coûts et les
marges brutes au niveau des producteurs, les collecteurs et les courtiers des
deux départements. Le système de commercialisation n'est donc pas
efficace au niveau de ces trois catégories d'acteurs, car ils
réalisent des marges nettement supérieures aux coûts
engagés. Ceci est dû au fait que ces acteurs supportent les
coûts les plus bas dans le processus de vente/achat des noix de cajou.
L'analyse du même tableau montre qu'il n'y a pas de
différence significative entre les coûts et les marges, seulement
au niveau des grossistes des deux départements. La commercialisation est
donc efficace au niveau de cette catégorie d'acteurs au seuil de 5%.
Dans ces conditions, il n'existe pas de possibilité de réaliser
de grands profits par les grossistes malgré leur faible nombre. Ceci est
dû au fait que les grossistes investissent de fortes sommes dans le
transport, les commissions des collecteurs, les charges diverses, etc.
Pour mieux apprécier la rentabilité de
l'activité de commercialisation des noix dans les deux
départements, le ratio marge commerciale / coût par
acteur a été calculé. Les résultats statistiques
sont présentés dans le tableau 6.14. et donnent une idée
sur le bénéfice réalisé par unité de
coût investi.
Tableau 6.14. : Comparaison
ratio marge net / coût des acteurs des deux
départements
Acteurs
|
N
|
Ratio moyen
|
Ecart type
|
Erreur standard
|
Producteurs
|
72
|
1.7978
|
1.7222
|
0.203
|
Collecteurs
|
16
|
1.9406
|
0.0266
|
0.00666
|
Courtiers
|
50
|
1.9488
|
0.0238
|
0.00337
|
Grossistes
|
14
|
1.7633
|
0.3201
|
0.0855
|
Source: Enquête, 2007
L'analyse du tableau montre que la moyenne des ratios est
supérieure à l'unité (1) pour chaque catégorie
d'acteurs dans les deux départements. Ce qui permet de dire que les
activités de production et de commercialisation des noix de cajou sont
toutes deux rentables. En effet, une dépense de 1 F consentie par un
producteur lui procure une marge nette de 1.7978 alors que la même
dépense faite par un collecteur ou un courtier lui procure une marge
commerciale de 1.94 F dans les deux départements. Ainsi par unité
d'investissement, le collecteur ou le courtier tire un profit
substentiellement plus grand que le bénéfice obtenu par le
producteur. Cette marge de bénéfice est de 15 F pour 100 F
investi.
Les grossistes obtiennent une marge commerciale de 1.7633 pour
une dépense de 1 F. Ils réalisent presque le même
bénéfice que le producteur par unité d'investissement. On
remarque que les collecteurs et les courtiers sont plus avantagés que
les grossistes des deux départements.
Tout ceci confirme que la commercialisation des noix de cajou
dans les départements de l'Atacora et de la Donga est rentable avec
cependant des taux de rentabilité un peu plus élevés au
niveau des collecteurs et des courtiers.
Il ressort de cette étude que le marché des
noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga est
globalement inefficace. On pourrait alors s'attendre à une entrée
de nouveaux acteurs dans le système, car les marges obtenues sont plus
ou moins intéressantes.
6.2. Analyse des marges
commerciales entre producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant
la vente individuelle
Pour remédier au problème de mise en
marché de leurs produits, les producteurs d'anacarde des
départements de l'Atacora et de la Donga se sont regroupés au
sein de URPA pour faire la vente groupée. Cette expérience qui a
pris corps depuis 2004, dans les deux départements, a permis de
suppléer un tant soit peu à la faiblesse de négociation
des producteurs pris individuellement. Par cette vente groupée, bon
nombre d'intermédiaires sont supprimés et cela devrait
normalement améliorer sensiblement les prix aux producteurs. Dans le but
de voir si la vente groupée améliore le revenu des producteurs
par rapport à l'ancien système de commercialisation, nous avons
procédé à une comparaison de moyennes des marges entre
producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la vente
individuelle. Les résultats de cette analyse sont consignés dans
le tableau 6.15. suivant :
Tableau 6.15. : Comparaison de moyennes des
marges entre producteurs faisant la vente groupée et ceux faisant la
vente individuelle
Marges nettes
|
Valeur de t
|
ddl
|
Sig
|
Différence de moyenne
|
Différence écart-type
|
Intervalle de confiance 95% de la
différence
|
Inférieure
|
Supérieure
|
1.502
|
61.732
|
0.138
|
22.56391
|
15.01971
|
-7.46266
|
52.59048
|
Source : Enquête, 2007
Il ressort de de la lecture de ce tableau qu'il n y a pas de
différence significative au seuil de 5% entre les marges
réalisées par les producteurs faisant la vente groupée et
ceux faisant la vente individuelle. Les moyennes de marges sont d'ailleurs de
68.85 F/kg et 71.42 F/kg respectivement par producteur faisant la vente
groupée et celui qui fait la vente individuelle. On pourrait même
dire que la marge commerciale issue de la vente individuelle est plus
élevée que celle issue de la vente groupée. Cette
situation s'explique par un certain nombre de difficultés
rencontrées par l'expérience de vente groupée et dont les
principales sont :
Ø Tentative de destabilisation de l'initiative par des
acheteurs et des intermédiaires privés ;
Ø Non maîtrise des charges au cours des
différentes opérations de vente et augmentation artificielle des
frais de gestion de l'opération ;
Ø Non maîtrise du système de
détermination du KOR ;
Ø Non respect des engagements par l'acheteur.
L'hypothése selon laquelle la vente groupée des
noix de cajou améliore la marge bénéficiaire des
producteurs se trouve ainsi rejetée et nous concluons que la vente
groupée dans sa forme actuelle n'améliore pas la marge
bénéficiaire des producteurs.
CHAPITRE 7 :
CONTRAINTES LIEES A LA PRODUCTION ET A LA COMMERCIALISATION DES NOIX DE
CAJOU
La commercialisation des noix de cajou est une activité
déjà bien développée dans l'Atacora/Donga et qui
présente une certaine effervescence provoquée par une
augmentation régulière de demande de noix à l'exportation.
Cette activité constitue une opportunité particulièrement
interessante en matière de diversification des sources de revenu des
producteurs dans la mesure où, pour répondre à des besoins
pressants de santé, de scolarisation, d'alimentation, de
cérémonies, etc. les paysans font recours aux revenus issus de la
vente des noix de cajou.
Toutefois, il faut noter que l'activité souffre de
plusieurs problèmes qui menacent l'avenir de la filière et qui
touchent à l'augmentation, voire au maintien, du niveau de production et
à sa rentabilité future. Ainsi, plusieurs contraintes ont
été évoquées par les différents acteurs du
système de commercialisation. Ces contraintes sont regroupées en
deux grandes catégories à savoir les contraintes liées
à la production et les contraintes relatives au stockage/conservation et
à la commercialisation.
7.1. Contraintes à la production des noix de cajou
Au niveau de la production, les plants sont souvent
attaqués par des fourmis et des coléoptères. Les
dégâts engendrés par les coléoptères portent
sur la perforation des tiges d'anacarde, ce qui conduit souvent à la
chute de l'arbre. Les fourmis, quant à elles, construisent des nids sur
l'arbre (par enroulement des feuilles) et s'attaquent aux fleurs et fruits de
l'anacardier. Les insectes provoquent la chute des fruits et des fleurs. Tout
ceci conduit à la perte des noix et par ricochet la baisse de rendement.
Il existerait aussi des vers qui s'attaquent aux feuilles et aux tiges de
l'anacardier.
On note aussi un manque d'intrants spécifiques. Les
producteurs utilisent parfois des insecticides coton pour lutter contre les
insectes. Ils souhaitent dans l'avenir, avoir des produits chimiques
spécifiques afin de lutter efficacement contre ces insectes et obtenir
des produits sains commercialement concurrentiels.
En outre, les producteurs ont évoqué la
pénibilité de l'entretin des plantations, l'insufisance de moyens
financiers, le manque d'appui technique, l'inorganisation des producteurs, les
feux de brousse, le mauvais rendement, le vol des noix dans les plantations et
les aléas climatiques (pluviométrie) comme contraintes
liées à la production des noix de cajou.
7.2. Contraintes relatives
au stockage/conservation et à la commercialisation
En ce qui concerne le stockage/conservation et la
commercialisation, les contraintes sont fonction de type d'acteur.
Pour les producteurs, les principales contraintes de cet ordre
sont : les Incendies, le manque de magasins de stockage, le faible prix
de vente, le manque de marché d'écoulement intéressant, la
forte fluctuation des prix, le manque d'entente entre producteurs
vis-à-vis des acheteurs, le non respect du prix plancher et
l'inorganisation de la commercialisation.
Pour les commerçants enquêtés, les
facteurs menaçant la performance de la filière sont : le
monopole des indo-pakistanais, la pénibilité du transport, la
fluctuation des prix (conséquence d'une fluctuation des cours du dollar
américain), le manque de confiance aux courtiers, le mode de fixation du
prix, la diminution du poids des noix par dessication, la concurrence de prix
d'achat entre commerçants, les tracasseries routières, le
non-respect des engagements par les courtiers, les tracasseries liées
aux négociations avec les exportateurs au port, le retard dans le
ramassage des produits, l'insuffisance de débouché, les taxes
communales et celles du conditionnement.
7.3. Hiérarchisation
des contraintes
Une hiérarchisation des contraintes à la
filière de l'anacarde a été effectuée, suite aux
classements faits par les acteurs selon l'acuité ou la
sévérité des contraintes. Les résultats obtenus
pour l'ensemble des enquêtés sont présentés aux
tableaux 7.1, 7.2 et 7.3. respectivement pour la production, le
stockage/conservation et commercialisation selon les producteurs et le
stockage/conservation et commercialisation selon les commerçants.
Tableau 7.1.
Résultats de la hiérarchisation des contraintes à la
production/entretien de l'anacarde
Contraintes
|
Rang moyen
|
Ordre
|
Test de concordance de Kendall
|
Insuffisance de moyens financiers
|
2,68
|
1
|
N
|
80
|
Pénibilité de l'entretien des plantations
|
2,94
|
2
|
W de Kendall
|
0,467
|
Vol des noix dans les plantations
|
3,14
|
3
|
Khi-deux
|
354,32
|
Feux de brousse
|
4,20
|
4
|
ddl
|
9
|
Dégâts des insectes (fourmis,
coléoptères)
|
4,79
|
5
|
Probabilité
|
0,000
|
Manque d'appui technique
|
5,47
|
6
|
|
|
Cherté/rareté de la main-d'oeuvre
|
5,58
|
7
|
|
|
Manque d'intrant spécifique
|
6,36
|
8
|
|
|
inorganisation des producteurs
|
6,78
|
9
|
|
|
Aléas climatiques (pluviométrie)
|
6,99
|
10
|
|
|
Source: Enquête, 2007
Tableau 7.2. :
Résultats de la hiérarchisation des contraintes au
Stockage/conservation et Commercialisation selon les producteurs
Contraintes
|
Rang moyen
|
Ordre
|
Test de concordance de Kendall
|
Faible prix de vente
|
2,54
|
1
|
N
|
80
|
Forte fluctuation des prix
|
2,78
|
2
|
W de Kendall
|
0,485
|
Manque d'entente entre producteurs vis à vis des
acheteurs
|
3,59
|
3
|
Khi-deux
|
421,47
|
Inorganisation de la commercialisation
|
4,74
|
4
|
ddl
|
10
|
Manque de marché d'écoulement intéressant
|
4,82
|
5
|
Probabilité
|
0,000
|
Manque de magasin de stockage
|
5,69
|
6
|
|
|
Pénibilité du transport
|
5,94
|
7
|
|
|
Non respect du prix plancher
|
6,05
|
8
|
|
|
Pourriture due à la pluie
|
6,07
|
9
|
|
|
Mauvais rendement
|
6,52
|
10
|
|
|
Incendie
|
6,80
|
11
|
|
|
Source : Enquête, 2007
Tableau 7.3. :
Résultats de la hiérarchisation des contraintes au
Stockage/conservation et Commercialisation selon les
commerçants
Contraintes
|
Rang moyen
|
Ordre
|
Test de concordance de Kendall
|
Fluctuation des prix
|
3,56
|
1
|
N
|
80
|
Pénibilité du transport
|
4,39
|
2
|
W de Kendall
|
0,328
|
Diminution du poids des noix par dessiccation
|
4,92
|
3
|
Khi-deux
|
126,58
|
Concurrence de prix d'achat entre commerçants
|
5,84
|
4
|
ddl
|
15
|
Mauvaise foi des autres courtiers qui truandent
|
6,25
|
5
|
Probabilité
|
0,000
|
Vol
|
7,16
|
6
|
|
|
Mode de fixation du prix
|
7,51
|
7
|
|
|
Entretien et sécurité du produit au magasin
|
7,73
|
8
|
|
|
Tracasserie routière
|
8,48
|
9
|
|
|
Non-respect des engagements par les collecteurs
|
8,73
|
10
|
|
|
Les tracasseries liées aux négociations avec les
exportateurs au port
|
8,92
|
11
|
|
|
Commission des courtiers et leur mauvaise foi
|
9,18
|
12
|
|
|
Retard dans le ramassage des produits
|
9,32
|
13
|
|
|
Insuffisance de débouché
|
9,36
|
14
|
|
|
Taxe de mairie
|
9,54
|
15
|
|
|
Taxe conditionnement
|
9,57
|
16
|
|
|
Source : Enquête, 2007
L'analyse des résultats de ces tableaux montre que les
quatre premières contraintes à la production d'anacarde
sont : l'insuffisance de moyens financiers, la pénibilité de
l'entretien des plantations, le vol des noix dans les plantations et les feux
de brousse.
En ce qui concerne le stockage/conservation et la
commercialisation, les quatre premières contraintes selon les
producteurs sont : le Faible prix de vente, la forte fluctuation des prix,
le manque d'entente entre producteurs vis-à-vis des acheteurs et
l'inorganisation de la commercialisation.
Pour les commerçants, les quatre premières
contraintes au stockage/conservation et à la commercialisation des noix
cajou sont : la fluctuation des prix (conséquence d'une fluctuation
des cours du dollar américain), la pénibilité du
transport, la diminution du poids des noix par dessiccation et la concurrence
de prix d'achat entre commerçants.
7.4. Arbres à
problèmes des principales contraintes
Les quatre premières contraintes de chaque
catégorie ont été retenues pour l'élaboration
d'arbres à problèmes. La représentation schématique
de ces arbres est donnée par les figures 7.1 à 7.12. Rapellons
que le tronc de l'arbre symbolise la contrainte, ces racines correspondent aux
causes des contraintes et les branches représentent les effets. A titre
d'exemple, la figure 7.1 montre que le faible prix de vente les charges
familiales des producteurs, le manque de crédits et le bradage de la
récolte sont les principales causes de l'insuffisance de moyens
financiers. Les conséquences de cette contrainte sont la faible
superficie emblavée, le mauvais entretien des parcelles, les prêts
auprès des commerçants et par ricochet la baisse du rendement et
la pauvreté des producteurs.
Figure 7.1. Arbre à
problèmes relatif à l'insuffisance de moyens financiers
Remboursement avec les noix cajou
Baisse du rendement
Pauvreté
Bradage de la récolte
Prêts auprès des commerçants
Mauvais entretien des plantations
Faibles superficie emblavée
Insuffisance de moyens financiers
Faible prix de vente
Manque de crédits
Bradage de la récolte
Trop de Charges familiales (scolarisation, soin
sanitaires...)
Source : Enquête, 2007
Figure 7.2. Arbre à
problèmes relatif à la pénibilité de l'entretien
Découragement
Baisse de revenu
Faible rendement
Feu de brousse
Pénibilité de l'entretien des
plantations
Méconnaissance de techniques d'entretien et de
production
Manque de main-d'oeuvre
Nécessité de main-d'oeuvre
Coïncidence avec l'entretien des autres champs
Insuffisance de moyens financiers
Grandes emblavures
Faible prix de vente
Source : Enquête, 2007
Figure 7. 3. Arbre à problèmes relatif
au Vol des noix dans les plantations
Baisse du rendement
Noix de mauvaise qualité
Avortement des fleurs prvoqué par les voleurs qui
sécouent les branchages
Récolte de noix immatures
Gardiennage
Vol des noix dans les plantations
Manque d'emploi
Recherche de gain facile
Délinquence des jeunes
Paresse des jeunes
Source : Enquête, 2003
Figure 7.4. Arbre à problèmes relatif
aux Feux de brousse
Baisse de production
Destruction des plantations
Feux de brousse
Manque d'entretien
Feux incontrôlés
Pare-feux mal confectionné
Jalousie
Action des braconniers
Source :
Enquête, 2007
Figure 7.5. Arbre à problèmes relatif
au faible prix de vente
Découragement
Baisse de revenu
Faible prix de vente
Nombre élevé d'intermédiaire
Fixation du prix par l'acheteur
Fluctuation du dollar ($US)
Inorganisation des producteurs
Manque d'entente
Source : Enquête, 2007
Figure 7. 6. Arbre
à problèmes relatif à la forte fluctuation des
prix
Perte de poids
Stockage des noix pendant de longue durée
Baisse de revenu
Endettement
Forte fluctuation des prix
Mise en marché simultanée des noix
Fuite de responsabilité de l'Etat
Chute des cours du dollar
Inexistence d'autres marchés
Nombre élevé d'intermédiaires
Concentration de la récolte sur une courte
période
Source : Enquête, 2007
Figure 7.7. Arbre à problèmes relatif
au Manque d'entente entre producteurs
Baisse de revenu
Baisse de revenu
Simulations des commerçants
Faible prix de vente
Bradage des noix
Manque d'entente entre producteurs
Insuffisance des structures d'appui technique
Non intervention de l'Etat
OPs installées non fonctionnelles
Innorganisation des producteurs
Source : Enquête, 2007
Figure 7.8. Arbre à problèmes relatif
à l'innorganisation de la commercialisation
Concurrence déloyale
Non respect du prix plancher
Fluctuation des prix
Faible prix de vente
Innorganisation de la commercialisation
Absence de règles d'accès au marché
Innorganisation des producteurs
Nombre élevé d'intermédiaires
Innorganisation de la filière
Non intervention de l'Etat
Source : Enquête, 2007
Figure 7. 9. Arbre à problèmes relatif
à la forte fluctuation des prix
Endettement
Baisse de revenu
Vente en dessous du prix d'achat
Bradage
Baisse de revenu
Fluctuation des prix (commerçants)
Manque d'entente entre commerçants
Nombre élevé d'intermédiaires
Concurrence déloyale entre commerçants
Fluctuation du dollar
Fixation du prix par l'acheteur
Non intervention de l'Etat
Multiplicité de commerçants de noix
Innorganisation du marché
Source : Enquête, 2007
Figure 7. 10. Arbre à problèmes relatif
à la pénibilité du transport
Baisse de profit
Découragement
Endettement
Pénibilité du transport
Tracasséries routières
Manque de moyens de transport
Voies d'accès impraticables
Coûts de transport élevés
Villages enclavés
Insuffisance du capital
Source : Enquête, 2007
Figure 7. 11. Arbre à problèmes relatif
à la diminution du poids des noix par dessiccation
Vente en dessous du prix d'achat
Baisse de bénéfice
Dimunition du poids des noix
Nombre élevé d'intermédiaires
Taux d'humidité élevé dans les noix
achetées
Stockage des noix pendant de longue durée
Noix pas bien mures à la récolte
Vol de noix dans les plantations
Villages enclavés
Source: Enquête, 2007
Figure 7. 12. Arbre à problèmes relatif
à la concurrence de prix d'achat entre commerçants
Baisse de profit
Découragement
Endettement
Concurrence de prix d'achat entre
commerçants
Rivalités entre commerçants
Recherche de quantités importantes de noix
Non respect du prix plancher
Rareté des noix
Mauvaise foi de certains commerçants
Insuffisance de la production locale
Source : Enquête, 2007
Indépendemment de ces différentes contraintes
énumérées, la vente groupée qui fut introduite dans
les deux départements en 2004, comporte aussi des insuffisances qui
démotivent les producteurs à participer massivement à
cette expérience bien qu'elle soit initiée dans le but
d'améliorer leurs marges bénéficiaires. Ces insuffisances
ont pour noms :
- Achat tardif et à compte goutte des noix ;
- Retard dans la fourniture des sacs vides aux Unions de
producteurs d'où l'achat par ces derniers des sacs et les
opérations fastidieuses de transvasement des noix qui s'en
suivent ;
- Retard dans l'enlèvement des noix pesées et
stockées par les unions de producteurs d'où une perte de poids et
donc de valeur lorsque l'acheteur vient peser et ramasser ;
- Non payement des producteurs à bonne date ;
- Tentatives de payement des producteurs au prix des noix au
moment du règlement plutôt qu'au moment de l'achat ;
- Attente vaine de certains producteurs pour participer
à la vente groupée en raison des ressources financières
limitées mobilisées par l'acheteur ;
- Non maîtrise des charges et frais de gestion des
différentes opérations par les producteurs ;
- Participation des femmes collectrices de noix à la
vente groupée ce qui limite la participation des producteurs à
l'opération ;
- Tentative de destabilisation de l'initiative par les
acheteurs privés ;
- La situation de pauvreté des producteurs.
Il serait donc interessant de trouver de nouvelles pistes
d'actions dans le sens de l'amélioration de cette commercialisation
collective car tous les producteurs reconnaissent le bien-fondé et les
avantages de l'expérience.
CHAPITRE 8 :
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
8.1. Conclusion
La présente étude dont l'objectif global est
d'analyser le système de commercialisation des noix de cajou produites
dans les départements de l'Atacora et de la Donga nous a permis
Ø d'identifier et de décrire les
différents acteurs de commercialisation et l'ensemble des
caractéristiques organisationnelles qui influent sur la concurrence et
le processus de formation du prix.
Ø de connaître les stratégies d'achat et
de vente, de même que le comportement des acteurs face aux fonctions de
commercialisation ;
Ø d'apprécier la performance économique
du système de à travers une analyse de la répartition des
coûts et bénéfices par acteur, le niveau
d'efficacité et le niveau de rentabilité de l'activité de
chaque acteur ;
Ø d'identifier les différentes contraintes
à chaque maillon de la chaîne de commercialisation.
le système de commercialisation des noix de cajou dans
les départements de l'Atacora et de la Donga est animé par
plusieurs types d'acteurs à savoir : les producteurs, les
collecteurs, les courtiers, les grossistes, les exportateurs et les
transformateurs dont l'activité est très peu
dévéloppée.
Les résultats du test de ÷2
montrent que le type d'acteur varie selon l'âge, le sexe, le niveau
d'insrtuction et l'origine des acteurs. Toutefois, la nationalité n'est
pas un facteur discriminant des différents types d'acteurs
rencontrés. On note une prédominance de jeunes au niveau des
collecteurs et des courtiers alors que les activités de collecte et de
la transformation constituent les maillons qui concentrent beaucoup plus les
femmes. L'analphabétisme caractérise les producteurs qui sont
pour la plupart de personnes âgées et la majorité des
acteurs rencontrés sur le terrain sont tous du milieu sauf que les
grossistes ne résident pas dans les zones de production. Tout ceci
montre que toute action envisagée dans le système doit tenir
compte de ces caractéristiques socio démographiques des
acteurs.
Par ailleurs, la commercialisation des noix de cajou suit des
circuits généralement non officiels et les fonctions de
commercialisation sont exécutées dans des conditions
précaires.
L'analyse des coûts et marges de commercialisation a
revélé que ces coûts et marges varient entre les
différentes catégories d'acteurs tant au niveau communal que
départemental. Dans les deux départements, les grossistes
supportent les coûts les plus élevés avec une moyenne de
48.7F/kg par grossiste. Une comparaison des moyennes entre les acteurs des
deux communes révèle que les producteurs de Djougou supportent
des coûts plus bas avec une moyenne de 33.15 F/kg par producteur alors
que les collecteurs, courtiers et grossistes de cette commune supportent les
coûts les plus élevés que ceux de la commune de
Kouandé. En outre, les producteurs et les grossistes de Kouandé
ont des marges plus élevées que les producteurs et les grossistes
de Djougou. 52,08% des bénéfices générés par
le système reviennent aux commerçants contre 47,92% pour le
producteur.
L'étude de l'efficacité du système au
niveau de chaque acteur montre que le commerce des noix de cajou est rentable
pour tous les acteurs mais son efficacité varie selon les acteurs.
Globalement on peut conclure que le système de commercialisation est
inefficace.
Au niveau des contraintes, le manque de moyens financiers, la
difficulté de l'entretien, le phénomène de vol des noix et
la fluctuation des prix constituent des menaces au développement et
à l'organisation de la filière.
8.2. Suggestions
Au terme de cette étude, il importe que quelques
suggestions soient formulées pour l'amélioration du
système de commercialisation des noix de cajou dans les
départements de l'Atacora et de la Donga en particulier et au
Bénin en général. Ainsi, en se basant sur les contraintes
précédemment présentées, les suggestions et
les actions suivantes sont formulées à l'endroit du ProCGRN et
des décideurs politiques :
Suggestions
|
Actions à mener
|
Améliorer les opérations de
pré-collecte des noix de cajou
|
Construire des magasins communautaires de stockage.
|
Appuyer les CVPA dans la lutte contre le vol des noix dans les
plantations.
|
Désenclaver les villages de production par l'ouverture
de piste de desserte rurale.
|
Promouvoir et soutenir la mise en place de
micro-crédits pour les producteurs des noix de cajou
|
Réaliser une étude des besoins en financement des
producteurs pour la mise en place et l'entretien des plantations.
|
Faire de l'intermédiation entre les structures
financières et les producteurs organisés.
|
Démontrer aux structures financières la
rentabilité de la production et de la commercialisation des noix de
cajou.
|
Contribuer avec les structures intervenant dans le
domaine à l'assainissement du système de
commercialisation
|
Mettre en place un cadre de concertation et d'analyse entre les
différents acteurs (Etat, producteurs, commerçants, exportateurs,
transformateurs).
|
Faire au sein du cadre de concertation, l'état des lieux
et arrêter les mesures requises pour le bon déroulement de la
campagne de commercialisation.
|
Introduire de règles d'accès au marché pour
mettre fin à l'intervention illégale et très peu
organisée des inermédiaires non professionnels.
|
Renforcer les capacités organisationnelles des
producteurs pour améliorer leur pouvoir de décision dans les
divers processus de commercialisation
|
Redynamiser les organisations paysannes existentes et les
rendre plus fonctionnelles.
|
Promouvoir des organisations de producteurs dans les villages
où elles n'existent pas encore.
|
Mettre à la disposition des producteurs des structures
d'appui techniques et de suivi des plantations d'anacarde.
|
Accompagner les producteurs à la maîtrise des
techniques de production et à la mise en marché des produits de
récolte.
|
Former les producteurs sur les techniques de marketing et
commercialisation des produits agricoles.
|
Améliorer le niveau d'information des producteurs
sur les prix et les exigences du marché des noix de cajou
|
Recruter un agent de renseignement chargé de collecter les
informations sur la filière.
|
Organiser des séances d'infomation avant l'ouverture de
la campagne de commercialisation
|
Faire diffuser des informations relatives aux niveaux des prix et
les exigences du marché des noix de cajou sur les radios locales ou de
proximité.
|
Contribuer à la traçabilité de la
noix de cajou made in Atacora/Donga pour conserver le label des noix du
Bénin
|
Former les producteurs à la gestion de la qualité
des noix et poursuivre les actions relatives à la production du
matériel végétal de qualité.
|
Désigner et Former des contrôleurs qualité
dans les CVPA.
|
Mettre en place un système de suivi des conditions de
récolte et stockage.
|
Introduire et promouvoir des techniques de Test de qualité
des noix avant commercialisation.
|
Sensibiliser les acheteurs quant à la
nécéssité d'assurer la traçabilité des noix
de cajou exportée.
|
Promouvoir la transformation et la consommation sur place
des noix de cajou
|
Recenser les expériences de transformation artisanale et
semi-industrielle.
|
Réaliser des études de faisabilité technique
et financière d'implatation des unités de transformation
artisanale et semi-industrielle
|
Expérimenter des unités de transformation
artisanale au niveau des groupements de producteurs d'anacarde.
|
Appuyer la commercialisation et le marketing des amandes
produites.
|
Réaliser une étude de recherche de
débouché Sud-Sud (dans l'espace UEMOA) pour exporter les
amandes.
|
Réaliser une étude d'exportation directe des
produits transformés vers l'Europe.
|
Améliorer le schéma actuel de la vente
groupée
|
Mettre à disposition des CVPA des agents commerciaux
|
Sélectionner plusieurs acheteurs et négocier des
contrats de commerce extérieur
|
Eviter de stocker longtemps
|
Encourager le respect des prix contractuels et le paiement au
comptant
|
Réaliser des formations sur la qualité
|
Références
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pp 1-25.
* 1 Les marchés
formels sont des marchés soumis à un certain contrôle
officiel et qui ont une date précise d'animation.
* 2 Les autres calibers de
noix qu'on peut rencontrer sont : W 210 ; W 240 ; W280 ; W
400 ; W 450 et W 500.
|