Analyse de la vulnérabilité de la santé de la femme: cas du cameroun( Télécharger le fichier original )par Monde MAMBIMONGO WANGOU Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur Statisticien 2009 |
1ere PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET FONDEMENTS THEORIQUES« L'équité en santé doit être une caractéristique centrale de la justice dans les accords sociaux en général. L'équité en santé ne concerne pas seulement la santé prise isolément, mais doit être abordée dans le cadre plus large de l'impartialité et de la justice des accords sociaux, y compris ceux qui concernent la distribution économique, en accordant une attention particulière au rôle de la santé dans la vie et la liberté de l'homme9(*) ». Amartya Sen, prix Nobel d'économie (1998) Dans cette partie, sont abordés les différents aspects théoriques du concept de santé. Des définitions de la santé jusqu'à la revue des travaux empiriques sur les facteurs sociaux de la santé, en passant par les indicateurs de santé, les problèmes de santé de la femme, constitueront l'essentiel des deux premiers chapitres de cette étude. Le premier chapitre est constitué des vérités d'ordre général tandis que le second est le résultat des travaux menés sur les éventuels liens qui existent entre la santé et certaines caractéristiques socioéconomiques des populations à travers le monde. CHAPITRE 1 : LES ASPECTS CONCEPTUELS DE LA SANTELa santé de la femme est un état de complet bien-être physique, mental et social de la femme tout au long de sa vie et ne se limite pas simplement à sa santé génésique. Elle est le résultat de l'interaction de différents facteurs : influences biologiques, psychologiques et socioculturelles ; conditions liées à l'environnement et à l'emploi ; et le développement économique (Résolution WHA45.25, 1992). De par le monde, la position sociale peu élevée, l'accès limité aux services de santé, le faible niveau d'instruction et l'aspect biologique constituent des déterminants de la mauvaise santé des femmes. En Afrique, nombreuses sont les femmes victimes de discriminations socioculturelles et des pratiques traditionnelles néfastes, à l'instar des mutilations sexuelles féministes (MSF) et des mariages forcés. A propos du SIDA et de la tuberculose, en Afrique subsaharienne, 55% des 28,1 millions d'adultes infectés par le virus sont des femmes. Les taux de transmission du virus de la mère à l'enfant oscillent entre 25 à 40% (ONUSIDA/OMS, 2000). Chaque année, la tuberculose décime environ un million de femmes âgées de 15 à 44 ans. Ces deux maladies, associées au paludisme constituent les maladies les plus meurtrières chez les femmes africaines. A coté des maladies dont on peut maîtriser les statistiques, se cachent d'autres problèmes aussi néfastes mais difficiles à saisir : il s'agit par exemple des violences faites à l'égard des femmes, des mutilations sexuelles féminines et des tabous nutritionnels très prononcés dans les traditions africaines. 1.1 DEFINITIONS DE LA SANTELa notion de santé n'est pas facile à définir. Les quelques tentatives de définitions tirées de l'encyclopédie en ligne (Wikipédia), renvoient toutes ou moins au concept de bien-être. Aussi, pour René Dubois, la santé se définit comme: « un état physique et mental relativement exempt de gênes et de souffrances qui permet à l'individu de fonctionner aussi longtemps que possible dans le milieu où le hasard ou le choix l'ont placé ». Mais, la définition la plus utilisée est celle de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) même si elle parait quelque peu ambiguë. Pour cette organisation : « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». De toute évidence, si l'on se base sur la définition de l'OMS, on ne sera pas étonné de constater que la presque totalité de la population mondiale soit en mauvais état de santé. Un point important à noter dans cette définition est le fait qu'une absence de maladie ou d'infirmité ne traduit pas forcément un bon état de santé. En réalité, il faut relativiser lorsque l'on parle de la santé. Une personne peut être blessée sans que cette blessure ne l'empêche de vaquer normalement à ces occupations habituelles. Parmi les définitions citées ci-haut, celle de René Dubois parait plus acceptable, car elle impose une condition, à savoir la capacité de se mouvoir, de travailler ou de s'exercer dans la mesure du possible. Cependant, à coté du concept de santé, on associe souvent les notions de santé mentale, santé reproductive et santé publique. 1.1.1 Santé mentaleComme la notion de santé, celle de la santé mentale ne semble pas avoir de définition unanime aux différentes organisations. On sait par ailleurs que le mental renvoie à ce qui est se passe dans l'esprit. Ce qui n'est pas facile à saisir. Le Comité de la Santé Mentale du Québec (CSMQ) propose la définition suivante : La santé mentale est définie brièvement comme l'état d'équilibre psychique d'une personne à un moment donné et s'apprécie entre autres à l'aide des éléments suivants: le niveau de bien-être subjectif, l'exercice des capacités mentales et les qualités des relations avec le milieu. Elle résulte d'interactions entre des facteurs de trois ordres: des facteurs biologiques, relatifs aux caractéristiques génétiques et physiologiques de la personne ; des facteurs psychologiques, liés aux aspects cognitifs, affectifs et relationnels, et des facteurs contextuels, qui ont trait aux relations entre la personne et son environnement. Ces facteurs sont en évolution constante et s'intègrent de façon dynamique chez la personne. L'OMS quant à elle propose une définition beaucoup plus explicite que la première : Une personne en bonne santé mentale est une personne capable de s'adapter aux diverses situations de la vie, faites de frustrations et de joies, de moments difficiles à traverser ou de problèmes à résoudre. Une personne en bonne santé mentale est donc quelqu'un qui se sent suffisamment en confiance pour s'adapter à une situation à laquelle elle ne peut rien changer ou pour travailler à la modifier si c'est possible. Cette personne vit son quotidien libre des peurs ou des blessures anciennes qui pourraient contaminer son présent et perturber sa vision du monde. De plus, une personne en bonne santé mentale est capable d'éprouver du plaisir dans ses relations avec les autres. Bref, posséder une bonne santé mentale, c'est parvenir à établir un équilibre entre tous les aspects de sa vie: physique, psychologique, spirituel, social et économique. Ce n'est pas quelque chose de statique, c'est plutôt quelque chose qui fluctue sur un continuum, comme la santé physique. * 9 Cité dans `'la santé pour tous : pour quand ? `', Julio Javier Espindola, la santé publique n°184, avril 2004, p.2 |
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