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QUELQUES STATISTIQUES SUR LA SANTE DE LA FEMME AU CAMEROUN
Les statistiques relatives à la santé de la
population camerounaise ne sont pas faciles à recueillir à cause
du manque de système de centralisation de l'information sanitaire. Dans
ces conditions, les informations disponibles sur la santé de la femme au
Cameroun sont estimées à partir des enquêtes relatives
à la santé menées au niveau national. Ainsi, les
statistiques que nous allons citer dans la suite sont exclusivement
tirées du rapport de l'Enquête Démographique et de
Santé au Cameroun (EDSC-III) de 2004.
D'après l'EDSC 3, le paludisme est la maladie la plus
prévalente au Cameroun et est la cause d'environ 35 % à 40 % des
décès dans les formations sanitaires. On sait que la
prévention des risques et des complications lors de l'accouchement sont
améliorées par le suivi des femmes enceintes. A partir de
l'enquête, il apparaît que parmi les dernières naissances
vivantes des cinq dernières années, 16 % des mères n'ont
pas effectué de consultation prénatale. Les disparités en
termes de niveau d'instruction sont frappantes : 95 % de femmes de niveau
secondaire ou plus ont eu un suivi prénatal contre seulement 58 % de
celles qui n'ont pas d'instruction.
De même, le niveau de richesse des ménages semble
aussi influencer la proportion de femmes ayant bénéficié
de soins prénatals : 97 % pour les femmes de ménages de
« quintile le plus riche » contre 65 % de celles de
ménages de «quintile le plus pauvre ».
Il semble se poser un problème de manque de dispense
d'informations aux femmes enceintes alors qu'il s'est avéré que
l'efficacité des soins prénatals dépend non seulement du
type d'examens effectués pendant les consultations, mais aussi des
conseils prodigués aux femmes. L'enquête révèle
qu'environ 38 % de femmes enceintes n'ont pas été
informées des complications relatives à la grossesse.
A propos des accouchements, il ressort qu'environ 62 % de
naissances se sont déroulés avec l'assistance du personnel
formé (sages-femmes, infirmières, aides soignants). Mais il
ressort également que 21 % des naissances n'ont connu que l'assistance
des parents et amis.
Les résultats de l'EDS 2004 révèlent une
prévalence d'environ 1,4 % de femmes excisées. Cette
prévalence atteint son firmament chez les femmes de l'ethnie Arabe
Choa/Peuls/Haoussa/Kanuri (13 %) mais un peu moindre parmi les musulmanes (6 %)
et l'Extrême Nord (5 %). Alors que l'excision fait partie des violences
faites aux femmes, la pratique semble être orchestrée par les
femmes elles mêmes : 89 % des cas d'excision sont pratiqués
par une praticienne traditionnelle (exciseuse ou accoucheuse).
Au Cameroun, les femmes déclarent avoir
été victimes d'une torsion du bras ou de gifles (32 %) et de
poussées ou de jets par terre (19 %). Proportion tout de même
étonnante, 16 % de femmes ont été victimes de violences
sexuelles et dans plus d'un cas sur trois par son mari/ partenaire. Concernant
le VIH/SIDA, la prévalence du virus parmi les femmes est 1,7 fois plus
importante que parmi les hommes. Cette prévalence s'établit
à environ 6,8 %. Hormis le VIH et les pathologies citées plus
haut, d'autres problèmes de santé sont aussi rencontrés
parmi les femmes mais très difficiles à recueillir. Les pratiques
telles que le repassage de la poitrine des filles ou l'engraissage de cette
dernière bien que quelque peu ignorée devraient également
faire l'objet de sections dans les enquêtes relatives à la
santé au Cameroun.
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