2.3.3
Relation entre l'occupation d'un emploi et la santé
La littérature ne semble pas beaucoup se prononcer sur
l'association entre l'occupation d'un emploi et la santé.
Néanmoins, certains chercheurs estiment que le fait d'être au
chômage affecte sérieusement la santé mentale (Morrell et
al, 1998). Les chômeurs pour la plupart confrontés au manque de
revenu consistant finissent par se considérer comme exclus de la
société dans laquelle ils vivent : manque d'estime
personnelle et perte d'identité.
Les études sur l'association entre l'occupation d'un
emploi et la santé s'intéressent particulièrement au
suicide et aux maladies cardiovasculaires.
En 1998, dans le souci de vérifier le lien entre le
chômage et la maladie physique ou psychologique, Morrell, Taylor et Kerr
interrogent dans le temps un échantillon de jeunes âgés de
15 à 24 ans et vivant à Sydney (enquête longitudinale
australienne). Deux cohortes de 8995 individus ont été
interrogées chaque année et pendant 4 ans au cours de la
deuxième moitié de la décennie des années 1980.
Kerry et al excluent de l'analyse les personnes qui étaient
insatisfaites de leur emploi, des travailleurs non salariés et des
personnes victimes de rupture de mariage au cours de la période des
enquêtes. Après estimation des risques relatifs
par rapport au groupe de contrôle, à savoir les
employés et un ajustement par l'âge et le sexe, Morrell et al
constatent que le risque relatif de devenir psychologiquement perturbé
en raison du chômage a été de 1,51 (95% : IC :
1,15-1,99), le risque relatif de rétablissement de la perturbation
psychologique sur le retour à l'emploi chez les personnes
psychologiquement troublées a été estimé à
1,63 (95% CI : 1,06-2,48). Ils constatent une forte association entre le
chômage des jeunes et le suicide des jeunes. Les symptômes
psychologiques comme la dépression et la perte de confiance ont
été également associés au chômage des jeunes.
Par ailleurs, l'association entre les chômeurs et les facteurs de risques
tels que l'usage du cannabis, le tabac et la consommation d'alcool est plus
élevée que chez les employés. Le taux de chômage a
été une cause importante de troubles psychologiques chez les
jeunes qui ont d'abord été employés, ne souffrant pas de
problèmes de santé physique et psychologique.
2.3.4
Relation entre profession et santé
La liaison entre la santé et la profession a fait
l'objet de plusieurs études à travers le monde. La plupart des
études sinon la totalité, concourent à l'affirmation de
l'existence d'un lien. En effet, Dickinson et Stobbe (1998) concluent à
la suite de leurs travaux sur la question que certaines professions sont
associées à des activités plus dangereuses ou des milieux
de travail néfastes à la santé. Selon eux des emplois
moins bien rémunérés peuvent nuire à la
santé mentale.
Dans le but de vérifier les associations entre la
profession et les facteurs de risque cardiovasculaire et de la maladie en
Allemagne, Helmert, Shea et Bammann (1997) analysent des données
provenant de 12093 hommes et de 12125 femmes âgés de 40 à
69 ans.
Les enquêtés ont eu à participer à
trois séminaires régionaux et nationaux des enquêtes sur la
santé menées dans l'ouest de l'Allemagne entre 1984 et 1991 dans
le cadre des études allemandes de prévention cardiovasculaire.
Les mesures normalisées ont été faites sur l'hypertension,
le cholestérol, et l'obésité alors que le diabète,
l'infarctus du myocarde, l'accident vasculaire cérébral, l'angine
de poitrine ont été mesurés par autoévaluation.
Helmert et al ont divisé les professions en 13 classes chez les hommes
et en 12 classes chez les femmes. Suite à de multiples
régressions logistiques en tenant compte de l'âge, des facteurs de
risque cardiovasculaire, et le statut socio-économique, ils arrivent aux
résultats suivants : chez les hommes 12 groupes professionnels ont
eu des ratios de chance significativement plus élevés par rapport
à la catégorie de référence (les enseignants) pour
la prévalence de maladies cardiovasculaires. Par contre, aucune
augmentation significative de chance de souffrir de maladies cardiovasculaires
n'a été observée dans les 11 classes de femmes
comparativement aux enseignantes Chez les hommes, les menuisiers, les
serruriers, les commis d'entrepôt, les portiers, et les conducteurs,
l'âge influence significativement la prévalence de
l'autoévaluation de la maladie cardiovasculaire.
Entre 1985 et 1988, Marmot et al (1991) ont
enquêté sur le degré et les causes de la morbidité
dans une cohorte de 10314 fonctionnaires britanniques (6900 hommes, 3414
femmes) âgés de 35-55 ans (l'étude Whitehall II) Les
participants ont été invités à répondre
à un questionnaire auto administré et à assister à
un examen de dépistage. Marmot et al ont trouvé une association
inverse entre la qualité de l'emploi et la prévalence de l'angine
de poitrine et les symptômes de la bronchite chronique. Les
différentes qualités d'emploi ont été
associées clairement aux comportements à risque de la
santé dont le tabagisme, l'alimentation, la pratique des exercices.
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