Conclusion :
Ainsi, la fin de la guerre et l'approche de la victoire finale
est marquée par l'arrêt progressif des mesures de contraintes
à l'égard des étrangers. En ce qui concerne les Allemands
des Vosges, cette affirmation est à nuancer.
Sur le plan de l'intégration des Allemands et Alsaciens
des Vosges, cinq cas de mariages mixtes sont signalés en 1918. Quatre
Alsaciens épousent des Française, dont Justin Hengy et Augustine
Pierrat, le 2 avril à Cornimont, ou encore Joseph Alphonse Jordan et
Maria Louise Grandmougin, en mai à Saint-Amé467. Par
ailleurs, un mariage concerne une Allemande et un Français. Il s'agit le
27 juin 1918 d'Anna Elisa Brocknauer, Allemande née à
Baden-Baden, le 27 décembre 1901, et de Marc Léon Albuisson,
Français, à Saint-maurice sur Moselle, mobilisé dans
l'armée française468.
Alors qu'un armistice est imminent sur le front ouest, le 3
novembre 1918, les échanges de prisonniers civils entre puissances
belligérantes sont à nouveau soudainement interrompus. Le 11
novembre marque la suspension, non la cessation des hostilités.
L'article X de la convention d'armistice consacre le « rapatriement
immédiat, sans réciprocité, dans les conditions de
détail à régler de tous les prisonniers de guerre, y
compris les prévenus et condamnés, des Alliés et des
Etats-Unis. » Jusqu'à la signature d'un traité de paix, les
internés allemands resteront soumis à la «
législation » spéciale de guerre telle qu'elle a
été définie par le ministère de la Guerre dans son
rapport du 2 août 1914469.
466 H. Mauran, op. cit., p. 417.
467 Ibid.
468 A.D.V., 4 M 533, ministre de l'intérieur,
sûreté générale - commissariat de Remiremont,
05/07/1918.
469 H. Mauran, op. cit., p. 954.
Chapitre 2 : L'après-guerre (1918-1920)
L'après-guerre est l'occasion d'une nouvelle
réorganisation de la législation à l'égard des
étrangers. Le traité de Versailles va fixer un certain nombre de
choses relatives au sort des différentes catégories d'Allemands
et d'Alsaciens encore présents sur le territoire national.
I - Alsaciens-Lorrains : l'utopie d'un
rétablissement immédiat de toutes les libertés
individuelles.
Le département des Vosges paie un lourd tribut au
conflit qui s'achève. En 1914, il affichait une éclatante
réussite industrielle grâce à ses filatures et ses
papeteries et sa population ne cessait de croître, s'agglomérant
dans de petits centres industriels. Quatre ans plus tard, le bilan humain et
matériel de la guerre est terrible. De plus, une grande partie de la
population a quitté la zone des combats pour se réfugier à
l'arrière. Si on prend les six contingents étrangers les plus
importants au 1er janvier 1914 et au 1er juillet 1918, l'effectif passe de 9
003 à 7 812 individus470. C'est donc une région
exsangue, ayant bien plus que d'autres souffert des combats, qui accueille avec
soulagement l'armistice de 1918. Dans l'immédiat, il s'agit d'assurer le
retour et le ravitaillement des réfugiés, de déblayer les
décombres, de déminer champs et forêts471.
Au moment de l'armistice, il reste encore en France
près de 3 000 Allemands et surtout d'Austro-Hongrois, qui sont
rapatriés par la Suisse de mai à octobre 1919 et 712 000
prisonniers allemands, dont 359 000 capturés par les
Français472. Beaucoup d'entre eux (306 000 en 1918) sont
utilisés comme travailleurs ; d'autres, en particulier les
Alsaciens-Lorrains, bénéficient d'un régime
spécial. Dans les Vosges vivent alors d'anciens prisonniers, des
Allemands venus en Alsace-Lorraine, des techniciens travaillant sur le
matériel livré au titre des réparations, population
hétérogène, mais unanimement
condamnée473.
Les formalités liées à la circulation des
résidents alsaciens-lorrains à l'intérieur du territoire
français continuent d'être contraignantes après le 11
novembre 1918. Le territoire de l'AlsaceLorraine reste en totalité
compris dans la 3e section de la zone des armées : une autorisation
individuelle de retour est indispensable. La durée de validité
des permis ne peut dépasser un mois, mais ils sont renouvelables. Par
une dépêche ministérielle du 15 novembre 1918, les
engagements pour la durée de la guerre sont suspendus. Seuls les
Alsaciens-Lorrains qui ont déjà la nationalité
française peuvent contracter un engagement volontaire de trois, quatre
ou cinq ans dans les
470 A.D.V., 4 M 403, recensements semestriels des
étrangers en résidence dans les Vosges, 01/01/1914 et
01/07/1918.
471 O. Guatelli, op. cit.
472 J. Dupaquier, op. cit., pp. 60-70.
473 Amar et Milza, op. cit., p. 46.
troupes métropolitaines et coloniales en vertu de
l'article 50 de la loi du 21 mars 1905. A partir du 30 décembre 1918,
les militaires se trouvant en pays étrangers et se déclarant
Alsaciens-Lorrains sont envoyés, après triage, dans un camp
à Saint-Rambert, à Lourdes ou à Paris474.
Par arrêté en date du 29 décembre 1918,
les territoires d'Alsace-Lorraine sont rattachés à la
deuxième section de la Zone des armées à partir du 1er
janvier 1919475. En conséquence sont assimilés aux
administrés français, les Alsaciens-Lorrains d'origine
française munis soit de la carte tricolore, soit du permis de
séjour délivré par l'autorité préfectorale,
soit de la carte d'identité chamois, soit d'un passeport
délivré par un fonctionnaire français qualifié
à l'étranger. Ceux-ci peuvent se rendre en Alsace-Lorraine
étant simplement porteur d'un sauf-conduit délivré par le
maire ou le commissaire de police de leur résidence. Les demandes de
titres de circulation sont transmises, soit aux brigades de Gendarmerie, soit
à l'Officier détaché pour le service de circulation
à la Préfecture. Egalement, à partir de février,
« les Alsaciens et les Lorrains, dont l'un au moins des
antécédents directs était d'origine française, et
appartenant, par leur âge aux classes non démobilisées,
peuvent, sur leur demande, être dès maintenant incorporés
dans un corps de troupe français moyennant qu'ils souscrivent
l'engagement pour la durée de la guerre, prévue par le
décret du 3 août 1914, et sont astreints à la durée
du service encore imposée à leur classe d'âge, avec un
minimum de 6 mois de présence sous les drapeaux français
»476.
Par la circulaire du 21 janvier 1919, concernant les
Alsaciens-Lorrains précédemment mobilisés dans
l'armée allemande, complétant celle du 9 décembre 1918, le
préfet prie les maires de lui signaler tous les Alsaciens ou Lorrains
des deux sexes, civils ou militaires, arrivés dans leur commune depuis
le 11 novembre 1918477. Ce recensement est destiné à
des Commissions spéciales d'identification à constituer par
l'autorité militaire. Bien qu'il ait demandé à ladite
autorité de le tenir au courant de la création de ces
Commissions, le préfet n'a encore reçu le 17 février 1919
aucune notification à cet égard. Aussi doit-il annuler, en
principe, le paragraphe final de sa circulaire précitée du 9
décembre 1918, ainsi conçu : « en aucun cas ils [les
Alsaciens ou Lorrains] n'ont droit à la carte d'identification qui sera
chargée de les examiner »478.
Selon le préfet, il serait, en effet, excessif de faire
supporter, pour un retard d'organisation dont ils ne sont pas responsables, un
régime de rigueur à des personnes qui, vraisemblablement et,
à de rares exceptions près, seront reconnus français
d'origine et non suspects. Il est donc bien
474 H. Mauran, op. cit., p. 455.
475 A.D.V., 4 M 401, avis de la préfecture vosgienne sur
la circulation des Alsaciens-Lorrains, 03/01/1919.
476 A.D.V., 4 M 401, décret du président de la
République R. Poincaré après rapport du président
du Conseil Clemenceau, 01/02/1919.
477 Ibid, enquête : signaler Alsaciens-Lorrains
arrivés dans les communes depuis le 11/11. Indication spéciale si
arrivants pré-identifiés par une commission militaire de triage
en Alsace-Lorraine ou caserne COURCY à Epinal
478 A.D.V., 4 M 429, Alsaciens-Lorrains (1918-1919), circulaire
du préfet des Vosges sur ceux venus dans le département depuis la
convention de l'armistice, 17/02/1919.
entendu, que ceux qui n'auront pas obtenu ultérieurement
le certificat établissant leurs qualités à ce double point
de vue, se verront retirer immédiatement la carte d'alimentation et
l'allocation479.
Les évacués alsaciens résidant dans les
Vosges doivent attendre plusieurs mois après la signature de l'armistice
avant de pouvoir regagner leurs foyers. Pendant toute cette période, ils
restent l'objet d'une surveillance constante de la part d'une administration
qui cherche à connaître leurs sentiments
véritables480. Ce n'est qu'au printemps 1919 qu'ils peuvent
rentrer en Alsace, sans qu'on sache si le grave malentendu qui les avaient
séparés de la population vosgienne a pu être
dissipé.
Cette lettre adressée par un évacué
alsacien en voie de retour au maire de Rupt-sur-Moselle, le 31 mars 1919,
semble le faire croire : « ... Je tiens à vous exprimer ici tant en
mon nom qu'en celui de mes compatriotes tous les sentiments de reconnaissance
et nos plus vifs remerciements pour ce que vous avez fait de bien pour nous
pendant ces quatre ans de guerre passés dans la commune que vous
administrez... Soyez persuadé, Monsieur le Maire, que nous garderons de
vous un souvenir inoubliable et vivace. Je me permets de vous demander de
vouloir bien être notre interprète, principalement auprès
de Monsieur le Préfet et Monsieur le Sous-Préfet et de tous les
habitants de la commune pour leur exprimer nos vifs sentiments de
reconnaissance émue pour la bonté et l'intérêt
qu'ils nous ont tous porté, et que nous n'oublierons jamais. Nous
quitterons le pays des Vosges en emportant beaucoup de bons souvenirs, et c'est
les larmes aux yeux, que, lorsque nous foulerons le sol d'Alsace, nous nous
rappellerons l'accueil si empressé que nous avons reçu à
Rupt... »481.
Au mois de mai 1919, tous les prisonniers alsaciens-lorrains
n'ont d'ailleurs pas été libérés482. Le
Service général des prisonniers de guerre recommande qu'ils
soient dirigés sur le dépôt de Paris (Bastion 43, Porte de
Clichy). Ceux pour qui un doute subsiste sont envoyés à
ChagnatGerzat (Puy-de-Dôme), pour un complément
d'enquête.
479 A.D.V., 4 M 429, op. cit.
480 R. Martin, op. cit., pp. 62-65.
481 Ibid.
482 H. Mauran, op. cit., p. 417.
II - Le traité de Versailles et les commissions de
triage.
Après la ratification du traité de paix, le 28
juin 1919, le Gouvernement décide de libérer, par mesure
générale, tous les sujets des nations ennemies encore retenus
dans les camps de concentration et dont la demande de maintien en France
après les hostilités a été accueillie. Les
responsables des lieux d'internement doivent avertir les préfets de la
date de départ de ceux qui se dirigent sur leur département
où ils avaient antérieurement leur domicile483. La
signature du traité de Versailles ne met pas immédiatement fin
à l'internement des Austro-Allemands par la France. Il n'est en effet
appelé à être exécutoire qu'après « la
rédaction du procès-verbal de l'échange des ratifications
» entre la France et l'Allemagne, échange qui mettra juridiquement
et officiellement un terme à l'état de guerre. Le blocus de
l'Allemagne est suspendu, en juillet 1919, après que les parlementaires
allemands réunis à Weimar aient ratifié le traité ;
la rétention des civils allemands continue à se poursuivre.
Après un débat de six semaines, le traité de Versailles
est enfin ratifié par le Parlement français le 2 octobre 1919 par
372 voix contre 53 et 73 abstentions. L'acte met un point final à
l'internement des civils allemands... tardivement, certes, mais avant
l'entrée en vigueur officielle du traité fixée au 11
janvier 1920484.
Sur le plan de la circulation et du travail, des restrictions
continuent de frapper les AlsaciensLorrains après la Grande Guerre.
Ainsi, une note du 1er août 1919 qui détermine les conditions
d'utilisation de la main-d'oeuvre d'Alsace-Lorraine dans l'ensemble du pays,
reprend certaines limitations imposées aux
étrangers485. Les travailleurs alsaciens-lorrains doivent
être en possession d'une attestation de loyalisme délivrée
par l'autorité administrative. Ils ont l'obligation de s'adresser
à un office régional ou local de placement, et ne pas traiter
directement avec les employeurs.
Les procédures de dénaturalisation qui visent
les Alsaciens-Lorrains ne s'arrêtent pas non plus après la fin des
hostilités. Le contrôle social se répand sous d'autres
formes qui ne sont pas moins attentatoires aux libertés individuelles.
Le Conseil suprême interallié décide, le 28 août
1919, de rapatrier les prisonniers de guerre sans attendre la ratification du
traité de paix. Les Anglais les libèrent dans les deux mois, les
Américains et les Belges aussi. Seule la France, qui en employait 300
000 dans les régions dévastées, conserve les siens
jusqu'au début de 1920486.
483 A.D.V., 4 M 401, circulaire du ministre de l'intérieur
à messieurs les préfets sur les camps et les internés,
14/10/1919.
484 H. Mauran, op. cit., pp. 954-955.
485 Ibid, pp. 470-471.
486 Amar et Milza, op. cit., p. 46.
Logiquement, en 1919 les évasions de prisonniers de
guerre allemands dans les Vosges sont nombreuses dans les casernes. Par exemple
trois prisonniers de guerre allemands et alsaciens de la Compagnie de
prisonniers de guerre 39 se sont évadés le 24 février dans
la matinée de la caserne Contade à Epinal. Des évasions
ont également lieu tout naturellement des camps d'internement et de
travail : le 3 mars 1919 quatre prisonniers de guerre allemands
évadés à Epinal et trois sousofficiers allemands
appartenant à la Compagnie de prisonniers de guerre 21, employés
au camp de Favresse ; le 3 juin deux prisonniers de guerre allemands sont
évadés de la Compagnie 185 à Raon-l'Étape,
évadés des chantiers487.
En 1918, la victoire n'efface rien de la germanophobie. La
presse, les politiques, l'opinion agitent régulièrement la menace
du péril allemand ; certains industriels exigent qu'on leur interdise
toute activité économique sur le sol français, habile
manière d'éliminer la concurrence. En bref, on stigmatise «
le boche », Action française en tête, et l'on se
méfie de ses velléités de puissance et de revanche. Face
au déferlement nationaliste, la S.F.I.O. essaie de résister un
peu et prend la défense des prisonniers allemands, trop souvent
maltraités. Mais elle sait que l'opinion s'en moque et, dans ses rangs,
l'heure n'est pas toujours à l'internationalisme488. A
gauche, encore, le parti radical prône le pragmatisme et une sorte de
chantage : la France réservera aux prisonniers allemands un sort
équitable, si les réparations sont payées. La C.G.T. n'a
pas ces scrupules : les syndicats allemands trahissent l'internationalisme et
joué la carte du patriotisme, le syndicat français fait donc de
même.
L'armistice signé, les Allemands tentent pourtant un
geste de réconciliation en 1919. Les syndicats du bâtiment
proposent à la France de l'aider à se relever de ses ruines. Mais
ils posent leurs conditions, veulent huit heures de travail par jour, des
salaires égaux aux salaires français, le droit de grève,
être exemptés d'impôts et, méfiants, être
logés décemment. Les réactions se révèlent
toutes défavorables489. De la droite à la gauche, on
proteste contre le retour des Allemands : pendant quatre ans on a lutté
pour chasser les occupants du Nord et de l'Est ; les populations des
régions dévastées ne peuvent accepter qu'on leur impose
à nouveau la présence de ceux qui étaient responsables de
leurs maux. Selon elles, des incidents, risquent de s'ensuivre, car il n'est
pas possible d'isoler les ouvriers d'Outre-Rhin des Français. Constant
Verlot, député des Vosges et représentant le
centre-gauche, constate alors : « Comment nos habitants du Nord et de
l'Est supporteraient-ils la venue parmi eux de ceux qui, pendant des
années, ont occupé leur foyer, réquisitionné tout,
quand ils n'ont pas pillé, volé et tué
»490.
487 A.D.V., 8 M 12, évasions de prisonniers
signalées par le gal Jacquot, commandant le 21e Corps d'Armée,
1919.
488 Amar et Milza, op. cit., p. 46.
489 Ibid.
490 R. Schor, « Les travailleurs allemands et la
reconstruction de la France au lendemain de la Grande Guerre (1919- 1923)
», in Revue historique, 1985.
Fin 1919, le gouvernement français s'intéresse
aux Alsaciens-Lorrains qui, au cours de la guerre, ont été
frappés de « proscription » par les autorités
allemandes. Les accords de Baden-Baden du 15 novembre 1919 fixent le montant
nécessaire à l'effectivité de l'indemnisation, dans le
cadre de l'article 62 du traité de Versailles. Une commission
spéciale est nommée afin d'assurer la répartition de
l'indemnisation promise aux proscrits ; présidée par le
général Auger, elle comprend les vice-présidents du
tribunal régional, Jules Lévy et Fleurent. Statuant sur environ 6
000 demandes, elle en retient 4 820. Les 25 millions or qui sont obtenus dans
ce cadre-là ont permis aux intéressés de recevoir, sans
tarder, une somme plus que symbolique491.
Fin 1920, on envisage même dans les Vosges l'implantation
de camps de concentration pour l'internement de civils allemands. Ainsi le 4
octobre 1920 le ministre de l'intérieur demande au Préfet vosgien
si des camps de concentration spéciaux pour l'internement des suspects
et indésirables de la tête de pont à Kehl (Allemagne, en
face de Strasbourg), y-compris les anciens officiers et les militaires
allemands en activité de service en séjour temporaire dans la
tête de pont, peuvent être organisés à l'ouest des
Vosges en cas de tension politique492. L'effectif de ces
indésirables atteindrait 5 000 personnes environ qui seraient
transférés par train spécial. Après étude,
le préfet répond que des camps pourraient être mis en place
comme suit : Caserne Maugui à Bruyères (1067 hectares) ; Camp de
Corcieux ( baraquements, 900 hectares) ; Caserne Dutertre à
Raon-l'Étape (1120 hectares) ; Caserne Coëhorn à Fraize
(1000 hectares) ; Caserne Marion à Remiremont (1400 hectares), pour un
total 5487 hectares. Le Préfet et le général Jacquot,
commandant le 21e Corps d'Armée et la 21e Région, projettent
d'ailleurs peu après d'organiser une conférence sur les
évacuations des indésirables. Du reste, on ne sait si ces camps
ont été implantés et si c'est le cas où ils ont
été mis en place493.
Au moment de l'incorporation des Alsaciens-Lorrains de la classe
1920, il est évoqué des mesures à prendre pour
éviter des troubles. Ils sont répartis dans les mêmes
conditions que les autres appelés du contingent entre les corps de
troupes de toutes armes. Les autorités vosgiennes insistent pour que la
population s'abstienne à l'égard de ces militaires d'agissements,
paroles, appellations ou allusions qui pourraient blesser. Par ailleurs, les
journaux locaux ne doivent plus reproduire les protestations sur l'usage du
patois alsacien. Tout cela traduit la volonté de
« favoriser l'oeuvre d'assimilation »494.
491 H. Mauran, op. cit., p. 990.
492 A.D.V., 8 M 189, camps de concentration pour l'internement de
civils allemands, 1920.
493 Ibid : défaut d'informations.
494 A.D.V., 8 M 191, mesures à prendre pour éviter
toute friction lors de l'incorporation de la classe 1920. MI-préfet,
16/09/1920.
|