CHAPITRE I : REGARD SUR I:ECONOMIE D'ECHANGE
IA. Notions theoriques sur les echanges
internationaux
L'echange qui date de l'antiquite nest apparu sous sa forme
rnodeme qu'au cours du 18eme siecle grace aux transformations economiques de la
revolution industrielle et aux facilites introduites par les nouvelles
techniques commerciales4. A la fin du 19eme siecle les echanges
augmenterent a un rvthme superieur a celui de la production mondiale (A.
BEITTONE et CARZOLA, 2001)
A cette epoque les echanges mondiaux sont constitues a 60% des
produits primaires en provenance des pays sous developpes (P. BAIROCH 1967)
Pendant la premiere moitie du 20eme siecle, la part de ces pays dans le
commerce mondial augmente progressivement (jusqu'a 31% en 1950) et rend leer
balances de paiement excedentaire. Mais des 1960 les deficits apparaissent.
Scion I'O.M.C. (0.M.C., 1998) 70% des echanges mondiaux sont realises par les
pays developpes contre 25% aux pays en developpement (dont 2,5% pour l'Afrique)
Ces echanges sont constitues 76.6% de produits manufactures.
1.1.1. Les 1'c-1u-urges clans la pensee econmnique
Horniis Fecole de pensee economique Marxiste qui
assimile l'echange international a un mecanisme d'exploitation du monde entier
par quelques nations capitalistes, la doctrine economique releve de maniere
univoque l'avantage pour les nations engagees dans des ((echanges reciproques
Cet avantage est diversement apprehends scion les auteurs ou les ecoles
I.1.1.1. Vision de l'ecole classique
A la fin du 18eme siecle Adam SMITH (1723-1790) justifie le
libreechange 5 par son analyse en terme d'avantages
absolus6. II considere l'echange comme source d'accroissement
general des richesses, car it comble les starts Mans les touts de production de
divers pays en permettant a tous les pays de disposer de tous les produits
voulus a des routs de production mavens. Cette analyse est
ces techniques consistent a refinement des instruments de
paiement : generalisation de la lettre de change et des moyens de paiement.
sLe libre echange est une politique commerciale visant
a reduire tous les obstacles a la circulation internationale des biens et
services.
approfondie et amelioree par David RICARDO (1772-1823) qui
demontre que meme en considerant le cas de deux pays dont l'un possederait des
avantantages absolus dans la production de taus les biers par rapport a l'autre
pays qui n'en disposerait d'aucun ; les deux pays seraient reciproquement
beneficiaires de l'echange, car ce seront les coats relatifs (comparatifs) de
chaque pays qui seront a la base du gain.
F. LIST (1798-1846) refute cependant le libre-echange a
outrance ; iI le trouve plutot plus avantageux aux pays developpes qui etant
plus specialises internationalement profitent, par ce fait, de
l'inegalitc.', de developpement entre pays echangeurs. II prone
alors le ,c protectionnisme7transitoire >> des
industries des pays en developpement dans l'enfance jusqu'a ce qu'elles
comblent leur retard economique et amorcent largement leur developpement
industriel.
1.1.1.2. Vision de l' &cote Marxiste
Karl MARX (1818 -1883) considere clue le capitalisme dominant
fait face a un probleme de haisse tendancielle du f, faux de
profit s,5 qui resulte de son mode de production. Celui--ci recourt alors
a I'echange international pour exporter ses propres contradictions et parvient
ainsi a exploiter 16 monde entier et a' s'enrichir grace a la specialisation
internationale qui lui est favorable du fait de sa longue colonisation des pays
arrieres. LENINE(1870-1924) constate d'ailleurs que la fusion du capital
industriel et bancaire dans les pays capitalistes finit par se muer en capital
financier ; celui-ci a defaut des placements avantageux sur place se rue dans
les pays arrieres en manque de capital et a faible prix des facteurs de
production : ces capitaux financiers sent investis clans des secteurs a forte
rentabilite et servent a stimuler l'importation des pays arrieres en capitaux
et en marchandises au profit des pays capitalistes preteurs.
1.1.1.3. L'analvse neoclassique des echanges
David RICARDO expliquait les differences des touts comparatifs
par les differences des productivites, et donc du niveau de developpement entre
les pays qui echangent. Mais les neo-classiques E. HECKSCHER (1879-1952), B.
OHL1N (1889-1979) et P. SAMUELSON clans leur theoreme dit theoreme H.O.S.
montrent que les avantages comparatifs s'expliquent par l'abondance
relative d'un facteur
Le protectionnisme est un ensemble de mesures gouvernementales
visant a empecher ou limiter les importations des bens et services tout en
favorisant leur exportation
B c'est une mesure de la rentabilite du capital qui
s'obtient par le revenu du capital devise par le capital invest'.
9 le theoreme porte les initiates de chacun de curs
noms respectifs
dans la cornbinaison de production et son intensite par
rapport au reste des facteurs (par exemple, l'interisite du travail dans le
processus de production, par rapport au facteur capital); ils expliquent ainsi
l'echange international comme un echange des facteurs abondants contre des
facteurs rares. Cette vision posa tout de meme quelques problemes auxquels elle
ne pu repondre, notamment le paradoxe de Leontiefo
1.1.1.4. L'approfondissement des theories de l'echange des
decennies 60-70
Malgre la portee des theories precedemment evoquees sur
l'echange international, bien d'autres aspects de cet echange sont restes
inexpliques, c'est notamment le cas des echanges croises des produits
similaires ou le commerce intrabranche". Cette situation a donne lieu,
des les annees 60-70, a de nouveaux approfondissements des theories
preexistantes. Cette approche a consistee Soit
approfondissant la theorie des avantages comparatifs de
David RICARDO, snit a la prise en compte de I'influence des similarites
dans le commerce internationale.
A) l'approfondissement de la theorie des arantages
comparatifs
cet approfondissement tient compte du fait que le modele de
comparaison de base (modele de David RICARDO) :
- a ete elargi a plus de deux pays, deux produits et deux
facteurs pour permettre ainsi des comparaisons multiples aboutissant a la
relativisation et a la hierarchisation des avantages comparatifs (J.L.
MUCHIELLI et DUCHENES, 1989)12
- Dans la suite, le modele a combine au role determinant des
innovations de J.A. SCHUMPETER' les differences de productivites Ricardiennes
pour definir ainsi des avantages comparatifs technologiques. Le commerce
international, au sens contemporain, s'expliquant essentiellement par Ia
capacite d'innovation de chaque pays.
Wassili LEONTIEF (1906 -1999) demontra que quoi que les
Etats-Unis d'Amerique fussent bien dotes en facteur capital, ils exportaient
pourtant plus de produits intensifs en facteur travail. Ce qu'il justifia par
Ia productivite plus elevee des travailleurs Amencain de l'epoque par rapport
au reste du monde (productivite devant reellement etre multiplie par trois).
Il s'agit du commerce d'import-export des produits similaires
entre pays industrialises.
12 on compare les avantages entre un pays et chacun de
ses partenaires , de sorte qu'un pays A peut exporter un produit P vers un pays
B, puis importer le meme produit d'un pays C.
:3
J.A.SHUMPEETER (1883-1950) considere que une innovation cree un
avantage comparatif aussi longtemps que la propagation internationale de cette
innovation n'aura pas elirnine cet avantage.
- Le modele a aussi integre la theorie du cycle du produit (S.
HIRSCH et R. VERNON, 1970)14 qui suppose la mobilite totale du
facteur capital entre les pays qui echangent (le modele ricardien supposait que
les facteurs de production n'etaient pas mobiles d'un pars a un autre, ce qui
n'est pas sou vent le cas)
B) La prise en compte de l'influence des
similarites dans le commerce international
L'influence des similarites dans le commerce international laisse
en revanche penser
- Aux conditions relatives a Ia demande representative (S.B.
LINDER, 1961) Ces conditions supposent que le marche interieur du produit a
exporter doit 'etre important et representatif du rnarche international dudit
produit ; le produit a exporter n'etant ecoule que lorsque la structure de sa
demande interieure (locale) ressemblera a celle du pays destinataire; ce qui
arnene ainsi a I'echange croise des produits similaires.
- Aux conditions de Ia demande differentiae (B.
LASSUDRIE-DUCHENES, 1972) qui explique le probleme non resolu par les
theories precedentes en considerant que meme si les echanges croises portent
sur des produits seinblables, ceux-ci ne sont pas rigoureusement identiques,
car ces produits font l'objet des desirs de se particulariser des consommateurs
(l'effet de demonstration)
1.1.1.5. Le developpement recent des theories des echanges
internationaux
La ,c nouvelle theorie des echanges in terns »
innove en ce qu'en
integrant les aspects des ecoles precedentes; elle considere
I'hvpothese des rendements d'echelle croissant et abandonne ainsi le cadre de
la concurrence pure et parfaite au profit de la concurrence imparfaite.
Dans cette perspective; it reste comprehensible que I'echange
international offre des gains mutuels meme si les pays concernes ont la meme
dotation factorielle et le meme niveau technologique; car est-il que la
concurrence monopolistique internationale est en elle-meme une incitation a la
differentiation des produits.
Aussi cette nouvelle vision legitime-t-elle la necessite de
]'intervention des pouvoirs publics dans le domaine de l' innovation (en
recherche et developpement en particulier ) et darts le financement des
investissements necessaires a la
34 R VERNON considere que la
production d'un produit innovant suit un cycle en 5 phases au tours desquelles
le gain pour le pays fabriquant qui exporte decricit de plus en plus en
conduisant successivement a la delocalisation de la production et, de ce fait,
a la vulgarisation de l'innovation jusqu't ce que ce pays exportateur de depart
arrive a importer son propre produit fabrique
l'etranger.
penetration d'un marche aux places limitees (le marche de
l'aeronautique, par exemple) : l'innovation et ce dernier type de marche
necessitant des capitaux enormes ; ils s'accommodent d'un monopole Etatiquement
protégé.
Toute fois les theoricienstle cette nouvelle theorie, comme P.
KRUGMAN (P.KRUGMAN, 1995), s'opposent a un tel protectionnisme faute pour les
pouvoirs publics de determiner adequatement, par insuffisance d'informations,
les types d'entreprises a proteger, les rnontant a leur allouer,... mais aussi
a cause des risques des represailles des partenaires dudit pays face a ses
mesures protectionnistes.
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