2- La situation
générale des libertés fondamentales des
Vì?ómåg?'n
Du latin libertas, la liberté désigne «
l'état de l'homme libre » qui s'oppose à
« l'esclave ». La liberté au sens positif du terme
est la souveraineté inaliénable de l'être humain. Renoncer
à sa liberté c'est renoncer à son humanité comme le
signale Rousseau. Définie négativement, la liberté
symbolise l'absence de soumission, de servitude et de contrainte. Elle exprime
la situation d'une personne qui n'est pas sous la dépendance absolue de
quelqu'un d'autre. Les libertés fondamentales désignent
l'ensemble des droits subjectifs primordiaux pour l'individu, assurés
dans un État de droit ou une démocratie. Les libertés
fondamentales sont les grands piliers des droits de l'homme notamment ceux de
la première génération.
Au Bénin, le droit aux libertés notamment
à la liberté d'opinion, la liberté d'expression,
d'association ou de réunion et la liberté de religion, a
été tout le temps respecté notamment dans l'univers
traditionnel. Ce droit aux libertés a beaucoup évolué
depuis les années 1990 notamment avec la ratification par le
Bénin de la convention des droits de l'enfant. Cette ratification a
permis une progression importante notamment en ce qui concerne la prise en
compte de l'avis de l'enfant dans les décisions qui doivent
désormais veiller plus à son intérêt. Cette
avancée importante n'est pas pour autant une réalité pour
les Vì?ómåg?'n qui n'ont pas le droit à la parole
dans les familles d'accueil. Les Vì?ómåg?'n ne
bénéficient pas des ces libertés fondamentales
indispensables pour leur épanouissement et développement
physique, mental et moral. Ces libertés sont niées par la
dérive aux enfants Vì?ómåg?'n. En clairs, leur
liberté d'expression, d'opinion, de pensée et de religion sont
bâillonnées. Ils n'ont pas droit à la parole encore moins
de pratiquer la religion de leur choix ou avoir un avis sur un sujet
donné.
Considérée comme l'une des libertés
fondamentales de l'homme, la liberté d'opinion, reconnue par les
différents instruments juridiques de droit de l'homme notamment la
déclaration universelle des droits de l'homme, la convention relative
aux droits de l'enfant et dans le contexte africain par la charte africaine des
droits et du bien-être de l'enfant, est censée être garantie
aux enfants placés au Bénin. C'est une liberté
protégée au plan national qui implique pour le droit d'avoir sa
propre opinion sur un sujet donné sans être inquiété
par quoi que ce soit. Sauf que dans la réalité, les enfants
placés dans la société béninoise d'aujourd'hui ne
peuvent pas avoir d'opinion. Les tuteurs ou autres personnes ayant à
charge l'éducation des Vì?ómåg?'n, n'accordent
aucune importance à leur parole. Tout avis d'un enfant placé est
perçu comme un défi à la famille d'accueil et
considéré dénudé de tout sens. Dans une situation
qui oppose les enfants légitimes de la famille d'accueil ou toute autre
personne de la société, la parole des enfants placés n'est
pas toujours considérée. La parole des
Vì?ómåg?'n n'est pas prise en compte aussi par les juges et
autorités politico- administratives. L'image type socialement retenue
des Vì?ómåg?'n est qu'ils sont enfants fainéants,
paresseux, menteurs, voleurs, têtus et sournois. Cette image ne permet
pas d'affronter la parole de l'enfant à celle de son tuteur ou du
trafiquant. L'enfant placé victime de mauvais traitements, de violences
sexuelles ou d'enlèvement, ne peut se défendre et sa parole est
simplement bâillonnée, ce qui permet dans plusieurs affaires
impliquant des trafiquants ou tuteurs d'être innocentés et de se
tirer d'affaire. Ceci prouve que les Vì?ómåg?'n ne sont pas
écoutés et leur avis importe peu dans les ménages. La
plupart des tuteurs et tutrices aujourd'hui, considèrent que les
Vì?ómåg?'n n'ont pas droit d'exprimer leurs besoins, de
faire part de leurs difficultés encore moins donner leur avis sur une
question ou une situation donnée dans la famille d'accueil. Les
libertés d'expression et d'opinion des Vì?ómåg?'n ne
sont pas respectées pour eux. Ces deux libertés sont simplement
bafouées avec la dérive du placement d'enfant.
La négation des libertés fondamentales
s'étend à d'autres libertés fondamentales telles la
liberté de pensée, de conscience, de religion ou du choix de ce
qui est bien pour sa personne. Les Vì?ómåg?'n ne sont pas
toujours assurés de jouir d'une liberté de pensée et de
conscience. Ils ne peuvent pas non plus pratiquer la religion de leur choix et
manifester leurs convictions. Toutes ces libertés se trouvent
bafouées par la dérive du Vì?ómåg?'n. Dans
plusieurs cas, les enfants placés par exemple en matière de
liberté de religion, sont contraints de pratiquer sans aucun respect de
leur choix la religion de leur tuteur. Il est très difficile pour des
Vì?ómåg?'n de pratiquer dans une famille où les
tuteurs sont des évangélistes par exemple le catholicisme. Au
lieu d'aider les enfants placés à suivre l'enseignement religieux
qui leur convient, les tuteurs les obligent et contraignent à suivre
leurs propres pratiques en violation aux dispositions de droits de l'homme. Il
n'y a pas autre religion pour l'enfant placé que celle de son tuteur. La
dérive du Vì?ómåg?'n favorise ainsi
l'intolérance religieuse. C'est ainsi que, des enfants
Vì?ómåg?'n à la base pratiquants des religions
traditionnelles vont être obligés à devenir des
chrétiens contre leur propre volonté voire parfois devenir des
musulmans. On note en matière religieuse que les enfants placés
sont contraints à participer aux enseignements religieux, ce qui nous
conduit au coeur de la problématique des sectes. Beaucoup de
Vì?ómåg?'n sont victimes de l'influence des sectes qui les
manipulent juste pour qu'ils obéissent à leurs tuteurs ou
tutrices. Cette manière de faire arrache à ces enfants toute
dignité et surtout leur identité. Car dans ce processus, ils se
verront changer de nom. Leur nom d'origine est considéré comme
barbare et porte malheur pour le ménage et sa cohésion. Ils se
verront nier ainsi la reconnaissance de leur identité et des attributs
qui sont liés à leur personnalité. La situation en est de
même pour les libertés d'association et de réunion. En
effet, les Vì?ómåg?'n ne sont pas pour la plupart du temps
autorisés à fonder quelque groupe culturel, sportif et politique
ou d'y entrer. Les Vì?ómåg?'n pour finir ne jouissent pas
du droit à l'information pourtant reconnu comme contribuant à
l'acquisition des connaissances par l'enfant et à surtout à la
compréhension d'autres cultures notamment d'autres valeurs et moeurs.
La violation des droits élémentaires et des
libertés fondamentales par la dérive du
Vì?ómåg?'n traduit à quel point la situation des
Vì?ómåg?'n est critique et préoccupante. Les
conséquences de la dérive ne se manifestent pas seulement en
termes de violation des droits et libertés, elles s'expriment aussi par
des maux qui fragilisent les enfants placés.
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