UNIVERSITE DE DROIT, D'ECONOMIE ET DES SCIENCES -ANGERS
FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE
Centre de Droit Maritime et des Transports
Directeur: Serge
Jaumain
SECURITE ET SURETE MARITIME : DE L'ELABORATION DES
TEXTES A LA DIFFICULTE DE MISE EN OEUVRE
MEMOIRE
Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées en droit maritime et des transports
PRESENTE
PAR Monsieur HAFFAF MOHAMED
SAID
Année 2002
PAGE
INTRODUCTION 3
PREMIERE PARTIE : LA SECURITE MARITIME
6
SECTION I : SOURCE ET LEGITIMITE D'UNE
REGLEMENTATION 6
SANS CESSE EN ESSOR
SOUS SECTION I : GENESE D'UNE REGLEMENTATION EN
FAVEUR DE
L'AMELIORATION DE LA SECURITE MARITIME :
6
SOUS SECTION II : LEGITIMITE ET EFFICACITE DES
DIFFERENTS
NIVEAUX D'INTERVENTION 23
SECTION II : DOMAINE DES TEXTES ET RESPECT DE LA
REGLEMENTATION 44
SOUS SECTION I : LES TEXTES EXISTANTS ET LEUR
DOMAINE 44
SOUS SECTION II :LES ACTEURS DE LA CHAÎNE DE
SECURITE MARITIME 50
DEUXIEME PARTIE :VERS UNE NOUVELLE IDEE DE LA
SECURITE
MARITIME: LA SURETE MARITIME
67
SECTION I : EMERGENCE DE LA NOTION DE SÛRETE
67
SOUS SECTION I : LE CONTEXTE
67
SOUS SECTION II : LES DEMARCHES SECURITAIRES
73
SECTION II : LES DIFFICULTES DE MISE EN OEUVRE
80
SOUS SECTION I : LES DIFFICULTES POLITIQUE OU
« DIPLOMATIQUE » 80
SOUS SECTION II : LES DIFFICULTES DE LOGISTIQUE
83
CONCLUSION 86
TABLE DES ABREVIATIONS
AIS : AUTOMATIC IDENTIFICATION SYSTEM
AUTF : ASSOCIATION DES UTILISATEURS DE TRANSPORT DE
FRET
CSI : CONTAINER SECURITY INITIATIVE
IACS : INTERNATIONAL ASSOCIATION OF CLASS
SOCIETY
ISPS CODE: INTERNATIONAL SHIP AND PORT SECURITY
CODE
LL66 : LOAD LINES 66
OCDE : ORGANISATION DE COOPERATION ET DE
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUES
OECD : ORGANISATION FOR ECONOMIC CO OPERATION AND
DEVELOPMENT
OIT : ORGANISATION INTERNATIONALE DU
TRAVAIL /
ILO : INTERNATIONAL LABOUR
ORGANIZATION
OMI : ORGANISATION MARITIME INTERNATIONALE /
IMO : INTERNATIONAL MARINE ORGANIZATION
OMD : ORGANISATION MONDIALE DES
DOUANES /
WCO : WORLD CUSTOMS ORGANIZATION
OPA : OIL POLLUTION ACT
SOLAS: SAFETY OF LIFE AT SEA
STCW: STANDARDS OF TRAINING, CERTIFICATION AND
WATCHKEEPING FOR SEAFERERS
INTRODUCTION
« La sûreté et la
sécurité sont une des priorités majeures de cette
commission : nos citoyens exigent des mesures concrètes dans ce
domaine » : ces propos tenus par Mme Loyola de Palacio, vice
présidente de la Commission Européenne et commissaire responsable
des transports et de l'énergie, résument en grande partie
l'objectif de ce mémoire : ils traduisent le fait que l'opinion
publique tient un rôle important dans la volonté
d'élaboration de règlements dans les secteurs de la
sécurité et de la sûreté maritime mais
également dans leur mise en oeuvre.
Il semblerait que sécurité et
sûreté maritime soient devenues indissociables lors des
réflexions engagées pour l'amélioration du secteur
maritime. Faux amis en Anglais, « security » pour
sûreté et « safety » pour
sécurité, ces deux notions faisant maintenant parties du
même code tiré de la Convention SOLAS.
Ce mémoire traitera donc de ces deux notions, la notion de
sûreté n'étant apparue que très récemment
fera l'objet de la seconde partie.
Pour l'étude de la première partie
consacrée à la sécurité maritime nous nous
contenterons d'étudier cette notion à partir du XXème
siècle et plus précisément je considérerai
l'année 1912 comme point de départ, le but de cette étude
étant d'énoncer la portée internationale de la
volonté politique sécuritaire, internationalisme qui n'est apparu
réellement qu'à la suite de la catastrophe du TITANIC. De
même le domaine de la sécurité maritime étant si
vaste, seule une étude des rapports Communauté européenne
/ OMI et nationaux pour ce qui est de la France et dans certains domaines des
Etats-Unis, les autres parties du globes ayant été volontairement
occultées. Elles le sont d'ailleurs bien souvent réellement, que
ce soit dans les faits ou pour le média. Aujourd'hui le nom du ferry
philippin DONA PAZ qui a sombré à 160 kilomètres au sud
de Manille entraînant dans la mort 1630 personnes n'évoque plus
grand-chose auprès de la population européenne ; cela s'est
produit en 1987. Involontairement cette première partie est
principalement axée sur le transport d'hydrocarbures par mer, ceci
étant la résultant de l'analogie que font grand nombre de
personnes et journalistes, et même de textes officiels de la
Communauté Européenne et de l'OMI, entre sécurité
maritime et pollution du littoral
La première partie traitera donc de la
sécurité maritime et la section une de ce chapitre concerne
l'analyse de l'apparition du cadre réglementaire en matière de
sécurité maritime et la légitimité des
différents niveaux qui interviennent dans ce secteur.
En effet dans un premier temps nous pourrons constater que
l'élaboration de ce cadre réglementaire à suivi pas
à pas l'histoire des catastrophes maritime après analyse des
causes qui ont entraîné cet évènement et que cette
élaboration est bien souvent motivée voire entravé par le
contexte économique que seule, jusqu'à présent, la
pression populaire a réussi à surmonter.
Dans un second temps nous étudierons la
légitimité et surtout l'efficacité de chaque niveau
d'intervention dans le domaine normatif, en premier lieu les niveaux
supranationaux, qu'ils soient mondiaux ou européens, et les niveaux
nationaux, qu'ils soient étatiques ou régionaux.
La transition vers la deuxième section
étudiée qui sera celle du respect de ce cadre
réglementaire sera réalisé au moyen de l'exemple de
l'évolution toute récente de la législation en
matière de pétrolier double coque afin de mettre en
évidence la difficulté qu'il existe à définir
quelle devrait être l'autorité suprême en matière de
réglementation du secteur de la sécurité maritime.
Après avoir analysé le processus
d'élaboration de la réglementation en matière de
sécurité maritime, il conviendra d'étudier, dans la
deuxième section de cette première partie le cadre globale de la
sécurité maritime à savoir les différents domaines
de la sécurité maritime et les mesures déjà prises
dans ces domaines afin d'obtenir une vision plus globale du domaine très
large de la sécurité maritime avant de pouvoir clore cette
partie par l'étude de la chaîne de la sécurité
maritime, chaîne constituée par tous les acteurs de la
sécurité maritime qu'ils soient gouvernementaux ou privés.
En effet comme nous l'aurons précisé précédemment
nombre de textes réglementant la navigation maritime ayant pour objet la
sécurité maritime existent mais les acteurs de cette chaîne
de sécurité sont les garants de la mise en oeuvre de ces
textes.
La seconde notion, celle de la sûreté,
étant apparu très récemment, ne pourra être
traité de manière aussi large que la notion de
sécurité, mais nous pouvons déjà dégager
deux principales idées qui feront ainsi l'objet de deux sections.
Inévitablement la première section traitera de
l'apparition de cette notion de sûreté maritime avec une
première sous section qui nous permettra de « planter le
décors ». En effet avant d'aller plus avant dans
l'étude de la sûreté il convient de connaître les
tenants et les aboutissants c'est-à-dire le contexte historique et
économique dans lequel s'est développer cette notion. Et nous
pourrons ensuite découvrir les démarches sécuritaires
engagées depuis peu par les instances internationales et par les
Etats-Unis qui durement touchés par le terrorisme se sont
érigés en porte drapeau du mouvement lié à la
sûreté maritime.
Malheureusement et tout comme pour la sécurité
maritime les démarches engagées l'ont été en
réponse à une catastrophe qui a marqué les esprits. Et
tout comme nouvelle législation, objet d'une réaction, les
premières difficultés à la mise en oeuvre se sont fait
sentir très rapidement, difficultés qui seront traitées
dans la deuxième section. Ces difficultés apparaissent tant sur
le plan diplomatique que sur le plan de la logistique de mise en place des
moyens pour respecter cette nouvelle réglementation.
.
PREMIERE PARTIE : LA SECURITE MARITIME
Section 1 : SOURCE ET LEGITIMITE D'UNE REGLEMENTATION SANS
CESSE EN ESSOR :
Il convient tout d'abord d'analyser le processus
d'élaboration d'une réglementation en matière de
sécurité maritime avant d'étudier à qui la
tâche de cette élaboration doit ou peut être
attribuée.
SOUS
SECTION I : GENESE D'UNE REGLEMENTATION EN FAVEUR DE L'AMELIORATION DE LA
SECURITE MARITIME :
Comprendre le cheminement de l'apparition d'un
règlement dans le secteur de la sécurité maritime, nous
impose deux réflexions : la première consistera à
constater comment émerge la conscience que dans tel ou tel domaine une
réglementation devient nécessaire et la deuxième portera
sur l'étude de la frontière entre cette prise de conscience et la
volonté politique de l'élaboration d'une réglementation.
CHAPITRE PREMIER : LES EVENEMENTS DE MER ET LEUR
ENSEIGNEMENT :
§1.1 : LES CATASTROPHES INSTRUCTIVES
Avril 1912 : Le TITANIC(2), paquebot réputé
insubmersible qui effectuait son voyage inaugurale entre Southsampton via
Queenstown et New York avec 2358 passagers à son bord ,sombre au large
de Terre Neuve, victime d'un heurt avec un iceberg , victime également
de l'orgueil démesuré de ses propriétaires
(1)
.
(1) : La prestigieuse récompense du
ruban bleu était attribuée au navire qui effectué la
traversé de l'atlantique le plus rapidement possible, récompense
détenue par la compagnie CUNARD. Les divers témoignages ont
permis d'établir que le représentant de l'armateur à bord
du TITANIC a influencé la décision du commandant de ne pas
réduire la vitesse malgré des alertes
météorologiques signalant la présence d'iceberg dans les
parages du TITANIC
La rapidité à laquelle a sombré le navire
dans une eau glaciale causa la disparition de plus de 1500 personnes
(femmes, enfants, adultes, vieillards). Le monde entier découvre alors
l'ampleur d'une catastrophe maritime, et les professionnels du secteur maritime
quant à eux doivent redevenir humbles, attitude qu'ils avaient tendance
à oublier avec la modernisation technologique. Ils devront accepter que
la mer restera à jamais un milieu hostile à l'homme, ce que la
révolution industrielle avait un temps fait oublier. Vu l'ampleur de la
catastrophe qui a touché toutes les couches sociales dont beaucoup
d'aristocrates Anglais, une conférence internationale pris place
à Londres en 1914 et mis en évidence de nombreux facteurs
accablants, qui couplés les uns aux autres ont entraîné cet
évènement de mer.
En prenant l'exemple du TITANIC, il est certain que dans
l'esprit des armateurs et du grand public, ce paquebot était
insubmersible. Il a fallut cette catastrophe pour révéler les
nombreuses lacunes dans le domaine du compartimentage et de l'équipement
des navires.
C'est ainsi que cette évènement de mer a conduit
à l'élaboration de règles internationales obligatoires
pour les navires marchandes, règles englobant les domaines techniques de
construction de navire, de détection incendie, d'équipement
pyrotechnique et de drome de sauvetage dans le but d'améliorer le
sauvetage de la vie humaine en mer.
Sans entrer dans une simple énumération de
catastrophe, il est cependant indispensable de citer les autres principaux
évènements ayant entraîné une évolution ou
une création de texte en faveur de l'amélioration de la
sécurité maritime.
Le 18 Mars 1967 le pétrolier libérien Torrey
canyon s'échoua au large de la Cornouaille. Cet
évènement entraînant une pollution de 250 kilomètres
des côtes britanniques et de 100 kilomètres des côtes
Françaises, est à l'origine de l'adoption de la convention de
1969 sur le droit d'intervention en haute mer, la convention CLC 69 et de la
création du FIPOL en 1971, fond d'indemnisation des dommages
causés par le transport par mer d'hydrocarbures ainsi que de la
convention Marpol de 1973, convention qui traite de la pollution
opérationnelle par hydrocarbure.
C'est en 1978 que la convention Marpol subit de nombreuses
modifications, cette révision a été motivée par
l'échouement de l'AMOCO CADIZ, pétrolier battant pavillon
libérien, qui déversa plus de 240000 T de pétrole au large
Portsall
Peu de temps après, le 7 mars 1980 le pétrolier
panaméen TANIO se rompt en deux au large des côtes
françaises, déversant plus de 6000 tonnes de Fuel lourd
N°2 ; ce dernier accident fût à l'origine du
Mémorendum de Paris autrement appelé « contrôle
par l'Etat du port » et a pour objectif de pallier les insuffisances
des états du pavillon.
Quelques fois une seule catastrophe ne suffit pas à
faire progresser le domaine de la sécurité maritime : ainsi
alors que le naufrage du Herald of Free Enterprise au large de la Belgique en
1987 causait la mort de 193 personnes, catastrophe qui conduisit l'OMI a
adopter une résolution en matière de gestion de la
sécurité, il fallut l'incendie survenue à bord du
Scandinavian Star, ferry danois, et ces 158 morts en Avril 1990 en Mer du Nord
pour rendre obligatoire cette réglementation.
L'échouement du pétrolier américain Exxon
Valdez au large de l'Alaska, poussera les Etats-Unis à adopter l'Oil
Pollution Act 90, réglementation unilatérale mais qui sera
reprise dans ces grands traits par l'OMI en 1992, avec la modification des
règles MARPOL et qui concerne surtout l'exclusion des navires
pétrolier simples coques .
C'est à la suite d'une série d'accidents comme
celui du Haven (2) en 1991, de Aegean Sea en 1992 et enfin du
Braer (3) en 1993 que la commission Européenne proposa
une politique commune de la sécurité maritime.
En 1994 le naufrage de l'Estonia en Mer Baltique causa la mort
de 852 personnes : s'ensuivi des modifications de SOLAS par l'OMI et
surtout l'établissement de normes régionales
décidées par la
(2) : Pétrolier chypriote qui
pris feu au mouillage dans le golf de Gênes avant d'exploser et de se
briser en deux déversant 30000 tonnes de pétrole.
(3) : Pétrolier libérien
qui s'échoua aux îles Shetland déversant 84000 tonnes de
pétrole
conférence de Stockholm et qui concerne la
stabilité des ferries après avarie pour les régions de la
mer baltique et de la mer du nord.
Enfin je citerai ici les évènements qui ont sans
doute marqué considérablement l'opinion public, plus attentive
aujourd'hui au problème d'environnement et qui ont été
à l'origine de nouvelles mesures émises par la Commission
Européenne : ce sont en 1999 le naufrage du chimiquier Erika qui a
amené la commission à s'interroger sur le contrôle des
sociétés de classification et l'application des normes de
sécurités.
Et enfin dernièrement la perte du pétrolier
PRESTIGE au large des côtes de Galice qui a accéléré
le processus de bannissement des navires pétroliers simples coques,
mesures déjà énoncée dans les propositions de la
commission Européenne suite à l'ERIKA dit paquet ERIKA I et
ERIKA II.
Voici donc la liste des évènements majeurs ayant
abouti à une modification, à la création de textes en
faveur de la sécurité maritime mais qui ont aussi eu une
incidence fondamentale sur l'évolution des régulateurs et des
autorités normatives. Malheureusement ces mesures sont
systématiques les conséquences de catastrophes et n'ont jamais
devancé les évènements. J'invite le lecteur à
effectuer cette constatation à la lecture de cette
énumération de catastrophes.
La catastrophe du TITANIC a donc finalement été
le point de départ d'une synergie sécuritaire dans le domaine
maritime et comme nous pourrons le constater plus en aval lors de cette
étude, les améliorations dans le domaine de la
sécurité maritime sont souvent le fruit d'une réflexion
menée suite à une catastrophe maritime, les enquêtes
accidents.
§1.2 : LES ENQUÊTES ACCIDENTS :
Comme nous avons pu le constater dans
l'énumération précédente, les mesures prises en
faveur de l'amélioration de la sécurité maritime le sont
pour la plus part à la suite d'une analyse effectuée afin de
connaître les circonstances de l'accident. Cette analyse est
effectué lors d'une enquête dite enquête accident :
commission ad hoc encore récemment, elle s'impose maintenant aux
états du pavillons dont un navire est impliqué dans un accident
majeur.
La première « enquête
accident » majeure menée à la suite d'une catastrophe a
été celle constituée à la suite du naufrage du
TITANIC : elle a été menée par la commission
sénatoriale des Etats-Unis et publiée le 28 mai 1912
(4).
Parallèlement à cette commission
d'enquête, une autre analyse avait lieu de l'autre côté de
l'Atlantique à Londres, du coté du Board of Trade, le
ministère Britannique du Commerce, enquête qui se déroula
du 2 Mai 1912 au Mercredi 3 Juillet 1912.
Cette commission enquêta spécialement sur le
nombre d'embarcations, radeaux, engins de sauvetage et autres
équipements pour la sécurité des passagers, et suivi les
recommandations émises par la commission sénatoriale reprises
afin d'établir une nouvelle réglementation.
Bien que la première convention internationale pour la
sauvegarde de la vie humaine en mer eu lieu à Londres en 1914 s'appuya
sur les éléments retenus par ces premières
enquêtes, ces mesures restèrent longtemps en sommeil suite aux
évènements tragiques de la première guerre
mondiale(5).
Donc depuis la catastrophe du TITANIC, l'intérêt
des enquêtes après accidents ne peut être remis en cause.
Cependant il n'existait pas de réel cadre, les
enquêtes étant menés au coup par coup et l'organisme
chargé de mener l'enquête constituée au cas par cas.
L'apparition des commissions d'enquêtes a
été une grande amélioration dans l'efficacité et
surtout la vitesse de réaction.
Le texte fondateur qui fixe désormais les conditions et
modalités des enquêtes après accident pour le maritime est
le texte de l'OMI intitulé « code pour la conduite des
enquêtes sur les accidents et incidents de mer »
résolution A 849(20) du 27 novembre 1997.
L'OMI qui s'est également doté d'un groupe de
travail au sein du sous comité Flag State Implementation (FSI ) sur les
« accidents et enquêtes ».
La directive Européenne 1999/35/CE du Conseil de
l'Union Européenne « relative à l'exploitation en toute
sécurité de services réguliers de transbordeurs rouliers
et d'engins à passagers à grande
(4) : Bulletin de la Navigation et des
Pêches maritimes, rapport de la commission Sénatoriale des
Etats-Unis sur la Catastrophe du TITANIC, source : gallica.bnf.fr.
(5) : Il fallut près de 15 ans
avant que ces mesures ne soient appliquées.
vitesse » se réfère explicitement
à la résolution de l'OMI précédemment
mentionnée et fait mention d'enquêtes obligatoires prévues
en cas d'accident.
A noter l'existence d'un Forum International des
enquêteurs sur les accidents maritime (MAIIF),en anglais le Marine
Accident Investigators International Forum, qui a pour objet de favoriser les
contacts directs entre enquêteurs de pays différents.
L'intérêt étant que dans certains Etats les BEA mer ne sont
pas dissociés des administrations chargées de la
réglementation et des contrôles.
Bien que les enquêtes accidents s'imposent maintenant
aux Etats du pavillon, il est cependant des commissions d'enquêtes
permanentes possédant une réputation de qualité et de
compétence comme le Marine Accident Investigations Branch (MAIB ) pour
l'Angleterre .
La France possède également une commission
d'enquête permanente reconnue sur le plan international, le BEA mer
(Bureau Enquête Accident).
Le BEA mer n'a été mis en place qu'à la
suite de l'arrêté du 16 décembre 1997 portant
création du BEA pour réaliser des enquêtes après
évènements de mer, permettant ainsi d'appliquer les dispositions
de la résolution A 849(20) de l'OMI portant « Code pour
la conduite des enquêtes sur les accidents et les incidents de
mer ».
Ce service est constitué au sein de l'Inspection
générale des affaires maritimes.
L'année 2002 a constitué un tournant
décisif pour le BEA mer ; en effet, depuis sa création en
décembre 1997 et jusqu'à fin 2001, le BEA mer n'avait qu'une
existence réglementaire suite à l'arrêté du 16
décembre 1997 .
Depuis le début de l'année 2002, le statut du
BEA mer s'est vu modifié et prendre un statut législatif
grâce à la loi n°2002-3 du 3 janvier 2002 sur notamment les
enquêtes techniques et administratives après
événements de mer.
Ce texte dans son titre III, élargit les
possibilités d'investigation des organismes permanents chargés de
la conduite des enquêtes techniques dans le secteur de la navigation
maritime et dans celui des transports terrestres, organise également la
coordination des travaux des BEA avec ceux des autorités judiciaires
éventuellement saisie des mêmes faits et enfin règle la
collaboration avec les
Etats étrangers qui pourraient être
concernés.
Le statut du BEA est bien sur la pierre angulaire fondatrice
de cette organisation, cependant ce qui lui confère une réelle
légitimité est son mode de fonctionnement qui doit mener à
des résultats d'enquêtes indiscutables afin d'imposer sa
crédibilité dans le milieu professionnel.
En effet le BEA est constitué d'un collège
permanent d'experts et professionnels maritime autour du directeur du BEA
représentant ainsi un panel assez complet du milieu maritime ce qui le
différencie des autres bureaux enquête accident européen
existant qui ont très peu d'autonomie dans le choix de leurs
collaborateurs.
De plus le directeur peut, s'il le juge utile, s'adjoindre les
services d'un expert temporaire dans tel ou tel domaine afin d'être le
plus précis possible dans les enquêtes.
Le domaine de compétence touche tout accident dont le
déroulement a eu lieu dans les eaux territoriales françaises,
tout accident où l'on déplore une victime de nationalité
française ou tout accident dont les répercutions
environnementales touchent les intérêts français tel
qu'énuméré dans le titre III, art 14,II.
Malheureusement le BEA mer ne peut qu'émettre des
recommandations et n'a pas d'action impérative sur les acteurs de la
sécurité maritime ; cependant son directeur mise sur la
publicité des recommandations(récapitulées chaque
année dans le rapport annuel) et le fait que le BEA possède de
plus en plus une image de professionnalisme, qui lui vaut d'être reconnu
sur le plan international par la commission européenne dans le cas du
« PRESTIGE » , la Commission européenne ayant
exprimé son souhait d'être tenue informée du
déroulement des travaux d'enquête, le BEAmer s'est
également rapproché de ses services à cet effet.
Mais le point essentiel de ces commissions d'enquêtes
reste leur contribution en matière d'amélioration de la
sécurité maritime :
Le but premier du BEA étant la recherche du fait
technique ayant entraîné l'accident afin d'éviter qu'il ne
se reproduise, le directeur du BEA compte énormément sur le
dialogue avec les entreprises
concernées dans une affaire afin de connaître les
positions de ces entreprises qui sont le plus à même d'apporter
des éclaircissements ou même des solutions.
Et le dialogue peut parfois apporter de réels
progrès techniques en matière de sécurité maritime
comme ce fût le cas pour deux recommandations émises à la
suite du naufrage du IEVOLI SUN, concernant le constructeur VINEL pour les
dégagement d'air et le constructeur FRAMO pour son système
d'assèchement des ballasts qui ont été pris en compte
immédiatement et intégré dans leur nouveau
système.(6)
De même font parti des recommandations du BEA suite
à la catastrophe de l'ERIKA, la demande d'une plus grande transparence
concernant les sociétés de classifications. Le BEA qui s'attaque
aussi à la notion de « safe manning certificat »
autrement dit l'effectif minimum de sécurité à bord d'un
navire, effectif approuvé par les Etats du pavillons et qui parfois ne
constitue même pas un minimum suffisant au respect de la
réglementation des temps de repos.(7)
La contribution des enquêtes techniques après
accidents n'est donc plus à démontrer, les commissions
permanentes facilitant encore plus le déroulement de ces
enquêtes.
Mais pourquoi alors les enseignements des catastrophes sont
ils pris en compte dans certains cas afin de faire évoluer ou de
créer un texte réglementaire dans tel ou tel domaine de la
sécurité ? En fait la question est de savoir quelle est la
motivation réelle qui a entraîné les organes
régulateurs et normatifs à établir des règles qui
peuvent bien souvent entraver le commerce maritime et son maître mot
« la rentabilité ».
Monsieur Boisson( directeur communication et affaires
juridiques, bureau veritas) nous en apporte sans doute un élément
de réponse dans ses propos tenus lors du colloque Saferseas
(8) : « la chaîne de l'amélioration de
la sécurité maritime est pour l'instant : catastrophe plus
travail sur les consciences de la part des médias égal obligation
pour les gouvernement de réagir. ».
(6) : Voir pour l'aspect technique les
recommandations chapitre 10 du rapport d'enquête finale du IEVOLI
SUN : http://www.equipement.gouv.fr/actualites/rapports
(7) : toutes ces recommandations sont
rappelées dans les rapports annuels du BEA pour 1999, 2000 et 2001
(8) : Colloque Saferseas, organisé
à Brest les 11-16 Mars 2002, Conférence Sécurité
Maritime et Protection de l'Environnement Marin
C'est sur ce postulat que se développera mon
argumentaire au cours de la prochaine section de cette partie consacrée
à la sécurité.
CHAPITRE II : DE LA POLITIQUE ATTENTISTE A
L'OBLIGATION D'AGIR
De la somme catastrophe plus pression de l'opinion publique
résulte l'obligation pour les gouvernements de réagir.
L'interrogation principale que soulève ce postulat est
pourquoi « réaction », terme qui suppose une action
en retour d'un évènement, et non anticipation ?
C'est en étudiant tout d'abord le contexte
économique qui régit le transport maritime que nous pourrons y
déceler une grande partie de la réponse.
En effet avant d'analyser les effets de la pression populaire
sur le secteur de la sécurité maritime qui est bien souvent la
cause de cette réaction, il faut au préalable avoir une
idée des enjeux économiques qu'impliquent une évolution de
la sécurité dans le secteur maritime afin de comprendre
qu'effectivement sans cette pression populaire, il est quasiment impensable de
voir ce secteur évoluer de lui-même.
§2.1 LE CONTEXTE ECONOMIQUE, FREIN AUX PROGRES
SECURITAIRE
En 2001, 5,89 milliards de tonnes de marchandises ont
été acheminés par voie maritime, la flotte maritime
mondiale comportant plus de 46000 navires .Le transport maritime international
a augmenté de 35% en 10 ans, parallèlement au
développement du commerce international.
Ces chiffres démontrent la puissance que peut
représenter tout le secteur du transport maritime.
Les deux termes les plus employés dans le monde du
transport maritime sont « rentabilité » et
« concurrence », deux notions qui se complètent dans
ce secteur.
En effet qui dit concurrence dit coût de transport pour
le chargeur le plus faible possible et pour obtenir la meilleure
rentabilité possible tout en étant compétitif face
à la concurrence, le transporteur ( l'armateur) aura (presque) toujours
la tentation de faire des économies sur les charges fixes d'exploitation
et sur les autres charges que celles de voyage.
Ainsi ce seront souvent les charges d'entretien et donc de la
sécurité, les charges d'équipage sans parler des charges
de fonctionnement de l'entreprise (taxes, management, assurance), trois
facteurs indissociables de la sécurité.
L'OCDE a démontré qu'un armateur qui
parviendrait à ne pas respecter les règles de
sécurité pourrait économiser jusqu'à 30% de ses
charges d'exploitation et au minimum 10% des charges globales. Le Comité
des Transports Maritimes de l'OCDE a mené une analyse sur le
surcoût d'exploitation correspondant au respect des règles de
sécurité et de protection de l'environnement : le
surcoût pourrait s'élever à 1 million US$ par an pour un
pétrolier de taille moyenne soit une économie équivalente
sans respect des règles minimales de sécurité.
A l'origine de cette dérive dans le domaine de la
sécurité maritime, la chute du prix du fret maritime : le
coût minimum d'un gros tanker est de 45000 dollars jour en dessous duquel
la sécurité ne peut plus être totalement assurée
alors que le taux de fret a lui chuté à 25000 dollars jour.
Essayons d'obtenir un ordre d'idée des montants
financiers qu'implique justement le respect des règles minimales de
sécurité.
Sur le plan du coût d'exploitation hors aspect
technique, concernant les charges propres au fonctionnement de l'entreprise, si
l'on prend le pavillon britannique ( qui est un peu l'équivalent du
pavillon français d'immatriculation Kerguelen ), le coût d'un
équipage de 25 personnes ( 4 officiers, 6 sous-officiers et 15 marins )
est de 95 000 $ américains par mois sous pavillon britannique, et de 33
000 $ sous pavillon asiatique. Le rapport est donc de 1 à
3.(9)
(9) : Sources OCDE- OECD(Organisation
for Economic Co-operation and Development ) : http://www.oecd.org/
Ceci n'étant que le coût de l'équipage
à cela il faudrait ajouter le coût du maintien du pavillon,
c'est-à-dire les contrôles annuelles et les taxes qui sont
largement inférieur dans un pays qui délivre des pavillons de
complaisances.
Autre exemple : un navire de charge, sous pavillons
français, doit emporter autant de combinaisons d'immersions que de
membres d'équipage prévus en exploitation alors que la convention
SOLAS n'en impose que trois : le coût d'une combinaison d'immersion
étant d'environ 800 euros pièce, le surcoût financier pour
le un navire sous pavillon français armé de quinze membres
d'équipage est donc d'environ 10000 euros.
Sur le plan du coût des évolutions techniques,
les chiffres deviennent bien plus importants :
Pour exemple le surcoût qu'a entraîné la
réglementation sur les navires doubles coques s'estime à 1
million d'euros, ce qui représente la différence entre un
pétrolier simple coque et un pétrolier double coque d'une
longueur d'environ 100 mètres, soit une petite unité.
A la suite de la catastrophe de l'ARGO MERCHANT le 14
décembre 1976, lorsque l'installation de gaz inerte a été
imposée sur les pétroliers de plus de 20000 tonnes de port en
lourd par un protocole à la convention SOLAS, ceci à
représenté un coût d'installation d'environ 200000 euros
par système de gaz inerte.
De nos jours pour une compagnie pétrolière
exploitant une cinquantaine de pétroliers, la mise en place d'une telle
réglementation coûterait 10 millions d'euros.
Cette limite de 20000 tonnes sera peut être un jour
remise en cause suite à l'explosion du pétrolier CHASSIRON de la
société Pétromarine lors d'une opération de lavage,
explosion qui a coûté la vie à un matelot.
Ainsi toute évolution des textes en faveur de la
sécurité est bien souvent accueilli avec douleur par les
armateurs qui ne sont fatalement guère enclin à une politique de
prévention. Rappelons que l'OMI de part sa nature permet aux pays
délivrant des pavillons dits de complaisance de peser lourdement dans
les décisions et par le biais de ces états faire entendre la voix
des armateurs.
Alors pourquoi l'émergence de normes, de
réglementation dans ce contexte : tout d'abord, malheureusement
à la suite des catastrophes, le bilan est bien souvent sans aucune
mesure avec les coûts qui seraient engendrés par une
prévention. C'est ainsi que la facture de la catastrophe de l'EXXON
VALDEZ a atteint cinq milliards de dollars en dommages et intérêts
pour le groupe EXXON.
Le surcoût qu'engendrerait la mise en conformité
en terme d'embarcation de sauvetage du TITANIC pour être conforme SOLAS,
serait d'au moins 30 embarcations supplémentaires (10)
soit un surcoût estimé à 1 500 000 euros ;
est ce comparable avec la perte de 1517 personnes. ?
La pression populaire, bien souvent l'émotion
populaire, est certainement le facteur déterminant qui permet au secteur
de la sécurité maritime d'évoluer, surmontant le poids du
contexte économique.
§2.2 LA PRESSION POPULAIRE EN FAVEUR DE LA SECURITE
MARITIME
En fait sans préjuger de la position future des
différents organes tant étatiques qu'internationales en
matière de prévention, force est de constater que la
volonté politique d'élaboration ou de mise en oeuvre de textes
concernant la sécurité maritime a, jusqu'à présent
été le résultat de la pression populaire ou de
l'émotion populaire, émotion populaire maintenant relayée
par les différentes techniques de communication ;
télévision, radio,internet...
Le mécontentement se fait connaître et se propage
par le biais des médias, et tous les acteurs du milieu maritime qu'ils
soient privés ou normatifs savent que ce mécontentement peut se
traduire par soit un chiffre d'affaire en baisse, soit de mauvais
résultats aux élections.
Nous pouvons donc étudier les effets de la pression
populaire sous deux aspects : son pouvoir sur les intervenants de la vie
politique et son pouvoir sur le milieu professionnel :
(10) : estimation à partir de la
réglementation SOLAS en vigueur actuellement pour les navires à
passagers.
a) sur le plan politique : A l'époque du naufrage
du TITANIC la presse écrite, ne serait ce qu'à Paris,
réalisait un tirage de cinq million cinq cent mille exemplaires et plus
de six millions en provinces.(11)
Le TITANIC avait à son bord des membres de la haute
bourgeoisie Anglaise et Américaine. C'est dans ce contexte que
survînt la catastrophe qui eût ainsi un retentissement
extraordinaire. Cette émotion est mentionnée en introduction dans
le rapport de la commission sénatoriale des Etats-Unis (12)
et est un des arguments de la justification de l'établissement
de cette commission. Deux commissions d'enquêtes se sont donc
constituées rapidement, l'une à Londres, l'autre à New
York moins d'un mois après la catastrophe.
Dans le cadre du TITANIC, le facteur qui a
déclenché cette émotion était donc le grand nombre
de pertes humaines et qui plus est, appartenant à des
sociétés civilisées comme l'Angleterre et les Etats
Unis.
D'autres évènements de mer qui ont
coûté également des pertes humaines n'ont pas eu le
même retentissement. Soit parce que seuls les marins étaient
concernés, soit la localisation du sinistre ou les victimes
n'appartenaient pas à un pays très industrialisé.
L'autre secteur qui émeut actuellement la
société est le secteur de l'environnement : depuis l'AMOCO
CADIZ les accidents de pétroliers sont énormément
médiatisés.
L'OPA aurait il vu le jour en à peine 18 mois
après la catastrophe de l'EXXON VALDEZ sans la retransmission de
milliers d'oiseaux mazoutés. Monsieur Boisson en doute comme il a pu
l'exprimer lors du colloque Saferseas.(13)
Cependant la pression médiatique peut mener à la
précipitation et à la surenchère médiatique :
Lorsque survient une catastrophe qui émeut une grande partie de la
population, pour les instances politiques il ne s'agit plus de tergiverser, il
faut prendre des décisions, on ne peut bien souvent pas prendre le temps
d'une réflexion menée dans une enceinte internationale comme
l'OMI. Les délais pour l'élaboration des textes et l'obtention
d'un consensus sont trop longs. C'est ainsi que des
(11) : Jacques Wolgensinger - La grande
aventure de la presse - Découvertes Gallimard 1989
(12) : Bulletin de la Navigation et des
Pêches maritimes, rapport de la Commission Sénatoriale des
Etats-Unis sur la Catastrophe du TITANIC, source : gallica.bnf.fr
(13) : Voir note (8) page 13
décisions unilatérales ou régionales
voient le jour : c'est le cas pour l'OPA qui a été
imposé de manière unilatérale par les Etats-Unis et
surtout sans consultation.
A l'heure actuelle nombreux sont les professionnels qui
s'interrogent sur l'efficacité des pétroliers simples coques
imposés par les Etats-Unis dans le cadre même de l'OPA alors
qu'à l'époque les chantiers de l'Atlantique proposait une autre
solution au problème du déversement d'hydrocarbure suite à
un naufrage ou un échouement : le système EEE (14)
qui n'a jamais été suivi d'effet pour raison
commerciale.
A la suite du PRESTIGE une décision politique bi
latérale Franco- Espagnole a été prise de manière
tout aussi rapide sous le coup de l'émotion publique : les accords
de Malaga. Au préalable le gouvernement Aznar fût vivement
critiqué pour sa gestion erratique de la crise et des mouvements de
protestations réunissant des milliers de manifestants dans les rues de
Madrid eurent lieu.
La mise en oeuvre de ces accords intervenait la semaine
suivante le naufrage, la France demandant à certains navires de sortir
de la zone économique exclusive.
Toujours à la suite du PRESTIGE, la France tout d'abord
a été très vive à demander sur le plan nationale
tout d'abord l'interdiction immédiate à tout navire
pétrolier simple coque d'un port en lourd de plus de 600 tonnes de
transporter des fuels lourds, proposition qui d'un point de vue
médiatique a un impacte important mais la soudaineté d'une telle
mesure rendait impossible le renouvellement des souteurs qui font pour la
grande majorité plus de 600 tonnes de port en lourd ; une telle
mesure pénalisait très lourdement les ports français qui
ne possédait plus de service de soutage pour les portes containers
notamment ; heureusement le comité centrale armateur par
l'intermédiaire d'une lettre de doléance regroupant les remarques
de tous les armateurs impliqués dans ce genre de transport a permis de
faire prendre conscience de ce problème. L'industrie a également
fait connaître ses craintes concernant les capacités de stockage
si une telle mesure était adoptée en l'état. La France
puis ensuite l'Europe par l'intermédiaire des ministres des transports
qui se sont réunis à Bruxelle le 27 Mars 2003 ont retenu un
assouplissement des propositions faites initialement à la commission
européenne en repoussant la limite minimum de 600 à 5000 tonnes
de
(14) : EEE pour Economique
Européen Environnement. Pétrolier construit au Chantier de
l'Atlantique . Le système était basé sur les
équilibres hydrostatiques ce qui empêchait tout déversement
de pétrole dans la mer en cas d'échouement du
pétrolier.
port en lourd et en accordant une dérogation pour les
pétrolier navigant exclusivement dans les ports ( ravitaillement ).
Mais encore une fois les premières mesures qui se
voulaient très rapides face aux attentes de l'opinion public
étaient dans l'absolue très nobles, auraient causé
d'énormes difficultés dans le transport maritime et dans le
secteur de l'industrie. Plus raisonnablement il a été
décidé d'effectuer ce passage de 5000 tonnes de port en lourd
à 600 tonnes dans un délai de 3 ans.
L'affaire du BIZANTIO, pétrolier à coque simple,
vieux de 26 ans, qui s'apprêtait à quitter l'Estonie pour
Singapour peu de temps après le naufrage du PRESTIGE et transportant le
même type de cargaison, peut être également
considéré comme la résultante de la pression
médiatique indirecte ou plus précisément de
l'émotion publique.
Dans cette affaire la France a fait pression sur l'Estonie
pour que les autorités contrôlent ce navire à son
arrivé à Talline alors que celui-ci avait fait l'objet, une
semaine plus tôt, d'un contrôle de l'Etat du port à
Rotterdam sans que ce contrôle ne révèle de
déficiences majeures qui entrent dans le cadre du Memorendum of
understanding, alors dans ce cas pourquoi demander un autre contrôle
expressément ?
Preuve de la pression exercée par la France à ce
moment , la déclaration sur iTV le 27 Novembre 2002 du
secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau: « ce
navire est en Estonie, qui est un pays qui va entrer dans l'Europe
prochainement et la France va voir si l'Estonie a vraiment la
volonté de rentrer dans l'Europe » et si ce pays est
décidé « à agir immédiatement
à notre demande pour faire en sorte que ce navire soit
vérifié ».
Ajoutant également : « S'il venait
près de nos côtes, il pénètrerait un certain moment
dans les zones maritimes d'un certain nombre de pays .Nous pourrions
également intervenir », « les mesures de Malaga
s'appliquerait à ce navire ».
Les intentions de Mr Bussereau étaient claires
lorsqu'il parlait des mesures de Malaga applicables à ce navire, il
voulait détourner le navire hors de la ZEE de la France mais avec du
recul, sans la pression médiatique, ce navire bien que datant de 1976 et
transportant du fuel lourd, répondait de manière favorable
à tous les critères définis dans cet accord qui aurait
permis de lui demander de se
détourner. Il aurait donc fallu faire un contrôle
du navire en pleine mer, contrôle qui n'aurait sans doute rien
donné, le navire ayant été contrôlé dans le
cadre du MOU une semaine plus tôt.
b) sur le plan professionnel : La
télévision a donné un aspect spectaculaire aux
catastrophes maritimes : des millions de téléspectateurs
français ou étrangers ont pu constater , en direct , heures par
heures , les dégâts occasionnés par l'échouement de
l'AMOCO CADIZ : des oiseaux englués et des plages
souillées.
Quelques années plus tard ce sont les américains
et le monde entier qui découvrent le désastre occasionné
à l'environnement par l'EXXON VALDEZ.
Pendant plusieurs jours le monde entier pourra observer les
lettres EXXON sur la cheminée du pétrolier.
Les professionnels du transport maritime pétrolier se
sont donc retrouvés en première ligne et c'est ainsi que des
instructions ont été émises envers les bords pour essayer
de masquer tout symbole pouvant rattacher un navire à la
société propriétaire en cas de catastrophe.
Par la suite les principales majors se sont
désengagés progressivement du transport maritime de
manière directe.
En fait les principales compagnies pétrolières
utilisent maintenant principalement le système de l'affrètement
pour effectuer le transport d'hydrocarbure afin de fuir en premier lieu les
responsabilité du transporteur, ce qui a d'ailleurs pu être fait
dans le cadre de l'OPA où le chargeur n'est plus responsable, et en
second lieu d'éviter le mécontentement populaire.
De plus l'apparition et le développement d'internet a
permis au citoyen lambda de donner son avis et une campagne de
dénigrement comme la vécu TOTAL avec plusieurs sites parodiant le
nom de TOTAL a un impacte médiatique important.
L'émotion que créé une catastrophe est
relayée directement et bien souvent sans recul : c'est aussi le
danger de la pression populaire et les principaux acteurs du transport
maritime doivent intégrer cette notion.
Ainsi le deuxième objectif du désengagement du
transport maritime par les majors n'a pas été atteint comme nous
avons pu le constater dans le cas de l'ERIKA où le chargeur, TOTAL, a
été propulsé sur le devant de la scène. Et
maintenant force est de constater que lorsqu'une catastrophe
pétrolière survient, le chargeur est automatiquement mis en cause
par le grand public. Souvent même le nom du transporteur est
occulté par celui du chargeur.
Dans ce contexte l'impacte est bien supérieur lorsque
le nom de TOTAL est exploité par les médias que lorsque le nom du
transporteur est révélé : demandons nous quelle est
la proportion de la population qui se souvient du nom de l'armateur de l'ERIKA
( bien que l'enquête eu beaucoup de difficulté pour remonter au
véritable propriétaire du navire ) et la proportion de la
population qui se souvient que l'affréteur était TOTAL?
Les armateurs quant à eux ne sont pas exposés
à cette pression populaire en premier lieu, car contrairement aux
compagnies pétrolières ou bien même aux gouvernements, ils
n'ont comme principaux interlocuteurs que des professionnels, ils ne peuvent
donc être touchés que par transitivité ou par un pouvoir
régulateur.
Le principe des vettings (inspection réalisée
par l'affréteur pour établir l'état du navire) a donc
été généralisé afin de répondre aux
deux facteurs : les affréteurs ne s'engagent plus sans qu'un navire
soit considéré en bon état par d'autres majors et les
armateurs doivent satisfaire aux critères de qualité
imposés par les majors.
Ainsi dans le milieu professionnel, la pression populaire a
été certainement un des facteurs de l'amélioration de la
sécurité maritime, c'est pourquoi le plus grand nombre de navires
interdits de reprendre la mer par les autorités d'un état sont
des vraquiers qui bien souvent ne présentent pas de risque pour
l'environnement et donc ne sont pas mis en premier plan de l'actualité
(15).
La médiatisation a un effet pervers également
qu'il convient de souligner, elle n'est pas globale, en effet de nombreux
navires pétroliers qui ne sont plus exploitables dans les conditions
édictées précédemment s'éxodent vers des
régions actuellement moins sensibles sur le sujet de la
sécurité maritime comme l'Afrique de l'ouest ou l'Asie, preuve
encore s'il en été besoin que la pression populaire régit
maintenant en permanence le milieu du transport maritime.
(15) : source MOU :
http ;//www.parismou.org
Ce tableau pessimiste dressé lors de cette
première section concernant les raisons qui permettent d'espérer
une évolution dans le secteur de la sécurité maritime
démontre à quel point les organes régulateurs dans ce
domaine font preuve d'une volonté toute relative à cette
progression.
Il devient donc nécessaire à ce stade d'essayer
de définir à quel niveau la régulation de la
sécurité maritime doit se faire et quelle en est
l'efficacité, ceci faisant l'objet de la section suivante.
SOUS SECTION II : LEGITIMITE ET EFFICACITE DES
DIFFERENTS NIVEAUX D'INTERVENTION
Nous pourrons articuler cette étude autour de deux
points : le niveau supra-national et le niveau national.
CHAPITRE PREMIER : LE NIVEAU
SUPRA-NATIONAL : ENTRE
LEGITIMITE ET GLOBALITE
Nous allons distinguer maintenant le niveau international et
le niveau communautaire qui dernièrement a pris une part de plus en plus
importante dans le secteur de la sécurité maritime.
§1 .1 : LE NIVEAU
INTERNATIONAL
De part l'aspect international du transport maritime et de
l'évolution rapide de celui-ci, il ne fait nul doute que la
compétence pour le contrôle et la réglementation de ce
milieu ne peut se faire essentiellement que de manière
internationale.
C'est à la suite du naufrage du TITANIC qu'eu lieu la
première conférence internationale sur la sécurité
maritime à Londres en 1914 .
A la fin des années 40 , chaque nation maritime
possédait sa propre législation maritime, les standards
étant ainsi très différents et parfois contradictoires
entre les Etats. Cette situation était très
dommageable à la sécurité maritime et c'est
tout logiquement qu'une institution internationale fût
créée en 1948 afin de mettre en commun les préoccupations
des états en matière de transport maritime, l'OMI était
née :
Créée par une convention internationale
adoptée le 6 Mars 1948 à Genève et entrée en
vigueur 10 ans plus tard le 17 Mars 1958.
L'OMI est l'institution spécialisée dans le domaine
de la navigation maritime de l'ONU.
Le but de cette organisation est contenu dans l'article 1(A)
de la convention : il s'agit de fournir un moyen de coopération
entre les gouvernements dans le cadre de toute chose affectant le commerce
international maritime.
Tout d'abord organisation consultative de l'ONU, comme son nom
l'indiquait , OMCI ( Organisation Maritime Consultative Internationale ), elle
profita de l'évènement du TORREY CANION en 1967 pour
s'évader de son secteur technique pour développer son action dans
des domaines juridiques. Elle s'est enfin dotée d'un comité
juridique très peu de temps après et pris le nom d'OMI en 1982
Elle compte aujourd'hui 162 Etats membres dont la France qui a
ratifié la convention en 1952 et possède son siège
à Londres.
Tous les Etats membres sont représentés au sein
de l'assemblée qui se réunit une fois tous les 2 ans. Un conseil
constitué de 32 gouvernements membres, dont la France, élus par
l'assemblée joue le rôle d'organe directeur entre les sessions de
l'assemblée.
Pour se rendre compte du travail de l'OMI en matière de
sécurité maritime, il convient de préciser qu'une
trentaine de Conventions et protocoles ont été adoptés.
Le tableau ci-dessous démontre l'étendu de la
portée des conventions de l'OMI :(16)
(16) : source IMO : www.imo.org
Convention
|
Nombres d'états signataires
|
% du tonnage mondial couvert
|
Load Lines 1966
|
140
|
98.19
|
SOLAS 1974
|
136
|
98.27
|
STCW 1978
|
130
|
97.55
|
Collision Regulations 1972
|
130
|
96.20
|
Tonnage 1969
|
118
|
97.51
|
MARPOL 73/78
|
102
|
93.48
|
Nous venons donc de voir que l'OMI est sans doute la
réponse à l'échelle mondiale pour les matières
concernant la sécurité maritime.
Sa légitimité à ce niveau est
indiscutable puisque émanent de la volonté internationale
d'harmoniser sur le plan mondial les réglementations qui étaient
d'ordre national, légitimité confortée par les
statistiques du Lloyd's register , le taux de perte total de navire continue de
diminuer : En 1995 , 3 navires sur 1000, en 2000 1.9 sur 1000
disparaissaient. Les études pour les déversements montrent la
même tendance. Mais l'on est cependant en droit de se demander si le
niveau mondial est bien le degré de pertinence adéquate: en
effet il s'agit d'une question d'échelle tout d'abord sur un plan de
l'organisation et ensuite sur le plan géographique.
Sur le plan de l'organisation interne de l'OMI, une
étape a été franchie dans les années 70 avec
l'adoption de l'amendement de l'acceptation tacite : contrairement
à ce qui se faisait précédemment une résolution est
automatiquement acceptée à une date décidée
à moins qu'elle ai été expressément rejetée
par un certain nombre d'états.
Ainsi le délais pour l'entrée en vigueur des
derniers amendements SOLAS a été réduit à 18 mois
alors qu' en comparaison les mesures en réaction au
TITANIC ne sont entrée en vigueur qu'en 1933 soit près de 20
années après la catastrophe et seulement après qu'une
deuxième convention est été adoptée en 1929.
Cependant le vrai problème du fonctionnement de l'OMI
reste le rôle que possède chaque état en son sein.
Un des points clés qui peut nous aider à comprendre
quel est le poids des différents états au sein de l'OMI concerne
la question du budget : en effet le budget de l'OMI est alimenté
par la contribution de chaque pays et ce en fonction essentiellement du tonnage
de la flotte de commerce. La France contribue à hauteur de
247 300£ par an soit 1,41% du total.(17)
Les modalités de vote au sein de l'OMI
génèrent des blocages récurrents. L'OMI ne reconnaît
pas le schéma d'expression démocratique classique «
une pays = une voix » mais au contraire évalue le poids de
chaque pays au pourcentage de leur flotte mondiale pour établir les
procédures de vote. Ainsi des pays comme la Grèce, Malte, le
Libéria et d'autres pays dont l'administration maritime est relativement
réduite pèsent d'un poids totalement disproportionné sur
toutes dispositions tendant à réglementer le transport maritime
international.
L'OMI est ainsi dominée par les pavillons de
complaisance.
Cependant les délais reste très longs pour les
victimes en premier lieu des catastrophes maritimes.
De plus en matière de règles internationales, il
n'y a pas de contrôle, pas de sanctions et il n'y a pas de tribunaux.
Ainsi Monsieur François Lamoureux, Directeur Général pour
la Direction Général Energie et Transport, commission
Européenne, de regretter :
« Les règles de l'OMI peuvent être
parfaites, mais il n'y a pas, pour le moment d'outil pour aller vérifier
si les pays respectent les règles »
(17) : source site web du Ministère
de l'Equipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer :
www.mer.gouv.fr
L'échelle géographique peut également
être un facteur de ralentissement : en effet il faut faire prendre
conscience à un certain nombre d'Etats membres des préoccupations
d'autres Etats membres situés à des milliers de
kilomètres ; la solidarité a des limites d'ordre
économique ; rappelons les coûts que peuvent engendrer une
résolution d'ordre technique et se sentir concerné dans ces
conditions lorsque l'on est pas impliqué physiquement reste parfois
difficile.
Ainsi donc bien que la légitimité de l'OMI n'est
pas remise en cause, le monde maritime a pu constater l'émergence d'un
nouveau pouvoir international normatif pendant ces 10 dernières
années, pouvoir qui ose se confronter à l'OMI surtout en
matière de pollution ; il s'agit de la communauté
européenne.
§1 .2 : LE NIVEAU COMMUNAUTAIRE
Bien que placée à un niveau supra-national, la
communauté européenne peut sous certain aspect être
considérée par une approche régionale. L'Europe est
maintenant en quelque sorte une région du monde et ainsi peut être
plus réactive face à une catastrophe. Les intérêts
communs sont beaucoup plus facilement appréhendés qu'à
l'échelle mondiale.
L'article 80 du traité d'Amsterdam ( 84 du
traité de Rome) précise que le titre V du traité, sur les
transports, s'applique aux transports par route, rail et voies d'eaux
intérieures, mais que le conseil devait à la majorité
qualifiée décider des dispositions appropriées pour la
navigation maritime- et aérienne.
Mais l'Union Européenne en matière maritime
était principalement préoccupée par les questions
d'ouverture des marchés et de concurrence les plus proches des objectifs
fondamentaux du traité de Rome.
En matière de sécurité maritime, l'Union
Européenne est apparue depuis peu dans le jeu institutionnel, depuis
l'accident du BRAER en 1993.
Bien avant l'évènement du BRAER , suite à
l'accident de l'AMOCO CADIZ en 1978, la Commission avait à plusieurs
reprises attiré l'attention du Conseil sur le fait que les cadres
classiques d'action internationale en matière de sécurité
maritime à travers l'OMI étaient
insuffisants pour s'attaquer aux causes des accidents.
La sécurité maritime n'a toutefois fait l'objet que
de quelques retouches ponctuelles durant cette période. L'Union
Européenne n'a compétence en matière de
sécurité maritime que depuis le traité de Maastricht, qui
attribue à l'Union Européenne une compétence sur la
sécurité des transports en général.
La commission a diffusé, le 24 Février 1993, la
communication intitulée « Pour une politique commune de la
sécurité maritime »(18). Le fondement
de cette politique commune a pour but de faire progresser la
sécurité maritime et la prévention de la pollution des
mers en Europe :
· En favorisant la concertation entre Etats membres pour
qu'ils mènent un action positive au sein de l'OMI et qu'ils en
appliquent tous les règles de manière harmonisée afin
d'éviter des distorsions de concurrence entre Etats membres ;
· En renforçant leur lutte contre les navires sous
normes de pays tiers qui n'appliquent pas correctement les règles de
l'OMI, dans l'esprit du Mémorendum de Paris ;
· En définissant des normes communes pour les
domaines non couverts par l'OMI
Ainsi l'Union Européenne s'est dotée d'une
politique commune en matière de sécurité car qu'elle a pu
s'appuyer sur les « moteurs » juridiques inscrits
dans le traité notamment :
· Le principe de l'intégration de la dimension
environnementale dans l'ensemble des politiques communautaires.
· Le nouvel objectif sécuritaire applicable au
transport affiché dans le traité Maastricht
La stratégie proposée par la Commission a
rapidement été mise en oeuvre : 12 directives et 3
règlements s'en sont suivis.
Ces textes visent à assurer dans la Communauté
une application plus stricte, voire anticipée, des règles issues
des conventions internationales dans les domaines de la sécurité
des navires, de la prévention des pollutions, des critères de
qualification et de formation des marins et des conditions de travail à
bord.
(18) : COM(93) 66 final
Cette anticipation est toutefois maintenant source de tension
entre l'OMI et la communauté européenne comme nous pourrons le
constater plus en avant dans ce chapitre.
Suite à plusieurs autres accidents, notamment celui de
l'Estonia en 1994, une attention particulière a été
portée aux navires transportant des passagers et des marchandises en
vrac.
Cette législation vise pour l'essentiel les navires de
commerce mais les bateaux de plaisance et les bateaux de pêche font
également l'objet de mesures communautaires spécifiques.
Mais pour le grand public le point de départ de la
politique commune en matière de sécurité a
été le naufrage de l'ERIKA en décembre 1999 et celui du
IEVOLI SUN en octobre 2000 qui ont remis la sécurité maritime
sous les feux de l'actualité car des intérêts
économiques étaient en jeux, essentiellement le tourisme. Ces
deux accidents ont mis en évidence l'existence de problèmes
sérieux dans la mise en oeuvre de la réglementation en
matière de sécurité maritime et au sein même de
l'industrie maritime. Les procédures actuelles de contrôle, qui
sont sous la responsabilité soit de l'Etat du port, soit des
sociétés de classification, ont été très
largement inefficaces et ne donnent aucune garantie sur la bonne
navigabilité des navires.
L'Erika a également provoqué une
considérable émotion dans l'opinion publique qui a conduit le
gouvernement français, le Parlement Européen et le Conseil a
réclamé un renforcement des mesures de sécurité
maritime dans les eaux européennes.
Dans un premier temps la Commission a donc adopté le 21
mars 2000 une Communication présentant une série d'actions
concrètes. Le paquet ERIKA (19)proposé portait
sur deux axes d'actions :
(19) : COM(2000) 142 final
· Des mesures pouvant rapidement être mises en oeuvre
:
- le renforcement des contrôles dans les ports ;
- le renforcement du contrôle des sociétés de
classification ;
- la généralisation de l'interdiction des
pétroliers à simple coque sur la base d'un
calendrier identique à celui des USA.
· Des mesures à prendre à moyen terme car
nécessitant une large concertation :
- la systématisation des échanges d'information
entre tous les acteurs du monde
maritime en s'appuyant notamment sur la base de données
EQUASIS ;
- l'amélioration de la surveillance de la navigation
maritime dans les zones les plus
fréquentées ;
- la responsabilisation des différents acteurs du
transport de pétrole par voie maritime.
Sur ce point, il faut noter que le régime de
responsabilité est actuellement dominé par des conventions
internationales. Dans ce domaine, la Commission entend :
i) oeuvrer pour l'augmentation des régimes collectifs
d'indemnisation notamment du FIPOL ;
ii) poser les principes d'une responsabilité pour
négligence grave du transporteur et du propriétaire de la
cargaison, contrairement aux Etats-Unis qui dans le cadre de l'OPA a totalement
exclu les affréteurs de toute responsabilité.
- l'éventuelle création d'une structure
européenne de la sécurité maritime dont la tâche
serait de contrôler l'organisation et l'efficacité des
contrôles nationaux dans le but d'assurer une plus grande uniformisation
des contrôles au niveau européen.
Enfin dernièrement l'affaire du Prestige, en
décembre 2002, a mis en évidence la lenteur de l'Europe à
mettre en oeuvre les mesures établies et pour lesquelles les
états membres s'étaient engagés à mettre rapidement
en oeuvre pendant le Conseil Européen de NICE. (20)
(20) : Conseil Européen de Nice du
7,8 et 9 décembre 2000
Pour Mr François Lamoureux , directeur
Général pour la DG Energie et Transport, il est clair que la voix
du règlement s'impose aujourd'hui afin de contourner cet obstacle de la
transposition par les Parlements Nationaux.
C'est cette volonté clairement établie qui a
permis au Conseil « transport » des 5-6 décembre
2002 d'avancer la date d'entrée en vigueur de la disposition sur les
ports refuges au 1 juillet 2003, alors même que la directive
imposée un date d'entrée en vigueur au 5 Février 2004.
Donc depuis 1993, l'Union Européenne a donc pris la
pleine ampleur de son rôle de relais de l'OMI en matière de
sécurité maritime, ainsi l'éveil de cette conscience
maritime européenne contribuera à mettre en valeur la place de
l'Union dans les instances internationales chargées d'organiser le
transport maritime dans le monde, d'après Mr Josselin de Rohan,
président du conseil régional de Bretagne pendant le
séminaire sur la sécurité maritime de Brest du 2/3
novembre 2000.
Cependant Mr Josselin de rohan soulève peut être
le dernier vrai problème auquel est confronter l'Union
Européenne : trouver la place de l'Union Européenne au sein
de l'organisation maritime internationale.
En effet au sein de l'OMI seules les Etats possède le
droit de vote, les organismes ou représentations n'étant
qu'observateurs. Le problème est donc tout d'abord d'obtenir un
consentius au sein de l'Europe et ensuite d'obtenir dans le futur une
représentativité et non seulement un rôle d'observateur au
sein de l'OMI.
Ce consencius est sans doute la principale difficulté que
va devoir surmonter l'UE :
Pour exemple lors des discussions sur les propositions faites
par la Commission dans sa Communication de mars 2000, lors de la
première réunion, la France s'est retrouvée seule contre
les 14 autres Etats membres à soutenir ces propositions !
En effet l'intérêt de chaque état membre de
l'Union Européenne ne correspond pas nécessairement avec celui de
ses voisins.
Pour s'en persuader constatons tout d'abord le rôle
important de la présidence de l'Union Européenne : A l'heure
de l'Erika , la France occupait la fonction de la présidence de l'Union
Européenne et sous sa présidence la France a poussé
l'Europe a prendre ses responsabilités en matière de
sécurité maritime et a adressé à l'Union
Européenne en Février 2000, un mémorendum proposant
plusieurs mesures pour un renforcement de la sécurité maritime,
la Commission Européenne proposant en réponse à cette
action, la paquet ERIKA I.
Aujourd'hui la Grèce effectue la présidence de
l'Union Européenne et contrairement à la France, manifeste son
opposition totale à tout durcissement unilatéral en Europe de la
réglementation en matière de sécurité maritime.
Les pays Européens devraient, selon la
présidence européenne, s'en remettre entièrement au bon
vouloir de l'OMI, position défendue par le ministre grec de la marine
marchande, Georges Anoméritis et le secrétaire
général de l'OMI, William O'Neil. Le ministère de la
marine grec estimant que d'éventuelles nouvelles mesures doivent
être prises dans le cadre de l'OMI.(21) Rappelons que la
Grèce est un des états possédant le plus d'armateurs
battant pavillons de complaisance.
C'est pour ces raisons que la France et l'Espagne voulait voir
leur initiative ( accord Malaga) étendue à l'ensemble des Etats
membres de l'Union Européenne lors du sommet de Copenhague, les 12 et
13 décembre 2002, redoutant que la présidence de la
Grèce ne soit une entrave.
Le 27 Mars 2003, les ministres des Transports des Quinze ont
adopté un règlement comparable à la loi américaine
sur les pollutions pétrolières (OPA) qui interdit aux gros
bâtiments à simple coque de faire escale dans leurs ports
lorsqu'ils transportent des fuels lourds, la généralisation de
cette mesure est poussée notamment par la France.
Hors de la présidence de l'Union Européenne,
reste la volonté des Etats membres a appliquer les directives
Européennes : ainsi lors du sommet Européen de NICE, de
nombreux états s'étaient engagés à transposer le
plus rapidement dans leur législation les directives Européennes
du paquet ERIKA I. Cependant la date du 22 juillet 2003 était la date
butoir pour la transposition de ces
(21) : Dépêche AFP du 12
janvier 2003, Athènes
directives et la commission s'apprête aujourd'hui
à poursuivre certains Etats membres en ouvrant une procédure
d'infraction (la Belgique, la Finlande, la Grèce, l'Irlande, l'Italie,
les Pays Bas, le Portugal, la Suède) pour non communication des
dispositions nationales de transposition, ceci pour démontrer qu'
à l'émotion suscitée par le naufrage de l'ERIKA a
succédé encore une fois une politique attentiste.
De même il existe clairement une opposition entre un
bloc formé par l'Angleterre, la Grèce, les Pays Bas et les pays
du nord, qui font prévaloir la liberté de circulation sur les
mers, et un bloc formé par la France, la Belgique, et les pays
méditerranéens, qui sont avant tout soucieux de la
sécurité maritime (22) : les premiers
prônant l'hégémonie de l'OMI, les seconds bien
décidés à prendre des mesures par l'intermédiaire
de l'Europe même de manière anticipée par rapport à
l'OMI.
L'entrée prochaine dans l'Union Européenne de
Malte et de Chypre, qui dispose respectivement de la 5ème et
6ème flotte mondiale, risque de renforcer le camp de la
liberté des mers au détriment de celui de la
sécurité maritime au sein même de l'Union
Européenne. En effet dans un premier temps cette adhésion aura
sans doute pour effet de renouveler la flotte de ces états car ils
devront dès leur entrée au sein de l'Europe appliquer les acquis
communautaire mais une fois cette étape franchie, la situation de
rapport de force telle que défini précédemment pourra
s'installer.
Il reste donc beaucoup à faire avant que l'Europe ne
puisse parler d'une seule voix au sein de la seule instance qui régit le
système mondial : l'OMI.
L'entrée prochaine de Malte et de Chypre aura sans
doute un effet bénéfique pour l'amélioration de la
politique de sécurité maritime au sein même de ses Etats,
un effort devant être réalisé pour correspondre aux
critères minimum de l'Europe et de plus l'Union Européenne
possèdera ainsi la première flotte mondiale (le tonnage
exploité par les armements communautaires passera de 15,98% à
26,16% du tonnage mondial) pouvant constituer un contre poids à l'OMI,
cependant au sein même de l'Europe il faut redouter que cet
élargissement de l'Europe ne ralentisse les futurs progrès en
matière de sécurité maritime.
(22) : Se référer au compte
rendu de la réunion de la délégation pour l'Union
Européenne au sénat le 10 décembre 2002.
CHAPITRE II : LE NIVEAU NATIONAL : LEGITIMITE
ET ISOLEMENT
§2.1 : LE NIVEAU NATIONAL
A l'échelon national la légitimité d'une
politique en matière de sécurité nationale est
indiscutable : l'état est souverain et peut donc émettre des
réglementations propres dans ses eaux territoriales, compétence
rappelée par la Convention sur le droit de la mer de 1982 dans son
article 2 : « La souveraineté de l'Etat côtier
s'étend au-delà de son territoire et des ses eaux
intérieures, à une zone de mer adjacente désignée
sous le nom de mer territoriale » .
La sécurité du transport maritime est par nature
une compétence étatique qui ne peut s'exercer pleinement que dans
le cadre d'une coopération internationale à l'échelle
continentale ou mondiale en terme de normes, de procédures et de moyens
de prévention.
Ainsi concernant la France les arrêtés
préfectoraux doivent être appliqués par tous les navires
étrangers entrant dans les eaux territoriales et à destination
d'un port de France et ceux-ci ne peuvent sans dispenser : l'on peut citer
les arrêtés préfectoraux en matière de
réglementation de la circulation maritime qui existe pour tous les golfs
et zones portuaires de France, les arrêtés réglementant
également les comptes rendus obligatoires des navires pétroliers
entrant les eaux nationales. Signalons ici que ce système de compte
rendu a été précurseur de celui de l'OMI.
L'on peut citer également le système de
l'assistance imposée par l'administration française à des
navires, pétroliers ou autres, en difficulté au large des
côtes françaises, sur le fondement de la loi du 16 Juillet 1976
qui s'appui sur la Convention de 1969 sur le droit d'intervention en haute
mer.
Sur le plan de la pertinence il ne fait aucun doute qu'au
niveau national l'action est fondée pour la sauvegarde des
intérêts nationaux lorsque la répercussion reste nationale
et ne va pas à l'encontre du droit de la mer.
Le problème qui se pose pour le niveau national c'est
lorsque celui-ci oeuvre pour un texte ou une réglementation qu'il
cherche à faire appliquer sur le plan international. L'état
concerné doit sortir de son
isolement et l'affaire doit être traité de
manière diplomatique : lorsque les intérêts de
plusieurs états se rencontrent alors le poids est plus important. C'est
souvent le cas en matière de protection de l'environnement, les
pollutions maritimes ne connaissant pas les frontières.
Cependant comme nous l'avons vu précédemment
sous le coup de l'émotion des dispositions peuvent être prises,
dispositions qui souffrent d'un doute de légitimité et je le
rappelle non de pertinence car c'est bien souvent la forme et non le fond qui
pose problème.
Sous la pression médiatique des mesures sont prises
avec précipitation sans concertation avec les institutions
internationales, ce qui impliquerait assurément un délai
insoutenable pour les autorités nationales confrontées de
manière plus proche à la pression populaire.
Rappelons les mesures unilatérales comme l'OPA 90 des
Etats-Unis qui a précipité la construction de pétroliers
doubles coques, mesures imposés si rapidement (imposé car lorsque
les états unis limitent l'accès à leurs eaux en fonction
d'une réglementation nationale, le poids des échanges
économiques est tel que cette réglementation s'impose à
la globalité du monde maritime) qu'elles n'ont pas permis au
système de construction de pétrolier EEE d'être
généralisé. Aujourd'hui la question se pose de savoir si
la construction de pétrolier double coque est la solution technique la
plus valable à long terme.
Rappelons également les mesures bilatérales des
accords de Malaga, suite à la pollution causée par le naufrage du
Prestige. Ces mesures s'appuient sur l'Art 56 de la Convention des Etats-Unis
sur le droit de la mer de 1982 afin de limiter l'accès à la zone
des 200 milles pour les pétroliers simples coque de plus de 15 ans
transportant des fuel lourd. Cette mesure trouve donc sa
légitimité au sein d'un texte internationale et est en voix
d'Européanisation, le conseil transport du 6 décembre 2002 ayant
décidé que dans l'attente d'une réglementation
européenne, les Etats membres qui le souhaitent doivent , comme la
France et l'Espagne, pouvoir prendre de telles mesures.
Pour obtenir une légitimité incontestable, les
mesures prises de manière unilatérale doivent donc être
validé de manière internationale, souvenons nous du rôle de
l'OMI qui est d'harmoniser les différentes réglementations
nationales.
Les délais bien trop longs étant le
problème principal à la suite d'une catastrophe l'on rejoint le
fait que la solution serait une politique préventive tout d'abord des
états et ensuite des organismes internationaux.
Depuis l'ERIKA la France a pris conscience de ce fait et est
très active au sein de l'Europe pour proposer des plusieurs
séries de mesures. Cette volonté peut se constater au travers de
trois memoranda adressés par le Gouvernement français le 15
février 2000 à l'OMI, à l'Union Européenne et au
FIPOL, memoranda qui développaient une approche globale pour le
renforcement de la sécurité :
- en matière de prévention, améliorer la
surveillance des navires en étendant l'identification des navires
transportant des produits dangereux et en exigeant la transmission, au
préalable, d'un dossier de sécurité avant l'accès
à un port européen ;
- harmoniser les conditions de travail des équipages
;
- renforcer le contrôle de la structure des navires ;
- assurer un meilleur contrôle des organismes
chargés de la sécurité - inspecteurs des Etats du port et
du pavillon, sociétés de classification - ;
- accroître la transparence grâce à la mise
en commun d'informations sur les navires à partir de la base de
données EQUASIS ;
- faire évoluer le dispositif du FIPOL et bannir les
navires ne respectant pas les normes internationales.
La pertinence à agir en matière de
sécurité maritime s'appui donc sur un fait géographique,
l'échelle nationale étant bien souvent l'entité la plus
sensible à une nuisance ou des pertes humaines ; mais une
échelle encore plus humaine peut promouvoir encore la
sécurité maritime, il s'agit des régions et plus
précisément les régions maritimes géographiquement
qui elles sans nul doute sont les premières victimes des nuisances
à l'environnement.
§2.2 : LE NIVEAU REGIONAL
Le niveau régional est sans doute le plus sensible
à l'amélioration de la sécurité maritime. En effet
les régions maritimes sont les victimes directes des catastrophes
écologiques type AMOCO CADIZ , ERIKA ou PRESTIGE. Sans
réelle légitimité sur le plan de l'élaboration de
normes de régulation, c'est sans doute cependant le niveau le plus
pertinent. A priori les régions maritimes paraissent ainsi bien
isolées sur un plan national cependant elles prennent une autre
dimension dans le domaine des pollutions provenant d'accidents maritimes, de
part la nature même de ces pollutions. En effet les pollutions maritimes
méprisant les frontières géographiques, elles donnent
ainsi une dimension internationale aux régions maritimes lorsque
celles-ci se regroupent pour mieux défendre leurs
intérêts.
Ainsi la Conférence des Régions
Périphériques Maritimes d'Europe (23)
possède d'une certaine manière une valeur consultative en
matière de sécurité maritime au sein de l'Union
Européenne.
Ainsi suite au PRESTIGE, une délégation de la
Conférence des Régions Périphériques Maritimes
d'Europe a été reçue le 21 janvier 2003 par la
Vice-présidente de la Commission Européenne en charge des
transports, Mme Loyola De Palacio, afin d'aborder concrètement les
mesures à prendre en matière de sécurité
maritime.
Composée de représentants de l'ensemble des
bassins maritimes européens, cette délégation a
exposé des préoccupations propres à certains de ces
espaces et celles partagées par les 150 régions membres de la
CRPM.
Pour la Commissaire, la prise en compte de la diversité
des situations est une condition nécessaire pour progresser dans la
construction européenne. Elle a présenté les mesures
proposées par la Commission Européenne depuis l'accident du
Prestige, qui tiennent largement compte des propositions qu'avait
formulée la CRPM précédemment (24), parmi
celles-ci, l'utilisation des crédits de la politique des transports pour
(23) : www.crpm.org
(24) : Voir la déclaration de
Brest adoptée en novembre 2000, et la déclaration sur
les mesures nécessaires afin de garantir la sécurité des
mers européennes suite au naufrage du pétrolier « prestige
» au large des côtes de Galice adoptée le 3
décembre 2002 ; disponibles sur le site
Internet
www.crpm.org
l'équipement de « ports refuge » et
l'élaboration de plans européens de coordination de lutte contre
les pollutions.
La commissaire reconnaît que le principal
problème à l'évolution de la sécurité
maritime au sein de l'Europe reste la transposition et l'application
concrète par les Etats membres des décisions qu'ils ont
adopté et que la volonté de mise en place d'une politique de
sécurité maritime réellement efficace, affichée
unanimement par les Etats lors du Conseil « transport » des 5 et 6
décembre 2002, commence à s'émousser.
Et c'est ici qu'apparaît le rôle que peut jouer
les régions maritimes, un rôle de pression au sein même de
leur gouvernement respectif. La Commissaire a donc vivement encouragé
les Régions de la CRPM à continuer leur action auprès de
leurs Gouvernements respectifs afin d'accélérer ce processus.
Comme nous avons pu le constater, il est très difficile
d'arrêter une position sur le niveau qui doit statuer en matière
d'élaboration de normes en matière de sécurité
maritime, tous les niveaux étant impliqués plus ou moins
directement dans ce domaine. Ceci peut être constaté
concrètement au travers d'un exemple très significatif en la
matière et qui nous servira de transition vers notre seconde section, le
cas du bannissement des navires pétroliers simple coque.
CHAPITRE III : MISE EN EVIDENCE DU ROLE DES
DIFFERENTS
INTERVENANTS PAR L'EXEMPLE TRES MEDIATISE DU
BANNISSEMENT DES NAVIRES PETROLIERS SIMPLE COQUE
Afin d'appréhender la complexité
législative en matière de sécurité maritime et les
relations parfois houleuses entre les différents organes
régulateurs, l'étude de la réglementation en
matière de pétroliers double coque s'avère
nécessaire, cet exemple étant parfaitement représentatif
et qui plus est d'actualité avec les derniers évènements
qui ont suivi la catastrophe du Prestige.
L'étude de ce cas permettra également la
transition entre l'étude de l'initiative de la réglementation et
l'étude du respect de cette réglementation.
Il est possible de distinguer deux périodes bien
distinctes en matière de lutte contre la pollution par hydrocarbure, la
première étant intégralement dominée par l'OMI et
consistait à lutter essentiellement contre la pollution
opérationnelle, la seconde, la plus intéressante pour notre
étude, a vu l'émergence de la remise en cause du monopole de
l'OMI en matière d'élaboration de réglementation en
matière de sécurité maritime.
§3.1 : L'OMI , LEADER DE LA REGLEMENTION
Considérons la première période qui
s'étend jusqu'à l'accident de l'EXXON VALDEZ :
Les pétroliers de plus en plus gros mais très
simples du point de vue de la conception n'étaient constitués,
pour la partie cargaison, que de citernes à cargaison.
Considérant qu'un navire, et surtout un pétrolier, peut
être assimilé à une poutre, le navire ne peut effectuer de
traversée complètement vide pour des raisons d'efforts
structurelles. Pour cette raison, les pétroliers ballastaient à
l'eau de mer, une partie des citernes préalablement chargées de
pétrole. Cette quantité étant importante, une grande
partie était directement rejetée en mer avant l'arrivée au
port de chargement.
Sous l'égide de l'OMI l'élaboration de la
convention MARPOL 73/78 imposa les navires à ballasts propres,
c'est-à-dire des citernes du navire destinées uniquement au
ballastage et dont la répartition avait fait l'objet de calculs
d'efforts lors de la construction du navire.
Dans ces conditions les eaux de ballasts n'étaient plus
souillés et la pollution opérationnelle supprimée. L'autre
opération qui représentait une pollution opérationnelle
était le rejet des eaux de lavage des citernes. En effet il est
indispensable de laver les citernes après déchargement soit pour
préparer les citernes au prochain chargement soit pour supprimer une
partie des résidus. Cette eau de lavage souillée par les
hydrocarbures était rejetée directement en mer.
Toujours par la convention MARPOL, l'OMI a instauré des
mesures techniques pour éliminer cette pollution : un calculateur
de particules contenues dans les rejets est depuis obligatoire sur le circuit
de rejet à la mer après décantation obligatoire
d'où l'apparition de citernes de rétention, appelées
slops ; ce calculateur doit interdire le déchargement par action
sur la vanne de rejet à la mer si la teneur d'hydrocarbure dans l'eau de
mer rejetée est supérieure, aujourd'hui, à 15 ppm (parties
par million). De plus d'autres critères sont associés à
cette mesure comme l'élaboration de zones dîtes spéciales
dans lesquelles il est formellement interdît de rejeter les eaux de
lavage, le navire doit faire route, être à une certaine distance
de la côte, la quantité rejeté ne devant dépasser
1/15000 de la cargaison totale chargé dans un premier temps pour les
navires existants, puis 1/30000 par la suite pour les navires post MARPOL.
Concernant le risque de voir le navire se rompre, l'OMI a
imposé un calculateur de chargement qui doit être
agréé par des services techniques ( société de
classification) et qui doit permettre avant chaque chargement de
vérifier que les efforts sur la structure du navire soient
inférieurs à des limites préalablement établies par
calculs lors de l'élaboration du navire. Les navires qui sont conforment
à MARPOL reçoivent de la part de l'Etat du pavillon le certificat
IOPP, indispensable à toute navigation.
Ces mesures établies lors de conventions
internationales sous l'égide de l'OMI avait pour but de réduire
les pollutions par hydrocarbure et seule l'OMI, bien sûr sous la pression
des états côtiers victimes de pollution, était
génératrice de ces mesures.
En 1989, l'accident de l'EXXON VALDEZ a marqué un
tournant dans le processus d'élaboration des textes en matière de
pollution par hydrocarbure et dans un contexte plus large, en matière de
sécurité maritime. Le contexte, la pollution étant
survenue dans une région protégée sur le plan de
l'environnement, sous la responsabilité des états unis, aura
comme effet non pas d'ébranler l'édifice de l'OMI mais tout au
moins de remettre en cause son monopole en matière d'élaboration
de règlement de sécurité maritime.
§3.2 : APPARITION DES ETATS-UNIS ET DE L'UNION
EUROPEENNE DANS LE DOMAINE DE L'ELABORATION DES TEXTES:
A peine quelques mois après la pollution causée
par l'EXXON VALDEZ, les Etats-Unis de manière unilatérale
imposaient, en 1990, un train de mesures intégrées dans un texte
appelé OPA90 ( Oil Pollution Act ).
Parmi ce train de mesures, sans doute la plus importante sur
le plan de la sécurité, est l'obligation pour tout
pétrolier neuf (s'entend avant 1995 ) à destination d'un port
américain d'être de conception double coque, cette mesure
étant assortie d'un échéancier s'étalonnant
jusqu'en 2015. L'importance des échanges économiques avec les
Etats-Unis est telle que cette mesure unilatérale s'est rapidement
imposée dans le milieu maritime et en 1993 était reprise par
l'OMI avec une modification de l'Annex I Marpol mais avec un retrait
prévu jusqu'en 2026.
Les autres mesures, importante du point de vue
économique pour le professionnel mais moins médiatiques, sont
l'instauration d'un contrat annuel obligatoire avec un organisme privé
faisant la liaison avec les US Coast Guard, les moyens antipollution et les
autorités fédérales, appelé Qualify Individual et
une société de remorquage. Ces mesures ont un coût
économique annuel important.
C'est aujourd'hui la première des mesures cités
qui est sous les feux de l'actualité, pour plusieurs raisons : la
première étant que cette solution technique est aujourd'hui de
plus en plus remise en question, la deuxième parce que l'Union
Européenne, de part sa politique commune maritime, a pris des mesures
pour accélérer l'exclusion des pétroliers simples coques
allant au-delà du calendrier élaboré par l'OMI, ce qui a
créé des tensions entre l'OMI et l'UE.
Revenons sur le premier point,la solution technique : Il
ne fait aucun doute que cette décision a contribué à
réduire les pollutions opérationnelles car l'espace
créé par la double coque sert de ballast permanent ainsi les eaux
de ballast ne sont jamais en contact avec la cargaison, même les circuits
étant séparés. Sur le plan des accidents également
cette mesure est bénéfique mais pas pour les raisons au
préalable évoquées par les Etats Unis. En effet, la flotte
existante de pétroliers simples coques avant cette mesure était
quasiment inexistante, cette mesure a donc permis un rajeunissement de la
flotte mondiale ; ce qui est remis en question aujourd'hui est
l'efficacité de la double coque en cas d'échouement et sa
qualité structurelle dans le temps ; en effet il est certain que la
double coque ne puisse résister à une collision ou un
échouement à une vitesse d'environ 4-5
noeuds, pouvant même rendre explosif l'atmosphère
du ballast qui devient dans ce cas un mélange gaz d'hydrocarbure / air.
De plus l'atmosphère de l'espace qui sert donc de
ballast est, une fois le navire chargé et donc déballasté,
composé d'air sur un environnement salin ce qui la rend très
corrosive pour les matériaux, la question ainsi posée aujourd'hui
par les professionnels est l'efficacité de ce système dans le
temps si les mêmes armateurs douteux, qui exploitent même encore
aujourd'hui des simples coques, n'effectuent pas la maintenance adéquate
permettant de maintenir la coque en bon état.
A l'époque de l'apparition de l'OPA, un chantier
européen (les chantiers de l'Atlantique) construisait un
pétrolier qui de part sa conception limitait les pollutions même
en cas d'échouement ou de collision à vitesse importante. L' EEE
(tel était le nom du projet pour Environnement Economique
Européen) était basé sur le principe des équilibres
statiques. Malheureusement ce système n'étant pas retenu par les
E.U, un seul de ces tankers a été construit et navigue encore.
Tant et si bien que seul le système double coque a
été instauré tout d'abord par le biais des Etats Unis et
inévitablement par l'OMI, OMI qui à l'époque n'a pas si
ouvertement protesté pour dénoncer l'ingérence des E.U
qu'elle ne le fait aujourd'hui pour les mesures imposées par l'Union
Européenne.
(Il est bon de noter que si dans le cadre de l'OPA seule
l'option double coque a été retenue, la convention MARPOL a
retenue la double coque ou tout autre système équivalent en
matière de rétention de pollution.)
En effet jusqu'à la catastrophe de l'ERIKA les choses
étaient ainsi instaurées : un échéancier de
retrait des navires simples coques avait été établi par
l'OMI reprenant les propositions des Etats Unis en la question.
Suite au naufrage de l'ERIKA, la Commission Européenne
a pris une série de mesures dont l'une est un règlement
prévoyant une accélération du calendrier
d'élimination des pétroliers simple coque(25) et
deux directives concernant le contrôle des sociétés de
classification (26) et le contrôle par l'Etat du port
(27).
(25) : Règlement (CE)
n°417/2002
(26) : Directive 2001/105/CE du
Parlement européen et du Conseil du 19 décembre 2001 modifiant la
directive 94/57/CE du Conseil.
(27) : Directive 2001/106/CE du
Parlement européen et du Conseil du 19 décembre 2001 modifiant la
directive 95/21/CE du Conseil.
Le règlement a fait l'objet d'une approche
européenne commune qui a abouti au sein de l'OMI en avril 2001 où
la position communautaire a été largement retenue.
Ce règlement est entré en vigueur le 27 Mars
2002 et prévoit un retrait des pétroliers simples coques pour
2015 au lieu de 2026 pour le calendrier de l'OMI.
Malheureusement, sans revenir sur l'étude
réalisée dans le chapitre consacré à l'action de la
Communauté Européenne, entre la volonté et la
réalisation , le délai est suffisamment long pour que la
catastrophe du PRESTIGE survienne. A la suite de cette catastrophe, Mme Loyola
de Pallaccio, la commissaire aux Transports et à l'Energie, a
déclaré que si les mesures envisagées par la commission
européenne avant les discussions de la position commune étaient
applicables au jour de l'accident, le PRESTIGE n'aurait pas navigué et
l'accident n'aurait pu survenir. De plus en tant que vieux bateaux (26 ans,
simple coque), le Prestige entrait dans le champ des navires à
éliminer si la plupart des Etats avaient tenu leur engagement
d'appliquer immédiatement ces mesures avant la transposition des
directives, engagement obtenu pendant le sommet de NICE
(28).
A nouveau le 27 Mars 2003 les ministres des Transports de l'UE
se sont réunis à Bruxelle et ont dégagé un accord
politique sur un calendrier accéléré (avancement de la
date butoir de 2015 à 2010 ) de retrait des pétroliers à
simple coque qui devrait être applicable dès juillet 2003 ;
l'on voit ici le soucis d'intervenir très rapidement au niveau
européen.
Ces nouvelles règles s'appliqueront non seulement
à tous les pavillons Européens mais aussi aux pavillons
étrangers à destination d'un port ou mouillage relevant de la
juridiction d'un Etat membre. Bien que les services juridiques du Conseil
Européen a estimé que cette disposition n'était pas
contraire au droit international de la mer, qui permet aux Etats d'imposer des
normes plus strictes que celles en vigueur au niveau international pour des
raisons de sécurité maritime, un expert de l'OMI a estimé
contraire au droit international en mer cette mesure, lors de la
dernière audition du Parlement Européen sur la catastrophe du
Prestige.
L'OMI ne voit pas d'un oeil favorable que l'Union
Européenne prennent des initiatives de la sorte , même si sa
légitimité ne fait plus aucun doute pour la zone
géographique de l'Europe, et s'appui
(28) : propos de J.C. Gayssot :
L'Humanité du 21 Nov 2002 .
maintenant sur la présidence Européenne de la
Grèce qui est plutôt favorable au maintien des prérogatives
de l'OMI .
Le cas des Etats-Unis avec l'OPA était alors encore
plus outrageant pour l'OMI car il ne s'agissait alors même pas d'une
position commune d'un regroupement d'états souverains mais bel et bien
d'une décision unilatérale.
Les Etats membres et la commission tentent maintenant de faire
adopter ce nouveau calendrier au niveau de l'Organisation Maritime
Internationale pour une application mondiale.
Dans cet exemple nous avons vu que trois niveaux sont
déjà intervenu dans le dossier du retrait des navires
pétroliers simple coque, tout d'abord le niveau national avec les
Etats-Unis, suivi par le niveau international mondial avec l'OMI qui a repris
dans MARPOL les dispositions de l'OPA90 en matière de calendrier de
retrait des simple coque, puis le niveau Européen qui lui tente
d'accélérer ce retrait en essayant d'imposer des dispositions qui
lui sont propres.
Dans cette première section nous avons
étudié ce qui se passe en amont de la réglementation de la
sécurité maritime, mais un autre aspect qui joue un rôle
important en la matière concerne le respect de cette
réglementation et là encore de nombreuses déficiences
pourront être dénoncés.
SECTION II : DOMAINE DES TEXTES ET RESPECT DE LA
REGLEMENTATION
Avant d'étudier quels sont les différents
acteurs qui doivent jouer un rôle dans le respect de la
réglementation, il est important tout d'abord d'analyser quels sont les
facteurs qui composent la sécurité maritime.
SOUS-SECTION I : LES TEXTES EXISTANTS ET LEUR
DOMAINE
De l'antiquité jusqu'au XXème siècle, la
première des préoccupations a été celle de la
sauvegarde
de la marchandise favorisant le développement de
certaines réglementations locales surtout en matière de franc
bord et l'apparition des premières sociétés de
classification ainsi que du système d'assurance mais le premier
véritable enjeux du cadre normatif en matière de
sécurité maritime a été la sauvegarde de la vie
humaine en mer avant que l'aspect environnemental ne devienne la
préoccupation première des dernières années. Comme
nous l'avons vu précédemment les enquêtes accidents ont
joué un rôle important dans l'amélioration de la
sécurité maritime et notamment en déterminant quels ont
été les facteurs accablants des accidents maritimes, facteurs que
nous pouvons énumérer : Le facteur technique et le facteur
humain. Nous ne pouvons parler de sécurité maritime sans aborder
les causes de l'insécurité maritime.
Nous allons donc étudier rapidement ces
différents domaines que sont le facteur humain, le facteur technique
ainsi que les règlements qui s'y rapportent et qui apportent une
réelle amélioration de la situation à partir du moment
où ils sont appliqués de manière correcte.
CHAPITRE PREMIER : LE FACTEUR HUMAIN
L'erreur humaine, « la mauvaise
manoeuvre » est la cause de 75% des accidents maritimes, ce fût
le cas par exemple de l'Herald of Free Enterprise, de l'EXXON VALDEZ, du
SCANDINAVIAN STAR, du BRAER entre autres, et dans bien d'autres cas le facteur
humain a un rôle déterminant dans la gestion de la crise et dans
les actions à mener.(29)
C'est donc un domaine important qui n'a été pris
en compte que tardivement, dans les années 1960 avec les travaux communs
à l'OIT et à l'OMI qui ont débouché, en 1978, sur
la Convention internationale STCW(30) . Cette convention
a été rendue nécessaire pour combler la dérive des
marins sous qualifiés de plus en plus nombreux à bord des
navires, peut être suite à la course à l'économie
effrénée des armateurs qui grâce aux pavillons de
complaisance pouvaient armer leur navire de marins à faible coût
mais malheureusement également à compétence limitée
voire nulle.
(29) : Voir en ce sens le mémoire de
Mr SALEA OUADJ intitulé :»La mise en oeuvre du ISM code par les
compagnies maritimes» CDMT,1999 p28
(30) : Standards of Training,
Certification and Watchkeeping for seaferers.
Certains marins indiens n'avaient jamais vu la mer avant
d'embarquer pour la première fois, il pouvait être berger ou
mendiant, la navigation maritime étant un formidable moyen d'essayer de
sortir d'une situation économique sans lendemain.
Les études d'officiers dans les pays
industrialisés prennent au minimum 3 ans alors que dans certains pays le
brevet s'achète et ouvre donc la porte de la profession de marin sans
connaissance particulière.
Cette première convention a donc été
utile pour établir une harmonisation des différents brevets
délivrés dans les différents états du pavillon .
Cependant sans contrôle des conditions de délivrance des brevets
et sans équivalence commune des brevets, l'objectif de STCW 78 ne
fût que très peu atteint.
Il y eu donc lieu en 1995, une révision de STCW qui a
établi clairement les conditions et les modules que devaient contenir
chaque brevet ou complément de formation pour être reconnu sur le
plan international. Cette convention a également pris en compte les
progrès technologiques enregistrés dans le domaine de la
navigation maritime.
L'influence du facteur humain peut se traduire non seulement
dans la conduite du navire lui-même mais également dans
l'interface entre la terre et le navire , ce qu'on appellera le management
qu'il soit technique ou humain.
Ce domaine est désormais couvert par le code ISM
( 31) adopté par l'OMI en novembre 1993.
Un autre facteur humain clef participant à la
sécurité maritime est celui de la composition de
l'équipage et de ses conditions de travail, domaine essentiellement
contrôlé par l'Etat du pavillon : Les effectifs sont
liés à des règles pour partie internationales. Ils ont
été allégés, compte tenu des progrès
techniques et des nouveaux moyens de navigation dont disposent désormais
les bateaux.
L'enquête qui a suivi l'accident du Melbridge Bilbao,
navire échoué sur les côtes de Molène, a
démontré que l'officier était seul à la passerelle
après avoir dormi que 2 heures en 24 heures par manque d'effectif. Ainsi
à réduire excessivement le nombre de membres d'équipages,
on peut se retrouver devant des problèmes majeurs de
sécurité.
(31) : International Safety Management
Une convention régit ce domaine, il s'agit de la
convention de l'OIT ( 32) sur l'organisation du temps de
travail des gens de mer (33) qui institue, entre autres, des
limites de travail et de repos, convention reprise par la directive
européenne 99/63 pour l'intégrer en droit communautaire.
Le code ISM et la convention STCW 95 sont donc actuellement
les 2 grandes conventions qui ont fait évoluer le secteur de la
sécurité maritime en faisant action sur la qualité des
équipages et des gestionnaires des armements maritimes.
Le progrès apporté par ces règlements est
indéniable car en édictant des obligations qui s'imposent
à tous, ils visent à ce que le jeu de la concurrence entre
armateurs ne s'opère pas au détriment de la
sécurité.
Afin de s'assurer que ce jeu de la concurrence est
respecté, l'OMI a établi une « White liste »
des Etats délivrant des brevets et diplômes conformes à la
STCW 95. En 2001, 103 des 182 états signataires figuraient sur la White
list.
L'Union européenne a récemment fait savoir
qu'elle était préoccupé par ce sujet : «
nous avons besoin de ressources humaines qualifiées, car ce sont les
marins qualifiés qui peuvent contribuer à la
sécurité du navire et ce sont les marins formés qui
peuvent protéger l'environnement » a déclaré le
ministre grec de la marine marchande, Yiorgos Anomeritis , dont le pays
préside l'Union Européenne.
Le deuxième facteur dégagé quasiment
systématiquement par les enquêtes accidents est le facteur
technique, facteur le plus facile à appréhender que le facteur
humain.
(32) : L'OIT ( Organisation
International du Travail ) s'intéresse aux normes
sociales et aux conditions de vie des gens de mer. Fondée en 1919 elle
regroupe 170 états et a élaboré 36 conventions et 27
recommandations
(33) : C180 Convention sur la
durée du travail des gens de mer et les effectifs des navires, 1996
CHAPITRE SECOND : LE FACTEUR TECHNIQUE
Il s'agit bien sûr du facteur qui paraît le plus
évident et le plus facile à être modifié et
vérifié, il s'agit d'ailleurs du secteur qui comporte le plus de
conventions et de réglementations s'y reportant à commencer par
la convention SOLAS qui touche surtout aux solutions techniques qui ont des
conséquences directes sur la sécurité comme peuvent avoir
la qualité des cloisons, le compartimentage, les systèmes
incendie, les circuits ventilations et encore bien d'autres équipements
comme le système radio etc....
La partie technique de la convention SOLAS a été
intégrée intégralement dans les spécifications
techniques de suivi des constructions de navire des sociétés de
classification et également reprise dans les spécifications
techniques (division 221)(34) qui permettent les inspections
de navires sous pavillons français par les affaires maritimes.
La deuxième convention qui touche au domaine technique
traite de la prévention de la pollution par les hydrocarbures, il s'agit
bien sûr de la convention MARPOL. Sans revenir sur les chapitres
précédents, cette convention subit depuis quelques années
de nombreux remaniements suite aux dernières catastrophes de l'ERIKA et
du PRESTIGE.
Un code un peu similaire à la convention MARPOL traite
de l'aspect technique des navires chimiquiers, le code IBC (ancien code BCH),
code dont dépendait le IEVOLI SUN.
Les réglementations nommées ci-dessus sont les
plus connues en dehors du milieu maritime car les conséquences d'un
manquement à l'une des spécifications techniques contenues dans
ces textes ont des répercutions très médiatiques
puisqu'ils touchent aux domaines de la sauvegarde de la vie humaine en mer ou
de l'environnement mais d'autres conventions ou textes moins connus
régissent le monde du transport maritime.
(34) : JO 29 décembre 1998
C'est le cas pour la réglementation qui concerne les
vraquiers, surnommé dans le monde maritime « les bêtes
de sommes » et qui représentent près de 33% de la
flotte mondiale.
Le premier texte en la matière a été
adopté en 1965 : il s'agit du recueil BC (Bulk Carrier) et a
été révisé en 1991 et enfin complété
en 1998 par un nouveau recueil de règles obligatoires, le Recueil
international de règles de sécurité pour le transport de
grain en vrac ( Recueil international de règles sur les grains ).
Il convient d'évoquer ici que le secteur du vrac a
payé un lourd tribu dans les années 1990, des accidents que je
n'ai pas évoqué dans le premier chapitre consacré aux
accidents historiques car passés inaperçu auprès du grand
publique. Au cours de la période comprise entre 1990 et la mi-mai de
1997, on a dénombré au total 99 vraquiers perdus en mer,
entraînant la mort de 654 personnes, des marins professionnels. Et cette
réglementation risque encore d'évoluer, l'OMI se penchant de
nouveau sur la question relative à la sécurité
intrinsèque des vraquiers à l'issue de la présentation
d'un rapport d'enquête sur le naufrage du vraquier
DERBYSHIRE(35).
Tous ces textes ont une importance primordiale dans le secteur
de la sécurité maritime. Fruits de l'analyse des
différentes catastrophes maritimes, l'ensemble de ces textes ne laisse
guère aujourd'hui de zones d'ombre, de domaines non couvert. Cependant
des catastrophes surviennent encore, révélant bien souvent le non
respect des réglementations en vigueurs par les différents
acteurs de la chaîne de sécurité que nous allons maintenant
étudier.
(35) : Ce dernier avait coulé en
1980, avec toutes les personnes à bord, mais ce n'est que plus de dix
années plus tard que l'on a localisé l'épave et que l'on a
procédé à une inspection sous marine
détaillée pour tenter de déterminer la cause du naufrage.
Le rapport sur l'accident a été présenté au
Comité de la sécurité maritime (MSC) par la
délégation du Royaume Uni.
SOUS SECTION II : LES ACTEURS DE LA CHAÎNE DE
SECURITE MARITIME
« Chaîne de sécurité
maritime : idée qui tend à faire croire qu'en la
matière se trouverait une succession de maillons ayant tous la
même force et la même valeur. Pourtant chacun à sa propre
responsabilité et son propre rôle à jouer. Chaque acteur
doit assumer sa part de responsabilité » : cette
définition donnée par Monsieur Francis Vallat (36)
nous permet d'entamer une réflexion sur les différents
acteurs de la sécurité maritime qu'ils soient étatiques ou
privés.
CHAPITRE PREMIER : LES ETATS
§1.1 L'ETAT DU PAVILLON : ENTRE OBLIGATION ET
DELAISSEMENT
Le contrôle des normes et règlements en
matière de sécurité maritime consiste essentiellement en
un contrôle des navires. Depuis quelques années maintenant, le
management d'un navire et de manière plus étendue le management
de la société de l'armateur, est également
considéré comme un élément clef de la
sécurité maritime.
Le premier niveau de contrôle en matière de
sécurité maritime se trouve donc être l'Etat du pavillon
pour ce qui concerne les navires battant pavillons de cet Etat et par extension
l'Etat dans lequel est enregistré l'armateur pour le contrôle du
management.
a) Les devoirs des Etats du pavillon :
Les règles coutumières du droit de la mer
confient le contrôle des navires à l'Etat du pavillon, cette
compétence repose en fait sur le principe de la territorialité.
Le rattachement du navire à un
(36) : F.Vallat : Président
de l'institut français de la mer et représentant de la France
à l'Agence Européenne de Sécurité Maritime.
ordre juridique, susceptible de le contrôler, permet
ainsi de prévenir et de sanctionner les abus auxquels les principes du
libre usage de la haute mer et de la liberté de navigation pourraient
donner lieu. Cette compétence exclusive de l'Etat du pavillon est
énoncée à l'Art. 6 al 1 de la convention internationale du
29 avril 1958 sur la haute mer.
Expression de la souveraineté de l'Etat sur ses
navires, la loi du pavillon n'est pas seulement une source de droits (droits de
passage). En matière de sécurité maritime, elle est
surtout une source de devoirs. Les obligations de l'Etat du pavillon sont
principalement définies par les conventions des Nations Unies sur le
droit de la mer et précisées dans les instruments
spécialisés de l'Organisation maritime internationale (OMI) et
de l'Organisation internationale du travail (OIT) relatifs à la
sécurité maritime :
Ainsi la convention de 1958 sur la haute mer et son art 5 al 1
impose aux Etats du pavillon l'obligation de s'assurer que les règles de
sécurité sont effectivement appliquées à bord des
navires relevant de leur autorité : « L'Etat doit
notamment exercer sa juridiction et son contrôle dans les domaines
technique, administratif et social sur les navires battant son
pavillon ».
L'Art 94 et l'Art 217 de la Convention des Nations Unies de
1982 sur le droit de la mer précisent à nouveau l'obligation de
contrôle effectif de l'Etat du pavillon et les pouvoirs de l'Etat du
pavillon dans le domaine de la protection du milieu marin et de la
sécurité maritime.
L'obligation du contrôle par l'Etat du pavillon est
encore repris dans les deux conventions de l'OMI que sont la convention
internationale SOLAS du 17 Juin 1960 et la convention internationale MARPOL du
2 Novembre 1973, convention qui prévoient deux types d'obligations, la
première concernant les visites et inspections des navires et la
deuxième la délivrance des certificats correspondants.
La dernière des obligations qui a sans doute
contribuée à l'amélioration des normes de
sécurité est l'obligation d'enquête après accident
qui découle tant de la convention de 1982 sur le droit de la mer que des
conventions de l'OMI.
Il ressort de cette énumération de conventions
que tous pays signataires de celles-ci ne peuvent échapper à leur
obligation de contrôle et si tel était le cas les accidents
maritimes ne serait pas supprimés, le risque zéro n'existe pas,
mais serait dû pour la plupart à une erreur humaine ou un
évènement fortuit et ne serait en tout cas pas le fruit d'un
délaissement liée à des critères
économiques.
b) Ce qu'il en est réellement :
En effet le délaissement de leur obligation de
contrôle de certains états est un facteur aggravant de
« l'insécurité maritime ».
L'armateur totalement libre du choix du pavillon, effectuera
ce choix en fonction essentiellement des critères économiques,
s'il s'agit d'un pavillon de libre immatriculation ne requérant pas des
critères de nationalité : taxes, nationalités des
équipages et bien sûr coût du au respect de la
réglementation technique. Ces critères sont donc compressibles
à l'inverse bien souvent du prix du fret qui lui est un prix de
marché.
L'OCDE a démontré qu'un armateur qui
parviendrait à ne pas respecter les règles de
sécurité pourrait économiser jusqu'à 30% de ses
charges d'exploitation et au minimum 10% des charges globales. On comprend donc
tout l'intérêt pour des armateurs « douteux »
d'immatriculer leurs navires sous pavillon de libre immatriculation qui devient
pavillon de complaisance lorsque les défauts de moyens, et bien plus
souvent l'absence de volonté de contrôle, permettent de faire de
substantielles économies. Et ceci sans compter que beaucoup de ces
pavillons procurent des avantages fiscaux importants et que les
contrôles, en particulier ceux portant sur le respect du droit du travail
sont très assouplis.
C'est ainsi qu'après la deuxième guerre
mondiale sont apparus les pavillons de complaisances : pays bien souvent
peu industrialisé, pauvre ou paradis fiscaux, qui ont pu de part
leur politique maritime très peu taxé et
très peu regardante de la qualité des armateurs et navires qui
arboraient leur pavillons, se constituer une flotte importante.
Aujourd'hui dans les dix premières flottes mondiales,
l'on retrouve le Panama, le Libéria, Malte, les Bahamas, Chypre alors
que parmi les dix premières flottes par nationalités l'on note
l'Etat Grec (69% sous pavillons étrangers), Japonais (81% sous pavillons
étrangers), Norvégien, Américain .....Les premiers ont
une mauvaise réputation dans le milieu maritime pour ce qui concerne le
contrôle du respect des critères techniques soit par manque de
moyen, soit par volonté politique.
Des chiffres établis en 1998 lors des inspections du
Mémorendum de Paris, sujet traité au prochain chapitre, montre
que 9% des inspections ont donné lieu à des immobilisations et
que 20% de ces 9% étaient des navires pavillon Maltais alors que le
pavillons Chypriote représentait 19,4%. Il est évident que ces
Etats manquaient à leurs obligations de contrôle.
A l'échelon Européen, une amélioration
est en vue avec la future adhésion de Malte et Chypre, Malte ayant
déjà retiré le certificat relatif au code ISM à
l'une des compagnies principales résidentes à Malte.
c) Les solutions :
L'OMI et l'Europe sont conscients de ce
problème mais comment s'assurer qu'un Etat souverain fasse bien
respecter les conventions auxquelles il adhère.
L'OMI n'ayant aucun organe de répression a opté
pour la solution d'assistance technique, la déficience technique
étant une des composantes du non contrôle de l'Etat du pavillon ,
l'autre étant la non volonté.
En 1997, l'OMI reconnaît combien il est important de
garantir l'application efficace des instruments qu'elle adopte. Elle devint le
premier organisme à institutionnaliser un Comité de
coopération technique. Elle a ainsi aidé de nombreux pays
à créer des académies de formation maritime et
créé l'Université maritime mondiale de Malmö en
1993.
On commence à apercevoir sur la scène
internationale un début de contrôle qui s'exerce par le biais des
« obligations de notification » lesquelles obligent chaque Etat
à donner des informations sur la manière dont il compte appliquer
les conventions qu'il a ratifié. Il y a donc par là un droit de
regard de l'OMI à travers son sous-comité sur l'application des
conventions par l'Etat du pavillon.
Certaines conventions, notamment celle sur la certification
des équipages vont très loin puisque l'on demande à l'Etat
de prouver qu'il a effectivement mis en oeuvre les dispositions des conventions
qu'il a ratifié . Dans le cas contraire il ne sera pas admis sur une
« liste blanche » qui va conditionner la reconnaissance, par tous les
autres Etats, des certificats qu'il va délivrer.
Aujourd'hui l'OMI s'achemine vers une évaluation de la
performance de l'Etat du pavillon à travers des directives et des
formulaires d'auto évaluation. Mais il ne s'agit encore que de simples
Résolutions n'ayant pas de caractère obligatoire.
On parle également actuellement de la certification des
administrations des Etats du pavillon. Le problème étant de
savoir quelle autorité va pouvoir certifier les obligations de l'Etat du
pavillon.
L'Europe quant à elle a réagit suite au naufrage
de l'Erika et à choisi la voix du contrôle de la compétence
des états du pavillon par le biais de l'Agence Européenne de
Sécurité Maritime(37). .
Mais la première mesure qui a été prise,
l'a été au sein de l'Europe pour pallier à la
déficience des Etats du pavillon, il s'agit d'un transfert des
obligations de l'Etat du pavillon à l'état du port où un
navire fait escale.
§1.2.L'ETAT DU PORT : SUBSTITUT DE L'ETAT DU
PAVILLON
A la différence de l'Etat du pavillon chargé de
faire appliquer la réglementation en vigueur de l'Etat aux navires
arborant le pavillon de ce même état, le contrôle par l'Etat
du port concerne les inspections de navires étrangers par les
autorités d'un Etat afin de s'assurer que ce navire respecte
(37) : Règlement 1406/2002/CE du
27 juin 2002
les normes internationales en vigueur tant sur le plan
technique que sur le plan humain et maintenant sur le plan du management.
En fait son introduction dans le système a
été nécessaire pour palier les déficiences de
certains Etats du pavillon à remplir ses obligations notamment ses
obligations de contrôle et d'inspection. Ces mêmes Etats que nous
avons vu ratifier promptement la plus part des réglementations
internationales.
Ce contrôle sert aujourd'hui de rôle de «
gendarme » sur la scène maritime car c'est l'Etat du port qui va
pouvoir inspecter les navires étrangers qui fréquentent ses
ports, demander l'examen des certificats et procéder à des
inspections plus approfondies s'il estime qu'il y a un risque pour la
sécurité. Il a le droit de fixer des conditions quant à
l'autorisation d'appareiller et surtout le droit, et l'obligation, quand il
estime qu'un navire est dangereux pour la sauvegarde de la vie humaine en mer
ou pour l'environnement, de retenir le navire au port.
Il s'agit bien d'un droit mais aussi d'une obligation.
a) Aspect juridique :
Il existe à ce jour 7 grands cadres d'accords
régionaux qui régissent ces contrôles, accord dit
Memorendum Of Understanding ( MOU) et le plus connu pour notre part est le
« Mémorandum de Paris » ou MOU Paris.
Le Memorendum d'entente de Paris (terme Français) sur
le contrôle des navires par l'Etat du port a été
signé le 26 Janvier 1982 sous les auspices de l'OMI.
Le contrôle par l'Etat du port est également
institué par la directive Européenne relative au contrôle
par l'Etat du port (95/21 /CE) et a fait l'objet d'une proposition de
modification, proposition qui fait parti du train de mesures proposées
à la suite du naufrage de l'ERIKA.
Les principales mesures de cette proposition de modification
de la directive concernent le ciblage des navires qui doivent faire l'objet
d'un contrôle. Le choix des navires ne sont plus discrétionnaires
mais rendu obligatoires en fonction de critères d'âge du navire,
du type et de ses antécédents.
Ils prévoient aussi d'interdire l'accès aux
ports de l'Union Européenne à certains navires à
risques.
Ces mesures sont entrées en vigueur le 22 Juillet
2003.
Plus généralement ces accords d'entente
prévoient une coopération régionale entre les
différents Etats d'une même zone afin d'harmoniser les
procédures de visite des navires et d'exiger, de la part de ces
autorités, qu'elles inspectent un minimum de navires. Le
Mémorandum de Paris a fixé ce quota d'inspections minimales
à 25% de navires étrangers qui fréquentent les ports des
Etats européens au cours de l'année.
Les Etats Européens mettent également en commun
une base de données où sont décrites les
déficiences majeures qui nécessitent soit une immobilisation
immédiate du navire soit une rectification de cette déficience
pour la prochaine escale déclarée.
Les autres principaux memorendum d'entente sont le MOU Tokyo
pour la région asie/pacific,signé le 1er
décembre 1993, le MOU viña del mar (chilie) pour la région
sud américaine, signé en 1992, et le MOU Indian ocean
signé en 1999.
Au niveau national les modalités et obligations du MOU
Paris ont étés reprises par la division 150, parue au JO le 20
Novembre 1996. Ces obligations ont échues aux Centres de
Sécurité des navires.
b) Les problèmes de mise en oeuvre :
Les deux problèmes majeurs rencontrés depuis
l'instauration de ce système concernent le nombre de contrôles
réalisés et l'efficacité de ces contrôles.
Sur le premier point la France, bien que s'étant
engagée à inspecter 25% des navires faisant escale dans un des
ses ports, s'est montré plutôt mauvais élève en
2002 ; en novembre 2002 elle n'avait
effectué qu'environ 12% d'inspections de navires, quant
à l'Irlande et à la Belgique ils n'avaient pas atteint les 10%.
Le Danemark, les Pays Bas, le Portugal et la Suède n'avaient pas atteint
le quota de 25 %.
En avril 2003 la France avait réalisé le
contrôle de 30% des navires faisant escale dans un port Français.
Les remontrances de la part de l'Union européenne ont peut être
été le fait générateur de cette importante
augmentation.
En ce qui concerne le deuxième point, il est
très difficile, voir impossible pour un inspecteur de contrôler en
une escale qui peut ne durer qu' une dizaine d'heures la structure même
du navire c'est-à-dire les oeuvres vives et les varangues et lisses du
navire. Ainsi l'inspection est plus axée cosmétique et
certificats du navire, la principale amélioration étant la prise
en compte de l'aspect management qui peut également être un
facteur de risque, malheureusement les deux derniers évènements
maritimes majeurs ont été causé par des défauts de
structure.
Il est vrai que l'état de propreté et de
vétusté du navire peut traduire l'état de maintenance du
navire mais de nombreux armateurs sont passés maître dans le
maquillage et de nombreux navires possèdent un pont et une coque
extérieure très propre et bien peinte sans posséder un
quelconque plan de maintenance.
Un personnel sous qualifié et suffisamment nombreux
peut réaliser des miracles.
Il existe un fameux adage à bord des navires qui peut
traduire cet état de fait qui dit, excusez moi des termes
employés: « peinture sur merde égal
merde » .
Le seul moyen pour s'assurer que le navire possède des
structures en bon état reste le contrôle des certificats de classe
qui font suite aux visites des navires ou réparation en dry dock, et
là nous entrons dans la polémique qui suivi le naufrage de
l'ERIKA et qui a amené l'Union Européenne à proposer une
directive qui concerne une meilleur transparence des sociétés de
classification (38).
(38) : directive 2001/105/CE du 19
décembre 2001
Pour les deux points précédemment
évoqués, il est aussi nécessaire que les inspecteurs soit
suffisamment nombreux et qualifiés, ce qui en France et en Europe
constitue un réel problème de l'aveu même des membres du
corps des administrateurs maritimes et de la commission européenne. En
effet la commission estimait à 270 en 2000 le nombre d'inspecteurs
chargés du contrôle par l'Etat du port. Pour la France le nombre
d'inspecteur maritime , 54 en 2002, ainsi que les moyens mis à leur
disposition (certains centres de sécurité de navire n'ont
même pas de voiture de fonction selon les propos de Jacques Loiseau,
président de l'association française des capitaines de navires
(Afcan)) sont trop faibles pour pouvoir tenir le quota des engagements pris
lors du mémorendum de Paris , et dernièrement la direction
des affaires maritimes a du s'attacher les services de vacataires
recrutés parmi les commandants à la retraite, ce qui permet
d'atteindre les deux critères précédemment
cités : augmenter le nombre des inspecteurs ,et du fait le nombre
d'inspections, et avoir des inspecteurs qualifiés ;
Comment peut on définir un inspecteur
qualifié ? La complexité du « système
navire » est telle qu'il s'agit d'une petite ville ; production
d'électricité, propulsion, opération commerciale, cuisine,
hôpital, et stabilité du navire, tous ces facteurs se superposent
à bord et il faudrait, je cite Monsieur Bottala Gambetta (39)
lors de son intervention au colloque IMTM organisé dans les
locaux de la faculté de droit d'Aix en Provence en juin 2003, plus de
cinq ans pour former des inspecteurs aptes à faire face à la
complexité d'un contrôle d'un navire.
Cela demande du temps et malheureusement les
échéances de mémorendum de Paris n'en laisse pas, une
autre solution étant de recruter des marins professionnels avec quelques
années de navigation d'expérience mais ici le problème
devient économique, le salaire des navigants possédant cette
expérience est celui d'un second capitaine voire d'un commandant sans
commune mesure avec celui d'un inspecteur. Voici donc les difficultés
rencontrées au sein de l'Europe et plus particulièrement au sein
de la France pour l'application des critères du Memorendum de Paris.
(39) : Administrateur en Chef des
Affaires Maritimes
Dans cette partie nous avons donc étudié les
acteurs institutionnels qui jouent un rôle dans le contrôle de la
réglementation mais la chaîne de sécurité maritime
ne peut être composée que de ces acteurs, même les Etats les
plus consciencieux en matière de sécurité maritime ne
pourront jamais maîtriser dans sa totalité le problème,
soit du côté technique soit du côté
économique : des acteurs privés ont également un
rôle à jouer. Et c'est peut être de ce côté que
le plus grand changement a eu lieu : l'évolution du comportement
des acteurs privés du transport maritime soit par le fait de la
pression médiatique ou en leur laissant le bénéfice du
doute par le fait d'une prise de conscience générale.
Le prochain chapitre sera donc consacré aux acteurs
privés qui ont un rôle à jouer en matière de
sécurité maritime.
CHAPITRE SECOND : LES ORGANISMES PRIVES
Nous allons tout d'abord étudier l'action de
l'organisme privé qui tient le rôle primordial dans le secteur de
la sécurité maritime, les sociétés de
classifications, avant d' analyser l'action des différents autres
acteurs que sont les affréteurs et les armateurs eux-mêmes.
§2.1 : LES SOCIETES DE CLASSIFICATION
Le premier des acteurs privés qui possède un
rôle à jouer en matière de sécurité maritime
est donc la société de classification du fait du rôle de
conseil qu'elle possède vis-à-vis des services des états
et des professionnels.
Son statut très particulier en fait le maillon qui
réalise la liaison entre les Etats et les armateurs, et de ce statut
naisse les premières difficultés d'appréhension du
rôle exacte que doit jouer la société de classification.
a) Présentation des sociétés de
classification :
A l'origine, fin XIX ème siècle, elles
répondaient à une demande des assureurs, elles relevaient le
nombre d'accidents sur tel ou tel navire de telle ou telle compagnie et
pouvaient ainsi servir de base de données auprès des assureurs
pour établir la qualité et la fiabilité des navires que
les assurances prenaient en charge.
A suivi une évolution technique de la marine et une
prise de conscience de la sécurité maritime suite au naufrage du
TITANIC ; des normes de constructions sont devenues obligatoires et
complexes.
De nos jours elles possèdent deux fonctions, l'une de
contrôle du respect de la réglementation technique et l'autre de
certification pour les différents états du pavillon pour lesquels
elles possèdent une accréditation.
En France seule l'établissement du certificat de franc
bord a été délégué aux
sociétés de classification dont les modalités
d'agrément sont régit par la division 140 (40).
Les sociétés de classification retenues par la France
sont le Bureau Veritas , le DNV , le Germanisher Lloyd et le Lloyd's register
of Shipping et sont nommées en annexe 140.1.A-1.
Pour être agréée par la France, une
société de classification doit au préalable correspondre
aux critères d'agrément de la Commission Européenne
suivant la directive 94. 57/CE modifiée et notamment son article 7.
Concernant l'aspect de la conformité aux normes
techniques en vigueur, il est nécessaire de préciser que les
certificats statutaires délivrés par le France lors de
l'entrée d'un navire sous pavillon Français ou Kerguelen
s'effectuent tout d'abord en Commission Centrale de Sécurité mais
sur la base de documents et plan approuvés par une des
sociétés de classification précédemment
citées.
(40) : Sécurité des
navires, les organes techniques, parue au JO le 20 Novembre 1996.
b) Difficultés rencontrés par les
sociétés de classification :
Devant la multitude de sociétés de
classifications qui sont apparues milieu du XXème siècle, les
sociétés leader et les plus sérieuses se sont
regroupées au sein de l'IACS ( International Association of
Classification Societies ) afin d'harmoniser les règles techniques et
d'instaurer une charte de qualité. Crée le 11 septembre 1968,
l'IACS contrôle aujourd'hui 90 % du tonnage mondial et classe plus de
46000 navires. Elle possède un représentant permanent au sein de
l'OMI depuis 1976 et également un rôle consultatif.
Elle soumet ses membres à un audit triennal qui peut
mener à l'exclusion, comme cela a été le cas en 1997 avec
l'exclusion su Polish Register.
Elle respecte les normes de qualité EN 45004 (organisme
de contrôle) et EN 29001 et les modalités décrites en
annexe de la résolution A749/191.
Si les sociétés de classifications ont eu le
besoin de se regrouper au sein de l'IACS c'est elles avaient un besoin de
reconnaissance. En effet lors de chaque catastrophe maritime majeure, les
sociétés de classification sont montrées du doigt.
Ceci est dû à leur double statut :
D'un côté la société de
classification est accréditée par les Etats pour les besoins de
certification : Les Etats les plus laxistes ou les moins
équipés pour faire vérifier la conformité des
navires aux règles de sécurité en vigueur ont quasiment
délaissé le domaine de la certification pour établir les
certificats de navigation des navires battant pavillons de ces pays. (A noter
que la France n'a délégué à ce jour que
l'établissement du certificat de franc bord aux sociétés
de classification.). A ce titre les sociétés de classification ne
devrait pas posséder de lien directe avec les armateurs de ces navires
et ce afin de conserver une entière indépendance.
Hors c'est l'armateur qui choisi dans la liste des
sociétés de classification agréées par l'Etat du
pavillon arboré par le navire, la société de
classification, et qui de plus paye les prestations de cette
société.
Et là nous pénétrons dans le domaine bien
connu de la concurrence : prix faible équivaut à plus de
chance d'obtenir le contrat mais prestation de moindre qualité. De plus
ce prestataire de service qui inspecte et note son client. L'on peut voir
alors aisément la pression à laquelle peut être soumis un
représentant de la classe lorsqu'une compagnie d'une vingtaine de navire
peut, à tout instant , changer de sociétés de
classification pour tous les navires de la flotte.
Il est de notoriété maritime que lorsqu'un
navire change de société de classification c'est bien souvent
qu'il ne respecte plus les normes de sécurité maritime soit en
terme d'année soit en terme technique, le changement de classe d'une
classe réputée pour son sérieux pour un classe disons
moins scrupuleuse permet alors à l'armateur de continuer à
exploiter son navire quelquefois en le repositionnant dans une zone maritime
moins soumise à la rigueur de l'Europe et des Etats-Unis.
Ce changement peut aussi être le résultat des
relations entretenu de longue date par l'armateur avec la
société de classification : l'ERIKA est passé du
Bureau Veritas au RINA en 1998 suite à la décision de la
société de gérance maritime PANSHIP qui est basé en
Italie.
C'est dans cet environnement que l'IACS a été
créée, les membres de celle-ci ne devant, à priori, plus
être victimes de suspicion puisque répondant à des
critères élevés de qualité. Il n'en demeure pas
moins que ces sociétés sont soumises à l'environnement tel
que décrit précédemment mais possède tout de
même plus de crédit vis-à-vis des assurances.
C'est ainsi que l'IACS a été
ébranlé par l'affaire de l'ERIKA, car la société de
classification qui avait suivi quelques mois auparavant en arrêt
technique le navire était la RINA, société faisant parti
de l'IACS.
Depuis l'Erika les sociétés de classification
font l'objet d'une directive de l'Europe (41) en vue d'une
transparence totale de la qualité des sociétés de
classification.
Les sociétés de classification, malgré
leur statut ambiguë possède donc un rôle important dans le
processus de respect de la réglementation en place mais d'autres
acteurs, encore plus proches du problème , y jouent un rôle
important.
(41) : directive 2001/105/CE du 19
décembre 2001
§2.2 : LES AUTRES ACTEURS :
a) Les armateurs :
De la mentalité des armateurs dépend la
qualité du secteur maritime et donc la sécurité maritime
et le facteur le plus important au regard de la sécurité maritime
demeure ainsi la qualité de l'armateur et cela doit d_venir le facteur
essentiel dans le choix de l'affréteur. Il y a aujourd'hui un maximum de
10 à 15% de pétroliers qui sont sous normes. Malheureusement ce
sont eux qui font le marché au mépris des 85 à 90% qui
font correctement leur travail (42).
Le milieu du transport maritime étant un milieu soumis
à la concurrence et les armateurs n'étant pas altruistes,
l'ensemble du système est fondé sur la rentabilité qui
grossièrement peut se traduire par la soustraction du
bénéfice tiré du transport moins les charges de
fonctionnement et d'entretien des navires. Comme nous l'avons
déjà constaté dans l'étude du contexte
économique, les armateurs sont tentés de réduire les
coûts de fonctionnement et bien souvent choisissent le pavillon qui leur
permette de réaliser cet objectif.
Mais il ne faut pas non plus généraliser. On
trouve aussi de mauvais armateurs sous pavillon national et inversement il y a
des Etats plus laxistes que d'autres et l'on trouve de bons voire d'excellents
armateurs sous pavillon de complaisance. Il choisissent cette formule afin de
bénéficier d'avantages fiscaux mais réinvestissent le plus
souvent les économies ainsi réalisées.
Et monsieur Vallat de poursuivre : « Pour
caricaturer je dirais que tous les armateurs sous pavillon de complaisance ne
sont pas de mauvais armateurs mais que tous les mauvais vont sous pavillon de
complaisance. »
Cependant la situation a évolué ces derniers
temps, l'accident de l'Erika ayant joué un rôle
d'accélérateur très important dans la prise de conscience
de la nécessité d'une sécurité maritime,
poussé par la pression de l'opinion publique. Il se passe aujourd'hui
sur le marché du fret quelque chose de nouveau : un
renchérissement très important des taux de fret (environ un
doublement) et tous les armateurs pétroliers gagnent à nouveau
assez pour assurer la sécurité.
(42) : propos de Monsieur Vallat lors
des dernières journées nationales de la mer organisése
à Toulon par l'Institut Français de la Mer les 7 et 8 novembre
2002
De plus la mise financière est élevée sur
les vieux navires, c'est dans ce segment de marché que l'on trouve les
armateurs spéculateurs qui considèrent comme secondaire la
qualité d'exploitation. C'est également vrai que la tentation est
forte de ne plus entretenir comme il le faudrait un navire qui arrive en fin de
vie.
C'est ainsi qu'avec le renouvellement quasi imposé de
la flotte pétrolière par des navires double coque, les armateurs
propriétaires de ces unités récentes les entretiennent
convenablement afin de pouvoir les revendre avec une plus value après
quelques années d'exploitations.
Une des solutions au problème de
« l'insécurité maritime » consiste donc bien
en un respect de tous de l'ensemble des règles décidées
par l'Union européenne et l'Organisation maritime internationale, c'est
une des revendications première de l'association des armateurs de France
(43) faisant remarquer que les armateurs français ont
même anticipé la mise en oeuvre de l'élimination des
navires pétroliers français à simple coque, la
moitié de la flotte pétrolière française ayant
été renouvelée en trois ans. L'âge moyen a
baissé, en trois ans, de plus de cinq ans, il est aujourd'hui de huit
ans, faisant de la flotte pétrolière française une des
plus jeunes au monde.
La deuxième solution est énoncé par
Armateur de France dans son dossier de presse « Les armateurs
Français s'engagent en faveur de la sécurité
maritime » : PAYER le TRANSPORT MARITIME A SON JUSTE PRIX :
celui de la QUALITE et de la SECURITE. Il faut responsabiliser les
affréteurs. Les navires sous normes n'existeraient pas s'ils ne
trouvaient personne pour les affréter. Le transport maritime doit
être payé à son juste prix et pas celui de l'intervenant le
moins scrupuleux. Il s'agit donc d'étudier maintenant le rôle tenu
par les affréteurs.
b) Les affréteurs :
L'affrètement est le système le plus
répandu dans le transport d'hydrocarbure et le transport de produits
chimiques. Pour le cas du transport d'hydrocarbure, de nombreuses
« majors » possédaient leur propre flotte de
pétroliers mais déjà l'économie de marché
jouait un grand rôle car le but des majors n'étaient pas de
transporter leur propre produit mais de posséder des pétroliers
au bon endroit et au bon moment, quitte à laisser certaines
(43) : Voir l'Antenne édition du
21 Novembre 2002
unités en attente au mouillage pendant de longue
période, le temps que le taux de fret augmente et à ce moment de
remettre ces unités sur le marché de l'affrètement.
Depuis la catastrophe de l'EXXON VALDEZ, les majors se sont
désengagées du management de navire pour se tourner exclusivement
vers l'affrètement : ce système a l'avantage, à
priori, de protéger sur le plan médiatique la compagnie
pétrolière lors d'une catastrophe maritime.
Il s'est avéré qu'il n'en était rien et
TOTAL en a subit les conséquences lors du naufrage de l'ERIKA.
Le pouvoir des affréteurs est important d'un point de
vue économique et le système de l'OPA90 des américains si
prompt au principe de pollueur/payeur, n'a pas passé le stade du
première échelon de la chaîne de contrat : c'est le
transporteur qui est responsable mais en aucun cas l'affréteur.
A la suite de l'EXXON VALDEZ, la compagnie EXXON a
imposé à tous les fréteurs avec lesquels elle travaillait
des standards techniques et de management très élevés avec
un questionnaire à tenir à jour et des inspections. Par la suite
les autres compagnies pétrolières ont suivi et le système
de vetting s'est instauré : il permet au compagnie
pétrolière qui veulent affréter un navire soit à
temps, soit au voyage de connaître l'état technique du navire et
la qualité de son équipage et de son management.
En fait les questionnaires vetting sont en quelques sortes une
répétition du système du MOU ( contrôle de la
validité des certificats, contrôle de l'état de
fonctionnement des appareils et du respect de la sécurité
à bord ). Ils reprennent donc les minima des différentes
conventions OMI sur la sécurité mais impose souvent
également des critères supérieurs à ces
minima ; c'est le cas des standards pour la timecharte EXXON. Certes ce
système de contrôle des navires par les affréteurs à
permis de franchir un premier stade vers l'élimination des navires sous
normes mais le fait que les compagnies pétrolières aient fait
pression auprès des sénateurs américains pour ne pas
être responsable en cas de pollution dans le cadre de l'OPA
démontre bien que la sécurité ne fait partie des
préoccupations des affréteurs que comme conséquence de la
crainte d'une médiatisation mondiale .
L'étude de cette première partie a donc
été consacrée à la sécurité maritime,
domaine dans lequel la volonté d'agir en faveur d'une
amélioration n'a que très rarement été
partagée par tous les acteurs du milieu maritime au même instant.
Nous allons maintenant étudier un domaine qui quant
à lui fait maintenant l'unanimité au sein des instances
intergouvernementales et des Etats, le secteur de la sûreté
maritime, domaine qui découle de la sécurité maritime mais
qui se préoccupe de la sécurité extérieure au
navire qui peut parfois devenir un outil de destruction.
DEUXIEME PARTIE : VERS UNE NOUVELLE IDEE DE LA
SECURITE MARITIME: LA SURETE MARITIME
La présente partie traite de la nouvelle notion de
sûreté dans les transports maritime. Cette notion de
sûreté dans le secteur maritime est surtout axés sur le
terrorisme, car en effet jusqu'à ce que les Etats-Unis attirent
l'attention de l'OMI sur le fait que tout navire peut devenir une arme par
destination, ou le vecteur d'une arme de destruction massive, cette idée
de sûreté n'était que très peu envisagé
malgré les actes de pirateries fréquents dans certaines zones de
navigation.
Nous allons donc découvrir dans un premier temps la
nouvelle législation internationale qui traite de cette notion de
sûreté maritime pour analyser par la suite les difficultés
que peuvent rencontrer les différents intervenants tant sur le plan
international et national que sur le plan privé pour la très
prochaine mise en application des nouvelles dispositions.
SECTION I : EMERGENCE DE LA NOTION DE SÛRETE
SOUS SECTION I : LE CONTEXTE
La date du 11 septembre 2001 a été une date
charnière dans l'histoire de la sûreté maritime, l'OMI
étant interpellée sur le sujet par les Etats-Unis et c'est autour
de cette date que s'articulera l'étude de cette première partie
avec tout d'abord un rappel des faits marquants dans ce domaine avant cet
évènement tragique suivi de la description des nouvelles
dispositions de l'OMI en la matière.
CHAPITRE PREMIER : HISTORIQUE
Le milieu maritime , et il faut s'en réjouir, ne dispose
pas d'un passé aussi parsemé d'évènements sanglants
que peut l'être le secteur de l'aviation civile avec des
évènements marquants comme ont pu l'être le
détournement du vol Rome-Athènes de la TWA(44),
les attentats de LOCKERBIE (45) et du DC 10 d'UTA
(46)entre autres.
(44) : le 14 juin 1985 sur Beyrouth
où un passager américain avait été
exécuté
(45) : Vol de la PanAM, 270 morts en
1988
(46) : 170 morts en 1989
Le 7 Octobre 1985, au large de l'Egypte , le paquebot Italien
l'ACHILLE LAURO est détourné par un commando du Front de
Libération de la Palestine qui prend en otage les 450 passagers. Un des
otages, Mr Leon Klinghoffer, juif de nationalité américaine sera
exécuté puis jeté à la mer.
L'élément essentiel à notre étude
qu'il faut retenir de cet évènement est que les terroristes ont
détourné ce navire pour l'utiliser comme moyen de destruction.
En effet ce détournement avait pour objectif premier de
détruire la base navale d'Ashdod (47) située
à peine à 200m d'un futur mouillage de l'ACHILLE LAURO, les
terroristes devant se raviser après avoir été
découvert par un des garçons du navire alors qu'ils
étaient en train de nettoyer leurs armes. Le navire n'était en
fait qu'un vecteur pour accomplir leur acte malveillant.
L'initiateur du projet, le terroriste Abou Al Abbas, avait
choisi cette croisière en raison des facilités d'embarquement
qu'offrait le port de Gênes et également du plan de route. La
directrice de ballets, Malgorzate Potocka, se souvient de
« formalités de départ très rapides sans
contrôle des bagages ».(48)
Le 11 Juillet 1988 , au large des côtes
d'Athènes, un commando de trois hommes du Fatah Conseil
Révolutionnaire, mène une attaque au pistolet mitrailleur et
à la grenade contre le navire grec de plaisance City of Poros faisant
neuf morts et quatre vingt onze autres blessés.
Avant même l'attentat contre le USS COLE et le
pétrolier Français LIMBURG, eût lieu en 1994, peu de temps
après qu'un airbus de la compagnie Air France est était
détourné à partir du tarmack de l'aéroport d'Alger
par un commando, détournement pendant lequel 3 passagers seront
exécutés ( un français, un vietnamien et un
algérien ), nous verrons apparaître les premières mesures
en matière de sûreté maritime .
C'est en effet à cette période , suite aux
évènements sanglants en Algérie ,que la SNCM
créa le poste d'officier sûreté et également des
plans de sûreté élaborés par tâtonnement car
le problème de la sûreté n'avait encore que très peu
été évoqué dans le milieu maritime .
(47) : Située à 40
kilomètres dans le sud de Tel Aviv.
(48) : Le nouvel Obs, Notre
époque, semaine du 31/07/2003 n°2021.
Parmi les mesures dissuasives mises en place par la SNSM, il y
avait l'embarquement de légionnaires à chaque voyage sur
l'Algérie, un filtrage de l'accès aux navires par des militaires
Français et un officier sûreté placé à
l'entrée du navire avec un détecteur de matériaux pour
filtrer les passagers.
Sur le plan politique, la Commission Européenne se
préoccupait déjà également avant le 11 septembre
2001 de la question de sûreté comme le prouve le livre blanc sur
les transports (49), qui faisait déjà
référence à la nécessité de renforcer la
sûreté des passagers embarquant sur navires réalisant des
croisières en Europe.
Surviennent alors les évènements du 11 Septembre
2001 qui virent la destruction des deux tours du World Trade Center et la
disparition de plus de 3000 personnes.
Cet évènement tragique a fait prendre conscience
au monde entier qu'aucun pays n'était à l'abri du terrorisme et
que tous les moyens aériens, terrestres, et maritimes pouvaient
être utilisés à des fins destructrices.
L'opinion publique, très marquée par les images
terribles diffusées et rediffusées des deux tours jumelles qui
s'effondrent, assiste un peu plus d'un an après à un attentat
commis contre un super tanker français, le LIMBURG. Ce super tanker est
percuté au niveau d'une de ces tranches de cargaison par une vedette
rapide bourrée d'explosif au large du Yemen, le 6 Octobre 2002.
Le bilan d'un mort aurait pu être beaucoup plus lourd et
cet évènement révèle le risque que peut
représenter un pétrolier dans un grand port si une action
attentat suicide est menée à son encontre.
Au travers de cette énumération, heureusement
limité, nous pouvons distinguer les menaces potentielles provenant du
milieu maritime envers des intérêts extérieurs : tout
navire peut devenir une arme par destination, ou le vecteur d'une arme de
destruction massive, voire même le transporteur innocent de charges
inappropriées.
(49) : COM(2001) 370 du 12 septembre
2001
Les navires de transport de passagers sont bien sûr des
cibles privilégiés car ce sont des cibles directes mais toutes
sortes de navires peuvent être utilisées, en particulier les
navires pétrolier ou gazier qui peuvent devenir de véritables
bombes flottantes. Des terroristes pourraient être tentés de faire
exploser de tels navires en zone portuaire, là où des
intérêts économiques sont représentés, avec
les conséquences humaines et environnementales que l'on peut
imaginer.
Maintenant nous comprenons mieux pourquoi cette notion de
sûreté détient un consensus international mais il convient
également, toujours dans l'optique de découvrir l'environnement
de ce contexte de sûreté, de s'attarder légèrement
sur l'aspect économique engendré par la sûreté
maritime.
CHAPITRE DEUXIEME : ASPECT ECONOMIQUE
§2.1 : COÛT DE LA SURETE MARITIME
Tout d'abord il apparaît aussi important de souligner
que les mesures qui seront mises en oeuvre pour renforcer la
sûreté du transport maritime ne constitueront pas simplement un
surcoût. Elles auront surtout des incidences bénéfiques en
matière de protection des professionnels portuaires et de la mer, tout
comme des passagers, de sûreté des approvisionnements
stratégiques, mais aussi des retombés indirectes en ce qui
concerne la lutte contre les trafics de tous genres, la taxation, et la
sûreté d'acheminement des marchandises transportées. Ces
mesures présenteront en effet un caractère dissuasif en raison
des contrôles effectués, et faciliteront la répression des
trafics illicites et des fraudes.
Pour exemple dans le port de Rotterdam, l'installation des
scanneurs pour conteneurs dans le port de Rotterdam, dans le cadre du CSI, a
coûté 15 millions d'Euros ; en contrepartie leur utilisation
a généré, en un an, 88 millions d'Euros de recettes
douanières et fiscales, alors que seuls deux pour cent des conteneurs
sont soumis en moyenne à un tel contrôle.(50)
(50) : Communication de la commission au
conseil, au parlement européen, au comité économique et
social européen et au comité des régions relatives
à l'amélioration de la sûreté des transports
maritimes.
Dans son ensemble donc le renforcement de la
sûreté du transport maritime n'est pas qu'une perte
économique comme le démontre un rapport émis par
l'Organisation de Coopération et de Développement Economique,
rapport intitulé « La sûreté du transport
maritime : évaluation des risques et impact
économique ». En effet l'OCDE estime que le coût de ce
renforcement est « bien inférieur » à celui
d'un attentat terroriste de grande ampleur. Il serait évaluait à
quelques 58 milliards de dollars alors que le montant global de
l'investissement correspondant aux nouvelles mesures de sûreté
destinées à contrer la menace terroriste
s'élèverait à 1,3 milliard de dollars, ce qui correspond
à l'installation des équipements de sûreté et au
recrutement du personnel supplémentaire pour les exploitants de navire,
et les coûts d'exploitation annuels s'élèverait
également à prés de 730 millions de dollars.
Une étude menée par les US Coast Guard
(51) estime que le coût pour une compagnie
composée de 27 navires serait de 250000 US$ pour les frais fixes du
siège ( personnel chargé des questions de sûreté) et
de 270000 US$ pour les frais variables du siège ( établissement
des plans de sûreté et audit et certification de ces mêmes
plans ) .
Le surcoût pour la partie exploitation des navires
s'élèverait quant à lui à 675000 US$ soit 25000 US$
par navire.
De même les Coast Guards estiment également les
besoins initiaux à 1,4 milliards pour soutenir les projets de
sûreté portuaire ou de terminaux
Reste toutefois qu'il n'y a donc aucune commune mesure entre
le coût de la prévention et le coût d'un acte terroriste.
Cependant ce coût est tout d'abord supporté par
les acteurs eux même du transport maritime à savoir les compagnies
maritimes et les ports ainsi que les chargeurs.
(51) : publication apparue dans le
Federal Register, résumé journalier des activités du
gouvernement des Etats-Unis
§2.2 : REPARTIR CE COUT
Le coût de la sûreté maritime n'est donc
pas anodin pour les compagnies maritimes, Armateur de France réclamant
en conséquence un financement par les pouvoirs publics de ces mesures,
estimant qu'il s'agit d'une question d'intérêt national.
Parallèlement à la demande d'Armateur de France,
l'AUTF ( l'Association des Utilisateurs de Transport de Fret ) s'est
rapproché de la Direction des Ports, du Transport Maritime et du
Littoral (D.T.M.P.L) afin d'établir un état des lieux en
matière de sûreté des ports français. L'AUTF estime
que les pouvoirs publics doivent prendre en charge le financement des
coûts de sûreté, rappelant par la même occasion que
les Etats-Unis ont déjà annoncé un plan de financement de
92,3 millions de dollars pour leur port (52). Et
dernièrement le Homeland Security , ministère de la
Sûreté nationale, a débloqué près
de $300 millions d'aides à certains projets de sûreté
portuaire. L'AUTF estime que la mise en place de mesures renforcées de
sûreté entre dans le champ des missions régaliennes de
l'Etat et doit donc être financée par les pouvoirs publics.
Rappelons que le coût de passage d'un conteneur au rayon X est de l'ordre
de 80/100 euros par conteneurs, ce surcoût devra être
supporté par un ou plusieurs acteurs de la sûreté
maritime.
Dernièrement suite au Comité
interministériel de la mer et aux orientations communiquées
à cette occasion, l'AUTF, réunis au sein du Comité des
chargeurs maritimes français (CCMF), a fait savoir qu'il s'oppose
à l'instauration de toute taxe de sûreté sur le fret
maritime, rappelant que le coût des mesures de sûreté doit
être supporté par les autorités publiques. Cette
idée de taxe de sûreté portuaire se retrouve
également de l'autre côté de l'Atlantique mais a
également fait l'objet d'une opposition farouche de la part des
chargeurs et des industriels.
Cependant à l'heure actuelle, il est très peu
envisageable de penser obtenir la prise en charge financière par les
pouvoirs publics, la tendance étant à la récession
budgétaire. Certains armateurs avançant même la proposition
d'utiliser des militaires de métiers à bord des navires marchands
afin d'éviter d'avoir à payer eux-mêmes des officiers
supplémentaires mais avec le passage à l'armée de
métier, les effectifs et les budgets ne sont plus suffisants et cette
solution n'est donc pas envisageable.
(52) : Déclaration en date du 01
juillet 2002 , Ref 328/AD/2002 ; www.autf.fr
Ce sera de toute manière aux acteurs du milieu maritime
de mettre la main à la poche, ils essaieront sans doute de
répercuter ce coût auprès de leur client.
Par leur ampleur, les mesures sécuritaires
représentent une véritable révolution pour le shipping.
Bien rares étaient ceux qui, le lendemain du 11 septembre 2001,
l'avaient prévue, et on imagine le tollé qu'auraient
suscité ces mesures auparavant. Ainsi, on vérifie une fois encore
tout comme pour le secteur de la sécurité ,que seules les
catastrophes permettent de sortir à l'échelon mondial de la
logique des petits pas, et de franchir une marche escarpée.
Depuis le 11 septembre de nombreuses initiatives sont apparues
en matière de sûreté maritime que ce soit de la part de
Etats-Unis, seul état aussi actif dans ce domaine ou de la part des
instances internationales que ce soit l'OMI ou l'OIT ou encore sur le plan
communautaire, nous allons maintenant voir quelles ont été les
démarches sécuritaires de ces organismes.
SOUS SECTION II : LES DEMARCHES SECURITAIRES
La sûreté d'une chaîne de transport
étant égale à celle de son maillon le plus faible, une
approche traitant en parallèle de la dimension multimodale permettra
d'améliorer la sûreté des transports dans son
ensemble.(53)
Il est tout à fait très aisé d'envisager
que la sûreté maritime n'implique pas que le moyen de transport
mais également toute la chaîne qui est constituée par les
différents éléments du transport : c'est pourquoi les
nouvelles mesures prises en faveur de la sûreté maritime touchent
aussi des domaines comme le portuaire, les douanes, .....
(53) : Communication de la commission au
conseil, au parlement européen, au comité économique et
social européen et au comité des régions relative à
l'amélioration de la sûreté des transports maritimes,
COM(2003) 229 final , le 2.5.2003
Nous allons donc énoncer dans cette partie, les actions
menées à la suite des évènements tragiques du 11
septembre 2001 et c'est surtout à trois niveaux que ces actions sont
menées, le niveau international par le biais de l'OMI, le niveau
Européen et le niveau national pour ce qui concerne les Etats-Unis,
c'est d'ailleurs par ce niveau que je débuterai cette
énumération de mesures.
CHAPITRE PREMIER : DU COTE DES ETATS-UNIS
Il est bien évident que le peuple américain a
été très marqué par les évènements du
11 septembre et c'est pourquoi la détermination américaine dans
ce domaine est indéniable. De manière similaire à son
action en matière de pollution maritime par hydrocarbure, les Etats-Unis
d'Amérique ont pris des mesures de protection unilatérales,
anticipant souvent au plan de la mise en oeuvre des dispositions en cours de
négociations dans les instances internationales. Dans le domaine
maritime notamment, la sûreté est considérée comme
une « affaire de sécurité
intérieure ».
L'activité parlementaire a été
très riche en initiatives. Elle s'est concrètement traduite par
l'adoption par le Congrès, le 14 novembre 2002 du « Maritime
Security Act of 2002 ». Cette loi impose de larges exigences en
matière de sûreté à l'industrie maritime.
Les USA ont vu également la création effective
depuis le 1er Mars 2003 d'un grand ministère de la
sûreté intérieure( Department of Homeland Security) et
c'est dans ce contexte sécuritaire que trois types de mesures
importantes et ayant d'énormes répercussion pour le monde
maritime ont été mises en place.
a) La CSI ( Container Security Initiative ) : Depuis la
mi-2002, les Etats-Unis ont développé cette mesure,
destinée à être appliqué dans une première
phase dans les vingt ports européens et asiatiques concentrant la plus
grande part du commerce maritime par conteneurs vers les Etats-Unis.
Son principe s'articule autour de quatre points pour un
même port :
1. L'établissement de critères de
sûreté permettant d'identifier les conteneurs à hauts
risques.
2. Le pre-screening des conteneurs avant leur arrivée
dans les ports des Etats-Unis .
3. L'utilisation de moyens technologiques pour procéder
au screening des conteneurs à hauts riques.
4. La mise en place de conteneurs sécurisés et
permettant un suivi intelligent.
b) La règle dite « des 24 heures de
préavis » : Les transporteurs maritimes doivent fournir
leur manifeste de chargement 24 heures avant que cette opération ne soit
effective sur les navires en partance pour les Etats-Unis.
Ces informations permettraient aux douanes américaines
d'évaluer le risque en matière de danger terroriste que peuvent
revêtir les conteneurs destinés à ce pays.
Cette règle est effective depuis le 2 Février
2003.
c) La proposition de règlement relatif à la
suppression des visas délivrés sur base des listes
d'équipage : Cette proposition vise à supprimer la pratique
de la délivrance de visas sur base des listes d'équipages pour
les membres d'équipages des navires étrangers demandant à
entrer dans un port des Etats-Unis d'Amérique .
Les Etats-Unis d'Amérique sont donc à l'origine
d'initiatives (unilatérales) en faveur de la sûreté
maritime mais il s'agit surtout de mesures qui touchent le domaine douanier
donc interne. Cependant la sûreté maritime étant devenue
une priorité mondiale, des instances internationales ont
également entamé des actions dans ce domaine.
CHAPITRE SECOND : LES DEMARCHES SECURITAIRES DES
INSTANCES INTERNATIONALES :
§2.1 L'OMI :
L'organisation Maritime Internationale s'est
intéressée réellement au domaine maritime et à la
sûreté des navires. Les travaux relatifs à ce domaine se
sont conclus le 12 décembre 2002 lors de la Conférence
Diplomatique de l'OMI. La démarche sécuritaire de l'OMI
s'articule autour de deux principales mesures :
i) La modification de la convention SOLAS avec la
création du chapitre XI.2 permet donc à cette convention
d'intégrer la dimension de la sûreté maritime. Elle ne
comporte que des aspects techniques et impose au navire de posséder
à bord un système ,dit AIS, d'identification automatique des
navires, d'un système d'alarme inaudible et caché pouvant
signaler à un organisme à terre qu' un évènement se
déroule à bord du navire. Le dernier point concerne le marquage
du numéro international du navire de manière très visible
de l'extérieur.
ii) L'adoption d'un code, le code ISPS (International Ship and
Port Facility Security) qui instaure les dispositions à suivre pour la
mise en place des procédures internes, l'obtention d'un certificat de
sûreté, la réévaluation du plan de
sûreté des navires, en fait ce code s'apparente en quelques sortes
au code ISM pour le domaine de la sûreté.
§2.2 L'OIT :
L'Organisation internationale du travail est impliquée
également dans les démarches sécuritaires car les gens de
mer participent directement au transport international de marchandise, au
transport de passager, et ont facilement accès à toutes les zones
d'un port. Il faut donc être certain de la qualité de la personne
en possession d'un livret maritime.
En mars 2002, a été inscrite à l'ordre du
jour de la 91ème session de la Conférence
internationale du Travail de Juin 2003, une question urgente concernant un
système plus sûr d'identification des gens de mer, en vue de la
révision de la convention n°108 sur les pièces
d'identité des gens de mer, qui date de 1958(54).
Une des questions jugées importantes lors des travaux
de l'OMI pour l'amélioration de la sûreté maritime, est
d'ailleurs celle de l'identification des gens de mer, relevant de la
compétence de l'OIT.
Les marins devraient être en possession d'un document
qui permette d'opérer une identification « positive et
vérifiable » : « positive » en
déterminant que la personne qui détient le document est bien
celle à qui il a été délivré,
« vérifiable » grâce au contrôle de
l'authenticité du document par rapport à la source.
§2.3. L'OMD :
L'organisation Mondiale des Douanes a adopté en Juin
2002 une résolution relative à la sûreté et à
la facilitation des échanges de la chaîne logistique
internationale. Sa mise en application aura pour but de protéger le
commerce international contre les attaques terroristes, et la chaîne
logistique internationale contre son utilisation pour le transport frauduleux
d'armes de destructions massive pour des visées terroristes. L'OMD
travaille essentiellement sur trois points principaux :
a. L'assistance des autorités douanières dans
l'établissement de régimes de sûreté de la
chaîne logistique.
b. L'accès pour les autorités douanières
à une base de données de l'OMD.
c. La révision de la convention de l'OMD de 1972 sur
les conteneurs.
(54) : Conférence qui s'est tenue
le 19 juin 2003. Cette question était la numéro 7 à
l'ordre du jour. Un questionnaire a été élaboré
pour obtenir les avis des différents états. Rapport
VII(1),VII(2A) et VII(2B) ref : ISBN 92-2-212885-0, ISBN
92-2-212886-9,ISBN 92-2_012882_9
Les instances internationales sont bien sûr les plus
représentatives pour élaborer des mesures à mettre en
oeuvre afin d'améliorer le secteur de la sûreté maritime,
cependant et de manière similaire au domaine de la
sécurité maritime, l'Union Européenne est elle aussi
active dans ce domaine. Déjà concernée par le
problème avant même les attentats du 11 septembre 2001 comme le
prouve le Livre blanc sur les transports, qui faisait déjà
référence à la nécessité de renforcer la
sûreté des passagers embarquant sur des navires réalisant
des croisières en Europe, la Commission reste très attentive aux
travaux des différentes instances et notamment de l'OMI.
CHAPITRE TROISIEME : LA DEMARCHE SECURITAIRE DE
L'EUROPE
La Commission européenne considère que
désormais il est nécessaire d'améliorer la
sûreté de l'ensemble de la chaîne logistique approvisionnant
le transport maritime, du fournisseur au consommateur. En conséquence,
elle a adopté une communication et une proposition de règlement
(55) visant à imposer dans toutes l'Union
européenne l'application des normes les plus élevées de
sûreté du transport maritime.
La commission a donc choisi d'apporter une réponse
globale au problème de sûreté maritime en adoptant des
instruments internationaux comme le code ISPS.
Bien qu'elle se soit inspirée des conclusions de la
Conférence diplomatique de l'Organisation maritime internationale du 12
décembre 2002, elle estime que des travaux complémentaires
doivent néanmoins être menés dans d'autres enceintes
internationales, et notamment au sein de l'Union Européenne, pour
garantir un traitement global des problèmes qui se posent et
éviter le recours à des initiatives bilatérales telles que
celles qui ont été lancés par certains pays tiers.
C'est pourquoi la communication de la Commission
Européenne va au-delà du cadre de la sûreté des
navires et des installations portuaires telle qu'elle est abordée par
l'OMI et élargit le débat au transport maritime en
général.
(55) : Règlement du Parlement
européen et du Conseil relative à l'amélioration de la
sûreté des navires et des installations portuaires. 2003/0089 (
COD )
Elle s'intéresse en particulier, aux zones portuaires
considérées dans leur globalité, à l'identification
des gens de mer et à la sûreté d'un bout à l'autre
de la chaîne de transport intermodale.
Le règlement va au-delà des mesures
adoptées par l'OMI en ceci qu'il rend obligatoires certaines exigences
correspondant seulement à des recommandations (partie B du code ISPS),
afin de relever le niveau de sûreté
Le règlement va au-delà des mesures
adoptées par l'OMI en ceci qu'il rend obligatoires certaines exigences
correspondant seulement à des recommandations (partie B du code ISPS),
afin de relever le niveau de sûreté recherché et surtout
d'éviter des divergences d'interprétation d'un Etat membre
à l'autre : c'est pour cela qu'il impose la nomination d'une
autorité nationale responsable de la sûreté des navires et
des installations portuaires , et l'adoption, pour certaines modalités
du règlement, d'un calendrier de mise en oeuvre des plans nationaux
adoptés dans le cadre du règlement, qu'il prévoit un
processus d'inspections, supervisé par la commission, pour
vérifier les modalités de contrôle et la mise en oeuvre des
plans nationaux adoptés dans le cadre du règlement.
Surtout ce règlement étend l'ensemble des
exigences du chapitre XI-2 de la Convention SOLAS et de la partie A du code
ISPS aux navires effectuant des dessertes nationales au sein de la
Communauté, et plus particulièrement aux navires à
passagers.
La toute récente Agence Européenne pour la
sécurité maritime ( EMSA ) (56) , encore
une fois la sécurité et la sûreté ne sont maintenant
envisagés que de manière similaire, s'est vu attribuer un
rôle d'assistance à la Commission dans l'exécution de ses
tâches.
Dans le domaine de la sûreté maritime,
aujourd'hui, il est difficile de mettre en doute la volonté politique
d'amélioration des structures et des moyens en place. A
l'évidence l'impacte d'un attentat est beaucoup plus grand que l'impacte
d'un accident maritime même avec pollution, cet impacte étant
mondial et non seulement régional. A la suite du Prestige,
l'émotion a surtout été Européenne.
(56) : Agence créée par
le règlement 1406/2002/CE du Parlement européen et du Conseil du
27 Juin 2002
Les attentats du 11 septembre 2001 ou de BALI ont quant
à eux une répercussion mondiale. Mais bien que cette
volonté politique soit évidente, les premières
difficultés ou tensions sont déjà apparues avant
même l'entrée en vigueur du code ISPS et je me propose dans la
prochaine section de les rappeler.
SECTION II : LES DIFFICULTES DE MISE EN
OEUVRE :
La dimension de la sûreté est donc une notion
toute récente dans le monde maritime ; il s'agit d'un domaine qui
empiète sur plusieurs secteurs et où il existe de nombreux
intervenants, ce qui rend difficile la détermination des
frontières exactes entre les différents secteurs. Comme toute
réglementation naissante, des difficultés
sont apparues et apparaissent encore, rappelons que le code
ISPS n'entrera en vigueur que le 1er Juillet 2004. Ces difficultés sont
de deux sortes : des difficultés d'ordre politique ou
« diplomatique » et des difficultés disons plus
pratiques de logistique.
.
SOUS SECTION I : LES DIFFICULTES POLITIQUES OU
« DIPLOMATIQUE » :
Comme nous l'avons énoncé au préalable,
les Etats-Unis sont très actifs en la matière mais cette
volonté s'est solder par des initiatives dénoncées et
inacceptables pour la Commission Européenne.
La première réaction de la Commission
Européenne a suivi les actions américaines prises dans le cadre
du CSI.
CHAPITRE PREMIER : LE CAS DE LA CSI :
Les Etats-Unis forts de leur puissance économique ont
démarché les plus grands ports mondiaux en termes
d'échanges de conteneurs et ont imposé des mesures de
sûreté avec notamment un contrôle par les douanes
américaines des systèmes informatiques d'échanges
d'informations et des systèmes de contrôle des conteneurs
(scanner). Après cet audit par les douanes américaines, le port
concerné se voit décerner un label CSI leur permettant
d'effectuer les échanges commerciaux vers les Etats-Unis. Sans ce label,
les échanges se trouvent ralentis par des formalités beaucoup
plus complexes et surtout avec des délais beaucoup plus longs.
Ces dispositions ont été conçues et mises
en place, en ce qui concerne l'Europe, de manière bilatérale dans
l'ignorance de l'acquis communautaire et sans concertation avec la Commission,
qui a été amenée à réagir
conformément aux dispositions du Traité instituant la
Communauté européenne.
Face à cette situation, et aux réponses
individuelles des Etats membres aux demandes américaines, la Commission
a obtenu le 18 mars 2003 du Conseil une autorisation de négociation sur
les matières relevant du domaine communautaire afin de parvenir avec les
autorités douanières américaines à un accord entre
la Communauté et les Etats-Unis portant sur le développement d'un
système de contrôle des exportations, qui intègre la
nécessité de sécuriser le commerce international
effectué par conteneurs. Un tel accord est destiné à
supplanter les arrangements bilatéraux conclus pour l'heure entre
certains Etats membres et le service des douanes américaines. Il sera
basé sur des principes de réciprocité et de
non-discrimination s'appliquant à l'ensemble des échanges entre
la Communauté et les Etats-Unis. A terme cet accord devrait permettre
un contrôle conjoint des mises en oeuvre de mesures dessinées de
commun accord.
La principale préoccupation de la commission est
d'éviter des éléments de compétition
déloyale entre les ports(57), comme cela est
déjà apparu sur le plan national entre Le Havre et Marseille
concernant le CSI.
C'est pourquoi la Commission étudie également
des standards communs de sûreté, ainsi que des critères
communs pour les contrôles douaniers afin de ne pas laisser une situation
de concurrence s'instaurer.
Les Etats-Unis très préoccupés par ces
questions de sûreté désirent avoir la main mise en la
matière et ils suivent de très prêt la question du code
ISPS, s'accaparant au passage certains droits qui la aussi irrite la
Communauté Européenne.
(57) : voir note AF EUR-2003-59/circ
11039 du 26 Mai 2003
CHAPITRE SECOND : LE CODE ISPS :
Suite à la réunion du groupe de
coopération Union Européenne / Etats Unis sur la
sûreté des transports qui s'est réuni à Washington
les 17 et 18 juillet 2003, les Etats-Unis et l'Union Européenne ont eu
l'occasion de préciser qu'ils soutiennent une approche internationale
pour les mesures de sûreté, c'est-à-dire l'application des
mesures adoptées en décembre 2002.
Les Garde-Côtes américains ont suivi cette
approche en élaborant leurs règles intérimaires du 1er
juillet.
Cependant ils font face à des pressions politiques de
la part de la chambre des députés pour approuver les plans de
sûreté des navires (au lieu d'accepter les décisions des
Etats du pavillon). Cela c'est déjà traduit dans le domaine de la
sécurité maritime et plus précisément dans le cadre
de l'OPA par l'obligation à tout navire pétrolier qui envisage de
toucher un port américain de faire valider par les USCGs leur plan SOPEP
( Oil Pollution Emergency Plan) qui doit déjà être
approuvé par l'Etat du pavillon dans le cadre des certificats
obligatoires. Les Etats-Unis dans ce cas ne reconnaîtraient pas la
validité des certificats sûreté délivrés par
les différents Etats du pavillon.
De leur côté les USA ont commencé une
évaluation des ports étrangers (2,600 ports concernés au
total).
Cette démarche est encore une fois unilatérale
et la Commission Européenne est très critique par rapport
à cette démarche. Elle a fait les mêmes remarques que pour
la CSI.
Voici donc énoncés les principaux
problèmes rencontrés sur le plan des discussions entre la
communauté Européenne et les Etats-Unis pour la mise en oeuvre
des différentes mesures qui concernent la sûreté maritime.
Un problème a été très peu évoqué
encore lors des différentes discussions mais nul doute qu'il le sera
très rapidement après la mise en application du code ISPS, la
question des conflits de juridiction : quelles sont les mesures de
protection que peut prendre un navire battant pavillon étranger, dans le
cadre du code ISPS, dans un port d'un autre état ?
Les autres difficultés qui apparaissent
déjà touchent à la logistique de mise en oeuvre.
SOUS SECTION II : LES DIFFICULTES DE
LOGISTIQUE :
Beaucoup plus pratiques que les problèmes
exposés précédemment, les problèmes de logistiques
sont toutefois très préoccupant à maintenant moins d'un an
de la mise en oeuvre du code ISPS. Le plus étonnant étant que du
côté des navires, la partie mise en conformité avec le
nouveau chapitre de SOLAS qui correspond à la partie technique du code
ISPS est déjà bien avancée. Grand nombre de navires
possède déjà l'appareil AIS et a fait graver le
numéro international du navire conformément aux nouvelles
dispositions.
En fait le code ISPS ne donne bien souvent que des directions
mais laisse sans doute trop de liberté aux Etats pour la mise en oeuvre
de ce code, ce qui va poser quelques problèmes de mise en oeuvre.
Pour exemples :
· Certains pays sont loin de posséder des
standards convenables en matière de sûreté, il faudra
déterminer quelle devra être l'assistance à apporter aux
pays les moins favorisés pour qu'ils atteignent des standards de
sûreté équivalent. La résolution 5 adoptée
le 12 décembre 2002 lors de la conférence diplomatique sur la
sûreté maritime ne le dit pas.
· Le point restant et non le moindre concerne la partie
« management » du code, à savoir le
côté certification et élaboration des plans de
sûreté compagnies et navires. Il s'agit d'un problème
important car jusqu'à ce jour certains états de l'Union
Européenne et notamment la France n'ont pas encore fait connaître
leur position auprès des professionnels pour ce qui est des
modalités de certifications.
Dans le cas de la France eu lieu au début de
l'année de nombreuses réunions entre les professionnels au sein
d'Armateur de France pour essayer d'élaborer un projet de formation des
Compagnie Security Officer et Ship Security Officer . Cette démarche
n'aurait jamais du être entamée, étant du ressort de
l'administration Française, mais à quelques mois de la mise en
oeuvre du code ISPS et sans la moindre information provenant des services de
l'Etat elle a été rendue nécessaire.
Ces réunions restèrent stériles du fait
encore une fois du silence de l'administration concernée, à
savoir les affaires maritimes. En effet, un paramètre était
indispensable pour que les compagnies entament les formations, il fallait bien
savoir quelles formations seraient reconnues par la France et là encore
les armateurs se sont heurtés à un mur de silence. Les
répercutions pour une compagnie comme la CMA/CGM sont
importantes : Il ne reste que trois mois avant que les Etats-Unis ne
mettent en pratique le code ISPS fin décembre, la CMA/CGM étant
maintenant contraint de prendre le risque d'établir des plans de
sûreté navire et compagnie sans être sur qu'ils seront
satisfaisant aux yeux de l'administration Française.
· En Juillet 2004 donc de nombreux navires
posséderont le système d'alarme silencieuse mais pour le moment
l'OMI s'est contenté de laisser le choix aux différents
états de nommer et de mettre en place les organismes chargés de
la réception de ces alarmes. Pour le moment en France rien n'a encore
été diffusé sur la question et de toute manière ces
organismes devront également être équipé de
récepteurs ; quelles seront les suites données à une
alarme ?
· Egalement sur un plan national les gouvernements
devront mener à termes pour Juin 2004, de nombreuses actions. Il s'agit
notamment d'établir les règles définissants les 3 niveaux
de sûreté et les conditions de leur mise en oeuvre. L'interface
navire / terre doit donc être homogène ce qui pour l'instant n'est
pas encore le cas puisque le plan vigipirate appliqué dans l'enceinte
portuaire comporte 4 niveaux alors que le code ISPS applicable aux navires mais
aussi aux enceintes portuaires 3 niveaux.
· Une autre difficulté se fera connaître au
niveau portuaire : en matière de transport de fret maritime, les
volumes sont tellement importants que les contrôles physiques des
marchandises ne sont réalistement concevables à l'entrée
en zone portuaire que selon le mode des contrôles ciblés.
· Le système des 24 heures de notice pour les
conteneurs imposé par les Etats-Unis pose de réelles
difficultés auprès des chargeurs, car ce système revient
pratiquement à l'immobilisation pure et simple de la marchandise pendant
un jour, ce qui économiquement n'est pas anodin.
Et d'autres difficultés apparaîtront
sûrement lors de la mise en oeuvre du code ISPS.
A l'heure actuelle, ce que l'on peut retenir de ces
démarches sécuritaires, c'est que malheureusement elles sont
devenues nécessaires mais que nous n'en sommes encore qu'au
balbutiement. Espérons que la volonté à agir
démontrée par tout dernièrement ne s'essouffle pas comme
cela est bien souvent le cas dans le secteur de la sécurité
maritime.
CONCLUSION
Après toute catastrophe maritime, l'émotion est
grande et les citoyens ont tendance à réclamer des
réglementations en la matière et trouvent scandaleux que de tels
évènements puissent se produire. Cette étude avait pour
but principal de démontrer que la réglementation,
élaborée au fil des catastrophes maritimes et du XXème
siècle, existe belle et bien et qui plus est recouvre maintenant la
totalité des domaines liés à la sécurité
maritime. Si l'OMI pendant de très nombreuses années a
été le seul initiateur de cette réglementation, il n'en
est plus de même aujourd'hui, d'autres entités ayant pris le
relais comme notamment l'Union Européenne.
Mais alors pourquoi de tels évènements se
produisent ? Tout d'abord parce que la mer reste un élément
imprévisible et un milieu hostile mais surtout parce que cette
réglementation n'est pas appliquée par tous et de la même
manière. Le cadre réglementaire n'est pas appliqué par
tous de la même manière principalement pour des raisons d'ordre
économique et la nature humaine étant ainsi faite dès
qu'une brèche est ouverte pour échapper aux obligations qui
incombent à tous les acteurs de la sécurité
maritime,chacun s'y engouffre. Et malheureusement seul le bâton reste un
moyen efficace pour remettre les contrevenants dans le droit chemin. Le
problème étant que le milieu des transporteurs maritimes est un
milieu opaque et international qui permet bien souvent d'échapper aux
sanctions. Mais il est vrai que l'ambiance actuelle dans ce secteur est plus
à l'optimisme, les taux de fret ces dernières années ont
tendance à remonter et le facteur qualité est de plus en plus
pris en considération et mentionné dans les enceintes
internationales.
La sécurité maritime englobe maintenant un autre
secteur où, et cela est suffisamment rare pour le noter, un consensus a
été trouvé rapidement. Il s'agit de la sûreté
maritime, domaine très souvent évoqué ces derniers temps
dans le milieu maritime. Bien que cette notion était déjà
prise en compte par l'Union Européenne avant le 11 septembre 2002, elle
a fait l'objet de plusieurs réglementations, l'une nationale aux
Etats-Unis, la CSI et l'autre internationale, le code ISPS, suite à la
pression des Etats-Unis. Ces réglementations sont des
réglementations récentes et doivent faire face à des
difficultés de mise en oeuvre.
Ces domaines de la sécurité maritime et
maintenant de la sûreté maritime restent des domaines très
vastes et dépendant de la volonté des intervenants et des organes
normatifs, il ne peut exister de formule mathématique qui puisse
permettre de penser que ces domaines seront totalement
maîtrisés.
Il reste cependant à espérer que cette
évolution des mentalités précédemment
mentionnée permette d'anticiper les catastrophes maritimes et non plus
de les subir.
Bibliographie
· Ouvrages :
BOISSON Philippe, « Politiques et droits de la
sécurité maritime », Bureau Véritas, mai 1998,
n°160
BONASSIES Pierre, « Droit maritime général
» ; Cours polycopiés.
BONASSIES Pierre, « La politique commune des transports :
historique et avenir », La communauté européenne et la Mer,
p.505 et suiv.
REMOND GOUILLOUD Martine, »Droit maritime, Pedone,
2ème ed, 1993.
WOLGENSINGER Jacques - La grande aventure de la presse -
Découvertes Gallimard 1989
· Actes des institutions
européennes
1) Directives et réglements
Directive 94/57 du Conseil du 22 novembre 1994 établissant
des règles et normes communes concernant les organismes habilités
à effectuer l'inspection et la visite des navires et les
activités pertinentes des administrations maritimes, JOCE L 319/20 du 12
décembre 1994.
Directive 95/21 du Conseil du 19 juin 1995 concernant
l'application aux navires faisant escale dans les ports de la Communauté
ou dans les eaux relevant de la juridiction des Etats membres, des normes
internationales relatives à la sécurité maritime, à
la prévention et aux conditions de vie et de travail à bord des
navires ( contrôle par l'Etat du port ), JOCE L 157/1 du 7 juillet
1995.
Directive 2001/105/CE du Parlement européen et du Conseil
du 19 décembre 2001 modifiant la directive 94/57/CE du Conseil.
Directive 2001/106/CE du Parlement européen et du Conseil
du 19 décembre 2001 modifiant la directive 95/21/CE du Conseil.
Règlement (CE) n°417/2002
Règlement 1406/2002/CE du 27 juin 2002
2) Actes de la commission
COM ( 92 ) 494 final du 2 décembre 1992, « Le
développement futur de la politique commune des transports ».
COM ( 93 ) 66 final du 24 février 1993, « Pour une
politique commune de la sécurité maritime ».
COM ( 96 ) 81 final du 13 mars 1996, « Vers une nouvelle
stratégie maritime ».
COM ( 2000 ) 142 final du 21 mars 2000, « Communication de
la Commission au Conseil et eu Parlement européen sur la
sécurité du transport pétrolier
»..
· Rapports et documents de
travail
BARREAU Alain, « Le renforcement de la
sécurité maritime : une ardente et pressante obligation pour
l'Europe » ; Rapport d'information de la délégation de
l'Assemblée Nationale pour l'Union européenne.
DE RICHEMONT Henri, « Erika : indemniser et
prévenir» ; Rapport d'information du Sénat n° 441
(1999-2000) - Tome 1 - Mission commune d'information ; 12 mai 2000.
JOSSELIN C. , « La sécurité maritime :
un défi européen et mondial », Délégation pour
l'Union européenne, rapport de l'Assemblée nationale, n°1482
du 5 juillet 1994, p. 55-56.
· Thèses et
mémoires
BELLAYER-ROILLE A. , « Le transport maritime et les
politiques de sécurité de l'Union Européenne »,
Thèse de droit public publiée par le pôle européen
Jean- Monnet, Université Rennes I ; Editions APOGEE 2000.
FAURE Lionel, « La communautarisation du Mémorandum
de Paris », Mémoire du DESS Droit maritime et droit des transports
de la faculté d'Aix-en-provence sous la direction de Christian SCAPEL ;
Centre de droit maritime et des transports ( CDMT ) 1999.
SALEA OUADJ intitulé :»La mise en oeuvre du ISM code
par les compagnies maritimes» CDMT,1999
VACCARO Sophie, »Evolution de la sécurité
maritime et adoption de l'ISM Code : le point de vue des sociétés
de classification », mémoire de DESS, Droit maritime et des
transports, Aix en Provence, 1995.
· Revues et
périodiques
MARCHAND Guy, « Marine marchande. La sécurité
maritime », Juris-classeur commercial, ed. techniques, 1991, n°1,
p.3
Bulletin de la Navigation et des Pêches maritimes, rapport
de la Commission Sénatoriale des Etats-Unis sur la Catastrophe du
TITANIC, source : gallica.bnf.fr
Journal de la Marine Marchande (JMM), hebdomadaire Le
Marin Les reflets de l'O.M.I
SALVARANI R. & LINDSTROM S. , The International Journal of
Shipping Law, « Looking behind the Directive on Port State Control ».
Part I, Mars 1997
· Sites Internet
Centre de droit maritime et des transports d'Aix en Provence (
CDMT ) : http://www.cdmt.droit.u-3mrs.fr
Comité central des armateurs
: http://www.armateursdefrance.org
Commission européenne : http://www.europa.eu.int
ISEMAR : http://www.isemar.asso.fr
Ministère des Transports
: http://www.equipement.gouv.fr/
Mémorandum de Paris (MOU ) : http://www.parismou.org
O.M.I :
http://www.imo.org
OCDE :
http://www.oecd.org
OMD :
http://www.wcoomd.org
Parlement européen : http://www.europarl.eu.int
Parlement français ( assemblée nationale et
sénat ) :
http://www.senat.fr http://www.assemblee-nat.fr Entretiens
Entretien avec Monsieur Georges TOURRET , administrateur des
affaires maritimes, directeur du BEA mer.
Entretien avec Monsieur Pierre ALDEBERT , ISM manager du groupe
CMA/CGM
Entretien avec Monsieur Frédéric FIEVET , fleet
manager de la société Fouquet Sacop Maritime.
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : INDEX DES RESOLUTIONS DE L'OMI PROVENANT DU
MARINE SAFETY COMMITTEE ET DU MARINE ENVIRONMENT PROTECTION COMMITTEE
PAGE 93
ANNEXE 2 : TABLEAU RECAPITULAIF DES REGLEMENTS EUROPEENS EN
MATIERE DE SECURITE MARITIME
PAGE 101
ANNEXE 3 : LISTE NOIRE ET LISTE BLANCHE DU MEMORENDUM DE
PARIS .
PAGE 103
ANNEXE 4 : LES 10 PREMIERES FLOTTES MARCHANDES D'APRES LE
PAVILLON
PAGE 104
ANNEXE 5 : TABLEAU DES COUTS ESTIMES DE LA SURETE MARITIME
POUR DES COMPAGNIES TYPES , EXTRAIT DU FEDERAL REGISTER,
RÉSUMÉ JOURNALIER DES ACTIVITÉS DU GOUVERNEMENT DES
ETATS-UNIS.
PAGE 105
ANNEXE 1
MARITIME SAFETY COMMITTEE
MSC.1(XLV) 1981 amendments to the International Convention for
the Safety of Life at Sea, 1974
MSC.2(XLV) 1981 amendments to the Protocol of 1978 relating to
the International Convention for the
Safety of Life at Sea
MSC.3(48) Amendments to the International Convention for Safe
Containers (CSC), 1972
MSC.4(48) Adoption of the International Code for the Construction
and Equipment of Ships Carrying
Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code) (Amended by MEPC.19(22),
MSC.10(54))
MSC.5(48) Adoption of the International Code for the Construction
and Equipment of Ships Carrying
Liquefied Gases in Bulk (IGC Code)
MSC.6(48) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.7(48) Recommendations on chemical tankers and gas carriers
constructed before 1 July 1986
MSC.8(48) Recommendations concerning fire safety requirements
additional to those contained in
chapter II-2 of the 1981 SOLAS amendments
MSC.9(53) Adoption of the revised Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying
Dangerous Chemicals in Bulk (BCH Code)
MSC.10(54) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (resolution MSC.4(48))
MSC.11(55) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.12(56) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.13(57) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.14(57) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MSC.15(57) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MSC.16(58) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code) (Harmonized
system of survey and
certification)
MSC.17(58) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Liquefied Gases in Bulk (IGC Code) (Harmonized system of
survey and
certification)
MSC.18(58) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code) (Harmonized system of survey and
certification)
MSC.19(58) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.20(59) Amendments to the International Convention for Safe
Containers (CSC), 1972
MSC.21(59) Amendments to the International Convention on
Standards of Training, Certification and
Watchkeeping for Seafarers, 1978
MSC.22(59) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.23(59) Adoption of the International Code for the Safe
Carriage of Grain in Bulk
MSC.24(60) Amendments to chapter II-2 of the International
Convention for the Safety of Life at Sea,
1974 (Fire safety measures for existing passenger ships)
Resolution
number Resolution title (Status)
MSC.25(60) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Liquefied
Gases in Bulk (Harmonized system of survey and certification)
MSC.26(60) Amendments to chapter II-1 of the International
Convention for the Safety of Life at Sea,
1974 (Existing ro-ro passenger ships)
MSC.27(61) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.28(61) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MSC.29(61) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MSC.30(61) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Liquefied Gases in Bulk (IGC Code)
MSC.31(63) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.32(63) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Liquefied Gases in Bulk (IGC Code)
MSC.33(63) Amendments to the International Convention on
Standards of Training, Certification and
Watchkeeping (STCW), 1978
MSC.34(63) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Liquefied
Gases in Bulk
MSC.35(63) Guidelines for emergency towing arrangements on
tankers
MSC.36(63) International Code of Safety for High-Speed Craft
(Amended by MSC.119(74))
MSC.37(63) Amendments to the Code of Safety for Dynamically
Supported Craft
MSC.38(63) Amendments to the 1989 Code for the Construction and
Equipment of Mobile Offshore
Drilling Units (MODU Code)
MSC.39(63) Amendments to the Code on Alarms and Indicators
(Revoked by A.830(19))
MSC.40(64) Standard for qualifying marine materials for
high-speed craft as fire-restricting materials
MSC.41(64) Interim standard for measuring smoke and toxic
products of combustion
MSC.42(64) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.43(64) Guidelines for criteria for ship reporting systems
(Amended by MSC.111(73))
MSC.44(65) Standards for fixed sprinkler systems for high-speed
craft
MSC.45(65) Test procedures for fire resisting divisions of
high-speed craft
MSC.46(65) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.47(66) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.48(66) International Life-Saving Appliance (LSA) Code
MSC.49(66) Amendments to the Guidelines on the enhanced programme
of inspections during surveys
of bulk carriers and oil tankers (resolution A.744(18))
MSC.50(66) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code))
MSC.51(66) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code))
MSC.52(66) Mandatory ship reporting systems
MSC.53(66) Performance standards for shipborne GLONASS receiver
equipment) (Revised by
MSC.113(73))
MSC.54(66) Amendments to the Recommendation on testing of
life-saving appliances (resolution
A.689(17))
MSC.55(66) Amendments to the Recommendation on conditions for the
approval of servicing stations
for inflatable liferafts (resolution A.761(18))
MSC.56(66) Amendments to the Performance standards for float-free
satellite EPIRBs operating on 406
MHz (resolution A.810(18))
MSC.57(67) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974
MSC.58(67) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MSC.59(67) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Liquefied Gases in Bulk (IGC Code)
MSC.60(67) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Liquefied
Gases in Bulk (GC Code)
MSC.61(67) International Code for Application of Fire Test
Procedures
MSC.62(67) Guidelines for safe access to tanker bows
MSC.63(67) Mandatory ship reporting systems
MSC.64(67) Recommendations on new and amended performance
standards) (Annex 2 revised by
MSC.114(73))
MSC.65(68) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974, as
amended
MSC.66(68) Amendments to the International Convention on
Standards of Training, Certification and
Watchkeeping for Seafarers, 1978, as amended
MSC.67(68) Amendments to the Seafarer's Training, Certification
and Watchkeeping (STCW) Code
MSC.68(68) Amendments to performance standards for shipborne
radiocommunications equipment
MSC.69(69) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974, as
amended
MSC.70(69) Amendments to the International Convention on Maritime
Search and Rescue, 1979
MSC.71(69) Amendments to the General Provisions on Ships'
Routeing (resolution A.572(14), as
amended)
MSC.72(69) Adoption, designation and substitution of archipelagic
sea lanes
MSC.73(69) Mandatory ship reporting systems
MSC.74(69) New and amended performance standards (Annex 1 revised
by MSC.115(73))
MSC.75(69) Amendments to the Code on Intact Stability for All
Types of Ships Covered by IMO
Instruments (resolution A.749(18))
MSC.76(69) Extended application of the Explanatory notes to the
SOLAS regulations on subdivision and
damage stability of cargo ships of 100 metres in length and over
(resolution A.684(17))
MSC.77(69) Maintenance of a continuous listening watch on VHF
channel 16 by SOLAS ships whilst at
sea after 1 February 1999 and installation of VHF DSC facilities
on non-SOLAS ships
MSC.78(70) Amendments to the Seafarers' Training, Certification
and Watchkeeping (STCW) Code
MSC.79(70) Interpretation of SOLAS chapter XII on additional
safety measures for bulk carriers
MSC.80(70) New performance standards for radiocommunication
equipment
MSC.81(70) Revised recommendation on testing of life-saving
appliances
MSC.82(70) Amendments to resolution A.760(18) on symbols related
to life-saving appliances and
arrangements
MSC.83(70) Amendments to the survey guidelines under the
harmonized system of survey and
certification (resolution A.746(18))
MSC.84(70) Amendments to the guidelines on surveys required by
the 1978 SOLAS Protocol, the
International Bulk Chemical Code and the International Gas
Carrier Code (resolution
A.560(14))
MSC.85(70) Mandatory ship reporting systems
MSC.86(70) New and amended performance standards for navigational
equipment
MSC.87(71) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974, as
amended
MSC.88(71) International Code for the Safe Carriage of Packaged
Irradiated Nuclear Fuel, Plutonium
and High-Level Radioactive Wastes on Board Ships (INF Code)
MSC.89(71) Interpretation of the provisions of SOLAS chapter XII
on additional safety measures for bulk
carriers
MSC.90(71) Amendments to the standard for qualifying marine
materials for high-speed craft as firerestricting
materials (resolution MSC.40(64))
MSC.91(72) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974, as
amended
MSC.92(72) Amendments to the Protocol of 1988 relating to the
International Convention for the Safety
of Life at Sea, 1974
MSC.93(72) Mandatory ship reporting system
MSC.94(72) Performance standards for night vision equipment for
high-speed craft
MSC.95(72) Performance standards for daylight signalling lamps
MSC.96(72) Amendments to performance standards for devices to
indicate speed and distance
(resolution A.824(19))
MSC.97(73) International Code of Safety for High-Speed Craft,
2000 (2000 HSC Code)
MSC.98(73) International Code for Fire Safety Systems (FSS
Code)
MSC.99(73) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974, as
amended
MSC.100(73) Amendments to the Protocol of 1988 relating to the
International Convention for the Safety
of Life at Sea, 1974
MSC.101(73) Amendments to the International Code for Application
of Fire Test Procedures (FTP Code)
MSC.102(73) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MSC.103(73) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Liquefied Gases in Bulk (IGC Code)
MSC.104(73) Amendments to the International Safety Management
(ISM) Code
MSC.105(73) Amendments to the Guidelines on the enhanced
programme of inspections during surveys
of bulk carriers and oil tankers (resolution A.744(18), as
amended)
MSC.106(73) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Liquefied
Gases in Bulk (GC Code)
MSC.107(73) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MSC.108(73) Recommendation on compliance with the requirements of
paragraph 2.2.1.1 of annex 12 to
annex B to resolution A.744(18)
MSC.109(73) Carriage of voyage data recorders (VDRs) on existing
cargo ships
MSC.110(73) Mandatory ship reporting system
MSC.111(73) Amendments to guidelines and criteria for ship
reporting systems (resolution MSC.43(64))
MSC.112(73) Revised performance standards for shipborne global
positioning (GPS) receiver equipment
MSC.113(73) Revised performance standards for shipborne GLONASS
receiver equipment
MSC.114(73) Revised performance standards for shipborne DGPS and
DGLONASS maritime radio
beacon receiver equipment
MSC.115(73) Revised performance standards for shipborne combined
GPS/GLONASS receiver
equipment
MSC.116(73) Performance standards for marine transmitting heading
devices (THDs)
MSC.117(74) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974, as
amended
MSC.118(74) Amendments to the International Code for the Safe
Carriage of Packaged Irradiated
Nuclear Fuel, Plutonium and High-Level Radioactive Wastes on
Board Ships (INF Code)
MSC.119(74) Amendments to the International Code of Safety for
High-Speed Craft (1994 HSC Code)
MSC.120(74) Amendments to the performance standards for
float-free satellite emergency positionindicating
radio beacons (EPIRBs) operating on 406 MHz (resolution
A.810(19))
MSC.121(74) Use of the Spanish language in IMO instruments
relating to maritime safety
MSC.122(75) Adoption of the International Maritime Dangerous
Goods (IMDG) Code
MSC.123(75) Amendments to the International Convention for the
Safety of Life at Sea, 1974, as
amended
MSC.124(75) Amendments to the Protocol of 1988 relating to the
International Convention for the Safety
of Life at Sea, 1974
MSC.125(75) Amendments to the Guidelines on the enhance programme
of inspections during surveys of
bulk carriers and oil tankers (resolution A.744(18) as amended)
(Amends A.744(18))
MSC.126(75) Mandatory ship reporting systems
MSC.127(75) Amendments to the existing mandatory ship reporting
systems
MSC.128(75) Performance standards for a bridge navigational watch
alarm system (BNWAS)
MSC.129(75) Maritime safety and safety-related
radiocommunications
MSC.130(75) Performance standards for Inmarsat ship earth
stations capable of two-way
communications
MSC.131(75) Maintenance of a continuous listening watch on VHF
channel by SOLAS ships whilst at sea
and installation of VHF DSC facilities on non-SOLAS ships
(Revokes MSC.77(69))
MSC.132(75) Amendments to the guidelines for emergency towing
arrangements on tankers (resolution
MSC.35(63)) (Amends MSC.35(63))
MARINE ENVIRONMENT PROTECTION COMMITTEE
MEPC.1(II) Establishment of the list of substances to be annexed
to the Protocol relating to Intervention
on the High Seas in Cases of Marine Pollution by Substances Other
Than Oil
MEPC.2(VI) Recommendation on international effluent standards and
guidelines for performance tests
for sewage treatment plants
MEPC.3(XII) Recommendation on the standard format of the crude
oil washing operations and
equipment manual
MEPC.4(XIII) Recommendation regarding acceptance of oil content
meters in oil tankers
MEPC.5(XIII) Specification for oil/water interface detectors
MEPC.6(XIV) Application of the provisions of Annex I of the
International Convention for the Prevention of
Pollution from Ships, 1973, as modified by the Protocol of 1978
relating thereto, on the
discharge of oil in the Baltic Sea area
MEPC.7(XV) Entries in oil record books on methods of disposal of
residue
MEPC.8(XVI) Discharge of oils not specified by the International
Convention for the Prevention of
Pollution of the Sea by Oil, 1954, as amended in 1962 and 1969
MEPC.9(17) Application of the provisions of Annex V of MARPOL
73/78 on the discharge of garbage in
the Baltic Sea area
MEPC.10(18) Application scheme for oil discharge monitoring and
control systems
MEPC.11(18) Guidelines for surveys under Annex I of the
International Convention for the Prevention of
Pollution from Ships, 1973, as modified by the Protocol of 1978
relating thereto
MEPC.12(18) Regional arrangements for combating major incidents
of marine pollution
MEPC.13(19) Guidelines for plan approval and installation survey
of oil discharge monitoring and control
systems for oil tankers and environmental testing of control
sections thereof
MEPC.14(20) Amendments to Annex I of MARPOL 73/78
MEPC.15(21) Installation of oil discharge monitoring and control
systems in existing oil tankers
MEPC.16(22) Amendments to Annex II of MARPOL 73/78
MEPC.17(22) Implementation of Annex II of MARPOL 73/78
MEPC.18(22) Standards for procedures and arrangements for the
discharge of noxious liquid substances
(Amended by MEPC.62(35))
MEPC.19(22) International Code for the Construction and Equipment
of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (IBC Code)
MEPC.20(22) Code for the Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk
(BCH Code)
MEPC.21(22) Amendments to Protocol I to MARPOL 73/78 and the text
of the Protocol, as amended,
annexed thereto
MEPC.22(22) Guidelines for reporting incidents involving harmful
substances and the text of guidelines
annexed thereto
MEPC.23(22) The application of Annex II of MARPOL 73/78 on the
discharge of noxious liquid
substances in the Baltic Sea area
MEPC.24(22) Amendments to the revised guidelines and
specifications for oil discharge monitoring and
control systems for oil tankers as adopted by the Organization by
resolution A.586(14) and
to the recommendations on international performance
specifications for oily-water
separating equipment and oil content meters adopted by the
Organization by resolution
A.393(X)
MEPC.25(23) Guidelines for surveys under Annex II of the
International Convention for the Prevention of
Pollution from Ships, 1973, as modified by the Protocol of 1978
relating thereto (MARPOL
73/78)
MEPC.26(23) Procedures for the control of ships and discharges
under Annex II of the International
Convention for the Prevention of Pollution from Ships, 1973, as
modified by the Protocol of
1978 relating thereto (MARPOL 73/78) (Revoked by A.787(19))
MEPC.27(23) Categorization of liquid substances
MEPC.28(24) Compliance with Annex II of MARPOL 73/78
MEPC.29(25) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Designation of
the Gulf of Aden as a
special area)
MEPC.30(25) Guidelines for reporting incidents involving harmful
substances
MEPC.31(26) Establishment of the date of application of the
provisions of regulation 5 of Annex V of the
International Convention for the Prevention of Pollution from
Ships, 1973, as modified by
the Protocol of 1978 relating thereto, on the discharge of
garbage in the Baltic Sea
MEPC.32(27) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MEPC.33(27) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MEPC.34(27) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Appendices II
and III of Annex II of
MARPOL 73/78)
MEPC.35(27) Implementation of Annex III of MARPOL 73/78
MEPC.36(28) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Amendments to
Annex V of MARPOL
73/78)
MEPC.37(28) Establishment of the date of application of the
provisions of regulation 5 of Annex V of the
International Convention for the Prevention of Pollution from
Ships, 1973, as modified by
the Protocol of 1978 relating thereto, on the discharge of
garbage in the Baltic Sea
MEPC.38(29) Application of the provisions of Annex IV of the
International Convention for the Prevention
of Pollution from Ships, 1973, as modified by the Protocol of
1978 relating thereto, on the
discharge of sewage in the Baltic Sea area
MEPC.39(29) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Introduction of
the harmonized system of
survey and certification under Annexes I and V of MARPOL
73/78)
MEPC.40(29) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code) (Harmonized
system of survey and
certification)
MEPC.41(29) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code) (Harmonized system of survey and
certification)
MEPC.42(30) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Designation of
Antarctic area as a special
area under Annex V of MARPOL 73/78)
MEPC.43(30) Prevention of pollution by garbage in the
Mediterranean
MEPC.44(30) Identification of the Great Barrier Reef region as a
particularly sensitive area
MEPC.45(30) Protection of the Great Barrier Reef region
MEPC.46(30) Measures to control potential adverse impacts
associated with use of tributyl tin compounds
in antifouling paints
MEPC.47(31) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (New regulation
26 and other amendments
to Annex I of MARPOL 73/78)
MEPC.48(31) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Designation of
the Wider Caribbean area
as a special area under Annex V of MARPOL 73/78)
MEPC.49(31) Revision of the list of substances to be annexed to
the Protocol relating to the Intervention
on the High Seas in Cases of Marine Pollution by Substances Other
Than Oil
MEPC.50(31) International guidelines for preventing the
introduction of unwanted aquatic organisms and
pathogens from ships' ballast water and sediment discharges
MEPC.51(32) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Discharge
criteria of Annex I of MARPOL
73/78)
MEPC.52(32) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (New regulations
13F and 13G and related
amendments to Annex I of MARPOL 73/78)
MEPC.53(32) Development of the capacity of ship scrapping for the
smooth implementation of the
amendments to Annex I of MARPOL 73/78
MEPC.54(32) Guidelines for the development of shipboard oil
pollution emergency plans
MEPC.55(33) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MEPC.56(33) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MEPC.57(33) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Designation of
the Antarctic area as a
special area and lists of liquid substances in Annex II)
MEPC.58(33) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Revised Annex
III)
MEPC.59(33) Revised guidelines for the implementation of Annex V
of MARPOL 73/78 (Superseded by
MEPC.76(40))
MEPC.60(33) Guidelines and specifications for pollution
prevention equipment for machinery space bilges
of ships
MEPC.61(34) Visibility limits of oil discharges of Annex I of
MARPOL 73/78
MEPC.62(35) Amendments to the standards for procedures and
arrangements for the discharge of
noxious liquid substances
MEPC.63(36) Oil tanker stability, operational safety and
protection of the marine environment
MEPC.64(36) Guidelines for approval of alternative structural or
operational arrangements as called for in
regulation 13G(7) of Annex I of MARPOL 73/78
MEPC.65(37) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Amendments to
regulation 2 and new
regulation 9 of Annex V)
MEPC.66(37) Interim guidelines for the approval of alternative
methods of design and construction of oil
tankers under regulation 13F(5) of Annex I of MARPOL 73/78
MEPC.67(37) Guidelines on application of the precautionary
approach in the context of specific IMO
activities
MEPC.68(38) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Amendments to
Protocol I)
MEPC.69(38) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MEPC.70(38) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MEPC.71(38) Guidelines for the development of garbage management
plans
MEPC.72(38) Revision of the list of substances to be annexed to
the Protocol relating to Intervention on
the High Seas in Cases of Marine Pollution by Substances other
than Oil
MEPC.73(39) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code, vague
expressions)
MEPC.74(40) Identification of the Archipelago of
Sabana-Camagüey as a particularly sensitive area
MEPC.75(40) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Amendments to
regulation 10 and new
regulation 25A of Annex I of MARPOL 73/78)
MEPC.76(40) Standard specification for shipboard incinerators
MEPC.77(41) Establishment of the date on which the amendments to
regulation 10 of Annex I of
MARPOL 73/78 in respect of the north-west European waters special
area shall take effect
MEPC.78(43) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973
MEPC.79(43) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MEPC.80(43) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MEPC.81(43) Amendments to section 9 of the standard format for
the COW Manual (resolution
MEPC.3(XII))
MEPC.82(43) Guidelines for monitoring the world-wide average
sulphur content of residual fuel oils
supplied for use on board ships
MEPC.83(44) Guidelines for ensuring the adequacy of port waste
reception facilities
MEPC.84(44) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Marine Pollution from Ships, 1973
MEPC.85(44) Guidelines for the development of shipboard marine
pollution emergency plans for oil
and/or noxious liquid substances
MEPC.86(44) Amendments to the Guidelines for the development of
shipboard oil pollution emergency
plans
MEPC.64(36) Guidelines for approval of alternative structural or
operational arrangements as called for in
regulation 13G(7) of Annex I of MARPOL 73/78
MEPC.65(37) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Amendments to
regulation 2 and new
regulation 9 of Annex V)
MEPC.66(37) Interim guidelines for the approval of alternative
methods of design and construction of oil
tankers under regulation 13F(5) of Annex I of MARPOL 73/78
MEPC.67(37) Guidelines on application of the precautionary
approach in the context of specific IMO
activities
MEPC.68(38) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Amendments to
Protocol I)
MEPC.69(38) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MEPC.70(38) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MEPC.71(38) Guidelines for the development of garbage management
plans
MEPC.72(38) Revision of the list of substances to be annexed to
the Protocol relating to Intervention on
the High Seas in Cases of Marine Pollution by Substances other
than Oil
MEPC.73(39) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code, vague
expressions)
MEPC.74(40) Identification of the Archipelago of
Sabana-Camagüey as a particularly sensitive area
MEPC.75(40) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973 (Amendments to
regulation 10 and new
regulation 25A of Annex I of MARPOL 73/78)
MEPC.76(40) Standard specification for shipboard incinerators
MEPC.77(41) Establishment of the date on which the amendments to
regulation 10 of Annex I of
MARPOL 73/78 in respect of the north-west European waters special
area shall take effect
MEPC.78(43) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Pollution from Ships, 1973
MEPC.79(43) Amendments to the International Code for the
Construction and Equipment of Ships
Carrying Dangerous Chemicals in Bulk (IBC Code)
MEPC.80(43) Amendments to the Code for the Construction and
Equipment of Ships Carrying Dangerous
Chemicals in Bulk (BCH Code)
MEPC.81(43) Amendments to section 9 of the standard format for
the COW Manual (resolution
MEPC.3(XII))
MEPC.82(43) Guidelines for monitoring the world-wide average
sulphur content of residual fuel oils
supplied for use on board ships
MEPC.83(44) Guidelines for ensuring the adequacy of port waste
reception facilities
MEPC.84(44) Amendments to the annex of the Protocol of 1978
relating to the International Convention
for the Prevention of Marine Pollution from Ships, 1973
MEPC.85(44) Guidelines for the development of shipboard marine
pollution emergency plans for oil
and/or noxious liquid substances
MEPC.86(44) Amendments to the Guidelines for the development of
shipboard oil pollution emergency
plans
Index of IMO Resolutions, January 1959-May 2002 Page
46
Resolution
number Resolution title (Status)
REMERCIEMENTS
Je souhaite remercier en premier lieu Ma Femme qui m'a permis de
suivre cette année universitaire parallèlement à mon
emploi pour sa patience et sa disponibilité.
Je remercie Messieurs Ait Me douar et GHARBI HAMOUD pour leur
approche très concrète de l'enseignement du droit maritime.
Je remercie également Monsieur Ben Abderrahmane pour son
dévouement et son professionnalisme et qui malgré un emploi du
temps très chargé m'a entretenu sur le rôle indispensable
des enquêtes accidents lors d'un entretien chaleureux.
Je remercie Monsieur Gharbi Ha moud pour ses
éclaircissements sur le sujet de la sûreté maritime au sein
d'une grande compagnie maritime de portes conteneurs.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 1
TABLE DES ABREVIATIONS 2
INTRODUCTION 3
PREMIERE PARTIE : LA SECURITE MARITIME
6
SECTION I : SOURCE ET LEGITIMITE D'UNE
REGLEMENTATION
SANS CESSE EN ESSOR 6
SOUS SECTION I : GENESE D'UNE REGLEMENTATION EN
FAVEUR DE
L'AMELIORATION DE LA SECURITE MARITIME :
6
CHAPITRE I : LES EVENEMENTS DE MER ET LEUR
ENSEIGNEMENT 6
§1.1 : LES CATASTROPHES INSTRUCTIVES
6
§1.2: LES ENQUÊTES ACCIDENTS
9
CHAPITRE II : DE LA POLITIQUE ATTENTISTE A
L'OBLIGATION D'AGIR 14
§2.1 : LE CONTEXTE ECONOMIQUE, FREIN AUX
PROGRES SECURITAIRE 14
§2.2 : LA PRESSION POPULAIRE COMME DYNAMIQUE
SECURITAIRE 17
SOUS SECTION II : LEGITIMITE ET EFFICACITE DES
DIFFERENTS NIVEAUX
D'INTERVENTION 23
CHAPITRE I : LE NIVEAU SUPRA NATIONAL : ENTRE
LEGITIMITE ET
GLOBALITE 23
§1.1 : LE NIVEAU INTERNATIONAL
23
§1.2 : LE NIVEAU COMMUNAUTAIRE
27
CHAPITRE II : LE NIVEAU NATIONAL : ENTRE
LEGITIMITE ET ISOLEMENT 34
§2.1 : LE NIVEAU ETATIQUE
34
§2.2 : LE NIVEAU REGIONAL 37
CHAPITRE III : MISE EN EVIDENCE DU ROLE DES
DIFFERENTS
INTERVENANTS PAR L'EXEMPLE TRES
MEDIATISE
DU BANISSEMENT DES NAVIRES
PETROLIERS
SIMPLE COQUE 38
§3.1 : OMI, LEADER DE LA REGLEMENTATION
39
§3.2 : APPARITION DES ETATS-UNIS ET DE
L'UNION EUROPEENNE DANS
LE DOMAINE DE L'ELABORATION DES TEXTES
40
SECTION II : DOMAINE DES TEXTES ET RESPECT DE LA
REGLEMENTATION 44
SOUS SECTION I : LES TEXTES EXISTANTS ET LEUR
DOMAINE 44
CHAPITRE I : LE FACTEUR HUMAINE
45
CHAPITRE II : LE FACTEUR TECHNIQUE
48
SOUS SECTION II :LES ACTEURS DE LA CHAÎNE DE
SECURITE MARITIME 50
CHAPITRE I : LES ETATS 50
§1.1 L'ETAT DU PAVILLON : OBLIGATION ET
DELAISSEMENT 50
§1.2. L'ETAT DU PORT : SUBSTITUT DE L'ETAT DU
PAVILLON 54
CHAPITRE II : LES ORGANISMES PRIVES :
59
§2.1 LES SOCIETES DE CLASSIFICATIONS
59
§2.2 LES AUTRES ACTEURS 63
DEUXIEME PARTIE :VERS UNE NOUVELLE IDEE DE LA
SECURITE MARITIME: LA SURETE MARITIME
67
SECTION I : EMERGENCE DE LA NOTION DE SÛRETE
67
SOUS SECTION I : LE CONTEXTE 67
CHAPITRE I : HISTORIQUE 67
CHAPITRE II : L'ASPECT ECONOMIQUE 70
§2.1 : COUT DE LA SURETE MARITIME
70
§2.2 : REPARTIR CE COUT 71
SOUS SECTION II : LES DEMARCHES SECURITAIRES
73
CHAPITRE I : DU COTE DES ETATS UNIS
74
CHAPITRE II : LES DEMARCHES SECURITAIRES DES
INSTANCES
INTERNATIONALES 76
§2.1 L'OMI 76
§2.2 L'OIT 76
§2.3 L'OMD 77
CHAPITRE III : LA DEMARCHE SECURITAIRE DE L'EUROPE
78
SECTION II : LES DIFFICULTES DE MISE EN OEUVRE
80
SOUS SECTION I : LES DIFFICULTES POLITIQUE OU
DIPLOMATIQUE 80
CHAPITRE I : LE CAS DE LA CSI 80
CHAPITRE II : LE CAS DU CODE ISPS
82
SOUS SECTION II : LES DIFFICULTES DE LOGISTIQUE
83
CONCLUSION 86
BIBLIOGRAPHIE 88
TABLES DES ANNEXES 92
ANNEXES 93
REMERCIEMENTS 106
TABLE DES MATIERES 107
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