PARTIE III ~
C
RESULTATS ET DISCUSSIONS
24
3.1 Typologie des ménages agricoles de
Palmarin
3.1.1 Résultat de la classification
hiérarchique
Cette classification est faite à l'aide du logiciel
SPSS, ce qui nous a permis d'obtenir quatre types de
ménages. Les différentes activités recensées ont
permis de faire cette typologie. Les résultats de la classification
hiérarchique montrent quatre classes ou groupes qui
révèlent des disparités entre elles. Les différents
éléments choisis pour caractériser les ménages sont
ainsi représentés dans le tableau suivant.
Tableau 6: Typologie des ménages
|
Ménage
|
1
|
2
|
3
|
4
|
nbre d'actifs (UTH)
|
5
|
8
|
3
|
6
|
age du chef de ménage
|
55
|
72
|
53
|
54
|
équipements agricoles
|
,5
|
2,2
|
2,0
|
2,0
|
superficie emblavée
|
2
|
4
|
2
|
3
|
nbre de femmes
|
5
|
7
|
3
|
6
|
nbre d' hommes
|
4
|
6
|
3
|
4
|
revenus agricoles
|
104800
|
182000
|
30750
|
42020
|
revenus émigration
|
54800
|
26800
|
164050
|
46940
|
revenu huitre(yokhoss)
|
9075
|
14240
|
10087
|
8267
|
revenu opercules
|
3500
|
13900
|
4565
|
3363
|
revenu arche (pagnes)
|
60475
|
12201
|
7743
|
6641
|
revenu murex(touffa)
|
38500
|
16239
|
10683
|
7434
|
revenu sel
|
47950
|
16100
|
12118
|
11190
|
revenu cymbium
|
0
|
20420
|
2370
|
4824
|
revenu détarium
|
10625
|
12694
|
10428
|
16932
|
revenu andansonia
|
7125
|
13288
|
9705
|
13763
|
revenu faidherbia
|
7500
|
10038
|
10683
|
10350
|
Source : nos enquêtes
3.1.2 Sources de revenus des ménages
L'agriculture et la pêche sont les premières
activités qui mobilisent plus de main d'oeuvre, car ayant un apport
déterminant dans la satisfaction des besoins primordiaux et en
particulier dans l'alimentation.
Cependant la formation du revenu des ménages s'explique
à travers l'ensemble des activités exercées par ces
populations au niveau de la localité. Les activités de cueillette
forestière jouent aussi un rôle important dans la formation des
revenus de ces ménages ruraux.
3.1.2.1 Elevage
Le cheptel est constitué de bovins, du petit
bétail et surtout de porcins. Les porcs occupent une place essentielle
au sein des ménages chez les paysans de confession chrétienne et
80% des ménages élèvent des porcs. Les chevaux sont
utilisés dans le transport hippomobile pour les travaux et le
déplacement des touristes. Les ânes sont utilisés pour le
commerce de l'eau.
La vente du bétail est une solution ultime au cas
où les autres sources de revenus s'avèrent insuffisantes. Ces
ventes ont généralement lieu en milieu et en fin de saison
sèche quand les stocks de céréales s'épuisent.
Pendant la période de soudure c'est une vente qui
devient très régulière avec par exemple la vente de
chèvres ou de moutons dans les loumas pour les besoins du ménage.
En plus d'être un facteur de richesse, le bétail constitue aussi
un stock alimentaire pour la consommation des ménages ruraux.
Tableau 7: Composition moyenne du cheptel par
village
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Equins
|
Asins
|
Volaille
|
Porcins
|
Palmarin Ngallou
|
2
|
0,42
|
1,16
|
1
|
0,37
|
1,79
|
2,79
|
Palmarin Sessène
|
8,75
|
1,25
|
0,25
|
0,25
|
0
|
0,25
|
0,5
|
P. NGounoumane
|
3,625
|
0,25
|
0,125
|
0,44
|
0,25
|
0,44
|
0,88
|
Palmarin Ngueith
|
0,42
|
0,58
|
0,83
|
0
|
0,16
|
0,16
|
0,33
|
Palmarin Diakhanor
|
0
|
0
|
0
|
0,2
|
0
|
0,2
|
0,4
|
Moyenne échantillon
|
2,85
|
0,5
|
0,6
|
0,7
|
0,5
|
3,32
|
0,85
|
Pourcentage
|
30,56%
|
5,36%
|
6,44%
|
7,51%
|
5,36%
|
36,90%
|
9,12%
|
Source : nos enquêtes
Le tableau ci-dessus nous montre que les bovins constituent
30,56% du cheptel. Le cheptel de trait constitue 7,51% pour les équins
et 5, 36% pour les asins. Le petit bétail est composé de caprins
et d'ovins et représente 12% du cheptel. Les porcins représentent
9,12%, ce qui n'est pas négligeable.
25
Mémoire de fin d'itudes/M. SARR/ ENSA Thies
2009
3.1.2.2 Activités agricoles
L'agriculture est de type extensif et pluvial, ce qui la rend
fortement tributaire de la pluviométrie. L'arachide la seule culture de
rente constitue la première spéculation de par sa production
annuelle. Le mil qui est une tradition purement sérère occupe une
place de choix dans la base alimentaire. L'agriculture est
caractérisée par son semi modernisme.
Sa mécanisation est faible et le matériel
agricole est vétuste et est essentiellement composé de hilaires,
de houes et de semoirs. Par ailleurs elle est la principale activité
consommatrice de main d'oeuvre car elle occupe 3/5 de la population qui emblave
en moyenne 950 hectares par an, soit 1,5 ha par ménage (CERP Fimela).
Seule l'arachide est commercialisée, mais de
façon timide. Cependant une infime partie de la récolte est
transformée en pâte d'arachide et fait l'objet de commerce, le
reste de la production servant pour la nourriture. Le mil est
entièrement consacré à l'alimentation, il est la base de
l'alimentation en milieu sérère pour le dîner. Les 65% de
notre échantillon pratiquent tous l'agriculture de rente. Ils cultivent
des variétés céréalières pour
l'autoconsommation, du niébé et de l'arachide dont une partie est
vendue dans les marchés locaux de Samba DIA et Fimela.
La riziculture de mangrove est une activité qui
était très dynamique dans la localité. Le riz local
constituait l'essentiel de la consommation auprès des ménages.
Cette riziculture a connu une régression notoire causée par la
salinisation des terres. Pour cette saison on a noté un retour vers
cette culture avec le programme G.O.A.N.A1 qui a distribué
des semences. La salinisation des terres observées depuis la rupture de
la pointe de Sangomar occasionne beaucoup de dégâts pour cette
culture qui a de tout temps été une activité
prospère pour les populations. Le riz local était le plat que les
populations utilisaient pour le repas de midi et c'était une honte de
manger le riz de commerce, cite SEKINO ; 2007.
Ceci est un élément qui montre l'abondance de
cette culture jadis dans la zone. Actuellement les revenus sont divers et la
plupart des ménages dépendent des opportunités qu'offre le
milieu immédiat. Le riz cultivé dans les rizières de
mangrove est stocké et n'est utilisé qu'en hivernage. Il
participe activement à la constitution des vivres de soudure.
1 Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et
l'Abondance
3.1.2.3 Activités non extractives
La majorité des producteurs évoluant sous des
conditions climatiques aléatoires, cherchent à sécuriser
leurs revenus en investissant dans les activités extra agricoles, moins
soumises au risque climatique, qui est très élevé dans la
zone. Celles-ci sont diverses: commerce, transformation des ressources
halieutiques, activités touristiques etc.
3.1.2.3.1 Le commerce
Le commerce est dans la zone d'étude une
activité à laquelle se prête une bonne partie des
habitants. Il est très dépendant des activités
liées aux ressources halieutiques, forestières et
touristiques.
Les résultats de l'enquête montrent que 53% des
interrogés pratiquent ces activités. Ceci s'explique par le fait
que le commerce est une activité qui présente moins de risque
tant du point de vue de la récupération du capital investi que de
sa rentabilité. Les enquêtés entreprennent ces
activités pour se procurer les ressources financières
destinées à compléter les dépenses quotidiennes,
qui souvent ne suffisent pas pour prendre en charge l'ensemble des besoins de
la famille.
3.1.2.3.2 Les activités touristiques : le
guidage
Ce guidage est effectué le plus souvent par les jeunes
venus avec les touristes qu'ils accompagnent à travers les
différents sites culturels et les parcours estuariens et
balnéaires. Cet état de fait explique que les recettes
touristiques ne sont pas comptabilisées dans la formation des revenus
des ménages. Il a été établi un arrêté
portant réglementation et tarification de l'accès à la
RNCP par le Conseil Rural pour que les populations puissent
bénéficier des retombées de la conservation. En son
article 4, la tarification varie selon les endroits et s'établit comme
prescrit dans le tableau en annexe 3 (Répartition des recettes de la
R.N.C.P).
La répartition des recettes est définie en son
article 5 comme suit :
Les 25% des recettes sont alloués à
l'aménagement du site ; 40% pour les écoguides ; 25% pour le
conseil rural ; et 10% pour la R.N.C.P.
Cette nouvelle disposition permet ainsi de mieux valoriser les
ressources du terroir et de faire partager les retombées issues de la
conservation à la population. Cette mesure permettrait ainsi de
créer un sentiment d'appropriation de la ressource au niveau la
population qui s'est beaucoup investie en posant des actes tels que la
création d'un comité de plage.
27
Mémoire de fin d'itudes/M. SARR/ ENSA Thies
2009
Il faudrait noter que cette activité bien que
présente dans la localité est surtout valorisée par des
privés qui se sont implantés avec des lodges, et des campements
touristiques. De Ngallou à Djiffère, on note une forte
présence de campements. Les touristes sont souvent accompagnés
depuis Mbour où ils prennent le plus souvent départ.
3.1.2.4 Activités extractives
Ces activités sont celles exercées sur la
mangrove pour la valorisation des produits et sous produits comme les fruits de
mer, le poisson, le ramassage du sel et la cueillette des produits forestiers
non ligneux.
3.1.2.4.1 La cueillette des fruits de
mer
Cette activité de cueillette mobilise plus les femmes
qui valorisent les arches, les murex, les opercules, les coques... Elle les
occupe pendant 6 à 7 mois durant l'année et leurs procure des
revenus substantiels. C'est une longue tradition en milieu insulaire. La
pêche sur les bolongs est cependant une activité exercée
par les hommes.
3.1.2.4.2 L'exploitation du sel
Du fait du mode d'acquisition matrilinéaire des puits
de sel, les femmes détiennent et exploitent la plupart des «puits
de sel». Les hommes interviennent dans la mise en sac du sel et le
transport des produits. Le ramassage du sel est l'activité qui mobilise
plus de femmes à Palmarin surtout au niveau des villages de Ngallou et
Sessène.
3.1.2.4.3 Le ramassage des amas
coquilliers
Bien qu'interdits par le service des parcs nationaux, du fait de
la dégradation des côtes, les amas coquillers en bordure de mer
font l'objet d'une exploitation frauduleuse.
Les coquillages sont des sous-produits issus de la
transformation de l'arche, du murex et du cymbium. Ils sont
déposés sous forme de déchets (amas coquilliers) le long
des chantiers de transformation (DOG ; 2003). Ces sous-produits de coquillage
issus de la cueillette des fruits de mer de la mangrove sont valorisés,
par les femmes. Ces coquillages sont utilisés au niveau de la
construction en dur. Ils peuvent aussi subir une transformation pour servir de
chaux utilisable pour la peinture et la confection des briques des maisons.
3.1.2.4.4 La cueillette des produits
forestiers
C'es
t une activité qui mobilise les femmes et les
hommes surtout pour les fruits de Détarium qui se commercialis
ent facilement . Les fruits de baobab et les gousses de Faidherbia
« Kaad » font également l'objet de cueillette
. Les gousses de « Kaad » contribuent a
pallier aux déficits fourragers en période post hivernage
pour le bétail. Ces activités de cueillette mobilisent
plus de jeunes et de femmes.
Activites
0%
2,20%
2,45%
3,45%
3,60%
3,60%
5%
4,27%
6,46%
7,50%
7,96%
10%
15%
20%
25%
27,43%
30%
31%
35%
Figure 2
: Revenus tirés des principales activités
de la zone
3.1.3 Description des ménages
Les soixante (60) ménages étudié
s sont sériés en quatre (4) types de groupes
par une classification en nuées dynamiques.
3.1.3.1 Les ménages de type I :
Le Groupe I est constitué de 30% des
ménages agricoles faiblement équipés avec des
superficies emblavées de 2 ha au moins. L'âge des
chefs de ménages est de 55 ans en moyenne et le nombre
d'UTH est de 5 par ménage.
Leurs revenus agricoles annuels s'élèvent
à 104 800 FCFA. L'émigration contribue ainsi
de façon significative avec un apport de 54 800
FCFA. Les revenus halieutiques et forestiers sont aussi
intéressants avec une contribution de l'exploitation du s el de
47 950 FCFA et celle du
Détarium qui s'élève à 10
625 FCFA.
On note dans ce groupe que les revenus tirés
des activités halieutiques contribuent de façon
significative au revenu des ménages à
l'exception
Les
des produits tirés de la pêche en haute mer.
revenus halieutiques sont donc uniquement liés
à l'exploitation des produits issus de la
mangrove.
29
Mémoire de fin d'itudes/M. SARR/ ENSA
Thies 2009
Tableau 8: Compte d'exploitation des ménages de
type I
Disignation
|
Arche
|
Murex
|
Huftre
|
Cymbium
|
Opercules
|
Sel
|
Ditarium
|
Adansonia
|
Faidherbia
|
Total
|
roduits
|
60475
|
38500
|
9075
|
0
|
3500
|
47950
|
10625
|
7125
|
7500
|
184750
|
Charges
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4311
|
354,16
|
445,3125
|
1500
|
6610,4725
|
Marge brute
|
60475
|
38500
|
9075
|
0
|
3500
|
43639
|
10270,84
|
6679,6875
|
6000
|
178139,5275
|
Amortissement
|
166,67
|
166,67
|
166,67
|
0
|
166,67
|
|
0
|
0
|
0
|
666,68
|
Résultat net
|
60308,33
|
38333,33
|
8908,33
|
0
|
3333,33
|
43639
|
10270,84
|
6679,6875
|
6000
|
177472,8475
|
Source : nos enquêtes
A travers ce tableau se dégage pour les ménages
de type I une marge brute de 178 139,528 F CFA avec un résultat net de
177 472,8475 F CFA dont 154 522,32 F CFA représentant le montant
tiré des activités halieutiques et 22 950,5275 F CFA issus des
cueillettes des fruits forestiers sauvages.
a) La cueillette des arches, du murex et des
huîtres
Parmi les ressources malacologiques, la cueillette des arches
procure plus de revenus à ce type d'exploitation avec un résultat
net de 60 308,33 F CFA par campagne. Il est à noter que les charges
d'exploitation sont très minimes, ce qui fait que les femmes s'en
sortent souvent bien.
Les arches peuvent être consommées crues ou
cuites.
Le murex contribue pour 38 333,33 F par campagne au sein de ce
type de ménages. Les charges d'exploitation s'élèvent
à 166,67F. Le matériel utilisé pour la cueillette est
rudimentaire.
Il peut être un fragment de coquille de cymbium, un
couteau ou une cuillère (on précise que l'instrument est souvent
vieux ou abîmé), enfin un morceau de fer type queue de louche ou
de crochet à angle droit, rapporte DOG (2003).
Dans le cas de la cueillette des huîtres les couteaux ou
les coupe-coupe sont utilisés pour l'exploitation de ces derniers. La
valeur d'un couteau est estimée en moyenne à 1000F et peut servir
pendant plusieurs campagnes qui durent en moyenne six (6) mois. Il faut noter
aussi que ce couteau peut servir pour plusieurs activités de cueillette.
Cette activité procure des revenus de 8908,33 F pour ces ménages.
Les opercules sont des sous produits issus des autres produits halieutiques
tels que les coques. Ils sont commercialisés vers les pays
asiatiques.
Dans ce type de ménage les opercules procurent
un revenu moyen par campagne de 3 333,33 F CFA. Le kilogramme
est acheté jusqu'à 40 000 F CFA sur les marchés urbains,
mais au plan local il est acheté au prix de 18
000 F CFA.
b) L'exploitation du sel
Cette activité procure des revenus de 43 639F aux
ménages de type I, ce qui est un revenu record après
celui des arches.
c) Revenus tirés des PFNL
Les PFNL contribuent aussi au sein de ce type
de ménages en ce qui concerne le
Détarium pour 10 270,84F ; Adansonia pour 6 679,6875F
CFA et 6 000 F CFA pour le Faidherbia. Ces revenus
sont d'autant plus importants qu'ils parviennent à satisfaire les
besoins dès le mois d'octobre pour le cas du
Détarium. Adansonia et Faidherbia sont récoltés et
commercialisés en milieu de saison sèche.
|