DEUXIEME PARTIE :
CAUSES ET CONSEQUENCES DU PHENOMENE
CHAPITRE I : FACTEURS
EXPLICATIFS
Le phénomène de commercialisation des
produits audiovisuels contrefaits, au plan national, peut s'expliquer par le
contexte socio-économique difficile qui a un impact sur les attitudes et
les conduites des populations. A côté de l'aspect
économique, il faut noter que ce phénomène peut être
également favorisé par les dysfonctionnements et les
défaillances des structures chargées du contrôle et de la
répression mais surtout en raison de l'ignorance des textes.
Section 1 : Le
contexte socio-économique.
La Côte d'Ivoire est engluée dans une
crise économique depuis le début des années 90
marquée par la détérioration des termes de change des
principaux produits d'exportation. Depuis au plan interne, ce pays est
secoué par des remous politiques dont les principaux sont le
soulèvement militaire de Décembre 1999 et la tentative de
renversement des institutions de la République qui dure depuis Septembre
2002. Cette dernière, qui perdure, a entamé le pouvoir d'achat
des populations ivoiriennes et favorisé la pratique de certains
comportements.
Mais au-delà des difficultés
économiques, il faut aussi voir la révolution
opérée dans le domaine des nouvelles technologies avec
l'avènement du numérique et l'intensification du commerce
international marqué par l'apparition de nouveaux produits dont les
produits audiovisuels qui attirent les "hors-la-loi" (les contrefacteurs).
1. La paupérisation
avancée.
Il est important de signaler que le
phénomène de contrefaçon préexistait avant la
survenue de la grave crise qui affecte la Côte d'Ivoire depuis Septembre
2002. Cette contrefaçon portait le plus sur les cassettes audio et
vidéo.
Cette crise, qui perdure, a un impact au plan
économique avec l'amenuisement du pouvoir d'achat des populations. Or,
en période de crise comme celle que nous traversons, il existe des
états de nécessité. Et comme pour paraphraser les
économistes, « la nécessité est
mère de l'invention ». Le terme invention doit
être perçu dans tous les sens du terme puisque en période
de crise ou de guerre, les populations n'obéissent désormais
qu'à leur instinct et ne cherchent qu'à assurer leur survie,
d'où l'adoption de conduites ou de comportements qui vont à
l'encontre des normes prescrites.
Au plus fort de la crise que nous traversons depuis
2002, marquée à ses débuts par d'interminables
couvre-feux, les populations n'avaient plus que pour objet de divertissement
que le petit écran. Or la télévision nationale n'arrivant
pas à assurer le minimum. Elles (les populations) se tournent
massivement vers l'industrie du divertissement ; tout le monde n'ayant pas
la possibilité de s'offrir des chaînes de télévision
à péage ou même de se rendre dans les salles de
cinéma. De même, elles ne peuvent s'offrir de lecteurs DVD qui
coûtent encore assez chers, encore moins le support DVD qui est lui aussi
assez onéreux (entre 8.500 et 12.500 francs CFA).
Un marché parallèle de l'industrie du
divertissement va donc apparaître au grand dam des professionnels du
secteur. Ce marché va donc jouer sur le faible pouvoir d'achat des
populations et prospérer en Côte d'Ivoire. Ainsi, en raison de
leur faible pouvoir d'achat, les ivoiriens ont favorablement accueilli un
produit assez récent et provenant essentiellement d'Asie : le CD
vidéo dont le prix oscille entre 1.000 et 1.500 francs CFA. L'appareil
qui permet la lecture de ce support est lui aussi assez accessible. Son prix
variant entre 18.000 et 25.000 francs CFA.
Au plan musical, du fait du coût très
élevé des CD audio originaux dont le prix est compris entre 8.000
et 10.000 francs CFA mais aussi et surtout du fait que tous les titres de
l'album original n'intéressent pas les mélomanes. Ceux-ci se font
réaliser des compilations (gravure de CD sur commande) des principaux
artistes en vogue et ce, dans des cybercafés ou par des particuliers qui
en ont fait une activité commerciale en violation des dispositions
réglementaires et à l'insu du BURIDA.
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