SOMMAIRE
AVERTISSEMENT.....................................................................................
I
SOMMAIRE.............................................................................................II
DÉDICACE..............................................................................................IV
REMERCIEMENTS...............................................................................
.....V
resume.................................................................................................VI
LISTE DES TABLEAUX ET DES
SCHEMAS............................................... ...VII
LISTE DES
PRINCIPALESABREVIATIONS..................................................IX
EPIGRAPHE......................................................................................
.......X
INTRODUCTION
GENERALE................................................................
1
PREMIÈRE PARTIE
NATURE DE LA CLIENTÈLE ET
PERFORMANCE........................................12
CHAPITRE I : FONDEMENT THÉORIQUE DE LA
PROBLÉMATIQUE DE LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE DANS LA
MICROFINANCE.......................................................................14
I-1. Débat scientifique sur le directoire dans
un établissement de microfinance (EMF)......16
I-2. Nomenclature de la clientèle dans les
établissements de microfinance...................27
CHAPITRE II : QUELLE CLIENTELE POUR QUELLE
QUALITÉ DE PORTEFEUILLE POUR LES EMF AU
CAMEROUN ?.............................................................................................................37
II-1- Méthodologie
adoptée...........................................................................38
II-2. Analyse et Interprétation des
résultats.............................................................48
DEUXIÈME PARTIE
FIDELISATION DE LA CLIENTELE ET PERFORMANCE DE
L'EMF..............54
CHAPITRE III : FONDEMENTS THÉORIQUES DU LIEN
ENTRE LA NOTION DE FIDÉLISATION DE LA CLIENTÈLE ET DE LA
RENTABILITÉ DANS LA LITTÉRATURE
SCIENTIFIQUE..............56
III-1. Approche relationnelle comme base d'une
fidélisation efficace pour l'entreprise...59
III-2. Enjeux de la fidélisation de la clientèle
sur la performance..................................64
CHAPITRE IV: LIEN ETRE FIDELISATION DES CLIENTS ET
PERFORMANCE DES EMF AU
CAMEROUN..................................................................................................................77
IV-1. Approche
méthodologique.......................................................................78
IV-2. Analyse et Interprétation des
résultats.........................................................92
CONCLUSION
GENERALE.......................................................................106
BIBLIOGRAPHIE
....................................................................................110
ANNEXE.................................................................................................116
TABLE DE
MATIERES.............................................................................123
REMERCIEMENTS
Plusieurs personnes ont contribué
à la réalisation de ce mémoire sous divers aspects. Je
tiens à leur exprimer ma profonde gratitude. Je dois une reconnaissance
particulière :
- A M. WANDA Robert, Professeur agrégé en
Sciences de Gestion, qui, malgré ses multiples occupations a toujours su
trouver le temps nécessaire pour superviser minutieusement et
méthodiquement ce travail. Je tiens à vous remercier Professeur
pour votre diligence à mettre à notre disposition des articles et
documents fondamentaux de recherche scientifique et aussi pour votre bonne
compréhension lors de nos discussions.
- Au Dr. TCHOUASSI Gérard, Chargé de cours
à l'Université de Yaoundé II pour son apport scientifique
à la direction de ce travail, pour ses encouragements et ses multiples
conseils.
- A tous les enseignants de la Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion de l'Université de Yaoundé II et
particulièrement les Enseignants de DEA-Gestion pour leur suivie
pédagogique.
- Aux dirigeants des établissements de microfinance qui
on contribué à la réalisation de ce travail en
répondant aux questions contenues dans le questionnaire.
- A tous mes camarades de classe de DEA-Gestion pour
l'expérience partagée
Je dois un merci particulier à un grand nombre de
lecteurs critiques qui on consacré de longues heures à la lecture
de mes travaux.
RESUME
L'objectif de notre travail est de déterminer la
contribution de la relation EMF-Clients sur sa performance. A cet effet, il
ressort de la littérature que les variables relationnelles comme la
fidélisation et la nature de la clientèle ont une influence
positive sur la performance. Le test de corrélation des rangs Kendall
effectué sur 26 établissements de microfinance de
2ème catégorie de la ville de Yaoundé
étudiés su la période 2006-2007 nous a permis de relever
le lien existant entre ces variables et la performance. Les résultats
permettent de soutenir que la fidélisation des clients a un impact
positif sur la rentabilité, le chiffre d'affaires, la part de
marché des EMF au Cameroun, de même que la nature de cette
clientèle influence positivement la qualité du portefeuille en
rapport avec la gouvernance. Ces résultats corroborent ceux de Pasquet,
Malo & Ricard (1998) et de Lapenu(2002)
Mots clés : performance, clientèle, relation,
fidélisation, nature, EMF, gouvernance
ABSTRACT
The object of this piece of work is to
determine the contribution of the relationship between MFEs and their customers
has on the former's performance. It follows literature on this subject that
relational variables such as customer loyalty and nature have a positive
influence on performance. The Kendall ranks correlation test carried out on 27
second-category microfinance institutions of the city of Yaounde studied at the
period 2006 from 2007 allowed for the establishment of a link between variables
and performance. The results lend credence to the argument that customer
loyalty has a positive impact on the profitability, turner and market share of
MFEs in Cameroon, just as the nature of this clientele positively influences
portfolio quality in relation to governance. These results corroborate those of
Lapenu (2002) and Pasquet, Malo & Ricard (1998).
Keywords: performance, clientele, relationships,
loyalty, nature, MFE, governance
LISTE DES TABLEAUX ET DES SCHEMAS
Tableau 1 : Analyse de la Gouvernance selon
Lapenu(2002)..................................... 17
Tableau 2 : Comparaison des cadres de
référence d'une IMF..................................... 30
Tableau 3 : Fonctions du conseil
d'administration...................................................31
Tableau 4 : Codifications et contenus des questions
destinées aux dirigeants d'EMF..........41
Tableau 5 : Codifications et contenus des questions
destinées aux clients d'EMF..............42
Tableau 6 : Existence des clients associés à
l'EMF..................................................43
Tableau 6 : Pourcentage des clients associés par
rapport au nombre total des clients...........44
Tableau 7 : Pourcentage des clients associés par
rapport au nombre total des clients...........49
Tableau 8 : Pourcentage du porte feuille à risque par
rapport au nombre de clients actifs.....49
Tableau 9 : Propension des clients associés à
rembourser leurs crédits...........................50
Tableau 10 : Pourcentage des clients associés par
rapport au nombre total des clients * Propension des clients associés
à rembourser leurs
crédits.........................................51
Tableau 11 : Corrélations entre Pourcentage des
clients associés par rapport au nombre total des clients * Propension
des clients associés à rembourser leur
crédits..........................52
Tableau 12 : Niveaux de fidélisation en fonction
des degrés d'attachement positif à
l'entreprise................................................................................................57
Tableau 13 : Les différents types de
fidélité..........................................................58
Tableau 14: Typologie de la fidélité à la
marque....................................................58
Tableau 15 : Les activités de
l'EMF...................................................................79
Tableau 16 : Répartition selon l'âge de
l'EMF.......................................................79
Tableau 17 : Répartition selon la qualité
de produits fournis......................................80
Tableau 18 : Répartition selon le mode de gestion
efficace des clients...........................80
Tableau 19 : Répartition selon l'âge du
répondant...................................................81
Tableau 20 : Répartition selon le profil du
répondant...............................................81
Tableau 21 : Répartition selon le motif de la
relation client/EMF.................................82
Tableau 22 : Satisfaction par rapport aux politiques
d'EMF........................................83
Tableau 23 : Satisfaction par rapport au service à la
clientèle......................................83
Tableau 24 : Satisfaction par rapport au directeur de
compte.....................................84
Tableau 25 : Satisfaction par rapport aux conditions de
crédit....................................84
Tableau 26 : Confiance accordée à
l'EMF............................................................85
Tableau 27 : Accord de la confiance aux
clients.....................................................85
Tableau 28 : Existence de conflit entre l'EMF et ses
clients.......................................85
Tableau 29 : Existance de conflit avec
l'EMF.......................................................85
Tableau 30 : Tentation de changement de
l'EMF...................................................86
Tableau 31 : Fréquence de contact entre l'EMF et son
client.......................................87
Tableau 32 : Fréquence de contact agent de
crédit/client...........................................87
Tableau 33: Variation du chiffre
d'affaires...........................................................88
Tableau 34 : Appréciation de la part de marché
par rapport à la concurrence..................89
Tableau 35 : Variation de la
rentabilité...............................................................90
Tableau 36 : Satisfaction par rapport aux politiques d'EMF *
Appréciation de la part de marché par rapport à la
concurrence (tri à
plat)......................................................93
Tableau 37 : Satisfaction par rapport au directeur de compte
* Variation de la rentabilité...96
Tableau 38 : Satisfaction par rapport aux conditions de
crédit * Appréciation de la part de marché par rapport
à la concurrence (tri à
plat)....................................................99
Tableau 39: Corrélation entre tentation de changement
d'EMF et variation du chiffre
d'affaires...............................................................................................101
Tableau 40 : Moyens de contrôle et d'incitation
au remboursement...........................102
Tableau 41 : Les mobiles d'un éventuel changement
d'EMF.................................104
Schéma 1 : La mission double des Institutions de
Microfinance...................................31
Schéma 2 : Equilibrer la rentabilité et la
couverture de la
clientèle..........................................32
Schéma 3 : Les déterminants de la
fidélité des clients commerciaux envers leurs
banques.....................................................................................................62
LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS
ADAF: Appropriate Development for Africa
Foundation
BEAC Banque des Etats de L'Afrique Centrale
CamCCUL: Cameroon Cooperative Credit Union League
CA Conseil d'Administration
C.A. Chiffre d'Affaires
CEMAC Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
COBAC Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
COOPEC Coopérative d'Epargne et de
Crédit
CVECA Caisse Villageoise d'Epargne et de
Crédit
EMF Etablissement de Microfinance
FCFA Franc de la communauté
Financière Africaine
IMF Institution de Microfinance
MAIN Microfinance African Institutions Network
MC2 Mutuelle Communautaire de
Croissance
MUFFA Mutuelle Financière des Femmes
Africaines
ONG Organisation Non Gouvernementale
PaR Portefeuille à Risque
Introduction GENERALE
I CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
Une entreprise peut être définie comme une
entité autonome produisant des biens et des services marchands. Ainsi,
pour qu'une entreprise vive, elle a besoin que ses biens et services soient
achetés. Ceux qui font cette dernière opération ont le
statut de clients. C'est-à-dire l'ensemble des consommateurs et des
acheteurs. C'est d'ailleurs pour cette raison que Naoui (2006) a pu dire que
les clients sont la première préoccupation de toute entreprise
qui cherche à être compétitive. Aujourd'hui, l'offensive
des entreprises sur les différents marchés s'organise davantage
autour de la notion de service qui intègre plus que jamais le respect
des délais et la convivialité des contacts entre entreprises et
leurs clients. Cette situation s'étend à tous les secteurs
même celui de la microfinance qui est devenu la nouvelle industrie du
tiers-monde.
La microfinance est née il y a plusieurs siècles
en Allemagne suite aux problèmes des pauvres. A l'origine, elle se
manifeste sous la forme de pratiques traditionnelles d'épargne et de
crédit comme celle que l'on observe aujourd'hui dans les pays africains
(tontines, usuriers, banquiers ambulants, etc.). Pour Lelart(2002), elle a
connu une émergence grâce à la manifestation de la finance
informelle et elle s'est enracinée dans trois évolutions :
le financement extérieur auquel on a préféré le
financement local, le secteur public auquel on a préféré
le secteur privé, l'épargne à laquelle on a
préféré le crédit. Son champ s'est étendu et
celle-ci est devenue une véritable industrie de la politique et de la
pratique du développement. Son rôle consiste à offrir des
services financiers de base (épargne, crédit, assurance,
transfert de fonds, etc.), aux montants réduits, à des
populations pauvres afin de leur donner la possibilité d'investir.
Selon Robinson (1996); qui a été repris par
Ngendahayo (2007), le terme microfinance est utilisé pour
désigner l'ensemble des services financiers offerts aux clients
travaillant dans différents secteurs socio-économiques qui
gèrent de petites et micro entreprises1(*). La définition généralement
admise est celle du Groupe Consultatif pour l'Assistance aux Pauvres
(GCAP) : « ensemble de services financiers et bancaires à
destination des populations pauvres ». Ces entreprises sont
appelées au Cameroun Etablissements de Microfinance (EMF) au lieu
d'Institutions de Microfinance (IMF) du fait de leur institutionnalisation
selon Lelart(2002). Pour Bates(2005) « La
microfinance englobe la prestation des services financiers : mobilisations
des dépôts (épargne), octroi de crédits, (productif
et prévoyance), service d'assurance, service de transfert de fonds etc.,
soit tous les produits de services financiers connus comme tels sur le
marché financier destinés principalement aux entrepreneurs,
communautés et personnes actuellement marginalisés et ne
bénéficiant pas de ces services »
La microfinance sous sa forme traditionnelle (tontine,
usuriers, etc.,) date de plus d'un siècle au Cameroun. Elle a
démarré sous la forme formelle en 1963 avec la création de
la première coopérative d'épargne et de crédit
(Caisse populaire)2(*) sous
l'impulsion des missionnaires hollandais. Mais elle n'a pas connu un essor
remarquable à cause d'énormes problèmes3(*). Elle ne s'est
diversifiée qu'à partir du début des années 1990
à la faveur des lois n°90/053 du 19 décembre 1990 sur la
liberté d'association, et n°92/006 du 14 août 1992 relative
aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiatives
communes. C'est à la suite de la sévère crise
économique de la fin des années 1980 et du début des
années 1990 qui a entraîné le durcissement des conditions
d'accès aux crédits et ce à cause de la restructuration
des banques, à la suite de l'échec des Plans d'Ajustements
Structurels et de l'Aide Publique au Développement que la microfinance
va connaître une véritable éclosion au Cameroun (Ngnodjom,
2005). Le secteur de la microfinance va donc évoluer de manière
exponentielle, en partant des réseaux (CamCCUL, M, MCEVA, CABA)
pour arriver aux EMF indépendants4(*). Les estimations montrent qu'en 2000, les EMF
offraient quelque 800 points de collecte et de service, alors que dans le
même temps, les 10 banques commerciales du pays ne proposaient qu'une
soixantaine de guichet à leur clientèle (Ngnodjom, 2005).
Toujours en 2000, les EMF tout type confondus, revendiquaient un peu plus de
600 000 clients contre 200 000 seulement pour les banques classiques.
De nos jours, la COBAC distingue trois catégories
d'établissements de microfinance (EMF) dans la zone CEMAC :
Ø Les établissements de 1ère
catégorie collectent l'épargne de leurs membres qu'ils emploient
en opération de crédit exclusivement à ceux-ci.
Ø Les EMF de 2ème catégorie
ont pour vocation de collecter l'épargne et d'accorder des
crédits aux tiers.
Ø Les établissements de 3ème
catégorie ont la particularité d'accorder des crédits sans
toutefois procéder à la collecte de l'épargne.
Cependant, selon De Briey (2005), les EMF sont aujourd'hui
largement tributaires d'un discours néolibéral prônant
l'absolutisation du marché et l'adoption d'une démarche
commerciale. Des institutions comme la Banque mondiale préconisent
dès lors la mise en place d'EMF rentables, répondants aux lois
des marchés financiers concurrentiels et faisant appel à un mode
de gouvernance efficace. A cet effet le souci de rester au service des plus
démunis auquel répondait la microfinance devient délicat
puisqu'il est difficile de concilier lutte contre la pauvreté et
rentabilité de l'EMF. C'est donc le conflit d'intérêt qui
prime et conduit à l'écartement d'une clientèle plus
défavorisée afin de satisfaire les critères de
rentabilité propres. La relation de crédit devient de ce fait
une relation d'agence par laquelle le prêteur (le principal)
« loue » une part de sa richesse aux micro entrepreneurs
(les agents) qui s'engagent à rembourser le principal et à lui
payer les charges d'intérêt à l'échéance et
aux conditions fixées dans un contrat établi au préalable
par les parties. Un problème d'agence se pose car les
intérêts de l'emprunteur et du prêteur
diffèrent : alors que le premier est essentiellement
concerné par la rentabilité des capitaux empruntés,
l'autre l'est par la solvabilité du premier (Julien et Pallanque, 1995)
que reprend De Briey, et la rentabilité des fonds propres. Cependant, le
fonctionnement imparfait du marché de crédit a été
largement démontré. Celui-ci résulte du fait qu'il y a
asymétrie d'information entre le prêteur et les emprunteurs,
entraînant de ce fait le risque de sélection adverse5(*) et le risque d'aléa
moral6(*). Ce qui
crée donc une situation d'incertitude due à un double risque, un
risque de contrepartie7(*)
et un risque d'opportunisme8(*) beaucoup plus accentué dans la
2ème catégorie d'EMF qui nous intéresse
particulièrement dans cette étude. De ce fait, il existe selon
Egli (2004), repris par Mesquita (2006), deux types de
demandeurs de prêts : l'exploiteur et le bon débiteur. Par
ailleurs, les prêteurs ne peuvent se protéger contre le risque
d'aléa moral et ce essentiellement pour quarte raisons selon
Ngendahayo :
o La pauvreté d'une grande tranche de la population
est telle qu'une grande majorité des emprunteurs ne sont pas à
même de pouvoir offrir les garanties matérielles traditionnelles
requises par les institutions financières.
o L'appareil judiciaire est bien souvent trop faible dans ces
pays pour pouvoir jouer efficacement son rôle (récupération
des biens mis en garanties, etc.).
o Un environnement politique instable, marqué par les
risques de changement brutaux de politique, de coup d'Etat ou de violences
interethniques.
o Enfin, les institutions qui permettent de surmonter les
problèmes d'anti-sélection par la fourniture d'informations
crédibles sont souvent sous-développées dans les pays
pauvres remplacées par des réseaux informels de type familial ou
ethnique.
Face à toutes ces situations, la relation de
crédit devient donc un problème à double tranchant puisque
le principe de « gagnant-gagnant » (Letaifa, 2006) est
entaché et, dans ces conditions, le risque de contrepartie9(*) peut-être
réciproque. Il faut donc revoir la relation qui lie le prêteur
à son client. Mesquita (2006) pense que la réputation entre les
agents, la banque et ses clients apparaît comme le pilier de la relation
financière qui les lie, que l'existence d'une relation de
clientèle améliore les méthodes d'évaluation de la
banque et elle est à mesure de créer un test fiable lui
permettant de distinguer les emprunteurs de qualité et les emprunteurs
enclins à développer des comportements opportunistes, que
l'existence d'une relation de clientèle permet également à
la banque d'améliorer la qualité de son portefeuille en
éliminant peu à peu les entreprises risquées.
Toujours dans le même ordre d'idées, Lapenu
(2002), constate que l'octroi de pouvoir de décisions aux clients peut
permettre à l'EMF d'atteindre la performance, engage plus le client s`il
est associé. La performance étant ici la capacité pour
l'EMF de prévenir ou de surmonter les crises10(*). C'est finalement le
« pilotage efficace » de l'EMF. Cependant, les EMF doivent
consentir des efforts importants en termes de formation (enjeux de
l'institutionnalisation, vision stratégique, prévention des
risques, adaptation à l'environnement).
La performance peut-être subjective ou objective voire
les deux. En effet, l'approche partenariale de la performance (Wanda, 2001)
consiste en la satisfaction des parties prenantes de l'entreprise. Selon le
lexique de Gestion (2000), la performance est le degré d'accomplissement
des buts, des objectifs, des plans ou des programmes que s'est donnée
une organisation. Pour Lebas (1995), la performance correspond à un
potentiel de création de valeur. Et pour Rougès (2003) enfin, la
question de performance est étroitement liée à la
problématique de faillite des entreprises. D'après les travaux de
MicroRate & Inter American Development Bank (2003) les
principaux indicateurs de performance pour les EMF sont la qualité du
portefeuille, la rentabilité, l'efficacité et la gestion
financière. Selon Gauzente(2000) et Bressi(1994), les indicateurs de
performance sont : Le chiffre d'affaire, la productivité, la part
de marché et le climat social. Dans le cadre de notre étude, nous
utiliserons la performance subjective à cause de la
caractéristique non quantifiable de nos variables. La performance sera
donc ici la capacité pour un EMF d'être
« piloté » ou géré efficacement tout
en veillant à l'adoption des stratégies pouvant permettre une
bonne gestion des clients pour un objectif de rentabilité. C'est la
performance de remboursement11(*) qui est à l'origine de la rentabilité
de l'EMF. Pour le client, la performance c'est la satisfaction
générale qu'il tire des produits et des services que lui offre
l'EMF en termes de prix et de qualité.
Il ressort des travaux de Pasquet, Malo et Ricard (1998) que,
selon les membres de la caisse populaire Desjardins, il faut chercher à
fidéliser les clients détenteurs de gros comptes car la confiance
qu'on leur accorde permet à l'EMF de gagner en temps et en argent tout
en consolidant des relations de long terme qui pourra être source de
création de valeur. Acquérir un nouveau client coûte cinq
fois plus cher que satisfaire et fidéliser les clients actuels. En
moyenne, une entreprise perd chaque année 10% des clients, mais il
existe de grandes variations selon les secteurs et les entreprises. La
rentabilité d'un client tend à augmenter avec l'ancienneté
de sa relation avec l'entreprise (Kotler et Dubois, 2000). En effet, un client
fidèle coûte moins cher à servir et parle positivement de
l'entreprise. La performance de l'EMF est donc ici étroitement
liée aux avantages qu'il tire de la fidélisation de sa
clientèle. Ces avantages sont : diminution des coûts de
transaction (Lapenu, 2002), les caractéristiques(en termes de
qualité et prix) des produits et services (N'Goala, 2005), la
durée potentielle d'une relation commerciale (Nouira, 2006). En effet,
un client est fidèle à une entreprise du fait du temps qu'il met
dans l'entreprise et de la satisfaction qu'il tire des produits offerts. La
fidélisation du client étant étroitement liée
à la fréquence de contact de l'EMF avec son client et au
degré de confiance du client pour son EMF (Letaifa, Perrien et Kalika,
2006). Ricard et Perrien (1994) de renchérir qu'il y a
cinq caractéristiques fondamentales à l'approche
relationnelle : la perspective à long terme, la connaissance
réciproque des deux partenaires, la personnalisation de la relation,
les bénéfices mutuels et la confiance réciproque. Tous ces
résultats étant vrais en occident, il importe pour nous de savoir
ce qu'il en est dans le cadre du Cameroun.
Le rôle économique indéniable dans le
paysage financier du Cameroun des EMF est très vite remis en cause par
un certain nombre de difficultés (arnaque des épargnants12(*), prolifération des
opérations à très court terme, la médiocrité
des systèmes d'informations, le manque de professionnalisme des certains
EMF ayant ainsi entraîné leur mort, le manque de fonds dû
à l'environnement socioéconomique13(*), etc.). La plupart des EMF mettent leurs
priorités à l'envers et sont, pour reprendre les mots Camerounais
Numben repris par Bates(2006), éphémères ;
« créées aujourd'hui, on les retrouve six pieds sous
terre le lendemain ». C'est pourquoi il faut réfléchir
sur des voies et moyens d'accroitre l'efficacité des EMF, afin que la
stratégie de lutte contre la pauvreté prônée par les
communautés nationales et internationales dans leur ensemble puisse
être suffisamment crédible pour les populations cibles (Ngnodjom,
2006). Cependant, il n'y a pas que les EMF qui posent problèmes. Les
clients sont aussi de véritables obstacles à la
pérennité des EMF. En effet, certains demandeurs de
crédit ne remboursent pas très souvent leurs emprunts, soit
parcequ'ils n'ont pas su ou pu rentabiliser leur capital ou parcequ'ils se
mettent dans la situation de « défaillant
stratégique14(*) » (Bassolé, 2002). D'autres
(certaines PME et PMI) fournissent souvent de faux documents comptables
à leurs financeurs, matérialisant ainsi la mauvaise santé
financière de leurs entreprises, et donc l'incapacité au
remboursement. Ce qui fait que les bons emprunteurs n'ont plus la
possibilité de trouver le financement pour leur projet et cela a une
influence sur la croissance économique. Face à toutes ces
difficultés, la relation de crédit au Cameroun est très
complexe puisqu'il existe une grande proportion d'asymétrie
informationnelle que ce soit du côté de l'emprunteur que du
côté du prêteur. Il est important de se demander
quels sont les stratégies que peuvent adopter les EMF en rapport
avec les clients pour que les indicateurs de performance soient bien
suivis? Autrement dit, quelle est la contribution de la
relation EMF-Clients sur la performance des EMF?
II OBJECTIFS
L'objectif principal de cette étude
est d'analyser la contribution de la relation Entreprise-Clients sur la
performance des EMF au Cameroun. Plus spécifiquement, il
s'agit :
ü D'expliquer la relation Entreprises-clients à
l'aide des théories contractualistes
ü De montrer l'intérêt de la
fidélisation de la clientèle pour les EMF au Cameroun
ü De caractériser les clients idéals qui
peuvent permettre à l'EMF de créer la valeur
L'atteinte de ces objectifs se fera par le test de deux
hypothèses.
III HYPOTHESES
H1 : La nature de la
clientèle influence positivement la qualité de portefeuille de
l'EMF. Lapenu (2002), constate que l'octroi de pouvoir de
décisions aux clients peut permettre à l'EMF d'atteindre la
performance ; cela permet de prévenir ou de surmonter les crises,
engage plus le client s`il est associé.
H2 : La fidélisation de la
clientèle a une influence positive sur performance de l'EMF. Il
ressort des travaux de Pasquet, Malo et Ricard (1998) que, selon les membres de
la caisse populaire Desjardins, il faut chercher à fidéliser les
clients détenteurs de gros comptes car la confiance qu'on leur accorde
permet à l'EMF de gagner en temps et en argent tout en consolidant des
relations de long terme qui pourra être source de création de
valeur.
IV INTERET DE l'ETUDE
L'intérêt de cette étude est double.
Sur le plan théorique, cette
étude vient en addition de celles précédemment
réalisées dans le domaine du relationnel bancaire.
Sur le plan managérial, cette
étude va permettre aux EMF camerounais en particulier d'adopter des
relations de clientèle susceptibles de favoriser leur performance
puisqu'il existe une très grande proportion d'asymétrie
d'information dans la relation de crédit.
V METHODOLOGIE
C'est la démarche
hypothético-déductive qui est utilisée dans cette
étude. Elle se déroule en 3 étapes :
1) L'échantillonnage
2) La définition des variables
3) La méthode statistique à utiliser
1 La construction de l'échantillon
L'échantillon est composé de 27 EMF de la ville
de Yaoundé parce que c'est l'une des grandes métropoles du pays
et les activités commerciales y sont intenses. L'échantillon est
choisi par le sondage aléatoire simple à cause du nombre
très grand des EMF. Les personnes à interroger seront les
dirigeants ou les responsablees de ces EMF et leurs clients.
Pour la collecte des données, nous nous servirons d'un
questionnaire et des entrevues. Nous ferons recours au service de la
statistique de ces EMF pour avoir accès aux fichiers clients.
2 La définition des variables
Ø Les variables endogènes ou variables
de performance.
Nous emprunterons aux travaux de MicroRate & Inter
American Development Bank (2003) les indicateurs de
performance suivant : La qualité du portefeuille et la
rentabilité et aux travaux de Gauzente (2000) et Bressi(1994), le
chiffre d'affaire et la part de marché
La qualité du portefeuille se mesure à travers
l'analyse du portefeuille à risque.
Le portefeuille à risque (PaR) se calcule en divisant
l'encours de tous les crédits présentant des
arriérés de paiement excédant 30 jours, plus l'encours des
crédits rééchelonnés (restructurés)15(*), par l'encours du portefeuille
de crédits arrêté à une date.
La rentabilité se mesure par l'analyse de la
rentabilité des actifs (ROA) et la rentabilité des fonds propres
(ROE).
La ROE se calcule en divisant le résultat net
(après impôt et exclu de tout don) par les fonds propres moyens de
la période.
La ROA se calcule en divisant le résultat net
(après impôt et exclu de tout don) par les actifs moyens de la
période. Elle est une mesure générale de la
rentabilité qui reflète aussi bien la marge de profit que
l'efficacité de l'EMF.
Ø Les variables exogènes ou
relationnelles
Ces variables sont purement qualitatives.
D'après les travaux de Lapenu (2002), nous utiliserons le
nombre de client/associés de l'EMF.
Nous emprunterons aux travaux de Pasquet, Malo et Ricard
(1998) la variable de fidélisation de la clientèle qui sera
mesurée par :
La fréquence de contact de l'agent de crédit
avec le client ; puisque plus l'agent de crédit multiplie les
rendez-vous avec les clients, plus il a les informations sur leurs
portefeuilles tandis que les clients exposent leurs
préférences.
Le degré de confiance mutuelle entre l'agent de
crédit et le client ; celà permet de savoir si le client
prend en compte ce que lui dit l'agent pour la gestion de son crédit et
si l'agent à son tour a l'amour du client.
La satisfaction des clients par rapport à l'EMF dans
son ensemble.
L'environnement socioéconomique peut aussi entrer en
jeu ici dans la mesure où les conditions macroéconomiques (trop
de taxes, corruption, etc.) ne permettent pas toujours de fructifier les
microactivités des demandeurs de crédit, rendant ainsi difficile
le remboursement et par conséquent la non rentabilité de
l'EMF.
3 La méthode statistique à
utiliser
Nous utiliserons les tests non paramétriques et plus
spécifiquement le test de corrélation des rangs Kendall, à
cause la petite taille de notre échantillon (inférieur à
30) et de son caractère apparié16(*)
Le logiciel SPSS version 10.0 est utilisé pour les
analyses de données nécessaires.
V PLAN DE TRAVAIL
D'après les Hypothèses
précédemment définies, ce travail sera divisé en
deux parties dont deux chapitres par partie :
La première partie qui s'intitule nature de la
clientèle et performance des EMF traite des fondements
théoriques de la problématique de la gouvernance d'entreprise en
microfinance dans le chapitre I et du lien entre la nature de la
clientèle et la performance des EMF au Cameroun dans la chapitre II.
La deuxième partie qui s'intitule fidélisation
de la clientèle et rentabilité de l'EMF traite
des fondements théoriques de la notion de fidélisation de la
clientèle et de la rentabilité dans la littérature
scientifique dans le chapitre III et du lien entre la fidélisation des
clients et la performance des EMF au Cameroun dans le chapitre IV.
PREMIERE PARTIE
Nature de la clientèle et performance des
etablissements de microfinance
L'analyse de la gouvernance constitue pour la
microfinance17(*) un
domaine relativement nouveau mais qui doit permettre, au-delà des effets
de mode du concept, de mieux expliquer les succès et les échecs
dans le secteur et de construire l'avenir de la microfinance sur des bases
solides. L'analyse des relations de pouvoirs et des questions
stratégiques dépasse par ailleurs le cadre strict de la
microfinance et peut intéresser les chercheurs et universitaires
travaillant sur les conditions de pérennisation des innovations
institutionnelles dans les pays en développement (De Briey, 2003). Il
faut chercher selon Lapenu (2002) à comprendre quelles sont les formes
d'organisation qui permettent de piloter efficacement et de prévenir ou
surmonter les crises. L'accent est particulièrement mis ici sur le
client/associé dans la mesure où il revêt une double
casquette dont celui de client et de dirigeant de l'EMF. Il importe donc pour
nous dans cette partie de voir l'intérêt de l'intégration
du client/associé dans la gestion efficace de l'EMF. Pour cela nous
allons passer en revue l'état de l'art sur les problèmes de
gouvernance à la lumière des théories contractualistes
(chapitre I), pour aboutir à une discussion des résultats des
travaux empiriques dans le cadre de la microfinance au Cameroun (chapitre II).
Pour être bref, « la confiance n'exclue pas le
contrôle » (Perez, 2005).
CHAPITRE I
FONDEMENTS THEORIQUES DE LA PROBLEMATIQUE DE LA
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE DANS LA MICROFINANCE
Le terme de gouvernance est d'un usage récent dans le
monde du développement. Au-delà des effets de mode ou d'apparence
de nouveauté18(*),
la gouvernance est devenue depuis le début des années 90 un
concept souvent incontournable pour traiter des problèmes de
développement économique et social.
A l'échelle d'un pays, une bonne gouvernance conduisant
à une gestion efficace des organisations et des activités, repose
sur des principes de droit, de participation directe (par le biais
d'institutions légitimes et démocratiques), de transparence
(libre circulation de l'information et possibilités d'y accéder
pour le plus grand nombre), d'équité, de responsabilisation, de
décentralisation et de légitimité.
Employée au sujet d'une entreprise, la notion de
gouvernance est centrée sur la relation entre les dirigeants et les
détenteurs des ressources de l'entreprise. Les différents acteurs
de l'entreprise ont généralement des intérêts
divergents. Il s'agit de protéger les droits des actionnaires et
d'encourager une coopération active entre les parties prenantes afin de
créer de la richesse, des emplois et la durabilité d'entreprises
saines financièrement. La plupart des travaux récents se sont
concentrés sur le conseil d'administration et sur l'efficacité
relative de tel ou tel type de gouvernement d'entreprise. Cependant, les
défis auxquels font face les entreprises aujourd'hui (spirale de la
défiance, dégringolade des Bourses, faillites et scandales au
sein de grosses sociétés) montrent qu'une vision plus large doit
être adoptée (transparence de l'information, systèmes
comptables adaptés, gestion des conflits d'intérêts,
contrôle, etc.) (De Boissieu, 2002)19(*).
Les aspects théoriques de la gouvernance s'appuient
essentiellement sur les notions de la théorie
néo-institutionnelle : la séparation entre la gestion de
l'entreprise et sa propriété entraîne un problème
d'agence et des conflits d'intérêts possibles entre les dirigeants
et un actionnariat dispersé ou entre actionnaires minoritaires et
actionnaires exerçant le contrôle. Il s'agit alors d'identifier
les risques de comportements opportunistes (moral hasard), de
favoriser les mécanismes de régulation (marché,
contrôle « interne » exercé par différentes
parties prenantes), de réduire les asymétries d'information dont
bénéficient les managers internes, de favoriser la mise en place
de systèmes d'incitations et de rémunérations amenant ces
derniers à poursuivre l'objectif prioritaire de l'entreprise
(création de valeur actionnariale par exemple), etc. Notre travail
consiste donc dans ce chapitre à lever un pan de voile sur le directoire
d'un EMF d'après les travaux empiriques (Section I) et de faire un
briefing de la nomenclature de la clientèle en Microfinance (Section
II).
I-1. Débat scientifique sur le directoire dans un
établissement de microfinance (EMF)
Ici, il faut répondre à la question de :
Qui prend les décisions ? Qui dirige ? Qui est client ?
Y a-t-il des particuliers dans la prise de décisions ? Qui est
propriétaire ? Comment s'exerce le pouvoir ? Ceci parce que
les associés qui sont souvent clients ont leur part à apporter
dans la gestion de l'EMF.
Dans les écrits de la microfinance, le terme de
gouvernance, popularisé à partir de 1996(Clarkson, Deck, 1996),
se définit comme « le processus utilisé par le conseil
d'administration pour aider une institution à remplir sa mission et
protéger l'actif de cette institution au fil des années (Rock
et al, 1998) ». Or le « bon fonctionnement » du conseil
d'administration n'est pas à lui seul le garant de la mission et des
actifs d'un EMF. Là encore, le travail sur la gouvernance
nécessite d'élargir le cadre d'étude pour prendre en
compte l'ensemble des acteurs en jeu (salariés, dirigeants, clients,
bailleurs, banques partenaires, Etat, etc.) et des formes d'organisations
destinées à « gouverner » (systèmes comptables
et d'information, mode de prise de décision et mode de coordination,
capacité d'exécution, systèmes de contrôle, etc.).
Par ailleurs, il s'agit de comprendre comment ces éléments
peuvent s'adapter dans des contextes socio-économiques
différents. Les critères de performances de la gouvernance jugent
alors des capacités à définir les grandes orientations,
à tenir le cap (notamment pour la microfinance, le public
concerné, les produits financés et le type d'institution),
à s'adapter rapidement aux modifications de l'environnement et à
prévenir et surmonter les crises. C'est pour ces dernières
raisons qu'il est important de voir l'influence de la propriété
sur la prise de décision (I-1-1.), pour déboucher sur la
contribution de chaque partie prenante à la performance de l'entreprise
(I-1-2).
I-1-1. Prise de décision et
propriété comme stimulus de la performance dans les EMF
La grille d'analyse
CERISE s'est attaché à définir une grille
d'analyse qui permet de prendre en compte l'ensemble des dimensions de la
gouvernance : notions de propriété et de pouvoir, ensemble des
moyens à la disposition de la gouvernance, analyse des crises et des
dysfonctionnements.
La grille peut être résumée par le tableau
suivant :
Tableau 1 : Analyse de la Gouvernance
Analyse de la Gouvernance
1 - La typologie => qui a le pouvoir de
décision ?
1. Grille juridique : qui est propriétaire
?
2. Grille des prises de décisions : qui a le
pouvoir formel de décision ?
La typologie cherche à comprendre la place et le
rôle de chacun des acteurs et distingue essentiellement les formes
d'exercice du pouvoir selon les axes suivants :
- pouvoir « majoritaire » ou pouvoir « minoritaire
» des acteurs,
- pouvoir « extérieur » (opérateur,
bailleur, Etat, etc.) ou « interne » (salariés, clients).
2 - L'analyse des moyens => Comment s'exerce le
pouvoir ?
1. La stratégie et la prévision
(perspectives, moyens mis en oeuvre, prise en compte des
intérêts divergents, prise en compte des risques, cohérence
d'ensemble, etc.)
2. L'information (nature,
opérationnalité, qualité, diffusion et utilisation de
l'information)
3. La prise de décision (niveau
réel d'élaboration, efficacité, responsabilités)
4. La mise en oeuvre (formation, gestion des
compétences, incitations et motivations)
5. Le contrôle (dispositif et
qualité du contrôle)
a) L'apport de la théorie des droits de
propriété pour la gestion d'un EMF
Source : La Gouvernance en microfinance : Grille
d'analyse et perspectives de recherche
Cécile Lapenu (CERISE)
C'est donc la propriété qui se trouve à
la base de la prise de décision, et à cet effet il est judicieux
que nous fassions un tour d'horizon de la théorie des droits de
propriété.
I-1-1-1. Théorie des droits de
propriété et performance de l'entreprise
La théorie des droits de propriété
maintient l'hypothèse que les agents économiques maximisent leur
fonction d'utilité et poursuivent de manière exclusive leur
intérêt personnel. Mais, contrairement à la théorie
néoclassique « standard », elle relâche les
hypothèses d'information parfaite et de coûts de transaction nuls.
Nous allons voir que le relâchement de ces hypothèses conduit les
partisans de cette théorie à reconnaître que le
marché, avec son mode de coordination par les prix, n'est pas, en toutes
circonstances, le lieu idéal de l'activité économique
mais, que la firme peut être une meilleure alternative. Parmi les
écrits à l'origine de la théorie des droits de
propriété, il nous faut citer plus particulièrement
ALCHIAN, 1969 ; DEMSETZ, 1967 ; FURUBOTN & PEJOVITCH, 1972 et de ALESSI,
1983. La théorie des coûts de transaction est également
parfois reprise sous le vocable des théories contractualistes.
A. Définition des droits de
propriété
Les définitions des droits de propriété
retenues par les théoriciens néoclassiques sont nombreuses dans
la littérature. Une façon de les définir qui nous semble
pertinente pour comprendre les fondements de cette théorie et qui
s'inscrit dans la droite ligne de la définition donnée par
FURUBOTN & PEJOVITCH20(*), 1972 est de les envisager selon les pratiques qu'ils
autorisent sur les objets. Depuis le droit romain, ces droits sont
considérés au nombre de trois : le droit d'utiliser un actif
(droit d'usus), le droit d'en retirer un revenu (droit de
fructus) et enfin, le droit de le céder définitivement
à une tierce personne (droit d'abusus). Dans cette optique,
avoir la propriété d'un actif, c'est détenir un certain
nombre de droits sur celui-ci.
La théorie des droits de propriété
reconnaît que les droits sont partitionnables, séparables et
aliénables (CORIAT & WEINSTEIN, 1995). Le propriétaire est
donc libre de confier la gestion (l'usage) d'un (ou de plusieurs) de ces droits
à une (ou plusieurs) autre(s) personne(s). Dans le contexte qui nous
concerne, c'est le cas par exemple du propriétaire qui décide de
confier la gestion d'actifs productifs à un entrepreneur ou plus
spécifiquement le cas d'un EMF qui octroie le crédit (son argent)
à un investisseur(ou un emprunteur). Il renonce en conséquence au
droit d'usus. Comme nous le verrons par la suite, cet acte ne sera pas
sans conséquence.
B. Justification de l'existence de la firme
COASE21(*), 1960, a démontré que si les
coûts de transaction sont suffisamment bas et les droits de
propriété clairement attribués, protégés et
cessibles, en l'absence d'effet de richesse, peu importe la façon dont
les droits de propriété ont été partagés
initialement, l'allocation des ressources est optimale car il est toujours
possible pour les parties de s'échanger leurs droits sur le
marché jusqu'au seuil de l'efficacité collective. Si par contre
ces conditions ne sont pas respectées, la force allocative du
marché est atténuée et il peut être
préférable de recourir à des organisations dites
`entreprises' si celles-ci permettent de minimiser les coûts de
production. La théorie des droits de propriété postule en
effet que l'information n'est pas parfaite et que les individus poursuivent
leurs intérêts personnels. Les individus doivent donc tenir compte
de ces facteurs avant d'opter pour un mode de coordination plutôt qu'un
autre. La firme est envisagée comme « un ensemble de contrats
qui établissent une certaine structure de droits de
propriété » (CORIAT & WEINSTEIN, 1995, p.84). Selon
la façon dont les droits de propriété sont
délimités et affectés par le contrat
(propriété privée (individuelle) ou collective,
séparation ou non du travail et de la propriété, il est
possible de distinguer différentes formes organisationnelles
(capitaliste, managériale, coopérative, publique, etc.).
Pour certains auteurs, ces droits revêtent une
conception plus large et englobent l'ensemble des coutumes, des règles
et des normes qui définissent et délimitent les usages
autorisés ou légitimes des actifs. Sans quoi, les agents seront
réticents à investir dans un actif de peur de ne pas pouvoir
bénéficier pleinement des ressources auxquelles ils ont droit.
Pour une cartographie des organisations, se référer à
GOMEZ, 1996.
La première de ces formes organisationnelles qui a
retenu l'attention des économistes est la firme néoclassique
traditionnelle dans laquelle l'actionnaire unique est à la fois le
dirigeant de l'organisation. Les travaux d'ALCHIAN & DEMSETZ parus en 1972
ont montré que ce mode institutionnel s'avère
particulièrement efficace pour remédier aux problèmes
engendrés par le travail en équipe, notamment ceux posés
par la mesure et le contrôle de la productivité individuelle, car
il attribue de manière privative les droits de propriété.
Par définition, la production en équipe est en effet le
résultat de la contribution de différents agents sans qu'il ne
soit possible de mesurer la contribution individuelle des agents
(problème d'asymétries d'information). La situation est donc
propice aux comportements de « passager clandestin » (`free
rider'). L'argumentation d'ALCHIAN & DEMSETZ repose sur le
rôle central joué par le dirigeant-propriétaire de la
firme. La propriété confère selon ces auteurs une
motivation évidente à l'optimisation des ressources car elle
reconnaît au dirigeant propriétaire le droit au « rendement
ou surplus résiduel » résultant de la production (droit de
recevoir la différence entre les revenus aléatoires de
l'organisation et les rémunérations des autres apporteurs de
ressources, fixées par les contrats). Le dirigeant-propriétaire
est dès lors incité à veiller à l'optimisation des
ressources par les membres de son équipe et donc au contrôle de
ceux-ci puisqu'il en tirera directement des bénéfices. La
maximisation de la valeur de la firme est ainsi assurée. Par ailleurs,
la théorie des droits de propriété postule
également que la maximisation des utilités individuelles conduit
à l'accroissement de l'efficacité collective (CHARREAUX & al,
1987).
I-1-1-2. Contribution positive de la théorie des
parties prenantes à la pérennité des EMF
Dans une relation de crédit, la règle d'or est
la satisfaction de toutes les parties prenantes. Les parties prenantes sont
« l'ensemble des agents pour lesquels le développement et
la santé de l'entreprise constituent des enjeux
importants » (Mercier, 1999). Loin de se limiter à la
vision centrée sur la relation entre propriétaires et dirigeants
que la « Corporate Gouvernance » a été
érigé en champ d'analyse spécifique, mais limité au
regard des défis à relever. Les nouvelles approches
développent l'analyse au niveau de l'ensemble des acteurs
concernés que l'on appelle parties prenantes. On peut en avoir une bonne
illustration dans les « poupées russes » schématisant
l'emboîtement des différents niveaux considérés
(Perez, 2003). Le Comité CERISE (Lapenu C. & Pierret D., 2005)
élargit l'analyse de la gouvernance à l'ensemble des acteurs en
jeu : salariés, dirigeants, clients, investisseurs, partenaires
financiers, organisations professionnelles, pouvoirs publics, etc.- et des
dispositifs ou formes d'organisations destinés à « gouverner
» - systèmes comptables et d'information, processus de
décision et modes de coordination, systèmes de contrôle
internes et externes, etc.-.. A travers cette approche, il est proposé
une mise en évidence du rôle des acteurs notamment en terme de
pouvoir à travers une analyse croisée des différentes
décisions prises au sein de l'institution (opérationnelles et
stratégiques) et des acteurs internes ou externes à
l'institution. Il convient donc de faire la Cartographie des parties prenantes
pour permettre leur intégration efficace dans la gestion de l'EMF
La cartographie des acteurs est un outil permettant de
repérer et de recenser l'ensemble des acteurs impliqués
directement ou indirectement dans l'institution pour d'une part identifier leur
rôle au sein de l'institution et notamment dans les prises de
décision ; mais aussi pour apprécier leurs motivations, leurs
positions, leurs marges de liberté. Cette visualisation constitue un
support pour l'animation des discussions (D. Pierret, F.Doligez, Gouvernail
(2005)). Elle concerne dans le cadre de notre étude le
client/associé.
Le débat sur le directoire nous amène à
nous interroger sur la contribution des théories contractualistes
à la gestion de l'EMF, puisque c'est le contrat qui lien l'EMF à
ses clients, même les clients particuliers qui sont les
« client/associés ».
I-1-2. Apport des théories contractualistes
dans la gestion des EMF
Le modèle de la concurrence pure et parfaite dans la
théorie micro-économique traditionnelle reconnaît une place
exclusive au marché comme lieu de coordination des
activités économiques des individus (dénommés
« agents »). Le marché est supposé pur et parfait. Il
permet aux individus de s'échanger les ressources de telle sorte qu'ils
puissent maximiser leur bien-être. Les agents n'interagissent que par
l'intermédiaire d'un système de prix déterminé par
une instance extérieure, qualifiée souvent de «
commisseur-priseur » à la suite des travaux de WALRAS22(*). La théorie
néoclassique postule que cette instance extérieure va faire
varier les prix par tâtonnement, sans le moindre coût, afin de les
faire converger vers l'équilibre général concurrentiel. Le
prix annoncé est supposé contenir toutes les informations
nécessaires à la prise de décision des agents. Ces agents
sont supposés doter d'une rationalité « substantielle »
ou encore « omnisciente » (SIMON, 1976). Ils ont donc la
capacité d'interpréter correctement l'information qu'ils
reçoivent grâce à leur raison.
Ils peuvent ainsi prendre les décisions optimales en ce
qui les concerne, c'est-à-dire maximiser leurs utilités
respectives, et partant le bien-être collectif. En effet, le
théorème fondamental de l'économie du bien-être
(`welfare theorem') nous assure que, sous les conditions de la
concurrence pure et parfaite, l'équilibre concurrentiel est efficace au
sens de Pareto. A la condition donc que l'instance extérieure annonce le
prix "adéquat" et que celui-ci contienne toute l'information pertinente
à la prise de décision, le marché réalisera
spontanément l'optimum d'un point de vue économique (De Briey,
2003).
Les seules contraintes dont les individus doivent tenir compte
résultent du caractère limité de leurs ressources (leurs
dotations) initiales et des possibilités offertes par la technologie
actuelle.
Ce modèle repose sur des hypothèses très
restrictives de la concurrence pure et parfaite qui furent largement
critiquées (notamment l'hypothèse d'information parfaite,
d'absence de coûts de fonctionnement du marché, d'absence de
comportements stratégiques entre les agents, etc.). Par ailleurs,
l'existence de « biens collectifs », d' « externalités
», d'inégalités, de rationnement de l'offre ont
été constatés. Force a été de
reconnaître que dans la réalité, les « échecs
» (ou les « défaillances ») du marché (`market
failures') sont nombreux. C'est pourquoi, les théoriciens de
l'équilibre général concurrentiel ont été
contraints de revoir leurs hypothèses de base. Cette révision de
la théorie de la concurrence pure et parfaite a donné naissance
aux théories de la concurrence imparfaite et a justifié
l'intervention de l'Etat sur les marchés défaillants. Cependant,
les fondements théoriques de l'analyse de la firme restent en
réalité les mêmes que dans le modèle concurrentiel :
la firme est toujours considérée comme une boîte
noire qui transforme d'une manière parfaitement efficiente des
inputs en outputs, compte tenu de l'état de la technique et des
conditions de production existantes et qui sont spécifiées par la
fonction de production. Son prototype est la firme individuelle,
composée d'un unique gestionnaire-propriétaire dont l'objectif
est la maximisation du profit. Toute l'activité économique est
ramenée à une dichotomie « Etat-Marché ». La
théorie micro- économique traditionnelle ne laissait aucune place
aux institutions créées par les individus. Or, de plus en plus de
personnes ont commencé à être sceptiques vis-à-vis
de ces approches qui considèrent l'état de la technologie comme
un facteur exogène, déterminant pour l'organisation
économique, et qui ne permettent en aucune manière
d'appréhender le fonctionnement interne des organisations.
La recherche de nouveaux fondements à l'analyse de la
firme s'est faite dans plusieurs directions. Parmi les théories
alternatives qui ont été développées, les
théories contractualistes des organisations ont suscité un
intérêt majeur. Elles ont permis de reconnaître la firme
comme un lieu de coordination alternatif au marché. Dès le moment
où les hypothèses nécessaires au bon fonctionnement du
marché ne sont pas vérifiées, ces théories
reconnaissent que les individus peuvent recourir à d'autres
mécanismes de coordination que les prix fixés sur le
marché. Ces mécanismes sont les règles que les individus
élaborent localement à l'intérieur d'espaces
structurés qualifiés habituellement d' « organisations
» (BATIFOULIER,
2001). Au mode de coordination par les prix s'oppose le mode
de coordination par les règles. Ces règles vont être
cristallisées dans des contrats établis librement entre deux ou
plusieurs individus parce qu'ils ont jugé qu'il était dans leur
intérêt de le faire. A la différence de la théorie
néoclassique qui considère que les individus confrontés
à une prise de décision n'avaient pour seules contraintes que
celles imposées par l'environnement, la théorie contractualiste
reconnaît que les individus doivent en outre tenir compte du comportement
des autres individus dans leurs calculs d'optimisation. En ce sens, leur
rationalité est dite « stratégique ».
Les fondements de ces théories trouvent leur source
dans les articles de COASE, 1937
et 1960 qui ont donné lieu par la suite à de
nombreux travaux. Les développements principaux sont dus essentiellement
à ALCHIAN & DEMSETZ, 1972 ; JENSEN & MECKLING, 1976 et 1979 ;
FAMA, 1980 ; JENSEN, 1983 et FAMA & JENSEN, 1983a et b. Ceux-ci peuvent
être répertoriés selon deux courants : la théorie
des droits de propriété et la théorie de l'agence.
Quoique les praticiens et théoriciens
intéressés par la microfinance fassent référence
principalement à la théorie d'agence, nous avons choisi de
présenter également les fondements de la théorie des
droits de propriété dans la mesure où cette théorie
a largement contribué aux écrits des auteurs à l'origine
de la théorie d'agence et offrira des éléments
d'explication à la problématique de notre recherche. La
théorie des droits de propriété étant
déjà présentée, la théorie d'agence fera
l'objet de la section suivante.
I-1-2-1. Etat de l'art sur l'influence de la relation
d'agence sur la relation de crédit
Il convient dans cette sous partie de définir la relation
d'agence et son intérêt pour l'existence de la firme.
Elle a été
initiée par les travaux de Jensen et Meckling en 1976 suite à
l'intégration de la notion de corporate gouvernance au sein de
l'entreprise
Les partisans de cette théorie accordent une place
centrale à la « relation d'agence ».
Par analogie avec le contrat de mandat (`agency'),
une relation d'agence caractérise une situation dans laquelle une ou
plusieurs personnes (dénommées « principal »)
engage(nt) une ou plusieurs autre(s) personne(s) (dénommées
« agents ») pour exécuter en leur nom une tâche qui
implique la délégation à ces derniers d'un certain pouvoir
de décision (JENSEN & MECKLING, 1976). Or, cette théorie
reconnaît, tout comme la théorie des droits de
propriété, l'existence d'asymétrie d'information et fait
également l'hypothèse que les agents cherchent à maximiser
leur utilité et partant leur intérêt personnel. Ils peuvent
dès lors profiter de leur avantage informationnel pour poursuivre leurs
intérêts personnels au détriment de ceux du principal. Deux
problèmes d'agence sont susceptibles de se produire :
Ø ?ex-ante : des individus peuvent ne pas
révéler, avant la passation du contrat, des informations qui leur
sont défavorables. Ce risque est qualifié de sélection
adverse ("adverse selection").
Ø ex-post : postérieurement à la
passation du contrat, une des parties à la transaction peut ne pas
respecter les termes du contrat pendant la phase d'exécution, car elle
sait qu'il est coûteux, voire impossible pour l'autre partie de voir si
l'engagement a été complet ou non. Ce risque est qualifié
d'aléa moral (`moral hasard').
En conséquence, les individus vont chercher à
mettre en place des structures contractuelles qui tendent à minimiser la
perte d'utilité des agents due à l'existence d'asymétrie
d'information entre ceux-ci. Le principal va étudier le
bénéfice qu'il pourra tirer de la mise en place de structures
incitatives pour s'assurer que l'agent va agir conformément à ses
intérêts et de structures de contrôle.
L'établissement de ces différentes structures entraîne
cependant des coûts (`monitoring costs') que le principal doit
mettre en balance avec les pertes engendrées en cas d'adoption d'un
comportement opportuniste de la part des agents si ces mesures n'étaient
pas mises en place. De son côté, l'agent peut avoir
intérêt à garantir au principal qu'il ne va pas avoir
tendance à entreprendre des actions qui seraient préjudiciables
à ce dernier. Les coûts supportés dans ce cas par l'agent
sont qualifiés de coûts d'obligation ou de dédouanement
(`bonding cost'). Malgré les mesures adoptées par
l'agent et le principal, il subsistera toujours pour les partisans de cette
approche une divergence d'intérêts entre les deux parties donnant
lieu à un coût d'opportunité ou perte résiduelle
(`residual loss'). Les coûts d'agence constituent la somme de
ces trois types de coûts. Ce sont ces coûts qu'il convient de
minimiser.
A partir de ce constat, la théorie de l'agence s'est
développée autour de deux branches: la théorie normative
et la théorie positive. Pour les partisans de la théorie
normative de l'agence, les structures incitatives
établies par les contrats sont suffisantes pour éviter le
comportement opportuniste de l'agent dans la mesure où elle maintient
l'hypothèse d'une rationalité substantive des individus
posée par la théorie micro-économique traditionnelle. Elle
postule l'existence de contrats optimaux. Un large pan de la littérature
s'est attaché à déterminer la solution qui établit
un juste équilibre entre efficacité maximale et aversion au
risque (HART, 1995) et qui, par conséquent, optimalise le partage des
risques entre les individus. La solution trouvée constitue cependant un
`second best', le `first best' étant le niveau
d'utilité collective qui aurait pu être atteint en l'absence
d'asymétrie d'information. La théorie positive de
l'agence reconnaît, par contre, l'incomplétude des
contrats du fait de la rationalité limitée23(*) des individus (CORIAT &
WEINSTEIN, 1995) car ils n'ont pas à leur disposition la liste de tous
les états de la nature susceptibles de se produire.
Contrairement à la théorie normative de
l'agence, cette deuxième branche ne va pas chercher à
établir des contrats optimaux, mais utilise le cadre de raisonnement de
la théorie de l'agence pour expliquer le comportement réel des
organisations et notamment trouver un fondement rationnel à l'existence
de formes organisationnelles différentes (CHARREAUX & al, 1987).
C'est cette deuxième branche qui va nous intéresser plus
particulièrement.
I-1-2-2. Lien entre relation d'agence et
qualité de portefeuille d'un EMF
Précisons au préalable qu'au sein des
théories contractualistes, l'accent est mis sur les contrats qui se
nouent entre les individus. Les contrats, modes de coordination de
l'activité économique alternatifs au marché, se
caractérisent par leur relation d'agence : une ou plusieurs personnes
(le principal) engage(nt) une ou plusieurs autre(s) personne(s) (les agents)
pour exécuter en leur nom une tâche qui implique la
délégation d'un certain pouvoir de décision à ces
derniers (Jensen et Meckling, 1976).
Toute relation d'agence donne bien souvent lieu à une
asymétrie d'information entre les individus car, d'une part, les agents
en savent généralement plus sur la tâche à accomplir
que le principal et, d'autre part, il est souvent difficile et onéreux
pour le principal de «mesurer les efforts déployés par un
agent dans l'accomplissement de ses obligations et par conséquent, de
spécifier par contrat, ce que doivent être ces
dernières» (Charreaux et al, 1987,). Or, ces théories font
également l'hypothèse d'une rationalité substantive des
individus : les agents vont chercher à maximiser leurs
préférences. Qui plus est, ils sont supposés
opportunistes. Les agents sont dès lors enclins à profiter de
leur avantage informationnel pour poursuivre leurs propres
intérêts personnels au détriment de ceux du principal.
Le refus des banques commerciales de financer jusqu'il y a peu
les micro-entrepreneurs résultait de l'importance des problèmes
de détection («screening problem») et du bon respect des
contrats («enforcement problem») (Hulme et Mosley, 1996). La relation
de crédit peut en effet être considérée comme une
relation d'agence par laquelle le prêteur (le principal) «loue»
une part de sa richesse aux micro-entrepreneurs (les agents) qui s'engagent
à rembourser le principal et à lui payer les charges
d'intérêt à l'échéance et auxconditions
fixées dans un contrat établi au préalable entre les
parties. Un problème d'agence se pose car il est certain que dans toute
relation de crédit, les intérêts de l'emprunteur et du
prêteur diffèrent : alors que le premier est essentiellement
concerné par la rentabilité des capitaux empruntés,
l'autre l'est par la solvabilité du premier (Jullien et Pallanque, 1995)
et la rentabilité des fonds prêtés.
Depuis Stigler (1967) et surtout Stiglitz et Weiss (1981), le
fonctionnement imparfait du marché du crédit a largement
été démontré. Celui-ci résulte de
l'existence d'asymétries d'information entre les prêteurs (le
principal) et les emprunteurs (les agents), rendant difficile ex-ante
l'évaluation de la qualité du demandeur (risque de
sélection adverse), et ex-post, la vérification du bon respect
des termes du contrat (risque d'aléa moral). En conséquence, les
banques ont tendance à «bloquer» les taux
d'intérêt à un prix qui ne satisfaisait pas la demande. Il
s'ensuit une situation de rationnement de crédit. S'il est vrai que
toute relation de crédit se caractérise par cette incertitude,
celle-ci est d'autant plus forte dans les pays pauvres. En effet, dans nos
pays, les banques tentent de diminuer le risque de sélection adverse en
récoltant des informations sur le demandeur de crédit et le
risque d'aléa moral en exigeant des garanties tant matérielles
que financières qui seront saisies en cas de non-remboursement.
Dans les pays pauvres au contraire, les registres comptables
(lorsqu'ils existent) ne peuvent offrir aux banques une connaissance fiable sur
la qualité et la solvabilité des clients potentiels dans la
mesure où la plupart du temps une partie importante des ventes sont
non-déclarées. Il est donc très difficile pour les
prêteurs de récolter des informations pour déterminer la
qualité des débiteurs.
De telles recherches entraîneraient un coût
démesuré pour les prêteurs au vu des faibles montants de
prêts demandés. Par conséquent, le risque de
sélection adverse est bien présent dans ces pays. Par ailleurs,
les prêteurs ne peuvent se protéger contre le risque d'aléa
moral et ce essentiellement pour deux raisons : Premièrement, la
pauvreté des emprunteurs est telle que ceux-ci ne sont pas à
même de pouvoir offrir les garanties matérielles
traditionnellement requises par les institutions financières.
Deuxièmement, l'appareil judiciaire est bien souvent trop faible dans
ces pays pour pouvoir jouer efficacement son rôle
(récupération des biens mis en garanties, etc.). Il convenait
dès lors que des mécanismes de financement alternatifs soient mis
en place. Conformément à l'article de Stiglitz et Weiss (1981),
ceux-ci se devaient de réduire l'asymétrie d'information existant
entre les agents économiques.
Ainsi levé le pan de voile sur la problématique
de la gouvernance en microfinance, il convient de définir le type de
client qui est le plus enclin à minimiser ces risques, tout en mettent
en exergue les moyens dont il dispose pour le faire. C'est l'objet de notre
deuxième section.
I-2. Nomenclature de la clientèle dans les
Etablissements de Microfinance
Le client type des services de microfinance est une
personne dont les revenus sont faibles et qui n'a pas accès aux
institutions financières formelles faute de pouvoir remplir les
conditions exigées par ces institutions (documents d'identification,
garanties, dépôt minimum etc.). Il mène
généralement une petite activité génératrice
de revenus dans le cadre d'une petite entreprise familiale.
- Dans les zones rurales, ce sont souvent de petits
paysans ou des personnes possédant une petite activité de
transformation alimentaire ou un petit commerce.
- Dans les zones urbaines, la clientèle est
plus diversifiée : petits commerçants, prestataires de services,
artisans, vendeurs de rue, etc.
On les dénomme généralement sous le terme
de micro-entrepreneur et la plupart de ces microentrepreneurs travaillent dans
le secteur informel ou non structuré. C'est donc aux individus qui
composent ce segment de marché exclu ou mal servi par les institutions
financières classiques (banques, assurances) que s'adresse la
microfinance.
Selon N'Goala (2005), les banques distinguent 3
marchés :
ü Particuliers
ü Professionnels
ü Entreprises et Institutionnels
Nous pouvons essayer de classer ces marchés ou clients
en deux grands groupes à savoir la clientèle interne
(professionnels ou client/associés) et la clientèle externe
(particuliers, entreprises et institutions). Il faut noter que cette
dernière catégorie n'entretient que des relations purement
commerciales avec l'EMF alors que cette même relation est partenariale
dans le premier cas ; parceque ceux-là participent à la
prise de décision et par conséquent à la gouvernance de
l'EMF.
I-2-1. Client /associés : un type
particulier de client en microfinance
Nous nous attelons ici à dévoiler les visages
du client/associé et à définir son statut particulier par
rapport aux clients de l'EMF.
I-2-1-1 Visages du client/associé
Il participe au conseil d'administration de l'EMF et c'est
pour cette dernière raison qu'il est un client particulier. Ainsi, il
participe à la prise de décision et est traité
particulièrement par rapport à d'autres clients.
Un regard sur le conseil d'administration nous permettra de
mieux étayer la contribution du client/associé à la
performance de l'EMF.
A. Rôle et responsabilités du conseil
d'administration
La majorité des ouvrages portant sur la gouvernance
concentre leur analyse sur une structure institutionnelle donnée :
société à but lucratif, entité à but non
lucratif ou société publique. Cette approche suppose
implicitement que le comportement du conseil d'administration se définit
par le type d'entité qu'il gouverne. S'il est vrai que la structure
institutionnelle a un impact sur la mise en place d'une gouvernance efficace,
elle ne la définit pas. La définition large qui suit
présente les caractéristiques d'une bonne gouvernance et peut
être appliquée à toute EMF indépendamment de sa
structure institutionnelle.
Le conseil d'administration endosse une responsabilité
fiduciaire à l'égard de l'institution. On parle de
responsabilité fiduciaire lorsqu'une ou plusieurs personne(s) est (sont)
investie(s) d'une propriété ou d'un pouvoir pour le compte d'un
tiers. Attribuer une responsabilité fiduciaire aux administrateurs et
aux directeurs, c'est prévoir un mécanisme permettant d'imposer
des sanctions s'ils échouent dans l'exercice de leurs
responsabilités envers l'institution, sans que celles-ci ne soient
nécessairement explicitées dans le détail au
préalable. Comme l'expliquent les juristes Frank H. Esterbrook et Daniel
R. Fischel, « le principe fiduciaire est une alternative à la
définition détaillée d'engagements et du contrôle de
ces engagements. Il remplace le contrôle préalable par des mesures
dissuasives, tout comme le droit pénal met en place des sanctions en cas
de braquage d'une banque plutôt qu'il ne prévoit la fouille
systématique de chaque personne entrant dans la banque ».
B. Obligations légales du conseil
d'administration
De par sa responsabilité fiduciaire, le conseil
d'administration doit obéir à plusieurs obligations
légales. En premier lieu, il doit s'assurer que l'institution respecte
ses statuts constitutifs, les règlements locaux, les politiques et les
procédures internes. De même, le conseil doit vérifier que
l'institution respecte son statut légal. Il doit également
veiller à ce que l'institution agisse conformément aux lois et
réglementations publiques. De telles lois et réglementations
varient selon la structure de l'institution. Par exemple, lorsqu'un
établissement de microfinance se légalise, elle est soumise
à de nouvelles exigences réglementaires que le conseil doit
connaître. Enfin, définir les obligations légales du CA
renvoie aussi à la question suivante : dans quelle mesure les
administrateurs peuvent-ils être tenus pour responsables des
activités de l'institution ? Cela diffère immanquablement selon
le pays, mais les membres du conseil doivent être pleinement conscients
du degré de responsabilité et d'immunité que leur attribue
la législation locale. Les lois bancaires de nombreux pays fixent
très peu de responsabilités.
En représentant les intérêts d'un tiers et
en remplissant ses obligations légales, le conseil d'administration
délègue la responsabilité à la direction et la
tient pour responsable au niveau interne d'un ensemble d'objectifs et de
critères de performance qu'il a lui-même définis.
Cependant, le respect de ces objectifs et de ces normes peut
être compromis, et l'efficacité de la gouvernance amoindrie, si
les membres du conseil n'ont pas une vision claire de leur rôle. Ainsi,
un administrateur peut croire que les questions opérationnelles
relèvent de sa responsabilité, et ainsi réduire la
capacité d'action de la direction ou sa responsabilité.
C. Relation entre conseil d'administration et
direction
La relation entre un conseil d'administration et le directeur
général, ou DG, est dynamique et évolutive dans le temps,
mais doit se fonder sur une compréhension claire des rôles de
chacun.
Une gouvernance efficace trouve l'équilibre
approprié des relations entre le conseil d'administration et la
direction, à travers la mise en commun de leurs efforts pour
développer l'institution. Chacun apporte une compétence
particulière à cet effort commun, et a sa propre vision de
l'institution. Ils offrent ensemble une valeur ajoutée,
précisément en raison de leur complémentarité.
Selon Diane Duca, cette complémentarité existe parce que le
conseil d'administration et la direction utilisent différents cadres de
référence dans la compréhension de l'institution et
l'exercice de leurs responsabilités. Le tableau ci-dessous fait
apparaître certaines de ces différences, et compare le conseil
d'administration en tant que groupe à l'organe exécutif de
l'institution, composé d'une seule personne.
Source : Principes et pratiques de
la gouvernance en microfinance par Rachel Rock, Maria Otero et
Sonia Saltzman, ACCION International, 1998.
Une gouvernance efficace exige que les conseils
d'administration se concentrent sur trois domaines principaux de
responsabilités : (1) responsabilisation de la direction, (2)
planification stratégique et élaboration des politiques, et (3)
autorégulation. Ces trois domaines permettent au conseil de remplir ses
obligations fiduciaires. A chacun de ces trois domaines essentiels
correspondent plusieurs tâches spécifiques,
présentées dans le tableau résumé ci-dessous et
traitées dans les paragraphes suivants.
Source : Principes et pratiques de
la gouvernance en microfinance par Rachel Rock, Maria Otero et
Sonia Saltzman, ACCION International, 1998.
I-2-1-2. Le statut particulier de la clientèle
interne
En effet, il est à la fois dirigeant et client de
l'EMF. Le client/associé fait donc parti de la catégorie des
professionnels puisque du fait de sa participation aux prises de
décisions, il apporte sa contribution pour la réalisation de la
double mission de l'EMF.
Schéma 1 : La mission double des institutions de
microfinance
Source : auteur
L'importance accordée par les établissements de
microfinance au maintien de ce double objectif de rentabilité et de
couverture de la clientèle est directement influencée par la
composition et les priorités du conseil d'administration. Dans
l'idéal, pour aider les institutions de microfinance à trouver
l'équilibre nécessaire, les conseils d'administration doivent
être composés d'administrateurs eux-mêmes
représentants de cet équilibre. Si ce n'est pas possible, les
institutions doivent attribuer les sièges du conseil à un nombre
approximativement égal de représentants de chaque orientation :
du côté commercial, des banquiers et des hommes d'affaires peuvent
se concentrer sur l'efficience des activités et sur les résultats
financiers ; du côté du développement, d'autres
professionnels tels que des universitaires ou leaders communautaires peuvent se
concentrer sur l'objectif de couverture de la clientèle fixé par
l'institution.
Le schéma ci-dessous suggère qu'un conseil
d'administration efficace doit chercher à travers ses propres politiques
et décisions stratégiques à pousser l'institution dans le
sens de la double recherche de rentabilité et de couverture - telles
qu'elles sont définies ici, c'est-à-dire vers le quadrant
supérieur droit du schéma. Une telle approche souligne
l'importance de la double mission sociale et de rentabilité de
l'institution de microfinance, et se fonde sur l'expérience de ceux qui
ont réussi à l'atteindre.
Source : Principes et pratiques de
la gouvernance en microfinance par Rachel Rock, Maria Otero et
Sonia Saltzman, ACCION International, 1998.
Après avoir passé en revue la clientèle
particulière des EMF, il importe de s'attarder sur celle qui lui permet
d'être pérenne : la clientèle externe.
I-2-2. Clientèle externe et son
statut
Cette clientèle est ainsi subdivisée en fonction
des activités de l'EMF. Nous distinguons donc :
· Les épargnants ;
· Les demandeurs de crédits ;
· Ceux qui font le transfert de fonds ;
· L'assurance.
I-2-2-1. Les épargnants
Cette catégorie de client effectue des
dépôts dans l'EMF qui peuvent servir à octroyer des
crédits aux tiers. L'EMF représente pour eux le gardien de leur
argent. Ceux-ci perçoivent des intérêts sur épargne
à la fin de chaque année à concurrence de la durée
de la période de l'épargne. Cependant, il n'est pas exclu qu'un
épargnant soit aussi emprunteur et c'et même le cas
fréquent dans certains EMF.
I-2-2-2. Les emprunteurs
Ils sont principalement mus par le désir de demander
des crédits auprès de leur EMF en cas de besoin de financement
d'une activité. Mais toujours est-il qu'il faut que l'activité
soit génératrice de revenu pour qu'ils espèrent un
quelconque crédit. Il peut aussi être épargnant.
C'est cette catégorie de clientèle qui fait
courir à l'EMF des risques24(*) de tout genre puisque leur relation est purement
contractuelle et met en évidence le principe de l'entreprise
« noeud de contrat ». Il importe donc à
l'EMF du fait de sa double mission, d'évaluer ces risques pour sa
performance.
Ø Evaluation du risque dans les Etablissements
de Microfinance
La prestation de services financiers en général
est associée à une série de risques que le conseil
d'administration doit être capable de mesurer en tant que responsable
fiduciaire. Le fait que de nombreuses IMF opèrent dans des pays en
développement ajoute encore au risque lié à ces
activités. La nature de la microfinance, comme nous l'avons vu, a
toujours donné à l'évaluation du risque une place
importante. Mais la croissance enregistrée par les établissements
de microfinance, associée à l'augmentation sensible de la
concurrence entre les EMF dans plusieurs régions, et la transformation
de certaines EMF en institutions réglementées, demandent de la
part des conseils d'administration une capacité encore plus grande pour
évaluer les risques. En d'autres termes, si l'évaluation du
risque a toujours été importante pour le conseil d'administration
d'une IMF, les facteurs décrits ci-dessous la rendent désormais
indispensable :
ü Nature de la microfinance. Une
caractéristique fondamentale de la microfinance est que les informations
sur le crédit sont obtenues via un processus informel et
décentralisé. Les agents de crédit de l'IMF
réunissent les informations financières utilisées dans la
décision d'octroi du crédit sur le site de l'entreprise ; ils ne
disposent d'aucun rapport annuel des clients. Les responsables du
crédit de l'IMF ne sont donc pas en mesure, comme c'est le cas dans les
banques classiques, de vérifier les dossiers de crédit contenant
des informations financières auditées, afin de contrôler
les décisions d'octroi. De nombreuses IMF prêtent également
sans obtenir les garanties « classiques » exigées par les
prêteurs du secteur financier traditionnel. L'absence de ce type de
« sécurité » exige que les agents de crédit
aient une bonne compréhension des politiques de crédit de
l'institution, et soient cohérents dans leur application. Ces aspects,
lorsqu'ils sont associés à la forte croissance du portefeuille
enregistrée par de nombreuses IMF ces dernières années,
demande une vigilance toute particulière de la part du conseil
d'administration d'une IMF, dans le cadre de sa fonction de supervision.
L'efficacité des auditeurs, internes et externes, est essentielle pour
garantir la qualité de la supervision du conseil d'administration dans
ce domaine. Un autre facteur de risque particulier aux IMF est la
mobilité des microentrepreneurs, c'est-à-dire la facilité
avec laquelle ils peuvent se déplacer d'un endroit à un autre.
Spécialement dans les cas où l'IMF est en liquidation, le
recouvrement d'une part significative de son portefeuille de crédits
peut poser un sérieux problème, à cause de la
mobilité des microentrepreneurs et donc de la difficulté à
les localiser.
ü Augmentation de la concurrence. Du
fait de l'augmentation de la concurrence dans le domaine de la microfinance,
les institutions commencent à étendre et à diversifier
leurs produits financiers. Ainsi, certaines EMF proposent des prêts
individuels en plus des crédits de groupe et/ou des crédits
d'investissement ou de trésorerie. Le conseil d'administration doit
s'assurer que les mécanismes appropriés sont en place (par
exemple test pilote), afin d'évaluer les risques de lancement des
nouveaux produits. Comme les marges financières sont réduites,
l'institution peut devoir augmenter son efficacité pour maintenir son
niveau existant de rentabilité. En outre, les EMF peuvent essayer
d'accroître et/ou diminuer rapidement leurs coûts de financement
pour acquérir une plus grande part de marché, ou encore investir
d'autres régions du pays afin de distancer la concurrence. Le conseil
d'administration doit s'assurer que la croissance de l'institution peut
être gérée de manière efficace, et que ses
systèmes et son personnel sont en mesure de maintenir la qualité
des actifs.
ü Analyse financière/Intégration
des ressources humaines. Les ONG qui ont créé des IMF
réglementées et ont accès à une gamme plus
étendue de financements, comprenant l'émission de certificats de
dépôts et la mobilisation de l'épargne, ont besoin d'un
conseil d'administration doté de solides compétences
financières, capable d'évaluer efficacement les risques. Une
telle compétence est supérieure à celle que demande une
ONG dont les sources de financement se composent principalement de donations ou
de prêts concessionnels. Les possibilités étendues de
financement exigent que le conseil d'administration des IMF à but non
lucratif réglementées ou très développées
sachent évaluer des questions comme les décalages
d'échéances des actifs/dettes, le risque de change et les
périodes de redéfinition des taux d'intérêt. Les ONG
qui ont établi des EMF réglementées doivent assurer la
bonne intégration du personnel venant de l'ONG originelle et du
personnel venant du secteur privé (en général le secteur
bancaire), engagé pour renforcer les compétences bancaires et
financières de l'institution. Le processus d'adaptation
nécessaire à l'intégration de ces deux types
différents de personnel s'est avéré dans certains cas long
et difficile, et peut devenir un risque supplémentaire, à ne pas
négliger par le conseil d'administration.
Les domaines mentionnés ci-dessus sont
particulièrement pertinents vis-à-vis du débat sur la
gouvernance des institutions de microfinance. Ils prouvent bien que si ce
secteur peut se servir des connaissances et de l'expérience acquises sur
le sujet de la gouvernance en général, il possède
néanmoins des caractéristiques uniques qui demandent une
attention toute particulière. Pour les EMF en cours de transformation ou
de création d'institutions réglementées, et donc dans la
phase de définition des structures du capital et du conseil
d'administration, les questions de gouvernance exposées ici fournissent
une base de conseils utiles. Le défi pour toutes les
établissements de microfinance - ONG à but non lucratif, EMF
réglementées nouvellement créées,
coopératives de crédit, est de mettre en place des structures de
gouvernance durables et solides, les aidant à garantir leur
pérennité sur le long terme. Partant de la
spécificité de la microfinance.
Les principaux résultats que nous venons de
présenter montrent qu'il existe une relation entre la nature de la
clientèle et la performance. Mais ces études sont
réalisées dans d'autres pays ou d'autres secteurs
d'activités.
Au chapitre II, nous allons tester l'hypothèse suivante
dans le cadre des EMF au Cameroun :
H1 : La nature de la clientèle
influence positivement la qualité de portefeuille de l'EMF.
Au regard des fondements théoriques
présentées dans ce chapitre, nous pouvons dire que le
client/associé influence sur la performance de l'EMF du fait de son
statut particulier par rapport à d'autres clients.
CHAPITRE II
Quelle clientele pour quelle qualité de
portefeuille pour les EMF au Cameroun ?
L'objectif du chapitre précédent était de
mettre en exergue les fondements théoriques de la contribution de la
nature de la clientèle sur la performance de l'EMF. Il convient donc
dans ce chapitre de voir l'impact de cette relation sur la performance des EMF
Camerounais en particulier. Pour le faire, il est nécessaire de
présenter la méthodologie adoptée dans un premier temps
(I-1), et d'analyse et interpréter les résultats de
l'enquête dans un deuxième temps (I-2).
II-1- Méthodologie adoptée
La méthodologie de recherche se
définie comme un ensemble de moyens qu'utilise le chercheur afin de
fournir l'information à la réalisation d'un problème
donné.
D'après Inack Li-Mahop (2002), cité par
Folékeagni(2006), la méthodologie dans la recherche est
l'ensemble des démarches et procédures entreprises par un
chercheur pour mener à bien sa recherche. La recherche doit à
cet effet respecter le processus de vérification de la qualité
scientifique du travail dans la production objective et pertinente. Dans le
processus de recherche scientifique, deux modes de raisonnement sont
généralement appliqués :
L'approche holistico- inductive permet une remise en cause des
paradigmes qui ont depuis longtemps supportés les approches bien
acceptées en recherche.
L'approche hypothético-déductive quant à
elle consiste à partir du général au particulier, la
détermination d'une théorie de portée
générale précède la vérification d'une
situation particulière.
Celle qui nous intéresse dans notre cas
d'espèce est l'approche hypothético-déductive suivie d'une
investigation sur le terrain, compte tenu de notre problématique et de
la nature de nos hypothèses de recherche.
Notre méthodologie sera structurée en trois
principaux points : l'échantillonnage, la définition des
variables et la méthode statistique utilisée.
II-1-1- Echantillonnage
L'échantillonnage est le procédé par
lequel nous construisons un échantillon. L'échantillon
étant défini selon Darnon et al. (1991) comme un ensemble
d'éléments à observer tiré d'une population ou
d'un univers.
Notre travail consiste ici à définir le
processus d'échantillonnage, la méthode d'échantillonnage
et de collecte des données.
II-1-1-1- Processus d'échantillonnage
Le processus d'échantillonnage se déroule en
trois étapes principales : la détermination de la population
mère, du cadre d'échantillonnage et de l'unité
d'échantillonnage pour déboucher sur l'échantillon
proprement dit.
A. Population mère
La population mère est constituée de l'ensemble
des EMF Camerounais.
Sur le plan spatial, notre population d'étude a
été réduite à la ville de Yaoundé pour des
raisons suivantes :
- L'impossibilité d'enquêter tous les EMF
à cause de leur nombre25(*) élevé
- Yaoundé est l'une des grandes métropoles du
pays (capital politique notamment) où certains sièges sociales
des EMF sont implantés
- Contraintes financières dû aux
différents coûts liés au transport et autres.
Sur le plan temporel, nous nous sommes limités à
un période de deux ans (2006-2007) pour permettre aux dirigeants
d'apprécier facilement l'évolution des indicateurs de performance
financière que nous avons choisi (chiffre d'affaires, part de
marché, qualité du portefeuille et rentabilité).
Après avoir présenté notre population
mère, il convient de décrire le cadre de l'étude.
B. Cadre d'échantillonnage
Ce cadre concerne les EMF qui ont exercé dans la ville
de Yaoundé au cours de la période 2006-2007. Mais tous les
établissements n'ont pas été retenus à cause de la
multitude de catégories26(*) d'EMF. En plus, la prise en compte de toutes ces
catégories peut rendre la recherche lourde et impertinente.
Qui constitue donc vraiment notre
échantillon ?
C. Unité d'échantillonnage
Elle est constituée des EMF de 2ème
catégorie de la ville de Yaoundé, tous ayant la
dénomination de Société Anonyme (S.A)27(*). Tous ces EMF ayant
reçus des agréments de la COBAC28(*).
Comment avons-nous constitué notre
échantillon ?
II-1-1-2. Méthode d'échantillonnage et
de collecte des données
Il sera présenté ici la méthode
d'échantillonnage et les instruments de collecte des données.
A. Méthode d'échantillonnage
Elle permet de constituer un échantillon d'une
population mère (ou population de référence ou univers)
dont on veut estimer par induction ou inférence statistique certaines
caractéristiques. Il existe deux grandes catégories de
méthodes d'échantillonnage :
- Les méthodes probabilistes qui consistent à
tirer au sort l'échantillon dans la population à étudier
en donnant à chaque élément de celle-ci une
probabilité connue, non nulle d'être sélectionné.
Parmi ces méthodes, les plus connues sont le sondage aléatoire,
le sondage en grappes, le sondage à plusieurs degrés et le
sondage stratifié.
- Les méthodes empiriques qui reposent sur un choix
raisonné d'individus de la population en respectant des règles
concernant soit les caractéristiques des individus (méthode des
quotas), soit les lieux et les moments d'enquête (méthode des
itinéraires, méthode d'échantillonnage sur place).
Nous avons retenu après l'exploration de toutes ces
méthodes, pour la construction de notre échantillon, la
méthode d'échantillonnage probabiliste et plus
spécifiquement le sondage aléatoire simple ou au hasard29(*) à partir de notre base
de sondage30(*). Cette
méthode a été appliquée de la manière
suivante :
- Du fait que tous les clients des EMF n'effectuent pas leur
opération au même moment, nous ne pouvions que recourir à
la méthode aléatoire selon que le client se présente dans
son EMF pour une opération quelconque (crédit, épargne,
autres...). Ainsi, nous avons interrogé 35 clients dont 27 se sont
révélés fidèles selon les critères de
fidélisation que nous allons présenter au chapitre III (section
I).
- Afin d'obtenir les informations sur les clients puisque nous
traitons de l'influence de la nature de la clientèle sur la performance
de l'EMF, nous avons interrogé des responsables des EMF (DG et Cadres)
que nous avons trouvé sur place. Certains questionnaires ont
été déposés auprès des secrétaires
pour acheminement chez le DG. A la fin, sur 30 DG et 7 cadres
interrogés, nous avons répertorié 27 questionnaires
exploitables, 6 rejets à cause de multiples biais dû au
remplissage des questionnaires et 4 non-retours.
En définitive, notre échantillon est
constitué de 27 EMF de la ville de Yaoundé
B. Instruments de collecte de données
Les données sont collectées par
l'administration d'un questionnaire et la réalisation des entrevues avec
certains experts de la microfinance.
i) Questionnaire
Le questionnaire est un ensemble de questions formulées
et mis sur papier par le chercheur dans le but d'obtenir des informations sur
le sujet.
L'enquête par questionnaire consiste à poser
à un ensemble de répondants le plus souvent représentatif
d'une population, une série de questions relatives aux informations
recherchées.
C'est un outil de collecte de données qui permet de
traiter des grands échantillons à travers la vérification
des hypothèses théoriques et des tests statistiques que
nécessitent ces hypothèses.
En ce qui concerne l'administration du questionnaire, deux
méthodes sont à distinguer :
L'«administration indirecte» lorsque
l'enquêteur complète personnellement à partir des
réponses qui lui sont fournies par le répondant.
L'«administration directe» lorsque le
répondant remplit personnellement (Ambroise G, 1996).
Dans notre recherche, le questionnaire a été
distribué par l'enquêteur et l'administration a été
faite aussi bien de façon indirecte que directe, selon la
disponibilité des répondants.
Nous avons élaboré deux questionnaires dont un
pour les dirigeants et l'autre pour les clients.
Le résumé de notre questionnaire (voir annexe 1)
peut se présenter de la manière suivante (tableau 4 et
5) :
Tableau 4 (Questionnaire 1) : Codifications et
contenus des questions destinées aux dirigeants d'EMF
Codification des questions par partie
|
Contenu des questions
|
I
|
De 1 à 4
|
Caractéristiques de l'EMF
|
II
|
De 5 à 15
|
Relation clients externes-EMF et performance
|
De 16 à 19
|
Relation client/associés-EMF et performance
|
III
|
De 20 à 23
|
Indicateurs de performance
|
Source : Auteur
Tableau 5 (Questionnaire 2) : Codifications et
contenu des questions destinées aux clients d'EMF
Codification des questions
|
Contenus des questions
|
I
|
Identification du client
|
II
|
Fidélisation du client
|
Source : Auteur
Pendant l'administration du questionnaire nous avons eu le
privilège d'avoir des entrevues avec certains dirigeants disponibles.
ii) Entrevue
L'entrevue est un entretien de tête à tête
avec une personne notamment les dirigeants qui ont bien voulus nous donner de
leur temps.
Les entrevues ont été relativement peu
structurées surtout lors des premières entrevues au sein de
chaque organisation afin de permettre aux personnes interrogées
d'utiliser leur propre terminologie, leur propre signification. Afin de garder
en mémoire les thèmes principaux qui devaient être couverts
lors de l'entrevue, nous avions établi un guide d'entretiens très
général. Par la suite, ce guide a été plus
détaillé. Il a pris la forme de « check-lists »
comprenant des questions plus précises, regroupées par
thème afin de relancer si nécessaire le répondant sur
l'une ou l'autre de ces questions. Ce guide présentait des variantes
selon la fonction exercée par les différentes personnes
interrogées au sein de l'organisation (employés, dirigeants et
membres du conseil d'administration, principalement). Une autre façon
était d'interroger l'informateur sur les raisons de l'existence de
l'organisation. En effet, la comparaison de la performance des institutions de
microfinance ne peut être établie selon nous que dans la mesure
où la mission31(*)
poursuivie est la même. Ces guides ont été constamment
adaptés au cours du processus d'évolution de notre recherche.
Cette façon de procéder est propre au processus de construction
d'une théorie à partir de données qualitatives. En effet,
comme nous le verrons dans la section suivante consacrée à
l'interprétation des données, au fur et à mesure
qu'émergent de nouvelles propositions théoriques, il convient de
les vérifier jusqu'à arriver à cerner de façon de
plus en plus précise le phénomène à étudier.
Lors des entrevues, nous nous sommes efforcés de
maintenir à tout moment une ambiance la plus conviviale possible afin de
gagner la confiance de l'interlocuteur et de lui laisser la possibilité
d'explorer des sujets imprévus. Le choix des personnes
interrogées fut guidé essentiellement par le profil de la
personne (un analyste-crédit, un dirigeant, un membre du conseil
d'administration, etc.) et, dans une moindre mesure, sur base des
recommandations des personnes interrogée.
C'est à travers ces questionnaires et entrevues que
nous avons pu spécifier nos variables en référence
à ceux des travaux antérieurs.
II-1-2. Variables d'étude
Une variable peut être définie comme
une donnée constitutive changeante selon les cas.
|
Dans le cadre de notre travail, nous avons des variables
indépendantes et dépendantes.
II-1-2-1. Variables indépendantes
Ceux sont celles manipulé par le chercheur dans le but
d'identifier les effets sur les sujets. Pour cette partie du travail, la
variable indépendante concerne la nature de la clientèle et plus
particulièrement le client/associé d'après les travaux de
Lapenu(2002). Nous avons donc un tableau qui nous donne la répartition
des EMF de l'échantillon selon l'existence ou non de
client/associés en son sein :
Tableau 5 : Existence des clients associés
à l'EMF
20
74,1
74,1
74,1
7
25,9
25,9
100,0
27
100,0
100,0
Oui
Non
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
Parmi les 27 EMF enquêtés, 25,9% soit 7 d'entre
eux n'ont pas de client/associés.
En effet, certains associés ne sont attachés
à l'EMF qu'à cause de leur participation dans le capital et/ou
à la gestion de celui-ci et ne sont pas dans ce cas
considérés comme des clients mais plutôt comme des
créanciers partageant le risque résiduel.
II-1-2-1-1. Justification de la variable
D'après les travaux de Lapenu(2002), l'octroi de
pouvoir de décisions aux clients permet à l'entreprise
d'être performante et cette performance engage plus le client s'il est
associé. C'est le statut particulier de ce partenaire des EMF à
double casquette qui est au centre de cette partie de l'étude puisque
lorsqu'il jouit des prérogatives de participation aux décisions
de l'EMF et est client en même temps. IL doit donc de ce fait être
de par sa nature, un indice majeur dans la réalisation de l'objectif de
performance de l'EMF. C'est d'ailleurs ce que notre hypothèse tente de
démontrer dans le cas du Cameroun.
II-1-2-1-2. Mesure de la variable
Cette variable sera mesure par le pourcentage de
client/associés présent dans les EMF de notre échantillon
par rapport à leur nombre total de clients. Le tableau suivant nous
donne les statistiques :
Tableau 6 : Pourcentage des clients associés
par rapport au nombre total des clients
12
44,4
57,1
57,1
7
25,9
33,3
90,5
2
7,4
9,5
100,0
21
77,8
100,0
6
22,2
27
100,0
0,08 à 4 %
4 à 8 %
8 % et plus
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : nos travaux
La proportion des client/associés dans ces EMF varie de
0,08% à plus de 8% et ces client/associés n'existent pas dans
tous les EMF enquêtés.
Qu'en est -il des variables dépendantes ?
II-1-2-2. Variables dépendantes
Elles correspondent essentiellement à l'effet
observé suite à la manipulation de la variable
indépendante.
Notre variable dépendante étant la performance,
nous allons essayer de définir cette notion avant de préciser les
indicateurs.
Pour MicroRate & Inter American Development Bank (2003)
les principaux indicateurs de performance pour les EMF sont la qualité
du portefeuille, la rentabilité, l'efficacité et la gestion
financière.
Pour Lapenu(2002), dans le sens de la gestion, La performance
est la capacité pour l'EMF de prévenir ou de surmonter les
crises32(*)
Pour Marmuse(1997)33(*), l'atteinte des objectifs de l'entreprise est un
indicateur de performance acceptable dans la mesure où les objectifs
sont définis de manière volontaire.
L'indicateur retenu ici est donc la qualité du
portefeuille qui se mesure à travers l'analyse du portefeuille à
risque.
II-1-2-2-1. Justification du choix de la variable
La source de risque la plus importante pour une institution
financière réside dans son portefeuille de crédits. Non
seulement le portefeuille de crédits est et de loin l'actif le plus
important pour un EMF, mais en outre, la qualité de cet actif et donc le
risque qu'il pose pour l'institution. Pour les EMF, dont les crédits,
typiquement, ne sont pas couverts par des garanties facilement
réalisables, la qualité du portefeuille est absolument
cruciale.
II-1-2-2-2. Mesure de la variable
La mesure la plus couramment utilisée pour la
qualité du portefeuille dans l'industrie de la microfinance est le
portefeuille à risque (PaR), qui mesure en fait la partie du
portefeuille qui est « contaminée » par les
impayés, en pourcentage du portefeuille totale. Il est facilement
compréhensible, ne sous-estime pas le risque, et est comparable entre
institutions. Un microcrédit est généralement
considéré comme étant en situation de risque, s'il
présente un retard de paiement de plus de 30 jours.
Le portefeuille à risque (PaR) se calcule en divisant
l'encours de tous les crédits présentant des
arriérés de paiement excédant 30 jours, plus l'encours des
crédits rééchelonnés (restructurés)34(*), par l'encours du portefeuille
de crédits arrêté à une date.
Pour l'analyse du portefeuille à risque, il faut
surveiller certains points notamment l'ensemble des crédits en retard au
lieu des arriérés (les échéances en retard de
paiement), la pratique de restructuration et de rémunération des
prêts, et la fréquence de remboursement des prêts.
C'est ce dernier point qui est notre indicateur de performance
retenu et donc notre variable dépendante définitive.
II-1-3. Méthode statistique utilisée
Avant de définir la méthode statistique
utilisée, nous allons d'abord rappeler notre hypothèse
d'étude pour déboucher sur la règle de décision.
II-1-3-1. Enonciation de l'hypothèse
Les hypothèses correspondent, en partie, à une
intuition. Elles sont des propositions de réponse aux questions que le
chercheur se pose. Les hypothèses sont forcément provisoires.
Elles guident le travail du chercheur. Mais au final, soit le chercheur est en
mesure de les valider par des faits et elles deviennent définitives,
soit elles ne peuvent pas être validées et, dans ce cas, elles
doivent être abandonnées.
L'hypothèse à tester est :
H1 : La nature de la clientèle
influence positivement la qualité de portefeuille de l'EMF. En
effet, Lapenu (2002), constate que l'octroi de pouvoir de
décisions aux clients peut permettre à l'EMF d'atteindre la
performance ; cela permet de prévenir ou de surmonter les crises,
engage plus le client s`il est associé.
II-1-3-2. Définition de la méthode
statistique
Nous avons choisi pour notre étude les tests non
paramétriques et plus spécifiquement le test de
corrélation de Kendall à cause de la petite taille de notre
échantillon (inférieur à 30).
Les tests non paramétriques portent sur des
statistiques (des fonctions) à partir des observations et qui ne
dépendent pas de la distribution de la population correspondante. La
validité des tests non paramétriques dépend des conditions
très générales beaucoup moins contraignantes que celles
requises pour la mise en oeuvre des tests paramétriques.
Les tests non paramétriques présentent plusieurs
avantages (Ceresa, 1986) :
o Ils sont applicables aux petits échantillons
o Ils sont applicables à divers types de données
(nominales, ordinales, d'intervalles, ratios)
o Ils sont applicables des données incomplètes ou
imprécises
Le test non paramétrique peut se faire sur une variable
dans plusieurs échantillons ou sur plusieurs variables dans un
échantillon ou des échantillons appariés35(*).
Comparaison de deux variables X et Y mesurées sur
deux échantillons appariés : test de corrélation des
rangs Kendall.
La question de recherche est : deux variables X et Y
mesurables sur deux échantillons appariés sont
indépendants ?
i. Conditions d'applications
o Les deux échantillons sont aléatoires et
appariés
o Les paires d'observation sont indépendantes
o Les variables X et Y sont au moins ordinales (nos variables
ici sont nominales).
ii. Hypothèses
L'hypothèse nulle à éprouver est :
H0 : les deux variables sont indépendantes
L'hypothèse alternative est H1 : les
deux variables sont dépendantes
iii. Statistique calculée et interprétation du
test
Soient deux variables (X, Y) observées sur un
échantillon de taille n comprenant n paires d'observation
(X1, Y1), (X2, Y2)............
(Xn, Yn). On peut obtenir une indication de la
corrélation entre les variables X et Y en classant les valeurs
Xi par ordre croissant et en comptant le nombre de valeurs Yi
correspondantes ne satisfaisant pas cet ordre. Classer les valeurs
Xi par ordre croissant signifie que Xi est
inférieur à Xj pour tout i inférieur à
j. Soit R le nombre de paires (Xi, Yi) telles que, si i
inférieur à j, on ait simultanément
Xi<Xj (ce qui va de soi du fait du classement par
ordre croissant des Xi et Yi.
La statistique calculée est :
S = 2 R - n (n-1)/ 2.
II-1-3-3. Règle de décision
On compare la statistique S à des valeurs critiques
S& disponible dans une table. La règle de décision
est la suivante :
On rejette H0 si S>S& ; en
cas de rejet de H0, le signe de S indique le sens de la
dépendance. Lorsque n est suffisamment grand (n>15), S' = S + 1 / vn
(n +1) (2n + 5) /18 tend vers la loi normale centrée réduite et
on peut l'utiliser en association avec les règles de la loi normale pour
prendre les décisions de rejet ou de non- rejet.
II-2. Analyse et Interprétation des
résultats
Cette section s'atèle à exposer les principaux
résultats et à ressortir quelques enseignements
managériaux.
II-2-1. Exposé des principaux
résultats
Le choix du client est une étape importante pour une
entreprise qui veut croitre. En effet, elle doit pouvoir détecter ou
approprier le bon client. Cette situation est encore plus pointue dans les EMF
de la 2ème catégorie puisqu'ils collectent
l'épargne au public et la distribuent aux tiers sous forme de
crédit. Ils doivent donc être à mesure de détecter
le bon ou le mauvais débiteur pour espérer atteindre la
performance de remboursement. C'est ce que la littérature
antérieure a appelé la qualité de portefeuille
désignant ainsi le nombre de clients actifs d'un EMF.
En effet, les travaux empiriques36(*)ont démontré que
la qualité du portefeuille est un indicateur de performance pour les
EMF. De ce fait, nous avons donc estimé que, de par le fait que ce sont
les clients qui constituent la qualité de portefeuille, la nature de
cette clientèle est déterminante pour une bonne qualité de
portefeuille.
En établissant le lien entre la nature de la
clientèle et la qualité du portefeuille, nous avons mis en
exergue quelques statistiques concernant le client/associé puisque c'est
lui qui nous intéresse ici à cause de son statut différent
de celui des autres clients et par le fait que selon Lapenu(2002), l'octroi de
pouvoir de décision au client permet à l'EMF d'atteindre la
performance et l'engage plus s'il est associé.
Pour tester notre hypothèse sus évoquée,
nous avons mis en exergue la propension des client/associés à
rembourser leur crédit puisque si l'EMF atteint la performance de
remboursement, le PaR sera nul et par conséquent, la qualité du
portefeuille sera bonne.
Les tableaux suivants nous donnent les statistiques
concernant les pourcentages de PaR, de client/associés par rapport au
nombre total de clients et de propension à rembourser leur crédit
des EMF de notre base de sondage :
Tableau 7 : Pourcentage des clients
associés par rapport au nombre total des clients
12
44,4
57,1
57,1
7
25,9
33,3
90,5
2
7,4
9,5
100,0
21
77,8
100,0
6
22,2
27
100,0
0,08 à 4 %
4 à 8 %
8 % et plus
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
Tableau 8 : Pourcentage du porte feuille à
risque par rapport au nombre de clients actifs
8
29,6
38,1
38,1
3
11,1
14,3
52,4
2
7,4
9,5
61,9
1
3,7
4,8
66,7
7
25,9
33,3
100,0
21
77,8
100,0
6
22,2
27
100,0
0 à 5 %
5 à 10 %
10 à 15 %
15 à 20 %
20% et plus
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
Tableau 9 : Propension des clients
associés à rembourser leurs crédits
9
33,3
34,6
34,6
12
44,4
46,2
80,8
5
18,5
19,2
100,0
26
96,3
100,0
1
3,7
27
100,0
Elévé
moyenne
Faible
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Auteur
Il ressort du 1er tableau que malgré
l'inexistence des client/associés dans tous les EMF (21
sur 26 EMF), les proportions sont assez variées (de 0,08 à plus
de 8%). Il faut noter ici que tous ces client/associés ne participent
pas au conseil d'administration puisque selon les textes des EMF, 9 personnes
seulement y participent. Ce qui fait que parmi eux, l'EMF fait une
sélection jusqu'à concurrence de 9 personnes y compris certains
dirigeants non propriétaires (Directeur Général et
autres).
A la lecture du 2ème tableau, nous
remarquons que le PaR dépasse les 20% dans certains EMF au Cameroun.
Cette situation témoigne du très grand risque de
non-remboursement que courent les EMF malgré la propension d'une
catégorie de la clientèle (client/associés) à
rembourser. Cette situation est encore plus préoccupante quand nous
savons qu'en générale, tout portefeuille à risque (PaR30)
excédent 10% doit être préoccupant, car à
l'opposé des crédits commerciaux, la plupart des
microcrédits ne sont pas couverts par des garanties facilement
réalisables telles que des titres, du matériel.
En effet, cette propension se situe dans la moyenne pour 12
EMF soit 44,4% des EMF de la base de sondage, 33,3% d'entre eux ayant des
client/associés avec une propension élevée à
rembourser leur crédit et 18,5% ayant des client/associés qui
remboursent mais faiblement.
Pour déterminer le lien qui existe entre la nature de
la clientèle et la performance de l'EMF, il est nécessaire de
mettre en exergue les statistiques décrivant des relations qui existent
entre la propension des client/associés à rembourser leur
crédit (variable de performance par référence à la
qualité du portefeuille) et le pourcentage de client/associés par
rapport au nombre total de clients. Le tableau croisé ci-dessous en
donne une illustration :
Source : nos travaux
Il ressort de ce tableau les analyses ci-après :
o Parmi les 12 EMF ayant un pourcentage de
client/associés situé dans l'intervalle [0,08 à 4% [,
66,7% de ces clients ont une propension élevée à
rembourser leurs crédits, tandis que 33,3% d'entre eux ont une
propension moyenne et aucun dans la faible propension.
o Pour les EMF ayant un pourcentage de client/associés
un peu plus grand ]4 à 8%], 57,69% d'entre eux ont une propension faible
au remboursement contre 28,6% de cette même catégorie de
clientèle pour une propension élevée, le reste (14,3%)
pour la moyenne.
o Parmi les 7 EMF ayant plus de 8% de client/associés
par rapport au nombre total de clients, il existe une égalité
parfaite entre la propension élevée (50%) et la propension faible
à rembourser (50%).
o Une analyse comparative montre que le plus grand pourcentage
(82,4%) de client/associés a une propension élevée
à rembourser le crédit, alors que 28,6% d'entre eux ont une
propension moyenne et le reste (19%) la propension faible. Nous constatons donc
que le niveau de remboursement de crédit des client/associés dans
les EMF au Cameroun est suffisamment élevé, ce qui confirme notre
hypothèse parceque malgré le pourcentage de PaR suffisamment
élevé dans ces EMF, les client/associés remboursent
toujours leurs crédits même s'il existe quelques propensions
faibles. C'est cette performance de remboursement qui permet à l'EMF
d'être pérenne.
Le tableau ci-dessous nous permet de mesurer le degré
de corrélation entre le pourcentage de client/associés par
rapport au nombre total de clients et la propension de ces
client/associés à rembourser.
Tableau 11 : Correlations
1,000
,352
*
,
,044
26
21
,352
*
1,000
,044
,
21
21
Correlation Coefficient
Sig. (1-tailed)
N
Correlation Coefficient
Sig. (1-tailed)
N
Propension des clients
associés à rembourser
leurs crédits
Pourcentage des clients
associés par rapport au
nombre total des clients
Kendall's tau_b
Propension des
client/associés
à rembourser
leurs crédits
Pourcentage des
client/associés
par rapport au
nombre total
des clients
Correlation is significant at the .05 level (1-tailed).
*.
Source : Nos travaux
A la lecture de ce tableau, on note que la propension des
client/associés à rembourser leurs crédits a une influence
positive et significative au seuil de 5% sur le pourcentage de
client/associés. Nous pouvons donc dire sans risque de nous tromper que
le client/associé a une influence positive et significative sur la
performance de remboursement de l'EMF.
Il se dégage des résultats
précédents quelques enseignements.
II-2-2. Quelques enseignements managériaux
Ils concernent particulièrement le
client/associé. :
1. La place prépondérante du
client/associé dans la vie de l'EMF n'est plus un doute. En effet,
hormis le fait qu'il apporte sa propriété (ses actions) pour la
création de l'EMF, il demeure un client fidèle et
rentable37(*) pour ce
dernier. Fidèle de par sa présence dans l'EMF et rentable de par
sa performance de remboursement. Le client/associé aide ainsi l'EMF
à réaliser son rêve qui est celui de l'atteinte de la
performance de remboursement.
2. Le client/associé est aussi un actif
spécifique pour l'EMF Camerounais dans la mesure où il apporte
son savoir faire à la pérennité de l'EMF du fait de sa
participation au conseil d'administration et par conséquent à la
prise de décision.
Pendant que certains penchent pour une perte de la
performance du fait de l'octroi de pouvoir de décision à cause
des coûts engendrés par la relation d'agence 38(*)(Jensen et Meckling, 1976),
d'autres par contre pensent que l'octroi de pouvoir de décision aux
clients est un stimulus pour la performance, surtout s'ils sont associés
(Lapenu, 2002).
Au-delà de ces spéculations, le
client/associé reste la poutre maitresse pour la pérennité
de l'entreprise ne serait-ce que de par sa participation au capital et à
la gestion de celle-ci. Ils sont encore plus importants pour les EMF
parcequ'ils contribuent à leur performance de remboursement et c'est
pour cette dernière raison que les EMF Camerounais doivent leur accorer
une attention particulière.
Au terme de cette partie, nous pouvons dire que le
client/associé est une bonne clientèle pour les EMF au Cameroun
dans la mesure où il contribue positivement et significativement
à leur performance de remboursement. Après avoir adopté le
seuil de signification de 5%, les résultats obtenus corroborent ceux de
Lapenu(2002), à savoir que l'octroi de pouvoir de décision au
client améliore la rentabilité de l'entreprise, l'engage plus
s'il est associé.
DEUXIEME PARTIE
:
FIDELISATION DE LA CLIENTELE ET PERFORMANCE DE
L'EMF
L'économie actuelle oblige les entreprises à se
positionner de manière précise par rapport à leurs
clients. On rencontre cela dans toutes les entreprises qui souhaitent
développer leurs relations avec leur clientèle. Aujourd'hui, les
banques ont un rôle essentiel pour les entreprises mais également
dans le développement du pays puisqu'elles ont une influence sur les
investissements et donc sur la Croissance. Cependant le rôle qu'elle joue
est également important pour les clients particuliers. En effet, dans le
contexte actuel des choses les banques ont des difficultés à
lutter contre la multi bancarisation. C'est pourquoi il existe dans le monde
les banques et les Etablissements de Microfinance(EMF) adoptant chacun des
stratégies relationnelles assez différentes du fait de la
particularité de la clientèle et opérant sur un
marché très concurrentiel. En effet, la clientèle des EMF
se trouve parmi les populations en marge de la bancarisation classique et
ayant des microactivités. Ce qui fait qu'il est difficile de
résoudre tous les problèmes liés aux risques de
crédit à cause du manque de garanties dues à cette tranche
pauvre de la population. Ainsi, il est essentiel pour les EMF de
développer leur relation de fidélisation avec leur
clientèle afin de minimiser ces risques et être rentable. En
effet, du fait de la mondialisation et du progrès technologique, le
client est devenu plus exigeant dans ses préférences posant ainsi
un véritable problème aux entreprises qui ne vivent que d'eux.
Situation aussi présente dans le secteur bancaire. C'est pourquoi il est
important pour un EMF de fidéliser sa clientèle quelque soit le
prix à payer. De nombreux travaux réalisés à
travers le monde montent en effet que la fidélité des clients
affecte directement la rentabilité des activités de service et
augmente la valeur de l'entreprise (Rei C., 1996, Zeithaml R.
& Lemon, 2000)39(*).
Dans cette partie, nous verrons d'abord les fondements théoriques de la
notion de fidélisation de la clientèle et son impact sur la
rentabilité dans la littérature scientifique (chapitre I) et
ensuite nous discuterons les résultats dans le cadre du relationnel
bancaire au Cameroun (chapitre II).
CHAPITRE III
Fondements théoriques du lien entre la notion
de fidélisation de la clientèle et la performance dans la
littérature scientifique
N'Goala (2005), rapporte le système de
fidélisation « à la défense des parts de
marché et à la mise en oeuvre de stratégies relationnelles
et défensives. Cela se manifeste par la multiplication des programmes de
fidélisation, le management de la qualité des biens et des
services, l'adoption de solutions de CRM (Customer Relationship Management) et
la gestion des réclamations ». Pour Nouira (2006),
«la fidélisation n'est que la caractéristique d'une
stratégie marketing, conçue et mise en place dans le but de
rendre les consommateurs fidèles au produit, services, à la
marque et/ou au point de vente. Elle doit également permettre un
meilleur contrôle de l'activité de l'entreprise concernée
et à terme une meilleure rentabilité de cette activité
». Il faut noter ici que la fidélisation se distingue de la
fidélité. Pour la fidélisation, NETTER et HILL ont
défini selon N'Goala(2005) différents niveaux de
fidélisation en fonction des degrés d'attachement positif
à l'entreprise40(*) :
Tableau 12 : Niveaux de fidélisation en
fonction des degrés d'attachement positif à
l'entreprise
Différents degrés
d'attachement positif
|
Niveaux de fidélisation
|
Suspects
|
Soit ne connaissant pas notre offre produit, soit n'ont pas
l'envie d'y souscrire.
|
Prospects
|
Clients potentiels attirés par l'entreprise mais n'ont
pas encore franchi le pas.
|
Acheteurs
|
Aucune affinité à l'entreprise.
|
Clients
|
Achats à répétition avec attachement
à l'entreprise.
|
Avocats
|
Ceux qui soutiennent l'entreprise et la recommandent.
|
Partenaires
|
Relation la plus forte car il existe un intérêt
mutuel.
|
Source : N'goala (2005)
Tableau 13 : Les différents types de
fidélité selon HILL
Les différents types de fidélité selon
HILL sont répertoriés dans le tableau ci-dessous
Type de fidélité
|
Exemple
|
Degré d'allégeance
|
Fidélité à un monopole
|
Abonnés chemins de fer
|
Faible
|
Fidélité par peur d'un coût de
changement
|
Software financier
|
Moyen
|
Fidélité aux travers d'incitation
|
Programmes de fidélisation
|
Faible à moyen
|
Fidélité par habitude
|
Pompe à essence
|
Faible
|
Fidélité par attachement
|
Club de football
|
Fort
|
Source : N'goala (2005)
Selon N'Goala (2005), la fidélisation se
décline sous deux approches bien définies. Nous pouvons traiter
de la fidélisation par une approche behaviouriste ou par une approche
cognitiviste.
v L'approche behaviouriste réside dans le fait que les
clients effectuent des achats répétés en faveur de la
même marque. N'GOALA construit ses propos à travers une
étude réalisée par DICK et BASSU en 1994. Pour eux, la
fidélité se définie en effet comme « la
relation entre le choix répété et l'attitude
relative ». La véritable fidélisation désigne
alors un comportement de réachat fondé sur une
préférence envers la marque. De leur analyse découle une
typologie de la fidélité à la marque :
Tableau 14 : typologie de la
fidélité à la marque
|
|
Achats répétés
|
|
|
|
Elevés
|
Faible
|
Attitudes
|
Elevé
|
Fidélité véritable
|
Fidélité Latente
|
Relatives
|
Faible
|
Fausse Fidélité
|
Infidélité
|
Sources : « Décisions Marketing
N°13 : Etat de fidélité et relation de
fidélité. J.L. MOULINS. P.67 à 73. Actes du Congrès
International de l'AFM 2003. «
v L'approche cognitiviste consiste quant à elle
à avoir une attitude qui précède l'achat. En effet, les
consommateurs vont se positionner positivement ou négativement par
rapport à la marque. On voit apparaître ce phénomène
des lors que le consommateur est en transaction pour un achat important. Des
lors que nous sommes dans un établissement qui gère notre argent,
les consommateurs ont quasi systématiquement une approche cognitiviste.
C'est pourquoi les EMF se doivent de paraître positif par rapport
à leurs clients. Il est important pour le type de clientèle
étudié de donner une bonne image de l'établissement
bancaire.
On peut distinguer dans la fidélisation deux formes
qui sont les suivantes.
o Fidélisation induite : lorsque le choix du
consommateur client se limite à continuer d'acheter ou de jouir le
même produit et ou service.
o Fidélisation recherchée réunit
l'ensemble des éléments visant à séduire le
consommateur en toute liberté jusqu'à sa parfaite
fidélisation.
En milieu bancaire, la fidélisation est à la
fois induite et recherchée. Elle est induite quand le client est
lié à sa banque par un contrat. Le lien contractuel est
prévu pour s'étendre sur plusieurs mois voire plusieurs
années. La fidélité est induite du simple fait qu'une
rupture du contrat engendrerait des pénalités financières
pour le client (Nouira, 2006). Il est donc important pour chaque EMF de mettre
en place des stratégies de fidélisation lui permettant de se
rentabiliser. Ces dernières étant définies comme des
systèmes établis afin de conserver un client le plus longtemps
possible. Ce système peut varier en fonction des EMF. Mais des lors
qu'on s'investit et qu'on essaye de mettre en place une stratégie de
fidélisation, un tel système se doit d'être
opérationnel. La notion de temps correspond à la notion de
rentabilité du client. C'est dans une optique de rentabilité
qu'une stratégie de fidélisation est mise en place. Il faut faire
le relationnel entre la fidélisation et la satisfaction. En effet, la
satisfaction est liée à la fidélisation
inévitablement. Pour mieux étayer la notion de relationnel
bancaire, il importe de passer en revue l'approche relationnelle (section I)
pour finir par l'enjeu de la fidélisation pour la performance des EMF
(section II).
III-1. Approche relationnelle comme base d'une
fidélisation efficace pour l'entreprise
Il ressort des travaux de Letaifa, Kalika, Perrien, (2006),
que, depuis les années 80, les chercheurs parlent de plus en plus d'une
ère de focalisation sur la rétention du client (Sheth, 2002). Le
marketing relationnel est d'ailleurs né des prémices que «
garder un client est plus rentable que d'en attirer un nouveau » (Perrien,
Filiatrault et Ricard, 1993). Il a émergé suite au
délaissement, par certains, de la logique d'acquisition de la
clientèle au profit d'une nouvelle logique de rétention (Sheth,
2002). Cette logique a aussi vu émerger certains concepts comme la
gestion de la clientèle mieux connue sous l'appellation de
«Customer Relationship Management» ou CRM (Sheth, 2002 ; Mitussis et
O'Malley, 2004). Afin d'expliquer l'intérêt et les implications de
cette approche pour le secteur bancaire, une revue de littérature sur
l'approche relationnelle présentera sa définition, ses
déterminants, son rôle et les conditions organisationnelles et
technologiques préalables (contraintes).
III-1-1. Marketing relationnel et impact sur la
rentabilité d'une entreprise
Il nous revient ici de définir le
marketing relationnel et de relever ses déterminants.
II-1-1-1. Définition et principes de base
La première définition du marketing relationnel
stipule que « le marketing relationnel consiste à attirer,
maintenir et améliorer les relations avec les clients »
(Berry, 1983)41(*). Selon
certains auteurs, il n'existe pas de définition communément
admise du concept de « marketing relationnel » (Bejou, 1997 ; Ewans
et Laskin, 1994). Le marketing relationnel s'adapterait à des cadres
théoriques et à des contextes différents. Bien que ces
définitions présentent quelques différences, la plupart de
ces dernières convergent sur les notions suivantes : la création
de la relation, son développement et le maintien de celle-ci.
III-1-1-2. Déterminants du marketing
relationnel
Il est aussi possible d'appréhender l'approche
relationnelle à partir de ses déterminants. Parmi les plus
influents, sont cités : la confiance (Berry, 1995 ; Valla, 1995 ;
Eiglier, Langeard et Mathieu, 1997 ; Gatfaoui, 2001), l'engagement mutuel
(Morgan et Hunt, 1994 ; Perrien et Ricard, 1994), l'expérience, la
connaissance du client, la compréhension, bénéfices
mutuels (Ricard et Perrien, 1999) et la satisfaction (Crosby et Johnson, 2002).
Donc, une approche relationnelle peut être vue comme une
stratégie gagnant-gagnant orientée vers le client désireux
de s'engager dans une relation d'échange. Elle repose sur des
interactions continues et personnalisées qui permettent la
création de liens sociaux entre l'entreprise et le client (Benamour et
Prime, 2000).
Vu la diversité de ces déterminants nous
n'exposerons ici que les plus pertinents.
A. Confiance comme base de la relation
EMF-Client
Avoir confiance en une personne c'est
avoir foi en l'intégrité personnelle, c'est croire en une
personne en sa crédibilité. Cette confiance est essentielle pour
entreprendre et réussir une action que ce soit pour la personne qui
l'entreprend ou pour qui l'action est entreprise. La confiance est encore plus
pointue en milieu bancaire dans la mesure où les parties au contrat
(prêteurs, emprunteurs et épargnants) se remettent l'un à
l'autre leur argent nonobstant tous les risques encourus42(*).
Plusieurs auteurs identifient la confiance comme un facteur
critique dans le développement d'une relation entre une banque et un
client (Day, 1985; Perrien, Filiatrault et Ricard, 1993; Berry, 1995). Moorman,
Zaltman et Deshpandé (1992) définissent la confiance comme la
volonté de dépendre d'un partenaire en qui on croit. Les
résultats des études de Crosby, Evans et Cowles (1990) et de
Zineldin (1995) indiquent que le degré de confiance des entreprises
envers leurs banques influence directement leur niveau de
fidélité. Frazier et Raymond (1991) soulignent que la confiance
provient notamment d'une saine gestion des conflits. Ces auteurs soutiennent
que peu de conflits doivent se présenter entre les partenaires, sans
quoi la durée de la relation peut être compromise.
La confiance induit la satisfaction.
B. Satisfaction du client pour une performance de
l'EMF
La satisfaction est une variable déterminante au
même titre que la confiance dans le développement d'une relation
à long terme (Crosby, Evans et Cowles, 1990). Oliver (1993)
définit la satisfaction comme une évaluation a posteriori d'un
achat que le consommateur effectue. Cette évaluation se fonde
normalement sur plusieurs critères importants aux yeux du consommateur
(ex. : les conditions de crédit de l'institution
financière43(*), le
service à la clientèle, etc.). La satisfaction est donc un
sentiment ou état de plaisir et de contentement. C'est ainsi que nous
pouvons déterminer l'indice de satisfaction clientèle d'une
société.
C. Fréquence des contacts
La fréquence des contacts entre l'EMF et son client
commercial risque d'influencer la qualité et la durée de leur
relation. Plus la fréquence des contacts est élevée (dans
une certaine mesure), plus le client est susceptible de demeurer avec sa banque
car les intervenants ont la possibilité de développer une
relation stable (Berry, 1983). Otis (1990) identifie également la
fréquence des contacts comme un facteur-clé de succès pour
assurer la fidélité des entreprises auprès des banques. En
effet, plus l'agent de crédit multiplie les rendez-vous avec les
clients, plus il a les informations sur leurs portefeuilles tandis que les
clients exposent leurs préférences. La fréquence de
contact permet donc de mieux maitriser son client.
Schéma 3 : Les déterminants de la
fidélité des clients commerciaux envers leurs banques
Le client et son entreprise
· Âge et sexe du principal décideur
· Nombre d employés dans l'entreprise
· Revenus de l'entreprise
· Complexité des besoins financiers
· Santé financière de l entreprise
· Sensibilité à une approche relationnelle
Coûts de transfert
Fidélité des clients
Commerciaux envers leurs banques
La banque et ses directeurs de comptes
· Culture relationnelle
· Stabilité des directeurs de comptes
· Qualité de la communication
· Cohérence entre les paroles et les actions des
dirigeants
· Niveau concurrentiel
· Expertise du directeur de comptes
· Niveau de connaissance du client
La relation banque-client
· Confiance
· Présence de conflits
· Satisfaction
· Pouvoir relatif
· Fréquence des contacts
Source : Jasmin
Bergeron, Line Ricard, Jean Perrien dans « Les déterminants de
la fidélité des clients commerciaux dans l industrie bancaire
canadienne »
III-1-2. Conditions préalables à une
fidélisation de la clientèle et liens avec la
performance
L'efficacité d'une approche relationnelle dépend
de plusieurs facteurs : la culture client et le changement organisationnel
Les prochains paragraphes présenteront les principaux.
II-1-2-1. Culture client
Selon Letaifa, Kalika, Perrien, (2006), la banque doit
d'abord veiller à la mise en place d'une culture client,
l'élaboration d'un climat de confiance et l'existence de
mécanismes favorisant une meilleure connaissance du client (Perrien,
Filiatrault et Ricard, 1993 ; Ricard et Perrien, 1999). Cette transformation de
la vision de l'entreprise autour de nouvelles valeurs va nécessiter le
délaissement d'une logique centrée sur chacun des clients
plutôt que sur chacune des transactions. C'est la connaissance du client
qui prime ici. Au delà de satisfaire le client à la base de la
relation, il s'agit de cibler la construction d'un véritable partenariat
gagnant-gagnant (Lejeune, Préfontaine et Ricard, 2001). Finalement,
Dunkelberg et Scott (1984) affirment que le directeur de comptes doit
posséder une bonne connaissance du client et de son environnement afin
de le fidéliser à son institution financière. Dogett
(1994) mentionne même qu'une connaissance inadéquate des besoins
et des attentes des clients est une cause majeure d'insatisfaction chez les
entreprises. Cette vision de l'entreprise doit être inculquée
à tous les dirigeants d'où la nécessité d'un
changement organisationnel
III-1-2-2. Changement organisationnel
L'association canadienne de gestion de la relation client
(GRC, CRM) a publié en juillet 2002 un rapport qui conclut que
l'intégration, que ce soit des personnes, des processus ou des
technologies, est irréalisable sans effectuer d'abord un changement
organisationnel. Ce changement organisationnel nécessiterait, selon
Rigby et Reichheld (2002), la mise en place de quatre actions: 1) La
création de stratégie centrée sur le client, 2) le
développement d'une organisation centrée sur le client, 3) de
privilégier une approche réaliste de changements technologiques,
et 4) doit viser à bien servir ses clients. Les procédures de
gestion internes auraient causé plus de 90% des cas de rupture
relationnelle entre une banque et son client (Perrien, Paradis et Banting,
1995). Plusieurs contraintes au niveau de la structure et des politiques de
gestion de l'organisation bancaire empêchent de réaliser les
bénéfices escomptés. Plusieurs chercheurs ont donc
proposé la redéfinition des centres de profits, des
critères d'évaluation, de la formation ainsi que des politiques
de gestion des banquiers (Perrien et Ricard, 1994; Campbell, 2003). Par
exemple, les banques doivent étudier le nombre optimal de clients par
portefeuille par planificateur et veiller à ce que le taux de
rotation44(*) des
planificateurs ne soit pas trop élevé pour permettre aux
planificateurs de développer une relation à long terme qui
s'inscrit dans une logique de continuité avec leurs clients (Perrien,
Filiatrault et Ricard, 1993)
Réussir une approche relationnelle nécessite
donc de consacrer plus de temps au client, de focaliser sur les besoins de ce
dernier et il convient alors de donner au personnel les moyens de performer
dans ce sens. Une étude de Brand, Cronin et Routledge (1997),
réalisée dans le secteur des services, révèle que
l'expertise de l'organisation, et plus particulièrement de ses
employés, influence la fidélité des clients et augmente
l'intention de ces derniers à parler positivement de l'organisation.
L'approche relationnelle étant le point de
départ de la fidélisation, il importe pour nous maintenant de
relever l'enjeu de cette fidélisation pour la performance en milieu
bancaire.
III-2. Enjeux de la fidélisation de la
clientèle sur la performance
La fidélisation de la clientèle pour un EMF est
un travail très ardu puisque tout y va de la protection des
intérêts à la fois de ce dernier que de ses clients et de
la réputation de l'EMF malgré les incertitudes et les contraintes
du milieu des affaires.
Aujourd'hui, il n y a plus qu'une chose de stable dans
l'industrie financière : le changement. L'arrivée massive de
nouvelles technologies et les déréglementations qui s'effectuent
à l'échelle mondiale ont eu (et auront) pour effet de multiplier
le nombre de concurrents dans le marché financier. Ayant plus de choix,
les consommateurs de services financiers sont aujourd'hui plus informés,
plus sélectifs et surtout, plus exigeants (Bergeron, 1997). La
concurrence omniprésente qui existe maintenant se traduit par une
préoccupation grandissante des institutions financières à
maintenir des relations à long terme avec leurs clients.
Depuis quelques années, une pléthore
d'études ont dévoilé les avantages considérables
associés à la fidélité des clients. Par exemple, on
affirme que les clients fidèles achètent sur une longue
période de temps, sont moins influencés par les prix (Keaveney
1995; O'Brien et Jones 1995) et parlent positivement de l'entreprise à
leurs proches (Reichheld et Teal, 1996). Dans un marché où la
concurrence (physique et virtuelle) est omniprésente, les institutions
financières doivent se tourner vers l'établissement et le
développement de relations basées sur la fidélité
avec leurs clients.
A cet effet, nous passerons en revue certains obstacles
à la fidélisation des clients et certaines incitations dont les
EMF utilisent pour mieux contrôler la clientèle. Selon Perrien,
Filiatrault et Ricard (1993), la qualité de la communication et la
fiabilité de l'entreprise constituent deux facteurs nécessaires
à l'établissement d'une relation à long terme.
III-2-1. Concurrence comme obstacle à la
fidélisation des clients dans le secteur bancaire
La concurrence peut-être définie comme une
compétition entre commerçants, entreprises ou produits visant
à attirer une même clientèle. Pour cela, il faut que
l'entreprise mette en oeuvre les stratégies lui permettant d'être
concurrentielle. Cette concurrence joue à la fois au niveau des
produits que des services. Ainsi, c'est la qualité, le coût, la
satisfaction que tire un client dans un produit ou une marque qui motive sa
fidélité au produit et par ricoché à l'entreprise.
Cependant, dans le secteur bancaire, la situation n'est pas toujours la
même puisqu'il s'agit de l'argent. Le client joue ici sur les facteurs
comme la confiance envers le prestataire de service, la qualité des
services. C'est ainsi qu'un prêteur sera tenté de n'octroyer du
crédit qu'au client qui présente le plus de garanties ou ayant un
compte d'épargne dans son EMF, de même que la
fidélité des clients envers leur banque constitue une
barrière à l'entrée « presque
infranchissable » pour certains nouveaux entrants
(N'Goala,2005). Compte tenu du fait que les agents sont
rationnels, qu'il existe une grande proportion d'asymétrie d'information
sur le marché, l'entreprise doit jouer sur le marche informationnel et
les coûts des produits ou services offert par le marché.
L'étude de Zineldin (1995), réalisée dans le secteur
bancaire commercial, démontre le niveau concurrentiel de la banque,
défini en termes de taux d'intérêts et de conditions de
crédit, influence considérablement le développement d'une
relation. Ces résultats concordent avec les propos de Jackson (1985) et
de Neilsen, Tayler, et Brown (1994) qui stipulent que certaines entreprises
choisissent leurs banques en ne considérant que les meilleures
conditions financières. Cette concurrence se situe à deux
niveaux.
III-2-1-1. Au niveau du marché
informationnel
Une banque qui consent un prêt à un client
acquiert un avantage comparatif en termes d'information sur ce client par
rapport aux banques concurrentes. Cette asymétrie d'information
confère à la banque un pouvoir de monopole sur ses clients :
la relation de clientèle (Weill). L'idée
centrale est que les banques souhaitent établir des relations de
clientèle avec les emprunteurs.
Les résultats démontrent que la
qualité de la communication discrimine les clients fidèles de
leurs homologues infidèles. Ce résultat est conforme à
l'étude d'Otis (1990), qui révèle que les clients
commerciaux envisagent davantage de maintenir leur relation avec leur banque si
l'information véhiculée par celle-ci est rapide, précise
et pertinente. Une recommandation importante concernant la qualité de la
communication implique les clients internes des banques, c est-à-dire,
le personnel. Selon Bruhn (2000), la qualité des communications internes
dans les institutions financières est fortement corrélée
avec la qualité des communications externes avec les clients. Par
surcroît, tous les employés doivent avoir droit à des
informations rapides et précises sur les produits, les services, les
promotions et aussi, sur les clients de leur propre banque. Un système
de communication interne efficace permettrait également de créer
un réseau d'information reliant les conseillers financiers à la
haute direction, ainsi qu'aux différentes filiales de l'EMF. Ce
réseau bidirectionnel pourrait notamment améliorer
l'identification des forces et des faiblesses des procédures et des
politiques de l'institution financière.
III-2-1-2. Au niveau de la gestion des coûts de
transaction
Nos reprenons l'hypothèse de la
littérature des barrières à l'entrée selon laquelle
les entreprises qui souhaitent entrer comparent les bénéfices
escomptés de l'entrée avec les coûts d'entrée sur le
marché. L'hypothèse d'un coût d'entrée sur le
marché de crédit est en accord avec l'observation de
dépenses importantes de publicité et de mise en place d'un
réseau d'agences pour pouvoir effectuer l'activité de
crédit (Weill). O Neil (1989) prétend que les coûts de
transfert ont un impact important sur la fidélité des
consommateurs. Ce chercheur indique que des coûts de transfert
élevés, définis en termes de temps, d'énergie ou
d'argent, contraignent plusieurs clients commerciaux à demeurer avec
leur banque.
Selon la théorie des coûts de
transaction de Coase et Williamson, l'entreprise a le choix entre externaliser
ou internaliser ses produits intermédiaires car les échanges ne
se réalisent pas toujours sur un marché, car ce dernier
peut-être défaillant et qu'il serait plus profitable de
l'effectuer avec une entreprise. Mais cela engendre des coûts45(*) selon Coase qui
débouchent sur une incertitude. Ainsi, l'incertitude et les
problèmes d'accès à l'information sont les deux moteurs
des coûts de transaction. Coûts de transaction qui selon Williamson
(1970) sont de deux sortes :
v les coûts ex ante, lors de la phase de
d'établissement du contrat (rédaction, négociation et
garantie d'un accord) et
v les coûts ex post, c'est-à-dire les coûts
d'administration des contrats (coûts générés par
l'application des clauses inadaptées qui éloignent le contrat de
son but initiale, coûts de marchandage occasionnés lors des
corrections des divergences, coûts de fonctionnement des structures de
gouvernance prévues pour résoudre les conflits et coûts
d'établissement d'engagements sûrs).
C'est le sens de Williamson qui touche le plus le secteur
bancaire puisqu'il est très difficile aussi bien pour le client que pour
l'EMF de se contrôler à cause de l'asymétrie de
l'information, de l'incomplétude des contrats et de la
rationalité des agents pouvant engendrer leur opportunisme. A cet effet
chacun devra engager des coûts pour protéger ses
intérêts.
III-2-2. Incitation des clients comme moyen de
fidélisation des clients pour la recherche de la rentabilité de
l'EMF
L'incitation consiste pour un EMF à
initier des mesures destinées à orienter les comportements
économiques des particuliers et des entreprises. Pour un EMF,
l'incitation des clients est un paramètre important dans la mesure
où il existe une grande proportion d'asymétrie d'information
avant et après la formation du contrat de crédit. C'est donc pour
faire face à ces risques46(*) que l'EMF se doit de mettre en place des
stratégies d'incitation et pourvoir ainsi contrôler ses clients.
On distingue les stratégies actuelles et les modèles
d'incitation.
III-2-2-1. Stratégie actuelle (Nouira,
2006)
Ce sont celles initiées par certaines
banques occidentales pour garder leur client et être ainsi à la
hauteur de leur demande. Ce sont entre autres :
A. Les points fidélité
Dans la majorité des banques, il est mis en
place une stratégie de fidélité avec cumul
des points. Cela signifie qu'un client qui épargne de
l'argent sur son compte récoltera des
points fidélité qui lui permettront de
bénéficier d'avantages sur les produits de la banque
comme par exemple un taux préférentiel sur le
crédit. Le calcul des points s'effectue en
fonction du montant épargné ainsi que de la
durée.
B. Les avantages financiers
Il est mis en place depuis des années un
système de « récompense ancienneté ». En effet,
les anciens clients peuvent selon leur ancienneté
bénéficier d'avantages financiers. Ces avantages financiers
représentent un geste commercial de la part de l'entreprise. Cependant,
ils sont grandement appréciés par les clients qui sont des
fidèles clients à la banque.
C. Des nouvelles offres pour les jeunes
Il n'est pas rare de voir les banques s'investir
dans des nouveaux services afin de fidéliser ou d'attirer la
clientèle jeune. En effet, on peut voir se mettre en place des jeux
concours, des places de cinéma offertes pour toute ouverture de comptes
ou encore une avance sur bourse. Il a été mis en place depuis
quelques années un crédit spécialement destiné
à la clientèle jeune : Le crédit pour l'achat d'un
ordinateur portable. Il a été décliné afin de
permettre aux jeunes de financer leur permis de conduire également.
D. Le parrainage
Cette technique permet de faire de ses clients des
prospecteurs en contre partie d'avantages des deux parties. Elles
présentent beaucoup d'avantage dans les banques où l'on
s'intéresse à une caractéristique précise des
clients. Comme par exemple les professeurs pour la Banque Populaire.
III-2-2-2. Modèles d'incitation au
remboursement
Le principal objectif des Etablissements de Microfinance est
de donner accès aux pauvres aux services financiers (épargne et
crédit) afin de limiter les contraintes financières auxquelles
ils font face et de lutter contre la pauvreté. Cependant, qu'elle soit
à but lucratif ou non, tout EMF cherche à obtenir des taux de
remboursement le plus élevé possible. Des taux de remboursement
élevés sont en effet associés à des
bénéfices élevés pour un EMF comme pour ses
emprunteurs47(*). Selon
Godquin, il est aussi parfois considéré que des taux de
remboursement élevés sont révélateurs de
l'adéquation des services financiers de l'EMF aux besoins des
clients.
En finance formelle, le contrat de dette est
constitué avec une garantie qui est un mécanisme permettant de
protéger un créancier contre une perte pécuniaire (Lobez,
1997). En microfinance, les personnes ciblées n'ont pas de richesse
personnelle pouvant servir de garantie. En conséquence, la garantie
n'existe pas dans les prêts des IMF. Le contrat de dette va donc
être constitué à partir d'un autre type de garantie qui
repose sur la réputation et la confiance. Cette garantie est le
collatéral social. Ce collatéral repose sur un contrat implicite
qui est fait entre l'IMF et les emprunteurs. L'IMF s'engage à proposer
un meilleur taux d'intérêt pour le prochain prêt si
l'emprunteur rembourse dans les temps. Le modèle construit par Sharpe
(1990) permet de comprendre et d'analyser ce phénomène. Ce
dernier montre les effets de l'avantage informationnel que confèrent les
relations de clientèles avec une banque. Tous les modèles
établis en microfinance traitent de contrats implicites faits entre
l'IMF et les emprunteurs. Ces modèles montrent les mécanismes
incitatifs utilisés par l'IMF lors de l'auto-sélection, lors du
remboursement, et lors de la procédure de refinancement. La question du
type de contrat n'est donc pas posée ouvertement. Cette
référence est faite de manière sous entendue car les
modèles tentent tous de montrer les particularités du prêt
en microfinance. Ces modèles ont tenté de comprendre l'impact du
principe de groupe de prêts sur la décision de remboursement. Dans
le cas d'un prêt individuel, seul la banque imposera une
sanction à l'emprunteur s'il échoue. Avec le
prêt de groupe, la communauté punira aussi le
défaut d'un des membres surtout si le degré de
connexion sociale est élevé. Les modèles
suivants s'intéressent aux mécanismes incitatifs
en oeuvre lors de la phase de remboursement.
|
A. Dans les groupes de crédit
Ici, deux modèles ont été retenus par
certains auteurs pour inciter les membres de groupe de crédit à
rembourser leur prêt :
i) Modèle d'interaction entre les agents (Besley
et Coate, 1995)
Ces auteurs établissent un modèle de jeu de
remboursement qui représente l'incitation à rembourser. Ils
appliquent la théorie des jeux afin d'analyser les décisions de
remboursement d'un groupe de prêts. Ce modèle se
caractérise par l'introduction d'une sanction sociale faite par le
groupe. L'étude se concentre sur l'avantage informationnel du prêt
de groupe ; c'est-à-dire la meilleure information dont dispose les
membres du groupe sur l'effort et/ou les capacités des individus par
rapport à la banque. Ce modèle va montrer que la
responsabilité commune affecte la volonté des agents à
rembourser. En introduisant l'interdépendance des décisions des
emprunteurs, les auteurs mettent en place un modèle de jeu de
remboursement à deux étapes pour caractériser les
incitations au remboursement. Cela permet de démontrer que le prêt
de groupe sera toujours remboursé à partir du moment où au
moins un des deux emprunteurs obtient un rendement supérieur ou
égal à la totalité du remboursement du prêt. Dans
ce modèle, il s'agit de résoudre un problème de
coordination. Un emprunteur qui croit que son partenaire va payer sa part
contribuera lui aussi. Par contre, si ses espérances quant au
remboursement de son partenaire sont pessimistes alors il ne contribuera pas et
cela aboutira à un « échec de coordination ». Ici,
l'emprunteur qui ne rembourse pas sa part n'a pas de coût, excepté
le fait que le groupe sera sanctionné s'il fait défaut. La
pénalité peut prendre deux formes qui sont immédiates :
- la menace des membres du groupe de faire connaître au
reste de la communauté son comportement de manière à
augmenter le nombre de réprimandes
- la menace des autres membres du groupe de diminuer la
coopération avec le membre défaillant. Ceci a d'autant plus de
poids si les individus ont des relations commerciales. Un individu qui essaye
de jouer le passager clandestin encourt désormais une
pénalité sociale. Si la pénalité sociale est
sévère, le groupe de prêt aura un taux de remboursement
supérieur à celui du prêt individuel. C'est la sanction
sociale qui confère cet avantage au prêt de groupe. Elle sera
alors vue comme un collatéral par l'IMF car celle-ci améliore les
performances de remboursement. Cette démonstration permet donc de
confirmer le point de vue des auteurs ; à savoir le collatéral
social sous forme de sanction permet de discipliner les comportements faibles
et constitue une ressource utilisable par le groupe de prêt.
Besley et Coate permettent de souligner le fait que la
sanction sociale favorise une augmentation du taux de remboursement en influant
sur les décisions de chaque emprunteur pour rembourser le prêt. La
comparaison des taux de remboursement montre les aspects positifs et
négatifs de l'introduction du prêt de groupe. L'effet positif
résulte du fait que le succès d'un des emprunteurs peut permettre
le remboursement du prêt même si les partenaires n'ont pas obtenu
un rendement suffisant pour faire un remboursement profitable. L'effet
négatif, quant à lui, surgit quand la totalité du groupe
fait défaut.
La réputation est l'élément
décisif dans la décision de remboursement des agents. La baisse
de réputation auprès de la banque en cas de défaut incite
le groupe à rembourser l'emprunt. De plus, ce phénomène de
baisse de réputation a encore plus de poids lorsqu'il existe aussi des
sanctions effectuées par les membres du groupe. En effet, les autres
membres du groupe ne veulent pas perdre de la réputation à cause
du membre défaillant et par conséquent cette perte
vis-à-vis de la banque sera répercutée sur ce dernier par
la suite. Ce mécanisme permet de décourager le
phénomène de passager clandestin qui pourrait apparaître
dans ce cas. Dans le modèle, l'intermédiation financière
se fait alors au travers de la pénalité bancaire mais aussi au
travers de la sanction sociale. Il y a donc une sorte de double incitation
à rembourser. Le modèle suivant a permis de montrer le rôle
de cette sanction lorsqu'il y a la possibilité de refinancement qui est
posée.
ii) Modèle sur la réalisation de la
responsabilité commune (Armendariz de
Aghion et Morduch, 2000)48(*)
Armendariz de Aghion et Morduch, (2000) vont montrer que la
responsabilité commune peut intervenir même si les personnes ne se
connaissent pas. Pour cela, ils se focalisent sur le remboursement du
prêt. Ils vont poser la question du refinancement du groupe par l'IMF.
Cela va leur permettre de montrer l'importance des remboursements
réguliers ainsi que la nécessité d'un niveau d'effort
optimal. La banque doit menacer l'emprunteur de ne pas lui prêter
à nouveau s'il ne rembourse pas le prêt avant même que
celui-ci ne l'est obtenu. Ceci se fait de manière informelle entre l'IMF
et son client. A la seconde période, la banque décide de
refinancer ou non l'emprunteur. Il est possible de réinterpréter
la sanction autrement ici. Elle peut être vue comme l'augmentation du
prêt à mesure des remboursements. Dans ce cas, il est
supposé que la banque se forge la réputation de fournir des
prêts croissants à mesure que l'emprunteur rembourse son
prêt. On retrouve ici, la promesse de la banque dans les contrats
implicites tels que ceux dans le modèle de Sharpe. Il s'agit là
d'incitation dynamique qui est faite par l'IMF. Ce mode d'incitation se
retrouve également dans le prêt individuel en microfinance.
Néanmoins, dans ce modèle ces incitations constituent la
clé du prêt en microfinance.
Les auteurs suggèrent ainsi que le groupe de prêt
peut aider au-delà du fait de la responsabilité commune pour
plusieurs raisons :
- Etant donnée l'incapacité des agents à
fournir un collatéral sûr, ces programmes permettent d'utiliser le
contexte social des emprunteurs afin d'induire un remboursement en temps
voulu,
- En organisant des réunions d'agents en groupe
d'emprunteurs, cela permet de diminuer certains coûts de transaction pour
la banque,
- Le groupe constitue une ressource informationnelle utile
pour la banque qui peut l'utiliser directement pour créer les
incitations nécessaires,
- Ce prêt permet une augmentation du bien être. Il
peut faciliter l'éducation et la formation des clients ayant une
expérience réduite des affaires et/ou un niveau faible
d'alphabétisation. L'éducation permet d'améliorer les
performances financières des individus et peut être mesurée
par l'amélioration du niveau de santé et de savoir.
- Il permet d'inciter ceux qui n'ont jamais été
en relation avec une banque à le faire avec leurs voisins. Cette issue
est particulièrement valable dans les zones les plus pauvres. Ceci
permet essentiellement d'attirer la clientèle féminine qui
améliore les performances de la banque compte tenue de son meilleur taux
de remboursement comparativement aux hommes.
Ce modèle a pour particularité de donner
beaucoup d'intuition sur les mécanismes en oeuvres lors de prêt de
groupe. Là encore nous retrouvons une référence à
Sharpe du coté des incitations fournis par la banque. En effet, de
manière implicite elle fournit une promesse aux emprunteurs. Cette
promesse comporte néanmoins la particularité d'être double.
Elle comporte à la fois la promesse d'être refinancé
après (éventuellement avec une quantité plus forte) et la
menace de la banque de ne plus jamais prêter à un emprunteur qui
ferait défaut. De
plus, ce modèle suggère que le seul contexte
social de l'emprunteur peut suffire de collatéral
vis-à-vis de l'IMF.
Ces deux derniers modèles sur la décision de
remboursement lors de prêt de groupe fournissent un apport nouveau par
rapport à ceux sur la formation des groupes à savoir : le
rôle de la sanction sociale. Cette sanction permet d'augmenter le
remboursement de ces prêts.
En outre, là encore dans ces modèles la
réputation joue son rôle. Ici, elle est vue comme un moyen de
pression de la part du groupe et de l'IMF pour les agents à rembourser.
Si l'emprunteur ne rembourse pas il va perdre de son niveau de
réputation et il lui sera plus dur par la suite d'obtenir un prêt
et de se grouper avec d'autres.
B. Dans le prêt individuel
Jusqu'à récemment, tous les modèles
établis sur la microfinance concernaient les prêts de groupe.
Hors, aujourd'hui, avec la tendance naissante, certains économistes ont
tenté de modéliser le prêt individuel en microfinance.
Cette modélisation a révélé que les
mécanismes incitatifs dans le prêt de groupe ne peuvent pas
être les mêmes que ceux du prêt individuel. En effet, dans
les modèles précédents ont été
montrés les avantages de la responsabilité commune et de la
surveillance des partenaires. Dans le cas présent, ces deux avantages ne
prévalent plus. Le fonctionnement du prêt individuel en
microfinance est pourtant bien réel. Les différents travaux
réalisés se sont donc posés la question du
mécanisme incitatif qui permet la réalisation du remboursement du
prêt et ainsi le fonctionnement de ces programmes. Les modèles
réalisés ont tous supposés
l'homogénéité des agents et ont fait l'hypothèse
d'incitations à caractère dynamique dans le prêt
individuel. Cette incitation repose sur la formulation d'un contrat implicite
qui est le refinancement de l'agent si celui-ci rembourse. Il existe aussi dans
le prêt individuel des modèles d'incitation au remboursement.
i) Modèle dynamique d'incitation au
remboursement : Le modèle de Tedeschi
A. G. (2000, 2006)
Dans ce modèle, l'incitation prend la forme de
l'accès à des prêts additionnels, ce qui doit
décourager le défaut stratégique ou la réticence de
l'emprunteur à rembourser son prêt une fois que celui-ci a
réalisé un profit. La raison de l'introduction de ce
modèle dans les politiques de prêt aux pauvres est que sans
l'existence d'un marché de l'assurance, ces personnes peuvent être
très vite dans l'incapacité de rembourser leurs emprunts. Les
causes de cette incapacité peuvent être multiples (vol, maladie,
décès, mauvaise récolte...).
Ce modèle comporte donc un double objectif. Le premier
est de montrer qu'il n'est pas nécessaire de punir à vie
l'emprunteur qui à fait défaut et le second est de montrer les
raisons pour lesquelles une IMF deviendra pérenne et pas une autre. En
effet, ce modèle vise à montrer comment certaine IMF atteindront
leur objectif d'autosuffisance financière alors que d'autres seront
obligées de rester des IMF recevant des subventions de
l'extérieur.
L'idée générale est que l'incitation
fournie à l'emprunteur repose sur deux éléments.
Premièrement, si ce dernier fait défaut il sera
un certain temps sans pouvoir emprunter à nouveau. Deuxièmement,
l'IMF offre la possibilité d'avoir accès à des prêts
plus grands. Ceci constitue la description du contrat implicite fait entre la
banque et son client.
Il est supposé qu'il existe deux joueurs : l'IMF et le
microenprumteur. La période de temps considérée peut
être infinie et le prêteur veut maximiser ses profits.
Le prêt se structure en deux phases : la phase de
prêt dans laquelle l'emprunteur va recevoir un prêt et
choisira de le rembourser ou non à la fin une fois des profits
réalisés. S'il rembourse le prêt, il repart dans une phase
de prêt. Par contre s'il décide de ne pas rembourser alors il
entre dans le deuxième type de phase à savoir la phase de
renégociation. Dans ce cas, il n'y a pas de nouveaux prêts
qui vont être offerts à l'emprunteur pendant une durée
donnée.
Après cette phase, l'emprunteur pourra de nouveau
rentrer dans une phase de prêt.
En conclusion de ce modèle, nous pouvons dire que les
incitations dynamiques fournies par l'IMF, et ses promesses de prêts
futurs après un succès au remboursement sont suffisantes pour
décourager le défaut stratégique. Le contrat implicite
reposant sur le futur de la relation de l'emprunteur avec la banque est une
incitation suffisante dans le mécanisme du prêt individuel pour
assurer le remboursement. En outre, ce modèle a permis de relâcher
la force de la punition lors du défaut. Désormais, il n'est pas
forcément nécessaire pour l'IMF de refuser à vie des
prêts à ceux qui ont fait défaut. Enfin, la
réputation joue un rôle important de manière sous jacente
à savoir que si l'IMF à la réputation de ne plus fournir
de prêt pendant un temps pour un défaut, alors les emprunteurs
seront incités à rembourser. Dans ce cas l'intermédiation
se fait par la menace et la punition sur l'emprunteur au lieu de
récompenser par un prêt plus grand. Dans le cas d'un
remboursement, l'emprunteur pourra obtenir un nouveau prêt mais le
modèle ne précise pas si celui-ci sera de plus grande taille.
La réputation jouera également son rôle
dans le sens de l'emprunteur vis-à-vis de l'IMF. En effet, l'emprunteur
qui fait défaut sera un temps sans prêt et après il peut de
nouveau emprunter. Toutefois, l'auteur précise qu'il recommence à
se créer une nouvelle histoire bancaire. Cela sous entend que
l'emprunteur perd toute la réputation qu'il avait accumulé avant
son défaut. Il repart avec un niveau zéro de réputation
après son défaut.
ii) Modèle d'Egli D. (2004)
Le modèle établi par l'auteur vise à
expliciter le système des prêts progressifs en microfinance. Ce
système repose sur le fait qu'un emprunteur obtient un prêt qui au
début s'avère être de petite taille, puis, au fur et
à mesure de sa bonne conduite, il voit la taille du prêt
augmenter. Par conséquent, l'intermédiation se fait au travers de
la récompense qui est une taille de prêt plus grande au fur et
à mesure des remboursements. Ce modèle va reposer sur
l'idée qu'il faut fractionner le projet de l'emprunteur pour commencer
à financer ce qui est moins performant afin de maintenir une pression
sur l'emprunteur pour que celui-ci rembourse. On retrouve ici la conclusion de
Stiglitz sur la taille du prêt qui peut être utilisé pour
diminuer le risque du crédit fait par l'IMF à son client.
Ce modèle suppose des attitudes différentes de
remboursement, d'où l'existence de deux types de demandeurs de
prêt : l'exploiteur et le bon débiteur. L'investisseur ne
connaît pas le type du demandeur, mais connaît la proportion de bon
débiteur dans la population.
L'auteur va montrer que le système de prêts
répétés permet de diminuer le risque mais ceci à un
coût car le demandeur peut être obligé de fractionner son
projet en sous-projets qui seront réalisés
séquentiellement. L'incitation au remboursement peut consister au fait
que les exploiteurs vont remplir leur obligation contractuelle pour obtenir le
financement des sous projets plus rentables. On retrouve ici la promesse de la
banque de refinancer l'emprunteur s'il rembourse.
Ce modèle montre que le fractionnement des projets des
emprunteurs en plusieurs petits sous-projets constitue un élément
permettant le financement sans l'existence de collatéral. La taille du
prêt permet à l'IMF de gérer le risque et par
conséquent le fractionnement du projet est un moyen de prêter sans
collatéral. De plus, cela crée les incitations de l'IMF car un
remboursement entraîne le financement de la suite du projet avec un
prêt d'une plus grande taille. Ce mécanisme permet aussi de faire
jouer la réputation dans les deux sens. L'IMF aura la réputation
de fournir des prêts plus grands avec un remboursement et l'emprunteur au
fur et à mesure acquiert de la réputation et peut obtenir des
prêts de plus grande taille à des taux d'intérêt
bonifiés ce qui permet à la fin de diminuer le coût total
du projet. Ce fractionnement est un outil utilisé par L' IMF pour faire
pression sur les emprunteurs afin qu'ils remboursent à temps. Dans ce
système d'incitation le sous-projet le plus rentable sera
effectué en dernier de manière à garder constante cette
pression.
L'inconvénient du prêt progressif est une perte
de bien être du coté de l'emprunteur et cela entrave la
croissance. Toutefois, cette perte permet à l'emprunteur d'obtenir une
meilleure condition de prêt sur le projet global car l'acquisition de
réputation qu'il fait au fur et à mesure lui permet d'obtenir un
taux d'intérêt plus avantageux sur les capitaux dont il fait la
demande. Cela diminue le coût global du projet par rapport à ce
qu'il coûterait s'il avait été financé en une seule
fois.
Les modèles de microfinance montrent qu'il existe des
mécanismes d'incitation différents que l'on soit dans le cas d'un
prêt de groupe ou dans le cas d'un prêt individuel. Dans le
prêt de groupe, l'incitation repose sur la surveillance des membres entre
eux ainsi que sur l'impact de la sanction sociale. Ces deux mécanismes
découlent de la responsabilité commune qui lie les agents dans le
groupe. Dans le prêt individuel, ces mécanismes n'existent pas car
ils ne sont pas réalisables. Dans ce cas, les incitations fournies sont
de nature dynamique c'est-à-dire liées au futur : ce qui se
passera dans la période suivante. De plus, les modèles de
prêt de groupe suggèrent une gestion du risque par deux canaux :
le groupe et la taille du prêt. Dans le prêt individuel, la gestion
du risque se fait par la menace de non refinancement de l'IMF.
Toutes ces analyses sur le relationnel
bancaire nous a permis de mettre en exergue la contribution de chaque
stratégie qu'adopte les EMF ou la banque dans la gestion de leur client
à sa performance, dans un environnement incertain, où
l'asymétrie informationnelle a fait son nid. Ainsi, pour qu'un EMF soit
rentable, il faut que les emprunteurs remboursent leur crédit, c'est
donc pour éviter les risques de non-remboursement qu'il doit inciter ses
clients à rembourser. De même, l'EMF doit chercher à
établir des relations de long terme pouvant être mutuellement
bénéfiques avec ses clients : c'est la fidélisation.
C'est la pertinence des tous ces travaux empiriques qui nous amène
à tester l'hypothèse suivante : Plus l'EMF
fidélise sa clientèle plus il est rentable.
Au terme de ce chapitre, nous pouvons
relever que certaines caractéristiques de la fidélisation peuvent
avoir une influence sur la performance des EMF. C'est la raison pour laquelle
nous voulons tester l'hypothèse sus-évoquée dans le cas du
Cameroun.
CHAPITRE IV
LIEN ENTRE FIDELISATION DES CLIENTS ET PERFORMANCE DES
EMF AU CAMEROUN
Mettre sur pied une stratégie de fidélisation
n'est pas un acte fortuit car le dirigeant qui le désire a un certain
nombre d'objectifs à atteindre. Plusieurs étapes doivent
être envisagées dans le but d'aboutir à la performance de
l'entreprise. Pour montrer donc l'impact de la fidélisation sur la
performance de l'EMF au Cameroun, nous allons tout d'abord présenter
l'approche méthodologique (IV-1) avant de passer à la
présentation et à l'interprétation des résultats de
l'analyse (IV-2).
IV-1. Approche méthodologique
A l'aide du livre « Yaoundé Zoom »
édition 2006, nous avons pu repérer les EMF de
l'échantillon. La grande difficulté réside au niveau de la
non disponibilité des dirigeants de certains EMF de la base de sondage
à nous recevoir.
Notre enquête a été menée à
Yaoundé car une des grandes métropoles du pays où
l'activité économique y est intense et les microentrepreneurs
sont toujours à la quête de financement.
La méthode d'échantillonnage utilisé est
non probabiliste ; et plus spécifiquement l'échantillonnage
de convenance que Amboise(1996) définit comme une technique consistant
à trouver des sujets qui se portent volontaires pour l'étude.
Le questionnaire a été distribué aux
dirigeants et aux clients rencontrés dans les EMF. Au total, sur 40 EMF
contactés, 27 questionnaires ont été exploitables, soit un
taux de 67,5%. Cela a été idem pour les clients.
Nous allons dans cette section procéder à
l'identification des clients et des EMF de l'échantillon, à
l'évaluation des variables et à un rappel de la méthode
statistique utilisée
IV-1-1. Identification des EMF et des clients de
l'échantillon
L'identification des EMF est
nécessaire avant celle des clients.
IV-1-1-1. Identification des EMF de
l'échantillon
La classification des EMF de l'échantillon sera faite
en fonction des critères suivants :
ü Le secteur d'activité
ü L'âge de l'EMF
ü La qualité des produits fournis
ü Le mode de gestion efficace des clients
A. Répartition selon le secteur
d'activité
Elle s'illustre par le tableau suivant :
Tableau 15 : Les activités de
l'EMF
14
51,9
51,9
51,9
4
14,8
14,8
66,7
9
33,3
33,3
100,0
27
100,0
100,0
Crédit
Transfert de fonds
Epargne et crédit
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
Il apparaît clairement que les EMF qui font à la
fois le crédit et l'épargne sont majoritaires dans
l'échantillon. Cela n'est pas surprenant car la base de sondage
était constituée des EMF de 2ème
catégorie, ayant pour objectif la collecte de l'épargne et
l'octroi de crédits aux tiers.
B. Répartition selon l'âge de
l'EMF
Tableau 16 : Répartition selon l'âge
de l'EMF
5
18,5
18,5
18,5
8
29,6
29,6
48,1
14
51,9
51,9
100,0
27
100,0
100,0
[0 - 5 ans [
[5 ans - 10 ans [
10 ans et plus
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
Les EMF de 2ème catégorie au Cameroun
sont aussi ancienne comme nouvelle, mais en majorité âgés
de plus de 10 ans. Cela témoigne de la montée en puissance d'une
autre dimension de la finance en faveur de la population pauvre.
C. Répartition selon la qualité de
produits fournis
Il est question ici de savoir ce que pensent les EMF
eux-mêmes des produits ou services qu'ils offrent à leurs clients.
Le constat est qu'environ 80% des EMF estiment bonne la qualité de leurs
produits.
Tableau 17 : Répartition selon la
qualité de produits fournis
Qualité de produits fournis
21
77,8
77,8
77,8
6
22,2
22,2
100,0
27
100,0
100,0
Bonne
Moyenne
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
D. Répartition selon le mode de gestion
efficace des clients
Nombres d'EMF (55,3%) préfèrent fidéliser
et prospecter la clientèle alors que seulement (18,5%) prospectent la
clientèle puisque selon eux, ce sont les clients fidèles qui
prospectent de nouveaux clients parceque la fidélisation pousse le
client à parler positivement de l'entreprise et le
bouche-à-bouche est un moyen efficace de publicité et de
sensibilisation. Le tableau suivant nous donne d'avantage ces informations.
Tableau 18 : Répartition selon le mode de
gestion efficace des clients
Mode de gestion efficace des clients des
EMF
5
18,5
18,5
18,5
7
25,9
25,9
44,4
15
55,6
55,6
100,0
27
100,0
100,0
Fidéliser la clientèle ancienne
Prospecter la clientèle
nouvelle
Fidéliser et prospecter les
clients
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
Ainsi classés les EMF, il importe de passer à la
classification des clients interrogés.
IV-1-1-2. Identification des clients
Elle se fait en fonction de :
ü L'âge du répondant
ü Du profil du répondant
ü Du motif de la relation client/EMF
A. Répartition selon l'âge du
répondant
Il faut noter ici que la clientèle des EMF est
constituée de toutes les catégories (hommes, femmes, jeunes, etc.
Nous avons bien voulu relever ce détail juste pour savoir s'il y a une
restriction dans le choix de la clientèle des EMF. Toujours est-il que
tous les répondants ont été des majeurs dont des personnes
capables d'entreprendre ou de travailler. Le tableau suivant nous en donne la
preuve.
Tableau 19 : Répartition selon l'âge
du répondant
Source : Nos travaux
B. Répartition selon le profil du
répondant
Il est important ici pour plusieurs raisons : puisque
nous nous attardons beaucoup plus sur la relation de crédit, il est
judicieux de savoir si ce sont les personnes morales ou les personnes physiques
qui sont à l'origine des risques de non remboursement que courent les
EMF. Mais le constat est que les deux profils sont représentés
mais dans une proportion bien visible (voir tableau).
Tableau 20 : Répartition selon le profil
du répondant
Profil du répondant
6
22,2
22,2
22,2
21
77,8
77,8
100,0
27
100,0
100,0
Personne morale
Personne physique
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
C. Répartition selon le motif de la relation
client/EMF
Il est important ici de savoir ce que le client vient
chercher dans un EMF puisque l'EMF au Cameroun pratique les activités
suivantes :
· Crédit
· Epargne
· Transfert de fonds
· Assurance
Le tableau suivant nous en donne une idée :
Tableau 21 : Répartition selon le motif de
la relation client/EMF
Motifs de la relation client/EMF
5
18,5
19,2
19,2
14
51,9
53,8
73,1
7
25,9
26,9
100,0
26
96,3
100,0
1
3,7
27
100,0
Crédit
Epargne
Les deux
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos analyses
IV-1-2. Définition et Evaluation des
variables
Deux types de variables ont été utilisés
pour tester l'hypothèse de recherche à savoir les variables
relationnelles et les variables de performance. Nous allons définir ces
variables.
IV-1-2-1. Variables relationnelles ou de
fidélisation
Il s'agit des éléments sur lesquels l'EMF doit
jouer ou s'appuyer pour fidéliser sa clientèle car selon
Perrien(2000) et sa suite, fidéliser la clientèle rend l'EMF
rentable. Pour cela, il faut que l'EMF établisse et entretienne des
relations durables et rentables avec les clients. Kotler et Dubois (2000)
pensent que du moment où la relation est partenariale, les clients sont
plus satisfaits. Pour mesurer le degré de fidélisation, l'EMF
doit prendre en compte les modalités suivantes : satisfaction,
confiance et fréquence de contact.
A. . Satisfaction des clients de l'EMF
Cette notion a fait l'objet de bon nombre d'écrits en
marketing, surtout en ce qui concerne sa mesure, elle constitue un standard
à atteindre pour toutes les entreprises orientées clients. Dans
le cadre de la microfinance et de notre étude en particulier, nous avons
circonscrits plusieurs modalités de la satisfaction :
§ Satisfaction par rapport aux politiques de l'EMF
Les statistiques tirées de l'analyse du questionnaire
sont répertoriées dans les tableaux suivants :
Tableau 22 : Satisfaction par rapport aux
politiques d'EMF
7
25,9
31,8
31,8
10
37,0
45,5
77,3
5
18,5
22,7
100,0
22
81,5
100,0
5
18,5
27
100,0
Insatisfait
Satisfait
Grande satisfaction
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
§ Satisfaction par rapport au service à la
clientèle
Tableau 23 : Satisfaction par rapport au service
à la clientèle
3
11,1
12,0
12,0
15
55,6
60,0
72,0
7
25,9
28,0
100,0
25
92,6
100,0
2
7,4
27
100,0
Insatisfait
Satisfait
Grande satisfaction
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
§ Satisfaction par rapport aux directeurs de compte
Tableau 24 : Satisfaction par rapport au
directeur de compte
1
3,7
3,8
3,8
15
55,6
57,7
61,5
10
37,0
38,5
100,0
26
96,3
100,0
1
3,7
27
100,0
Insatisfait
Satisfait
Grande satisfaction
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
§ Satisfaction par rapport aux conditions de
crédit
Tableau 25 : Satisfaction par rapport aux
conditions de crédit
7
25,9
26,9
26,9
17
63,0
65,4
92,3
2
7,4
7,7
100,0
26
96,3
100,0
1
3,7
27
100,0
Insatisfait
Satisfait
Grande satisfaction
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
La satisfaction induit la confiance.
B. Le degré de confiance réciproque entre
l'EMF et les clients
La confiance s'entend par la manière dont le client
juge non seulement la compétence, l'honnêteté et
l'intégrité de l'EMF. La confiance est inspirée par les
éléments qui renforcent le sentiment de sécurité du
client en ce qui concerne son argent. La confiance ici a une double
flèche (aller et retour) car elle doit être réciproque.
La Confiance (Crosby, Evans et Cowles, 1990; Zineldin,
1995)49(*)
c'est :
o Je peux compter sur cette banque lorsque j'en ai besoin.
o Je peux me fier à mon directeur de comptes lorsqu'il me
donne sa parole.
o J'ai confiance en mon directeur de comptes.
Il traduit la proportion de clients ayant ou n'ayant pas
confiance à leur EMF.
Tableau 26 : Confiance accordée à
l'EMF
18
66,7
78,3
78,3
5
18,5
21,7
100,0
23
85,2
100,0
4
14,8
27
100,0
Ouii
Non
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Le tableau suivant nous montre l'inverse de la situation.
Tableau 27 : Accord de la confiance aux
clients
25
92,6
92,6
92,6
2
7,4
7,4
100,0
27
100,0
100,0
Oui
Non
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
Il ressort des tableaux que les EMF font plus confiance que
les clients ne leur en font. Cela peut témoigner de l'existence des
conflits entre eux et leurs clients parceque ces derniers peuvent être
opportunistes et ne pas rembourser leurs crédits. Cependant, il faut
noter qu'il existe aussi des cas où c'est l'EMF qui est opportuniste.
Nous avons donc pour illustrer cette situation pu répertorier quelques
statistiques.
Tableau 28 : Existence de conflit entre l'EMF et
ses clients
19
70,4
70,4
70,4
8
29,6
29,6
100,0
27
100,0
100,0
Oui
Non
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Tableau 29 : Existance de conflit avec
l'EMF
10
37,0
38,5
38,5
16
59,3
61,5
100,0
26
96,3
100,0
1
3,7
27
100,0
Oui
Non
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
La présence de conflits (Frazier et Rody, 1991)
repris par Nouira(2006), pourra engendrer des situations du
genre ;
o Les discussions que j'ai avec mon directeur de comptes
génèrent plus de problèmes qu'elles n'en
résolvent.
o Les discussions entre mon directeur de comptes et moi sont
habituellement très efficaces
Ces conflits peuvent pousser les clients à changer
d'EMF. Le tableau suivant nous donne la tendance.
Tableau 30 : Tentation de changement de
l'EMF
9
33,3
40,9
40,9
13
48,1
59,1
100,0
22
81,5
100,0
5
18,5
27
100,0
Oui
Non
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Sur les 27 clients interrogés, 33,3% déclarent
avoir tenter de changer d'EMF tandis que plus de la moitié de ces
mêmes clients préfèrent être fidèles à
leurs EMF.
Une autre variable relationnelle non négligeable est la
fréquence de contact.
C. La fréquence de contact
La fréquence des contacts entre la banque et son client
commercial risque d'influencer la qualité et la durée de leur
relation. Plus la fréquence des contacts est élevée (dans
une certaine mesure), plus le client est susceptible de demeurer avec sa banque
car les intervenants ont la possibilité de développer une
relation stable (Berry, 1983). Otis (1990) identifie également la
fréquence des contacts comme un facteur-clé de succès pour
assurer la fidélité des entreprises auprès des banques.
La question principale à poser ici est la suivante
selon (Berry, 1983) : En moyenne, combien de
fois par année rencontrez-vous votre directeur de comptes ?
Cette situation est aussi importante pour le client que pour
L'EMF, encore plus pour l'épargnant car elle permet aux deux parties au
contrat d'avoir suffisamment d'informations réciproques.
Tableau 31 : Fréquence de contact entre
l'EMF et son client
15
55,6
55,6
55,6
9
33,3
33,3
88,9
1
3,7
3,7
92,6
2
7,4
7,4
100,0
27
100,0
100,0
Tous les mois
Chaque trimestre
Deux fois par an
Au besoin
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Tableau 32 : Fréquence de contact agent de
crédit/client
4
14,8
25,0
25,0
6
22,2
37,5
62,5
3
11,1
18,8
81,3
3
11,1
18,8
100,0
16
59,3
100,0
11
40,7
27
100,0
Tous les mois
Chaque trimestre
Pas de contact
Au besoin
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
A la lecture ce tableau, nous pouvons relever que les
fréquences de contact sont assez régulières dans les EMF
de notre échantillon.
Après avoir présenté les variables
indépendantes, il convient de présenter les variables
dépendantes.
IV-1-2-2. Variables de performance
La revue de littérature nous a
montré que «la performance bancaire» est
représentée essentiellement par les indicateurs quantitatifs ou
quantifiables tels que les indicateurs financiers (ROA, ROE, etc.). La
même situation tend à se retrouver lorsque l'on étudie
«les déterminants de la performance bancaire». En effet, la
littérature retient essentiellement des variables internes ou externes
de nature quantitative ou quantifiable pour expliquer la performance bancaire.
Bien que ces dernières rendent compte de la performance bancaire, nous
estimons qu'elles sont parcellaires et donc insuffisantes. Pour notre part,
nous supposons que la performance d'une banque, en tant qu'entreprise multi
produit (ou multiservice), qui opère dans un environnement incertain et
volatile (Naylor, 1995, p58), est sûrement affectée non seulement
par les variables internes de nature quantitative (p.ex. les ratios financiers)
mais aussi par les variables internes de nature qualitative (p.ex. : les
variables concernant les activités, les préférences
managériales etc.).
Selon Gauzente(2000) et Bressi(1994), les indicateurs de
performance sont :
v Le chiffre d'affaires
v La productivité
v La part de marché
v Le climat social
D'après les travaux de MicroRate & Inter
American Development Bank (2003) les principaux indicateurs de
performance pour les EMF sont :
v la qualité du portefeuille,
v la rentabilité,
v l'efficacité
v la gestion financière.
Dans le cadre de notre travail, et notamment pour le test de
l'hypothèse de l'influence de la fidélisation sur la performance
de l'EMF, nous avons choisi trois variables de performance :
ü Le chiffre d'affaires
ü La part de marché
ü la rentabilité
A. Chiffre d'affaires
Il désigne le montant des ventes d'une entreprise au
cours d'une période donnée pour un espace géographique
déterminé. Il est établi pour l'ensemble des produits de
l'entreprise. Le chiffre d'affaire peut-être hors taxe(CAHT) ou toute
taxe comprise (CATTC).
Le tableau suivant nous donne l'évolution du chiffre
d'affaires des EMF de notre échantillon en rapport avec la
fidélisation de leurs clients.
Tableau 33: Variation du chiffre
d'affairess
8
29,6
30,8
30,8
11
40,7
42,3
73,1
7
25,9
26,9
100,0
26
96,3
100,0
1
3,7
27
100,0
En hausse
Stable
En baisse
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
B. Part de marché
Selon Kotler et Dubois(2000), la part de marché est le
pourcentage des ventes par chaque concurrent sur le marché
considéré. Nous avons mis en exergue dans la cadre de notre
travail l'appréciation de la part de marché des EMF de notre
échantillon par rapport à la concurrence car une entreprise ne se
valorise que par rapport à la concurrence.
La part de marché se mesure par rapport à la
concurrence parce que c'est en référence à cette
dernière qu'une entreprise s'évalue.
Tableau 34 : Appréciation de la part de
marché par rapport à la concurrence
21
77,8
77,8
77,8
6
22,2
22,2
100,0
27
100,0
100,0
Bonne
Moyenne
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
A la lecture de ce tableau, nous constatons que sur 27,
qu'environ 80% des EMF de la 2ème catégorie ont une
bonne part de marché, le reste étant dans la moyenne.
C. Rentabilité
La rentabilité se mesure par l'analyse de la
rentabilité des actifs (ROA) et la rentabilité des fonds propres
(ROE).
La ROE se calcule en divisant le résultat net
(après impôt et exclu de tout don) par les fonds propres moyens de
la période.
La ROA se calcule en divisant le résultat net
(après impôt et exclu de tout don) par les actifs moyens de la
période. Elle est une mesure générale de la
rentabilité qui reflète aussi bien la marge de profit que
l'efficacité de l'EMF.
Cependant, cette rentabilité sera estimée en
fonction de l'appréciation qu'en donnent les EMF de notre
échantillon.
Le tableau suivant nous présente l'évolution de
la rentabilité des EMF de notre échantillon en rapport avec la
fidélisation de sa clientèle.
Tableau 35 : Variation de la
rentabilité
19
70,4
76,0
76,0
6
22,2
24,0
100,0
25
92,6
100,0
2
7,4
27
100,0
En hausse
Stable
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
IV-1-3. Rappel de la méthode statistique
utilisée
Il se fera en trois étapes :
Ø Enonciation de l'hypothèse,
Ø Présentation de la méthode d'analyse
Ø Règle de décision
IV-1-3-1. Enonciation de l'hypothèse
L'hypothèse à tester est :
H2 : La fidélisation de la
clientèle rend l'EMF rentable. Il ressort des travaux de
Pasquet, Malo et Ricard (1998) que, selon les membres de la
caisse populaire Desjardins, il faut chercher à fidéliser les
clients détenteurs de gros comptes car la confiance qu'on leur accorde
permet à l'EMF de gagner en temps et en argent tout en consolidant des
relations de long terme qui pourra être source de création de
valeur. La rentabilité d'un client tend à augmenter avec
l'ancienneté de sa relation avec l'entreprise (Kotler et Dubois,
2000).
IV-1-3-2. Présentation de la méthode
d'analyse
Nous avons utilisé pour notre analyse les tests non
paramétriques et plus spécifiquement le test de
corrélation de Kendall.
Les tests non paramétriques portent sur des statistiques
(des fonctions) à partir des observations et qui ne dépendent pas
de la distribution de la population correspondante. La validité des
tests non paramétriques dépend des conditions très
générales beaucoup moins contraignantes que celles requises pour
la mise en oeuvre des tests paramétriques.
Les tests non paramétriques présentent plusieurs
avantages (Ceresa, 1986) :
o Ils sont applicables aux petits échantillons
o Ils sont applicables à divers types de données
(nominales, ordinales, d'intervalles, ratios)
o Ils sont applicables des données incomplètes ou
imprécises
Le test non paramétrique peut se faire sur une variable
dans plusieurs échantillons ou sur plusieurs variables dans un
échantillon ou des échantillons appariés50(*).
Comparaison de deux variables X et Y mesurées
sur deux échantillons appariés : test de corrélation
des rangs Kendall.
La question de recherche est : deux variables X et Y
mesurables sur deux échantillons appariés sont
indépendants ?
i) Conditions d'applications
o Les deux échantillons sont aléatoires et
appariés
o Les paires d'observation sont indépendantes
o Les variables X et Y sont au moins ordinales (nos variables
ici sont nominales)
ii) Hypothèses
L'hypothèse nulle à éprouver est :
H0 : les deux variables sont indépendantes
L'hypothèse alternative est H1 : les
deux variables sont dépendantes
iii) Statistique calculée et interprétation du
test
Soient deux variables (X, Y) observées sur un
échantillon de taille n comprenant n paires d'observation
(X1, Y1), (X2, Y2)............
(Xn, Yn). On peut obtenir une indication de la
corrélation entre les variables X et Y en classant les valeurs
Xi par ordre croissant et en comptant le nombre de valeurs Yi
correspondantes ne satisfaisant pas cet ordre. Classer les valeurs
Xi par ordre croissant signifie que Xi est
inférieur à Xj pour tout i inférieur à
j. Soit R le nombre de paires (Xi, Yi) telles que, si i
inférieur à j, on ait simultanément
Xi<Xj (ce qui va de soi du fait du classement par
ordre croissant des Xi et Yi.
La statistique calculée est :
S = 2 R - n (n-1)/ 2
La statistique descriptive sur données de base est
réalisée à partir du logiciel SPSS 10.1.
IV-1-3-3. Règle de décision
On compare la statistique S à des valeurs critiques
S& disponible dans une table. La règle de décision
est la suivante :
On rejette H0 si S>S& ; en
cas de rejet de H0, le signe de S indique le sens de la
dépendance. Lorsque n est suffisamment grand (n>15), S' = S + 1 / vn
(n +1) (2n + 5) /18 tend vers la loi normale centrée réduite et
on peut l'utiliser en association avec les règles de la loi normale pour
prendre les décisions de rejet ou de non- rejet.
Après avoir présenté la
méthodologie, il importe que nous analysons et interprétons les
résultats de notre recherche.
IV-2. Analyse et Interprétation des
résultats
Nous allons présenter ici les
résultats de nos travaux et proposer quelques enseignements
managériaux issus de ces travaux.
IV-2-1. Résultats de l'étude
A titre de rappel, l'objet de cette
étude est de montrer l'impact de la fidélisation sur la
performance de l'EMF au Cameroun. Il s'agit donc de mesurer le degré de
corrélation entre les variables exogènes et les variables
endogènes.
Le test non paramétrique à partir du tableau de
corrélation met en évidence le lien entre les différentes
variables. Cependant, nous nous sommes servis des tableaux croisés (tri
à plat) pour permettre une bonne lecture des résultats.
Puisque nous testons l'hypothèse de l'impact de la
fidélisation sur la performance, nous nous servirons des
déterminants de la fidélisation présentés plus
haut et les interpréter pas à pas afin de confirmer ou
d'infirmer notre hypothèse-mère.
IV-2-1-1. Lien entre satisfaction des clients et
performance des EMF
Les entreprises orientées clients considèrent
la satisfaction de la clientèle à la fois comme un objectif et
comme un argument marketing. Celles qui atteignent des scores
élevés utilisent cette information dans leur communication.
La satisfaction est un élément
déterminant pour la fidélité d'un client. Elle a plusieurs
variantes et dans le cadre de la microfinance, nous avons
répertorié La satisfaction aux politiques de l'EMF, aux
directeurs de compte, aux services à la clientèle, et aux
conditions de crédits
A. Influence de la satisfaction par rapport aux
politiques de gestion de l'EMF sur sa performance.
Afin de déterminer le lien qui existe entre la
satisfaction de la clientèle par rapport aux politiques de gestion des
EMF, il est nécessaire de mettre en évidence les statistiques
décrivant les relations qui existent entre ces deux variables.
Tableau 36 : Satisfaction par rapport aux
politiques d'EMF * Appréciation de la part de marché par rapport
à la
concurrence Crosstabulation
6
1
7
85,7%
14,3%
100,0%
37,5%
16,7%
31,8%
27,3%
4,5%
31,8%
9
1
10
90,0%
10,0%
100,0%
56,3%
16,7%
45,5%
40,9%
4,5%
45,5%
1
4
5
20,0%
80,0%
100,0%
6,3%
66,7%
22,7%
4,5%
18,2%
22,7%
16
6
22
72,7%
27,3%
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
72,7%
27,3%
100,0%
Count
% within Satisfaction
par rapport aux
politiques d'EMF
% within Appréciation
de la part de marché par
rapport à la concurrence
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport aux
politiques d'EMF
% within Appréciation
de la part de marché par
rapport à la concurrence
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport aux
politiques d'EMF
% within Appréciation
de la part de marché par
rapport à la concurrence
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport aux
politiques d'EMF
% within Appréciation
de la part de marché par
rapport à la concurrence
% of Total
Insatisfait
Satisfait
Grande satisfaction
Satisfaction par
rapport aux politiques
d'EMF
Total
Bonne
Moyenne
Appréciation de la
part de marché par
rapport à la
concurrence
Total
A la lecture de ce tableau, nous pouvons tirer plusieurs
conclusions :
· Parmi les 7 clients insatisfaits par rapport aux
politiques de gestion de l'EMF au Cameroun, on note néanmoins 85,7% qui
contribuent à une bonne part de marché de leur EMF, alors que
14,3% en contribuent moyennement.
· Parmi les 10 clients satisfaits par les politiques de
l'EMF, on note 90% qui contribuent à une bonne part de marché
contre 10% qui en contribuent de façon moyenne.
· Parmi les 5 clients qui déclarent avoir une
bonne satisfaction pour les politiques de gestion de l'EMF, seulement 20%
contribuent à une bonne part de marché contre 80% situé
dans la moyenne.
· Une analyse comparative montre que les clients
contribuant à une bonne part de marché sont dans
la majorité des cas(56,3%) satisfaits par les politiques de gestion
de l'EMF contre ceux qui contribuent moyennement, sont dans la plupart des
cas(80%) grandement satisfaits. Ceci implique tout simplement le fait que, le
client ne va vers une entreprise que parcequ'il trouve son compte ou s'il est
à l'aise.
Le tableau ci-dessous nous permet de mesurer le degré
d'association entre le niveau de satisfaction des clients et la performance de
l'EMF.
Source : Nos travaux
A la lecture de ce tableau, on note que la satisfaction
des clients par rapport aux politiques de gestion de l'EMF a une influence
positive et significative au seuil de 5% sur la performance de l'EMF (si la
performance est mesurée par la part de marché).
En conclusion, nous dirons que si un EMF motive ses clients
par une récompense51(*) que ce soit, le client sera poussé à y
rester ne serait ce que pour bénéficier des primes. Cela
encourage le client à parler positivement de l'entreprise et donc
à lui prospecter la clientèle. Nous nous souvenons encore du
programme de fidélisation d'AIR France ; qui a mis en place en 1992
le programme Fréquence Plus, puis, après sa fusion avec KLM, l'a
transformé et rebaptisé ''Flying Blue'' avec pour principe de
procurer au passager à chaque vol un certain nombre de points qui,
accumulés, permettent d'obtenir des surclassements, des autorisations
d'excédents de bagage et des billets gratuits, les vols en
première clase étant particulièrement
privilégiés. Bref, satisfaire le client c'est augmenté sa
part de marché.
B. Satisfaction du client obtenu de son directeur de
compte et performance des EMF
Pour relever le lien qui existe entre la performance et la
satisfaction des clients par rapport à leur directeur de compte, il
importe de présenter schématiquement l'évolution de leurs
opinions dans un tableau pour plus de clarté.
Tableau 37 :Satisfaction par rapport au directeur
de compte * Variation de la rentabilité Crosstabulation
1
1
100,0%
100,0%
5,6%
4,2%
4,2%
4,2%
12
1
13
92,3%
7,7%
100,0%
66,7%
16,7%
54,2%
50,0%
4,2%
54,2%
5
5
10
50,0%
50,0%
100,0%
27,8%
83,3%
41,7%
20,8%
20,8%
41,7%
18
6
24
75,0%
25,0%
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
75,0%
25,0%
100,0%
Count
% within Satisfaction
par rapport au
directeur de compte
% within Variation de
la rentabilité
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport au
directeur de compte
% within Variation de
la rentabilité
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport au
directeur de compte
% within Variation de
la rentabilité
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport au
directeur de compte
% within Variation de
la rentabilité
% of Total
Insatisfait
Satisfait
Grande satisfaction
Satisfaction par
rapport au directeur
de compte
Total
En hausse
Stable
Variation de la
rentabilité
Total
Il ressort de ce tableau les faits suivants :
· Parmi les 13 clients satisfaits par leur directeur de
compte, 92,3% d'entre eux contribuent à l'augmentation de la
rentabilité52(*)
tandis que 7,7% n'ont aucun impact sur elle (rentabilité stable).
· Parmi les 10 clients ayant une grande satisfaction par
rapport à leur directeur de compte, l'impact sur la variation de la
rentabilité est équilibré ; dont 50% participent
à sa hausse et 50% à sa stabilité.
· Au total, nous constatons que parmi les clients qui
soutiennent l'augmentation de la rentabilité, 66,7% sont contents de
leur directeur de compte, tandis que 83,3% d'entre eux n'ayant aucune influence
sur la performance ont une grande satisfaction de leur directeur de compte.
Le tableau de corrélation ci- dessous montre qu'il
existe une corrélation positive et significative au seuil de 5% entre la
variation de la rentabilité et la satisfaction du client par rapport
à son directeur de compte.
La satisfaction que les clients ont de leur directeur de
compte les pousse à multiplier les activités dans l'EMF, de par
les conseils de ce directeur et cela ne peut qu'avoir un impact positif sur la
rentabilité parceque le client lui fait confiance et trouve de ce fait
toutes ses suggestions ou propositions exploitables.
Les autres facteurs de satisfaction non négligeables
concernent le service à la clientèle et les conditions de
crédits.
C. Satisfaction des clients par rapport au service
à la clientèle et performance de l'EMF
Après nos analyses, nous avons pu avoir les
statistiques suivantes :
Qualité de produits fournis
21
77,8
77,8
77,8
6
22,2
22,2
100,0
27
100,0
100,0
Bonne
Moyenne
Total
Valid
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
D'après les tableaux ci-dessus, nombres (77,8%) d'EMF
estiment que la qualité53(*) des produits ou services fournis à la
clientèle est bonne tandis que, peu (22,2%) sont ceux qui se situent
à la moyenne et personne dans la mauvaise qualité du service. Il
en est de même pour la satisfaction des clients quant aux services que
leur offrent les EMF. En effet, une bonne brochette de clients
interrogés déclare être satisfait (55,6%) et même
grandement satisfaits (25,9%).
Pourtant, cela n'a aucune influence significative sur les
indicateurs de performance choisis (rentabilité, chiffre d'affaires ou
part de marché). Le tableau de corrélation nous donne une
illustrationà titre d'exemple de test de corrélation.
L'EMF doit revoir ce problème peut-être au niveau
de leur professionnalisme dans la gestion ou au niveau du temps ou du
coût consacré à une opération car il est toujours un
gage pour une entreprise d'être performante.
D. Satisfaction des clients par rapport aux
conditions de crédit et performance de l'EMF
Ici encore, c'est un handicap majeur à la performance
de l'EMF. Les statistiques que dévoile le tableau subséquent sont
prolixes.
Tableau 38 : Satisfaction par rapport aux
conditions de crédit * Appréciation de la part de marché
par rapport à la
concurrence Crosstabulation
6
1
7
85,7%
14,3%
100,0%
30,0%
16,7%
26,9%
23,1%
3,8%
26,9%
12
5
17
70,6%
29,4%
100,0%
60,0%
83,3%
65,4%
46,2%
19,2%
65,4%
2
2
100,0%
100,0%
10,0%
7,7%
7,7%
7,7%
20
6
26
76,9%
23,1%
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
76,9%
23,1%
100,0%
Count
% within Satisfaction
par rapport aux
condition de crédit
% within Appréciation
de la part de marché par
rapport à la concurrence
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport aux
condition de crédit
% within Appréciation
de la part de marché par
rapport à la concurrence
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport aux
condition de crédit
% within Appréciation
de la part de marché par
rapport à la concurrence
% of Total
Count
% within Satisfaction
par rapport aux
condition de crédit
% within Appréciation
de la part de marché par
rapport à la concurrence
% of Total
Insatisfait
Satisfait
Grande satisfaction
Satisfaction par
rapport aux condition
de crédit
Total
Bonne
Moyenne
Appréciation de la
part de marché par
rapport à la
concurrence
Total
Source : Nos travaux
En effet, le taux d'insatisfaction (26,9%) est trois fois
supérieur au taux de grande satisfaction (7,7%) malgré
l'existence des clients satisfaits (63%).
Cette situation corrobore encore l'idée selon laquelle
un client va vers une entreprise que s'il est satisfait54(*). Dans ce cas, il s'agit de
coûts de transaction pour le client et du fait du principe de la
rationalité, le client va vers celui qui lui offre le produit qu'il veut
au prix suffisamment bas par rapport à la concurrence.
Si les conditions de crédit posées par l'EMF
n'ont aucune influence sur la performance comme le démontre le tableau
de corrélation,
Cela peut-être le fruit d'une mauvaise fixation des taux
d'intérêts pratiqués sur le crédit par rapport
à la concurrence. Les EMF doivent donc revoir leur politique de
lancement ou de pénétration du marché parcequ'à
cette allure, leur phase de déclin est très proche.
IV-2-1-2. Confiance et performance des EMF au
Cameroun
L'EMF est une entreprise où tout se traite en termes
d'argent et chacun veut la sécurité totale de son dû. A cet
effet, la confiance est très capitale pour l'établissement des
parties au contrat. C'est pour cette raison qu'il est important de
déterminer le lien qui existe entre la performance de l'EMF et la
confiance. Le tableau suivant nous donne les statistiques :
Tableau 39: Correlations
1,000
,622
**
,
,002
22
22
,622
**
1,000
,002
,
22
27
Correlation Coefficient
Sig. (2-tailed)
N
Correlation Coefficient
Sig. (2-tailed)
N
Tentation de changement de
l'EMF
Variation du chiffre d'affaire
Kendall's tau_b
Tentation de
changement
de l'EMF
Variation du
chiffre d'affaire
Correlation is significant at the .01 level (2-tailed).
**.
Nous avons choisi la tentation de changement d'EMF comme
facteur de confiance dans la mesure où si un client fait confiance
à son EMF, il ne cherchera jamais à la quitter.
Il ressort donc du tableau de corrélation que la
tentation de changement d'EMF par le client à une influence positive et
significative au seuil de 1% sur la performance de l'EMF si elle est
mesurée par la variation du chiffre d'affaires. Le coefficient de
corrélation des rangs Kendall ici est égal à 0,622. La
tentation de changement d'EMF par un client influence à 62,2% la
variation du chiffre d'affaire de son EMF.
C'est aussi la confiance qui est à l'origine de la
durée de la relation commerciale l'EMF et son client.
La fréquence de contact est aussi un déterminant
important de la fidélisation.
IV-2-1-3. Fréquence de contact et performance
des EMF
Elle est nécessaire à l'EMF
pour avoir toute l'information sur son client afin de le contrôler et de
l'inciter au remboursement. En effet, le fait pour un agent de crédit de
rencontrer son client tout le temps lui permet de mieux le connaître et
de mieux cerner et approprier ses besoins. De par cette dernière raison,
il revient donc à l'EMF de répondre à ces besoins pour
maintenir son client. Le tableau suivant ressort les statistiques des
techniques d'incitations au remboursement qu'utilisent les EMF de la
2ème catégorie au Cameroun. Le moyen d'incitation au
remboursement le plus utilisé par ces EMF reste l'assistance technique
(65%) tandis que le recours à l'appareil judiciaire de l'Etat (11,1%)
intervient en deuxième position.
Tableau 40 : Moyens de contrôle et
d'incitation au remboursement
13
48,1
65,0
65,0
1
3,7
5,0
70,0
1
3,7
5,0
75,0
2
7,4
10,0
85,0
3
11,1
15,0
100,0
20
74,1
100,0
7
25,9
27
100,0
Par assistance technique
Par l'octroi des prêts
dynamiques
Par l'obligation d'épargne
Chez vous
Par la soumission du prêt
futur au remb. antérieur
Par le recours à l'organe
judiciaire
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Cependant, il ressort de nos travaux que le lien entre la
performance de l'EMF (que ce soit la rentabilité, le chiffre d'affaires
ou la part de marché) et la fréquence de contact est
négatif au regard du coefficient de corrélation (- 0,221).
Correlations
1,000
-,221
,
,310
27
16
-,221
1,000
,310
,
16
16
Correlation Coefficient
Sig. (2-tailed)
N
Correlation Coefficient
Sig. (2-tailed)
N
Variation du chiffre d'affaires
Fréquence de contact agent
de crédit/client
Kendall's tau_b
Variation du
chiffre d'affaires
Fréquence de
contact agent
de crédit/client
Ceci est peut-être dû au fait que l'EMF engage
trop de coûts (argent, temps et industrie) pour contacter ses clients. A
la lecture des tableaux (voir supra) présentant les statistiques de
fréquence de contact que ce soit du côté de l'EMF ou du
client, le pourcentage de rencontre « tous les mois » est
assez élevé (55,6%) tandis que les autres périodes sont
presque insignifiantes.
En conclusion, nous pouvons dire que nos résultats
confortent partiellement l'hypothèse de l'influence positive de la
fidélisation sur la performance des EMF au Cameroun. Cette
partialité réside au niveau de la fréquence de contact qui
est l'un des déterminants de la fidélisation mais qui n'a aucune
influence que ce soit sur la rentabilité, le chiffre d'affaires ou la
part de marché de l'EMF. Néanmoins, la confiance et la
satisfaction sont des éléments sur lesquels l'EMF Camerounais
doit jouer pour favoriser sa performance. Cela induit la détention d'une
bonne part de marché par l'EMF (77,8%) par rapport à la
concurrence pour la variable satisfaction, et l'augmentation de la
rentabilité (76%) pour la variable confiance. La satisfaction des
clients par rapport aux politiques de l'EMF et par rapport à leur
directeur de compte fait qu'ils murissent de la confiance pour l'EMF entrainant
ainsi leur fidélité55(*) à ce dernier qui, par conséquent voir
sa performance s'améliorer.
Ces résultats opérationnels suscitent plusieurs
enseignements qu'il convient de relever.
IV-2-2. Les enseignements tirés des
résultats de l'étude
Il se dégage des résultats
précédents des enseignements managériaux suivants :
1) La nécessité pour l'EMF de conserver et
de prospecter sa clientèle
Les clients sont de plus en plus difficiles à
satisfaire. Ils sont plus exigeants, plus sensibles au prix et pardonnent moins
facilement les déceptions ressenties. La mondialisation et l'ouverture
des marchés font qu'ils soient approchés par de nombreux
concurrents qui leur font des offres comparables, sinon plus avantageuses. Le
rôle du marketing est donc double aujourd'hui : conquérir de
nouveaux clients et les fidéliser. Tout ceci ayant pour
intérêt la diminution des coûts liés aux
différentes transactions et la réalisation de l'objectif de
croissance de l'EMF car selon Kotler et Dubois (2002), la perte d'un client
rentable affecte grandement les résultats d'une entreprise
2) Le manque de professionnalisme alarmant de certains
EMF au Cameroun
Il n'y a pas de maitrise des services offerts à la
clientèle, c'est pour cela que la performance n'est pas acquise de ce
côté.
3) Le relationnel bancaire n'est pas encore un acquis
dans le secteur de la microfinance
Ceci réside premièrement dans le fait que
certains clients manifestent toujours l'idée de prospection d'un autre
EMF soit par curiosité ou par pure insatisfaction et deuxièmement
dans le fait qu'il existe toujours une très grande proportion
d'asymétrie d'information entre les clients et les EMF. Les EMF et les
clients doivent développer des stratégies réciproques et
à long terme pour se protéger voire même connaître
leur vie privée.
3) La révélation du caractère
opportuniste et calculateur des clients
La satisfaction n'est pas une fin en soi. Elle est avant tout
un moyen de favoriser la fidélité. Un client satisfait reste en
général plus fidèle à son fournisseur, lui
achète davantage de produits, est moins sensible au prix, accordent
moins d'attention aux concurrents, suggère des idées
d'innovation, et diffuse un bouche-à-bouche positif sur l'entreprise.
Cependant, la relation entre satisfaction et
fidélisation n'est pas linéaire. En cas de mécontentement,
il est probable que le client abandonne l'entreprise en disant du mal à
son entourage. En cas de satisfaction moyenne, il peut-être fidèle
par habitude, mais une offre intéressante faite par un concurrent peut
le conduire à changer de fournisseur. En revanche, un client très
satisfait est moins enclin au changement. Chez Xerox, on estime qu'un client
très satisfait vaut dix fois pus qu'un client simplement satisfait, du
fait qu'il reste fidèle beaucoup plus longtemps. C'est ainsi que les
clients des EMF au Cameroun n'hésitent pas à définir les
mobiles d'un éventuel changement d'EMF. Nous avons
répertorié ces mobiles dans le tableau suivant :
Tableau 41 : Les mobiles d'un éventuel
changement de EMF
7
25,9
30,4
30,4
12
44,4
52,2
82,6
4
14,8
17,4
100,0
23
85,2
100,0
4
14,8
27
100,0
Carte électronique
Le guichet automatique
Information sur mon
compte à partir du portable
Total
Valid
System
Missing
Total
Frequency
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
Source : Nos travaux
L'objet de ce chapitre a été de
déterminer le lien qui existe entre la fidélisation des clients
et la performance des EMF au Cameroun. Il a été adopté
à partir des travaux antérieurs une méthodologie
axée sur 35 EMF et leurs clients dont 26 seulement ont participé
à la recherche et sur une méthodologie quantitative (test non
paramétrique et plus spécifiquement le test de corrélation
des rangs Kendall).
Il ressort de ces analyses que la fidélisation à
un impact positif sur la performance de l'EMF même s'il est partiel. Cela
s'explique par les déterminants de la fidélisation que sont la
confiance, la satisfaction et la fréquence de contact.
Au regard de ces résultats, on remarque que le secteur
de la microfinance au Cameroun est certes identique aux autres (du point de vue
des services offerts), mais il n'en demeure pas moins qu'il présente
encore des failles notamment au niveau de son professionnalisme et du
relationnel qui y est pratiqué car cela influence très
négativement sa performance.
Il est peut-être temps que le secteur financier des
« pauvres » soit traité avec plus de sérieux
parceque ce sont ces microactivités qui sont à la base de
l'économie Camerounaise à cause du pouvoir d'achat qui reste
toujours bas. Cela permettra peut-être d'améliorer ces
résultats.
Conclusion GENERALE
Nous avons voulu par cette étude vérifier que la
performance des EMF au Cameroun en général et ceux de la
2ème catégorie en particulier dépend de la
manière dont ces EMF gèrent la relation avec leurs clients. Il
était question d'établir les fondements des liens entre ces deux
entités, les relations pouvant existées entre les composantes du
relationnel (fidélisation, nature de la clientèle) et celles de
la performance des EMF (chiffre d'affaires, qualité du portefeuille,
part de marché et rentabilité), mais de préciser dans
quelles conditions les EMF Camerounais peuvent améliorer leur
performance en faisant bon usage de leurs clients et en établissant des
relations de long terme avec eux.
La littérature théorique et les travaux
empiriques antérieurs révèlent quelques idées
(pensées) autour de la gestion de la relation avec le client et la
performance de l'EMF.
Pour Lapenu(2002), l'octroi de pouvoir de décisions
aux clients peut permettre à l'EMF d'atteindre la performance ;
cela permet de prévenir ou de surmonter les crises, engage plus le
client s`il est associé. Ce qui pose donc le problème de la
nature de la clientèle et de la performance.
Pour Mesquita (2006), il existe une très grande
proportion d'asymétrie d'information dans l'intermédiation
financière. Pour cela, il faut selon Egli (2004), faire la
différence entre l'exploiteur et le bon emprunteur et trouver ainsi des
techniques pour contrôler ces clients et les inciter au remboursement.
Ces techniques sont proposées selon qu'on se trouve dans le prêt
individuel ou dans le prêt de groupe.
Cependant, cela ne suffit pas pour favoriser la performance
des EMF, puisqu'à cause de la concurrence, le client peut aller voir
ailleurs s'il ne trouve pas satisfaction dans son EMF d'origine. Il importe
donc selon certains travaux empiriques de fidéliser la
clientèle.
En effet, La fidélisation de la clientèle rend
l'EMF rentable. Il ressort des travaux de Pasquet, Malo et
Ricard (1998) que, selon les membres de la caisse populaire Desjardins, il faut
chercher à fidéliser les clients détenteurs de gros
comptes car la confiance qu'on leur accorde permet à l'EMF de gagner en
temps et en argent tout en consolidant des relations de long terme qui pourra
être source de création de valeur. Kotler et Dubois(2000) de
renchérir que le client rentable est ce qui y a de plus cher à
une entreprise et il est judicieux pour cette dernière de le
fidéliser. Ainsi plusieurs facteurs de la fidélisation ont
été choisis pour mettre en évidence le lien entre la
performance et la fidélisation. Ces facteurs sont : Satisfaction
par rapport aux politiques de l'EMF, Satisfaction par rapport au service
à la clientèle, Satisfaction par rapport aux directeurs de
compte, Satisfaction par rapport aux conditions de crédit.
De ce fait, nous avons enquêté 35 EMF de
2ème catégorie de la ville de Yaoundé pour la
période 2006-2007 dont 27 seulement ont collaboré efficacement
à la recherche.
L'enquête par questionnaire réalisée
auprès des dirigeants d'EMF et de leurs clients a abouti à 54
réponses exploitables. Le questionnaire comprend les questions ouvertes
et les questions fermées. Conduisant à appréhender 7
variables exogènes expliquées à partir de 4 variables
endogènes.
L'approche hypothético-déductive utilisée
pour la vérification empirique nous a amené à faire le
test non paramétrique à travers le test de corrélation des
rangs de Kendall. Il est utilise pour les échantillons appariés
et nominales. Les services du logiciel SPSS et Excel ont été
sollicités pour la saisie et l'analyse des données.
Le lien entre les variables a été
apprécié a partir du test de corrélation des rangs de
Kendall et nous sommes arrivés aux conclusions suivantes :
Plus de 80% des client/associés des EMF au Cameroun ont
une propension élevée (85%) au remboursement, ce qui induit une
performance de remboursement pour les EMF. Cela peut-être dû au
fait qu'ils doivent protéger leurs intérêts (actions) au
sein de l'EMF ou au fait qu'ils participent à la prise de
décision et connaissent par conséquent les maux qui minent
l'entreprise. Ce qui confirme les travaux de Lapenu (2002).
Nos résultats confortent partiellement
l'hypothèse de l'influence positive de la fidélisation sur la
performance des EMF au Cameroun. Cette partialité réside au
niveau de la fréquence de contact qui est l'un des déterminants
de la fidélisation mais qui n'a aucune influence que ce soit sur la
rentabilité, le chiffre d'affaires ou la part de marché de l'EMF.
Néanmoins, la confiance et la satisfaction sont des
éléments sur lesquels l'EMF Camerounais doit jouer pour favoriser
sa performance. Cela induit la détention d'une bonne part de
marché par l'EMF (77,8%) par rapport à la concurrence pour la
variable satisfaction, et l'augmentation de la rentabilité (76%) pour la
variable confiance. La satisfaction des clients par rapport aux politiques de
l'EMF et par rapport à leur directeur de compte fait qu'ils murissent de
la confiance pour l'EMF entrainant ainsi leur fidélité56(*) à ce dernier qui, par
conséquent voir sa performance s'améliorer.
La gestion de la relation de clientèle dans les EMF
doit être plus qu'une priorité puisque, du fait de la conjoncture
économique du Cameroun qui n'est actuellement guère reluisante,
l'initiative privée est nécessaire et c'est vers les EMF que les
exclus du système bancaire classique se retournent pour trouver le
financement nécessaire pour leurs activités. Cependant, il se
pose un problème de déontologie que ce soit du côté
de ces exclus (clients de l'EMF) que de l'EMF lui-même à cause du
problème d'asymétrie d'information persistant dont il faut
résoudre.
Comme toute recherche, cette étude a des limites. Elles
concernent principalement l'échantillon. En effet, la taille
réduite de l'échantillon (27 EMF de 2ème
catégorie) nous amène à avoir un peu de retenu dans la
généralisation des résultats dans tout l'étendu du
territoire national. La limitation de notre enquête seulement dans la
ville de Yaoundé et seulement aux EMF de 2ème
catégorie est aussi une limite.
La limitation de notre étude à la gestion d'un
seul côté du relationnel entre le client et l'EMF constitue une
autre limite.
Ces limites ouvrent donc des voies de recherches futurs tels
que l'étude des stratégies que peuvent utiliser les clients pour
protéger leur argent afin d'éviter les arnaques de certains EMF
ou l'orientation de ce travail dans les autres catégories d'EMF.
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TABLE DE MATIERES
AVERTISSEMENT.....................................................................................
I
SOMMAIRE.............................................................................................II
DÉDICACE..............................................................................................IV
REMERCIEMENTS...............................................................................
.....V
resume.................................................................................................VI
LISTE DES TABLEAUX ET DES
SCHEMAS............................................... ...VII
LISTE DES
PRINCIPALESABREVIATIONS..................................................IX
EPIGRAPHE......................................................................................
.......X
INTRODUCTION
GENERALE................................................................ ....1
PREMIÈRE PARTIE : NATURE DE LA
CLIENTÈLE ET PERFORMANCE DES ETABLISSEMENTS DE
MICROFINANCE....................................................................12
CHAPITRE I : FONDEMENTS THÉORIQUES DE LA
PROBLÉMATIQUE DE LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE DANS LA
MICROFINANCE.......................................................................14
I-1. Débat scientifique sur le directoire dans un
établissement de microfinance
(EMF)......................................................................................................16
I-1-1. Prise de décision et propriété
comme stimulus de la performance dans les EMF.....16
I-1-1-1. Théorie des droits de propriété
et performance de l'entreprise...........................17
A. Définition des droits de
propriété.............................................................18
B. Justification de l'existence de la
firme.......................................................18
I-1-1-2. Contribution positive de la théorie des parties
prenantes à la pérennité des EMF....20
I-1-2. Apport des théories contractualistes dans la
gestion des EMF...........................21
I-1-2-1. Etat de l'art sur l'influence de la relation d'agence
sur la relation de crédit..........23
I-1-2-2. Lien entre relation d'agence et qualité de
portefeuille d'un EMF.....................25
I-2. Nomenclature de la clientèle dans les
établissements de microfinance................27
I-2-1. Client /associés : un type particulier de
client en microfinance...........................27
I-2-1-1 Visages du client/associé
.....................................................................28
A. Rôle et responsabilités du conseil
d'administration........................................28
B. Obligations légales du conseil
d'administration............................................28
C. Relation entre conseil d'administration et
direction.......................................29
I-2-1-2. Le statut particulier de la clientèle
interne..................................................31
I-2-2. Clientèle externe et son
statut.................................................................33
I-2-2-1. Les
épargnants.................................................................................33
I-2-2-2. Les
emprunteurs................................................................................33
Ø Evaluation du risque dans les Etablissements de
Microfinance............................33
CHAPITRE II : QUELLE CLIENTELE POUR QUELLE
QUALITÉ DE PORTEFEUILLE POUR LES EMF AU
CAMEROUN ?.....................................................................................................................................37
II-1- Méthodologie
adoptée..........................................................................38
II-1-1-
Echantillonnage.................................................................................38
II-1-1-1- Processus
d'échantillonnage.................................................................39
A. Population
mère.................................................................................39
B. Cadre
d'échantillonnage.......................................................................39
C. Unité
d'échantillonnage........................................................................40
II-1-1-2 Méthode d'échantillonnage et de collecte
des données...................................40
A. Méthode
d'échantillonnage....................................................................40
B. . Instruments de collecte de
données.........................................................41
i)
Questionnaire....................................................................................42
ii)
Entrevue.........................................................................................43
II-1-2. Variables
d'étude...............................................................................44
II-1-2-1. Variables
indépendantes....................................................................44
A. Justification de la
variable......................................................................45
B. Mesure de la
variable...........................................................................45
II-1-2-2. Variables
dépendantes......................................................................46
A. Justification du choix de la
variable.........................................................47
B. Mesure de la
variable...........................................................................47
II-1-3. Méthode statistique
utilisée....................................................................47
II-1-3-1. Enonciation de
l'hypothèse.................................................................48
II-1-3-2. Définition de la méthode
statistique.......................................................48
II-1-3-3. Règle de
décision..............................................................................49
II-2. Analyse et Interprétation des
résultats........................................................50
II-2-1. Expose des principaux
résultats...............................................................50
II-2-2. Quelques enseignements
managériaux......................................................55
DEUXIÈME PARTIE : FIDELISATION DE LA
CLIENTELE ET PERFORMANCE DES
EMF...............................................................................................57
CHAPITRE III : FONDEMENTS THÉORIQUES DU LIEN
ENTRE LA NOTION DE FIDÉLISATION DE LA CLIENTÈLE ET DE LA
PERFORMANCE DANS LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE..........59
III-1. Approche relationnelle comme base d'une
fidélisation efficace pour
l'entreprise................................................................................................62
III-1-1. Marketing relationnel et impact sur la
rentabilité d'une entreprise.......................63
III-1-1-1. Définition et principes de
base.............................................................63
III-1-1-2. Déterminants du marketing
relationnel....................................................63
A. Confiance comme base de la relation
EMF-Client.........................................64
B. . Satisfaction des clients pour une performance de
l'EMF.................................64
C. Fréquence de
contact............................................................................64
III-1-2. Conditions préalables à une
fidélisation de la clientèle et liens avec la
performance...............................................................................................65
III-1-2-1. Culture
client....................................................................................66
III-1-2-2. Changement
organisationnel................................................................66
III-2. Enjeux de la fidélisation de la
clientèle sur la performance............................67
III-2-1. Concurrence comme obstacle a la fidélisation
des clients dans le secteur bancaire..68
III-2-1-1. Au niveau du marché
informationnel.......................................................68
III-2-1-2. Au niveau de la gestion des coûts de
transaction..........................................69
III-2-2. Incitation des clients comme moyen de
fidélisation des clients pour la recherche de la rentabilité de
l'EMF..................................................................................70
III-2-2-1. Stratégie actuelle (Nouira,
2006)..........................................................71
A. Les points
fidélité...............................................................................71
B. Les avantages
financiers.........................................................................71
C. . Des nouvelles offres pour les
jeunes.........................................................71
D. Le
parrainage...................................................................................71
III-2-2-2. Modèles d'incitation au
remboursement.....................................................72
A. Dans les groupes de
crédit.....................................................................73
i) Modèle d'interaction entre les agents (Besley et
Coate, 1995)...........................73
ii) Modèle sur la réalisation de la
responsabilité commune (Armendariz de Aghion et
Morduch,
2000)...................................................................................74
B. Dans le prêt
individuel...........................................................................76
i) Modèle dynamique d'incitation au remboursement : Le
modèle de Tedeschi A. G.
(2006).............................................................................................76
ii) Modèle d'Egli D.
(2004).......................................................................78
CHAPITRE IV: LIEN ETRE FIDELISATION DES CLIENTS ET
PERFORMANCE DES EMF AU
CAMEROUN..................................................................................................................80
IV-1. Approche
méthodologique....................................................................81
IV-1-1. Identification des EMF et des clients de
l'échantillon ..................................81
IV-1-1-1. Identification des EMF de
l'échantillon...................................................81
A. Répartition selon le secteur
d'activité..........................................................82
B. . Répartition selon l'âge de
l'EMF...........................................................82
C. . Répartition selon la qualité de produits
fournis...........................................83
D. Répartition selon le mode de gestion efficace des
clients..................................83
IV-1-1-2. Identification des
clients......................................................................83
A. Répartition selon l'âge du
répondant.........................................................84
B. Classification selon le profil du
répondant.................................................84
C. Classification selon le motif de la relation
client/EMF.......................................85
IV-1-2. Définition et Evaluation des
variables...................................................85
IV-1-2-1. Les variables relationnelles ou de fidélisation
...........................................85
A. Satisfaction des clients de
l'EMF.............................................................86
§ Satisfaction par rapport aux politiques de
l'EMF................................................86
§ Satisfaction par rapport au service à la
clientèle.............................................86
§ Satisfaction par rapport aux directeurs de
compte...........................................86
§ Satisfaction par rapport aux conditions de
crédit...........................................87
B. Degré de confiance réciproque entre l'EMF et
les clients................................87
C. Fréquence de
contact...........................................................................89
IV-1-2-2. Variables de
performance...................................................................90
A. Chiffre
d'affaires................................................................................91
B. Part de
marché.................................................................................92
C.
Rentabilité...........................................................................................92
IV-1-3. Rappel de la méthode statistique
utilisée...................................................93
IV-1-3-1. Enonciation de
l'hypothèse...............................................................93
IV-1-3-2. Présentation de la méthode
d'analyse....................................................93
IV-1-3-3. Règle de
décision...........................................................................95
IV-2. Analyse et Interprétation des
résultats.....................................................95
IV-2-1. Résultats de
l'étude...........................................................................95
IV-2-1-1. Lien entre satisfaction des clients et
performance des EMF ........................95
A. Influence de la satisfaction par rapport aux politiques de
gestion de l'EMF sur sa
performance......................................................................................96
B. Satisfaction du client obtenu de son directeur de compte
et performance des
EMF...............................................................................................98
C. Satisfaction des clients par rapport au service à
la clientèle et performance de
l'EMF..........................................................................................100
D. Satisfaction des clients par rapport aux conditions de
crédit et performance de
l'EMF...........................................................................................102
IV-2-1-2. Confiance et performance des EMF au
Cameroun....................................104
IV-2-1-3. Fréquence de contact et performance des
EMF.......................................105 IV-2-2. Les enseignements
tirés des résultats de
l'étude...........................................107
CONCLUSION
GENERALE.......................................................................108
BIBLIOGRAPHIE
....................................................................................112
TABLE DE
MATIERES.............................................................................125
* 1 Celles-ci regroupent les
activités aussi diverses que marchands ambulants, petits artisans,
kiosques à journaux, taxis, vendeurs de rues, bazars, etc.
* 2 Ces coopératives
sont aujourd'hui regroupées au sein de la Cameroon Cooperative Credit
Union League-CamCCUL, le plus grand réseau d'EMF au Cameroun
* 3 Ces problèmes sont
entre autre l'incompétence managériale, l'accumulation des
prêts non remboursés, l'ingérence des pouvoirs publics, la
lourdeur de la structure centrale, l'injection inconsidéré des
capitaux étrangers.
* 4 Indépendant c'est
par opposition aux EMF en réseau. On estime qu'en 2003, ces EMF
indépendants ont contribué pour environ un tiers aux
activités du secteur de microfinance, en proposant des services
financiers essentiellement commerciaux et visant un public assez
différents de celui des EMF en réseau
(Ngnodjom, 2006). Selon le rapport de
la COBAC de juin 2006, il existe 137 EMF
indépendants au Cameroun.
* 5 La sélection
adverse se traduit par l'attitude ex-ante d'un opportuniste qui prétend
être capable d'honorer un échange ou une transaction contractuelle
alors qu'il en est incapable. Dans le cadre de la relation de crédit, le
prêteur ne connaît pas les intentions de l'emprunteur en ce qui
concerne le remboursement.
* 6 L'aléa moral
reflète l'attitude ex-post d'un opportuniste de se tromper ou de se
détourner des engagements contractuels du fait qu'il est conscient que
le contrôle de cette attitude par l'autre est difficile, imparfait et
onéreux. Ici c'est le prêteur qui est victime de l'aléa
moral dans la mesure où il ne dispose pas de toute l'information sur
l'emprunteur.
* 7 Le risque de
contrepartie : « Alors que sur le marché des biens et des
services, la livraison du bien et le paiement par l'acheteur sont quasi
simultanés et s'effectuent à un prix donné, sur le
marché de crédit au contraire, le prêteur et l'emprunteur
s'échangent une promesse de remboursement » (De Briey, 2003).
La vente du bien (crédit) entraîne un rendement aléatoire
car même si le prix est fixé au moment de la transaction,
« la valeur de la créance dépend directement de la
solvabilité du débiteur, laquelle aura pu évoluer depuis
la signature du contrat » (Lobez, 1997). Il subsiste par
conséquent « un risque de non-paiement des
intérêts et du principal lors des échéances
futurs » (Psillaki, 1995). Tous repris par Ngendahayo.
* 8 Le risque d'opportunisme
suppose que les emprunteurs connaisent mieux que les EMF leurs projets, c'est
dire que les emprunteurs connaissent mieux que les prêteurs les risques
que comportent les projets pour lesquels ils demandent le crédit.
L'information n'est donc pas équitablement détenue par les deux
parties. Cette situation rend complexe la sélection des bons clients.
* 9 Heem (2000) définit
le risque de contrepartie de la banque comme « le risque d'avoir son
client ne pas respecter son engagement financier, à savoir, dans la
plupart des cas, un remboursement de prêt. » IL a
été repris par Rougès (2003). Le risque de contrepartie du
client est le risque de se faire arnaquer son argent par la banque au cas
où il est épargnant.
* 10 Ces crises sont entre
autres le départ des salariés, la dépendance de l'EMF
vis-à-vis des dirigeants externes, l'aléa moral,
l'asymétrie d'information, les conflits d'intérêts, le
manque de professionnalisme, le déséquilibre dans la gestion de
l'EMF, les coûts de transaction, la protection de l'actif de l'EMF.
* 11 En effet, qu'EMF soit
à but lucratif ou non, il cherche à obtenir des taux de
remboursement les plus élevés possibles. Des taux de
remboursement élevés sont en effet associés à des
bénéfices élevés pour l'EMF comme pour ses
emprunteurs .Cela permet à l'EMF de réduire les taux
d'intérêt qu'il pratique sur ses prêts, de réduire
ainsi le coût financier de crédit et de rendre le crédit
accessible à des emprunteurs plus nombreux.
* 12 Nous nous rappelons encore
le cas récent de l'EMF GBF qui a fermé les portes emportant ainsi
l'argent des clients.
* 13 Il s'agit ici de la
pauvreté ambiante d'une tranche considérable de la population
Camerounaise
* 14 D'après les travaux
de Bassolé, 2002, le problème de défaut stratégique
a été analysé par Diagne (1998), Besley et Coate (1995).
Il se définit par l'absence de volonté de la part de l'emprunteur
de respecter son contrat malgré la réussite de son projet. Cette
défaillance stratégique serait due à certains membres qui
n'entendent pas supporter le remboursement d'un autre partenaire
défaillant, entrainant par là même la défaillance de
tout le groupe.
* 15 La renégociation
d'un crédit est un moyen par lequel l'emprunteur résout ses
difficultés de paiement, et le créditeur de
récupérer les crédits qui lui auraient été
impayés. Quand un EMF restructure un crédit, il en
rééchelonne l'encours à un plus long terme, de
manière que les paiements soient plus supportables pour l'emprunteur.
* 16 Deux ou plusieurs
échantillons sont appariés lorsqu' ils sont liés
d'une manière logique et que les paires ou n-uplets constitués
d'observation des échantillons contient des individus identiques ou
similaires. Par exemple, des échantillons comprenant les mêmes
individus observés à un moment peuvent constituer autant
d'échantillons appariés que de points d'observation dans le
temps. De même, un échantillon de n individus et un autre
constitué de n jumeaux(ou soeurs, frères, enfants, etc.), des
premiers individus peuvent constituer des échantillons appariés
dans le cadre d'une étude portant sur des questions
génétiques.
* 17 Au cours des vingt
dernières années, on a vu se développer de nombreuses
organisations actives en micro finance. Il existe, de nombreux cas plus ou
moins différents de par le monde et trois courants essentiels coexistent
dans cette démarche :
Le premier, d'inspiration plus coopératif, a
cherché à mettre en place ou à renforcer des organisations
populaires où les microentrepreneurs étaient à la fois
épargnants et emprunteurs du système. Sa
spécificité est de vouloir construire des institutions à
partir de leurs bénéficiaires, c'est en cela qu'on y retrouve un
côté coopératif plus affirmé.
Le deuxième, illustré notamment par la BRI en
Indonésie, a consisté à transformer une banque existante
(ou dans le cas de la BRI une partie de cette banque) de manière
à la spécialiser en direction des microentrepreneurs.
Le troisième a mis sur pied des ONGs ayant pour
vocation de réaliser elles-mêmes l'intermédiation
financière. On a ainsi vu la création d'ONG de microfinancement
qui, après s'être procuré des fonds, soit au travers de
donations soit au travers d'emprunts, octroyaient elles-mêmes des
crédits aux micro-entrepreneurs. Dans ce dernier cas, l'accent a surtout
été mis sur l'octroi de crédit, la collecte de
l'épargne étant généralement interdite aux ONGs.
* 18 Les « arts de
gouverner » ont été étudiés de longue date
(Confucius, Machiavel, Foucault, etc.) avant que le
terme de gouvernance ne soit utilisé.
* 19 Cité par De Briey,
2003
* 20 Cité par De Briey,
2003.
* 21 Repris par De Briey,
2003.
* 22 Lire la thèse de
Briey, 2003
* 23 Ce concept doit son
origine à SIMON, 1976 qui entendait marquer ainsi la différence
avec la rationalité supposée illimitée par la
théorie néoclassique traditionnelle. Par la suite, ce même
auteur a préféré recourir au terme de «
rationalité procédurale » qu'il a alors opposé
à la « rationalité substantielle » pour souligner que
la rationalité des individus est non seulement limitée par
l'information que les agents ont à leur disposition pour prendre leurs
décisions, mais en outre, par leurs capacités cognitives à
traiter cette information. Nous reviendrons sur le concept de
rationalité procédurale dans le deuxième chapitre de notre
thèse.
* 24 Comme toutes les
institutions financières, le plus grand risque en matière de
microfinance est d'octroyer un crédit et de ne pas se faire rembourser.
Le risque de crédit est une préoccupation particulière
dans les EMF dans la mesure où la plupart des microcrédits ne
sont pas garantis.
* 25 Selon les statistiques de
la COBAC et à la date du 30 juin 2006, 314 avis conforme pour
l'agrément d'EMF ont été délivré, 125
dossiers étant encours d'instruction soit un total de 439 EMF au
Cameroun à cette date, réparti sur toute l'tendue du
territoire.
* 26 La COBAC regroupe les
établissements de microfinance en trois catégories :
Ø Sont classés dans la première
catégorie les établissements qui procèdent à la
collecte de l'épargne de leurs membres qu'ils emploient en
opération de crédits, exclusivement au profit de ceux-ci (type
associatif, coopératif, mutualiste).
Ø Les EMF de la deuxième catégorie sont
ceux qui collectent l'épargne et accordent des crédits aux tiers
(uniquement les sociétés anonymes).
Ø Sont classés dans la troisième
catégorie les établissements qui accordent des crédits aux
tiers, sans procéder à la collecte de l'épargne (les
établissements de microcrédit, les projets, les
sociétés qui accordent les crédits filières ou les
sociétés de caution mutuelle).
* 27 La
société anonyme est celle qui se forme sous une raison sociale,
dont le capital-actions est déterminé à l'avance,
divisé en actions, et dont les dettes ne sont garanties que par l'actif
social. Pour la fondation d'une SA, trois personnes physiques ou personnes
morales au minimum sont nécessaires. Dans ce cas, ces trois
entités se répartissent entre eux le capital de la
société sous forme d'actions. Une fois la société
fondée, un seul actionnaire peut détenir la totalité des
actions. Les droits des associés sont des droits proportionnels au
bénéfice et aux produits de liquidation ; droit de vote, droit de
contrôle de la gestion et de la révision, de demander un
contrôle spécial, droit préférentiel de
souscription.
Pour les EMF de 2ème catégorie de la
zone CEMAC agréés auprès de la COBAC, le capital minimum
est fixé à 50 millions de francs.
* 28 La COBAC est l'organe
compétent au niveau de la BEAC pour délivrer les
agréments ouvrant la voie à l'exercice de l'activité
d'intermédiation financière. Sa couverture territoriale
s'étend sur 6 pays de la CEMAC : Cameroun, République
Centrafricaine, Congo(Brazzaville), Gabon, Guinée équatoriale et
Tchad. (Ngnodjom, 2005).
* 29 L'un de principales
caractéristiques du sondage aléatoire simple est de donner
à chaque individu de la population mère un probabilité
égale d'être interrogé.
* 30 Une base de sondage est
une liste exhaustive des éléments de la population à
étudier à partir de laquelle il est possible de constituer un
échantillon représentatif, le plus souvent, soit en
procédant à un tirage systématique soit en utilisant une
table ou un logiciel de nombres au hasard. Notre base de sondage était
notre population mère donc la liste des EMF Camerounais.
* 31 Cette mission double
est la couverture de la clientèle et la rentabilité de l'EMF
à travers la collecte de l'épargne au public et la redistribution
aux tiers sous forme de crédits
* 32 Ces crises sont entre
autres le départ des salariés, la dépendance de l'EMF
vis-à-vis des dirigeants externes, l'aléa moral,
l'asymétrie d'information, les conflits d'intérêts, le
manque de professionnalisme, le déséquilibre dans la gestion de
l'EMF, les coûts de transaction, la protection de l'actif de l'EMF.
* 33 Cité par
Folekeagni (2006).
* 34 La renégociation
d'un crédit est un moyen par lequel l'emprunteur résout ses
difficultés de paiement, et le créditeur de
récupérer les crédits qui lui auraient été
impayés. Quand un EMF restructure un crédit, il en
rééchelonne l'encours à un plus long terme, de
manière que les paiements soient plus supportables pour l'emprunteur.
* 35 Deux ou plusieurs
échantillons sont appariés lorsqu' ils sont liés
d'une manière logique et que les paires ou n-uplets constitués
d'observation des échantillons contient des individus identiques ou
similaires. Par exemple, des échantillons comprenant les mêmes
individus observés à un moment peuvent constituer autant
d'échantillons appariés que de points d'observation dans le
temps. De même, un échantillon de n individus et un autre
constitué de n jumeaux(ou soeurs, frères, enfants, etc.), des
premiers individus peuvent constituer des échantillons appariés
dans le cadre d'une étude portant sur des questions
génétiques.
* 36 MicroRate &
International American Development Bank, (2003)
* 37 Un client rentable est un
individu, un ménage ou une entreprise qui rapporte au fil des
années davantage qu'il ne coûte à attirer, convaincre et
satisfaire.
* 38 La relation d'agence est
caractérisé par la divergence d'intérêts
créant ainsi une asymétrie de l'information du à
l'incomplétude des contrats.
* 39 Lire N'Goala
J., (2005), « Les effets des incidents critiques sur
l'infidélité des consommateurs : une étude
exploratoire dans le secteur bancaire »
* 40 « Satisfaction
client, de la conquête à la fidélisation » 2000,
Olivier NETTER, Nigel HILL
* 41 Cité par
Letaifa, Kalika, Perrien, (2006).
* 42 Nous pouvons citer ici
le risque de non remboursement pour le prêteur, le risque pour
l'emprunteur de se voir refuser un crédit futur à cause de sa
défaillance antérieur et le risque pour l'épargnant de ne
plus entrer en possession de son argent à cause de l'opportunisme de
l'EMF. Tout ceci peut engendrer des conflits s'il n'est pas bien
maitrisé et compromettre ainsi leur relation.
* 43 Par exemple des taux
d'intérêts bas pour les emprunteurs et élevés pour
les épargnants.
* 44 Changement d'emploi, et
donc de clients, à l'intérieur de l'entreprise.
* 45 Ces coûts sont
indépendants des prix et peuvent être regroupés sur cinq
catégories. Premièrement, les coûts de recherche et
d'annonce correspondant à la mise en contact des offreurs et des
demandeurs (particulièrement s'ils sont nombreux et peu
dispersés). Deuxièmement, les coûts d'information sur les
spécifications du produit (particulièrement s'il est nouveau ou
complexe). Troisièmement, les coûts de négociation sur le
prix(le prix n'est pas « crié » gratuitement par un
commissaire priseur et l'accord sur les prix n'est pas toujours
spontané). Quatrièmement, les coûts de contrôle de
l'exécution (de suivi) du contrat (contrôle de la qualité
à la livraison, lettre de rappel, recours contentieux, etc.).
Cinquièmement, les coûts de rédaction des contrats
(d'autant plus qu'il faut prévenir les risques importants du
défaut de qualité du produit).
* 46 Risque d'aléa
moral et de sélection adverse
* 47 Si une bonne
performance de remboursement est pré requis de la
pérennité financière, elle n'est pas une condition
suffisante. Des coûts administratifs importants ou une rotation
élevée des emprunteurs peuvent en effet être la
contrepartie de ces taux de remboursement élevés.
* 48 Cité par
Mesquita(2006).
* 49 Cité par Nouira
(2006).
* 50 Deux ou plusieurs
échantillons sont appariés lorsqu' ils sont liés
d'une manière logique et que les paires ou n-uplets constitués
d'observation des échantillons contient des individus identiques ou
similaires. Par exemple, des échantillons comprenant les mêmes
individus observés à un moment peuvent constituer autant
d'échantillons appariés que de points d'observation dans le
temps. De même, un échantillon de n individus et un autre
constitué de n jumeaux(ou soeurs, frères, enfants, etc.), des
premiers individus peuvent constituer des échantillons appariés
dans le cadre d'une étude portant sur des questions
génétiques.
* 51 Kotler et Dubois(2000)
distinguent en terme de récompense les stimulants financiers, les
stimulants sociaux et des liens structurels car cela permet de nouer des
relations fortes avec les clients et sont des moyens de les
fidéliser.
* 52 Un client rentable est un
individu, un ménage ou une entreprise qui rapporte au fil des
années davantage qu'il ne coûte à attirer, convaincre et
satisfaire.
* 53 Elle englobe l'ensemble
des caractéristiques d'un produit ou d'un service qui affecte sa
capacité à satisfaire des besoins, exprimés ou
implicites.
* 54 La satisfaction
peut-être définie comme l'impression positive ou négative
ressentie par un client vi-à- vis d'une expérience d'achat et/ou
de consommation. Elle résulte d'une comparaison entre ses attentes
à l'égard du produit et sa performance perçue.
* 55 La fidélité
est un engagement profond pour acheter ou fréquenter à nouveau un
produit ou un service en dépit des facteurs situationnels et des efforts
marketing susceptibles de provoquer un changement de comportement d'achat.
* 56 La fidélité
est un engagement profond pour acheter ou fréquenter à nouveau un
produit ou un service en dépit des facteurs situationnels et des efforts
marketing susceptibles de provoquer un changement de comportement d'achat.
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