L'esthétique humaniste des films de Walter Salles( Télécharger le fichier original )par Sylvia POUCHERET Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Master 2 Esthétique et études culturelles 2007 |
Dépolitisation et mystification de la figure du CheLe déploiement des affects trouve sa résolution utopique dans l'épisode du match de foot improvisé entre les docteurs de la léproserie et leurs patients comme si le film atteignait une forme de communion et d' illusion démocratique dans le jeu, communion plus tard renforcée par le discours pan-américaniste du Ché et sa traversée hautement symbolique de la rivière séparant les lépreux des privilégiés. Les derniers plans du film accentue la mystification voire la mythification de la figure du Ché . Le personnage d'Alberto Granado prend le relai du regard. Un gros plan fixe son visage pris de ¾ , ses yeux scrutent le ciel où l'avion du Ché trace sa route. Ce plan rappelle la fin apocope d'Avril Brisé où le regard anxieux d'un jeune homme semble annoncer un horizon d'interrogations sur l'avenir. Ici la posture magnifie l'évocation du Ché comme future figure emblématique mais dépolitisée et mythifiée. Barthes85(*) évoque le ¾ comme figure visuelle de l'idéalisation: « la pose de trois quarts suggère la tyrannie d'un idéal:le regard se perd noblement dans l'avenir ,il n'affronte pas, il domine et ensemence un ailleurs pudiquement indéfini. Presque tous les trois quarts sont ascensionnels , le visage est levé vers une lumière surnaturelle qui l'aspire , l'élève dans les régions d'une haute humanité, le candidat atteint à l'olympe des sentiments élevés, où toute contradiction politique est résolue » Le générique de fin affiche des photos d'archive corroborant certaines scènes du film comme un déni ultime à l'élaboration mystificatrice de ce dernier et comme caution supplémentaire au travail d'adaptation du matériau littéraire d'origine. * 85 Roland Barthes, Mythologies,Op.cit.p.152 |
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