Conclusion
générale
Dans la première partie de notre travail de recherche,
nous sommes partie de plusieurs constats : d'abord, l'entrée en
union est de plus en plus tardive à coté d'une sexualité
préconjugale de plus en plus précoce, et ensuite, la dimension de
l'impact du VIH/SIDA est de plus en plus grandissante au niveau des jeunes.
Ensuite, nous avons parlé des facteurs qui pouvaient encourager ces
différents constats et des différentes raisons qui pouvaient
être à l'origine de cela. Ceci nous a conduit à parler des
connaissances des jeunes relatives à la question de l'infection à
VIH/SIDA. C'est à la suite de cela que nous avons décliné
nos objectifs et nos questionnements et élaboré nos
hypothèses de recherche qui ont été le fil conducteur de
notre recherche.
Passant à la seconde partie, nous avons
présenté notre population d'étude et avons montré
la méthode utilisée pour étudier cette question sur la
population d'étude.
L'impression d'ensemble qui se dégage au sortir de
notre étude est que les connaissances des ESA en rapport avec la
sexualité (IST, grossesse), et à l'infection à VIH/SIDA
(modes d'infection et de prévention, le dépistage volontaire et
gratuit et ses corollaires) sont « bonnes ».
En effet, les ESA connaissent bien les risques qu'ils
encourent lorsqu'ils sont sexuellement actifs et lorsqu'ils ne se
protègent pas avec un préservatif pendant un rapport sexuel. Cela
est attesté avec un effectif de 250/454 ESA qui dit que le premier
risque qu'encoure une personne sans usage du préservatif pendant un
rapport sexuel est le risque d'être infecté du VIH/SIDA, il est
suivi de l'infection sexuelle avec un effectif de 99/454. Les connaissances
relatives à la notion de séropositivité sont aussi
très représentées avec un effectif total de 305/454 qui
dit qu'une PVVIH est une personne qui a le virus dans le sang, de même
que celles en rapport avec le dépistage volontaire et gratuit. Sur ce,
429/454 ESA disent qu'il s'agit d'une prise de sang et non d'un entretien avec
un conseiller dans un centre (4/454), ni d'une prise de médicament
(51/454). Les résultats relatifs à l'utilité du
dépistage renforcent aussi l'idée selon laquelle les ESA sont
bien au fait du dépistage avec un effectif de 352/454 qui disent qu'il
sert à savoir si l'on est infecté et non pour être
soigné (7/454).
Ces résultats relatifs aux connaissances des ESA nous
ont permis d'atteindre un des objectifs que nous nous étions
assignée au départ, à savoir « mesurer le niveau
des connaissances en rapport avec la sexualité, les risques d'IST, de
grossesses précoces mais surtout de VIH/SIDA ».
Cependant, même si les connaissances sont comme nous
l'avons déjà dit, adéquates, l'enquête nous a, par
ailleurs révélés que certains élèves avaient
des confusions relatives aux connaissances des lieux de dépistage. En
effet, ces confusions déguisent la distance qui existe entre les bonnes
connaissances des ESA et le manque d'influence que ces connaissances ont sur
les comportements. L'enquête a révélé que même
si les connaissances des ESA en rapport avec leur sexualité et à
l'infection à VIH/SIDA sont « bonnes », ces derniers
n'adoptent pas les comportements adéquats à la prévention
des risques qu'ils encourent. Il s'agit là de la deuxième
conclusion à laquelle nous sommes parvenue au terme de notre
recherche.
Le faible nombre d'ESA qui utilisent le préservatif
(moins de 50%) ou qui demande l'usage du préservatif pendant les
rapports sexuels au partenaire témoigne de la non appropriation de leurs
connaissances sur leurs comportements sexuels, mais aussi, la multiplication
des rapports sexuels et le multi partenariat qui sont significatifs dans la
considération de ces comportements à risques d'IST/VIH/SIDA.
Il ressort des résultats qu'un effectif de 102/454
ESA n'a pas demandé l'usage du préservatif. Et parmi cet
effectif, les filles constituent un nombre important qui n'ose pas le demander
pour éviter l' étiquette de « filles
faciles ».
Du reste, le taux élevé de non
réponse que nous avons eu dans l'étude constitue une des
principales faiblesses que nous avons remarquées. Cela rappelle encore
les réticences de la société sénégalaise
à des questions aussi sensibles comme la sexualité.
En outre, avec les résultats obtenus au sortir de
cette recherche, nous avons aussi eu, l'occasion de mesurer l'influence des
connaissances sur les comportements qui est presque inexistante dans la mesure
où les ESA ont des comportements sexuels à risques : non
usage du préservatif, multi partenariat fréquent, multiplication
des rapports sexuels, non fréquentation des lieux adéquats en cas
de maladie, non prise de décision favorable au dépistage
volontaire et gratuit, malgré les « bonnes »
connaissances qu'ils ont.
En définitive, certaines de nos hypothèses,
sont infirmées comme indiqué au niveau de l'interprétation
des tableaux qui leurs sont relatifs, et d'autres sont confirmées. C'est
le cas de la première l'hypothèse sur l'influence du milieu
scolaire qui favorise un cadre où s'épanouit la sexualité
des jeunes, et de la troisième qui avance que le cadre scolaire a une
influence sur l'entrée précoce à la vie sexuelle et aussi
de la quatrième qui postule que les besoins de découverte de la
sexualité et la recherche du plaisir sont les réelles motivations
des rapports sexuels préconjugaux des ESA.
Fort de tous ces constats, nous pouvons affirmer, sans risque
de nous tromper que la lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal, celle
auprès des jeunes dans le milieu scolaire en particulier n'est pas sans
échecs. En effet, dans nos études nous avons eu l'occasion de
mesurer l'impact de la lutte auprès de notre cible. D'abord avant
d'aller plus loin dans nos affirmations, nous nous permettons d'annoncer au
préalable les étapes d'une lutte qui fait de la sensibilisation
sa principale arme. La lutte contre le SIDA nécessite deux étapes
à franchir nécessairement. Il s'agit dans un premier temps de
faire connaitre les réalités de l'infection aux populations
(symptômes, manifestation, mode de prévention, mode de
transmission, effets sanitaires, sociaux, démographiques,
économiques, etc.) et ensuite il s'agit de faire en sorte que les
populations prennent conscience des risques pour qu'elles adoptent des
comportements à moindres risques. Il existe aussi une troisième
étape à franchir dans cette lutte mais qui ne rentre pas dans le
cadre de notre étude. Il s'agit d'effacer les attitudes discriminantes
et stigmatisantes auxquelles sont confrontées les PVVIH.
Les constats qui ressortent de notre travail sont :
La sensibilisation a bien atteint sa cible des jeunes dans
le milieu scolaire car ces derniers sont bien au fait des
réalités principales de l'infection à VIH. D'ailleurs dans
notre population, un bon nombre d'enquêtés a arrêté
l'activité sexuelle, parmi eux aussi, la grande majorité n'est
pas réticente à l'usage du préservatif quand celui-ci est
proposé par le ou la partenaire, le VIH/SIDA est considéré
à leurs yeux, comme le premier risque encouru par une personne qui a des
rapports sexuels sans préservatif.
Au demeurant, là où la lutte a connu des
limites, auprès de cette cible, c'est au niveau de l'exhortation de ces
jeunes à l'adoption des comportements à moindres risques. Comme
nous l'avons déjà dit, les ESA ne se laissent pas influencer par
les « bonnes » connaissances qu'ils ont de l'infection dans
leurs comportements sexuels.
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